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C'est là ton sort et la part que je t'ai mesurée, dit le Seigneur, parce que tu m'as oublié, et que tu t'es confiée dans le mensonge ;
Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

Grégoire X

Né en 1210; décédé le 10 janvier 1276. La mort du pape Clément IV, le 29 novembre 1268, laissa le Saint Siège vacant pendant près de trois ans. Les cardinaux assemblés à Viterbe se trouvèrent divisés en deux camps, l'un français et l'autre italien. Aucun des deux partis ne pouvait obtenir la majorité des deux-tiers, ni ne voulait s'effacer devant l'autre pour l'élection d'un candidat à la papauté. L'été 1270, les chefs et les bourgeois de Viterbe, espérant forcer un vote, recoururent à l'expédient d'enfermer les cardinaux dans le palais épiscopal, où même leur ration quotidienne de nourriture fut par la suite diminuée. Un compromis fut finalement trouvé grâce aux efforts combinés des rois de France et de Sicile. Le Sacré Collège, qui était alors constitué de quinze cardinaux, désigna six de ses membres pour s'entendre sur un candidat et organiser un vote final sur la question. Ces six délégués se réunirent et le 1er septembre 1271 et s'unirent sur le nom de Théobald Visconti, archidiacre de Liège qui, toutefois, n'était pas lui-même cardinal, ni même prêtre. Le nouveau pontife était natif de Plaisance et fut un temps au service du cardinal Jacopo de Palestine, puis devint archidiacre de Liège, accompagna le cardinal Ottoboni dans sa mission en Angleterre, et lors de son élection, il se trouvait à Ptolemais (Acre) avec le prince Edouard d'Angleterre, pour un pèlerinage en Terre Sainte. Recevant l'ordre des cardinaux de rentrer immédiatement, il entama son voyage de retour le 19 novembre 1271, et arriva à Viterbe le 12 février 1272. Il déclara son acceptation de la dignité qui lui était offerte et prit le nom de Grégoire X. Le 13 mars, il fit son entrée dans Rome, où le dix-neuf du même mois il fut ordonné prêtre. Sa consécration comme pape eut lieu le 27 mars. Il se mit aussitôt au travail avec ardeur, s'attaquant aux lourds problèmes qui retenaient alors son attention: La restauration de la paix entre les nations chrétiennes et les princes, le règlement des affaires dans l'empire germanique, l'amendement du mode de vie du clergé comme des laïcs, la réunion de l'Eglise Grecque à Rome, la libération de Jérusalem et de la Terre Sainte. Dès le quatrième jour qui suivit son couronnement, il convoqua un concile général qui devait s'ouvrir à Lyon le 1er mai 1274. En Italie, le pape chercha à faire la paix entre les guelfes et les gibelins, dont les factions faisaient rage, principalement en Toscane et en Lombardie. Contre la cité de Florence, dont les bourgeois résistaient aux efforts de réconciliation, il passa un décret d'excommunication.

Après la mort de Richard de Cornouailles (1272) Grégoire demanda aux princes allemands de choisir un nouvel empereur et il repoussa la demande d'Alphonse de Castille, rival de Richard, d'être reconnu comme empereur. Rudolf de Habsbourg ayant été élu le 29 septembre 1273, Grégoire X le reconnut immédiatement et l'invita à Rome pour recevoir la couronne impériale. Le pape et l'empereur se rencontrèrent à Lausanne en octobre 1273. Grégoire était alors de retour du concile de Lyon. Rudolf fit là le serment coutumier pour la défense de l'Eglise Romaine, prit la croix et différa à l'année suivante son voyage à Rome. Le pape obtint d'Alphonse de Castille sa renonciation à ses prétentions sur la couronne allemande.

Dès le début de son pontificat, Grégoire chercha à promouvoir les intérêts de la Terre Sainte. De larges sommes d'argent furent collectées en France et en Angleterre pour sa croisade. Une résolution adoptée par le concile de Lyon, qui s'ouvrit le 2 mai 1274, stipulait que le dixième des bénéfices constitués par les églises pendant une période de six ans devrait être mis de côté au bénéfice de la Terre Sainte, le but étant de s'assurer les moyens de mener une guerre sainte. Cette dîme fut correctement collectée et les préparatifs furent aussitôt menés, en France comme en Angleterre, d'une expédition qui ne dut malheureusement jamais voir le jour. Les ambassadeurs de l'empereur grec , qui arrivèrent à Lyon le 24 juiin, jurèrent, à la quatrième session du concile (le 6 juillet) que l'empereur avait renoncé au schisme et venait de rentrer dans l'allégeance au Saint Siège. Mais cette union, proclamée par Michel Paléologue pour de pures raisons politiques, n'était en aucun cas destinée à durer. A la clôture du concile, que Grégoire avait présidé en personne, il rentra par le chemin de Lausanne, Milan et Florence, jusqu'à Arezzo, où il mourut le 10 janvier 1276. Bien que son pontificat se révélât trop court, les résultats qu'il obtint étaient de longue portée, et il parvint à établir une paix et une harmonie inégalées. En raison de ses vertus peu communes, il est révéré comme un saint, à Rome comme dans de nombreux diocèses (Arezzo, Plaisance, Lausanne), sa fête étant le 16 février.


GUIRAUD, Les Registres de Grégoire X, Recueil des bulles de ce Pape in Bibliotheque des Ecoles francaises de Rome et d"Athenes (Paris, 1892); POTTHAST, Regesta Romanorum Pontificum, II (Berlin, 1875), 1651 sq.; Vitae Gregorii X, ed. MURATORI in Rerum Italicarum Scriptores, III, i, 597 sq., 599 sq.; III, ii, 424 sq.; Bibliotheca hagiographica latina, I (Bruxelles, 1898-99), 545 sq.; BONUCCI, Istoria del pontefice Gregorio X (Rome, 1711); PIACENZA, Compendio della storia del b. Gregorio X papa (Plaisance, 1876); LOSERTH, Akten uber die Wahl Gregors X, in Neues Archiv (1895), XXI, 309 sq.; ZISTERER, Gregor X. und Rudolf von Habsburg in ihren gegenseitigen Bezichungen (Fribourg im Br., 1891); WALTER, Die Politik der Kurie unter Gregor X. (Berlin, 1894); OTTO, Die Beziehungen Rudolfs von Habsburg zu Papst Gregor X. (Innsbruck, 1895); VON HIRSCH-GEREUTH, Studien zur Geschichte der Kreuzzuge, I: Die Kreuzzugpolitik Gregors X. (Munich, 1896); PICHLER, Geschichte der kirchlichen Trennung zwischen Orient und Occident, I (Munich, 1864), 342 sq.; DRABEKE, Der Kircheneinigungsversuch des Kaisers Michael VIII, Paloeologus in Zeitschrift fur wissenschaftl. Theol. (1891), XXXIV, 325 sq.; HEFELE, Konziliengeschichte, VI, 119 sq.

J.P. KIRSCH
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, Avril 2004.