Sirice naquit vers 334; il mourut le 26 novembre 399. Sirice était natif de Rome; le nom de son père était Tiburtius. Sirice entra dans sa jeunesse au service de l'Eglise et, selon le témoignage de l'inscription figurant sur sa tombe, il fut lecteur puis diacre de l'Eglise Romaine durant le pontificat de Libère (352-366). Après la mort de Damase, Sirice fut élu à l'unanimité pour lui succéder (en décembre 384) et consacré évêque probablement le 17 décembre. Ursinus, qui avait été un rival de Damase, était encore vivant et maintenait ses revendications. Cependant, l'empereur Valentinien III, dans une lettre à Pinien (23 fév. 385) donna son consentement à l'élection qui avait eu lieu et louait par ailleurs la piété de l'évêque nouvellement élu; par conséquent, nulle difficulté n'apparut. Aussitôt après son élévation, Sirice eut l'occasion d'affirmer sa primauté sur l'Eglise Universelle. Une lettre dans laquelle des questions étaient posées sur quinze différents points concernant le baptême, la pénitence, la discipline ecclésiastique et le célibat du clergé, vint à Rome adressée au pape Damase par l'évêque Himerius de Tarragone, en Espagne. Sirice répondit à cette lettre le 10 février 385 et donna ses instructions concernant les sujets en question, exerçant avec pleine conscience son pouvoir d'autorité suprême dans l'Eglise (Coustant, Epist. Rom. Pont., 625 sq.). Cette lettre de Sirice est d'une importance capitale parce que c'est le plus ancien décret papal entièrement conservé (édit arrêtant d'autorité des questions de discipline et de droit). Il est cependant certain qu'avant cela des papes avaient aussi publié de tels décrets, car Sirice lui-même, dans sa lettre, mentionne les Décrets généraux de Libère, que ce dernier avait envoyés aux provinces; mais ces décrets antérieurs n'ont pas été préservés. Dans le même temps le pape enjoignit à Himerius de faire connaître ses décrets aux provinces avoisinantes, afin qu'ils y soient observés. Ce pape eut très à cœur le maintien de la discipline ecclésiastique et l'observance des canons par le clergé et les laïcs. Un synode romain du 6 janvier 386, auquel participèrent quatre-vingts évêques, réaffirma en neuf canons les lois de l'Eglise sur divers points de discipline (consécration des évêques, célibat, etc...). Les décisions du concile furent communiquées par le pape aux évêques d'Afrique du Nord et probablement de la même manière à d'autres qui n'avaient pas assisté au synode, avec l'ordre d'agir en conformité avec ces édits. Une autre lettre qui fut envoyée à diverses églises traitait de la validité de l'élection des évêques et des prêtres. Une lettre synodale aux évêques gallicans est attribuée par Coustant et d'autres auteurs à Sirice, mais attribuée au pape Innocent Ier par d'autres historiens (P.L., XIII, 1179 sq.). Dans tous ses décrets le pape parle avec la conscience de son autorité ecclésiastique suprême et de sa charge pastorale sur toutes les églises.
Sirice fut aussi obligé de prendre des mesures contre les mouvements hérétiques. Un moine Romain nommé Jovinien se mit en avant comme opposé au jeûne, aux bonnes oeuvres et au mérite élevé de la vie célibataire. Il trouva quelques adhérents parmi les moines et les nonnes de Rome. Vers 390-392 le pape tint à Rome un synode, auquel Jovinien et huit de ses adeptes furent condamnés et exclus de la communion de l'Eglise. La décision fut envoyée à St Ambroise, le grand évêque de Milan et ami de Sirice. Ambroise tint alors un synode des évêques d'Italie du nord qui, comme le dit la lettre, en accord avec la décision pontificale condamna aussi les hérétiques. D'autres hérétiques, dont l'évêque Bonose de Sardica(Sofia) (390), qui fut par ailleurs accusé d'erreurs sur le dogme de la Trinité, soutinrent la fausse doctrine voulant que Marie ne restât pas toujours vierge. Sirice et Ambroise s'opposèrent à Bonose et à ses adhérents et réfutèrent leurs points de vue erronés. Le pape laissa alors à l'évêque de Thessalonique et aux autres évêques d'Illyrie la suite des procédures à engager contre Bonose. Comme son prédécesseur Damase, Sirice prit aussi part à la controverse Priscillienne; il condamna fermement les accusateurs épiscopaux de Priscillien, qui avaient porté la question devant la cour séculière et l'avaient emporté sur l'usurpateur Maximus pour condamner à mort et exécuter Priscillien et quelques-uns de ses adpetes. Maximus chercha à justifier son action en envoyant au pape les minutes de l'affaire. Sirice, cependant, excommunia l'évêque Félix de Trèves qui soutenait Ithacois, l'accusateur de Priscillien, et dans la ville duquel l'exécution avait eu lieu. Le pape adressa une lettre aux évêques Espagnols dans laquelle il posait les conditions sous lesquels les priscilliens convertis devaient être réhabilités dans la communion de l'Eglise.
D'après la vie relatée par le Liber Pontificalis, (ed Duchesne, I,216), Sirice prit aussi de sévères mesures contre les manichéens à Rome. Cependant, comme le remarque Duchesne, (loc.cit.notes), on ne peut déduire des écrits du converti que fut St Augustin, qui était manichéen lorsqu'il arriva à Rome (383), que Sirice prit des mesures particulières contre eux, car St Augustin en aurait sûrement parlé si tel avait été le cas. La mention du Liber Pontificalis se rapporte au pape Léon Ier. Il n'est pas probable non plus, comme le pense Langen (Gesch. der röm. Kirche, I, 633) que les priscilliens soient sous-entendus dans cette mention des manichéens, bien que probablement les priscilliens fussent appelés manichéens dans les écrits de cette époque. Les empereurs d'Occident, dont Honorius et Valentinien III, publièrent des lois contre les manichéens, qu'ils déclarèrent être des délinquants politiques, et prirent des mesures sévères contre les membres de cette secte (Codex Théodosien, XVI, V, lois diverses). En Orient, Sirice intervint pour résoudre le schisme mélétien d'Antioche. Ce schisme avait continué malgré la mort de Meletius en 381 lors du concile de Constantinople. Les adeptes de Meletius élurent Flavien comme successeur, tandis que les partisans de l'évêque Paulinus, après la mort de cet évêque (388), élurent Evagrius. Evagrius mourut en 392 et par suite des dispositions arrêtées par Flavien aucun successeur ne lui fut élu. Par la médiation de St Jean Chrysostome et Théophile d'Alexandrie, une ambassade, emmenée par l'évêque Acacius de Beroea, fut envoyée à Rome pour persuader Sirice de reconnaître Flavien et de le ré-admettre dans la communion de l'Eglise.
A Rome, le nom de Sirice est particulièrement lié à celui de la basilique érigée sur la tombe de St Paul sur la Via Ostensis qui fut reconstruite par l'empereur comme une basilique de cinq ailes durant le pontificat de Sirice et fut inaugurée par le pape en 390. Le nom de Sirice se trouve encore sur un des piliers qui ne furent pas détruits par le feu en 1823, et qui se tient maintenant dans le vestibule de l'entrée latérale du transept. Deux de ses contemporains décrivent le caractère de Sirice en terme peu flatteurs: Paulinus de Nola, qui lors de sa visite à Rome en 395 fut traité de façon réservée par le pape, parle de urbici papæ superba discretio, la politique hautaine de l'évêque Romain (Epist.,V,14). Ce comportement du pape est cependant expliqué par le fait qu'il y avait eu des irrégularités dans l'élection et la consécration de Paulinus (Buse, Paulin von Nola, I, 193). Jérôme, pour sa part, parle d'un « manque de jugement » de Sirice (Epist., cxxvii, 9) en raison de la façon dont ce dernier traita Rufinus d'Aquileia, à qui le pape avait donné une lettre quand Rufinus quitta Rome en 398, qui montrait qu'il était en communion avec l'Eglise. La raison, cependant, ne justifie pas le jugement que Jérôme exprima sur le pape; de plus, Jérôme, dans ses écrits polémiques excède souvent les limites de la bienséance. Tout ce que l'on sait des travaux de Sirice réfute les critiques du caustique ermite de Bethléem. Le Liber Pontificalis donne une date incorrecte pour sa mort; il fut enterré au coemeterium de Priscille sur la Via Salaria. Le texte de l'inscription sur sa tombe est connu (De Rossi, Inscriptiones christ. urbis Romæ, II, 102, 138). Sa fête est célébrée le 26 novembre. Son nom fut inséré dans le martyrologe romain par Benoît XIV.
Liber Pontif., ed; DUCHESNE, I, 216-17; COUSTANT, Epist. Roman. Pont., I; JAFFÉ, Reg. Pont. Rom., I, 2nd ed, 40-42; BABUT, La plus ancienne Décrétale (PARlS, 1904); LANGEN, Gesch. der röm. Kirche, I (Bonn, 1881), 611 sqq.; RAUSCHEN, Jahrb. der christl. Kirche (Freiburg, 1897); GRISAR, Gesch. Roms u. der Päpste, I, passim; HEFELE, Konziliengesch., II, 2nd ed., 45-48, 51.