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Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

St Miltiade Ier

Sa date de naissance nous est inconnue; il fut élu pape en 310 ou en 311 et mourut le 10 ou le 11 janvier 314. Après le bannissement du pape Eusèbe, le Siège de Rome resta vacant quelque temps, probablement à cause des complications qui s'étaient fait jour sur le problème des apostats (lapsi) et qui ne furent pas éclaircies par le bannissement d'Eusèbe et d'Héraclius. Le 2 juillet 310 ou 311, Miltiade (le nom s'écrit aussi Melchiades), natif d'Afrique, fut élevé à la papauté. Il y a quelque incertitude sur l'année exacte, car le Catalogue Libérien des papes (Duchesne, Liber Pontificalis, I, 9) donne le 2 juillet 311 comme date de consécration du nouveau pape ("ex die VI non. iul. a cons. Maximiliano VIII solo, quod fuit mense septembri Volusiano et Rufino") et la durée de son pontificat est donnée comme étant de trois ans, six mois et huit jours; ceci est probablement dû à une erreur de copie, et nous devrions lire "ann. II" au lieu de "ann III"; et c'est pourquoi l'année de son élévation à la papauté fut plus probablement 311. Vers cette époque (311 ou 310), un édit de tolérance signé par les empereurs Galerius, Licinius et Constantin, mit fin à la grande persécution des chrétiens, et il leur fut désormais permis de vivre comme tels, ainsi que de reconstruire leurs lieux de culte (Eusebius, Hist. Eccl., VIII, xvii; Lactantius, De mortibus persecutorum, xxxiv). Seuls les chrétiens des pays d'Orient placés sous la domination de Maximinus Daia continuèrent à subir la persécution. L'empereur donna alors au pape Miltiade le droit de recouvrer à Rome, par intervention du préfet de la ville, tous les bâtiments ecclésiastiques et les possessions qui avaient été confisqués durant les persécutions. Les deux diacres romains, Strato et Cassianus, reçurent l'ordre du pape de négocier ces questions avec le préfet, et de prendre possession des propriétés de l'Eglise (Augustinus, Breviculus collationis cum Donatistis, iii, 34); il devint ainsi possible de réorganiser de fond en comble l'administration de l'Eglise et la vie religieuse des chrétiens de Rome.

Miltiade fit revenir de Sicile à Rome les cendres de son prédécesseur, Eusèbe, et le fit enterrer dans une crypte de la catacombe de Saint Calixte. L'année suivante le pape assista au triomphe final de la Croix, à travers la défaite de Maxentius, et l'entrée dans Rome de l'Empereur Constantin (maintenant converti au christianisme), après sa victoire au Pont Milvien (27 octobre 312). Plus tard l'empereur offrit à l'Eglise de Rome le palais de Latran, qui devint alors la résidence du pape et, par suite, le siège administratif de l'Eglise romaine. La basilique qui fut adjointe au palais ou construite par la suite devint la principale église de Rome. En 313, les donatistes demandèrent à Constantin de nommer des évêques de Gaule comme juges dans la controverse de l'épiscopat africain concernant la consécration des deux évêques de Carthage, Cécilien et Majorinus. Constantin écrivit à Miltiade à ce sujet, ainsi qu'à Marcus, en demandant au pape et à trois évêques de Gaule de faire comparaître devant eux, à Rome, Cécilien et son opposant, et de trancher cette affaire. Le 2 octobre 313 se réunit donc au palais de Latran, sous la présidence de Miltiade, un synode de dix-huit évêques de Gaule et d'Italie qui, après avoir minutieusement examiné la controverse donatiste pendant trois jours, trancha en faveur de Cécilien, dont l'élection et la consécration comme évêque de Carthage furent déclarées légitimes. Dans la biographie de Miltiade figurant au Liber Pontificalis, il est indiqué qu'à l'époque, des manichéens se trouvaient à Rome; c'est tout à fait possible lorsque l'on sait que le manichéisme commença à se répandre en Occident au quatrième siècle. La même source attribue à ce pape un décret interdisant strictement aux chrétiens de jeûner le dimanche ou le jeudi, "parce que les païens observaient en ces jours un jeûne sacré". Cette raison est remarquable; elle vient très probablement de l'auteur du Liber Pontificalis qui, par ce décret supposé, fait remonter à une ordonnance de Miltiade une coutume romaine de sa propre époque. Le Liber Pontificalis n'est probablement pas moins arbitraire en créditant ce pape d'un décret stipulant que l'Oblation consacrée à la Messe Solennelle du pape (terme par lequel il désigne le Pain Eucharistique) devrait être portée aux différentes églises de Rome. Une telle coutume existait effectivement à Rome (Duchesne, Culte chrétien, Paris, 1903, 185) mais il n'y a rien qui indique clairement que cet usage fût introduit par Miltiade, comme l'affirme le Liber Pontificalis.

Après sa mort, le 10 ou le 11 janvier (le Catalogue Libérien donne le III id. jan.; le Depositio Episcoporum le IIII id. jan.) 314, Miltiade fut couché dans la catacombe de Saint Calixte et fut vénéré comme saint. De Rossi considère comme très probable sa localisation de la chambre mortuaire du pape (Roma Sotterranea, II, 188 sq.). Sa fête fut célébrée au quatrième siècle, le 10 janvier selon le Martyrologium Hieronymianum. Dans le Martyrologe Romain actuel, elle apparaît au 10 décembre.


Liber Pontificalis, ed Duchesne, I, l68-196; Urbain Ein Martyrologium der christl. Gemeinde zu Rom (Leipzig, 1901), 118-119; Langen, Geschichte der römischen Kirche, I, 328 sqq.; Allard, Histoire des persécutions, V, 200, 203; Duchesne, Histoire ancienne de l'Eglise, II, 96, 97, 110-112.

J.P. KIRSCH
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, Février 2000.