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Livre de l'Ecclésiastique ou Siracide
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Livre de l'Ecclésiastique ou Siracide

Notes d'introduction et appendices :

Chapitre 1

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Chap. : 
Origine de la sagesse.
Son excellence.
Dieu la donne à ceux qui l’aiment.
Eloge de la crainte du Seigneur.
Bonheur de ceux qui la possèdent.
Elle est le commencement de la sagesse.
Garder les préceptes du Seigneur.
Fuir l’hypocrisie.
1 Toute sagesse vient du Seigneur Dieu ; et avec lui elle a toujours été ; et elle est avant les siècles.
Note Sir. 1,1 : Toute sagesse. Comparer à 3 Rois, 3, 9 ; 4, 29 ; Proverbes, 3, 19 ; 8, verset 22 et suivants ; Sagesse, 7, 25 ; 8, 3 ; 9, 3.
2 Le sable de la mer, et les gouttes de pluie, et les jours du monde, qui les a comptés ? La hauteur du ciel, et l'étendue de la terre, et le profond de l'abîme, qui les a mesurés?3 La sagesse de Dieu, laquelle précède toutes choses, qui l'a pénétrée?
 
4 Avant toutes choses a été créée la sagesse, et l'intelligence de la prudence est dès les siècles,
Note Sir. 1,4 : L’intelligence de la prudence ; par cette expression qui se trouve également dans le grec, et qui équivaut à l’intelligence prudente, si on suppose un de ces hébraïsmes dont ce livre est rempli ; par cette expression, disons-nous, l’auteur a voulu désigner la sagesse, qu’il représente sous des formules variées. ― Dès les siècles (ab ævo). Comparer à Proverbes, 8, 22.
5 La source de la sagesse est le Verbe de Dieu dans les cieux, et ses voies sont les commandements éternels.6 La racine de la sagesse, à qui a-t-elle été révélée, et son habileté, qui l'a connue?
Note Sir. 1,6 : Son habileté ; littéralement ses artifices, ses ruses (astutias). Dans le grec, ainsi que dans le latin, ce mot est employé en bonne part ici, comme dans plusieurs autres passages.
7 La conduite de la sagesse, à qui a-t-elle été révélée et manifestée? et la multiplicité de ses voies, qui l'a comprise ?8 Il n'y a que le Très-Haut Créateur tout-puissant, et roi puissant et infiniment redoutable, assis sur son trône, le Dieu dominateur.
Note Sir. 1,8 : Son trône ; c’est-à-dire le trône de Dieu, comme porte le grec, et non celui de la sagesse, ce que donne à entendre le pronom illius, que le traducteur latin met souvent pour suus.
9 Lui-même l'a créée dans l'Esprit-Saint, l'a vue, l'a nombrée et mesurée.
Note Sir. 1,9 : L’a nombrée et mesurée. Comparer à Sagesse, 11, 21.
10 Et il l'a répandue sur toutes ses œuvres et sur toute chair, selon le don qu'il en a fait ; or, il l'a donnée à ceux qui l'aiment.
Note Sir. 1,10 : Il l’a donnée, etc. Il n’y a en effet que ceux qui aiment Dieu, que ses serviteurs, qui reçoivent de lui le don de la sagesse.
 
11 La crainte du Seigneur est une gloire, un sujet de se glorifier, une joie et une couronne d'exultation.12 La crainte du Seigneur réjouira le cœur; elle donnera l'allégresse, le contentement et la longueur des jours.
Note Sir. 1,12 : Longueur des jours, hébraïsme, pour longs jours ; c’est-à-dire longue vie.
13 A celui qui craint le Seigneur, bien sera dans ses derniers moments ; et au jour de son décès il sera béni.
 
14 L'amour de Dieu est la sagesse digne d'être honorée.15 Ceux à qui elle apparaît en se montrant l'aiment par la vue et la connaissance de ses grandes choses.16 Le commencement de la sagesse est la crainte du Seigneur; avec les fidèles elle est créée dès le sein de leur mère ; elle marche avec les femmes choisies et on la reconnaît dans les justes et les fidèles.
Note Sir. 1,16 : Voir Psaumes, 110, 10 ; Proverbes, 1, 7 ; 9, 10.
17 La crainte du Seigneur est la religion de la science.
Note Sir. 1,17 : La religion de la science ; pour la science religieuse. Sans la crainte de Dieu, la science n’a rien que de profane, de froid et de stérile.
18 La religion gardera et justifiera le cœur, elle lui donnera de l'agrément et de la joie.19 A celui qui craint le Seigneur bien sera, et dans les jours de sa consommation il sera béni.20 La plénitude de la sagesse et la plénitude de ses fruits, c'est craindre Dieu.
Note Sir. 1,20 : La plénitude de la sagesse ; c’est-à-dire la sagesse parfaite, consommée, et ses fruits parfaits. L’expression a fructibus tient lieu du génitif fructuum.
 
21 Elle remplira toute leur maison de ses produits, et leurs celliers de ses trésors.22 La couronne de la sagesse est la crainte du Seigneur, complétant la paix et le fruit du salut;
Note Sir. 1,22 : Complétant, etc. ; donnant pleinement, avec une grande abondance.
23 Et elle l'a vue et elle l'a énumérée : or l'un et l'autre sont des dons de Dieu.24 La sagesse partagera la science et la lumière de la prudence ; et elle exalte la gloire de ceux qui la conservent.25 La racine de la sagesse est craindre le Seigneur ; et ses rameaux sont de longue durée.
 
26 Dans les trésors de la sagesse est l'intelligence, et la religion de la science; mais c'est un objet d'exécration pour les pécheurs que la sagesse.27 La crainte du Seigneur chasse le péché ;28 Car celui qui est sans crainte ne pourra être justifié ; car l'emportement de son animosité est sa ruine.29 Jusqu'à un certain temps souffrira l'homme patient, et après cela la joie lui sera rendue.30 L'homme de bon sens renfermera en lui ses paroles jusqu'à un certain temps, et les lèvres d'un grand nombre raconteront sa prudence.
Note Sir. 1,30 : L’homme de bon sens ; littéralement le bon de sens ; genre de construction qui n’est pas rare en hébreu.
31 Dans les trésors de la sagesse est l'expression de la science ;32 Mais c'est un objet d'exécration pour le pécheur que le culte de Dieu.
Note Sir. 1,32 : Mais c’est un objet d’exécration, etc. Comparer au verset 26.
33 Mon fils, désirant ardemment la sagesse, conserve la justice, et Dieu te la donnera.
Note Sir. 1,33 : Te la donnera ; c’est-à-dire la sagesse.
34 Car la sagesse et la science sont la crainte du Seigneur ; et ce qui lui est agréable,35 C'est la foi et la douceur, et il remplira les trésors de celui qui les possède.36 Ne sois pas incrédule à la crainte du Seigneur, et ne t'approche pas de lui avec un cœur double.
Note Sir. 1,36 : Cœur double ; c’est-à-dire duplicité de cœur.
37 Ne sois pas hypocrite devant les hommes, et que tes lèvres ne te soient pas un sujet de scandale.
Note Sir. 1,37 : Un sujet de scandale ; par des discours indiscrets et inconsidérés.
38 Veille sur elles, de peur que tu ne tombes et que tu n'attires sur ton âme le déshonneur ;39 Et que Dieu ne révèle les choses cachées en toi, et qu'au milieu de l'assemblée il ne te brise ;40 Parce que tu t'es approché méchamment du Seigneur, et que ton cœur est plein d'artifice et de tromperie.

Chapitre 2

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Chap. : 
Exhortation à la patience dans les tentations et les épreuves.
Avantage des afflictions et des souffrances.
Celui qui espère dans le Seigneur ne sera pas confondu.
Malheur à celui qui perd la patience.
S’humilier sous la main du Seigneur ; espérer en sa miséricorde.
1 Mon fils, entrant au service de Dieu, sois ferme dans la justice et dans la crainte, et prépare ton âme à la tentation.
Note Sir. 2,1 : Voir Matthieu, 4, 1 ; 2 Timothée, 3, 12.
2 Humilie ton cœur et attends patiemment : incline ton oreille et reçois les paroles d'intelligence; et ne te hâte point au temps de l'obscurcissement.
Note Sir. 2,2 : De l’obscurcissement ; ou de l’obscurité. Les anciens Hébreux exprimaient par ces mots les disgrâces, les calamités, l’adversité, en général les maux que Dieu envoie aux hommes. C’est aussi le sens qu’a dans un certain nombre de passages bibliques le mot grec épagôgé, qui correspond au latin obductio, et qui signifie proprement l’action d’amener, d’apporter, de faire venir.
3 Supporte les délais de Dieu, unis-toi à Dieu, et attends patiemment, afin que ta vie s'accroisse au dernier moment.4 Tout ce qui t'arrivera de fâcheux, accepte-le ; et dans la douleur, supporte; et dans ton humiliation, aie patience;
Note Sir. 2,4 : T’arrivera de fâcheux. C’est le sens de tibi applicitum fuerit, expliqué par le texte grec.
5 Car par le feu s'éprouvent l'or et l'argent ; mais les hommes doivent passer par le fourneau de l'humiliation.
Note Sir. 2,5 : Par le feu, etc. Comparer à Sagesse, 3, 6.
6 Crois en Dieu et il te recevra ; dirige bien ta voie, et espère en lui. Conserve sa crainte, et y vieillis.
 
7 Vous qui craignez le Seigneur, attendez patiemment sa miséricorde, et ne vous détournez pas de lui, de peur que vous ne tombiez.8 Vous qui craignez le Seigneur, croyez en lui, et votre récompense ne sera pas anéantie.9 Vous qui craignez le Seigneur, espérez en lui, et sa miséricorde vous viendra en joie.
 
10 Vous qui craignez le Seigneur, aimez-le, et vos cœurs seront illuminés.11 Considérez, mes enfants, les générations des hommes, et sachez que nul n'a espéré dans le Seigneur, et n'a été confondu.
 
12 Car, qui a persévéré dans ses commandements, et a été abandonné? ou qui l'a invoqué, et a été par lui méprisé?
Note Sir. 2,12 : Voir Psaumes, 30, 2.
13 Parce que Dieu est compatissant et miséricordieux, et qu'il remettra les péchés au jour de la tribulation, et qu'il est le protecteur de tous ceux qui le recherchent dans la vérité.14 Malheur à l'homme double de cœur, aux lèvres perverses, aux mains criminelles et au pécheur qui marche sur la terre par deux voies.
Note Sir. 2,14 : Voir 3 Rois, 18, 21. ― Double de cœur ; c’est-à-dire qui a de la duplicité dans son cœur. Comparer à Ecclésiastique, 1, 36.
 
15 Malheur à ceux qui, manquant de cœur, ne croient pas en Dieu; et c'est pour cela qu'ils ne seront pas protégés par lui.16 Malheur à ceux qui ont perdu la patience, et qui ont abandonné les voies droites, et se sont détournés dans des voies mauvaises.17 Et que feront-ils, lorsque le Seigneur commencera à examiner toutes choses ?18 Ceux qui craignent le Seigneur ne seront pas incrédules à sa parole; et ceux qui l'aiment garderont sa voie.
Note Sir. 2,18 : Ceux qui craignent, etc. Comparer à Jean, 14, 23.
19 Ceux qui craignent le Seigneur rechercheront ce qui lui est agréable, et ceux qui l'aiment seront remplis de sa loi.20 Ceux qui craignent le Seigneur prépareront leur cœur, et en sa présence ils sanctifieront leurs âmes.21 Ceux qui craignent le Seigneur gardent ses commandements, et ils auront patience jusqu'à ce qu'il les regarde,
Note Sir. 2,21 : Jusqu’à ce qu’il les regarde d’un œil de bonté et de faveur ; littéralement jusqu’à son inspection ; c’est-à-dire, selon quelques-uns, jusqu’au jugement.
22 Disant : Si nous ne faisons pénitence, nous tomberons dans les mains du Seigneur, et non dans les mains des hommes.23 Car, selon qu'est sa grandeur, de même est aussi en lui sa miséricorde.
Note Sir. 2,23 : Selon qu’est, etc. ; c’est-à-dire que sa miséricorde n’est pas inférieure à son infinie grandeur.

Chapitre 3

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Chap. : 
Devoirs des enfants envers leurs pères et mères.
Exhortation à la douceur et à l’humilité.
Réprimer sa curiosité.
Malheur du cœur dur, superbe et indocile.
Vertu de l’aumône ; sa récompense.
1 Les fils de la sagesse sont l'assemblée des justes ; et leur nation est obéissance et amour.
Note Sir. 3,1 : Leur nation (natio illorum) ; c’est-à-dire la nation que ces fils de la sagesse composent.
 
2 Fils, écoutez le jugement de votre père, et observez-le de telle sorte que vous soyez sauvés,
Note Sir. 3,2-3 : Le jugement ; les préceptes, les avis, les conseils.
3 Car Dieu a honoré le père dans les fils, et cherchant avec soin le jugement de la mère, il l'a affermi sur les fils.
Note Sir. 3,3 : A honoré le père dans les fils ; en voulant que les fils rendent à leur père l’honneur, le respect, l’obéissance, etc., qui lui sont dus. ― Cherchant avec soin (exqui rens) ; ce participe, en vertu d’un hébraïsme, dont nous avons parlé plus haut (voir fin des Observations préliminaires des Psaumes) devient un adverbe qualificatif du verbe suivant il a affermi, en sorte que le sens est : Dieu a affermi le plus soigneusement le jugement de la mère. Ainsi Dieu accorde aussi à la mère l’autorité, la puissance de commander, de réprimer et de punir. D’où il suit que les parents le représentent sur la terre à l’égard des enfants, et qu’ils sont les dépositaires de son autorité supérieure sur eux.
4 Celui qui aime Dieu, l'invoquera pour ses péchés, s'en préservera à l'avenir. et dans sa prière de chaque jour, il sera exaucé.5 Et comme est celui qui thésaurise, ainsi est celui qui honore sa mère.6 Celui qui honore son père trouvera la joie dans ses fils, et au jour de sa prière, il sera exaucé.7 Celui qui honore son père vivra d'une longue vie ; et celui qui obéit à son père fera la consolation de sa mère.8 Celui qui craint le Seigneur honore son père et sa mère, et il servira comme ses maîtres ceux qui lui ont donné le jour.9 En œuvres, en paroles et en toute patience, honore ton père,
 
10 Afin que vienne de lui sur toi la bénédiction, et que sa bénédiction y demeure jusqu'au dernier jour.11 La bénédiction du père affermit les maisons des fils; et la malédiction de la mère les renverse jusqu'aux fondements.
Note Sir. 3,11 : Voir Genèse, 27, 27 ; 49, 4. ― La bénédiction du père affermit la maison, etc. « Curieuse différence entre le père et la mère ! Comme la tendresse maternelle est toujours prête à bénir l’enfant, quel qu’il soit, Dieu n’a pas voulu attacher la prospérité à toutes les bénédictions de la mère : il l’a réservée aux prières du père, dont l’amour est plus juste et plus éclairé ; mais il n’a pas craint d’attacher la ruine à la malédiction maternelle, bien sûr que l’enfant qui force sa mère à le maudire mérite de périr misérablement. » (SAINT-MARC GIRARDIN.)
 
12 Ne te glorifie pas de l'ignominie de ton père; car ce n'est pas pour toi une gloire que sa confusion;13 Car la gloire d'un homme vient de l'honneur de son père ; et c'est le déshonneur d'un fils qu'un père sans honneur.14 Mon fils, soutiens la vieillesse de ton père, et ne le centriste pas durant sa vie ;15 Et si son esprit lui fait défaut, supporte-le et ne le méprise pas dans ta force ; car ta charité envers ton père ne sera pas en oubli.16 Car pour avoir supporté les défauts de ta mère, il te sera donné une récompense,
 
17 Et dans la justice te sera bâtie une maison, et au jour de la tribulation on se souviendra de toi, et, comme la glace en un jour serein, tes péchés se fondront.
Note Sir. 3,17 : Dans la justice ; selon d’autres, à cause de ta justice. ― Il te sera bâti une maison. Dans le style de l’Ecriture, bâtir une maison à quelqu’un, signifie proprement lui donner des enfants, une famille nombreuse. Comparer à Exode, 1, 21 ; Deutéronome, 25, 9 ; Ruth, 4, 11 ; 1 Rois, 2, 35. ― On se souviendra de toi ; c’est-à-dire Dieu se souviendra.
18 Quelle mauvaise réputation a celui qui abandonne son père ! et il est maudit de Dieu, celui qui exaspère sa mère.19 Mon fils, accomplis tes œuvres avec douceur, et tu seras encore plus aimé que glorifié par les hommes.
Note Sir. 3,19 : Tu seras encore, etc. ; littéralement au-dessus de la gloire des hommes tu seras aimé ; tu t’attireras l’estime des hommes, mais surtout leur amour.
 
20 Plus tu es grand, plus humilie-toi en toutes choses, et devant Dieu tu trouveras grâce :
Note Sir. 3,20 : Voir Philippiens, 2, 3.
21 Parce que la grande puissance appartient à Dieu seul; et c'est par les humbles qu'il est honoré.22 Les choses qui sont au-dessus de toi, ne les cherche pas, et celles qui sont au-dessus de tes forces, ne les scrute pas ; mais celles que Dieu t'a commandées, penses-y toujours; et dans plusieurs de ses ouvrages ne sois pas curieux.
Note Sir. 3,22 : Voir Proverbes, 25, 27.
23 Car il ne t'est pas nécessaire de voir de tes yeux ce qui est caché.
 
24 Dans les choses inutiles, garde-toi de scruter nombre de fois; et dans plusieurs de ses ouvrages tu ne seras pas curieux.
Note Sir. 3,24 : De ses ; c’est-à-dire de Dieu, nommé au verset 22.
25 Car un très grand nombre de choses au-dessus du sens des hommes ont été découvertes pour toi.26 Leurs conjectures aussi en ont séduit beaucoup, et leur sens les a retenus dans la vanité.27 Le cœur dur sera malheureux à la fin ; et celui qui aime le péril y périra.
 
28 Le cœur qui marche dans deux voies n'aura pas de succès: et le pervers de cœur y trouvera une pierre d'achoppement.29 Le cœur méchant sera accablé de douleurs, et le pécheur recommencera a pécher.
Note Sir. 3,29 : Recommencera à pécher ; ou bien péchera encore, de nouveau. Comparer à ce qui a été dit à la fin des Observations préliminaires des Psaumes sur les verbes mis pour des adverbes.
30 L'assemblée des superbes sera sans guérison ; car la tige du péché s'enracinera en eux ; et ils ne s'en apercevront pas.31 Le cœur du sage se fait comprendre par sa sagesse, et l'oreille bonne écoutera la sagesse avec la plus vive ardeur.
Note Sir. 3,31 : L’oreille bonne ; pour l’oreille de l’homme de bien.
32 Le cœur sage et intelligent s'abstiendra du péché, et dans les œuvres de justice il aura des succès.33 L'eau éteint un feu ardent; et l'aumône résiste au péché;
Note Sir. 3,33 : Voir Daniel, 4, 24.
34 Car Dieu considère celui qui fait du bien ; il s'en souvient dans la suite, et au temps de sa chute, celui-ci trouvera un appui.

Chapitre 4

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Chap. : 
Exhortation à l’aumône, à la douceur et à la compassion envers les pauvres.
Avantages de la sagesse : elle éprouve les hommes par l’affliction ; comble de biens ceux qui lui demeurent fidèles.
Bonne et mauvaise honte.
1 Mon fils, ne frustre pas le pauvre de son aumône, et ne détourne pas tes yeux du pauvre.
Note Sir. 4,1 : Voir Tobie, 4, 7. ― Son aumône ; expression qui prouve que l’aumône est véritablement un bien dû aux pauvres ; et que par conséquent nous commettons une espèce de vol, lorsque nous leur refusons ce dont ils ont besoin, et qui nous est superflu. Les Pères de l’Eglise n’ont jamais donné à ce texte d’autre signification.
2 Ne méprise pas une âme qui a faim : et n'exaspère pas un pauvre dans son indigence.3 N'afflige point le cœur de celui qui manque de secours, et ne diffère pas de donner à celui qui est dans la détresse.4 Ne rejette pas la demande de l'affligé; et ne détourne pas ta face de l'indigent.5 Ne détourne pas tes yeux de celui qui manque de secours, à cause de sa colère ; et ne laisse pas ceux qui demandent te maudire en arrière ;
Note Sir. 4,5 : A cause de sa colère ; de peur qu’irrité, il ne prononce contre toi des malédictions qui ne seront pas sans effet. Les paroles suivantes et celles du verset 6 confirment ce sens ; cependant d’autres traduisent les paroles propter iram, par dans ta colère, par irritation, en les rapportant à mon fils (filii) du 1er verset ; d’autres, enfin, les entendent de la colère de Dieu.
6 Car l'imprécation de celui qui te maudit dans l'amertume de son âme sera exaucée; or, celui qui l'a créé l'exaucera.
 
7 Rends-toi affable à l'assemblée des pauvres : devant un ancien humilie ton âme, et devant un grand humilie ta tête.
Note Sir. 4,7 : Humilie ton âme ; hébraïsme, pour humilie ta personne, toi.
8 Incline sans tristesse ton oreille vers le pauvre ; acquitte ta dette et réponds-lui des paroles de paix avec douceur.
 
9 Délivre celui qui souffre une injure de la main du superbe ; et ne le fais pas avec répugnance en ton âme.10 En jugeant, sois pour les orphelins miséricordieux, comme un père, et comme un mari pour leur mère ;
 
11 Et tu seras, toi, comme un fils obéissant du Très-Haut, et il aura compassion de toi plus qu'une mère.12 La sagesse à ses fils inspire la vie : elle prend sous sa protection ceux qui la cherchent, et elle ira devant eux dans la voie de la justice ;13 Et celui qui l'aime aime la vie, et ceux qui veillent pour elle jouiront de sa paix.14 Ceux qui la possèdent auront la vie pour héritage; et le lieu où elle entrera, Dieu le bénira.15 Ceux qui la servent obéiront au Saint, et ceux qui l'aiment, Dieu les aime.
Note Sir. 4,15 : Au saint ; c’est-à-dire à Dieu même, qui est le saint des saints.
 
16 Celui qui l'écoute jugera les nations ; et celui qui la considère demeurera en assurance.
Note Sir. 4,16 : Jugera ; c’est-à-dire pourra juger.
17 S'il croit en elle, il l'aura pour héritage, et ses descendants y seront affermis ;18 Parce que dans la tentation, elle marche avec lui et elle le choisit entre les premiers.
Note Sir. 4,18 ; 4.21 : La sagesse conduit d’abord son disciple par la voie des tentations, des souffrances et des tribulations ; elle lui fait sentir l’austérité de sa doctrine ; mais quand elle l’a ainsi éprouvé et qu’elle a reconnu la constance de son âme, elle le conduit par la voie des consolations, et lui dévoile ses mystères.
19 Elle amènera la crainte, la frayeur et l'épreuve sur lui; et elle le tourmentera par la tribulation de sa doctrine, jusqu'à ce qu'elle l'éprouve dans ses pensées et qu'elle ait confiance en son âme.
 
20 Et elle l'affermira, elle frayera un chemin droit vers lui et le rendra joyeux,21 Et elle lui découvrira ses secrets, et mettra en lui un trésor de science et d'intelligence de la justice.
 
22 Mais, s'il s'égare, elle l'abandonnera et le livrera aux mains de son ennemi.
 
23 Mon fils, ménage le temps et évite le mal.24 Pour ton âme, ne rougis pas de dire la vérité.
Note Sir. 4,24 : Pour ton âme ; pour sauver ton âme, lorsqu’il s’agit du salut de ton âme.
 
25 Car il y a une confusion qui amène le péché, et il y a une confusion qui amène la gloire et la grâce.
 
26 Ne fais pas acception de personne contre ta propre personne, ni de mensonge contre ton âme.
Note Sir. 4,26 : Ne fais pas acception, etc. ; n’aie pas d’égard, de préférence pour certaines personnes plutôt que d’autres. Littéralement, n’accepte pas, n’accueille pas la face. ― Ni de mensonge ; c’est-à-dire n’accepte pas, ne commets pas de mensonge. Le mot face se met souvent en hébreu et même dans la Vulgate pour personne, individu. ― Contre ta propre personne, ou face ; c’est-à-dire à ton propre détriment. ― Contre ton âme. Le mot âme s’emploie également pour personne.
 
27 Ne respecte pas ton prochain dans sa chute,
Note Sir. 4,27 : Ne respecte pas, etc. ; qu’un faux respect pour ton prochain ne t’empêche pas de le reprendre, quand il tombe dans quelque faute.
 
28 Et ne retiens pas la parole en un temps de salut. Ne cache pas ta sagesse dans sa beauté.
Note Sir. 4,28 : La parole ; c’est-à-dire tes avis, tes conseils. ― Dans un temps de salut ; lorsque cette parole pourrait être salutaire à ton prochain. Comparer au verset précédent. ― Dans sa beauté ; quand il est beau et glorieux pour elle de la faire connaître.
 
29 Car c'est par la langue que la sagesse se fait connaître ; et le sens, la science et la doctrine par la parole de l'homme sensé, et sa fermeté par les œuvres de justice.
 
30 Ne contredis la parole de vérité en aucune manière, et rougis d'un mensonge échappé à ton ignorance.
 
31 Ne rougis point de confesser tes péchés, et ne te soumets pas à tout homme pour le péché.32 Ne résiste pas à la face d'un puissant, et ne lutte point contre le cours d'un fleuve.33 Combats pour la justice, pour ton âme ; et jusqu'à la mort combats pour la justice, et Dieu vaincra pour toi tes ennemis.34 Ne sois point prompt par la langue, et lâche et négligent dans tes œuvres.35 Ne sois pas comme un lion dans ta maison, tourmentant tes serviteurs, et opprimant ceux qui te sont soumis.36 Que ta main ne soit point ouverte pour recevoir et fermée pour donner.
Note Sir. 4,36 : Que ta main, etc. Comparer à Actes des Apôtres, 20, 35.

Chapitre 5

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Chap. : 
Ne pas compter sur des richesses mal acquises.
Ne pas abuser de la bonté de Dieu.
S’attacher constamment à la justice.
Etre circonspect dans ses paroles.
1 Ne compte pas sur des possessions iniques, et ne dis pas : J'ai suffisamment pour vivre ; car cela ne servira de rien au temps de la vengeance et de l'obscurcissement.
Note Sir. 5,1 ; 5.10 : L’obscurcissement. Voir Ecclésiastique, 2, 2.
2 Ne suis pas dans ta force les désirs de ton cœur;3 Et ne dis pas : Comme je suis puissant! ou : Qui me fera rendre compte de mes actions? car Dieu en tirera une grande vengeance.
 
4 Et ne dis pas : J'ai péché, et que m'est-il arrivé de triste? car le Très-Haut, quoique patient, rend selon le mérite.5 Sur un péché pardonné ne sois pas sans crainte, et n'ajoute pas péché sur péché.6 Et ne dis pas : La miséricorde du Seigneur est grande ; de la multitude de mes péchés il aura pitié.7 Car la miséricorde et la colère qui viennent de lui s'approchent rapidement, et sa colère regarde attentivement les pécheurs.
Note Sir. 5,7 : Voir Proverbes, 10, 6.
 
8 Ne tarde pas à te convertir au Seigneur, et ne diffère pas de jour en jour;
 
9 Car subitement viendra sa colère, et au temps de la vengeance il te perdra entièrement.10 Ne sois pas inquiet sur les richesses injustes ; car elles ne te serviront point au jour de l'obscurcissement et de la vengeance.
Note Sir. 5,10 : Voir Proverbes, 11, vv. 4, 28.
 
11 Ne tourne pas à tout vent, et ne va pas en toute sorte de voie ; car c'est ainsi que tout pécheur se fait connaître par une double langue.12 Sois ferme dans la voie du Seigneur, dans la vérité de tes sentiments et dans la science ; et que la parole de paix et de justice te suive toujours.13 Sois doux pour écouter la parole, afin que tu comprennes et que tu rendes avec sagesse une réponse véritable.
 
14 Si tu as l'intelligence, réponds à ton prochain; mais sinon soit ta main sur ta bouche, de peur que tu ne sois surpris dans une parole indiscrète, et que tu ne sois confondu.15 L'honneur et la gloire sont dans le discours de l'homme sensé ; mais la langue de l'imprudent est sa ruine, à lui-même.16 Ne sois pas appelé délateur, et ne sois pas pris par ta langue, et ne sois pas confondu.
Note Sir. 5,16 : Ne sois pas appelé délateur ; c’est-à-dire fais en sorte, par ta discrétion, de ne pas être appelé délateur.
17 Car au voleur s'attachent la confusion et le repentir ; à celui qui a deux langues, la plus mauvaise note ; mais au délateur, la haine, l'inimitié, et l'ignominie.18 Fais également justice au petit et au grand.

Chapitre 6

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Chap. : 
Etre simple, humble, doux et affable.
Choisir pour conseil un ami longtemps éprouvé.
Avantages et caractères de l’amitié.
Travailler à acquérir la sagesse.
Avantages qui l’accompagnent.
1 Ne deviens pas au lieu d'ami, l'ennemi de ton prochain ; car le méchant héritera de l'opprobre et de l'ignominie, ainsi que tout pécheur envieux et qui a deux langues.
 
2 Ne t'élève pas dans la pensée de ton cœur, comme un taureau, de peur que ta force ne soit brisée par la folie,
Note Sir. 6,2 : Voir Romains, 12, 16 ; Philippiens, 2, 3.
3 Et que la folie ne consume tes feuilles, et ne perde tes fruits, et que tu ne sois abandonné comme un bois aride dans le désert ;4 Car une âme méchante perdra entièrement celui qui la possède ; elle le donnera en joie à ses ennemis, et le conduira au sort des impies.
 
5 La parole douce multiplie les amis et adoucit les ennemis ; et la langue gracieuse produit dans l'homme de bien des fruits abondants.6 Que beaucoup soient en paix avec toi ; mais aie un seul conseiller entre mille.7 Si tu as un ami, possède-le en l'éprouvant; et ne te fie pas facilement à lui.
 
8 Car il est tel ami qui l'est selon son temps; mais il ne persévérera pas au jour de la tribulation.
Note Sir. 6,8 : Selon son temps ; selon le temps qui lui convient, tant qu’il y trouve son avantage.
9 Et il est tel ami, qui se tourne vers l'inimitié, et il est tel ami qui mettra au jour la haine, les rixes et les insultes.10 Mais il est tel ami compagnon de la table, et qui ne persévérera pas au jour de la détresse.11 Si ton ami demeure constant, il sera comme ton égal, et parmi ceux de ta maison il agira librement ;12 S'il s'humilie devant toi et qu'il se cache de ta face, tu jouiras d'accord avec lui d'une bonne amitié.
Note Sir. 6,12 : Qu’il se cache, etc. ; que par respect il se retire de devant toi.
13 Sépare-toi de tes ennemis, et veille sur tes amis.
 
14 Un ami fidèle est une protection puissante ; et celui qui l'a trouvé a trouvé un trésor.15 Un ami fidèle ne souffre aucune comparaison ; l'or et l'argent ne méritent pas d'être mis en balance avec la sincérité de sa foi.16 Un ami fidèle est un remède de vie et d'immortalité ; et ceux qui craignent le Seigneur trouveront cet ami.17 Celui qui craint le Seigneur jouira également d'une bonne amitié, parce que son ami lui sera semblable.
 
18 Mon fils, dès ta jeunesse, reçois la doctrine, et jusqu'aux cheveux blancs tu trouveras la sagesse.
Note Sir. 6,18 : Jusqu’aux cheveux blancs, etc. ; c’est-à-dire tu acquerras une sagesse que tu conserveras jusque dans la vieillesse.
19 Comme celui qui laboure et sème, approche-toi de la sagesse, et attends avec patience ses bons fruits ;20 Pour la cultiver tu travailleras un peu ; et bientôt tu mangeras de ses productions.21 Que la sagesse est extrêmement amère aux hommes ignorants ! celui qui est sans cœur ne demeurera point avec elle.
Note Sir. 6,21 : Celui qui est sans cœur, en latin excors, qui a le même sens que vecors. Voir Proverbes, 7, 7.
22 Ils s'y essayeront comme à la pesanteur d'une pierre, et ils ne tarderont pas à la rejeter.
Note Sir. 6,22 : Ils s’y essayeront comme, etc. ; c’est-à-dire qu’ils feront l’essai de la sagesse, comme on fait celui d’une grosse pierre ; on cherche à la soulever, mais dès qu’on en sent le poids, on la jette par terre. Il y avait autrefois dans les villes de la Palestine de ces grosses pierres sur lesquelles les jeunes hommes éprouvaient leur force. Voir Zacharie, 12, 3.
 
23 Car la sagesse qui instruit est selon son nom, et elle n'est pas manifeste pour un grand nombre ; mais, dans ceux à qui elle est connue, elle demeure jusqu'à la présence de Dieu.
Note Sir. 6,23 : La sagesse… est selon son nom ; conforme à son nom, c’est-à-dire cachée comme l’expliquent les mots qui suivent immédiatement : Elle n’est pas manifeste pour un grand nombre. Il est incontestable d’ailleurs en étymologie que l’on peut dériver soit le latin sapientia, soit le grec sophia, de l’hébreu tsephounâ, qui signifie cachée. Ajoutons que sophia peut dériver aussi de zophos, autre mot grec, dont le sens est obscurité. ― Jusqu’à la présence de Dieu ; c’est-à-dire jusqu’à ce qu’ils paraissent devant Dieu, jusqu’à l’éternité.
24 Ecoute, mon fils, et reçois le conseil de l'intelligence, et ne rejette pas mon conseil.25 Mets ton pied dans ses fers et ton cou dans ses chaînes;26 Baisse ton épaule et porte-la, et ne souffre pas impatiemment ses liens.27 De tout ton cœur, approche-toi d'elle, et de toutes tes forces garde ses voies.
 
28 Recherche-la et elle te sera manifestée, et l'ayant embrassée, ne la quitte point;29 Car, à la fin, tu trouveras du repos en elle ; et elle se changera pour toi en sujet de joie.30 Et ses fers seront pour toi une forte protection, et un ferme appui, et ses chaînes une robe de gloire ;
Note Sir. 6,30 : Un ferme appui ; littéralement des bases de force ; hébraïsme pour des bases fortes.
31 Car l'honneur de la vie est en elle, et ses liens un bandage salutaire.
 
32 Tu te revêtiras d'elle comme d'une robe de gloire, et comme une couronne de joie, tu la mettras sur toi.33 Mon fils, si tu m'es attentif, tu t'instruiras ; et si tu appliques ton esprit, tu seras sage.34 Si tu prêtes l'oreille, tu recevras la doctrine ; et si tu aimes à écouter, tu seras sage.35 Tiens-toi au milieu de la multitude des vieillards prudents, et à leur sagesse unis-toi de cœur; afin que tu puisses écouter tout leur récit sur Dieu, et que les paraboles de louange ne t'échappent point.
Note Sir. 6,35 : Voir Ecclésiastique, 8, 9. ― Paraboles de louange ; hébraïsme pour paraboles louables, dignes de louange.
36 Et si tu vois un homme sensé, va de grand matin vers lui et que ton pied use le seuil de sa porte.
Note Sir. 6,36 : Va de grand matin ; expression commune dans l’Ecriture, et qui marque une diligence et un empressement extraordinaires.
37 Aie ta pensée dans les préceptes de Dieu, et à méditer ses commandements sois très assidu; et lui-même te donnera un cœur ; et un désir ardent de la sagesse te sera donné.
Note Sir. 6,37 : Voir Psaumes, 1, 2.

Chapitre 7

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Chap. : 
S’abstenir du mal.
Ne pas rechercher les dignités.
Fuir tout mensonge.
S’appliquer au travail.
Etre fidèle à ses amis, attaché à sa femme, doux envers ses serviteurs.
Instruire ses enfants.
Honorer ses parents.
Rendre aux prêtres ce qui leur est dû.
Se souvenir de ses fins dernières.
1 Ne fais pas de mauvaises choses, et elles ne s'empareront pas de toi.
Note Sir. 7,1 : Elles ne s’empareront pas de toi ; tu n’en seras pas coupable, et, par conséquent, tu échapperas aux peines qui y sont inévitablement attachés.
2 Retire-toi de l'injuste, et les maux s'éloigneront de toi.3 Mon fils, ne sème pas les maux dans les sillons de l'injustice, et tu n'en moissonneras pas sept fois autant.
 
4 Ne demande point au Seigneur le gouvernement, ni au roi une chaire d'honneur.
Note Sir. 7,4 : Le gouvernement ; la charge de conduire les autres, de leur commander.
5 Ne te justifie pas devant Dieu, parce que c'est lui qui connaît le cœur; et devant le roi n'affecte pas de paraître sage.
 
6 Ne cherche point à devenir juge, si tu n'as pas assez de force pour briser les iniquités; de peur que tu ne redoutes la face d'un puissant, et que tu ne poses une pierre d'achoppement dans ton équité.
 
7 N'offense pas la multitude d'une cité, et ne te lance pas au milieu du peuple,
Note Sir. 7,7 : Du peuple ; lorsqu’il est dans le trouble et l’irritation.
 
8 Et n'ajoute pas péché à péché ; car même pour un seul tu ne seras pas impuni.
Note Sir. 7,8 : Voir Ecclésiastique, 12, 7. ― N’ajoute pas, etc. ; littéralement : Ne lie pas des doubles péchés.
9 Ne sois pas pusillanime en ton cœur;
 
10 Ne néglige point de prier et de faire l'aumône.
 
11 Ne dis pas : Sur la multitude de mes dons, Dieu portera ses regards; et lorsque j'offrirai mes présents au Dieu très-haut, il les recevra.
 
12 Ne ris point d'un homme qui est dans l'amertume de l'âme ; car il y a quelqu'un qui humilie et qui élève, c'est Dieu qui voit tout.
Note Sir. 7,12 : Voir 1 Rois, 2, 7.
13 Ne sème point le mensonge contre ton frère; et ne le fais pas non plus contre ton ami.
Note Sir. 7,13 : Ne sème pas ; ou ne machine, ne fabrique pas ; littéralement ne laboure pas.
 
14 Garde-toi absolument de commettre aucun mensonge ; car l'habitude de mentir n'est pas bonne.
Note Sir. 7,14 : Garde-toi absolument ; littéralement mentir un mensonge. Voir, pour ce genre de locution, le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. ― Aucun ; littéralement non tout. Voir le 3° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes.
 
15 Ne sois point verbeux au milieu de la multitude des vieillards, et ne réitère point la parole dans ta prière.
Note Sir. 7,15 : Et ne réitère ; ne multiplie pas. Il semble que Jésus-Christ fait allusion à ce passage dans Matthieu, 6, 7.
 
16 N'aie point de répugnance pour les ouvrages pénibles, ni pour l'agriculture créée par le Très-Haut.17 Ne t'unis pas à la multitude des indisciplinés.
 
18 Souviens-toi de la colère, parce qu'elle ne tardera pas.
Note Sir. 7,18 : La colère ; c’est-à-dire la vengeance, le châtiment du péché.
 
19 Humilie profondément ton esprit, parce que le châtiment de la chair de l'impie sera le feu et le ver.
Note Sir. 7,19 : Le feu et le ver. Comparer à Marc, 9, vv. 42, 47.
 
20 Ne prévarique pas contre un ami qui diffère à te donner de l'argent, et ne méprise pas un frère très chéri pour de l'or.21 Ne te sépare pas de la femme sensée et bonne que tu as reçue dans la crainte du Seigneur; car la grâce de sa modestie est au-dessus de l'or.
 
22 Ne maltraite pas le serviteur qui travaille avec fidélité, ni le mercenaire qui donne son âme.
Note Sir. 7,22-23 : Ame ; mot qui signifie ici, comme en bien d’autres passages, personne individu.
Note Sir. 7,22 : Voir Lévitique, 19, 13.
 
23 Que le serviteur sensé te soit cher comme ton âme ; ne le frustre pas de la liberté, et ne le laisse pas privé de secours.
 
24 As-tu des troupeaux? veille sur eux, et s'ils sont utiles, qu'ils demeurent toujours chez loi.25 As-tu des fils? instruis-les, et plie-les à a soumission dès leur enfance.
 
26 As-tu des filles? conserve la pureté de leur corps, et ne leur montre pas un visage trop riant.
 
27 Marie ta fille, et tu auras fait une grande œuvre ; et donne-la à un homme sensé.28 Si tu as une femme selon ton cœur, ne la quitte point ; et ne te confie point à une haïssable. En tout ton cœur
 
29 Honore ton père, et les gémissements de ta mère, ne les oublie pas;
Note Sir. 7,29 : Voir Tobie, 4, 3.
30 Souviens-toi que sans eux tu ne serais pas né, et fais pour eux comme ils ont fait eux-mêmes pour toi.31 En toute ton âme crains le Seigneur, et ses prêtres, vénère-les.
 
32 De toutes tes forces aime celui qui t'a fait; et ses ministres, ne les abandonne pas.
Note Sir. 7,32 : Ses ministres, etc. Le Seigneur recommande souvent dans la loi de secourir les prêtres et les Lévites qui n’avaient pas eu de part dans la distribution du pays de Chanaan.
33 Honore Dieu de toute ton âme, et révère les prêtres, et purifie-toi avec des bras.
Note Sir. 7,33 : Voir Deutéronome, 12, 18. ― Avec des bras ; c’est-à-dire avec les épaules des victimes, qui appartiennent aux prêtres. Voir Exode, 29, vv. 22, 27 ; Lévitique, 7, vv. 32, 34 ; Nombres, 18, 18.
34 Donne-leur, comme il t'a été ordonné, une part des prémices et des hosties d'expiation, et de ta négligence, purifie-toi avec un petit nombre.
Note Sir. 7,34 : Voir Lévitique, 2, 3 ; Nombres, 18, 15. ― Hosties d’expiation ; c’étaient les victimes immolées pour le péché et le délit, la loi étant la même pour l’une et l’autre hosties. Voir Lévitique, 7, 1-7. ― Votre négligence ; c’est-à-dire vos péchés d’ignorance et d’inadvertance. ― Avec un petit nombre de victimes ; c’est-à-dire offrez de moindres dons, quand vous ne pouvez en faire de plus considérables.
35 Le don de tes bras et le sacrifice de sanctification, tu les offriras au Seigneur, ainsi que les prémices des choses saintes ;
Note Sir. 7,35 : Le don de tes bras ; l’offrande des épaules des hosties. Comparer au verset 33. ― Le sacrifice de sanctification ; vraisemblablement le sacrifice qu’offraient les Nazaréens pour leur sanctification. Voir Nombres, chapitre 6. ― Les prémices des choses saintes (initia sanctorum) ; expression qui doit probablement s’entendre de la dîme des dîmes, que les Lévites devaient donner aux prêtres ; car c’étaient les Lévites qui recevaient immédiatement du peuple toutes les dîmes, dont ils donnaient à leur tour aux prêtres la dixième partie. Voir Nombres, 18, 26-28.
36 Et au pauvre tends la main, afin que soit parfaite ta propitiation, ainsi que ta bénédiction.
Note Sir. 7,36 : Propitiation ; c’était le même sacrifice que l’expiation. Voir Lévitique, 23, 27-29. ― Bénédiction ; mot qui se prend souvent dans l’Ecriture pour don, largesse, libéralité ; ici il a en particulier le sens de don sacré, offrande sainte.
37 Que la reconnaissance d'un bienfait soit à la vue de tout vivant; et même à un mort ne refuse pas la reconnaissance.
Note Sir. 7,37 : Que la reconnaissance, etc. ; c’est-à-dire si tu as reçu un bienfait, montre ouvertement, devant tout le monde, ta reconnaissance ; et s’il est mort maintenant celui qui a été ton bienfaiteur, même envers lui sois reconnaissant, en lui rendant les derniers devoirs. Voir Ecclésiastique, 30, 18 ; Tobie, 4, 18 ; Baruch, 6, 26. Des différentes explications qui ont été donnée de ce verset, celle-ci nous a paru la plus simple et la plus naturelle, outre qu’elle est littéralement conforme au texte grec.
38 Ne manque pas de consoler ceux qui pleurent ; et marche avec ceux qui sont dans le deuil.
Note Sir. 7,38 : Voir Romains, 12, 15.
39 Ne sois point paresseux à visiter un malade; car c'est par là que tu t'affermiras dans la charité.
Note Sir. 7,39 : Voir Matthieu, 25, 36.
40 Dans toutes tes œuvres, rappelle-toi tes fins dernières, et jamais tu ne pécheras.

Chapitre 8

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Chap. : 
Ne pas avoir de démêlés avec un homme puissant.
Ne pas faire de reproches à celui qui se corrige.
Ecouter les sages et les vieillards.
Ne pas irriter les passions des méchants.
Ne pas découvrir son secret à un étranger.
1 N'aie point de démêlés avec un puissant, de peur que tu ne tombes entre ses mains.2 Ne dispute pas avec un homme riche, de peur qu'il ne suscite contre toi un procès ;
Note Sir. 8,2 : Ne dispute pas, etc. Comparer à Matthieu, 25, 25.
 
3 Car l'or et l'argent ont perdu bien des gens, et leur pouvoir s'étend jusqu'au cœur des rois pour le changer.
Note Sir. 8,3 : L’or et l’argent, etc. Comparer à Ecclésiastique, 31, 6.
 
4 N'aie point de démêlés avec un homme à la langue bien affilée, et tu n'entasseras pas du bois dans son feu.
 
5 Ne fréquente pas un homme ignorant, de peur qu'il ne parle mal de ta race.
 
6 Ne méprise pas un homme qui se détourne du péché, et ne lui fais pas de reproches : souviens-toi que nous sommes tous dignes de répréhension ;
Note Sir. 8,6 : Voir 2 Corinthiens, 2, 6 ; Galates, 6, 1.
 
7 Ne méprise pas un homme dans sa vieillesse ; car il y en a d'entre nous qui vieillissent.
Note Sir. 8,7 : Voir Lévitique, 19, 32.
 
8 Ne te réjouis pas sur ton ennemi mort, sachant que tous nous mourrons, et que nous ne voulons pas devenir un sujet de joie.
 
9 Ne méprise point le récit des sages vieillards, mais entretiens-toi de leurs paraboles ;
Note Sir. 8,9 : Voir Ecclésiastique, 6, 35.
 
10 Car c'est d'eux-mêmes que tu apprendras la sagesse, et la doctrine de l'intelligence, et à servir les grands sans reproche.11 Que le récit des vieillards ne t'échappe point; car eux-mêmes l'ont appris de leurs pères ;
 
12 Parce que c'est d'eux-mêmes que tu apprendras l'intelligence et à donner une réponse en temps nécessaire.13 N'allume pas les charbons des pécheurs en les reprenant, et ne sois pas allumé par la flamme du feu de leurs péchés.
Note Sir. 8,13 : En les reprenant avec dureté, ou lorsque tu prévois que la correction leur sera inutile et même nuisible. ― Et ne sois pas allumé ; hébraïsme, pour, et tu ne seras pas allumé.
 
14 Ne résiste pas en face à un insolent, de peur qu'il ne se tienne en embuscade contre ta bouche.
Note Sir. 8,14 : De peur qu’il ne se tienne, etc. ; c’est-à-dire qu’il ne dresse des pièges à tes paroles.
 
15 Ne prête point d'argent à un plus puissant que toi; que si tu lui en as prêté, tiens-le comme perdu.
Note Sir. 8,15 : Voir Ecclésiastique, 29, 4.
 
16 Ne réponds point pour un autre au-dessus de tes forces ; que si tu as répondu, pense comme devant le restituer.
 
17 Ne juge pas contre un juge, parce qu'il juge selon ce qui est juste.
Note Sir. 8,17 : Parce qu’il juge, etc. ; il a en sa faveur la présomption d’avoir jugé selon l’équité.
 
18 Avec un audacieux, ne va pas dans la voie, de peur qu'il ne fasse peser ses maux sur toi; car il va selon son désir, et en même temps que lui tu périras par sa folie.
Note Sir. 8,18 : Voir Genèse, 4, 8.
 
19 Avec un homme colère, n'aie point de querelles; et avec un audacieux ne va pas dans le désert, parce que le sang est comme rien devant lui ; et là où il n'y a pas de secours, il te brisera.
Note Sir. 8,19 : Avec un homme colère, etc. Comparer à Proverbes, 22, 24.
20 Avec les fous, ne tiens pas conseil, car ils ne pourront aimer que ce qui leur plaît.21 Devant un étranger, ne tiens pas conseil; car tu ne sais pas ce qu'il enfantera.22 Ne découvre pas à tout homme ton cœur, de peur qu'il ne te témoigne une amitié fausse, et qu'ensuite il ne t'injurie.

Chapitre 9

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Chap. : 
Ne pas être jaloux de sa femme.
Fuir la compagnie des femmes étrangères.
Conserver ses anciens amis.
Ne pas envier la gloire des méchants.
S’éloigner des grands.
Se lier avec les sages.
S’occuper de Dieu.
1 Ne sois pas jaloux de la femme de ton sein, de peur qu'elle ne montre contre toi la malice d'une instruction funeste.
Note Sir. 9,1 : La femme de ton sein ; ou la femme qui repose sur ton sein ; expression familière aux Hébreux pour signifier une épouse. ― De peur qu’elle etc. La jalousie d’un mari et ses soupçons injustes sont une instruction funeste, en ce qu’ils font naître souvent dans sa femme l’idée et l’envie de devenir ce dont il la soupçonne.
2 Ne donne pas à la femme le pouvoir sur ton âme, de peur qu'elle ne s'ingère dans ton autorité, et que tu ne sois pas confondu.
 
3 Ne regarde pas une femme aux mille volontés, de peu que tu ne tombes dans ses lacs.
 
4 Ne sois pas assidu près d'une danseuse; ne l'écoute point, de peur que tu ne périsses par sa puissance efficace.
 
5 N'arrête pas ta vue sur une vierge, de peur que tu ne trouves une pierre d'achoppement dans sa beauté.
Note Sir. 9,5 : Voir Genèse, 6, 2.
 
6 Ne donne ton âme à des prostituées en aucune manière ; de peur que tu ne te perdes, toi et ton héritage.
Note Sir. 9,6 : Voir Proverbes, 5, 2.
7 Ne jette point les yeux de tous côtés dans les rues de la cité, et n'erre pas sur les places publiques.
 
8 Détourne ta face d'une femme parée, et ne considère pas une beauté étrangère ;
 
9 A cause de la beauté d'une femme beaucoup ont péri ; et c'est par là que la concupiscence comme un feu s'embrase.
 
10 Toute femme qui se prostitue, comme la boue dans la voie publique sera foulée aux pieds.
 
11 Beaucoup, ayant admiré la beauté d'une femme étrangère, ont été réprouvés ; car son entretien comme un feu s'enflamme.12 Ne t'assieds jamais avec une femme étrangère, et ne t'appuie point avec elle sur le coude ;
Note Sir. 9,12 : Ne t’assieds, etc. Cette première partie du verset a son explication dans la seconde : Ne t’appuie pas, etc. ; ce qui est une allusion à la manière dont on était à table, couché sur des lits, et appuyé sur le coude ; et comme on était placé les uns au-dessous des autres, le second convive avait la tête sur la poitrine du premier, le troisième sur la poitrine du second, et ainsi de suite. Il était donc de la dernière indécence qu’un homme se plaçât à table auprès d’une femme étrangère.
 
13 Et ne dispute pas avec elle dans le vin, de peur que ton cœur ne s'incline vers elle, et que par ton sang tu ne tombes dans la perdition.
Note Sir. 9,13 : Ne dispute pas, etc. ; c’est-à-dire ne fais pas des défis de boire. ― Que par ton sang ; par ta mort, si tu commets l’adultère à la suite des débauches de la table. On sait que chez les Hébreux l’adultère était puni de mort. Voir Lévitique, 20, 10.
 
14 Ne quitte pas un ancien ami ; car un nouveau ne sera pas semblable à lui.15 C'est un vin nouveau qu'un ami nouveau ; il vieillira, et c'est avec plaisir que tu le boiras.16 N'envie point la gloire et les richesses du pécheur ; car tu ne sais pas quelle sera sa ruine.
Note Sir. 9,16 : Voir Juges, 9, 4 ; 2 Rois, 15, 10.
 
17 Que la violence des injustes ne te soit pas agréable, sachant que jusqu'aux enfers l'impie ne sera pas agréable à Bien.
Note Sir. 9,17 : Enfers ; signifie dans l’hébreu et dans le texte grec, aussi bien que dans la Vulgate, non tombeau, sépulcre, mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi, comme nous l’avons déjà remarqué (voir Genèse, 37, 35, et ailleurs), ce mot fournit une preuve sans réplique de la survivance des âmes aux corps.
 
18 Tiens-toi loin de l'homme qui a le pouvoir de tuer, et tu ne soupçonneras pas même la crainte de la mort ;19 Et si tu approches de lui, ne commets aucune faute, de peur qu'il ne t'ôte la vie.20 Sache que la mort communique avec toi, parce que tu t'avanceras au milieu des pièges, et que tu marcheras au travers des armes d'ennemis irrités.21 Selon ton pouvoir, défie-toi de celui qui t'approche, et traite avec les sages et les prudents.22 Que les hommes justes soient tes convives, et que dans la crainte de Dieu soit pour toi un sujet de gloire,23 Et que dans ton esprit soit la pensée de Dieu, et tous tes entretiens dans les préceptes du Très Haut.24 C'est pour la main des artisans que leurs ouvrages seront loués ; et le prince du peuple le sera pour la sagesse de ses discours ; mais la parole des vieillards, pour le sens.
Note Sir. 9,24 : C’est pour la main, etc. ; c’est par l’adresse de leurs mains que les artisans attireront les louanges sur leurs ouvrages.
25 Terrible est un grand par leur dans sa cité, et le téméraire dans sa parole sera odieux.

Chapitre 10

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Chap. : 
Avantages d’un bon gouvernement.
Horreur qu’on doit avoir de l’avarice.
Suites funestes de l’orgueil.
Louange de ceux qui craignent Dieu.
Parallèle de la gloire du riche et du pauvre.
1 Un juge sage rendra la justice à son peuple, et le gouvernement d'un homme sensé sera stable.2 De même qu'est le juge du peuple, de même aussi sont ses ministres ; et tel qu'est le prince d'une cité, tels sont aussi ses habitants.
Note Sir. 10,2 : Voir Proverbes, 29, 12.
3 Un roi insensé perdra son peuple, et les cités auront des habitants par l'intelligence des puissants.
Note Sir. 10,3 : Voir 3 Rois, 12, 13.
4 Dans la main de Dieu est le pouvoir de la terre ; et il suscitera en son temps un gouverneur utile.5 Dans la main de Dieu est la prospérité de l'homme ; et sur la face du scribe il mettra sa gloire.
Note Sir. 10,5 : Scribe. Ce mot est pris ici dans son acception la plus ordinaire, qui est docteur de la loi, dont le ministère consistait à copier et à expliquer les Livres saints. Ces docteurs étaient fort estimés ; ils tenaient le même rang que les prêtres et les sacrificateurs, quoique leurs fonctions fussent différentes.
 
6 Ne te souviens d'aucune injustice de ton prochain, et ne fais rien par les voies de l'injustice.
Note Sir. 10,6 : Voir Lévitique, 19, 13.
 
7 Odieux est l'orgueil devant Dieu et devant les hommes, et exécrable toute iniquité des nations.8 Un royaume est transféré d'une nation à une autre nation, à cause des injustices, et des violences, et des outrages, et des différentes tromperies.
Note Sir. 10,8 : Voir Daniel, 4, 14.
9 Rien n'est plus criminel que l'avare. Pourquoi s'enorgueillissent la terre et la cendre?10 Rien n'est plus inique que d'aimer l'argent; car celui-ci a une âme vénale, parce que durant sa vie il a jeté au loin ses propres entrailles.
 
11 La vie de toute puissance est courte. Une maladie trop longue fatigue le médecin.
 
12 Le médecin coupe par la racine une courte maladie ; ainsi même le roi est aujourd'hui, et demain il mourra.13 Car lorsque l'homme mourra, il aura pour héritage les serpents, les bêtes et les vers.
Note Sir. 10,13 : Il aura pour héritage, etc. L’auteur montre assez clairement, dans plusieurs passages, qu’il admettait la survivance des âmes aux corps. Ainsi il ne veut parler ici que de la partie matérielle de l’homme, c’est-à-dire de son corps, qui, à la mort, devient en effet, la pâture des bêtes et des vers. ― Les serpents, les bêtes qui rampent. Les corps qui ne sont pas ensevelis deviennent la proie des bêtes ; ceux qui sont enterrés sont dévorés par les vers.
 
14 Le commencement de l'orgueil de l'homme est d'apostasier Dieu;15 Parce que son cœur s'est retiré de celui qui l'a fait; parce que le commencement de tout péché est l'orgueil; celui qui s'y tiendra attaché sera chargé de malédictions, et l'orgueil le renversera à jamais.
Note Sir. 10,15 : Voir Proverbes, 18, 12.
16 C'est pour cela que le Seigneur a déshonoré les assemblées des méchants, et il les a détruits à jamais.17 Dieu a renversé les trônes des chefs superbes, et il a fait asseoir les hommes doux à leur place.
 
18 Dieu a fait sécher les racines des nations superbes, et il a planté les humbles d'entre ces nations mêmes.
Note Sir. 10,18 : Dieu a fait sécher, etc. Ceci s’explique tout naturellement des Chananéens, que Dieu extermina, et dont il ne conserva que ceux qui s’étaient rendus à ses ordres et soumis aux Hébreux, son peuple.
 
19 Le Seigneur a détruit les terres des nations, et il les a perdues jusqu'au fondement.
Note Sir. 10,19 : Le Seigneur a détruit, etc. L’auteur parle de Sodome, de Gomorrhe, etc.
 
20 Il a fait sécher quelques-unes d'entre elles, et il les a perdues entièrement, et il a effacé leur mémoire de la terre.
Note Sir. 10,20 : Quelques-unes d’entre elles probablement les Chananéens, les Amalécites, etc.
21 Dieu a perdu la mémoire des superbes, et il a laissé la mémoire des humbles d'esprit.22 L'orgueil n'a point été créé avec les hommes, ni le courroux avec la race des femmes.23 La race d'hommes qui sera honorée est celle qui craint Dieu; mais la race qui sera déshonorée est celle qui néglige les commandements du Seigneur.24 Au milieu de ses frères, celui qui les dirige est en honneur; et ceux qui craignent le Seigneur seront devant ses yeux.
 
25 La gloire des riches, des personnes élevées aux honneurs, et des pauvres, c'est la crainte de Dieu.26 Ne méprise pas l'homme juste et pauvre, et ne fais pas grand cas de l'homme pécheur, quoique riche.27 Le grand et le juste et le puissant sont en honneur; mais il n'est pas de plus grand que celui qui craint Dieu.28 A l'esclave sensé seront assujettis les hommes libres; et l'homme prudent et bien instruit ne murmurera pas, lorsqu'il sera repris, et l'ignorant ne sera pas honoré.
Note Sir. 10,28 : Voir 2 Rois, 12, 13. ― A l’esclave sensé, etc. Comparer à Proverbes, 17, 2.
 
29 Ne t'élève pas en faisant ton œuvre, et ne temporise pas avec paresse aux temps de l'angoisse.30 Mieux vaut celui qui travaille et qui abonde en toutes choses, que celui qui se glorifie et manque de pain.
Note Sir. 10,30 : Voir Proverbes, 12, 9.
31 Mon fils, dans la douceur conserve ton âme, et rends-lui honneur selon son mérite.32 Celui qui pèche contre son âme, qui le justifiera? et qui honorera celui qui déshonore son âme?33 Le pauvre est glorieux par sa science et sa crainte de Dieu ; et il est tel homme qui est honoré à cause de sa richesse.34 Mais celui qui est glorifié dans la pauvreté, combien plus le serait-il dans la richesse? mais que celui qui est glorifié dans la richesse redoute la pauvreté.

Chapitre 11

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Chap. : 
Ne pas juger les hommes par leur extérieur.
Vanité des grandeurs humaines.
C’est de Dieu que viennent les biens et les maux.
Vanité des richesses.
Mettre en Dieu sa confiance.
Ne pas se fier à tout le monde.
1 La sagesse de l'homme d'humble condition relèvera sa tête, et au milieu des grands, elle le fera asseoir.
Note Sir. 11,1 : La sagesse, etc. Comparer à Genèse, 41, 40 ; Daniel, 6, 3 ; Jean, 7, 18.
 
2 Ne loue pas un homme d'après son apparence, et ne méprise pas un homme à son aspect.3 Petite est l'abeille entre tous les volatiles, et son fruit possède la source de la douceur.4 De ton vêtement ne te glorifie jamais, et au jour de tes honneurs ne t'élève point; parce qu'admirables sont les œuvres du Très-Haut seul, et que glorieuses et cachées et invisibles sont ses œuvres.
Note Sir. 11,4 : Voir Actes des Apôtres, 12, 21-22.
 
5 Beaucoup de tyrans ont siégé sur le trône, et celui qu'on ne pouvait soupçonner a porté le diadème.6 Beaucoup de puissants ont été opprimés fortement; et ceux qui étaient dans la gloire ont été livrés aux mains des autres.
Note Sir. 11,6 : Voir 1 Rois, 15, 28 ; Esther, 6, 7.
 
7 Avant d'interroger, ne blâme personne ; et lorsque tu auras interrogé, reprends justement.
 
8 Avant que tu aies entendu, ne réponds mot; et au milieu des discours ne t'ingère pas de parler.
Note Sir. 11,8 : Voir Proverbes, 18, 13.
9 D'une chose qui ne t'incommode pas, ne dispute point; et dans le jugement de ceux qui pèchent, ne te place point.
 
10 Mon fils, ne mêle pas les actions à beaucoup de choses; et si tu es riche, tu ne seras pas exempt de faute; car si tu suis toutes tes affaires, tu n'en embrasseras aucune; et tu ne t'en tireras pas, si tu vas au-devant.
Note Sir. 11,10 : Voir 1 Timothée, 6, 9.
 
11 Il est tel homme impie qui travaille, et se hâte, et gémit, et il sera d'autant moins dans l'abondance.
Note Sir. 11,11 : Voir Ecclésiaste, 4, 8.
12 Il est tel homme énervé ayant besoin de se fortifier, manquant encore plus de force et abondant en pauvreté;13 Et l'œil de Dieu l'a regardé en bien, et il l'a relevé de son humiliation, et il a élevé sa tête; et beaucoup s'en sont étonnés, et ont honoré Dieu.
Note Sir. 11,13 : Voir Job, 42, 10. ― En bien (in bono) ; c’est-à-dire favorablement.
 
14 Les biens et les maux, la vie et la mort, la pauvreté et les richesses viennent de Dieu.
Note Sir. 11,14 : Voir Job, 1, 21 ; 2, 10.
15 La sagesse, et la discipline, et la science de la loi sont en Dieu. L'amour et les voies des bons sont en lui.
Note Sir. 11,15 : Sont en Dieu ; comme dans leur source.
 
16 L'erreur et les ténèbres ont été créées avec les pécheurs ; mais ceux qui exultent dans les choses mauvaises vieillissent dans le mal.
Note Sir. 11,16 : Ont été créées avec les pécheurs ; c’est-à-dire sont une suite du péché originel et des facultés naturellement limitées de l’homme.
17 Le don de Dieu demeure ferme dans les justes, et son progrès aura des succès pour l'éternité.18 Il est tel qui s'enrichit en agissant avec parcimonie, et toute la part de sa récompense est
 
19 En ce qu'il dit : J'ai trouvé le repos pour moi; et maintenant je mangerai de mes biens tout seul;
Note Sir. 11,19 : Voir Luc, 12, 19.
20 Et il ne sait pas que le temps passera, et que la mort s'approche, et qu'il laisse tout à d'autres, et qu'il mourra.
 
21 Tiens-toi ferme dans ton alliance avec Dieu, et entretiens-toi avec elle, et vieillis dans l'accomplissement des commandements.22 Ne t'arrête pas dans les oeuvres des pécheurs ; confie-toi en Dieu et demeure à ta place.23 Car il est facile aux yeux de Dieu d'enrichir tout d'un coup le pauvre.
Note Sir. 11,23 : D’enrichir (honestare). Voir Sagesse, 7, 11.
 
24 La bénédiction de Dieu se hâte pour la récompense du juste ; et en un instant rapide il fait fructifier ses progrès.25 Ne dis pas : De quoi ai-je besoin, et quels biens m'arriveront désormais?26 Ne dis pas : Je me suffis à moi-même; et quel mal désormais m'adviendra-t-il ?
 
27 Au jour des biens ne perds pas le souvenir des maux, et au jour des maux ne perds pas le souvenir des biens;
Note Sir. 11,27 : Voir Ecclésiastique, 18, 25.
28 Parce qu'il est facile devant Dieu, au jour de la mort, de rendre à chacun selon ses voies.29 Le mal d'un moment fait oublier de grands plaisirs ; et à la fin de l'homme la révélation de ses œuvres.30 Avant sa mort, ne loue aucun homme ; parce que dans ses enfants on connaît un homme.31 N'introduis pas tout homme dans ta maison, car nombreux sont les pièges du trompeur.32 Car comme l'estomac de ceux qui sentent mauvais jette une odeur fétide, et comme la perdrix est conduite dans une cage, et le chevreuil dans un lacs: ainsi aussi est le cœur des superbes, et ainsi celui qui examinant voit la chute de son prochain.
Note Sir. 11,32 : Le sens de ce verset est que les hommes au cœur superbe ne produisent au dehors rien que de mauvais, et qu’ils attirent les hommes dans la perdition, comme les appeaux appellent et attirent les autres oiseaux. ― Le chasseur se sert d’une perdrix captive pour attirer d’autres perdrix et les prendre.
33 Car convertissant les bonnes choses en mauvaises, il dresse des embûches, et il imprimera une tache sur les élus.
Note Sir. 11,33 : Il imprimera une tache ; par ses calomnies. ― Sur les élus ; ou sur les choses d’élite, les choses les meilleures ; le grec est aussi amphibologique que le latin.
34 Par une seule étincelle s'accroît le feu, et par un seul trompeur s'accroît le sang : mais l'homme pécheur au sang tend des pièges.
Note Sir. 11,34 : Le sang ; c’est-à-dire l’effusion du sang, le meurtre. ― Au sang ; à la vie.
35 Garde-toi du corrupteur (car il trame de mauvaises choses), de peur qu'il n'attire sur toi la dérision pour toujours.
Note Sir. 11,35 : De peur, etc. ; se rapportant à garde-toi du corrupteur, nous avons dû insérer entre parenthèses la phrase, car il trame de mauvaises choses, pour éviter l’amphibologie.
36 Admets chez toi un étranger, et il te renversera au milieu du désordre et il t'éloignera de tes propres biens.

Chapitre 12

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Chap. : 
Faire le bien avec discernement.
On ne connaît de vrais amis que dans l’adversité.
Se donner de garde d’un ennemi même réconcilié.
1 Si tu fais du bien, sache à qui tu le fais, et il y aura une grande reconnaissance pour tes bienfaits.2 Fais du bien au juste, et tu trouveras une grande rétribution; et sinon de lui, certainement du Seigneur.3 Car il n'y a point de bien pour celui qui est assidu dans les mauvaises choses, et qui ne donne point des aumônes ; parce que même le Très-Haut a les pécheurs en haine, et qu'il a pitié des pénitents.4 Donne au miséricordieux, et ne recueille point le pécheur; car sur les impies et les pécheurs il exercera sa vengeance, les gardant pour le jour de la vengeance.
Note Sir. 12,4-5 : Saint Augustin, saint Thomas et plusieurs autres Pères remarquent que le mot pécheur est mis ici au lieu de péché ; en sorte que le sens est : N’encourage pas par tes aumônes les péchés d’autrui. On peut aussi entendre les expressions donne au miséricordieux, donne à celui qui est bon, non de l’aumône, mais d’un simple bienfait. Or, dans ce cas, il vaut mieux donner aux gens de bien qu’aux méchants, surtout quand on présume que ces derniers abuseront du bien qu’on pourra leur faire et s’en serviront pour le mal, ce qui se trouve assez clairement exprimé dans les versets suivants. Ainsi disparaît la contradiction que l’on croit apercevoir au premier abord entre les maximes de l’auteur et celles de l’Evangile, qui nous ordonne de donner à quiconque nous demande, et de faire du bien, même à nos ennemis.
Note Sir. 12,4 : Voir Galates, 6, 10.
5 Donne à celui qui est bon, et n'accueille point le pécheur.6 Fais du bien à l'humble, et ne donne pas à l'impie; empêche qu'on ne lui donne du pain, de peur qu'il n'en soit plus puissant que toi;7 Car tu trouveras un double mal dans tout le bien que tu lui feras, parce que même le Très-Haut a les prévaricateurs en haine, et que sur les impies il exercera sa vengeance.
 
8 L'ami ne se connaîtra pas au milieu des biens ; et l'ennemi ne se cachera pas au milieu des maux.
Note Sir. 12,8 : L’ami, etc. Dans la prospérité le véritable ami se distingue difficilement du faux, parce que l’un et l’autre se conduisent extérieurement de la même manière ; tandis que dans l’adversité le faux ami ne se déguise plus ; il se retire, et souvent même joint l’insulte à l’abandon.
9 Au milieu des biens d'un homme ses ennemis sont dans la tristesse, et dans son malheur, on a connu son ami.10 Ne te fie jamais à ton ennemi ; car comme l'airain qui prend la rouille, ainsi est sa méchanceté;
Note Sir. 12,10 : Dans ce verset et les deux suivants, l’auteur ne veut pas nous dire de ne pas pardonner à notre ennemi ou de ne nous pas réconcilier avec lui ; mais il nous avertit seulement de nous donner de garde d’un homme qui ne déguise sa haine que pour nous tromper, et qui ne se sert de l’union qui existe entre lui et nous, et de notre déférence envers lui, que pour s’élever au-dessus de nous, et nous faire tomber dans le piège. ― Ainsi est sa méchanceté. Elle revient toujours comme la rouille sur l’airain.
11 Quoique humilié il aille tout courbé, applique ton esprit et garde-toi de lui.
Note Sir. 12,11 : Quoique humilié, etc. ; quand il viendrait à toi en s’humiliant et rampant. ― Applique ton esprit ; sois attentif et vigilant.
 
12 Ne l'établis pas près de toi ; et qu'il ne s'asseye pas à ta droite, de peur que se tournant vers ta place, il ne recherche ton siège ; et qu'à la fin tu ne reconnaisses la vérité de mes paroles, et que par mes discours tu ne sois stimulé.
 
13 Qui aura pitié d'un enchanteur blessé par un serpent, et de tous ceux qui s'approchent des bêtes sauvages? Or ainsi il en est de celui qui s'associe à l'homme inique et qui est enveloppé dans ses péchés.
Note Sir. 12,13 : Le sens de ce verset paraît être : Après l’avertissement que tu as reçu de te garder d’un faux ami, si tu t’approches néanmoins volontairement de lui qui est un vrai serpent, et si tu t’exposes à ses morsures, tu ne seras plaint de personne. ― Il y a toujours eu des charmeurs de serpents en Orient.
14 Une heure avec toi il demeurera; mais si tu te détournes, il ne persévérera pas.15 C'est sur ses lèvres que ton ennemi a la douceur, et dans son cœur il dresse des embûches pour te renverser dans la fosse.
Note Sir. 12,15 : Voir Jérémie, 41, 6. ― Dans la fosse. Image tirée de la fosse qu’on creuse pour y prendre les animaux sauvages.
 
16 Ton ennemi a les larmes à ses yeux, et s'il trouve l'occasion, il sera insatiable de ton sang ;17 Et si les maux fondent sur toi, tu l'y trouveras le premier.18 Ton ennemi a les larmes à ses yeux, et comme pour te secourir, il te sapera par les pieds.19 Il secouera sa tête et battra des mains, et, murmurant bien des choses, il changera son visage.

Chapitre 13

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Chap. : 
Danger de la société avec les superbes et les puissants.
Conduite qu’on doit tenir à l’égard des grands.
S’attacher à Dieu.
S’unir à ses semblables.
Parallèle du pauvre et du riche.
1 Celui qui touche de la poix en sera souillé ; et celui qui communique avec le superbe se revêtira d'orgueil.
Note Sir. 13,1 : Voir Ecclésiastique, 7, 2.
2 Celui-là lèvera un poids sur lui, qui se lie avec un plus grand que soi. Et d'un plus riche que toi, ne sois pas le compagnon.
Note Sir. 13,2 : Plus riche ; littéralement plus honnête. Dans l’Ecclésiastique, comme dans la Sagesse, honestas, honestus, signifient richesse, riche.
3 Comment s'associera la chaudière avec la marmite? car quand elles se heurteront, l'une d'elles sera brisée.
Note Sir. 13,3 : L’une d’elles sera brisée. Ces mots sont absolument nécessaires pour compléter le sens du verbe sera brisé (confringetur). Ils sont d’ailleurs parfaitement conformes au texte grec. ― La chaudière avec la marmite. L’une est de métal, l’autre de terre, et le pot de terre se brise contre le pot de fer. Nous avons là l’idée de la fable du pot de terre et du pot de fer racontée par Esope et par La Fontaine.
4 Le riche a agi injustement, et il murmurera; mais le pauvre offensé se taira.5 Si tu lui donnes, il t'accueillera ; et si tu n'as rien, il t'abandonnera.6 Si tu as quelque chose, il vivra avec toi et il t'épuisera, et ne se mettra pas en peine de toi.7 Si tu lui es nécessaire, il te supplantera, et, souriant, il te donnera des espérances, te racontant de bonnes choses, et il dira : De quoi as-tu besoin?8 Et il te confondra par ses repas, jusqu'à ce qu'il t'épuise en deux ou trois fois ; et à la fin, il se rira de toi ; et puis, te voyant, il t'abandonnera, et il secouera la tête sur toi.
Note Sir. 13,8 : Et il te confondra, etc. Le sens de cette première partie du verset paraît être : Il t’invitera à des festins si magnifiques et si somptueux, que tu en seras confondu ; et que, l’invitant à ton tour, et voulant le traiter de la même manière, tu épuiseras tes ressources en deux ou trois fois. ― Ou. Ainsi lit le texte grec, et c’est très probablement le sens du mot et de la Vulgate ; surtout si l’on considère qu’en hébreu la particule correspondante à et signifie aussi ou, ou bien.
 
9 Humilie-toi devant Dieu, et attends ses mains.
Note Sir. 13,9 : Ses mains ; pour te secourir, ou son secours ; signification qu’a quelquefois le terme hébreu main.
10 Prends garde que, séduit jusqu'à la folie, tu ne sois humilié.
Note Sir. 13,10-11 : Jusqu’à la folie ; expression qui peut se rapporter également au verbe humilier, ou au participe séduit.
11 Ne t'humilie pas dans ta sagesse, de peur qu'humilié tu ne sois séduit jusqu'à la folie.12 Appelé par un puissant, retire-toi ; car par ce moyen il t'appellera beaucoup plus.13 Ne sois pas importun, de peur que tu n'échoues ; et ne t'en éloigne pas trop, de peur qu'il ne t'oublie.
 
14 Ne t'avise pas de parler d'égal à égal avec lui, et ne te fie pas à ses nombreuses paroles; car par de longs entretiens il te tentera, et, souriant, il t'interrogera sur tes secrets.15 Son esprit impitoyable conservera tes paroles ; et il n'épargnera pas les mauvais traitements et la prison.16 Prends garde à toi, et sois bien attentif à ce que tu entendras, parce que tu marches sur ta ruine.17 Mais entendant ces choses, vois-les comme dans des songes, et tu veilleras.
Note Sir. 13,17 : Entendant, etc. ; c’est-à-dire quand tu entendras de sa part des paroles blessantes, regarde-les comme ayant été dites en songe, et prends garde de ne pas le contredire.
18 Toute la vie, aime Dieu, et invoque-le pour ton salut.19 Tout animal aime son semblable : de même aussi tout homme aime ce qui lui est proche.
 
20 Toute chair s'unira à celle qui lui est semblable, et tout homme s'associera à son semblable.21 Si le loup s'allie un jour avec l'agneau, ainsi il en sera du pécheur et du juste.22 Quelle communication a un saint homme avec un chien? ou quelle part a un riche avec un pauvre?
Note Sir. 13,22 : Voir 2 Corinthiens, 6, 14. ― Avec un chien. Le chien était un animal impur chez les Hébreux (voir Lévitique, 11, 26 ; Deutéronome, 23, 18). Tout Israélite, fidèle observateur de la loi, évitait soigneusement de toucher cet animal. Le chien se prend aussi dans l’Ecriture pour un homme impur, un cynique. Comparer à Matthieu, 7, 6 ; 15, 26 ; Apocalypse, 22, 15.
 
23 La chasse du lion dans le désert est l'onagre ; de même aussi la pâture des riches sont les pauvres.
Note Sir. 13,23 : L’onagre, âne sauvage. Voir Job, 39, 5-8.
 
24 Et comme c'est une abomination pour le superbe que l'humilité, de même aussi l'exécration du riche est le pauvre.25 Le riche ébranlé est raffermi par ses amis; mais l'humble, lorsqu'il tombera, sera repoussé même par ses familiers.
Note Sir. 13,25 ; 13.27 : L’humble (humilis) ; c’est aussi le sens du texte grec ; mais on peut entendre ce terme d’un homme qui est dans une humble, une basse position ; quelques-uns le rendent par pauvre. Remarquons que le mot humble, comme nous venons de l’expliquer, n’exclut pas l’idée de pauvreté. Comparer à Proverbes, 19, vv. 4, 7 ; Jacques, 2, 6.
26 Pour le riche trompé il y a beaucoup de récupérateurs : il a parlé avec hauteur et on l'a justifié.
Note Sir. 13,26 : Récupérateurs (recuperatores) ; c’est-à-dire, selon le texte grec, aides, auxiliaires, défenseurs.
27 L'humble a été trompé, et on l'accuse encore ; il a parlé sensément, et il ne lui en a pas été tenu compte.28 Le riche a parlé, et tous se sont tus, et tous élèveront sa parole jusqu'aux nues.29 Le pauvre a parlé, et ils disent : Qui est celui-ci? et s'il fait un faux pas, ils le renverseront.30 Les richesses sont bonnes à celui qui n'a pas de péché dans la conscience ; et très mauvaises est la pauvreté dans la bouche de l'impie.
Note Sir. 13,30 : Les richesses, etc. L’écrivain sacré prouve par ce verset qu’il ne condamne pas généralement toutes les richesses, et qu’il n’approuve pas non plus universellement ceux qui sont pauvres ; puisqu’il y a des riches qui sont des gens de bien, et des pauvres méchants, dont la pauvreté n’est ni louable ni méritoire, parce qu’elle est forcée et en même temps accompagnée d’impatiences et de murmures.
31 Le cœur de l'homme change sa face, soit en bien, soit en mal.32 La marque d'un bon cœur et une bonne face, tu la trouveras difficilement et avec peine.

Chapitre 14

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Chap. : 
Bonheur de celui qui ne pèche pas par la langue.
Malheur de l’avare.
Se souvenir de la mort.
Faire un bon usage de ses biens.
Fragilité de la vie.
Bonheur de celui qui s’applique à rechercher la sagesse.
1 Bienheureux l'homme qui n'est pas tombé par les paroles de sa bouche, et qui n'est pas tourmenté par le remords du péché !
Note Sir. 14,1 : Voir Ecclésiastique, 19, 17.
2 Heureux celui qui n'a pas éprouvé la tristesse de son âme, et qui n'est pas déchu de son espérance !
 
3 A l'homme cupide et tenace inutile est la richesse ; et à l'homme envieux que sert l'or?4 Celui qui amasse injustement des richesses au préjudice de son âme, les rassemble pour d'autres ; et avec ses biens un autre se livrera à la débauche.5 Celui qui est mauvais à lui-même, à quel autre sera-t-il bon? et il n'aura pas d'agrément dans ses biens.6 Celui qui s'envie lui-même, rien n'est pire que lui, et c'est là la peine de sa malice ;
Note Sir. 14,6 : Qui s’envie lui-même ; qui se porte envie à lui-même, en se refusant le nécessaire. C’est là la peine, etc. ; c’est-à-dire cette disposition même est la peine, etc.
7 Et s'il fait du bien, c'est par l'ignorance et ne le voulant pas, qu'il le fait ; et à la fin il manifeste sa malice.8 L'envieux a l'œil méchant; il détourne sa face et méprise son âme.9 Insatiable est l'œil du cupide en fait d'iniquité; et il ne sera pas satisfait, tant qu'il n'aura pas desséché et consumé son âme.10 L'œil mauvais tend aux choses mauvaises; et il ne se rassasiera pas de pain; mais il sera affamé et dans la tristesse à sa propre table.
Note Sir. 14,10 : L’œil mauvais ; l’œil de l’avare. ― Aux mauvaises choses ; telles que les usures et les autres acquisitions injustes.
 
11 Mon fils, si tu as quelque chose, fais-t'en du bien à toi-même, et à Dieu offre de dignes oblations.12 Souviens-toi que la mort ne tarde point, et que le testament des enfers t'a été montré ; car le testament de ce monde est qu'il mourra de mort.
Note Sir. 14,12 : Le testament des enfers ; c’est-à-dire l’arrêt touchant l’autre vie, l’autre monde. ― Le testament de ce monde, etc. ; l’arrêt porté contre le monde présent est qu’il mourra sans rémission, inévitablement ; car tels est le sens de l’hébraïsme, il mourra de mort, conservé dans la Vulgate.
13 Avant la mort, fais du bien à ton ami, et, selon tes facultés, tendant la main, donne au pauvre.
Note Sir. 14,13 : Voir Tobie, 4, 7 ; Ecclésiastique, 4, 1 ; Luc, 16, 9.
14 Ne te prive pas d'un jour avantageux, et que la simple parcelle d'un précieux don ne t'échappe point.
Note Sir. 14,14 : D’un jour avantageux (a die bono) ; expression qui, d’après ce qui précède et ce qui suit, semble signifier le jour où l’on a les moyens et l’occasion de faire du bien au prochain ; comme ces autres mots précieux don, peuvent naturellement s’entendre des moyens mêmes et de l’occasion de faire du bien.
15 N'est-ce pas à d'autres que tu laisseras le fruit de tes peines et de tes travaux, dans le partage du sort?
Note Sir. 14,15 : Dans le partage du sort ; c’est-à-dire qu’ils partageront entre eux par le sort.
16 Donne et reçois, et justifie ton âme.
 
17 Avant ta mort pratique la justice ; car ce n'est pas aux enfers que tu trouveras la nourriture.18 Toute chair comme l'herbe vieillira, et comme la feuille qui croit sur un arbre vert.
Note Sir. 14,18 : Voir Isaïe, 40, 6 ; Jacques, 1, 10 ; 1 Pierre, 1, 24.
19 Les unes naissent et les autres sont renversées ; ainsi sont les générations de chair et de sang; l'une finit et l'autre naît.
 
20 Toute œuvre corruptible à la fin disparaîtra ; et celui qui l'a faite ira avec elle.21 Et toute œuvre excellente sera justifiée ; et celui qui l'a faite sera honoré par elle.22 Bienheureux l'homme qui demeurera dans la sagesse, et qui méditera sur sa justice, et en son esprit pensera au regard examinateur de Dieu;
Note Sir. 14,22 : Voir Psaumes, 1, 2. ― Méditera ; ou s’exercera à pratiquer. Comparer à Psaumes, 34, 28.
23 Qui recherche ses voies en son propre cœur, et qui pénètre dans ses secrets, allant après elle comme un investigateur, et s'arrêtant dans ses voies;24 Qui regarde par ses fenêtres, et à sa porte écoute;25 Qui se repose auprès de sa maison, et qui dans ses murailles enfonçant un pieu établira sa cabane à ses côtés ; et ses biens se conserveront dans sa cabane à jamais;26 Il établira ses fils sous son couvert, et demeurera sous ses branches;27 Il sera protégé sous son couvert contre la chaleur, et il se reposera dans sa gloire.

Chapitre 15

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Chap. : 
Celui qui recherche la sagesse la trouvera.
Dieu n’est pas l’auteur du péché.
Il a laissé à l’homme le choix du bien et du mal.
1 Celui qui craint Dieu fera le bien, et celui qui garde la justice possédera la sagesse ;2 Et elle viendra au-devant de lui comme une mère honorée; et comme une épouse vierge, elle le recevra.
Note Sir. 15,2 : Epouse vierge ; littéralement épouse de virginité (mulier a virginitate, ou, selon le texte grec, virginitalis). Elle le recevra, comme une épouse vierge reçoit son époux.
3 Elle le nourrira du pain de vie et d'intelligence, et elle l'abreuvera de l'eau de la sagesse qui donne le salut; et elle s'affermira en lui, et il ne fléchira pas;
Note Sir. 15,3 : Voir Jean, 4, 10.
4 Et elle le maintiendra, et il ne sera pas confondu ; et elle relèvera parmi ses proches;5 Et au milieu de l'assemblée elle ouvrira sa bouche, et elle le remplira de l'esprit de sagesse et d'intelligence, et elle le couvrira d'une robe de gloire.6 Elle amassera un trésor de joie et d'exultation sur lui, et elle le fera héritier d'un nom éternel.
 
7 Les hommes insensés ne la saisiront pas, et les hommes sensés iront à sa rencontre; les hommes insensés ne la verront pas, car elle est loin de l'orgueil et de la tromperie.8 Les hommes menteurs ne se souviendront pas d'elle ; mais les hommes véridiques se trouveront avec elle, et marcheront heureusement jusqu'à la vue de Dieu.9 La louange n'est pas belle dans la bouche du pécheur;
Note Sir. 15,9 : La louange n’est pas, etc. Comparer à Psaumes, 49, 16-17.
10 Parce que de Dieu vient la sagesse ; car la louange de Dieu accompagnera la sagesse, et dans une bouche fidèle elle abondera, et le dominateur la lui donnera.
 
11 Ne dis pas : C'est par Dieu qu'elle est loin de moi, car ne fais pas ce qu'il hait.
Note Sir. 15,11 : Ne dis pas, etc. Si la sagesse est loin de l’insensé, la faute n’en est pas à Dieu, mais à l’insensé lui-même qui, en faisant ce que Dieu hait, la tient éloignée de lui.
12 Ne dis pas : C'est lui qui m'a trompé ; car les hommes impies ne lui sont pas nécessaires.
Note Sir. 15,12 : Ne dis pas : C’est lui qui ma trompé ; ce qui serait un horrible blasphème ; car quel motif aurait pu l’obliger à tromper ? A-t-il besoin des hommes impies ? Quel profit, quelle gloire, quelle satisfaction peut-il en tirer ?
13 Le Seigneur hait toute erreur exécrable, et elle ne sera pas aimable à ceux qui le craignent.
Note Sir. 15,13 : Erreur exécrable ; littéralement et par hébraïsme, exécration d’erreur.
 
14 Dieu, dès le commencement, a créé l'homme, et il l'a laissé dans la main de son propre conseil.15 Il lui a donné de plus ses commandements et ses préceptes.16 Si tu veux garder les commandements de Dieu et mettre toujours en pratique la foi qui lui est agréable, ils te conserveront.
Note Sir. 15,16 : Voir Matthieu, 19, 17.
17 Il a mis devant toi l'eau et le feu : étends vers ce que tu voudras la main.
 
18 Devant l'homme sont la vie et la mort, le bien et le mal : ce qui lui plaira lui sera donné ;
Note Sir. 15,18 : Voir Jérémie, 21, 8.
19 Parce que grande est la sagesse de Dieu; et il est fort en' puissance, et il voit tous les hommes sans cesse.20 Les yeux du Seigneur sont sur ceux qui le craignent, et lui-même connaît toute œuvre de l'homme.
Note Sir. 15,20 : Voir Psaumes, 33, 16 ; Hébreux, 4, 13.
21 A personne il n'a commandé d'agir d'une manière injuste, et à personne il n'a donné la permission de pécher ;
Note Sir. 15,21 : A personne, etc. Comparer aux versets 11 et 12.
22 Car il ne désire pas une multitude de fils infidèles et inutiles.

Chapitre 16

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Chap. : 
Ne pas se réjouir d’avoir beaucoup d’enfants, s’ils sont impies.
Dieu extermine les méchants.
Il récompense les bons.
Il voit le fond des cœurs.
Ses voies sont impénétrables, ses jugements terribles, sa puissance infinie.
1 Ne te réjouis pas en des fils impies, s'ils se mutiplient; et ne mets pas ton bonheur en eux, s'ils n'ont pas la crainte de Dieu.2 Ne te confie pas en leur vie, et sur leurs travaux ne porte pas tes regards.
Note Sir. 16,2 : Ne te confie, etc. c’est-à-dire ne compte ni sur leur vie, ni sur le fruit de leurs travaux pour y trouver un soulagement dans ta vieillesse ; car quelques jeunes, quelques robustes qu’ils soient, une mort imprévue et soudaine peut les frapper à chaque instant.
3 Car vaut mieux un seul enfant craignant Dieu que mille fils impies.4 Et il est plus utile de mourir sans fils que de laisser des fils impies.5 Un seul homme sensé fera habiter la patrie entière, et une tribu d'impies deviendra déserte.
Note Sir. 16,5 : Un seul homme sensé. Voir, comme exemple de ce qui est dit dans ce verset et les suivants, Genèse, 13, 16 ; Juges, 9, 5 ; 4 Rois, 10, 7.
6 Mon œil a vu beaucoup de choses semblables, et mon oreille en a entendu de plus fortes encore.7 Dans l'assemblée des méchants s'allumera un feu, et dans une nation incrédule s'enflammera la colère.
Note Sir. 16,7 : Voir Ecclésiastique, 21, 10. ― Un feu. Ce feu doit désigner la guerre et tous les maux que produit la discorde. Il peut y avoir aussi dans ce verset une allusion au feu qui consuma les complices de Coré, Dathan et Abiron, voir Nombres, 16, 35.
8 Ils n'ont pas prié instamment pour leurs péchés, les anciens géants qui ont été détruits, se confiant en leur force ;
Note Sir. 16,8 : Les anciens géants, etc. Voir Genèse, 6, verset 4 et suivants.
9 Et Bien n'a pas épargné le lieu où Lot habitait comme étranger, et il les a exécrés à cause de la fierté de leurs discours,
Note Sir. 16,9 : Dieu n’a pas épargné, etc. Voir Genèse, 19, 24. ― A Cause de la fierté, etc. ; à cause de leur insolence. On le voit en effet par le verset suivant, où il est dit que les habitants de Sodome se faisaient une gloire de leurs crimes.
10 Il n'a pas eu pitié d'eux, perdant une nation entière qui s'élevait d'orgueil dans ses péchés.
Note Sir. 16,10 : Une nation entière ; tous les habitants de Sodome et (de trois) des quatre autres villes de la Pentapole.
 
11 Et il fut ainsi des six cent mille hommes de pied qui se rassemblèrent dans la dureté de leur cœur ; et s'il n'y avait eu qu'un seul rebelle, il serait étonnant qu'il eût été exempt de punition;
Note Sir. 16,11 : Voir Nombres, 14, 22-24 ; 26, 51. ― Ces six cent mille hommes de pied sont les Israélites qui, du temps de Moïse, irritèrent Dieu dans le désert et y furent exterminés. Voir Nombres, 1, 46. ― S’il n’y avait eu, etc. ; c’est-à-dire si Dieu n’a pas épargné une si grande multitude, il pardonnerait bien moins un seul individu qui se rendrait coupable de la même rébellion.
12 Car la miséricorde et la colère sont avec lui ; il peut être fléchi, mais il répand aussi sa colère.13 Comme sa miséricorde, ainsi sont ses châtiments; il juge l'homme selon ses œuvres.14 Le pécheur n'échappera pas dans ses rapines, et l'attente de celui qui fait miséricorde ne sera pas différée ;
Note Sir. 16,14 : Qui fait miséricorde ; signifie, dans le langage de l’Ecriture, qui assiste les malheureux, qui fait du bien aux pauvres.
 
15 Toute miséricorde fera une place à chacun selon le mérite de ses œuvres, et selon l'intelligence de son pèlerinage.
Note Sir. 16,15 : Voir Romains, 2, 6. ― Selon l’intelligence de son pèlerinage ; c’est-à-dire selon la Sagesse, avec laquelle il aura vécu comme étranger sur la terre.
16 Ne dis pas : Je me cacherai à Dieu ; et du haut du ciel qui se souviendra de moi?17 Au milieu d'un grand peuple, je ne serai pas reconnu ; car qu'est mon âme dans une telle immensité de créatures ?
Note Sir. 16,17 : Dans une telle, etc. ; ou dans une si immense création ; car dans la Vulgate le mot créature se prend quelquefois pour création. Au reste ces deux sens reviennent au même.
18 Voilà que le ciel et le*. cieux des cieux, l'abîme et toute la terre, et ce qui est en eux s'ébranleront à sa présence ;19 En un même temps, les montagnes, et les collines, et les fondements de la terre, lorsque Dieu les regardera, s'agiteront dans l'effroi.20 Et, parmi toutes ces choses, le cœur de l'homme est insensé ; et cependant tout cœur est compris par lui.21 Et ses voies, qui les comprend, ainsi que la tempête, que l'oeil de l'homme ne verra pas?
Note Sir. 16,21 : Ne verra pas parfaitement, il n’en comprendra pas la cause.
 
22 Car le plus grand nombre de ses œuvres sont cachées; et les œuvres de sa justice, qui les racontera, ou qui les soutiendra? Car le testament est loin de quelques-uns, et l'interrogatoire de tous est pour la consommation des jours.
Note Sir. 16,22 : Le testament signifie ici, ou la loi de Dieu, ou l’arrêt, la sentence que Dieu doit prononcer contre nous. ― La consommation des jours ; le moment de la mort.
23 Celui dont le cœur est amoindri pense à des choses vaines ; et l'homme imprudent et égaré pense à des folies.24 Ecoute-moi, mon fils, et apprends la discipline de l'esprit, et à mes paroles sois attentif en ton cœur;
Note Sir. 16,24-25 : La discipline ; l’instruction, la science. Voir Proverbes, 1, 2.
 
25 Et je te dirai avec équité la discipline; et je chercherai à t'expliquer la sagesse ; et à mes paroles sois attentif en ton cœur, car je dis dans l'équité de mon esprit les miracles que Dieu a faits dans ses ouvrages dès le commencement, et c'est dans la vérité que j'énonce la science de Dieu.
Note Sir. 16,25 : Avec équité ; expression synonyme de dans la vérité, qu’on lit dans ce même verset.
26 C'est par un jugement de Dieu que ses ouvrages existent dès le commencement, et dès leur création il en a distingué les parties et les principes dans leurs générations.
 
27 Il a réglé pour toujours leurs fonctions, et ils n'ont pas éprouvé de privation, et ils ne se sont pas fatigués et n'ont pas cessé d'agir.28 L'un d'eux ne pressera jamais un autre.29 Ne sois pas incrédule à sa parole.30 Après cela. Dieu a porté ses regards sur la terre, et l'a remplie de ses biens.31 L'âme de tout ce qui a vie sur sa face l'a montré, et c'est vers elle que sera leur retour.
Note Sir. 16,31 : Leur retour (reversio illorum). Le pronom se rapportant à l’antécédent tout ce qui a vie, qui est un collectif, l’auteur de la Vulgate a pu le mettre au pluriel ; ce qu’a fait d’ailleurs celui du texte grec.

Chapitre 17

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Chap. : 
Création de l’homme ; prérogatives que Dieu lui a données.
Faveurs que Dieu a faites aux Israélites.
Bontés de Dieu envers les pécheurs pénitents.
Exhortation à la pénitence.
1 Dieu a créé de la terre l'homme; et c'est à son image qu'il l'a fait.
Note Sir. 17,1 : Voir Genèse, 1, 27 ; 5, 1.
2 Et il l'a fait retourner dans la terre, et il l'a revêtu de force selon sa nature.
Note Sir. 17,2 : Et il l’a revêtu, etc. Ces paroles trouvent leur explication dans les versets suivants.
 
3 Il lui a donné un nombre de jours et un temps, et il lui a donné l'empire de ce qui est sur la terre.4 Il a mis sa crainte en toute chair, et il a établi sa domination sur les bêtes sauvages et les volatiles.5 Il a créé de sa substance un aide semblable à lui ; et il leur a donné le conseil, et une langue, et des yeux et des oreilles, et il leur a donné un cœur pour penser ; et il les a remplis du savoir de l'intelligence.
Note Sir. 17,5 : Voir Genèse, 2, 18.
6 Il a créé en eux la science de l'esprit; il a rempli leur cœur de sens, et il leur a montré les biens et les maux.7 Il a posé son œil sur leurs cœurs, pour leur montrer les grandeurs de ses œuvres ;
Note Sir. 17,7 : Pour leur montrer ; ou afin de le leur montrer ; le texte dit simplement : Leur montrer (ostendere illis) ; c’est un hébraïsme qui a passé dans la Vulgate aussi bien que dans les Septante.
8 Afin qu'ils louassent son nom saint pour le glorifier dans ses merveilles, afin de raconter les grandeurs de ses œuvres.
Note Sir. 17,8 : Nom saint ; littéralement nom de sanctification ou de sainteté, qui est la signification première du terme hébreu, que représente probablement ici sanctification. ― Pour se glorifier (littéralement se glorifier. Voir sur cet infinitif la note précédente), etc. Les hommes, comme le remarque judicieusement Ménochius, peuvent se glorifier vis-à-vis des fidèles et des infidèles à cause des bienfaits divins qu’ils ont reçus. Comparer au verset 27.
 
9 Et il leur a donné encore la science et il les a fait hériter d'une loi de vie.10 Il a établi avec eux une alliance éternelle, et il leur a appris sa justice et ses jugements.11 Et leur œil a vu les grandeurs de sa gloire, et leurs oreilles ont entendu la majesté de sa voix, et il leur a dit : Gardez-vous de toute iniquité.12 Et il a ordonné à chacun d'eux de veiller sur son prochain.
 
13 Leurs voies sont devant lui toujours, elles ne sont point cachées à ses yeux.14 Sur chaque nation il a préposé un chef,
Note Sir. 17,14-15 : L’auteur fait visiblement allusion à un passage du Deutéronome (voir Deutéronome, 32, 8-9), où il est parlé de la division des peuples, et des Israélites en particulier, comme ayant été choisis de Dieu pour être la part de son héritage.
Note Sir. 17,14 : Voir Romains, 13, 1.
15 Et le partage de Dieu, Israël l'est devenu manifestement.16 Et toutes leurs œuvres sont comme le soleil en présence de Dieu, et ses yeux sans cesse considèrent leurs voies.17 Ses alliances n'ont pas été cachées par leur iniquité ; et toutes leurs iniquités ont été en présence de Dieu.
Note Sir. 17,17 : Ses alliances, etc. ; c’est-à-dire que les promesses que Dieu a faites aux Israélites n’ont pas été annulées par leurs iniquités : quoiqu’il les ait parfaitement connues, il a maintenu fidèlement son alliance avec eux. Comparer à Romains, 3, 3-4.
 
18 L'aumône de l'homme est comme un sceau pour lui, et le bienfait de l'homme, il le conservera comme la prunelle de l'œil;
Note Sir. 17,18 : Voir Ecclésiastique, 29, 15. ― Comme un sceau pour lui. Le sceau a toujours été considéré chez les Hébreux comme une chose précieuse et chère. Comparer à Deutéronome, 32, 34 ; Cantique, 8, 6. On sait d’ailleurs que les Orientaux veillent avec le plus grand soin sur leurs sceaux, à cause de l’abus qu’on pourrait en faire, s’ils venaient à tomber en des mains étrangères. ― Ce verset, selon que le dit le traducteur espagnol Scio, doit être considéré comme une parenthèse ; autrement, en effet, le précédent paraît incomplet, et le suivant devient inexplicable.
19 Et enfin il s'élèvera et il leur rendra rétribution à chacun sur sa tête, et il les fera retourner dans les parties intérieures de la terre.
Note Sir. 17,19 : Voir Matthieu, 25, 35. ― Il s’élèvera, rendra, fera. Le sujet de ces verbes est Dieu, nommé au verset 17. ― Il leur rendra rétribution ; littéralement Il lui rétribuera rétribution ; c’est-à-dire qu’il leur donnera avec une exactitude rigoureuse ce qu’ils ont mérité. Voir sur cet hébraïsme le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. ― Leurs, les ; pronoms qui se rapportent aux hommes iniques mentionnées au verset 17. ― Les parties inférieures de la terre ; expression qui désigne très probablement les enfers.
20 Mais aux pénitents il a ouvert la voie de la justice, et il a fermement soutenu les défaillants, et il leur a destiné la vérité en partage.
Note Sir. 17,20 : Il a ouvert ; littéralement il a donné ou posé, mis, établi, vraie signification du terme hébreu que la Vulgate traduit ordinairement par donner. ― Il a fermement soutenu ; littéralement Il a affermi de soutenir. Voir sur cet hébraïsme le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes.
21 Convertis-toi au Seigneur, et quitte tes péchés ;
 
22 Prie devant la face du Seigneur, et diminue les pierres d'achoppement.23 Reviens au Seigneur, et détourne-toi de l'injustice, et hais extrêmement l'exécration de Dieu;24 Et connais la justice et les jugements de Dieu; et tiens-toi ferme dans le sort de ta destination, et en état de prier le Très-Haut.
Note Sir. 17,24 : De prier le Très-Haut ; littéralement de la prière du Très-Haut ; génitif qui, dans la version latine, est, comme le précédent destination (propositionis), régi par le mot sort.
25 Entre en partage du siècle saint avec ceux qui vivent et qui rendent gloire à Dieu.
Note Sir. 17,25 : Voir Psaumes, 6, 6 ; Isaïe, 38, 19.
26 Ne demeure pas dans l'erreur des impies, avant la mort loue Dieu. Lorsqu'elle vient d'un mort qui est comme rien, la louange est perdue.
Note Sir. 17,26 : Lorsqu’elle vient, etc. ; c’est-à-dire que l’homme mort, étant comme s’il n’était pas, ne peut plus louer Dieu d’une manière méritoire et utile ; et personne ne pourra le louer dans la vie future, à moins qu’il ne l’ait fait, pendant sa vie, dans celle-ci. Comparer à Psaumes, 6, 6 ; Isaïe, 38, 18-19 ; Baruch, 2, 17.
27 Tu glorifieras Dieu pendant que tu vivras ; vivant et en santé tu le glorifieras, et tu loueras Dieu, et tu te glorifieras dans ses miséricordes.
Note Sir. 17,27 : Et tu te glorifieras dans ses miséricordes. Voir le verset 8.
28 Combien grande est la miséricorde du Seigneur, et sa propitiation pour ceux qui se convertissent à lui!29 Car toutes choses ne peuvent être dans les hommes, parce que le fils de l'homme n'est pas immortel, et qu'ils se sont complu dans la vanité de la malice.
Note Sir. 17,29 : Le fils de l’homme ; hébraïsme pour l’homme. ― La vanité de la malice ; c’est-à-dire une vaine malice.
30 Quoi de plus lumineux que le soleil? cependant lui-même défaudra. Ou quoi de plus mauvais que ce qu'ont imaginé la chair et le sang? mais cela sera condamné.
Note Sir. 17,30 : Ce qu’a imaginé, etc. ; c’est-à-dire les pensées, les inventions de la chair et du sang.
31 Lui-même contemple l'armée du ciel élevé ; mais tous les hommes sont terre et cendre.
Note Sir. 17,31 : Lui-même ; le soleil. ― L’armée du ciel élevé ; ce sont les divers astres ; littéralement la vertu de la hauteur du ciel. Comme nous l’avons déjà remarqué, le mot armée, dans l’Ecriture, s’exprime souvent par vertu (virtus).

Chapitre 18

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Chap. : 
Grandeur de Dieu.
Faiblesse de l’homme.
Patience et miséricorde de Dieu.
Faire l’aumône avec joie.
Prévenir les maux.
Résister à ses passions.
1 Celui qui vit éternellement a créé toutes choses ensemble ; Dieu seul sera justifié ; et, roi invincible, il subsiste à jamais.
Note Sir. 18,1 : Voir Genèse, 1, 1. ― Ensemble ; c’est-à-dire généralement, sans aucune exception, ou, selon d’autres, en même temps, dans le même moment ; mais la première explication nous paraît plus probable. Le simul de la Vulgate a ici le même sens que dans Psaumes, 13, 3 ; 48, vv. 2, 10. ― Sera justifié ; sera trouvé juste, reconnu pour juste.
2 Qui peut suffire à raconter ses œuvres?3 Car qui sondera ses merveilles?4 Et la puissance de sa grandeur, qui l'énoncera? ou qui entreprendra d'expliquer sa miséricorde ?5 Il n'y a pas à diminuer ni à ajouter, ni à découvrir aux merveilles de Dieu.6 Lorsque l'homme aura fini, c'est alors qu'il commencera ; et lorsqu'il se sera arrêté, il se trouvera dans la perplexité.
Note Sir. 18,6 : Aura fini de chercher à découvrir les merveilles (voir verset 5). ― Il commencera ; ce sera comme s’il ne faisait que de commencer. ― Se sera arrêté dans ses recherches.
 
7 Qu'est-ce qu'un homme et qu'est sa faveur? et quel bien ou quel mal vient de lui?
Note Sir. 18,7 : L’auteur veut dire ici que l’homme ne peut être ni utile ni nuisible à Dieu.
8 Le nombre des jours des hommes, au plus, est de cent ans : comme une goutte d'eau de la mer ils ont été estimés ; et comme est un grain de sable, ainsi sera ce peu d'années au jour de l'éternité.
Note Sir. 18,8 : Voir Psaumes, 89, 10.
9 A cause de cela le Seigneur est patient envers les hommes, et il répand sur eux sa miséricorde.10 Il a vu que la présomption de leur cœur est mauvaise, et il a connu que leur fin est mauvaise.
Note Sir. 18,10 : Que leur fin est mauvaise. Le mot subversio de la Vulgate signifiant ordinairement renversement, ruine, destruction, nous avons cru devoir le rendre par fin, c’est-à-dire mort ; d’autant plus que les Septante présentent le même sens.
11 Pour cela il a accompli sa propitiation en eux, et il leur a montré la voie de l'équité.
 
12 La commisération d'un homme est pour son prochain, mais la miséricorde de Dieu est sur toute chair.13 Dieu qui a de la miséricorde enseigne et corrige les hommes, comme un pasteur son troupeau.
 
14 Il a pitié de celui qui reçoit l'instruction de sa miséricorde, et qui se hâte de se soumettre à ses jugements.15 Mon fils, dans les bienfaits ne mets pas de reproche, et dans aucun don ne mets la tristesse d'une parole mauvaise.
Note Sir. 18,15 : Ne mets pas la tristesse. Nous rappellerons que la Vulgate traduit souvent par donner (dare), le verbe hébreu qui signifie proprement poser, mettre. ― Mauvaise ; c’est-à-dire dure, affligeante.
16 N'est-ce pas que la rosée refroidira une chaleur brûlante? ainsi une parole est meilleure qu'un don.17 N'est-ce pas, par exemple, qu'une parole est au-dessus d'un don avantageux? mais l'une et l'autre se trouvent dans un homme reconnu pour juste.
 
18 Un insensé avec aigreur fera des reproches ; et le don d'un indiscret dessèche les yeux.
Note Sir. 18,18 : Dessèche les yeux ; fait de la peine.
19 Avant de juger, acquiers la justice ; et avant de parler, apprends.20 Avant la maladie, emploie le remède ; et avant le jugement, interroge-toi toi-même, et devant Dieu tu trouveras propitiation.
Note Sir. 18,20 : Voir 1 Corinthiens, 11, 28.
 
21 Avant la maladie, humilie-toi, et au temps de l'infirmité montre ta conduite.22 Que rien ne t'empêche de prier toujours ; et ne crains pas de devenir, jusqu'à la mort, de plus en plus juste, parce que la récompense de Dieu demeure éternellement.
Note Sir. 18,22 : Voir Luc, 18, 1 ; 1 Thessaloniciens, 5, 17.
23 Avant la prière, prépare ton âme, et ne sois pas comme un homme qui tente Dieu.
 
24 Souviens-toi de la colère au jour de la consommation, et du temps de la rétribution, lorsqu'il détournera sa face.
Note Sir. 18,24 : Voir Ecclésiastique, 7, 18. ― Du jour de la consommation ; c’est-à-dire du jour dernier. ― Du temps ; second complément du verbe souviens-toi (memento). Il devrait être régulièrement au génitif comme le premier de la colère (iræ) ; mais il est à l’accusatif (tempus) dans la Vulgate et les Septante. La Bible, comme nous l’avons déjà remarqué, fournit plus d’un exemple de ce genre d’anomalie. ― Lorsqu’il détournera sa face des impies. C’est le vrai sens de in conversatione faciei expliqué par le grec.
25 Souviens-toi de la pauvreté au jour de l'abondance, et des nécessités de la pauvreté au jour des richesses.
Note Sir. 18,25 : Voir Ecclésiastique, 11, 27.
26 Du matin au soir le temps sera changé, et toutes ces choses sont rapides aux yeux de Dieu.27 Un homme sage craindra en toutes choses, et dans les jours des péchés il se gardera de l'inertie.28 Tout homme habile reconnaît la sagesse, et il rendra hommage à celui qui l'a trouvée.
 
29 Les hommes sensés en paroles ont aussi agi avec sagesse, et ils ont compris la vérité et la justice ; et ils ont répandu, comme une pluie, des paraboles et des sentences.30 Ne va pas à la suite de tes désirs, et détourne-toi de ta volonté.
Note Sir. 18,30 : Voir Romains, 6, 12 ; 13, 13-14.
 
31 Si tu accordes à ton âme ses désirs, elle te rendra la joie de tes ennemis.32 Ne te plais point dans les foules, pas même dans les moins nombreuses; car les conflits y sont continuels.
Note Sir. 18,32 : Les conflits ; telle est la signification première et ordinaire du latin commissio, et c’est le sens du texte grec ; plusieurs cependant l’entendent de l’action de commettre des péchés.
33 Ne t'appauvris point par l'usure pour ta cote dans les festins, quand tu n'as rien dans ta bourse; car tu seras ainsi envieux de ta propre vie.
Note Sir. 18,33 : Par l’usure ; c’est-à-dire en empruntant à usure. ― Pour ta cote ; pour lutter avec les autres (in contentione), au sujet de la cote à payer. ― Tu seras envieux, etc. ; c’est-à-dire tu t’ôteras toi-même le moyen de vivre.

Chapitre 19

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Chap. : 
Maux que causent le vin et les femmes.
Taire les défauts d’autrui.
Avertir son ami du mal qu’on dit de lui.
Vraie et fausse sagesse.
1 L'ouvrier adonné au vin ne s'enrichira pas ; et celui qui méprise les petites choses tombera peu à peu.
 
2 Le vin et les femmes font apostasier des sages, et accuseront des hommes sensés ;
Note Sir. 19,2 : Voir Genèse, 19, 33 ; 3 Rois, 11, 1.
3 Celui qui se joint aux prostituées sera un méchant : la pourriture et les vers l'hériteront, et il deviendra un grand exemple, et son âme sera retranchée du nombre des vivants.
 
4 Celui qui croit promptement est léger de cœur, et il en sera amoindri ; et celui qui pèche contre son âme sera vu avec mépris.5 Celui qui se réjouit de l'iniquité sera noté d'infamie ; et celui qui hait la réprimande en vivra moins, et celui qui hait la loquacité éteint le mal.6 Celui qui pèche contre son âme s'en repentira, et celui qui met sa joie dans la malice sera noté d'infamie.
 
7 Ne rapporte point une parole méchante et dure, et tu ne seras pas amoindri.8 A ton ami et à ton ennemi, ne raconte pas tes pensées; et s'il y a péché en toi, ne le découvre point;9 Car il t'écoutera, et il t'observera; et feignant d'excuser ton péché, il te haïra, et sera toujours auprès de toi.
Note Sir. 19,9 : Auprès de toi pour te nuire.
 
10 As-tu entendu une parole contre ton prochain? qu'elle meure en toi, bien sûr qu'elle ne te déchirera pas.11 Pour une parole ouïe l'insensé éprouve les douleurs de l'enfantement, comme gémit une femme pour mettre au monde un enfant.
Note Sir. 19,11 : Pour une parole ; ou à cause d’une parole ; littéralement et par hébraïsme, à la face d’une parole. ― L’insensé, etc. Le sens de cette phrase, extrêmement concise dans la Vulgate, est que l’insensé à qui on a confié une parole n’a pas de repos jusqu’à ce qu’il l’ait dévoilée, comme la femme en travail n’en a que lorsqu’elle a mis un enfant au jour.
12 Comme une flèche enfoncée dans une cuisse charnue, ainsi est une parole dans le cœur de l'insensé.
 
13 Reprends ton ami, de peur qu'il n'ait pas compris, et qu'il ne dise : Je ne l'ai pas fait; ou s'il l'a fait, afin que de nouveau il ne recommence pas à le faire.
Note Sir. 19,13 : Qu’il n’ait pas compris ce dont on l’accusait. Comparer à Lévitique, 19, 17 ; Matthieu, 18, 15 ; Luc, 17, 3.
14 Reprends ton prochain, de peur qu'il ne l'ait pas dit; et s'il l'a dit, afin qu'il ne réitère point.
Note Sir. 19,14 : Qu’il ne l’ait pas dit ; c’est-à-dire qu’il n’ait pas tenu le propos qu’on lui prêtait ; même concision de style que dans le verset précédent.
15 Reprends ton ami, car souvent il s'élève un conflit.
Note Sir. 19,15 : Un conflit (commissio) ; selon d’autres, conformément au texte grec, fausse accusation, délation, calomnie. Voir Ecclésiastique, 18, 32.
16 Et ne crois pas à toute parole : il est tel qui pèche par la langue, mais non point par le cœur.17 Car quel est celui qui ne pèche point par la langue ? Reprends ton prochain avant de le menacer,
Note Sir. 19,17 : Quel est, etc. Comparer à Jacques, 3, 8. ― Reprends, etc. Comparer à Galates, 6, 1.
 
18 Et donne une place à la crainte du Très-Haut; car toute sagesse, c'est la crainte de Dieu; et dans la Sagesse est craindre Dieu, et dans toute sagesse est la disposition de la loi.
Note Sir. 19,18 : Donne une place. Dans le style de l’auteur, donner, faire une place, signifie avoir de l’estime et du respect. ― La disposition ; ou, selon le grec, l’exécution, l’accomplissement.
 
19 Et ce n'est pas la sagesse que la discipline de la méchanceté ; et ce n'est pas le penser des pécheurs que la prudence.20 Il est telle méchanceté qui porte en elle l'exécration; et il est tel insensé qui n'est privé que d'un peu de sagesse.21 Mieux vaut un homme qui n'est privé que d'un peu de sagesse, et qui manque de sens, s'il a la crainte de Dieu, que celui qui a un grand sens, et qui transgresse la loi du Très-Haut.22 Il est une habileté sûre, mais elle est inique.
 
23 Et il est tel qui lance une parole sûre, disant la vérité. Il est tel qui s'humilie méchamment, et son intérieur est plein de tromperie ;24 Et il est tel qui s'abaisse jusqu'à l'excès par une grande humilité ; et il est tel qui incline sa face, et feint de ne pas voir ce qui a été ignoré;
Note Sir. 19,24 : Ce qui a été ignoré ; c’est-à-dire ce qui n’a pas été aperçu par d’autres ou que d’autres ont voulu tenir secret ; feinte qui a uniquement pour but d’empêcher qu’on ne se méfie de lui.
25 Mais si c'est par manque de forces qu'il est empêché de pécher, s'il trouve l'occasion de mal faire, il fera le mal.
 
26 A la vue on connaît un homme, et à la rencontre du visage on connaît une personne sensée.
Note Sir. 19,26 : A la rencontre du visage (ab occursu faciei) ; le grec porte ainsi. Tout en paraphrasant un peu le texte, la version anglaise catholique semble en avoir bien rendu le sens par : et un homme sage, quand tu le rencontres, est connu à sa mine.
27 Le vêtement du corps, le rire des dents, et la démarche d'un homme le font connaître.28 Il est une fausse réprimande dans la colère d'un insolent; et il est un jugement qui n'est pas prouvé être juste; et il est tel qui se tait, et celui-là est prudent.

Chapitre 20

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Chap. : 
Vices et vertus de la langue ; succès funestes ; maux heureux.
Présents intéressés.
Mauvaise honte.
Le mensonge déshonore.
Mauvais effets des présents.
De celui qui cache sa sagesse.
1 Combien il vaut mieux reprendre, et ne pas empêcher de parler celui qui confesse son tort, que de se mettre en colère !
Note Sir. 20,1 : Il vaut mieux ; littéralement il est bon, plus que ; hébraïsme qui a été aussi conservé dans les Septante. Voir, sur le comparatif hébreu, le 1° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. ― Reprendre ; avec bonté, douceur.
2 La passion d'un eunuque outragera une jeune vierge.
Note Sir. 20,2 : Voir Ecclésiastique, 30, 21.
3 Ainsi ;en est-il de celui qui par violence rend un jugement inique.
 
4 Qu'il est bon, lorsqu'on est repris, de manifester du repentir ! car tu éviteras ainsi le péché volontaire.5 Tel se tait qui est trouvé sage, et tel est odieux qui parle effrontément.6 Tel se tait, n'ayant pas le sens du langage ; et tel se tait sachant le temps convenable.7 L'homme sage se taira jusqu'à un certain temps ; mais le léger et l'imprudent n'observeront point le temps.
 
8 Celui qui emploie beaucoup de paroles blessera son âme ; et celui qui s'empare d'un pouvoir injustement sera haï.9 Il y a réussite dans le mal pour l'homme sans retenue; et il est telle chose trouvée qui tourne à détriment.10 Il est un don qui n'est pas utile, et il est un don qui reçoit une double récompense.11 Il y a à cause de la gloire un abaissement, et il est tel qui par son humiliation lèvera la tête.
Note Sir. 20,11 : Il y a à cause, etc. ; c’est-à-dire qu’il y a une sorte de gloire qui abaisse et avilit, comme il y a une certaine humiliation qui élève et honore.
12 Il est tel qui rachète beaucoup de choses pour un prix modique, et qui les restituera au septuple.
 
13 Le sage par ses paroles se rend aimable, mais les grâces des insensés s'évanouiront.14 Le don d'un insensé ne te sera pas utile ; car il a sept yeux.
Note Sir. 20,14 : Il y a sept yeux ; avec lesquels il te regarde pour tirer de toi sept fois autant qu’il t’a donné.
15 Il donnera peu, et il reprochera beaucoup; et quand il ouvre la bouche, c'est une flamme qui se répand.
Note Sir. 20,15 : Quand il ouvre la bouche pour raconter, vanter ses bienfaits.
16 Aujourd'hui tel prête, et demain il redemande ; odieux est un tel homme.
 
17 L'insensé n'aura pas d'ami, et ses bienfaits ne seront pas agréés ;18 Car ceux qui mangent son pain ont la langue trompeuse. Combien de fois, et combien de gens se riront de lui ?19 Ce n'est pas avec un sens droit qu'il distribue ce qu'il devait garder, de même aussi que ce qu'il ne devait pas garder.
 
20 La chute d'une langue mensongère est comme celui qui tombe sur le pavé, ainsi la chute des méchants viendra tout d'un coup.
 
21 L'homme disgracieux, comme une vaine fable, sera continuellement dans la bouche des ignorants.
Note Sir. 20,21 : Disgracieux ; désagréable ; c’est le sens du mot acharis, qui vient du grec.
 
22 Sortie de la bouche d'un insensé, une parabole sera réprouvée; car il ne la dit pas en son temps.
Note Sir. 20,22 : Une parabole ; c’est-à-dire une maxime grave, juste, sage. ― Sera réprouvée. Comparer à Proverbes, 26, 7.
 
23 Il est tel qui s'abstient de pécher par indigence, et qui dans son repos y sera vivement excité.
Note Sir. 20,23 : Qui s’abstient, etc. Tant qu’un homme est dans l’indigence et qu’il a besoin de travailler, il échappe à bien des tentations, auxquelles il est vivement excité, lorsqu’il est dans le repos que lui procurent les richesses.
24 Il est tel qui perdra son âme par une mauvaise honte ; et c'est à cause d'une personne imprudente qu'il l'a perdue : or c'est en faisant acception des personnes qu'il se perdra.
Note Sir. 20,24 : Son âme ; hébraïsme, pour se, soi-même.
25 Il est tel qui, par honte, promet à son ami, et il l'a gagné comme ennemi gratuitement.
 
26 C'est un opprobre honteux dans un homme que le mensonge, et dans la bouche des hommes sans discipline, il sera continuellement.
 
27 Un voleur est préférable à un homme menteur d'habitude; mais ils auront tous les deux la perdition en héritage.
Note Sir. 20,27 : Un voleur, etc. Le voleur, est, en effet, moins dangereux et moins nuisible que le menteur. Car celui-là vole l’argent, mais celui-ci fait perdre la réputation, qui est plus précieuse que les richesses. D’ailleurs l’habitude du mensonge fait que le menteur n’épargne personne, et qu’on ne peut jamais se fier à lui.
 
28 Les mœurs des hommes menteurs sont sans honneur; et leur confusion sera avec eux sans intermission.
 
29 Le sage se produira par ses paroles, et l'homme prudent plaira aux grands.30 Celui qui cultive sa terre élèvera un monceau de fruits; et celui qui pratique la justice sera exalté ; mais celui qui plaît aux grands fuira l'iniquité.
Note Sir. 20,30 : Fuira l’iniquité ; échappera à l’injustice de ses ennemis par la protection des grands auxquels il plaît.
31 Les présents et les dons aveuglent les yeux des juges, et sont comme un mors dans la bouche, qui, en les rendant muets, détourne leurs corrections.
Note Sir. 20,31 : Voir Exode, 23, 8 ; Deutéronome, 16, 19. ― Et sont comme, etc. Pour suppléer au laconisme de cette phrase de la Vulgate, et la rendre intelligible dans notre langue, j’ai cru devoir recourir au texte grec et à la Version Sixtine. (qui ? Glaire ?)
32 Une sagesse cachée, et un trésor qu'on ne voit pas, quelle utilité dans l'une et dans l'autre?
Note Sir. 20,32 : Voir Ecclésiastique, 41, 17.
33 Vaut mieux celui qui cèle son peu de sens, que l'homme qui cache sa sagesse.

Chapitre 21

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Chap. : 
Fuir le péché ; expier ses fautes.
Maux que cause l’orgueil.
Fin malheureuse des méchants.
Différents effets de la parole sage.
Caractère de l’insensé.
Le délateur se rend odieux.
1 Mon fils, as-tu péché? ne recommence pas de nouveau; mais prie pour tes fautes anciennes, afin qu'elles te soient remises.2 Comme à l'aspect d'un serpent fuis les péchés; car si tu en approches, ils te saisiront.3 Ce sont des dents de lions que ses dents, tuant les âmes des hommes.
 
4 Comme une épée à deux tranchants est toute iniquité, et pour sa plaie il n'y a pas de guérison.5 L'outrage et les violences anéantiront les richesses; et la maison qui est extrêmement riche sera anéantie par l'orgueil; ainsi le bien du superbe sera détruit jusqu'à la racine.6 La supplication du pauvre, de la bouche jusqu'à ses oreilles, parviendra, et le jugement en toute hâte viendra à lui.
Note Sir. 21,6 : Jusqu’à ses oreilles ; c’est-à-dire aux oreilles de Dieu, mot sous-entendu ou bien du superbe, nommé au verset précédent. ― Le jugement (judicium) ; la justice de Dieu en faveur du pauvre ; ou bien la condamnation du superbe. ― Viendra à lui ; au pauvre ; ou bien au superbe. Au lieu de, le jugement viendra à lui, le grec et la Version Sixtine portent à la lettre, le jugement de lui vient ; ce qui laisse subsister l’amphibologie de la Vulgate. Cependant la plupart des interprètes sont pour la première explication.
7 Celui qui hait la correction suit la trace du pécheur; et celui qui craint Dieu rentrera en son cœur.
Note Sir. 21,7 : Suit la trace ; ou est dans la trace ; littéralement est la trace.
8 Il est connu de loin, le puissant à la langue audacieuse ; et l'homme sensé sait lui échapper.
 
9 Celui qui bâtit sa maison aux dépens d'autrui est comme celui qui rassemble ses pierres en hiver.
Note Sir. 21,9 : Qui rassemble ses pierres ; qui bâtit. ― En hiver ; c’est-à-dire à une époque de l’année où la bâtisse n’offre aucune solidité. Ainsi celui qui bâtit aux dépens d’autrui s’expose à se voir bientôt enlever sa maison par ceux dont l’argent a servi à la bâtir.
10 C'est un amas d'étoupes que l'assemblée des pécheurs; leur fin sera une flamme de feu.
Note Sir. 21,10 : Voir Ecclésiastique, 16, 7.
 
11 La voie des pécheurs est pavée de pierres ; mais à leur fin, sont les enfers, et les ténèbres, et les tourments.12 Celui qui garde la justice comprendra le sens.13 La perfection de la crainte de Dieu est la sagesse et l'intelligence.14 Il ne deviendra jamais habile, celui qui n'est pas sage dans le bien.15 Or il est une sagesse qui abonde dans le mal; et il n'y a pas d'intelligence là où est l'amertume.
 
16 La science du sage débordera comme une inondation ; et son conseil est permanent comme une sorte de vie.17 Le cœur de l'insensé est comme un vase rompu ; et il ne retiendra aucune sagesse.18 Quelque parole sage qu'entende l'homme habile, il la louera et se l'appliquera ; le voluptueux l'a entendue, et elle lui déplaira, et il la rejettera derrière lui.19 La conversation de l'insensé est comme un fardeau dans une voie ; car c'est sur les lèvres du sage que se trouvera la grâce.20 La bouche du sage est recherchée dans une assemblée, et ils penseront à ses paroles dans leur cœur.21 Comme est une maison ruinée, ainsi est pour l'insensé la sagesse; et la science de l'insensé sont des paroles inexprimables.
Note Sir. 21,21 : Comme est une maison ruinée, etc. La sagesse ne sert pas plus à un insensé, que ne sert une maison ruinée dont on ne fait aucun usage. ― Inexprimables ; confuses, sans aucun ordre, ni aucune suite.
 
22 Les fers aux pieds, c'est comme la doctrine pour un insensé ; et comme des liens à la main droite.
Note Sir. 21,22 : Les fers, etc. La doctrine est pour l’insensé une gêne et un embarras qui l’empêchent de suivre ses inclinations et de se livrer à ses plaisirs, comme s’il avait les fers aux pieds et aux mains.
23 L'insensé dans le rire élève sa voix ; mais l'homme sage rira à peine tout bas.24 C'est un ornement d'or pour l'homme prudent que la doctrine, et comme un bracelet à son bras droit.25 Le pied de l'insensé entre aisément dans la maison de son prochain; mais l'homme habile sera troublé par la personne d'un puissant.26 L'insensé regardera par la fenêtre dans une maison ; mais l'homme instruit se tiendra dehors.
 
27 La folie d'un homme est d'écouter à la porte ; et l'homme prudent supportera avec peine cette ignominie.28 Les lèvres des imprudents raconteront des choses insensées; mais les paroles des hommes prudents seront pesées dans la balance.29 Dans la bouche des insensés est leur cœur ; et dans le cœur des sages est leur bouche.30 Lorsque l'impie maudit le démon, il maudit lui-même son âme.31 Le délateur souillera son âme, et en toutes choses il sera haï ; et celui qui demeure avec lui sera odieux; mais l'homme silencieux et sensé sera honoré.
Note Sir. 21,31 : En toutes choses (in omnibus) ; ou en tous lieux, partout ; ou par tous, par tout le monde.

Chapitre 22

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Chap. : 
Homme paresseux.
Enfants mal élevés.
Femme effrontée.
C’est perdre son temps que d’instruire un insensé.
Pleurer l’insensé plus qu’une mort ; éviter sa compagnie.
De ce qui rompt l’amitié.
Garder la fidélité à son ami.
1 C'est avec une pierre couverte de boue qu'a été lapidé le paresseux; et tous parleront de lui avec mépris.2 C'est avec de la fiente de bœuf qu'a été lapidé le paresseux ; et quiconque le touchera secouera les mains.
 
3 La confusion d'un père vient d'un fils indiscipliné; mais une fille tombera dans l'humiliation.
Note Sir. 22,3 : Une fille indisciplinée. Le contexte semble indiquer que ce mot est sous-entendu.
4 La fille prudente est un héritage pour son mari ; mais celle qui fait rougir devient le déshonneur de son père.5 La femme audacieuse couvre de confusion son père et son mari ; et, si elle ne déchoit pas aux yeux des impies, elle sera mésestimée par l'un et l'autre.6 C'est une musique pendant le deuil, qu'un récit inopportun ; les châtiments et l'instruction sont en tout temps sagesse.
 
7 Celui qui enseigne un insensé est comme celui qui veut rejoindre les fragments d'un vase brisé.8 Celui qui parle à qui ne l'écoute point, est comme celui qui réveille quelqu'un dormant d'un profond sommeil.
 
9 Il parle avec un homme qui s'endort, celui qui explique à un insensé la sagesse ; et à la fin du discours il a dit : Qui est celui-ci?10 Pleure sur un mort, car sa lumière a manqué ; et pleure sur un insensé, car le sens lui manque.
Note Sir. 22,10 : Voir Ecclésiastique, 38, 16.
 
11 Pleure peu sur un mort, car il est entré dans le repos.12 La vie criminelle du méchant est pire que la mort de l'insensé.13 Le deuil pour un mort est de sept jours; mais pour un insensé et un impie, il est de tous les jours de leur vie.
Note Sir. 22,13 : Voir Genèse, 50, 10. ― Le deuil, etc. L’auteur parle du deuil ordinaire pour les simples particuliers, qui était, en effet, de sept jours ; celui des princes et des grands durait ordinairement quarante jours. Au reste, l’Ecriture nous fournit plusieurs exemples de deuil d’une durée fort inégale.
 
14 Avec un imprudent, ne parle pas beaucoup, et ne va pas avec un insensé.15 Garde-toi de lui, afin que tu n'aies pas de désagrément, et tu ne seras pas souillé par son péché.16 Détourne-toi de lui, et tu trouveras le repos, et tu ne seras pas chagriné de sa folie.
 
17 Qu'est-ce qui sera plus pesant que le plomb? et quel autre nom lui convient que celui d'insensé ?18 Il est plus facile de porter du sable, et du sel, et une masse de fer, qu'un homme imprudent, et un insensé, et un impie.
Note Sir. 22,18 : Voir Proverbes, 27, 3.
19 Un assemblage en bois attaché dans le fondement d'un édifice ne se désunit point : il en est de même d'un cœur fortifié par l'inspiration d'un conseil.20 La résolution d'un homme sensé ne sera dans aucun temps affaiblie par la crainte.
Note Sir. 22,20 ; 22.23 : Dans aucun temps ; c’est-à-dire dans nul temps, dans pas un seul temps ; littéralement en latin, en tout temps (in omni tempore) ; ce qui est un pur hébraïsme. Nous avons déjà fait remarquer, qu’en hébreu, le mot tout joint à une négation signifie nul, pas un seul.
 
21 Comme des poteaux sur des lieux élevés, et des moellons posés sans appareil en face du vent, ne se soutiendront pas ;22 Ainsi le cœur de l'insensé timide dans sa pensée, à la violence de la crainte ne résistera pas.23 Comme le cœur de l'insensé, peu sûr dans sa pensée, ne craindra dans aucun temps ; il en est de même de celui qui dans les préceptes de Dieu demeure toujours.24 Celui qui pique un œil en tire des larmes ; et celui qui pique un cœur produit un sentiment.
 
25 Celui qui lance une pierre contre des oiseaux les fera tomber : de même aussi celui qui insulte son ami rompt l'amitié.26 Quand tu aurais tiré le glaive contre un ami, ne désespère pas ; car il y a du retour contre un ami.27 Si tu lui as ouvert une bouche sévère, ne crains pas ; car il y a lieu à la réconciliation ; excepté quand il s'agit d'invective, de reproche, de procédés hautains, de révélation de secret, et de blessure faite en trahison : en toutes ces choses un ami t'échappera.
Note Sir. 22,27 : Excepté, etc. Les cinq choses indiquées ici sont, en effet, de celles qu’on ne pardonne guère en amitié, parce qu’elles sont directement opposées à ses lois, la malice, la réflexion, le mauvais cœur y ayant plus de part que la passion ou le tempérament.
28 Garde la fidélité à un ami dans sa pauvreté, afin qu'avec lui tu te réjouisses dans son bonheur.29 Dans le temps de sa tribulation, demeure-lui toujours fidèle, afin que dans son héritage tu sois son cohéritier.30 Devant le feu, la vapeur de la fournaise et la fumée du feu s'élèvent ; de même aussi avant le sang s'élèvent les mauvaises paroles, les outrages et les menaces.
Note Sir. 22,30 : Le sang versé ; c’est-à-dire le meurtre.
31 De saluer un ami, je ne rougirai pas; et de sa face je ne me cacherai pas, et si des maux m'arrivent par lui, je les supporterai.32 Quiconque l'apprendra, se gardera de lui.33 Qui mettra à ma bouche une garde et sur mes lèvres un sceau bien sûr, afin que je ne tombe pas par elles, et que ma langue ne me perde pas?
Note Sir. 22,33 : Voir Psaumes, 140, 3. ― Bien sûr ; bien appliqué, qu’on ne puisse enlever.

Chapitre 23

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Chap. : 
Prière contre le mauvais usage de la langue, l’orgueil, la gourmandise et l’impureté.
Ne pas jurer, ni dire des paroles indiscrètes.
Adultère odieux à Dieu et aux hommes.
1 Seigneur, père et maître de ma vie, ne m'abandonnez pas à leur conseil; et ne permettez pas que je tombe par elles.
Note Sir. 23,1 : Leur… elles. Ces pronoms se rapportent aux noms bouche et lèvres, exprimés au dernier verset du chapitre précédent.
2 Qui mettra dans ma pensée des remords, et dans mon cœur la doctrine de la sagesse, afin qu'ils ne m'épargnent pas dans leurs péchés d'ignorance, que leurs fautes ne paraissent pas;
Note Sir. 23,2 : Qu’ils ; c’est-à-dire les remords et la doctrine de la sagesse. ― Leurs ; se rapporte à ma pensée et à mon cœur. ― Ne paraissent pas ; n’éclatent pas au dehors, ne deviennent pas publiques.
3 Que mes ignorances ne s'accroissent pas, et que mes fautes ne soient pas multipliées; que mes péchés n'abondent point, que Je ne tombe pas en présence de mes adversaires, et que mon ennemi ne se réjouisse point sur moi?
 
4 Seigneur, père et Dieu de ma vie, ne m'abandonnez pas à leur pensée.
Note Sir. 23,4 : Pensée ; mauvais dessein.
5 Ne me donnez point des yeux altiers, et détournez tout désir mauvais de moi.6 Eloignez de moi l'intempérance ; que la passion de l'impureté ne s'empare pas de moi, et ne me livrez pas à une âme sans honte et sans retenue.
 
7 Ecoutez, mes enfants, la doctrine de ma bouche ; celui qui la gardera ne périra point par ses lèvres; et il ne trouvera pas une pierre d'achoppement dans des actions criminelles.8 Le pécheur est pris dans sa vanité, le superbe et le médisant y trouveront une pierre d'achoppement.
 
9 Qu'au jurement ne s'accoutume pas ta bouche ; car beaucoup de chutes se font par lui.
Note Sir. 23,9 : Qu’au jurement, etc. Comparer à Exode, 20, 7 ; Matthieu, 5, 33.
10 Or, que le nom de Dieu ne soit pas continuellement dans ta bouche, et ne te mêle pas aux noms des saints, parce que tu ne seras pas exempt de faute en cela.
Note Sir. 23,10 : Que le nom de Dieu, etc. Il est presque impossible de prononcer toujours le nom de Dieu avec le respect qui lui est dû, quand on l’a continuellement dans la bouche, pour confirmer tout ce que l’on dit. ― Ne te mêle pas, etc. ; c’est-à-dire ne mêle pas légèrement dans tes discours les noms des saints, ou des choses saintes.
11 Car comme un esclave qui est à la question continuellement ne diminue pas de lividité, ainsi quiconque jure, et nomme Dieu, ne sera pas entièrement pur de péché.
Note Sir. 23,11 : Comme ton esclave, etc. Anciennement c’était par la question, ou torture, qu’on tirait la vérité de la bouche des esclaves. Or un pareil traitement rendait leur corps livide.
 
12 L'homme qui jure souvent sera rempli d'iniquité, et la plaie ne s'écartera pas de sa maison.13 Et s'il n'exécute pas son serment, sa faute sera sur lui; et s'il dissimule, il pèche doublement;14 Et si c'est en vain qu'il jure, il ne sera pas justifié, et sa maison sera remplie de sa rétribution.
Note Sir. 23,14 : Remplie de sa rétribution ; c’est-à-dire des maux qui seront le salaire de celui qui jure en vain. Comparer au verset 12.
15 Il est aussi une autre parole en face de la mort : qu'elle ne se trouve pas dans l'héritage de Jacob.
 
16 Car toutes ces choses seront éloignées des miséricordieux, et ils ne se plongeront pas dans ces crimes.17 Qu'à un langage indiscret ta bouche ne s'accoutume point; car il y a en lui une parole de péché.18 Souviens-toi de ton père et de ta mère ; car tu te trouves au milieu des grands;19 De peur que Dieu ne t'oublie en leur présence, et, qu'infatué de ta familiarité avec eux, tu n'aies à souffrir un affront; qu'alors tu n'aimes mieux n'être point né, et que tu ne maudisses le jour de ta naissance.20 L'homme accoutumé aux paroles outrageantes, à aucun jour de sa vie ne se corrigera.
Note Sir. 23,20 : Voir 2 Rois, 16, 7.
21 Deux sortes de personnes abondent en péchés, et la troisième attire la colère et la perdition.
 
22 L'âme brûlante comme un feu ardent ne s'éteindra pas jusqu'à ce qu'elle ait dévoré quelque chose ;23 Et l'homme qui abuse de son propre corps ne s'arrêtera pas jusqu'à ce qu'il ait allumé un feu.24 A un homme fornicateur, tout pain est doux, et il ne cessera pas de pécher jusqu'à la fin.25 Tout homme qui profane son lit conjugal, méprise son âme, et dit : Qui me voit?
Note Sir. 23,25 : Voir Isaïe, 29, 15.
26 Les ténèbres m'environnent, et les murailles me couvrent, et personne ne regarde autour de moi ; qui craindrai-je? le Très-Haut ne se souviendra pas de mes fautes.27 Et il ne comprend pas que son œil voit toutes choses, et qu'une telle crainte de l'homme bannit de lui la crainte de Dieu; ce que font aussi les yeux des hommes, lesquels ne craignent que l'homme.
Note Sir. 23,27 : Son œil ; l’œil du Très-Haut, nommé au verset précédent.
28 Et il n'a pas su que les yeux du Seigneur sont beaucoup plus lumineux que le soleil, explorant du regard toutes les voies des hommes et le profond de l'abîme, et examinant les cœurs des hommes jusque dans les parties les plus cachées.29 Car du Seigneur Dieu, avant qu'elles fussent créées, toutes les choses étaient connues, de même qu'après leur achèvement il les considère toutes.30 Celui-là sera puni sur les places publiques de la cité ; et il sera mis en fuite comme le poulain d'une cavale ; et là où il ne s'attendait pas, il sera pris.31 Et il sera un objet de déshonneur aux yeux de tous, parce qu'il n'aura pas compris la crainte du Seigneur.32 Ainsi en sera-t-il encore de toute femme qui laisse son mari, et qui lui donne pour héritier le fils d'un étranger ;
Note Sir. 23,32 : Voir Lévitique, 20, 10 ; Deutéronome, 22, 22.
33 Car premièrement, elle n'a pas cru à la loi du Très-Haut; secondement, elle a manqué à son mari; troisièmement, elle a commis un adultère, et elle s'est donné des fils d'un autre homme.34 Cette femme sera amenée dans l'assemblée, et l'état de ses enfants sera examiné.35 Ses enfants n'étendront pas leurs racines, et ses branches ne porteront point de fruits.36 Elle laissera sa mémoire en malédiction, et son déshonneur ne s'effacera pas.37 Et ceux qui resteront reconnaîtront que rien n'est meilleur que la crainte de Dieu, et que rien n'est plus doux que d'avoir égard aux commandements du Seigneur.38 C'est une grande gloire de suivre le Seigneur ; c'est de lui qu'on recevra la longueur des jours.
Note Sir. 23,38 : La longueur des jours ; une longue vie.

Chapitre 24

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Chap. : 
Eloge de la sagesse ; son origine, sa puissance, son éternité.
Israël est devenu le lieu de sa demeure.
Progrès qu’elle a faits dans le monde.
Biens dont elle est la source.
Sa profondeur.
Merveilles qu’elle opère dans le monde
1 La sagesse louera son âme et, en Dieu, elle s'honorera, et au milieu de son peuple, elle se glorifiera,
Note Sir. 24,1 : Son âme ; c’est-à-dire soi, elle-même.
2 Et dans les assemblées du Très-Haut, elle ouvrira la bouche, et en présence de sa puissance, elle se glorifiera,
Note Sir. 24,2 : Les assemblées du Très-Haut ; les assemblées, les réunions des fidèles. ― De sa puissance (virtutis illius) ; de sa majesté ; ou, selon d’autres, de son armée céleste. Le mot virtus s’emploie souvent, en effet, dans l’Ecriture pour armée.
 
3 Et au milieu de son peuple elle sera exaltée, et dans l'assemblée entière sainte, elle sera admirée,
Note Sir. 24,3 : L’assemblée entière sainte ; l’assemblée de tous les saints ; littéralement la plénitude, l’intégrité sainte.
4 Et au milieu de la multitude des élus, elle recevra des louanges, et parmi les bénis elle sera bénie disant :5 C'est moi qui de la bouche du Très-Haut suis sortie engendrée la première avant toute créature,6 C'est moi qui, dans les cieux, ai fait naître une lumière à jamais durable, et qui, comme un nuage, ai couvert toute la terre ;
 
7 C'est moi qui ai habité dans les lieux les plus élevés, et mon trône est dans une colonne de nuée.8 J'ai fait seule tout le tour du ciel, j'ai pénétré le profond de l'abîme ; j'ai marché sur les flots de la mer,9 Et j'ai posé le pied sur toute la terre ; et chez tous les peuples,10 Et chez toutes les nations, j'ai eu le premier rang ;11 Et les cœurs des grands et des petits, par ma puissance, je les ai foulés aux pieds; et en toutes ces choses j'ai cherché du repos, et c'est dans l'héritage du Seigneur que je demeurerai.12 Alors a ordonné et m'a parlé le Créateur de l'univers; et celui qui m'a créée a reposé dans mon tabernacle,13 Et il m'a dit : Habite dans Jacob, et, en Israël, place ton héritage; et au milieu de mes élus tends tes racines.14 Dès le commencement et avant les siècles, j'ai été créée, et jusqu'au siècle futur je ne cesserai pas d'être, et dans l'habitation sainte, j'ai exercé devant lui mon ministère.
Note Sir. 24,14 : Voir Proverbes, 8, 22. ― Dans l’habitation sainte, etc. La sagesse éternelle présidait au ministère sacré au milieu d’Israël ; et dans la plénitude des temps, s’étant incarnée, elle a exercé son ministère au milieu de ce même peuple.
15 Et aussi dans Sion, j'ai été affermie, et dans la cité sainte je me suis aussi reposée ; et dans Jérusalem est ma puissance.16 Et j'ai pris racine dans le peuple que le Seigneur a honoré, et dans la part de Dieu, laquelle est son héritage, et dans l'assemblée entière des saints est ma demeure.
Note Sir. 24,16 : Dans le peuple, etc. Voir Ecclésiastique, 17, 14-15.
17 Comme un cèdre, je me suis élevée sur le Liban, et comme un cyprès sur la montagne de Sion;
 
18 Comme un palmier, je me suis élevée à Cadès, et comme des rosiers à Jéricho ;
Note Sir. 24,18 : A Cadès. Voir Nombres, note 20.1. Plusieurs textes grecs portent Engaddi, ville située à l’ouest de la mer Morte, dans le désert de Juda, et c’est probablement le nom que portait le texte original. ― Des rosiers à Jéricho. Il n’est pas question de la plante connue sous le nom de rose de Jéricho et qui se rouvre, quand on la plonge dans l’eau. Il s’agit d’une plante dont on ne saurait déterminer la nature, car le rosier proprement dit n’est pas nommé dans l’Ancien Testament.
19 Je me suis élevée comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane sur le bord de l'eau, dans les places publiques.
Note Sir. 24,19 : Le platane atteint en Orient des proportions colossales.
20 Comme le cinnamome et le baume aromatique j'ai répandu une odeur; comme la myrrhe de choix j'ai exhalé une odeur suave;
Note Sir. 24,20 : Le cinnamome ; la cannelle. ― Le baume jouissait d’une réputation extraordinaire. Celui de Judée était le plus célèbre. L’arbre qui le produisait en a complètement disparu.
21 Et comme le storax, le galbanum, l'onyx, le stacté, et comme le Liban qui sort sans incision, j'ai rempli de vapeur mon habitation, et comme un baume non mélangé, est mon odeur.
Note Sir. 24,21 : Le stacté ; ainsi porte le texte grec ; littéralement goutte (gutta) c’est-à-dire larme ; se dit du suc qui coule de plusieurs plantes, soit naturellement, soit quand on y fait une incision. ― Le Liban ; c’est-à-dire l’oliban.
 
22 Moi, comme un térébinthe, j'ai étendu mes rameaux; et mes rameaux ont des rameaux d'honneur et de grâce.
Note Sir. 24,22 : Comme un térébinthe. Le térébinthe est un des arbres les plus grands et les plus beaux de Palestine.
23 Moi, comme une vigne, j'ai produit des fruits d'une odeur suave ; et mes fleurs sont des fruits d'honneur et de richesse.
Note Sir. 24,23 : De richesse ; ou d’abondance.
24 Moi, je suis la mère du pur amour, et de la crainte, et de la science, et de la sainte espérance.25 En moi est toute la grâce de la voie et de la vérité ; en moi toute l'espérance de la vie et de la vertu.26 Venez à moi, vous tous qui me désirez avec ardeur, et remplissez-vous de mes productions ;27 Car mon esprit est plus doux que le miel, et mon héritage l'emporte sur le miel et le rayon.
Note Sir. 24,27 : Le miel et le rayon ; pour le rayon de miel ; figure grammaticale dont la Bible fournit un certain nombre d’exemples.
 
28 Ma mémoire vivra dans les générations des siècles.29 Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif.
Note Sir. 24,29 : Voir Jean, 6, 35. ― Ceux qui me mangent, etc. La sagesse, considérée comme nourriture, quelque succulente, quelque solide qu’elle soit, loin de fatiguer l’estomac, laisse toujours un goût et un appétit nouveaux.
30 Celui qui m'écoute ne sera pas confondu; et ceux qui agissent par moi ne pécheront pas.31 Ceux qui m'éclaircissent auront la vie éternelle.
Note Sir. 24,31 : Qui m’éclaircissent ; qui me font connaître, qui m’enseignent aux autres. Comparer à Daniel, 12, 3.
 
32 Toutes ces choses sont le livre de vie, l'alliance du Très-Haut et la connaissance de la vérité.33 Moïse a donné la loi avec des préceptes de justice, et l'héritage pour la maison de Jacob, et les promesses faites à Israël.34 Dieu a promis à David son serviteur, de faire sortir de lui un roi très puissant et qui doit être assis sur un trône d'honneur éternellement;
Note Sir. 24,34 : Un roi très puissant ; Salomon ; mais, dans un sens plus relevé, Jésus-Christ, dont Salomon était la figure. Jésus-Christ, né de David selon la chair, dont le règne est éternel et la sagesse infinie.
35 Qui répand la sagesse, comme le Phison les eaux, et comme le Tigre, aux jours des nouveaux fruits;
Note Sir. 24,35-36 : Le Phison, le Tigre, l’Euphrate, fleuves du paradis terrestre. Le Tigre arrosait Ninive, l’Euphrate, Babylone. Ces deux derniers fleuves grossissent considérablement aux jours des nouveaux fruits, c’est-à-dire au mois de mars.
Note Sir. 24,35 : Voir Genèse, 2, 11.
36 Qui répand l'intelligence, comme l'Euphrate, et qui s'accroît comme le Jourdain au temps de la moisson;
Note Sir. 24,36 : Le Jourdain grossit aussi au temps de la moisson, voir Josué, 3, 15, parce que c’est alors que les neiges de l’Hermon fondent en plus grande abondance.
37 Qui fait jaillir la science comme la lumière, et qui fournit ses eaux, comme le Géhon au jour de la vendange.
Note Sir. 24,37 : Comme la lumière. Le texte original devait porter Yehor, mot par lequel la langue hébraïque désignait le Nil. Le contexte réclame ici un nom de fleuve. L’inondation du Nil se produit au jour de la vendange, en septembre et octobre. ― Le Géhon est le quatrième fleuve du paradis terrestre.
38 C'est lui qui le premier l'a parfaitement connue, et l'homme plus faible ne la pénétrera point.
Note Sir. 24,38 : L’a parfaitement connue (c’est-à-dire la sagesse), littéralement a perfectionné de la connaître. Voir sur cet hébraïsme le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes.
39 Car sa pensée est plus abondante que la mer, et son conseil est plus profond que le grand abîme.
Note Sir. 24,39 : Plus que. C’est par un hébraïsme encore que l’a ab de la Vulgate, et l’apo des Septante signifie plus que, ici, comme en bien d’autres passages.
40 Moi, la sagesse, j'ai répandu des fleuves.41 Moi, comme le courant de l'eau immense d'un fleuve, comme le canal d'un fleuve et comme un aqueduc, je suis sortie du Paradis.
Note Sir. 24,41 : Allusion aux quatre fleuves du paradis terrestre. ― Un aqueduc amenait à Jérusalem les eaux provenant de la Fontaine Scellée. Voir Cantique, 4, 12.
42 J'ai dit : J'arroserai mon jardin de plantations, et j'enivrerai le fruit de ma prairie.43 Et voilà que mon courant est devenu abondant, et mon fleuve a approché d'une mer;44 Parce que je fais briller la doctrine pour tous, comme la lumière du matin, et je l'expliquerai jusqu'au loin.
Note Sir. 24,44 : Jusqu’au loin (usque ad longinquum) ; expression qui, comme dans le texte grec, peut s’entendre des temps et des lieux.
45 Je pénétrerai dans toutes les parties inférieures de la terre, je porterai mes regards sur tous ceux qui dorment, et j'éclairerai tous ceux qui espèrent dans le Seigneur.46 Je répandrai encore ma doctrine comme une prophétie, et je la laisserai à ceux qui cherchent la sagesse, et je ne cesserai pas de les instruire dans leurs générations jusqu'au siècle saint.47 Voyez que je n'ai pas travaillé pour moi seul, mais pour tous ceux qui recherchent la vérité.
Note Sir. 24,47 : Pour moi seul. C’est l’auteur qui parle ici, comme plus bas, voir Ecclésiastique, 33, 18 ; dans les deux endroits, le texte grec porte seul au masculin.

Chapitre 25

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Chap. : 
Trois choses agréables et trois détestables.
Acquérir de bonne heure la sagesse.
Neuf choses qui paraissent heureuses.
Avantages de la crainte de Dieu.
La malice de la femme est le plus insupportable des maux.
1 Mon esprit se plaît en trois choses qui sont approuvées devant Dieu et devant les hommes :2 L'union des frères ; l'amour des proches; un mari et une femme qui s'accordent bien ensemble.
 
3 Il y a trois sortes de personnes que hait mon âme, et j'ai beaucoup de peine à supporter leur âme;
Note Sir. 25,3 : Leur âme ; dans le grec leur vie. Nous avons déjà remarqué, plus d’une fois, que l’âme, étant le principe vital et la portion la plus noble de notre être, les Hébreux l’employaient pour exprimer, tantôt la vie et tantôt la personne, l’individu.
4 Un pauvre superbe, un riche menteur, un vieillard hébété et insensé.5 Ce que dans ta jeunesse tu n'as pas recueilli, comment, dans ta vieillesse, le trouveras-tu ?6 Qu'il est beau à la vieillesse de bien juger et aux vieillards de savoir conseiller !
 
7 Qu'elle est belle, la sagesse dans les hommes d'un âge avancé, et l'intelligence et le conseil dans ceux qui sont élevés en gloire !8 La couronne des vieillards est une grande expérience, et leur gloire la crainte de Dieu.9 J'ai conçu beaucoup d'estime pour neuf choses que le cœur ne saurait soupçonner, et la dixième, je la dirai de vive voix aux hommes :
Note Sir. 25,9 : De vive voix ; littéralement par la langue ; un des organes vocaux.
10 Un homme qui met sa joie en ses fils, vivant et voyant la subversion de ses ennemis.11 Heureux celui qui habite avec une femme sensée, qui n'est pas tombé par sa langue, et qui n'a pas servi des hommes indignes de lui.
Note Sir. 25,11 : Voir Ecclésiastique, 26, 1 ; 14, 1 ; 19, 16 ; Jacques, 3, 2.
 
12 Bienheureux celui qui a trouvé un ami vrai, et qui parle de la justice à une oreille qui l'écoute!13 Qu'il est grand, celui qui a trouvé la sagesse et la science! mais il n'est pas au-dessus de celui qui craint le Seigneur.
 
14 La crainte de Dieu s'élève au-dessus de toutes choses.15 Bienheureux l'homme à qui il a été donné d'avoir la crainte de Dieu ! celui qui la possède, à qui sera-t-il comparé?16 La crainte de Dieu est le commencement de son amour ; et le commencement de la foi doit y être joint inséparablement.17 Toute plaie est une tristesse de cœur, et toute malice est la méchanceté de la femme.18 Et l'homme verra patiemment toute plaie, mais non la plaie du cœur;
 
19 Et toute méchanceté, mais non la malice de la femme ;20 Et toute affliction, mais non l'affliction causée par ceux qui nous haïssent ;21 Et toute vengeance, mais non la vengeance des ennemis.22 Il n'y a point de tête plus méchante que la tête d'un serpent;23 Et il n'y a point de colère au-dessus de la colère d'une femme. Habiter avec un lion et un dragon sera plus agréable que d'habiter avec une femme méchante.
Note Sir. 25,23 : Voir Proverbes, 21, 19.
 
24 La méchanceté de la femme change sa face, obscurcit son visage comme celui d'un ours, et le fait paraître comme un sac.
Note Sir. 25,24 : Elle obscurcit, etc. ; c’est-à-dire qu’elle prend, comme un ours, un regard sombre et farouche. ― Comme un sac. Le sac ou cilice qu’on ne portait que dans le deuil, la pénitence et une extrême pauvreté, était fait de poils de chameau ou de chèvre, mais toujours de couleur noire ou brune.
25 Au milieu de ses proches a gémi son mari, et, entendant les bruits sur sa femme, il soupire tout doucement.26 Toute malice est légère auprès de la malice d'une femme ; que le sort des pécheurs tombe sur elle.27 Comme est une montée sablonneuse pour les pieds d'un vieillard, ainsi est une femme à la langue bien affilée pour un homme paisible.28 Ne considère point la beauté d'une femme, et ne désire point une femme pour la beauté.
Note Sir. 25,28 : Voir Ecclésiastique, 42, 6.
29 La colère d'une femme, son audace, et sa confusion, sont grandes.30 La femme, si elle a l'autorité, elle est contraire à son mari.31 Cœur bas, visage triste, et plaie de cœur, voilà la femme méchante.32 Mains débiles et genoux faibles, voilà la femme qui ne rend pas son mari heureux.33 C'est par la femme qu'a eu lieu le commencement du péché, et c'est par elle que nous mourons tous.
Note Sir. 25,33 : Voir Genèse, 3, 6.
34 Ne donne pas à ton eau une ouverture même petite, ni à une méchante femme la liberté de se produire.35 Si elle ne marche au signe de ta main, elle te confondra en présence de tes ennemis.36 Sépare-toi de corps d'avec elle, de peur qu'elle n'abuse toujours de toi.

Chapitre 26

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Chap. : 
Bonheur de l’homme qui a une femme de bien ; malheur de celui qui en a une vicieuse.
De la fille effrontée.
De la femme vertueuse.
Trois choses affligeantes.
1 Bienheureux le mari d'une femme de bien, car le nombre de ses années est doublé.2 La femme forte fait la joie de son mari, et les années de sa vie, elle les remplira de paix.3 C'est un bon partage qu'une femme de bien ; dans le partage de ceux qui craignent Dieu, elle sera donnée à un homme pour' ses bonnes actions.4 Or, du riche et du pauvre le cœur sera content, et en tout temps leur visage sera gai.
 
5 Mon cœur a redouté trois choses, et à la quatrième, ma face a pâli de frayeur :6 La délation d'une cité, le rassemblement d'un peuple ;
Note Sir. 26,6 : La délation d’une cité ; lorsqu’une cité tout entière accuse calomnieusement quelqu’un devant les juges. ― Le rassemblement séditieux.
7 La calomnie mensongère ; toutes choses plus redoutables que la mort ;
 
8 C'est une douleur de cœur et un deuil qu'une femme jalouse.9 Dans une femme jalouse, la langue est un fléau qui se communique à tous.10 Comme un joug de bœufs vacillant, ainsi est une femme méchante ; celui qui la possède est comme celui qui saisit un scorpion.
Note Sir. 26,10 : Un joug, etc. Les anciens n’attachaient pas le joug sur la tête ou aux cornes des bœufs, mais sur leur cou ; lorsqu’il n’était pas bien attaché, il remuait, vacillait. ― Un scorpion. Le scorpion a l’extrémité de sa queue armée d’un dard dont la piqûre envenimée est mortelle en Orient.
11 La femme qui s'enivre est le sujet d'une grande colère ; son affront et sa turpitude ne seront pas cachés.12 La fornication d'une femme se reconnaîtra à ses yeux altiers, et à ses paupières.
Note Sir. 26,12 : La fornication, etc. Voir Isaïe, 3, 16 ; 2 Pierre, 2, 14.
 
13 Sur la jeune fille qui ne détourne pas sa vue des hommes, veille avec un soin constant, de peur que, l'occasion se trouvant, elle ne se perde elle-même.
Note Sir. 26,13 : Voir Ecclésiastique, 42, 11.
14 Défie-toi de toute immodestie de ses yeux, et ne t'étonne pas si elle te néglige;15 Comme le voyageur altéré, près d'une fontaine, ouvre sa bouche, elle boira de toute eau voisine, et contre tout poteau elle s'asseyera, et à toute flèche elle ouvrira son carquois, jusqu'à ce qu'elle défaille.
Note Sir. 26,15 : Poteau ; ou pieu. On doit entendre par là les pieux auxquels on attachait les tentes.
16 La grâce d'une femme soigneuse réjouira son mari et engraissera ses os.17 Sa bonne conduite est un don de Dieu.18 Quant à la femme sensée et silencieuse, il n'y a pas d'échange possible contre son âme instruite.
Note Sir. 26,18 : Quant à ; est nécessairement sous-entendu, parce que l’expression la femme sensée et silencieuse est un véritable nominatif absolu. Voir ce qui en a été dit, au 1° au milieu des Observations préliminaires des Psaumes. Faute d’avoir compris ou rappelé cet hébraïsme, les traducteurs français on faussé le sens du verset.
 
19 Grâce sur grâce est la femme sainte et pudique.
 
20 Mais il n'est aucun poids qui contre-balance une âme continente.21 Comme est le soleil levant pour le monde au plus haut des cieux, habitation de Dieu, ainsi est la beauté d'une femme de bien pour l'ornement de sa maison.22 La lampe brille sur le chandelier saint, et la beauté du visage dans l'âge florissant.
Note Sir. 26,22 : Le chandelier saint ; le candélabre à sept branches du temple.
23 Des colonnes d'or sont sur des bases d'argent, et des pieds fermes sur la plante d'une femme solide.
Note Sir. 26,23 : Le sens est que la femme vertueuse demeure ferme et inébranlable comme des colonnes d’or sur des bases d’argent.
24 Des fondements éternels sont sur une pierre ferme, et les commandements de Dieu dans le cœur d'une femme sainte.25 Par deux choses a été contristé mon cœur, et par la troisième le courroux m'est venu.26 Un homme de guerre périssant par l'indigence, et un homme sensé méprisé;27 Et celui qui passe de la justice au péché, Dieu l'a réservé pour l'épée à deux tranchants.28 Deux choses m'ont paru difficiles et dangereuses; difficilement le négociant est exempt de négligence, et l'aubergiste ne sera pas justifié des péchés des lèvres.
Note Sir. 26,28 : Des péchés des lèvres ; c’est-à-dire des mensonges.

Chapitre 27

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Chap. : 
Le désir des richesses, source de péché.
Les paroles de l’homme découvrent son cœur.
Avantage de la justice.
Entretiens des pécheurs insupportables.
Révéler les secrets, c’est éteindre entièrement l’amitié.
Le fourbe haï de Dieu et des hommes.
1 A cause de l'indigence, beaucoup ont péché; et celui qui cherche à s'enrichir détourne son œil.
Note Sir. 27,1 : Détourne son œil, son regard de la loi de Dieu, de la vertu, de ses devoirs.
2 Comme au milieu d'une jointure de pierres, un pieu est enfoncé, ainsi aussi entre la vente et l'achat, le péché sera resserré.
Note Sir. 27,2 : 8 Partagera les blessures ; parce que le traître, en blessant celui qu’il frappe par trahison, se blesse aussi lui-même.
3 Avec le pécheur sera brisé le péché.
 
4 Si dans la crainte du Seigneur tu ne te tiens fortement, bientôt sera renversée ta maison.5 Comme par l'agitation du crible, la poussière seule restera, ainsi la perplexité de l'homme restera dans sa pensée.
Note Sir. 27,5 : La poussière ; dans le grec, l’ordure.
6 La fournaise éprouve les vases du potier, et l'atteinte de la tribulation, les hommes justes.7 Comme la culture de l'arbre en montre le fruit, ainsi en est-il de la parole qui vient de la pensée du cœur de l'homme.
Note Sir. 27,7 : La culture, etc. ; c’est-à-dire que le soin qu’on prend d’un arbre paraît dans son fruit ; on connaît si un arbre a été bien ou mal cultivé par le fruit qu’il produit. ― Ainsi en est-il, etc. ; ainsi la parole, fruit de la pensée du cœur de l’homme, fait connaître ce qu’elle est.
 
8 Avant son discours ne loue pas un homme; car c'est là l'épreuve des humains.
Note Sir. 27,8 : Car c’est là, etc. ; c’est par leurs discours qu’on éprouve, qu’on connaît les hommes.
9 Si tu suis la justice, tu l'atteindras; et tu t'en revêtiras comme d'une robe d'honneur, et tu habiteras avec elle, et elle te protégera à jamais, et au jour de la reconnaissance tu trouveras un appui.
Note Sir. 27,9 : Au jour de la reconnaissance (in die agnitionis) ; c’est-à-dire au jour où Dieu connaîtra des bonnes et des mauvaises actions des hommes, au jour du jugement. (pas clair)
10 Les volatiles viennent vers leurs semblables, et la vérité retourne à ceux qui la pratiquent.
 
11 Le lion guette toujours le gibier dans une embuscade; ainsi les péchés guettent ceux qui opèrent des iniquités.12 L'homme saint demeure dans la sagesse, comme le soleil; mais l'insensé est changeant comme la lune.13 Au milieu des insensés, garde tes paroles pour un autre temps; mais au milieu des hommes qui pensent sois assidu.14 Le discours des pécheurs est odieux, et leur contentement est dans les délices du péché.15 Un langage plein de jurements fera dresser les cheveux sur la tête, et son irrévérence fera boucher les oreilles.
 
16 L'effusion du sang suit la querelle des superbes, et leurs malédictions sont pénibles à entendre.17 Celui qui dévoile les secrets d'un ami perd sa confiance, et il ne trouvera pas d'ami selon son cœur.18 Aime ton prochain, et sois uni à lui avec fidélité.19 Que si tu dévoiles les choses qu'il tient cachées, tu ne courras pas après lui.
Note Sir. 27,19 : Tu ne courras pas après lui : c’est en vain que tu chercherais à recouvrer son amitié.
20 Car comme est un homme qui détruit son ami, ainsi aussi est celui qui détruit l'amitié de son prochain.21 Et comme celui qui laisse aller un oiseau de sa main, ainsi tu as abandonné ton prochain, et tu ne le prendras plus.
 
22 Ne le suis pas, parce qu'il est loin ; car il a fui comme une chèvre échappée du filet, parce que son âme a été blessée.23 Tu ne pourras plus le bander. Même après la malédiction il y a lieu à la concorde ;24 Mais dévoiler les secrets d'un ami, c'est le désespoir d'une âme malheureuse.
Note Sir. 27,24 : C’est le désespoir, etc. Lorsqu’une personne a été assez malheureuse pour dévoiler les secrets d’un ami, il ne lui reste aucun espoir de retour.
 
25 Celui qui cligne les yeux machine des choses iniques, et personne ne se défendra de lui ;
Note Sir. 27,25 : Qui cligne les yeux ; en signe d’approbation et de flatterie.
26 En présence de tes yeux, il maîtrisera sa bouche, et il admirera tes discours; mais à la fin il retournera sa bouche, et devant tes paroles il mettra une pierre d'achoppement.
Note Sir. 27,26 : En présence, etc. ; devant toi, il n’aura d’abord à la bouche que des parole mielleuses. ― Il retournera à sa bouche ; il changera de langage.
27 Je hais bien des choses, mais non à l'égal de lui, et le Seigneur le haïra.
Note Sir. 27,27 : Non à l’égal de lui ; littéralement je n’ai égalé à lui ; c’est-à-dire je ne hais rien au monde autant que lui.
28 Si quelqu'un jette une pierre en haut, c'est sur sa tête qu'elle retombera; et une plaie faite par trahison partagera les blessures du traître.29 Et celui qui creuse une fosse y tombera, et celui qui met une pierre devant son prochain s'y heurtera ; et celui qui tend un piège à un autre y périra.
 
30 Celui qui forme un projet criminel le verra retourner contre lui, et il ne reconnaîtra pas d'où il lui vient.31 La raillerie et l'affront sont le propre des superbes, mais la vengeance comme un lion les surprendra.32 Dans un lacs ils périront, ceux qui se réjouissent de la chute des justes; mais la douleur les consumera avant qu'ils meurent.33 La colère et la fureur sont l'une et l'autre exécrables ; et l'homme pécheur les conservera en lui.

Chapitre 28

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Chap. : 
Ne pas se venger.
Eviter les querelles.
Maux que cause la langue.
Ne pas écouter les médisants.
Veiller sur ses paroles.
1 Celui qui veut se venger rencontrera la vengeance venant du Seigneur, et le Seigneur réservant, réservera ses péchés.
Note Sir. 28,1 : Réservant, réservera ; pour réservera avec le plus grand soin, entièrement. Voir, sur cet hébraïsme, le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes ; et sur l’ensemble du verset, Deutéronome, 32, 35 ; Matthieu, 6, 14 ; Marc, 11, 25 ; Romains, 12, 19.
2 Pardonne à ton prochain qui te nuit, et lorsque tu prieras, tes péchés seront effacés.3 Un homme réserve sa colère pour un homme, et il demande à Dieu sa guérison?4 Pour un homme semblable à lui, il n'a pas de compassion, et pour ses propres péchés, il prie avec instance ?5 Lui, qui est chair, garde sa colère, et il demande à Dieu de lui être propice? qui priera pour ses péchés?6 Souviens-toi de tes fins dernières, et cesse tes inimitiés :7 Car le dépérissement et la mort sont une menace dans ses commandements.
Note Sir. 28,7 : Sont une menace dans les commandements ; contre ceux qui n’observent pas ces commandements.
 
8 Souviens-toi de la crainte de Dieu, et ne te mets pas en colère contre ton prochain.9 Souviens-toi de l'alliance du Très-Haut, et ne considère pas l'ignorance de ton frère.10 Evite la dispute, et tu diminueras les péchés;11 Car l'homme colère allume la dispute, et le pécheur troublera les amis, et au milieu de ceux qui vivent en paix il lancera l'inimitié.12 Selon le bois de la forêt, ainsi le feu s'embrase; et selon la puissance de l'homme, ainsi sera son courroux ; et selon sa richesse, il exaltera sa colère.
 
13 Une lutte précipitée allume le feu; une dispute précipitée répand le sang ; et la langue qui rend un témoignage amène la mort.
Note Sir. 28,13 : Un témoignage faux.
14 Si tu souffles sur une étincelle, comme un feu elle s'embrasera ; et si tu craches sur elle, elle s'éteindra ; l'un et l'autre viennent de la bouche.15 Le délateur et l'homme à deux langues, est maudit ; car il troublera beaucoup de personnes qui vivent en paix.
 
16 La langue d'un tiers a soulevé beaucoup d'hommes, et les a dispersés de nation en nation.17 Elle a détruit les cités murées, pleines des riches, et les a renversées par les fondements.18 Elle a taillé en pièces les armées des peuples, et elle a défait des nations puissantes.
 
19 La langue d'un tiers a fait répudier des femmes fortes, et les a privées du fruit de leurs travaux.
Note Sir. 28,19 : Des femmes fortes ; c’est-à-dire ayant toutes les qualités qui font une femme vertueuse, accomplie.
20 Celui qui y a égard n'aura pas de tranquillité ; il n'aura pas non plus d'ami en qui il se repose.21 Le coup du fouet fait une meurtrissure ; mais un coup de langue brisera les os.
 
22 Beaucoup sont tombés par le tranchant du glaive ; mais non pas en aussi grand nombre que ceux qui ont péri par leur propre langue.23 Bienheureux celui qui est à couvert d'une langue méchante, qui n'a pas passé par son courroux, qui sur soi n'a pas attiré son joug, et dans ses chaînes n'a pas été lié ;
 
24 Car son joug est un joug de fer; et ses fers, des chaînes d'airain.25 La mort qu'elle donne est une mort détestable, et l'enfer est plutôt avantageux qu'elle.
Note Sir. 28,25 : L’enfer (infernus) proprement dit, et nullement le tombeau. Voir Ecclésiastique, 9, 17.
26 Sa durée ne se prolongera pas toujours ; mais elle possédera les voies des injustes, et avec sa flamme elle ne brûlera pas les justes.27 Ceux qui abandonnent Dieu tomberont en son pouvoir ; elle brûlera en eux, et ne s'éteindra pas ; elle sera lancée contre eux, comme un lion, et comme un léopard elle les déchirera.28 Entoure tes oreilles d'une haie d'épines, et n'écoute pas la langue méchante ; et à ta bouche mets des portes et des serrures.29 Fonds ton or et ton argent, et pour tes paroles, fais une balance et un frein qui à ta bouche s'ajuste bien;30 Et sois attentif de peur que tu ne failles par la langue, que tu ne tombes en présence de tes ennemis qui l'épient, et que ta chute ne soit incurable jusqu'à la mort.

Chapitre 29

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Chap. : 
Prêter à son prochain.
Ingratitude de ceux qui empruntent.
Faire l’aumône.
Répondre pour son prochain.
Danger d’être caution.
Choses nécessaires à la vie.
Hôtes ingrats.
1 Celui qui fait miséricorde prête à intérêt à son prochain ; et celui qui prévaut par la main garde les commandements.
Note Sir. 29,1 : Prête à intérêt (fæneratur) ; parce que Dieu le lui rend avec usure. Comparer à Proverbes, 19, 17. ― Prévaut par la main (prævalet manu) ; c’est-à-dire donne à pleines mains, largement. ― Garde les commandements. La charité est en effet le premier des préceptes qui regardent le prochain.
2 Prête à ton prochain au temps de sa nécessité ; mais aussi rends au prochain en son temps,3 Maintiens ta parole et agis fidèlement avec lui ; et en tout temps tu trouveras ce qui t'est nécessaire.
 
4 Beaucoup ont regardé comme chose trouvée ce qu'ils empruntaient ; et ils ont fait de la peine à ceux qui les avaient secourus.5 Jusqu'à ce qu'ils reçoivent, ils baisent les mains de celui qui donne ; et dans leurs promesses ils humilient leur voix ;6 Et au temps de la reddition, il demandera du temps, et il dira des paroles d'ennui et de murmure, et le temps sera allégué comme cause ;
Note Sir. 29,6 : Il. Ce singulier, qui se répète dans les versets suivants, est mis pour chacun d’eux, hébraïsme, que nous avons déjà fait remarquer.
7 Mais, s'il peut rendre, il s'en défendra, puis il rendra à peine la moitié de la totalité et il considérera cela comme une chose trouvée : '
Note Sir. 29,7 : Comme une chose trouvée ; c’est-à-dire comme lui étant acquise, comme lui appartenant.
 
8 Sinon, il le privera frauduleusement de son argent, et il en fera son ennemi gratuitement;9 Et il lui rendra des injures et des malédictions ; et pour l'honneur et le bien qu'il en a reçus, il lui rendra l'outrage.10 Beaucoup, non pour un mauvais motif, n'ont pas prêté, mais ils ont craint d'être trompés gratuitement.
 
11 Cependant, envers le misérable, sois plus généreux, et pour ton aumône, ne le traîne pas en longueur.12 A cause du commandement, prends soin du pauvre; à cause de son indigence, ne le renvoie pas les mains vides.13 Perds ton argent pour ton frère et ton ami ; et ne le cache pas sous une pierre pour être perdu.
 
14 Mets ton trésor dans les préceptes du Très-Haut, et il te sera plus utile que l'or.15 Renferme l'aumône dans le cœur du pauvre, et cette aumône priera pour toi, et te préservera de tout mal.
Note Sir. 29,15 : Voir Tobie, 4, 11 ; Ecclésiastique, 17, 18. ― Et te préservera ; ces mots sont incontestablement sous-entendus, car de tout mal (ab omni malo) ne saurait être le complément du verbe priera (exorabit). Voir au 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes, ce qui a été dit sur ce genre de construction appelé, en termes de grammaire hébraïque, construction prégnante.
16 Mieux que le bouclier d'un guerrier puissant,17 et mieux que la lance,18 contre ton ennemi elle combattra.19 L'homme de bien répond pour son prochain, et celui qui a perdu toute honte l'abandonne à lui-même.20 N'oublie pas la faveur de celui qui répond pour toi, car il a exposé pour toi son âme.
Note Sir. 29,20 : Son âme ; c’est-à-dire sa vie. Il y a des cautionnements pour de l’argent et une dette, mais il y en a aussi qui regardent la personne, et où il y va de la vie. C’est de ce dernier cautionnement qu’il s’agit ici. Comparer à 3 Rois, 20, 39.
 
21 Le pécheur et l'impur fuient leur répondant.22 Le pécheur s'attribue le bien de son répondant, et ingrat de cœur, il abandonnera son libérateur.23 Un homme répond pour son prochain, et celui-ci manquant d'égards, l'abandonnera.
Note Sir. 29,23 : L’abandonnera ; en le laissant payer pour lui.
24 Une caution mauvaise a perdu beaucoup de gens qui dirigeaient bien leurs affaires, et les a agités comme un flot de la mer.25 Elle a fait émigrer tour à tour des hommes puissants, et ils ont erré parmi les nations étrangères.26 Le pécheur qui transgresse le commandement du Seigneur, s'engagera dans une caution mauvaise; et celui qui s'efforce de faire beaucoup de choses, tombera dans les jugements.
Note Sir. 29,26 : Les jugements ; les procès.
27 Aide le prochain selon ton pouvoir, et prends garde à toi, de peur que tu ne tombes.28 Le commencement de la vie de l'homme est l'eau, le pain, le vêtement, et une maison qui couvre sa nudité.
Note Sir. 29,28 : Le commencement ; le principal. Comparer à Ecclésiastique, 39, 31.
29 Mieux vaut la nourriture du pauvre sous un toit d'ais, qu'un festin magnifique dans une maison étrangère pour celui qui est sans domicile.30 Qu'un très petit bien au lieu d'un grand te contente, et tu n'entendras pas le reproche d'être un étranger.
Note Sir. 29,30 : Qu’un très petit, etc. ; c’est-à-dire si pour vivre tu te contentes de très peu, tu ne seras pas obligé d’aller chercher ton existence dans une maison étrangère, et par conséquent de t’y entendre traiter d’étranger.
31 C'est une vie misérable d'aller comme un hôte, de maison en maison; partout où un homme sera comme hôte, il n'agira point avec confiance, et il n'ouvrira pas la bouche.32 Il y sera comme hôte, et il donnera à manger et à boire à des ingrats; et outre cela, il entendra des paroles amères.33 Passe là, hôte, dresse la table, et ce que tu as à la main, donne-le à manger aux autres.
Note Sir. 29,33 : Donne-le, etc. ; sers les autres à table.
34 Retire-toi à cause de l'honneur que je dois faire à mes amis ; j'ai besoin de ma maison; mon frère est devenu mon hôte.35 Voici des choses pénibles à un homme qui a du sentiment : le reproche de la maison, et l'insulte d'un créancier.

Chapitre 30

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Chap. : 
Châtier ses enfants ; utilité de la bonne éducation qu’on leur donne.
Avantages de la santé.
Maux qui sont les suites de la tristesse.
1 Celui qui aime son fils le châtie fréquemment, afin qu'il s'en réjouisse dans son dernier temps, et qu'il ne frappe pas à la porte de ses voisins.
Note Sir. 30,1 : Dans son dernier temps ; c’est-à-dire dans la dernière partie de sa vie, plus tard. Comparer à Proverbes, 13, 24 ; 23, 13.
2 Celui qui instruit son fils sera loué à cause de lui, et au milieu de ses proches il se glorifiera en lui.3 Celui qui instruit son fils jette son ennemi dans la jalousie ; et, au milieu de ses amis, il se glorifiera en lui.
Note Sir. 30,3 : Voir Deutéronome, 6, 7.
4 Son père meurt, et il ne semble pas mort; car il a laissé après lui un semblable à lui-même.5 Durant sa vie, il l'a vu, et il s'est réjoui en lui; à sa mort il n'a pas été contristé, et il n'a pas été confondu devant ses ennemis.6 Car il a laissé un défenseur de sa maison contre ses ennemis, et quelqu'un qui montrera de la reconnaissance envers ses amis.
 
7 Pour les âmes de ses fils il bandera ses propres plaies; et à chaque parole ses entrailles seront émues.8 Un cheval indompté devient intraitable, et l'enfant abandonné à lui-même devient téméraire.9 Délicate ton fils, et il te remplira d'effroi; joue avec lui, et il te contristera.10 Ne ris pas avec lui, de peur que tu n'en aies de la douleur, et qu'à la fin tes dents ne deviennent immobiles.
Note Sir. 30,10 : Ne deviennent immobiles ou insensibles ; selon le grec, ne claquent. Par hébraïsme, le futur de la Vulgate obstupescent est mis pour le subjonctif obstupescant.
11 Ne lui donne pas de pouvoir dans sa jeunesse, et ne néglige pas ses pensées.12 Courbe sa tête dans sa jeunesse, et frappe ses côtes de verges, tandis qu'il est enfant, de peur qu'il ne s'endurcisse et qu'il ne croie pas en toi ; et la douleur sera dans ton âme.
Note Sir. 30,12 : Voir Ecclésiastique, 7, 25.
13 Instruis ton fils, et agis sur lui, de peur que tu ne te heurtes contre sa turpitude.
 
14 Vaut mieux un pauvre plein de forces, qu'un riche languissant et tourmenté, affligé par la maladie.15 La santé de l'âme est dans la sainteté de la justice, elle vaut mieux que tout l'or et l'argent; et un corps robuste mieux qu'une richesse immense.16 Il n'est point de richesses au-dessus de la richesse de la santé du corps ; et il n'est point de plaisir au-dessus de la joie du cœur.17 Vaut mieux la mort qu'une vie amère, et le repos éternel qu'une langueur persévérante.18 Des biens cachés dans une bouche fermée, sont comme les apprêts d'un festin fait autour d'un sépulcre.
Note Sir. 30,18 : Les apprêts, etc. ; allusion à l’ancienne coutume de mettre des viandes sur les tombeaux. Comparer à Ecclésiastique, 7, 37.
19 Que servira une oblation à une idole? car elle ne pourra en manger, ni en respirer l'odeur;
Note Sir. 30,19 : Voir Daniel, 14, 6.
20 Ainsi est celui qui est chassé par le Seigneur, portant le prix de son iniquité ;
 
21 Voyant de ses yeux et gémissant comme un eunuque embrassant une vierge et soupirant.22 Ne donne pas de tristesse à ton âme, et ne t'afflige pas toi-même en tes pensées.
Note Sir. 30,22 : Voir Proverbes, 12, 25 ; 15, 13 ; 17, 22.
23 La joie du cœur, c'est la vie de l'homme et un trésor inépuisable de sainteté; et l'exultation de l'homme est sa longévité.
Note Sir. 30,23 : L’exultation, etc. ; une grande joie rend la vie d’un homme plus longue.
24 Aie pitié de ton âme, en plaisant à Dieu, et contiens-toi ; réunis ton cœur dans la sainteté de Dieu, et chasse la tristesse loin de toi.25 Car la tristesse a tué beaucoup de gens, et il n'y a pas d'avantage en elle.
Note Sir. 30,25 : Voir 2 Corinthiens, 7, 10.
26 L'envie et le courroux abrègent les jours, et la pensée amènera la vieillesse avant le temps.27 Un cœur serein et bon est dans les festins continuels; car ses festins se préparent avec soin.
Note Sir. 30,27 : Bon ; c’est-à-dire gai, joyeux, content.

Chapitre 31

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Chap. : 
Fatigues des avares.
Heureux le riche qui est demeuré dans l’innocence.
Garder la modestie et la tempérance dans les festins.
User de vin avec sobriété.
1 Veiller pour la richesse dessèche la chair, et y penser enlève le sommeil;
Note Sir. 31,1 : La richesse (honestatis). Voir Ecclésiastique, 13, 2.
2 La pensée de l'avenir renverse le sens, et une maladie grave rend l'âme sobre.
 
3 Le riche a travaillé pour amasser son bien, et dans son repos il sera rassasié de ses richesses.4 Le pauvre a travaillé en épargnant sur sa propre vie, et à la fin, il devient privé de tout secours.
 
5 Celui qui aime l'or ne sera pas justifié ; et celui qui cherche la corruption en sera rempli.
Note Sir. 31,5 : Celui qui aime l’or, etc. Comparer à Proverbes, 28, 20 ; 1 Timothée, 6, 9-10.
6 Beaucoup ont fait des chutes, à cause de l'or, et leur perte est venue de sa beauté.
Note Sir. 31,6 : Beaucoup, etc. Comparer à Ecclésiastique, 8, 3.
7 C'est un bois d'achoppement que l'or pour ceux qui lui sacrifient ; malheur à ceux qui le recherchent avec ardeur ; et tout insensé périra par lui.
Note Sir. 31,7 : C’est un bois achoppement jeté malicieusement dans un chemin pour faire tomber les passants. La même idée est exprimée plus bas, voir Ecclésiastique, 37, 10-11, et une semblable dans Lamentations, 5, 13, où la Vulgate a parfaitement rendu le verbe hébreu câschâlou par corruerunt. D’autres l’entendent de l’arbre de la science du bien et du mal, lequel était dans le paradis terrestre, et qui est devenu, par la faute de nos premiers parents, un arbre de chute ; d’autres des idoles, qui souvent étaient faites de bois (voir Isaïe, 44, 15) ; car l’avarice est une vraie idolâtrie (voir Ephésiens, 5, 5 ; Colossiens, 3, 5). D’autres, enfin, prétendent simplement que, comme il y a des pierres qui se trouvent tout naturellement sur le chemin, et qui font tomber lorsqu’on s’y heurte, il y a de même sur la voie des bois qui font tomber de la même manière. Cette dernière interprétation paraît la plus rigoureusement conforme à la simple expression du texte, bois d’achoppement ; mais suivante, ceux qui sacrifient, rend la troisième explication assez probable.
 
8 Bienheureux le riche qui a été trouvé sans tache, et qui n'a point couru après l'or et qui n'a pas espéré dans l'argent et les trésors.9 Qui est celui-là, et nous le louerons ? car il a fait des merveilles durant sa vie.
 
10 Celui qui a été éprouvé par l'or, et trouvé parfait, à celui-là sera une gloire éternelle ; à lui qui a pu transgresser et n'a pas transgressé ; faire le mal et ne l'a pas fait;11 Pour cela ses biens ont été affermis dans le Seigneur, et ses aumônes, toute l'assemblée des saints les racontera.
Note Sir. 31,11 : L’assemblée des saints, des Israélites fidèles.
 
12 Es-tu assis à une grande table? n'ouvre pas le premier ta bouche.13 Ne dis pas ainsi : Il y a bien des choses qui sont sur cette table ;14 Souviens-toi qu'un œil mauvais est funeste.
Note Sir. 31,14-15 : L’œil mauvais ; c’est l’œil d’un homme avare et avide, qui pleure, lorsqu’il voit manger les autres plus qu’il ne voudrait, regardant cela comme une dépense superflue. C’est dans ce même esprit d’avarice que Judas se plaignit si amèrement de ce que Marie, sœur de Lazare, oignait les pieds de Jésus avec un parfum de grand prix. ― Lorsqu’il verra ; selon le grec : Là où il regardera ; et suivant la version Sixtine : Partout où il regardera. Dans l’un et dans l’autre textes, ces mots font partie du verset suivant ; dans l’édition latine de Turin, que nous suivons et qui a été approuvée par le Saint-Siège, ils sont rangés dans le 15e , mais la ponctuation les rattache au 16; de manière que le sens paraît être : Sur les mets sur lesquels il fixera ses yeux, ne porte pas la main le premier, de peur que par des manières ou des paroles insinuantes, inspirées par l’envie, il ne te fasse passer pour un indiscret et un gourmand, ce qui te flétrirait aux yeux des convives, et te couvrirait de confusion.
 
15 Qu'a-t-il été créé de plus mauvais que l'œil? c'est pour cela qu'il pleurera de toute sa force : lorsqu'il verra,16 N'étends pas ta main le premier, de peur que flétri par l'envie, tu n'aies à rougir.17 Ne t'empresse pas dans un festin.18 Juge les choses qui regardent ton prochain d'après toi-même;
 
19 Use comme un homme tempérant de ce qui t'est servi, de peur que mangeant beaucoup tu ne te rendes odieux.20 Cesse le premier par bienséance ; et évite l'excès, pour ne pas choquer.
Note Sir. 31,20 : Cesse le premier de manger.
21 Et si tu t'es assis au milieu de beaucoup de personnes, n'étends pas le premier ta main sur la table ; ne demande pas le premier à boire.22 Combien est suffisant un peu de vin à un homme bien élevé? et en dormant tu n'en seras pas fatigué, et tu ne sentiras pas de douleur.
 
23 L'insomnie, la maladie noire et les tranchées à l'homme intempérant ;24 Un sommeil salutaire à l'homme sobre. Il dormira jusqu'au matin, et son âme en lui se réjouira.
 
25 Et si tu as été contraint de manger beaucoup, lève-toi du milieu des convives, vomis; et cela te soulagera, et tu n'attireras pas à ton corps une maladie.
Note Sir. 31,25 : Conseil médical, qui n’a d’ailleurs rien de commun avec la pratique des Romains dégénérés, interrompant de cette manière leurs festins par intempérance.
26 Ecoute-moi, mon fils, et ne me méprise point, et à la fin tu trouveras mes paroles vraies.27 Dans toutes tes œuvres sois diligent, et aucune infirmité ne tombera sur toi.28 Les lèvres de la multitude béniront celui qui est splendide dans les repas qu'il donne; et le témoignage en faveur de sa vérité sera fidèle.
Note Sir. 31,28 : De sa vérité ou de sa justice, de son équité (veritatis illius), ou mieux, selon le grec et la version Sixtine, selon sa bonté ; ce qui est en effet plus conforme au contexte.
29 Contre le sordide dans les repas qu'il donne, toute la ville murmurera; et le témoignage contre sa sordidité sera fidèle.30 Ne provoque pas à boire ceux qui aiment le vin ; car le vin en a perdu beaucoup.
Note Sir. 31,30 : Voir Judith, 13, 4-11.
 
31 Le feu éprouve le fer le plus dur, de même le vin bu jusqu'à l'ivresse fera connaître les cœurs des superbes.32 C'est une vie favorable aux hommes que le vin bu avec sobriété ; si tu en bois modérément, tu seras sobre.33 Quelle est la vie pour celui qui manque de vin?
Note Sir. 31,33 : Qui manque de vin ; c’est le sens de qui minuitur vino, expliqué par le texte grec, et par les versets 35 à 37 de la Vulgate elle-même. Comparer aussi, en faveur de ce sens, à Psaumes, 103, 15 ; Proverbes, 31, 6-7 ; 1 Timothée, 5, 23.
34 Qu'est-ce qui nous prive de la vie? La mort.35 Le vin a été créé dès le commencement pour la joie et non pour l'ivresse.
Note Sir. 31,35 : Voir Psaumes, 103, 15.
36 C'est l'exultation de l'âme et du cœur, que le vin bu modérément.37 C'est la santé pour l'âme et pour le corps, que de boire sobrement.38 Le vin bu en grande quantité produit l'irritation, et la colère, et beaucoup de ruines.
Note Sir. 31,38 : Voir Proverbes, 31, 4.
39 C'est l'amertume de l'âme que le vin bu en grande quantité.40 L'ardeur de l'ivresse est une pierre d'achoppement pour l'imprudent; elle diminue la force et l'ait des blessures.41 Dans un repas où on boit du vin, ne reprends pas ton prochain, et ne le méprise pas dans sa joie ;42 Ne lui dis pas des paroles de reproche, et ne le presse pas en redemandant ton dû.

Chapitre 32

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Chap. : 
Comment doivent se conduire dans les repas, celui qui en a le soin, et les vieillards et les jeunes gens qui y sont conviés.
Avantages de la crainte de Dieu.
Ne rien faire sans conseil.
1 Les convives t'ont-ils établi chef? ne t'élève pas ; sois parmi eux comme l'un d'entre eux.
Note Sir. 32,1 : Les convives, etc. L’auteur sacré de ce livre, qui vivait en Egypte, fait probablement allusion à la coutume, très ancienne parmi les Grecs, et en vertu de laquelle les convives des festins établissaient un chef ou un roi qui avait soin de tout ce qui concernait le repas.
2 Aie soin d'eux, et après cela assieds-toi ; tout ton office exercé, mets-toi à table ;
 
3 Afin que tu te réjouisses à cause d'eux, et que tu reçoives la couronne, comme un ornement de grâce, et que tu obtiennes la considération de la réunion des conviés.
Note Sir. 32,3 : La couronne ; on la donnait comme ornement à celui qui était déclaré chef du repas.
4 Parle, toi, plus âgé; car à toi convient
Note Sir. 32,4 : Parle, etc. Ceci ne regarde plus le chef du festin, ce sont des préceptes généraux qui regardent tous les convives.
5 La première parole, dite avec une exacte sagesse, et n'empêche pas la musique.
Note Sir. 32,5 : N’empêche pas, etc. Le sage ne veut pas que les vieillards troublent par leurs discours la musique qui s’exécutait pendant les repas.
6 Où l'on n'écoute point, ne te répands pas en discours, et ne t'élève point d'une manière importante dans ta sagesse.
 
7 Telle la petite gemme, l'escarboucle dans un ornement d'or, tel aussi un concert dans un repas où l'on boit du vin.8 Comme est un cachet d'émeraude dans un travail d'or, ainsi est une troupe de musiciens dans lin repas où le vin est pris joyeusement et modérément.9 Ecoute en silence, et pour ta réserve te viendra la bonne grâce.10 Jeune homme, parle à peine dans ta propre cause.11 Si tu es interrogé deux fois, que ta réponse contienne le principal.12 En beaucoup de choses, sois comme ignorant, et écoute en silence et aussi en interrogeant.13 Au milieu des grands ne présume pas de toi-même; et où il y a des vieillards, ne parle pas beaucoup.
 
14 La grêle sera précédée de l'éclair; et la modestie sera précédée de la bonne grâce; et pour ta réserve te viendra la bonne grâce.15 Et à l'heure de se lever ne t'embarrasse point ; mais cours le premier à ta maison, et là divertis-toi, et là amuse-toi,16 Et suis tes conceptions, mais sans péchés, et sans parole superbe.
 
17 Et, dans toutes ces choses, bénis le Seigneur qui t'a fait, et t'a enivré de tous ses biens.18 Celui qui craint le Seigneur recevra sa doctrine; et ceux qui auront veillé pour le chercher trouveront sa bénédiction.
 
19 Celui qui cherche la loi de Dieu en sera rempli, et celui qui agit insidieusement, trouvera une pierre d'achoppement en elle.20 Ceux qui craignent le Seigneur trouveront un jugement juste, et ils allumeront leurs justices comme une lumière.
Note Sir. 32,20 : Trouveront, etc. ; c’est-à-dire ils obtiendront du Seigneur. ― Ils allumeront, etc. Comme la loi du Seigneur est une lumière qui éclaire leurs pas (voir Psaumes, 118, 105), ils allumeront, c’est-à-dire ils feront luire, briller leurs œuvres de justice, leurs bonnes œuvres devant les hommes, pour leur édification (voir Matthieu, 5, 16).
21 L'homme pécheur évitera la réprimande, et selon son désir il trouvera un sujet de comparaison ;
Note Sir. 32,21 : Il trouvera pour se justifier. ― Un sujet de comparaison dans les exemples et la conduite de ses semblables. Comparer à Ecclésiastique, 21, 7.
 
22 L'homme de conseil ne détruira pas l'intelligence ; l'étranger et le superbe n'aura aucune crainte,
Note Sir. 32,22 : L’étranger au conseil, celui qui est privé de conseil. Le mot alienus de la Vulgate est probablement pour alienus a consilio, par opposition à vir consilii. ― N’aura aucune crainte ; littéralement et par hébraïsme, ne craindra pas la crainte.
23 Même après qu'il aura agi par lui seul, sans conseil ; et par ses propres projets, il sera condamné.
Note Sir. 32,23 : Par lui seul ; littéralement avec lui. Le latin cum eo, est ici par un idiotisme commun surtout à l’Ecclésiastique et à la Sagesse pour secum. D’autres cependant rapportent le pronom eo à timorem du verset précédent ; en sorte que le sens serait : Même après qu’il aura agi avec crainte.
24 Mon fils, sans conseil ne fais rien, et après l'action tu ne te repentiras pas.25 Ne va pas dans une voie de ruine, et tu ne te heurteras pas contre les pierres ; et ne t'engage pas dans une voie pénible, de peur de mettre devant ton âme une pierre d'achoppement.26 Et garde-toi de tes fils, et fais attention aux personnes de ta maison.27 Dans toutes tes œuvres, écoute fidèlement ton âme ; car c'est garder les commandements.28 Celui qui croit en Dieu, est attentif aux commandements; et celui qui se confie en lui ne sera point affaibli.

Chapitre 33

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Chap. : 
Avantage de la crainte de Dieu.
Dieu par son juste jugement relève les uns et abaisse les autres.
Fin que l’auteur s’est proposée en écrivant cet ouvrage.
Se conserver l’autorité dans sa famille.
Manière dont il faut traiter les esclaves.
1 A la rencontre de celui qui craint le Seigneur, ne viendront pas les maux ; mais dans la tentation, Dieu le conservera et le délivrera des maux.2 Le sage ne hait ni les commandements ni les justices, et il ne sera pas brisé comme un vaisseau dans la tempête.
Note Sir. 33,2 : Les justices ; c’est-à-dire les préceptes du Seigneur. Comparer à Psaumes, 18, 8.
Note Sir. 33,2 : 1 Chair ; signifie ici, comme en bien d’autres endroits de l’Ecriture, homme, personne. ― Ne te fasse changer sur ce point.
3 L'homme sensé croit à la loi de Dieu, et la loi lui est fidèle.
 
4 Celui qui éclaircit une question préparera son discours ; et ayant ainsi prié, il sera exaucé, il conservera la discipline, et alors il répondra.5 Le cœur de l'insensé est comme la roue d'un chariot, et comme un essieu mobile est sa pensée.
Note Sir. 33,5 : Voir Ecclésiastique, 21, 17.
6 Comme est un étalon, ainsi est aussi un ami railleur; sous tous ceux qui le montent il hennit.
 
7 Pourquoi un jour l'emporte-t-il sur un jour, une lumière sur une lumière, et une année sur une année, venant tons du soleil?8 Par la science du Seigneur ils ont été séparés, le soleil ayant été fait, et conservant le précepte qu'il a reçu.
Note Sir. 33,8 : Séparés ; distingués, uniquement par la volonté de Dieu.
9 Et il a distingué les temps et leurs jours de fête, et c'est dans ces temps qu'on a célébré les jours de fête, jusqu'à l'heure marquée.10 Parmi eux. Dieu en a élevé et consacré, et il en a mis dans le nombre des jours ordinaires. Et tous les hommes ont été tirés du sol et de la terre dont Adam a été formé.
Note Sir. 33,10 : Voir Genèse, 2, 7. ― Du sol et de la terre ; hébraïsme pour du sol de la terre, du bas fond de la terre.
11 Dans la grandeur de sa sagesse, Dieu a établi des différences entre eux, et il a diversifié leurs voies.
Note Sir. 33,11 : Entre eux ; c’est-à-dire entre les hommes, nommés au verset précédent.
12 Parmi eux il en a béni et exalté ; et parmi eux il en a sanctifié et attaché à lui ; et parmi eux il en a maudit et humilié, et il les a chassés du pays où ils s'étaient retirés.
Note Sir. 33,12 : Du pays où ils s’étaient retirés ; c’est le sens de la Vulgate expliquée par les Septante et la version Sixtine. L’auteur fait probablement allusion aux Chananéens, chassés par les Israélites, qui s’emparèrent de leur pays. Comparer à Genèse, 10, 18 ; Exode, 3, 8 ; Deutéronome, 1, 7-8.
 
13 Comme l'argile du potier est dans sa main, pour qu'il la façonne et l'arrange ;
Note Sir. 33,13 : Voir Romains, 9, 21.
14 Toutes les formes qu'elle prend, sont selon qu'il la dispose ; ainsi l'homme est dans la main de celui qui l'a fait, et qui lui rendra selon son juste jugement.15 Contre le mal est le bien, et contre la mort, la vie; ainsi aussi contre l'homme juste est le pécheur. Et considère ainsi toutes les œuvres du Très-Haut. Elles sont deux à deux, et l'une contre l'autre.
Note Sir. 33,15 : Elles sont deux à deux, etc. Dans la nature, en effet, chaque chose est comme composée de deux, dont l’une est l’opposé de l’autre ; ainsi la nuit et le jour, le mal et le bien, la mort et la vie, le pécheur et le juste, etc.
 
16 Et moi, le dernier, je me suis réveillé, et je suis comme celui qui recueille les grains de raisin après les vendangeurs.
Note Sir. 33,16 : Et moi, etc. Jésus, fils de Sirach, se donne ici comme le dernier des écrivains sacrés, qui n’a fait que glaner après tous les autres. Cependant son ouvrage est original et nouveau.
17 En la bénédiction de Dieu, moi-même aussi j'ai espéré, et comme celui qui vendange, j'ai rempli le pressoir.18 Considérez que pour moi seul je n'ai pas travaillé, mais pour tous ceux qui recherchent la science.
Note Sir. 33,18 : Voir Ecclésiastique, 24, 47.
 
19 Ecoutez-moi, grands, et vous tous, peuples; et vous, chefs de l'assemblée, prêtez l'oreille.20 A ton fils, et à ta femme, à ton frère et à ton ami ne donne pas pouvoir sur toi durant ta vie : ne donne pas à un autre tes biens, de peur que tu ne te repentes et que forcé tu ne lui en demandes avec prière.21 Tandis que tu vis et que tu respires, qu'aucune chair ne te fasse changer.22 Car il veut mieux que tes fils te prient, que de regarder dans les mains de tes fils.
Note Sir. 33,22 : Que de regarder, etc. ; pour en attendre quelques secours.
23 Dans toutes tes œuvres, sois le principal.
 
24 Ne fais pas de tache à ta gloire. Au jour de la consommation des jours de ta vie, et au temps de ta mort, distribue ton héritage.25 Le fourrage et la verge et le fardeau à l'âne ; le pain et la correction et le travail à l'esclave.26 Il travaillera avec la correction, et il cherche à se reposer; lâche-lui la main, et il cherche la liberté;
 
27 Le joug et la courroie font courber un cou dur; et les travaux assidus assouplissent un esclave.28 A l'esclave malveillant, la torture et les fers aux pieds ; envoie-le à l'ouvrage, de peur qu'il ne soit oisif;
 
29 Car l'oisiveté a enseigné beaucoup de malice.30 Assujettis-le à l'ouvrage; car c'est ce qui lui convient. Que s'il n'obéit pas, dompte-le par des chaînes aux pieds; mais ne commets point d'excès envers aucune chair; or, sans réflexion, ne fais rien de grave.
Note Sir. 33,30 : Chair. Voir le verset 21.
31 Si tu as un esclave fidèle, qu'il te soit comme ton âme; traite-le comme un frère, parce que c'est avec le sang de ton âme que tu l'a acquis.
Note Sir. 33,31 : Voir Ecclésiastique, 7, 23. ― Ton âme ; ta vie ou toi-même, ta personne. ― C’est avec le sang, etc. Il s’agit ici d’un esclave qu’un vainqueur a pris à la guerre au péril de sa vie.
32 Si tu le blesses injustement, il prendra la fuite.33 Et si se dérobant il s'en va, tu ne sauras à qui tu dois le demander, ni sur quelle voie tu dois le chercher.

Chapitre 34

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Chap. : 
Vanité des songes.
Avantage de l’expérience.
Bonheur de celui qui craint le Seigneur.
Dieu a en horreur les oblations des méchants.
Fausse pénitence.
1 La vaine espérance et le mensonge à l'homme insensé ; et les songes élèvent les imprudents.
Note Sir. 34,1 : Elèvent des imprudents en l’air, les font voler, comme portent le grec et la version Sixtine ; c’est-à-dire qu’ils les séduisent en leur donnant de vaines espérances.
2 Comme celui qui saisit l'ombre et poursuit le vent; ainsi est celui qui s'attache à des visions mensongères.3 Ceci d'après ceci, telle est la vision des songes : devant la face d'un homme est la ressemblance d'un homme.
Note Sir. 34,3 : Ceci d’après ceci ; qu’on lit également dans le grec et la version Sixtine, est l’expression la plus juste et la plus exacte pour dire que les objets vus en songe que la simple image, l’ombre pure de la chose qu’ils représentent, et que, par conséquent, elles n’ont pas plus de réalité en soi, et ne constituent pas plus un objet réel à part, que le visage d’un homme dans un miroir. Voilà pourquoi dans sa précision, le texte porte : Ceci d’après ceci, et non : Ceci d’après cela, comme s’il s’agissait de deux choses réellement distinctes.
4 Par ce qui est impur qu'est-ce qui sera purifié? et par un menteur qu'est-ce qui sera dit de vrai ?5 Les divinations de l'erreur, et les augures mensongers, et les songes de ceux qui font le mal, c'est vanité.
 
6 Comme le cœur des femmes qui sont en mal d'enfant, ton cœur est en proie à des visions imaginaires; à moins que par le Très-Haut ne te soit envoyée une vision, n'y applique pas ton cœur ;
Note Sir. 34,6 : A moins que par le Très-Haut, etc. Dieu se révélait quelquefois dans des songes. Voir Genèse, 37, verset 5 et suivants ; 41, verset 1 et suivants ; Daniel, 2, 1 ; 4, 2 ; Matthieu, 1, 20.
7 Car les songes ont fait errer beaucoup de gens, et ils sont tombés, parce qu'ils y avaient mis leur espérance.8 Sincèrement sera accomplie la parole de la loi, et la sagesse dans la bouche d'un fidèle deviendra claire.
 
9 Celui qui n'a point été tenté, que sait-il? Un homme expérimenté en beaucoup de choses en pensera beaucoup, et celui qui a beaucoup appris parlera avec intelligence.10 Celui qui n'est pas expérimenté connaît peu de choses; mais celui qui s'est trouvé dans beaucoup d'affaires multiplie la malice.
Note Sir. 34,10 : D’affaires, ou de lieux, selon le grec et la version Sixtine, qui ont rendu par : Qui a été errant, vagabond ; c’est-à-dire qui a voyagé. Comparer au verset 12. ― Malice (malîtia) ; ou, selon d’autres, habileté, sagacité, prudence ; sens dont sont susceptibles les deux textes que nous venons d’alléguer.
11 Celui qui n'a point été tenté, quelles choses sait-il? mais celui qui a été trompé abondera en méchanceté.
Note Sir. 34,11 : Méchanceté. Même observation que pour le mot malice du verset 10.
12 J'ai vu beaucoup de choses en voyageant, et un très grand nombre de manières de parler.
Note Sir. 34,12 : En voyageant. On conçoit aisément l’importance que les anciens attachaient aux voyages, quand on considère que ce n’est qu’en voyageant qu’on pouvait acquérir de grandes connaissances. Car, sans parler d’Ulysse, qui, par ses voyages, a mérité la réputation d’un des plus sages princes et des plus expérimentés du monde, Pythagore et Platon ont acquis de cette manière la science qui les a rendus si célèbres. Voir ce qu’a dit à ce sujet saint Jérôme, dans sa lettre à saint Paulin de Nole. ― Manières de parler (verborum consuetudines) ; des langages, des idiomes ; mais, comme en hébreu parole signifie aussi chose, d’autres traduisent par coutumes différentes.
 
13 Quelquefois j'ai été en danger de mort, à cause de cela, et j'ai été délivré par la grâce de Dieu.14 L'esprit de ceux qui craignent Dieu est l'objet de ses soins, et par son regard il sera béni.15 Car leur espérance est en celui qui les sauve, et les yeux de Dieu sont sur ceux qui l'aiment.16 Celui qui craint le Seigneur ne s'alarmera de rien, et il n'aura pas peur, parce que le Seigneur lui-même est son espérance.17 De celui qui craint le Seigneur bienheureuse est l'âme.
 
18 Sur qui porte-t-il ses regards, et qui est sa force?19 Les yeux du Seigneur sont sur ceux qui le craignent ; il est le protecteur de la puissance, l'affermissement de la force, un abri contre la chaleur, et un ombrage contre le soleil du midi;
Note Sir. 34,19 : Voir Psaumes, 33, 16.
 
20 Il détourne le choc, et soutient dans la chute; il exalte l'âme et illumine les yeux ; il donne la santé, la vie et la bénédiction.21 L'oblation de celui qui sacrifie d'un bien d'iniquité est souillée, et les insultes des injustes ne sont point agréables à Dieu.
Note Sir. 34,21 : Voir Proverbes, 21, 27.
22 Le Seigneur est seulement à ceux qui se soutiennent dans la voie de la vérité et de la justice.23 Le Très-Haut n'approuve pas les dons des hommes iniques ; il ne regarde pas les oblations des hommes iniques, et, malgré la multitude de leurs sacrifices, il ne sera pas propice à leurs péchés.
Note Sir. 34,23 : Voir Proverbes, 15, 8.
24 Celui qui offre un sacrifice de la substance de« pauvres est comme celui qui égorge un fils en présence de son père.
 
25 Le pain des indigents est la vie des pauvres ; celui qui le leur ôte est un homme de sang.26 Celui qui arrache à un homme le pain de sa sueur est comme celui qui tue son prochain.27 Celui qui répand le sang, et celui qui use de fraude envers un mercenaire sont frères.28 L'un bâtit et l'autre détruit ; que leur revient-il, si ce n'est de la fatigue?29 L'un prie et l'autre maudit ; de qui Dieu exaucera-t-il la voix?30 A celui qui se lave à cause de l'attouchement d'un mort, et qui le touche de nouveau, que sert de s'être lavé ?
Note Sir. 34,30 : A celui qui se lave, etc. Selon la loi mosaïque, tout Israélite qui avait touché un mort ou assisté à des funérailles était impur jusqu’à ce qu’au septième jour il se fût lavé, qu’il eût lavé ses vêtements, et qu’il se fût arrosé de l’eau destinée aux purifications Voir Nombres, 19, verset 11 et suivants.
31 Ainsi, à l'homme qui jeûne à cause de ses péchés, et qui les commet de nouveau, que sert de s'être humilié? qui exaucera sa prière?
Note Sir. 34,31 : Voir 2 Pierre, 2, 21.

Chapitre 35

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Chap. : 
Observation des commandements, sacrifice agréable à Dieu.
Offrir ses dons au Seigneur avec joie.
Dieu ne fait acception de personne.
Il exauce les prières des pauvres, et il perdra ceux qui les oppriment.
1 Celui qui observe la loi multiplie l'oblation.
Note Sir. 35,1 : Multiplie l’oblation ; c’est-à-dire a autant de mérite aux yeux de Dieu que s’il faisait un grand nombre d’oblations.
2 C'est un sacrifice salutaire que d'être attentif aux commandements et de se retirer de toute iniquité.
Note Sir. 35,2 : Voir 1 Rois, 15, 22. ― Sacrifice salutaire ; c’est le sacrifice eucharistique, appelé aussi pacifique, et qu’on offrait, soit pour remercier le Seigneur des grâces qu’on avait obtenues de lui, soit pour lui en demander de nouvelles. Comparer à Lévitique, chapitres 3 et 7.
3 Et c'est offrir un sacrifice de propitiation pour les injustices, et prier pour le pardon des péchés, que de s'éloigner de l'injustice.4 Il rend grâce à Dieu, celui qui offre la fleur de la farine ; et celui qui fait miséricorde offre un sacrifice.
Note Sir. 35,4 : Offre la fleur de la farine, offrande légale, voir Lévitique, 2, 1.
5 C'est chose agréable au Seigneur que de s'éloigner de l'iniquité ; et c'est prier pour le pardon des péchés que de s'éloigner de l'injustice.
Note Sir. 35,5 : Voir Jérémie, 7, 3 ; 26, 13.
 
6 Tu ne paraîtras pas devant le Seigneur les mains vides.
Note Sir. 35,6 : Tu ne paraîtras pas, etc. Voir Exode, 23, 15 ; 34, 20 ; Deutéronome, 16, 16.
7 Car toutes ces choses se font pour obéir aux commandements de Dieu.8 L'oblation du juste engraisse l'autel, et c'est une odeur de suavité en présence du Très-Haut.9 Le sacrifice d'un juste est agréable au Seigneur, et le Seigneur n'en perdra pas le souvenir.
 
10 De bon cœur, rends gloire à Dieu, et ne retranche rien des prémices de tes mains.11 Dans tout don montre un visage gai, et dans l'exultation sanctifie tes dîmes.
Note Sir. 35,11 : Dans l’exultation, etc. ; avec joie. Comparer à Romains, 12, 8 ; 2 Corinthiens, 9, 7. ― Sanctifie ; c’est-à-dire, selon le style des Hébreux, sépare, prépare, destine pour un usage saint.
12 Donne au Très-Haut selon ses dons, et d'un bon œil fais l'offrande de l'acquisition de tes mains.
Note Sir. 35,12 : Voir Tobie, 4, 9. ― De l’acquisition ; littéralement de l’invention ; de ce que tu as trouvé, acquis par tes mains.
13 Car le Seigneur donne en retour, et il te rendra sept fois autant.
Note Sir. 35,13 : Sept fois autant que tu lui donneras.
 
14 N'offre pas des dons défectueux, parce qu'il ne les recevra pas.
Note Sir. 35,14 : Des dons défectueux ; qui ne sont pas selon la loi. Comparer à Lévitique, 22, 21-25 ; Deutéronome, 15, 21 ; Malachie, 1, 7-8.
15 Et ne regarde pas à un sacrifice injuste, parce que le Seigneur est juge, et que devant lui la gloire de la personne n'est rien.16 Le Seigneur ne fera pas acception de personne contre le pauvre, et il exaucera la prière de l'offensé.17 Il ne méprisera pas les prières de l'orphelin, ni la veuve, si elle épanche le langage du gémissement.18 Est-ce que les larmes de la veuve ne descendent pas sur la joue, et son cri sur celui qui les fait couler ?19 Car de la joue elles montent jusqu'au ciel, et le Seigneur qui l'exauce ne se plaira pas dans ses larmes.
 
20 Celui qui adore Dieu avec joie sera reçu, et sa prière jusqu'aux nues s'approchera.
 
21 La prière de celui qui s'humilie pénétrera les nues, et jusqu'à ce qu'elle en approche, il ne se consolera point ; et il ne se retirera pas jusqu'à ce que le Très-Haut la regarde.22 Et le Seigneur ne s'éloignera pas ; mais il jugera les justes, et il fera justice ; et le Très-Fort n'aura pas pour eux de patience, afin de briser leur dos ;23 Et des nations il tirera vengeance, jusqu'à ce qu'il fasse disparaître toute l'assemblée des superbes, et qu'il brise les sceptres des hommes iniques ;24 Jusqu'à ce qu'il rende aux hommes selon leurs actions et selon les œuvres d'Adam, et selon sa présomption ;25 Jusqu'à ce qu'il rende justice à son peuple, et qu'il réjouisse les justes par sa miséricorde.26 Belle est la miséricorde de Dieu au temps de la tribulation, comme la nuée de la pluie au temps de la sécheresse.

Chapitre 36

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Chap. : 
Prière de l’auteur de ce livre pour attirer la miséricorde de Dieu sur Israël.
Du cœur éclairé et du cœur corrompu.
Avantage de celui qui a une femme vertueuse.
1 Ayez pitié de nous, Dieu de toutes choses, et regardez-nous, et montrez-nous la lumière de vos miséricordes ;2 Et envoyez votre terreur sur les nations qui ne vous ont point recherché, afin qu'elles sachent qu'il n'y a point de Dieu, si ce n'est vous, et qu'elles racontent vos merveilles.3 Levez votre main sur les nations étrangères, afin qu'elles voient votre puissance ;4 Car comme en leur présence vous avez été sanctifié parmi nous, ainsi en notre présence vous serez glorifié parmi elles;
Note Sir. 36,4 : Comme en leur présence, etc. De même qu’ils ont vu de leurs propres yeux que vous avez montré votre sainteté parmi nous, en nous punissant, de même aussi vous montrerez à nos yeux votre grandeur en les châtiant.
5 Afin qu'elles vous connaissent, comme nous aussi avons connu qu'il n'y a point de Dieu hors vous, Seigneur.
 
6 Renouvelez les miracles et produisez d'autres merveilles.7 Glorifiez votre main et votre bras droit.8 Excitez votre fureur et répandez votre colère.9 Détruisez l'adversaire, et affligez l'ennemi.10 Pressez le temps et souvenez-vous de la fin, afin qu'on raconte vos merveilles.
Note Sir. 36,10 : Souvenez-vous de la fin que vous devez mettre à nos maux ; le terme n’en est-il pas encore venu ?
11 Que par la colère de la flamme soit dévoré celui qui s'est sauvé de tout outre péril, et que ceux qui maltraitent votre peuple trouvent la perdition.12 Brisez la tête des princes ennemis qui disent : Il n'y a point d'autre Seigneur que nous.
 
13 Rassemblez toutes les tribus de Jacob, afin qu'elles connaissent qu'il n'y a point de Dieu, si ce n'est vous, et qu'elles racontent vos merveilles ; et vous les prendrez pour votre héritage comme au commencement.
Note Sir. 36,13 : Rassemblez, etc. Après la captivité de Babylone, tous les Juifs ne revinrent pas dans la Judée ; une grande partie demeura dispersée parmi les nations.
14 Ayez pitié de votre peuple sur qui a été invoqué votre nom, et d'Israël que vous avez traité comme votre premier-né.
Note Sir. 36,14 : Sur qui, etc. ; ou qui a été appelé de votre nom, qui porte votre nom. Comparer à Deutéronome, 28, 10. ― Que vous avez traité, etc. Voir Exode, 4, 22.
15 Ayez pitié de la cité que vous avez sanctifiée, de Jérusalem, la cité de votre repos.
Note Sir. 36,15 : Votre repos ; c’est-à-dire votre demeure.
 
16 Remplissez Sion de vos inénarrables paroles, et votre peuple de votre gloire.17 Rendez témoignage à ceux qui dès le commencement sont vos créatures, et faites revivre les prédictions qu'ont prononcées en votre nom les prophètes antérieurs.18 Récompensez ceux qui voue ont attendu patiemment, afin que vos prophètes soient trouvés fidèles; et exaucez les prières de vos serviteurs,19 Selon les bénédictions d'Aaron sur votre peuple, et dirigez-nous dans la voie de la justice, et qu'ils sachent, tous ceux qui habitent la terre, que c'est vous qui êtes le Dieu qui voit dans les siècles.
Note Sir. 36,19 : Les bénédictions d’Aaron. Voir Nombres, 6, verset 23 et suivants.
 
20 Le ventre dévorera toute nourriture ; mais il est un aliment meilleur qu'un autre aliment.21 Le palais discerne la venaison, et le cœur sensé les paroles mensongères.
Note Sir. 36,21 : Le palais discerne ; littéralement touche. Dans une phrase semblable, de Job (voir Job, 12, 11), la Vulgate, conformément au texte hébreu, porte juge en discernant (dijudicat).
22 Un cœur pervers causera de la tristesse, et l'homme habile lui résistera.23 Une femme peut épouser tout homme ; mais il est une fille meilleure qu'une autre fille.24 La beauté d'une femme égaie la face de son mari, et elle lui inspire un désir qui surpasse toute convoitise de l'homme.25 Si sa langue guérit les maux, elle a aussi de la douceur et de la honte ; son mari n'est pas comme les fils des hommes.
Note Sir. 36,25 : Son mari n’est pas, etc. ; son mari n’est pas semblable au commun des hommes ; il a en cela un avantage qui n’est pas commun parmi eux. ― Les fils des hommes ; hébraïsme, pour les hommes mêmes, les humains.
26 Celui qui possède une femme vertueuse a le commencement d'une possession : c'est un aide semblable à lui, et un ferme appui où il se repose.
Note Sir. 36,26 : A le commencement, etc. ; le fondement de sa maison, de sa fortune. ― C’est un aide, etc. ; allusion au passage de Genèse, 2, 18. ― Un ferme, etc. ; littéralement une colonne comme repos (columna ut requies).
27 Où il n'y a point de haie, la possession sera pillée; et où il n'y a point de femme, l'indigent gémit.28 Qui se confie à celui qui n'a point de gîte, et qui va demeurer partout où la nuit le surprend, comme un voleur tout prêt à fuir, errant de cité en cité?
Note Sir. 36,28 : Tout prêt ; littéralement qui a retroussé sa robe et la serre par la ceinture (succinctus) ; ce qui l’a rendu plus dégagé et plus libre de ses mouvements.

Chapitre 37

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Chap. : 
Du vrai et du faux ami.
Choisir son conseil avec soin.
Consulter le Seigneur.
Science vraie et fausse, utile et dangereuse.
Suites funestes de l’intempérance.
1 Ton ami dira : Moi aussi j'ai lié amitié; mais il est un ami, de nom seulement ami. N'y a-t-il pas là un sujet de tristesse jusqu'à la mort?2 En outre un compagnon et un ami tourneront à l'inimitié.3 Ô présomption criminelle, d'où as-tu été créée, pour couvrir la terre de sa malice et de sa perfidie?
Note Sir. 37,3 : De sa (illius). Ce pronom se rapporte au faux ami dont il vient d’être parlé.
4 L'ami se réjouit avec son ami dans les divertissements, et au temps de la tribulation, il deviendra son adversaire.5 L'ami s'afflige avec son ami pour son ventre, contre l'ennemi il prendra le bouclier.
Note Sir. 37,5 : Pour son ventre qu’il ne peut plus satisfaire à la table de son ami devenu malheureux.
6 N'oublie pas ton ami dans ton esprit, et ne perds pas son souvenir au milieu de tes richesses.
 
7 Ne consulte pas avec celui qui te tend un piège ; et à ceux qui te portent envie, cache tes desseins.8 Tout conseiller donne son avis; mais tel conseiller l'est pour lui-même.9 Contre un conseiller tiens en garde ton âme; sache d'abord quels sont ses besoins; car c'est à lui qu'il pensera.
Note Sir. 37,9 : Car c’est à lui qu’il pensera ; c’est-à-dire à son intérêt personnel ; littéralement à son esprit ; en supposant (ce qui nous paraît très probable) que les mots animo suo soient au datif, et signifient à sa personne, à lui, comme animæ suæ.
10 Crains qu'il ne plante un pieu dans la terre, et qu'il ne te dise :
Note Sir. 37,10 : Qu’il ne plante, etc. On mettait du bois ou une pierre dans le chemin pour faire trébucher les passants. Comparer à Ecclésiastique, 31, 7.
11 Ta voie est bonne ; et qu'il se tienne en face, pour voir ce qui t'arrivera.12 Avec un homme irréligieux, traite de choses saintes; avec un injuste, de justice ; avec une femme, de celle qui la jalouse; avec un homme timide, de guerre ; avec un marchand, de transport des marchandises ; avec un acheteur, de chose à vendre ; avec un homme envieux, de grâces à rendre ;
Note Sir. 37,12 : Avec un homme irréligieux, etc. Depuis ce verset jusqu’au 14e , où se trouve l’apodose, c’est une ironie ou une concession continuée.
13 Avec un impie, de piété ; avec un homme déshonnête, de l'honneur ; avec un laboureur, de toute espèce de travail de labourage ;14 Avec un ouvrier à l'année, de l'achèvement de l'année ; avec un serviteur paresseux, d'un grand ouvrage ; et ne te fie à eux dans aucun conseil.
Note Sir. 37,14 : De l’achèvement de l’année (de consummatione anni) ; c’est-à-dire de tout le travail qui doit être fait pendant un an.
15 Mais sois assidu auprès d'un homme saint, lorsque tu en auras connu quelqu'un qui garde la crainte de Dieu ;
 
16 Dont l'âme est selon ton âme, et qui, lorsque tu chancelleras dans les ténèbres, prendra part à ta douleur.17 Etablis en toi un cœur de bon conseil; car aucune autre chose ne vaut davantage pour toi.18 L'âme d'un homme saint fait connaître quelquefois les choses vraies, mieux que sept sentinelles assises sur un lieu élevé pour observer.
Note Sir. 37,18 : Mieux ; mot implicitement contenu dans l’adverbe quam, qui, par hébraïsme, est mis pour plus que (plus quam). Comparer au 1° au milieu des Observations préliminaires des Psaumes.
 
19 Mais en toutes choses prie le Très-Haut pour qu'il dirige ta voie dans la vérité.20 Qu'une parole véridique précède toutes tes œuvres, et un conseil immuable, toutes tes actions.
Note Sir. 37,20 : Qu’une parole, etc. ; littéralement avant toutes tes œuvres, qu’une parole véridique te précède.
21 Une parole mauvaise changera le cœur, d'où naissent quatre choses : le bien et le mal, la vie et la mort ; et la langue exerce sur elles un pouvoir continuel. Il est tel homme habile qui en instruit beaucoup, et qui, à son âme, est inutile.
 
22 Tel homme expérimenté en a instruit beaucoup, et à son âme il a été doux.
Note Sir. 37,22 : A son âme il a été doux ; il a trouvé de la douceur pour son âme en instruisant les autres.
23 Celui qui parle en sophiste est haïssable ; de toute chose il sera dépourvu.24 La grâce ne lui a pas été donnée par le Seigneur ; car de toute sagesse il est dépourvu.25 Il est un sage, sage pour son âme, et le fruit de sa sagesse est digne de louange.26 L'homme sage instruit son peuple, et les fruits de sa sagesse sont durables.
 
27 L'homme sage sera rempli de bénédictions, et ceux qui le verront le loueront.28 La vie de l'homme consiste dans un nombre de jours ; mais les jours d'Israël sont innombrables.29 Le sage héritera de l'honneur au milieu du peuple ; et son nom sera vivant éternellement.30 Mon fils, dans ta vie, éprouve ton âme, et si elle est mauvaise, ne lui donne pas la puissance ;31 Car toutes les choses ne sont pas avantageuses à tous, et à toute âme toute espèce de chose ne plaît pas.32 Ne sois avide dans aucun festin, et ne te jette pas sur tous les mets ;33 Car dans le grand nombre de mets se trouvera l'infirmité ; et l'avidité approchera jusqu'à la maladie noire.34 A cause de l'intempérance beaucoup sont morts; mais celui qui est sobre prolongera sa vie.

Chapitre 38

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Chap. : 
Honorer les médecins ; se servir de leurs remèdes.
Prier le Seigneur ; se purifier de ses péchés.
Pleurer la mort de ses amis avec modération, se souvenir qu’on doit aussi mourir.
Repos nécessaire pour acquérir la sagesse.
La prière sanctifie le travail.
1 Honore le médecin, à cause de la nécessité ; car le Très-Haut l'a créé.2 Car toute médecine vient de Dieu, et recevra du roi des présents.3 La science du médecin élèvera sa tête, et en présence des grands il sera loué.
 
4 Le Très-Haut a créé de la terre les médicaments, et l'homme prudent ne les abhorrera pas.5 N'est-ce point par le bois qu'a été adoucie une eau amère?
Note Sir. 38,5 : N’est-ce pas, etc. L’auteur fait probablement allusion au miracle qui eut lieu à Mara. Voir Exode, 15, 25.
6 A la connaissance des hommes en est parvenue la vertu, et le Très-Haut leur a donné la science pour être honoré dans ses merveilles.
Note Sir. 38,6 : En est parvenue la vertu (virtus illorum) ; la vertu des médicaments, dont il est parlé au verset 4 ; c’est-à-dire que Dieu a fait connaître aux hommes la vertu des médicaments.
7 Par eux, il apaisera la douleur, et le parfumeur en fera des parfums de suavité, et il en composera des essences utiles à la santé, et ses ouvrages n'auront pas de fin.
Note Sir. 38,7 : Par eux ; par des médicaments. Voir la note précédente. ― Et ses ouvrages, etc. Comme il y a toujours de nouvelles maladies, les médecins ont toujours des médicaments à employer.
8 Car la paix de Dieu est sur la face de la terre.
 
9 Mon fils, dans ton infirmité, ne te méprise pas toi-même, mais prie le Seigneur, et lui-même te guérira.
Note Sir. 38,9 : Voir Isaïe, 38, 3.
10 Détourne-toi du péché, règle tes mains, et de toute faute purifie ton cœur.11 Offre un parfum de suavité et un souvenir de fleur de farine, et engraisse l'oblation, et alors donne place au médecin ;
Note Sir. 38,11 : Un souvenir de fleur de farine. Voir Lévitique, 2, vv. 2, 16. ― Engraisse l’oblation ; que ta victime soit grasse, parfaite.
12 Car le Seigneur l'a créé et qu'il ne s'éloigne pas de loi, parce que ses œuvres te sont nécessaires.
 
13 Car il est un temps où tu tomberas entre leurs mains ;14 Or, eux-mêmes prieront le Seigneur qu'il dirige le soulagement et la santé qu'ils veulent te procurer, en vertu de leur profession.15 Celui qui pèche en présence de celui qui l'a fait, tombera dans les mains du médecin.
 
16 Mon fils, verse des larmes sur un mort, et comme celui qui a souffert de cruels traitements, commence à pleurer, et, selon la coutume, couvre son corps, et ne néglige pas sa sépulture;
Note Sir. 38,16 : Commence à pleurer. Le grec signifie proprement ces lamentations solennelles qu’on faisait en mémoire du mort et dans lesquelles on récitait ses louanges et ses bienfaits. ― La coutume ; c’est le sens qu’a ici comme en plusieurs autres endroits le mot judicium de la Vulgate. ― Couvre son corps. L’usage des Juifs était d’envelopper le corps des morts avec des bandelettes et des suaires, comme on le voit dans l’Evangile (voir Luc, 24, 12 ; Jean, 11, 44 ; 19, 40).
17 Mais à cause de la délation, porte son deuil amèrement durant un jour; mais console-toi dans ta tristesse.
Note Sir. 38,17 : A cause de la délation ; c’est-à-dire des murmures et du scandale qui auraient eu lieu, si tu ne donnais pas des marques de ta douleur. ― Mais console-toi, etc. L’auteur condamne ici deux excès : le premier, de ne pas pleurer ; le second, de pleurer inconsolablement et sans fin.
18 Et fais ce deuil, selon son mérite, un jour ou deux, à cause de la médisance.
 
19 Car la tristesse hâte la mort, et elle accable la force, et la tristesse du cœur courbe le cou.
Note Sir. 38,19 : Voir Proverbes, 17, 22. ― La tristesse, etc. Comparer à Proverbes, 15, 13 ; 17, 22.
20 Dans la solitude s'entretient la tristesse, et la vie du pauvre est selon son cœur.
Note Sir. 38,20 : La vie ; telle est ici la signification du mot substantia, expliqué par le texte grec et la version Sixtine. ― Selon son cœur ; c’est-à-dire que si le cœur du pauvre est livré à la douleur, au découragement, sa vie ne pourra être que très malheureuse ; si, au contraire, son cœur est dans la pauvreté, patient et tranquille, sa vie sera bien moins dure et bien moins tourmentée.
21 Ne livre pas ton cœur à la tristesse; mais éloigne-la de toi, et souviens-toi de ta fin dernière.22 Ne l'oublie point ; car il n'est pas de retour ; tu ne lui serviras en rien, et tu te feras le plus grand mal à toi-même.
Note Sir. 38,22 : Il n’est pas de retour de la mort à la vie.
23 Souviens-toi de mon jugement, car le tien viendra de même aussi : à moi hier, et à toi aujourd'hui.
Note Sir. 38,23 : Souviens-toi, etc. Le sage, pour faire plus d’impression sur son disciple, fait parler un mort. ― De mon jugement ; du jugement que Dieu vient d’exercer sur moi, en me retirant de ce monde.
 
24 Dans le repos d'un mort, laisse reposer sa mémoire, et console-le à la sortie de son esprit.
Note Sir. 38,24 : Voir 2 Rois, 12, 21. ― Dans le repos, etc. ; c’est-à-dire ne te tourmente pas au sujet d’un mort ; il est en repos, et console-le au moment où son esprit sort de son corps.
 
25 La sagesse du scribe lui viendra dans le temps de loisir ; et celui qui agit peu acquerra la sagesse; de quelle sagesse sera rempli26 Celui qui conduit une charrue, qui met sa gloire à tenir le licou, qui avec l'aiguillon fait marcher des bœufs, vit au milieu de leurs travaux et s'entretient uniquement des petits des taureaux ?27 Il applique son cœur à tracer des sillons, et ses veilles à engraisser des génisses.28 Ainsi tout ouvrier en bois et l'architecte qui passe la nuit comme le jour; ainsi celui qui grave les cachets de ciselure et par un travail assidu varie la figure; il applique son cœur à la représentation de la peinture, et par ses veilles il achèvera son œuvre.
Note Sir. 38,28 : Ouvrier en bois. Le terme latin faber veut dire celui qui travaille les corps durs en général la pierre, le bois, les métaux ; mais, dans ce passage, il paraît signifier ouvrier en bois, comme le charpentier, le menuisier, etc., parce qu’il est mis en opposition avec ouvrier en fer (faber ferrarius) du verset suivant.
29 Ainsi l'ouvrier en fer assis près de l'enclume et considérant l'ouvrage de fer ; la vapeur du feu desséchera ses chairs, et contre la chaleur de la fournaise il aura à combattre ;
Note Sir. 38,29 : Assis près de l’enclume. Anciennement les maréchaux travaillaient assis d’une manière très pénible autour de leur forge ou de leur enclume, et maniaient ainsi leur soufflet, qui n’était pas attaché au foyer de la forge : ce qui, suivant les relations des voyageurs, se pratique encore aujourd’hui en Orient, où les orfèvres eux-mêmes travaillent assis devant leurs creusets, placés au milieu de leur boutique, par terre et sans cheminée.
30 Le bruit du marteau se renouvelle à son oreille, et son œil est sur l'objet qu'il veut représenter.
Note Sir. 38,30 : Se renouvelle à son oreille ; littéralement, et par une figure assez usitée dans le style biblique, renouvelle son oreille. ― L’objet, etc. ; littéralement la représentation d’un vase. Ce dernier mot a en latin un sens très étendu, ainsi, il se prend pour meuble, instrument, outil, vase, bagage, etc.
 
31 Il appliquera son cœur à l'achèvement de son ouvrage, et par ses veilles il l'embellira jusqu'à la perfection.32 Ainsi le potier assis près de son ouvrage; tournant avec ses pieds la roue, il est toujours dans la sollicitude à cause de son ouvrage, et toutes ses œuvres sont en nombre.
Note Sir. 38,32 : Avec ses pieds. Une des manières les plus communes de fabriquer la poterie consistait à tourner avec le pied la roue sur laquelle était placée la terre et que le potier assis modelait avec ses mains. Les potiers en Orient travaillent encore aujourd’hui de cette manière.
33 Par son bras il façonnera l'argile, et devant ses pieds il courbera sa force.
Note Sir. 38,33 : Devant ses pieds, etc. ; c’est-à-dire il se courbera en avant péniblement.
34 Il appliquera son cœur à mettre le dernier vernis, et par sa vigilance il purifiera son fourneau.35 Tous ces artisans ont espéré en leurs mains, et chacun dans son art est sage.36 Sans eux tous, il ne se bâtit pas de cité.37 Mais ils n'habiteront pas an cœur de la ville, et ils ne s'y promèneront pas, et ils n'entreront pas dans l'assemblée.
Note Sir. 38,37 : Au cœur de la ville ; mots qui nous ont paru sous-entendus, comme à Corneille de La Pierre, à Ménochius, etc. ― Ils n’habiteront pas, etc. ; à cause du bruit que les ouvriers et les artisans devaient nécessairement faire avec leurs machines et leurs instruments de travail. ― Ils ne s’y promèneront pas, comme les gens qui n’ont pas d’occupations. ― L’assemblée des grands, tels que les magistrats, les docteurs, les prêtres, etc.
38 Ils ne s'assiéront pas sur les sièges des juges; ils ne comprendront pas les dispositions judiciaires ; ils ne publieront pas la discipline, ni la justice, et on ne les trouvera pas occupés aux paraboles ;
Note Sir. 38,38 : Occupés aux paraboles ; soit pour en chercher le sens, soit pour les expliquer aux pauvres.
39 Mais ils affermiront la créature du temps, et leur prière aura lieu au milieu des travaux d'art; ils y appliqueront leur âme, et rechercheront ensemble la loi du Très-Haut.
Note Sir. 38,39 : Ils affermiront, etc. ; c’est-à-dire qu’ils maintiendront les choses de ce monde, en réparant celles qui se détériorent, et en remplaçant, par de nouvelles, celles qu’un long usage détruit ; mais en travaillant ainsi aux ouvrages de leur art, ils prieront Dieu, etc.

Chapitre 39

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Chap. : 
Occupation du sage ; gloire qui l’accompagne.
Les Israélites exhortés à bénir le Seigneur dans ses ouvrages.
Dieu récompense les bons et punit les méchants.
Toutes les créatures exécutent ses ordres.
1 Le sage recherchera la sagesse de tous les anciens, et il vaquera à l'étude des prophètes.2 Il conservera les récits des hommes célèbres, et il entrera en même temps dans les mystères des paraboles.
Note Sir. 39,2 : Les mystères ; littéralement les subtilités (versutias). La science la plus en vogue parmi les sages, chez les Hébreux, était de savoir parler en sentences, de proposer des énigmes et de les résoudre ; mais les artisans et les personnes peu instruites ne s’en occupaient pas. Voir Ecclésiastique, 20, 22 ; 38, 38 ; Proverbes, 26, 7.
3 Il pénétrera les secrets des proverbes, et il vivra avec ce qu'il y a de caché dans les paraboles.4 Au milieu des grands, il exercera son ministère, et en présence du gouverneur, il paraîtra.5 Il sera dans les terres des nations étrangères ; car il fera l'épreuve des biens et des maux parmi les hommes.
 
6 Il appliquera son cœur à veiller dès le point du jour pour le Seigneur qui l'a fait, et il priera en présence du Très-Haut avec instance.7 Il ouvrira sa bouche pour le prier, et pour ses péchés il priera avec instance.8 Car, si le Seigneur souverain le veut, de l'esprit d'intelligence il le remplira ;9 Et lui, comme la pluie, répandra les paroles de sa sagesse, et dans la prière il louera le Seigneur;10 Et le Seigneur dirigera ses conseils et ses instructions ; et lui méditera sur les secrets du Seigneur.11 Il publiera lui-même la discipline de sa doctrine, et dans la loi de l'alliance du Seigneur il mettra sa gloire.
Note Sir. 39,11 : La discipline de sa doctrine ; les instructions qu’il a apprises.
 
12 Beaucoup loueront, de concert, sa sagesse, et jamais elle ne sera effacée.13 Sa mémoire ne disparaîtra pas, et son nom sera répété de génération en génération.
Note Sir. 39,13 : Ne disparaîtra pas ; littéralement ne se retirera pas, ne s’éloignera pas de l’esprit.
14 Les nations raconteront sa sagesse, et l'assemblée publiera sa louange.15 S'il demeure longtemps en vie, il laissera un nom plus que mille autres, et s'il se repose, il sera heureux.
Note Sir. 39,15 : S’il se repose ; c’est-à-dire s’il meurt jeune ; car l’expression si requieverit, de la Vulgate, est en opposition avec la précédente si permanserit. ― Il sera heureux ; dans l’espérance d’une vie meilleure que celle-ci.
 
16 Je me consulterai encore, afin de publier mes inspirations ; car je suis rempli d'une sainte fureur.17 De vive voix elle dit : Écoutez-moi, germes divins ; fructifiez comme une rose plantée près du courant des eaux.
Note Sir. 39,17 : Elle. Ce pronom se rapporte à fureur, du verset précédent. ― Germes divins ; fils de Dieu ; ce sont les Israélites.
18 Comme le Liban ayez une odeur de suavité.
Note Sir. 39,18 : Comme le Liban, etc. Les voyageurs louent encore aujourd’hui l’odeur agréable et fortifiante qu’on respire sur le Liban. ― D’après le grec, le Liban signifie ici l’encens.
 
19 Portez des fleurs comme le lis; donnez de l'odeur et couvrez-vous d'un feuillage gracieux ; louez de concert en chantant un cantique, et bénissez le Seigneur dans ses œuvres.
Note Sir. 39,19 : Feuillage gracieux ; agréable ; littéralement et par hébraïsme, pour la grâce, l’agrément. ― En chantant ; expression évidemment sous-entendue ; car le mot cantique (canticum) ne saurait être grammaticalement le régime de louez de concert (collaudate) qui précède. Voir sur ce genre de construction le 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes.
20 Rendez gloire à son nom, et glorifiez-le par la voix de vos lèvres, par les cantiques de vos lèvres et par vos harpes ; et ainsi vous direz en le glorifiant :21 Les œuvres du Seigneur sont toutes excellentes.
Note Sir. 39,21 : Les œuvres, etc. Comparer à Genèse, 1, 31 ; Marc, 7, 37.
22 A sa parole, l'eau s'est arrêtée comme un monceau, et au discours de sa bouche, comme un réservoir d'eaux ;
Note Sir. 39,22 : Voir Genèse, 8, 3. ― A sa parole, etc. Comparer à Genèse, 7, 18 ; Exode, 14, 21 ; Josué, 3, 16.
23 Car à son commandement se fait le calme, et il n'est pas d'amoindrissement dans le salut qu'il accorde.24 Les œuvres de toute chair sont devant lui, et rien n'est caché à ses yeux.
Note Sir. 39,24 : Toute chair ; hébraïsme, pour tous les hommes.
 
25 D'un siècle jusqu'à un autre siècle, il porte ses regards ; et rien n'est merveilleux en sa présence.26 Il ne faut pas dire : Qu'est ceci ou qu'est cela? car toutes choses en leur temps seront examinées.
Note Sir. 39,26 : Seront examinées ; littéralement cherchées, interrogées, questionnées, (quærentur) ; et c’est alors qu’on verra pourquoi est ceci, pourquoi est cela. Ce sens revient à celui du texte grec et de la version Sixtine, qui portent : Toutes choses ont été crées pour leurs usages.
27 Sa bénédiction comme un fleuve a débordé ;
 
28 De même que le déluge a inondé la terre, de même sa colère aura pour héritage les nations qui ne l'ont pas cherché.
Note Sir. 39,28 : Voir Genèse, 7, 21.
29 De même qu'il a converti les eaux en un lieu sec, et que la terre a été desséchée et que ses voies furent dirigées pour leurs voies ; de même pour les pécheurs elles sont des sujets de chute dans sa colère.
Note Sir. 39,29 : Il a converti, etc. ; lorsque les Israélites traversèrent la mer Rouge à pied sec (voir Exode, 14, 21-22). ― Ses voies, etc. Dieu dirigea ses voies de manière à favoriser les voies des Hébreux, en leur faisant trouver un passage libre au fond de la mer, et en y noyant les Egyptiens qui les poursuivaient. ― Elles ; c’est-à-dire les voies de Dieu, dont on vient de parler.
30 Les biens pour les bons ont été créés dès le commencement ; de même pour les méchants les biens et les maux.31 Le commencement du nécessaire pour la vie de l'homme, c'est l'eau, le feu et le fer, le sel, le lait et le pain de fleur de farine, le miel et la grappe de raisin, l'huile et le vêtement.
Note Sir. 39,31 : Voir Ecclésiastique, 29, 28.
 
32 Toutes ces choses sont des biens pour les saints, de même que pour les impies et les pécheurs elles seront converties en maux.
Note Sir. 39,32 : Sont des biens ; littéralement et par hébraïsme, sont en ou pour les biens.
33 Il y a des esprits qui, pour la vengeance, ont été créés, et par leur fureur ils ont augmenté leurs tourments.
Note Sir. 39,33 : Leurs tourments ; les tourments qu’ils font souffrir aux impies et aux pécheurs. Comparer au verset précédent.
34 Au temps de la consommation ils déploieront leur puissance, et ils apaiseront la fureur de celui qui les a faits.
Note Sir. 39,34 : De la consommation ; de la dernière vengeance, de l’extermination des méchants. Comparer à Psaumes, 58, 14 ; Jérémie, 30, 11, etc.
35 Le feu, la grêle, la faim et la mort, toutes ces choses pour la vengeance ont été créées;36 Ainsi que les dents des bêtes sauvages, et les scorpions, et les serpents, et l'épée à deux tranchants qui punit jusqu'à extermination les impies.
Note Sir. 39,36 : Les scorpions. Voir plus haut, Ecclésiastique, 26, 10.
37 Dans ses commandements ils se réjouiront comme en un festin, et sur la terre ils seront prêts à servir au besoin, et en leur temps ils n'oublieront passa parole.
Note Sir. 39,37 : Ses et sa ; pronoms, qui remplacent l’expression du Seigneur.
38 A cause de cela, dès le commencement je me suis affermi, et j'ai tenu conseil, et j'ai réfléchi, et j'ai laissé des écrits,39 Toutes les œuvres du Seigneur sont bonnes, et il mettra chaque œuvre en son temps en usage,
Note Sir. 39,39 : Voir Genèse, 1, 31 ; Marc, 7, 37.
40 Il ne faut pas dire : Ceci est plus mal que cela ; car toutes choses en leur temps seront trouvées bonnes.41 Et maintenant, de tout cœur et de bouche, louez de concert et bénissez le nom du Seigneur.

Chapitre 40

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Chap. : 
Misères communes à tous les hommes.
Sort funeste des richesses injustes.
Avantage de la crainte du Seigneur.
Ne pas mener une vie de mendiant.
1 Une grande occupation a été créée pour tous les hommes, et un joug pesant est sur les fils d'Adam, depuis le jour de la sortie du sein de leur mère jusqu'au jour de la sépulture, dans la mère de tous.
Note Sir. 40,1 : La mère de tous ; la terre.
2 Leurs pensées et les craintes du cœur, les imaginations de l'espérance, et le jour de la mort;
 
3 Depuis celui qui est assis sur un trône de gloire, jusqu'à celui qui est couché sur la terre et la cendre ;4 Depuis celui qui est vêtu d'hyacinthe et qui porte la couronne, jusqu'à celui qui n'est couvert que d'une toile crue, la fureur, la jalousie, le trouble, l'agitation et la crainte de la mort, la colère persévérante et les querelles,5 Au temps même du repos, sur la couche, le sommeil de la nuit, tout cela change les idées de l'homme.
Note Sir. 40,5 : Trouble (immutat) ; verbe au singulier, qui a pour sujet la fureur, la jalousie, etc., du verset 4 ; voilà pourquoi nous avons ajouté tout cela. ― De l’homme, qui est assez clairement indiqué dans ce qui précède ; littéralement de lui (ejus).
6 Il est peu, presque point en repos, et même dans son sommeil, de lui s'échappe comme pendant le jour un regard jeté en arrière.7 Il a été troublé par les visions de son cœur, comme celui qui s'est sauvé au jour du combat. Au moment où il était en sûreté, il s'est levé, et s'est étonné de ce qu'il n'y avait aucun sujet de crainte.
Note Sir. 40,7 : Son cœur ; pour son esprit. Les Hébreux donnaient le nom de cœur à l’intelligence, à l’esprit, à l’âme, aussi bien qu’à la volonté, à la vie, etc. ― Au moment, etc. Au moment où, dans son rêve, il croyait avoir échappé à tout danger, il s’est réveillé, tout surpris d’avoir eu des frayeurs sans aucun fondement.
8 Avec toute chair, depuis l'homme jusqu'à la bête, il en est ainsi, et avec les pécheurs c'est le septuple.9 De plus, la mort, le sang, les querelles et l'épée à deux tranchants, l'oppression, la faim et la ruine et les fléaux;
Note Sir. 40,9 : Voir Ecclésiastique, 39, 35-36.
10 Contre les iniques ont été créées toutes ces choses, et à cause d'eux est arrivé le déluge.
Note Sir. 40,10 : Voir Genèse, 7, 10.
 
11 Tout ce qui est de la terre, dans la terre retournera; et toutes les eaux reviendront dans la mer.12 Tout présent et toute iniquité périra, mais la bonne foi éternellement subsistera.
Note Sir. 40,12 : Tout présent injuste ; c’est-à-dire reçu par des juges injustes. ― Toute. Dans le style biblique l’adjectif tout, toute, exprimé dans le premier membre d’une phrase, est sous-entendu dans le second. Le contexte autorise à croire que cet idiotisme est applicable ici.
13 Les biens des injustes, comme un fleuve, sécheront, et comme un grand tonnerre pendant la pluie, ils retentiront.14 En ouvrant ses mains il se réjouira ; de même les prévaricateurs, à la fin ils périront.
Note Sir. 40,14 : En ouvrant ses mains pour recevoir des présents.
15 Les petits-fils des impies ne multiplieront point leurs rameaux ; et les racines impures sur le sommet d'un rocher font du bruit.
Note Sir. 40,15 : Impures ; mauvaises, desséchées. ― Font du bruit ; quand on les rompt, précisément parce qu’elles sont desséchées, et par là même très dures.
16 La verdure qui croît sur toute eau et sur le bord d'un fleuve, avant toute sorte de foin sera arrachée.17 La bienfaisance est comme un paradis béni ; et la miséricorde éternellement durera.
Note Sir. 40,17 : Béni ; littéralement dans ou avec des bénédictions. Les adjectifs sont souvent remplacés, en hébreu, comme en arabe, par un substantif précédé d’une préposition.
 
18 La vie d'un ouvrier qui se suffit à lui-même sera remplie de douceur, et dans cette vie tu trouveras un trésor.19 Les fils et la fondation d'une cité assureront un nom; mais au-dessus de ces biens sera estimée une femme sans tache,20 Le vin et la musique réjouissent le cœur; mais au-dessus de l'un et de l'autre est l'amour de la sagesse.21 Les flûtes et le psaltérion font une douce mélodie; mais au-dessus de l'un et de l'autre est une langue douce.22 Ton œil désirera la grâce et la beauté, mais au-dessus de ces choses, des semailles verdoyantes.23 Un ami et un ami, dans l'occasion, se viendront en aide; mais plus que l'un et l'autre, une femme le fera avec son mari.24 Les frères sont un secours au temps de la tribulation ; mais plus qu'eux la miséricorde sauvera.
Note Sir. 40,24 : Sont un secours ; littéralement et par hébraïsme, en un secours.
25 L'or et l'argent sont la consistance des pieds ; mais au-dessus de l'un et de l'autre est un bon conseil.
Note Sir. 40,25 : La consistance des pieds (constitutio pedum) ; c’est-à-dire un puissant appui.
26 Les richesses et les forces exaltent le cœur ; mais au-dessus de ces choses est la crainte du Seigneur.27 Il n'y a pas dans la crainte du Seigneur de détriment, et il n'est pas besoin, dans cette crainte, de chercher du secours.
Note Sir. 40,27 : Il n’y a pas dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on ne souffre aucun dommage, rien ne manque.
 
28 La crainte du Seigneur est comme un paradis de bénédiction, et il a été couvert d'une gloire au-dessus de toute gloire.
Note Sir. 40,28 : Il a été couvert ; le paradis.
29 Mon fils, durant le temps de ta vie, ne mendie point ; car il vaut mieux mourir que mendier.
Note Sir. 40,29 : Ne mendie pas. L’auteur parle ici de la mendicité exercée par paresse ou par oisiveté.
30 L'homme qui porte ses regards sur la table d'autrui, n'emploie pas sa vie à songer à son existence : car il se nourrit des vivres d'autrui.31 Mais l'homme réglé et bien instruit se gardera de ces choses.32 Dans la bouche d'un imprudent sera douce l'indigence, et dans ses entrailles un feu brûlera.
Note Sir. 40,32 : Un feu produit par l’avidité de manger.

Chapitre 41

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Chap. : 
Souvenir de la mort doux ou amer.
L’opprobre et la malédiction sont le partage des méchants.
Bonne réputation préférable aux richesses.
Diverses choses dont on doit rougir.
1 Ô mort, que ton souvenir est amer à l'homme qui jouit de la paix au milieu de ses biens ;
Note Sir. 41,1 : La paix. Par ce mot les Hébreux désignaient une prospérité complète, toute sorte de biens.
 
2 A l'homme tranquille et dont les voies ont été dirigées en toutes choses, et qui peut encore goûter la nourriture !
 
3 Ô mort, bon est ton jugement pour l'homme indigent, et dont les forces diminuent ;
Note Sir. 41,3 : Jugement ; c’est-à-dire sentence, arrêt.
4 Qui est dans la défaillance de l'âge, à qui tout est souci, qui n'a point de confiance, qui perd la patience !
 
5 Ne redoute pas le jugement de la mort. Souviens-toi des choses qui ont été avant toi et de celles qui te surviendront; ce jugement est celui du Seigneur pour toute chair.6 Or, que te surviendra-t-il par la volonté du Très-Haut? ou dix ou cent ou mille ans.7 Car il n'y a pas dans l'enfer de plainte sur la durée de la vie.
Note Sir. 41,7 : Car il n’y a pas, etc. On ne se plaint pas en enfer, c’est-à-dire parmi les morts, dans l’autre vie, d’avoir vécu peu ou longtemps, mais d’avoir mal vécu.
 
8 Les fils des pécheurs deviennent des fils d'abominations, ainsi que ceux qui fréquentent les maisons des impies.9 Des fils des pécheurs périra l'héritage, et à leur race s'attachera un opprobre perpétuel.10 D'un père impie se plaignent ses fils, parce qu'à cause de lui ils sont en opprobre,
 
11 Malheur à vous, hommes impies, qui avez abandonné la loi du Dieu très haut !12 Si vous naissez, c'est dans la malédiction que vous naîtrez, et si vous mourez, dans la malédiction sera votre partage.
Note Sir. 41,12 : Si vous naissez, etc. ; c’est-à-dire votre naissance et votre mort sont maudites, à cause des impiétés que vous commettez volontairement pendant votre vie.
13 Tout ce qui est de la terre, dans la terre retournera ; ainsi les impies, de la malédiction iront dans la perdition.
Note Sir. 41,13 : Voir Ecclésiastique, 40, 11.
 
14 Le deuil des hommes se fait autour de leur corps ; mais le nom des impies sera effacé.
 
15 Aie soin d'une bonne renommée ; car ce bien sera plus durable pour toi que mille trésors les plus précieux et les plus grands ;
 
16 La bonne vie n'a qu'un nombre de jours ; mais la bonne renommée demeurera pour toujours.
 
17 Gardez en paix la doctrine, ô mes fils, car une sagesse cachée et un trésor inconnu, quel avantage y a-t-il dans l'une et dans l'autre?
Note Sir. 41,17 : Voir Ecclésiastique, 20, 32.
18 Vaut mieux un homme qui cache sa folie qu'un homme qui cache sa sagesse.
Note Sir. 41,18 : Qui cache sa sagesse ; qui n’en fait pas d’usage pour se perfectionner lui-même, ou pour travailler à la perfection des autres.
19 Ainsi donc ayez de la déférence pour les paroles qui sortent de ma bouche.20 Car il n'est pas bon d'avoir toute espèce de déférence ; et toutes choses ne plaisent pas à tous en bonne foi.
Note Sir. 41,20 : Toutes choses, etc. Le sens est : Tous ne sont pas de bonne foi, quand ils disent ce qui leur plaît ou leur déplaît.
21 Rougissez devant votre père et votre mère de la fornication; et devant celui qui gouverne, et devant celui qui est puissant, du mensonge ;22 Devant le prince et devant le juge, d'une faute ; devant l'assemblée et le peuple, de l'iniquité ;23 Rougis devant ton compagnon et ton ami, de l'injustice ; et du lieu dans lequel tu habites,24 Du larcin, de la vérité de Dieu et de son alliance ; de te coucher au milieu des pains, et d'user de tromperie dans ce que tu donnes et ce que tu reçois ;
Note Sir. 41,24 : De la vérité, etc. Rougis de ce que tu violes la vérité de Dieu par le mensonge, et son alliance par les autres péchés qui sont défendus dans sa loi. ― De te coucher au milieu des pains (de discubitu in panibus) ; c’est-à-dire de mettre ton coude sur la table et de t’y appuyer ; ce qui était regardé comme une grande impolitesse.
25 De ne pas répondre à ceux qui te saluent, de jeter les yeux sur une femme prostituée, et de détourner ton visage d'un de tes proches.26 Ne détourne pas ta face de ton prochain, et garde-toi d'enlever sa part et de ne pas la lui rendre.27 Ne regarde pas la femme d'un autre homme, et ne sonde pas sa servante, et ne te tiens pas auprès de son lit.
Note Sir. 41,27 : Voir Matthieu, 5, 28.
28 Rougis devant tes amis de dire des paroles offensantes ; et lorsque tu as donné quelque chose, ne le reproche pas.

Chapitre 42

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Chap. : 
Plusieurs choses dont il ne faut pas rougir.
Attention qu’un père doit avoir pour ses filles.
Fuir la compagnie des femmes.
Louanges des œuvres du Seigneur.
1 Ne répète pas les paroles que tu as entendues, pour révéler ce qui est secret, et tu seras vraiment sans confusion, et tu trouveras grâce aux yeux de tous les hommes; ne rougis pas de toutes ces choses que je vais te dire; et ne fais acception de personne pour pécher.
Note Sir. 42,1 : Ne répète pas, etc. C’est la continuation du discours sur les choses dont on doit avoir honte. ― Pour pécher ; jusqu’à commettre le péché. ― Acception de personne ; c’est-à-dire l’injuste préférence que l’on donne à une personne au préjudice d’une autre est un péché grave, sévèrement condamné dans l’Ancien dans le nouveau Testament. Comparer à Lévitique, 19, 15 ; Deutéronome, 1, 17 ; 16, 19 ; Proverbes, 24, 23 ; Jacques, 2, 1.
 
2 Ne rougis pas de la loi du Très-Haut et de son alliance, ni d'un jugement pour justifier l'impie ;
Note Sir. 42,2 : Ni d’un jugement, etc. ; c’est-à-dire ne rougis pas de condamner un jugement où l’on voudrait absoudre un impie.
3 Ni d'une affaire entre tes amis et des voyageurs, ni de la donation d'un héritage en faveur de tes amis ;
Note Sir. 42,3 : D’une affaire ; littéralement d’une parole (de verbo). Dans le texte hébreu, ainsi que dans les Septante et la Vulgate, le mot parole signifie aussi chose, affaire. ― Des voyageurs ; des étrangers qui passent. Comparer à Deutéronome, 1, 16.
4 Ni de la justesse de la balance et des poids ; de l'acquisition de beaucoup ou de peu de choses;5 Ni de la corruption de la vente et des marchands, ni d'une grande instruction pour tes fils ; ni d'ensanglanter les flancs à un très méchant esclave.
Note Sir. 42,5 : De la corruption, etc. ; d’empêcher la corruption, l’injustice qui se commet entre les vendeurs et les acheteurs.
6 Sur une femme méchante il est bon de mettre un sceau.
Note Sir. 42,6 : Sur une femme, etc. ; il est bon de tenir enfermée une femme légère dans ses mœurs.
7 Où il y a beaucoup de mains, enferme, et tout ce que tu livreras, compte et pèse-le; mais ce que tu donneras et recevras, écris-le tout.8 Ne rougis point de la correction de l'insensé et de l'imprudent, ni des vieillards qui sont jugés par de jeunes gens, et tu seras bien instruit en toutes choses, et approuvé en présence de tous les hommes.
Note Sir. 42,8 : Ni des vieillards ; c’est-à-dire ni de soutenir des vieillards.
 
9 La fille cachée chez son père est un sujet de vigilance, et la sollicitude qu'elle lui donne lui enlève le sommeil ; dans la crainte que, sans être mariée, elle ne devienne adulte, et que demeurant avec son mari, elle ne lui devienne odieuse;
Note Sir. 42,9 : La fille cachée chez son père, qui n’est pas encore sortie de la maison paternelle, qui n’est pas encore mariée. Chez les Hébreux les jeunes filles demeuraient toujours cachées et éloignées du commerce et de la vue des hommes jusqu’au moment où elles étaient conduites dans la maison de leur mari. ― Sans être mariée ; littéralement dans son adolescence ; c’est-à-dire dans son état de simple adolescente, de simple fille ; ce qui était un déshonneur même pour le père. Comparer à 1 Corinthiens, 7, 36.
10 Qu'un jour elle ne soit souillée dans sa virginité, et que dans la maison paternelle elle ne soit trouvée enceinte; que demeurant avec son mari, elle ne transgresse la loi, ou que certainement elle ne soit rendue stérile.11 Sur une fille luxurieuse, exerce une surveillance sévère, de peur quelle ne te fasse devenir un sujet d'opprobre devant tes ennemis, à cause de la médisance de la cité, de l'accusation du peuple, et qu'elle ne te couvre de confusion au milieu de la multitude du peuple.
 
12 Ne fais attention à personne à cause de sa beauté, et ne demeure pas au milieu des femmes ;13 Car des vêtements provient la teigne, et de la femme l'iniquité de l'homme.14 Car vaut mieux l'iniquité d'un homme, qu'une femme qui fait du bien et qu'une femme qui, en couvrant de confusion, attire l'opprobre.
Note Sir. 42,14 : Vaut mieux, etc. ; il vaut mieux avoir à souffrir l’injustice d’un homme que de recevoir des bienfaits d’une femme, qui pourrait les faire payer bien cher. ― Et qu’une femme, etc. La plupart des traducteurs et des interprètes regardent cette dernière phrase comme un simple explicatif ; de sorte qu’il ne s’agirait que d’une seule et même femme ; la teneur du texte, qui est la même dans le grec et dans la version Sixtine, nous semble s’y opposer.
 
15 Je me souviendrai donc des œuvres du Seigneur, et les choses que j'ai vues, je les annoncerai; dans les paroles du Seigneur sont ses ouvrages.
Note Sir. 42,15 : Dans les paroles du Seigneur ; c’est-à-dire dans les divines Ecritures sont racontées ses œuvres ; ou selon d’autres, par la parole du Seigneur sont produites, conservées et gouvernées ses œuvres ; mais nous pensons avec Bossuet que la première interprétation est plus conforme à ce qui suit.
16 Le soleil en éclairant porte en tous lieux ses regards, et la gloire du Seigneur, remplit ses œuvres.
Note Sir. 42,16 : Le soleil répand partout sa lumière ; la gloire du Seigneur se répand dans tous ses ouvrages. Comparer à Psaumes, 18, 5-6 ; Habacuc, 3, 3.
17 Est-ce que le Seigneur n'a pas fait que les saints ont raconté toutes ses merveilles, qu'il a confirmées, lui, le Seigneur tout-puissant, pour qu'elles soient stables dans sa gloire?
Note Sir. 42,17 : Les saints ; probablement les prophètes et les autres écrivains divinement inspirés.
 
18 Il a sondé l'abîme et l'âme des hommes, et a pénétré par sa pensée dans leur finesse.19 Car le Seigneur connaît toute science et voit dans les signes des temps, annonçant les choses qui sont passées et celles qui doivent survenir, découvrant les traces des choses cachées.20 Aucune pensée ne lui échappe, et aucune parole ne se dérobe à sa vue.
 
21 Il a rehaussé les grandeurs de sa sagesse, lui qui est avant le siècle passé et jusqu'au siècle futur, rien ne lui a été ajouté,
Note Sir. 42,21 : Qui est avant, etc. ; qui est avant tous les siècles, et qui sera dans tous les siècles.
22 Et il n'éprouve pas de diminution, et il n'a besoin du conseil de personne.23 Combien désirables sont ses œuvres ! et c'est comme une étincelle, ce qu'on peut en considérer.24 Toutes ces œuvres vivent et demeurent pour jamais, et en toute circonstance nécessaire, toutes lui obéissent.25 Toutes choses sont doubles, l'une est opposée à l'autre, mais il n'a rien fait de défectueux.
Note Sir. 42,25 : Sont doubles ; comme composés de deux. Voir pour ce mot et les suivants, Ecclésiastique, 33, 15. ― Il n’a rien fait de défectueux ; au contraire cette diversité et cette opposition dans les choses de la nature, entretient entre elles un ordre et une harmonie admirables, qui prouvent la puissance et la sagesse de Dieu.
26 Il a affermi ce que chacune de ces choses a de bon. Et qui se rassasiera en voyant sa gloire?
Note Sir. 42,26 : Il a affermi, etc. Dieu a donné à chaque être des qualités prédominantes qui le conservent contre ceux qui lui sont opposés. Dans l’un, domine l’humide pour résister au sec ; dans l’autre, le feu pour résister à l’eau, et ainsi de tous les contraires.

Chapitre 43

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Chap. : 
Grandeur de Dieu marquée dans ses ouvrages.
Le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, l’arc-en-ciel, les éclairs, le tonnerre, la neige, la grêle, la glace, la mer et les poissons qu’elle renferme, montrent la puissance du Seigneur.
Le Seigneur est au-dessus de toute louange.
1 Le firmament élevé est sa beauté; l'aspect du ciel fait voir sa gloire.
Note Sir. 43,1 : Ce verset paraît être la continuation du précédent. ― Le firmament élevé ; littéralement, et par hébraïsme, le firmament de l’élévation, de la hauteur. ― Sa beauté (pulchritudo ejus) ; le pronom représente le mot Seigneur, comme dan l’expression sa gloire (gloriam ejus) du verset précédent. ― L’aspect, etc. ; littéralement L’aspect du ciel est dans la vision de sa gloire, est mis par hypallage pour la vision de la gloire est dans l’aspect du ciel.
2 Le soleil paraissant à sa sortie annonce le jour, instrument admirable, œuvre du Très-Haut.
Note Sir. 43,2-5 : Description du soleil. « Que de beautés renfermées et comme voilées dans ce petit nombre de paroles ! dit Rollin. Peut-on concevoir avec quelle pompe et quelle profusion le soleil commence sa course, de quelles couleurs il embellit la nature, et de quelle magnificence il est lui-même revêtu en s’élevant sur l’horizon ? Il allie avec la majesté et les grâces d’un époux (voir Psaumes, 18, 6) la course rapide d’un géant, qui songe moins à plaire qu’à porter partout la nouvelle du prince qui l’envoie et qui est moins occupé de sa parure que de son devoir… Sa lumière est encore aussi vive et aussi abondante qu’au premier jour, sans que ce déluge continuel de feu, qui se répand de toutes parts, ait affaibli la source incompréhensible d’une profusion si pleine et si précipitée. Le prophète a bien raison de s’écrier : Grand est le Seigneur qui l’a fait ! Quelle est la majesté du créateur et qui doit-il être lui-même, puisque ses ouvrages sont si magnifiques ! »
3 En son midi, il brûle la terre, et en présence de son ardeur qui pourra résister? Il conserve une fournaise dans tous les effets de son ardeur ;4 Triplement le soleil brûle les montagnes ; il souffle des rayons de feu, et resplendissant par ses rayons, il éblouit les yeux.
Note Sir. 43,4 : Triplement ; d’un triple feu, d’un feu très ardent.
5 Grand est le Seigneur qui l'a fait ; et à sa parole il a hâté son cours,
 
6 Et la lune, dans toutes ses phases, dans sa période est la marque du temps et le signe de l'âge.7 De la lune vient le signe du jour de fête ; c'est un luminaire qui diminue à son plein.
Note Sir. 43,7 : De la lune, etc. ; c’est la lune qui fixe les jours de fête. ― A son plein (in consummatione) ; selon d’autres, jusqu’à son déclin entier, sa disparition complète. A la vérité le consummatio de la Vulgate et le suntéléïa du texte grec signifient l’un et l’autre ; mais la construction de la phrase favorise le premier sens.
8 Le mois est appelé selon son nom, et elle croît admirablement jusqu'à son plein.
Note Sir. 43,8 : Le mois est appelé, etc. ; ce qui, selon les uns, est une allusion d’étymologie, parce qu’en effet dans le grec mên, c’est-à-dire mois, vient de mênê, lune, et, selon les autres, signifie simplement et sans égard à l’étymologie, que la lune donne le nom au mois ; la première lune au premier mois, la seconde au second, etc.
9 L'appareil d'un camp dans les lieux les plus élevés, dans le firmament du ciel resplendit glorieusement.10 C'est la beauté du ciel que l'éclat des étoiles; le Seigneur illumine le monde aux lieux les plus élevés.
 
11 A la parole du saint, elles se tiendront prêtes pour le jugement, et elles ne défaudront pas dans leurs veilles.12 Vois l'arc-en-ciel, et bénis celui qui l'a fait ; il est très-beau dans son éclat.
Note Sir. 43,12 : Voir Genèse, 9, 13.
 
13 Il a fait le tour du ciel dans le cercle de sa gloire ; les mains du Très-Haut l'ont étendu,14 Par son ordre, le Très-Haut a accéléré la neige, et il se hâte de lancer les éclairs de son jugement.
Note Sir. 43,14 : Les éclairs de son jugement ; pour l’exécution de ses jugements.
15 C'est pour cela qu'ont été ouverts ses trésors, et les nuages ont volé comme des oiseaux.16 Dans sa grandeur il a posé les nuées, et des pierres de grêle se sont brisées.
Note Sir. 43,16 : Se sont brisées ; sont sorties avec impétuosité des nuées.
17 En sa présence, les montagnes seront ébranlées, et par sa volonté soufflera le vent du midi.18 La voix de son tonnerre ainsi que la tempête de l'aquilon et le tourbillon du vent frappera la terre ;19 Et il répand la neige comme l'oiseau qui s'abat pour se reposer, et comme la sauterelle qui précipite sa descente.
 
20 L'œil admirera l'éclat de sa blancheur, et le cœur sera épouvanté de l'eau qu'elle renferme.21 Comme du sel, il répandra la gelée sur la terre, et tandis que la gelée se glacera, elle deviendra comme des pointes de chardons.22 Le vent froid, l'aquilon a soufflé, et l'eau s'est congelée en cristal ; la gelée se reposera sur tout amas d'eaux, et elle se revêtira des eaux comme d'une cuirasse.23 Elle dévorera les montagnes, elle brûlera le désert et elle desséchera comme par le feu ce qui est vert.24 Le remède à tous ces maux, c'est l'apparition prompte d'une nuée ; et une rosée provenant d'une chaleur qui arrive, affaiblira l'eau congelée.
Note Sir. 43,24 : L’eau congelée ; littéralement lui (eum) ; ce pronom représente le nom cristal (crystallus) du verset 22, nom que l’auteur a donné à l’eau congelée.
25 A sa parole, le vent s'est tu, et par sa pensée il a apaisé l'abîme, et le Seigneur y a fondé des îles.26 Que ceux qui naviguent sur la mer en racontent les périls, et, en les écoutant de nos oreilles, nous serons ravis d'admiration.
 
27 Là sont de brillantes œuvres et des merveilles, les différents genres des bêtes et de tous les animaux domestiques et des créatures monstrueuses.28 Par lui la fin du chemin de chaque chose a été solidement établie, et par sa parole elles ont été disposées toutes.29 Nous dirons beaucoup de choses et les paroles nous manqueront ; mais la conclusion des discours est que Dieu est en toutes choses.30 Pour le glorifier, que pourrons-nous dire ? car lui Tout-Puissant est au-dessus de toutes ses œuvres.31 Terrible est le Seigneur, grand souverainement, et merveilleuse est sa puissance.32 Glorifiez le Seigneur autant que vous pourrez ; car sa gloire l'emportera encore, et admirable est sa magnificence.33 En bénissant le Seigneur, exaltez-le autant que vous pouvez; car il est au-dessus de toute louange.34 En l'exaltant, recueillez toutes vos forces, ne vous lassez point; car vous ne parviendrez pas à l'exalter dignement.35 Qui le verra et le racontera? Qui le louera selon ce qu'il est dès le commencement?
Note Sir. 43,35 : Voir Psaumes, 105, 2.
36 Beaucoup de choses cachées sont plus grandes que celles que nous voyons; car nous avons vu peu de ses œuvres.37 Mais le Seigneur a fait toutes choses, et à ceux qui agissent pieusement il a donné la sagesse.

Chapitre 44

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Chap. : 
Eloge des patriarches et des grands hommes de la nation des Hébreux, et particulièrement d’Hénoch, de Noé, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de Joseph.
1 Louons des hommes glorieux dans leur génération, et qui sont nos pères.
Note Sir. 44,1-15 : Invitation générale à louer les patriarches.
Note Sir. 44,1 : Louons, etc. La même pensée est reproduite au verset 15, et en plusieurs autres endroits. Grotius, savant interprète protestant, dit que c’était la coutume parmi les Juifs de faire mémoire de ces grands hommes dans le temple de Jérusalem, et même dans les synagogues des autres villes, et que l’auteur donne ici des formules de la manière dont on pouvait, dans ces assemblées solennelles, faire leur éloge. Les hérétiques ne devraient donc pas trouver étonnant que l’Eglise de Jésus-Christ, dans la célébration des saints mystères, fasse mémoire des Apôtres, des martyrs et même de quelques justes de l’Ancien Testament. ― Dans leur génération ; dans leur siècle, à leur époque.
2 Le Seigneur leur a donné beaucoup de gloire dans sa magnificence dès le commencement du monde.
 
3 Ils ont dominé dans leurs royaumes, ces hommes grands en puissance, et pourvus de leur prudence, ils ont montré parmi les prophètes la dignité de prophètes.
Note Sir. 44,3 : Dans leurs royaumes ; littéralement dans leurs puissances ; suivant le grec et la version Sixtine, dans leur royaumes. Parmi les grands hommes de sa nation, le sage loue dans ce verset et les trois suivants, se trouvent des chefs de peuple, de puissants rois, de grands politiques, des prophètes, des sages, des savants, d’habiles musiciens, des poètes sacrés, des princes riches, pacifiques et heureux. ― Ils ont montré… la dignité de prophètes ; ils ont montré qu’ils étaient prophètes. En effet, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, etc. ont montré qu’ils avaient l’esprit de prophétie.
4 Et ils ont commandé au peuple de leur temps, et en vertu de leur prudence donné aux peuples de très saintes paroles.5 Dans leur habileté ils ont recherché les modes de la musique, et ils ont publié les cantiques des Ecritures.6 Hommes riches en puissance, ayant du goût pour la beauté, vivant en paix dans leurs maisons.7 Tous ceux-là au milieu des générations de leur nation ont acquis la gloire, et comme en leurs jours ils sont encore l'objet des louanges.
 
8 Ceux qui sont nés d'eux ont laissé un nom qui raconte leurs louanges;9 Et il en est d'autres dont il n'y a pas de souvenir; ils ont péri comme s'ils n'avaient pas été ; et ils sont nés, eux et leurs fils avec eux, comme s'ils n'étaient pas nés.10 Mais ces autres sont des hommes de miséricorde, et les œuvres de leur piété, n'ont pas manqué;
Note Sir. 44,10 : Ces autres (illi) ; c’est-à-dire les premiers dont il est question aux versets 7 et 8.
11 Avec leur postérité demeurent toujours leurs biens;12 C'est un héritage saint que leurs neveux; et leur postérité s'est maintenue dans les alliances;
Note Sir. 44,12 : Dans les alliances du Seigneur.
13 Et leurs fils à cause d'eux demeurent jusqu'à jamais ; et leur postérité ainsi que leur gloire ne sera pas abandonnée.14 Leurs corps ont été ensevelis en paix, et leur nom vit dans toutes les générations.
Note Sir. 44,14 : Dans toutes les générations ; littéralement et par hébraïsme, génération et génération.
15 Que les peuples racontent leur sagesse, et que l'assemblée publie leur louange.
 
16 Hénoch a plu à Dieu, et il a été transporté dans le paradis, pour annoncer aux nations la pénitence.
Note Sir. 44,16 : Dans le paradis terrestre, selon les uns ; dans le ciel, selon les autres. Quoi qu’il en soit, la tradition des chrétiens et des juifs est que Hénoch est encore vivant, et qu’il doit venir avant le jugement dernier pour combattre l’Antechrist. Comparer à Genèse, 5, vv. 22, 24 ; Hébreux, 11, 5 ; Apocalypse, 11, 3.
 
17 Noé a été trouvé juste, parfait, et au temps de la colère il est devenu la réconciliation.
Note Sir. 44,17 : Voir Genèse, 9, 9. ― Noé a été trouvé, etc. Voir Genèse, 6, 8 ; 7, 1. ― La réconciliation des hommes ; car c’est en lui que la race en a été conservée.
18 C'est pour cela qu'un reste fut laissé sur la terre, lorsqu'arriva le déluge.
Note Sir. 44,18 : Un reste ; un petit nombre d’hommes, quelques-uns.
 
19 Des alliances faites avec le monde il a été le dépositaire, afin que toute chair ne pût être exterminée par le déluge.
Note Sir. 44,19 : Voir Genèse, 6, 14 ; 7, 1. ― Des alliances, etc. Comparer à Genèse, 9, 14 ; Hébreux, 11, 7.
20 Abraham fut l'illustre père d'une multitude de nations, et il ne s'est pas trouvé de semblable à lui en gloire ; il a conservé la loi du Très-Haut, et il a fait alliance avec lui.
Note Sir. 44,20 : Abraham fut, etc. Comparer à Genèse, 12, 2 ; 15, 5 ; 17, vv. 4, 10. ― Père d’une multitude, c’est la signification du nom d’Abraham.
21 C'est dans sa chair que le Seigneur a imprimé son alliance, et dans la tentation il a été trouvé fidèle.
Note Sir. 44,21 : Voir Genèse, 17, 10 ; Galates, 3, 6. ― C’est dans sa chair ; par la circoncision. ― Dans la tentation ; dans l’épreuve à laquelle Dieu soumit sa foi et sa tendresse paternelle, en lui commandant d’immoler son fils Isaac. Voir Genèse, chapitre 22.
 
22 C'est pour cela que par serment il lui a donné de la gloire dans sa race, et de croître comme un amas de terre ;
Note Sir. 44,22 : Un amas de terre (terræ cumulum) ; le grec peut signifier la poussière de la terre ; le texte de la Genèse (voir Genèse, 13, 16), auquel le sage fait ici allusion, porte également la poussière de la terre.
 
23 Et comme les étoiles, d'élever sa postérité, d'étendre son héritage depuis une mer jusqu'à une mitre mer, et depuis un fleuve jusqu'aux limites de la terre.
Note Sir. 44,23 : Depuis une mer, etc. Ces paroles, qu’on lit expressément à Psaumes, 71, 8, sont équivalentes à celles que le Seigneur adressa à Abraham, après qu’il fut séparé de Loth (voir Genèse, 13, 14-15). ― Un fleuve ; l’Euphrate.
24 Et pour Isaac il a fait de même, à cause d'Abraham son père.25 Le Seigneur lui a donné la bénédiction de toutes les nations ; et il a confirmé son alliance sur la tête de Jacob ;
Note Sir. 44,25 : Lui ; à Isaac. La bénédiction de toutes les nations ; c’est-à-dire pour toutes les nations, par le Messie qui devait naître de sa race. ― Il a confirmé, etc. ; c’est-à-dire que les promesses faites à Abraham et transmises à Isaac sont passées de ce dernier à Jacob.
26 Et il l'a reconnu par ses bénédictions ; et il lui a donné l'héritage, et il a divisé sa part en douze tribus.
Note Sir. 44,26 : Il l’a reconnu pour le véritable héritier d’Abraham.
27 Et il lui a conservé des hommes de miséricorde, qui ont trouvé grâce aux yeux de toute chair.
Note Sir. 44,27 : De toute chair ; hébraïsme pour de tous les hommes.

Chapitre 45

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Chap. : 
Eloge de Moïse, d’Aaron, de Phinées.
Sacerdoce d’Aaron.
Punition de Coré, de Dathan et d’Abiron.
1 Chéri de Dieu et des hommes fut Moïse, dont la mémoire est en bénédiction.
Note Sir. 45,1 : Voir Exode, 11, 3.
2 Le Seigneur l'a fait semblable aux saints par la gloire, et il l'a exalté par la crainte de ses ennemis, et par ses paroles il a lui-même apaisé des monstres.3 Il l'a glorifié en présence des rois, et il lui a prescrit ses ordres devant son peuple, et il lui a montré sa gloire.
Note Sir. 45,3 : Voir Exode, 6, 7-8.
4 Par sa foi et sa douceur il l'a fait saint, et il l'a choisi d'entre toute chair.
Note Sir. 45,4 : Voir Nombres, 12, vv. 3, 7 ; Hébreux, 3, vv. 2, 5. ― Toute chair ; hébraïsme pour tous les hommes.
5 Car il l'a écouté et a entendu sa voix, et il l'a fait entrer dans la nuée.
 
6 Et il lui a donné devant son peuple ses préceptes, et la loi de vie et de science, pour apprendre à Jacob son alliance, et ses jugements à Israël.7 Il a élevé Aaron son frère, qui, comme lui, était de la tribu de Lévi ;8 Il a fait avec lui une alliance éternelle, il lui a donné le sacerdoce de son peuple, et il l'a rendu heureux par la gloire ;9 Et il l'a ceint d'une ceinture de gloire, et il l'a revêtu d'une robe de gloire, et l'a environné d'ornements précieux.
Note Sir. 45,9 : Il l’a ceint, etc. Voir sur les vêtements du grand-prêtre, Exode, chapitre 28. ― Précieux ; littéralement de vertu (virtutis) ; de qualité, de mérite, d’un grand prix.
10 Il lui a donné la robe qui descend jusqu'aux pieds, les caleçons et l'éphod, et il l'a entouré d'un grand nombre de sonnettes d'or tout autour;11 Pour faire du bruit dans sa marche, et faire entendre ce bruit dans le temple, comme un avertissement pour les fils de son peuple ;
Note Sir. 45,11 : Voir Exode, 28, 35.
12 Il lui a donné la robe sainte, ouvrage tissu d'or, d'hyacinthe et de pourpre, par un homme sage doué de jugement et de vérité;13 Ouvrage d'un ouvrier habile, en fil retors d'écarlate ; avec des pierres précieuses enchâssées dans l'or, et gravées par le travail d'un lapidaire, en mémoire des douzes tribus d'Israël.
Note Sir. 45,13 : Description du rational, sur lequel étaient gravés les noms des douze tribus.
 
14 Une couronne d'or surmontait sa mitre, marquée du signe de la sainteté et de la gloire de l'honneur, ouvrage précieux, et objet de désir pour les yeux par sa beauté.
Note Sir. 45,14 : Marquée, etc. ; sur laquelle était gravé le mot sainteté (voir Exode, 28, 36). ― La gloire de l’honneur ; c’est-à-dire une très grande gloire. En hébreu deux mots de même signification étant réunis forment un superlatif. Voir le 1° au milieu des Observations préliminaires des Psaumes. ― Précieux ; littéralement de vertu. Voir le verset 9. ― Objet, etc. ; littéralement désirs ornés des yeux.
15 D'aussi beaux vêtements, il n'y en a pas eu de pareils jusqu'à l'origine.
Note Sir. 45,15 : Jusqu’à l’origine ; c’est-à-dire en remontant jusqu’à l’origine, depuis l’origine du monde.
16 Aucun étranger n'en a été revêtu ; mais seulement ses fils et les fils de ses fils, dans tous les temps.
Note Sir. 45,16 : Non ; c’est-à-dire des vêtements dont il vient d’être parlé. Le mot illa de la Vulgate représente, non l’ablatif singulier féminin, mais l’accusatif pluriel neutre ; ce qui devient évident par la confrontation du texte grec.
17 Les sacrifices ont été consumés par le feu chaque jour.
 
18 Moïse lui a rempli les mains, et l'a oint de l'huile sainte.
Note Sir. 45,18 : Voir Lévitique, 8, 12. ― Lui a rempli, etc. ; en lui mettant dans les mains les instruments de son ministère, et les parties des victimes qui lui appartenaient ; ce qui était une partie de la cérémonie usitée pour la consécration des prêtres. De là vient que la Vulgate, à l’exemple des Septante, met ailleurs consacrer les mains, au lieu de remplir les mains, qui se trouve constamment dans l’hébreu.
19 Dieu a fait avec lui et avec sa race une alliance éternelle, et qui durera comme les jours du ciel, pour exercer le sacerdoce et chanter les louanges du Seigneur, et bénir solennellement son peuple en son nom.
Note Sir. 45,19 : Bénir solennellement ; vrai sens de glorificare dans ce passage. Le grec et la version Sixtine portent également bénir.
 
20 Il l'a choisi entre tous les vivants, pour offrir à Dieu le sacrifice, l'encens et la bonne odeur, en souvenir, pour l'apaiser en faveur de son peuple ;
Note Sir. 45,20 : La bonne odeur ; les parfums.
21 Et il lui a donné pouvoir sur ses préceptes, sur les dispositions de ses jugements pour apprendre à Jacob ses témoignages, et pour donner la lumière de sa loi à Israël.
Note Sir. 45,21 : Pouvoir sur, etc. ; le pouvoir, l’autorité d’interpréter et d’enseigner, etc. ― Ses témoignages ; ses commandements, sa loi. Voir sur le sens de témoignage, Psaumes, note 118.1. ― La lumière ; l’intelligence.
22 Contre lui se sont levés des étrangers, et par envie l'ont environné, dans le désert, des hommes qui étaient avec Dathan et Abiron, ainsi que la troupe furieuse de Coré.
Note Sir. 45,22 : Voir Nombres, 16, vv. 1, 3. ― Ainsi que la troupe, etc. ; est un des sujets ou nominatifs de ont environné.
 
23 Le Seigneur Dieu vit cela, et cela ne lui plut pas, et ils furent consumés par l'impétuosité de son courroux.24 Il fit contre eux des prodiges extraordinaires, il les consuma dans une flamme de feu.25 Et il augmenta la gloire d'Aaron, et il lui donna un héritage, et lui distribua les prémices des fruits de la terre.26 Il leur prépara en premier lieu une nourriture jusqu'à satiété; car ils doivent manger aussi des sacrifices du Seigneur, qui les lui a donnés ainsi qu'à sa postérité.
Note Sir. 45,26 : Leur ; c’est-à-dire aux enfants d’Aaron. ― En premier lieu (in primis) ; avant tout, principalement ; selon d’autres, dans les prémices ; mais le grec et la version Sixtine lisent comme la Vulgate, et non pas dans les prémices (in primitiis), comme au verset précédent. ― Jusqu’à satiété ; c’est-à-dire très abondamment.
27 Du reste, il ne doit point hériter de la terre des nations ; il n'a point de part au milieu de son peuple ; car le Seigneur est lui-même sa part et son héritage.28 Phinéès, fils d'Éléazar, est le troisième en gloire en imitant Aaron dans la crainte du Seigneur,29 Et en demeurant ferme lorsque le peuple révérait des faux dieux; par sa bonté et le zèle ardent de son âme, il réconcilia Dieu avec Israël.
Note Sir. 45,29 : En demeurant ; littéralement demeurer (stare). Cet infinitif, qui se trouve également dans les Septante est un hébraïsme ; car en hébreu l’infinitif remplace assez souvent les autres modes du verbe. ― Révérait (in reverentia) ; selon le grec, se détournait du Seigneur pour se livrer à l’idolâtrie et au libertinage. Voir Nombres, 25, 1-3.
30 C'est pour cela que Dieu a fait avec lui une alliance de paix ; il lui a donné l'empire des choses saintes et de sa nation, afin qu'à lui et à sa postérité soit à jamais la dignité du sacerdoce.
Note Sir. 45,30 : Dieu a fait alliance, etc. ; allusion aux paroles que Dieu fit adresser à Phinées pour sa conduite courageuse (voir Nombres, 25, 12).
31 Et l'alliance avec David roi, fils de Jessé, de la tribu de Juda, c'est l'héritage du royaume pour lui et pour sa postérité, afin de répandre la sagesse dans nos cœurs, pour juger son peuple dans la justice, afin que leurs biens ne fussent pas anéantis ; et il a rendu pour leur nation leur gloire éternelle.
Note Sir. 45,31 : Pour juger. L’infinitif judicare est mis ici, comme dans les Septante, par hébraïsme, au lieu de judicandum. Comparer au verset 29. Remarquons que ce membre de phrase, pour juger, etc., est sous la dépendance du précédent, afin de répandre, etc., comme un effet l’est de sa cause.

Chapitre 46

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Chap. : 
Eloge de Josué et de Caleb ; des juges en général, et en particulier de Samuel.
1 Jésus Navé, vaillant dans la guerre et successeur de Moïse parmi les prophètes ; il fut grand selon son nom,
Note Sir. 46,1 : Jésus Navé ; c’est-à-dire Jésus, fils de Navé. Les Grecs nomment ainsi Josué, fils de Nun. ― Grand selon son nom. Le mot Jésus signifie en hébreu salut ; mais Josué, selon les différentes formes qu’il a dans cette langue, peut se traduire par sauveur, salut, sauveur donné de Dieu, dont Dieu est le second.
2 Très grand pour sauver les élus de Dieu, pour renverser les ennemis qui s'élevaient, afin de conquérir l'héritage d'Israël.3 Quelle gloire n'a-t-il pas acquise en élevant ses mains, et en tirant contre des cités des épées à deux tranchants?4 Qui avant lui a ainsi résisté? Car lui-même le Seigneur a amené ses ennemis à ses pieds.5 Est-ce que dans son courroux n'a pas été arrêté le soleil, et qu'un seul jour n'est pas devenu comme deux?
Note Sir. 46,5 : Voir Josué, 10, 12-14.
6 Il invoqua le Très-Haut puissant, en attaquant les ennemis de toutes parts ; et le Dieu grand et saint l'écouta ; le Dieu qui s'est montré très puissant, par les pierres d'une grosse grêle.
Note Sir. 46,6 : Par les pierres d’une grosse grêle, qu’il fit tomber sur ses ennemis.
7 Il fit une attaque contre un peuple hostile, et à la descente, il détruisit les ennemis,
Note Sir. 46,7 : La descente de Béthoron. Comparer à Josué, 10, 11.
8 Afin que les nations connussent la puissance du Seigneur; car contre Dieu il n'est pas facile de combattre. Et il suivit la conduite du puissant;
Note Sir. 46,8 : De près ; littéralement par derrière (a tergo).
9 Et dans les jours de Moïse il fit une action de miséricorde, lui, ainsi que Caleb, fils de Jéphoné, en demeurant ferme contre l'ennemi, en détournant le peuple du péché, et en comprimant le murmure de la malice.
Note Sir. 46,9 : Et dans les jours, etc. Voir Nombres, 14, verset 6 et suivants. ― En demeurant fermes, en détournant, en comprimant ; littéralement demeurer ferme (stare), détourner (prohibere), comprimer (perfringere). Voir, sur ces infinitifs, Ecclésiastique, 45, 29.
10 Et tous deux établis par le Seigneur furent délivrés du péril, du nombre des six cent mille hommes de pied, pour introduire le peuple dans son héritage, dans cette terre où coulent le lait et le miel.
 
11 Et le Seigneur donna la force à Caleb, et jusque dans sa vieillesse lui demeura sa vigueur, afin qu'il montât dans le lieu le plus élevé de cette terre, et sa postérité l'a obtenu en héritage;12 Afin que tous les enfants d'Israël reconnussent qu'il est bon d'obéir au Dieu saint.
 
13 Puis sont venus les juges, désignés chacun par son nom, dont le cœur ne s'est point perverti, et qui ne se sont pas détournés du Seigneur ;14 Afin que leur mémoire soit en bénédiction, et que leurs os refleurissent en sortant de leur lieu;
Note Sir. 46,14 : En sortant ; ou bien et qu’ils sortent. Une de ces deux expressions est évidemment sous-entendue, et a pour complément les mots de leur lieu (de loco suo) ; c’est-à-dire de leur tombeau. Voir, sur ce genre de construction notre observation, au 2° à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. Quant à la figure des os qui doivent refleurir, comparer à Isaïe, 66, 14 ; Ezéchiel, 37, verset 3 et suivants.
15 Et que leur nom demeure éternellement; la gloire des hommes saints demeure sur leurs fils.16 Chéri du Seigneur son Dieu, Samuel, le prophète du Seigneur, a renouvelé l'empire et il a oint des princes dans sa nation.
Note Sir. 46,16 : A renouvelé, etc.; c’est-à-dire a donné une nouvelle forme à l’empire des Hébreux, en sacrant, par l’ordre de Dieu, Saül, et après lui David, rois du peuple d’Israël, qui, auparavant, était gouverné par des juges dont Samuël fut lui-même le dernier.
17 Selon la loi du Seigneur, il a jugé l'assemblée d'Israël, et Dieu a vu Jacob, et par sa fidélité il a été reconnu prophète ;18 Et il a été trouvé fidèle en ses paroles, parce qu'il a vu le Dieu de lumière;19 Et il a invoqué le Seigneur tout-puissant par l'oblation d'un agneau sans tache, en combattant les ennemis qui l'environnaient de tous côtés.
Note Sir. 46,19 : Voir 1 Rois, 7, 9.
20 Et le Seigneur tonna du ciel, et avec un grand bruit fit entendre sa voix,21 Et il brisa les princes de Tyr et tous les chefs des Philistins ;
Note Sir. 46,21 : Au lieu des princes de Tyr, le texte original devait porter : les princes des ennemis. Le mot signifiant Tyr et ennemi est le même en hébreu.
22 Et avant le temps de la fin de sa vie dans le monde, il protesta en présence du Seigneur et de son Christ, qu'il n'avait reçu de l'argent d'aucune personne, pas même une chaussure ; et pas un homme ne l'accusa.
Note Sir. 46,22 : De sa vie dans le monde ; ou dans le temps ; littéralement de sa vie et du monde ou du temps ; ce qui est un pur hébraïsme ; car, en hébreu, lorsque deux substantifs sont liés par la particule et, et le second sert quelquefois d’adjectif et en a la signification. Ainsi le sens de ce passage est, de sa vie qui appartient au monde, de sa vie temporelle. ― De son Christ ; de son oint ou sacré ; c’est-à-dire, Saül. Comparer à 1 Rois, 12, 3.
23 Et après cela il s'endormit, et il fit connaître au roi, et il lui montra la fin de sa vie, et il éleva sa voix de la terre pour prophétiser la destruction de l'impiété du peuple.
Note Sir. 46,23 : Il s’endormit ; il mourut. ― Pas même une chaussure. Comparer à Genèse, 14, 23. ― Et il fit connaître, etc. Après sa mort, Samuel apparut à Saül, et lui annonça qu’il mourrait le lendemain. Comparer à 1 Rois, 28, verset 18 et suivants.

Chapitre 47

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Chap. : 
Eloge de Nathan, de David et de Salomon.
Chute de ce prince.
Mauvaise conduite de Roboam.
Impiété de Jéroboam.
Infidélité des Israélites.
1 Après ces choses se leva Nathan, le prophète, aux jours de David.
Note Sir. 47,1 : Voir 2 Rois, 12, 1.
2 Et comme la graisse a été séparée de la chair, ainsi David des enfants d'Israël.
Note Sir. 47,2 : Et comme la graisse, etc. Comme la graisse, qui était la meilleure partie de la chair des victimes, s’en séparait pour être offert au Seigneur, ainsi David fut tiré du milieu des enfants d’Israël, comme étant ce qu’il y avait de meilleur parmi eux, et chéri particulièrement de Dieu.
3 Avec les bons, il s'est joué comme avec des agneaux, et avec les ours il agit de la même manière qu'avec les petits des brebis dans sa jeunesse.
Note Sir. 47,3 : Voir 1 Rois, 17, 34.
4 N'est-ce pas lui qui tua le géant, et qui enleva l'opprobre de la nation?
Note Sir. 47,4 : Voir 1 Rois, 17, 49. ― Le géant Goliath.
5 En levant la main, par la pierre de sa fronde, il terrassa l'orgueil de Goliath ;6 Car il invoqua le Seigneur tout-puissant, et le Seigneur lui donna de renverser par sa droite un homme fort dans la guerre, et de relever la corne de sa nation.
Note Sir. 47,6 ; 47.8 : La corne ; la force, la puissance, dont la corne était le symbole chez les Hébreux.
7 Aussi elle lui donna l'honneur d'en avoir vaincu dix mille, et elle le loua du milieu des bénédictions du Seigneur, en lui offrant une couronne de gloire;
Note Sir. 47,7 : Voir 1 Rois, 18, 7.
8 Car il brisa les ennemis de toutes parts; il extirpa les Philistins, ennemis jusqu'à ce jour; il brisa leur corne pour jamais.
Note Sir. 47,8 : Jusqu’à ce jour. David défit les Philistins dans plusieurs combats, et abattit tellement leur puissance qu’ils ne purent de très longtemps se relever.
9 En toutes ses œuvres il a rendu gloire au Saint et au Très-Haut, par des paroles de louange.10 De tout son cœur il a loué le Seigneur, et il a aimé Dieu qui l'a fait, et qui lui a donné la puissance contre les ennemis ;11 Et il a établi des chantres devant l'autel, et il a accompagné leurs chants de modulation pleines de douceur.
 
12 Et il a donné de la pompe à la célébration des fêtes, et il a orné les temps sacrés jusqu'à la consommation de sa vie, afin qu'on louât le nom saint du Seigneur, et qu'on rehaussât dès le matin la sainteté de Dieu.
Note Sir. 47,12 : Afin qu’on louât, qu’on rehaussât ; littéralement qu’ils louassent, qu’ils rehaussassent ; le sujet de ces verbes pluriels, ce sont les ministres du temple. Ces mots et les suivants, jusqu’à la fin du verset, sont l’explication de la première partie.
13 Le Seigneur l'a purifié de ses péchés, et a exalté pour jamais sa corne; et il lui a assuré par une alliance le royaume et un trône de gloire dans Israël.
Note Sir. 47,13 : Voir 2 Rois, 12, 13.
 
14 Après lui s'éleva son fils doué de sagesse, et à cause de lui le Seigneur renversa toute la puissance des ennemis.15 Salomon régna en des jours de paix, et Dieu lui soumit tous les ennemis, afin qu'il bâtit une maison en son nom, et qu'il lui préparât un sanctuaire pour toujours. Comme vous avez été instruit dans votre jeunesse,
Note Sir. 47,15 : Voir 3 Rois, 3, 1. ― Une maison en son nom ; un temple au nom du Seigneur.
16 Vous avez été rempli de sagesse comme un fleuve, et votre âme a découvert la terre.
Note Sir. 47,16 : Voir 3 Rois, 4, 31. ― A découvert la terre ; les mystères, les secrets de la terre. C’est probablement une allusion aux recherches de Salomon sur les plantes, les métaux, les animaux, etc. Voir 3 Rois, 4, verset 29 et suivants.
17 Et vous avez renfermé des énigmes dans des paraboles ; jusqu'aux îles lointaines a été publié votre nom, et vous avez été aimé dans votre règne de paix.18 Dans vos cantiques, vos proverbes, vos paraboles et vos interprétations, toute la terre a trouvé un sujet d'admiration,
Note Sir. 47,18 : Vos interprétations ; celles entre autres des énigmes qui lui furent proposées par la reine de Saba (voir 3 Rois, 10, verset 1 et suivants), et par Hiram, roi de Tyr (Josèphe, Antiq., livre VIII, chapitre II).
 
19 Ainsi que dans le nom du Seigneur Dieu, dont le surnom est Dieu d'Israël.20 Vous avez amassé l'or comme d'autres l'airain, et accumulé l'argent comme d'autres le plomb ;
Note Sir. 47,20 : Voir 3 Rois, 10, 27.
21 Et vous avez abandonné votre personne aux femmes ; vous avez asservi votre corps ;22 Vous avez imprimé une tache dans votre gloire; vous avez profané votre race, de manière à attirer le courroux du Seigneur sur vos enfants, et à exciter votre folie,
Note Sir. 47,22-23 : Sur les infinitifs inducere, incitari, imperare, voir Ecclésiastique, 45, 29.
 
23 En formant un empire divisé en deux parties, et en faisant sortir d'Ephraïm une domination dure.
Note Sir. 47,23 : Voir 3 Rois, 12, 16.
24 Mais Dieu n'oubliera pas sa miséricorde, il ne détruira et n'anéantira pas ses ouvrages ; il ne retranchera pas par la racine la postérité de son élu, et la race de celui qui aime le Seigneur, il ne la détruira pas.25 Mais il a laissé un reste à Jacob et à David, de leur propre race.
Note Sir. 47,25 : Il a laissé, etc. ; c’est-à-dire que Dieu a donné à Jacob un prince dans la personne de Jéroboam, roi des dix tribus, et à David un rejeton pour régner dans Juda.
26 Et Salomon a pris fin avec ses pères.
Note Sir. 47,26 : A pris fin, etc. ; est mort comme ses pères.
27 Et il a laissé de sa race après lui, la folie de sa nation,
Note Sir. 47,27-28 : La folie ; c’est-à-dire le plus fou, le plus insensé. En hébreu, on exprime souvent le superlatif en mettant le nom abstrait au lieu du concret. On dit aussi en français : C’est la vertu, le vice même, pour très vertueux, très vicieux. Voir sur Roboam, 3 Rois, chapitre 12.
28 Et un homme dénué de prudence, Roboam, qui détourna de lui la nation par son conseil;29 Et Jéroboam fils de Nabat qui fit pécher Israël, et fraya la voie de pécher à Ephraïm, et leurs péchés très nombreux ont débordé.
Note Sir. 47,29 : Voir 3 Rois, 12, 28. ― Ephraïm ; est mis ici pour le royaume d’Israël dont il formait la principale partie.
30 Ils les ont beaucoup éloignés de leur terre.
Note Sir. 47,30 : Ils les ont, etc. Ce sont ces péchés, en effet, qui ont été la cause de la captivité d’Assyrie (voir 4 Rois, 17, 6-7).
31 Et eux ont recherché toute sorte de mal, jusqu'à ce que la vengeance soit venue sur eux, et qu'elle ait mis fin à toutes leurs iniquités.
Note Sir. 47,31 : La vengeance ; c’est le vrai sens du mot defensio, expliqué par le texte grec, et par plusieurs passages de la Vulgate elle-même. D’ailleurs, comme nous l’avons déjà remarqué, dans la basse latinité on a dit defensor pour ultor.

Chapitre 48

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Chap. : 
Eloge d’Elie, d’Elisée, d’Ezéchias et d’Isaïe.
1 Et Elie, prophète, se leva comme un feu, et sa parole brûlait comme une torche ardente.
Note Sir. 48,1 : Voir 3 Rois, 17, 1. ― Pour les allusions contenues dans ce chapitre, voir les passages auxquels renvoient les références bibliques.
2 Il fit venir sur eux la famine; et ils l'irritèrent par leur envie, et ils furent réduits à un petit nombre ; car ils ne pouvaient supporter les préceptes du Seigneur.
Note Sir. 48,2 : Sur eux ; sur les Israélites.
3 Par la parole du Seigneur, il contint le ciel, et il fit tomber du ciel le feu trois fois.
Note Sir. 48,3 : Il contint le ciel ; en lui ordonnant, au nom du Seigneur, de ne pas donner de pluie. Comparer à 3 Rois, 17, 1. ― Il fit tomber, etc. (voir 3 Rois, 18, 38 ; 4 Rois, 1, verset 10 et suivants).
4 Ainsi fut gratifié Elie par ses merveilles. Et qui peut se glorifier de la même manière que vous?5 Qui, du domaine de la mort, par la parole du Seigneur Dieu, avez enlevé un mort des enfers;
Note Sir. 48,5 : Un mort ; le fils de la veuve de Sarepta (voir 3 Rois, 17, 22). Des enfers ; c’est-à-dire du lieu où les âmes des saints de l’Ancien Testament étaient réunies en attendant la venue de Jésus-Christ.
6 Qui avez précipité des rois dans la ruine; brisé sans peine leur puissance et les avez abattus de leur lit au milieu de leur gloire ;7 Qui écoutez sur le Sinaï le jugement du Seigneur, et sur l'Horeb les jugements de sa vengeance ;
Note Sir. 48,7 : Vengeance ; littéralement défense. Comparer à Ecclésiastique, 47, 31.
8 Qui oignez des rois pour la pénitence, et qui établissez des prophètes pour être vos successeurs ;
Note Sir. 48,8 : Qui oignez, etc. Elie reçut l’ordre de Dieu d’aller sacrer Hazaël, roi de Syrie, et Jéhu, roi d’Israël (voir 3 Rois, 19, 15-16) ; mais il paraît que c’est le prophète Elisée, disciple d’Elie, qui fut chargé de l’exécution de cet ordre (voir 4 Rois, 8, 13 ; 9, 1-12). ― Pour la pénitence ; pour amener le peuple prévaricateur à faire pénitence, Dieu s’est, en effet, servi de ces rois pour châtier le peuple qui s’était rendu coupable d’idolâtrie.
9 Qui avez été reçu dans un tourbillon de feu, dans un char conduit par des chevaux de feu ;
Note Sir. 48,9 : Qui avez été reçu, etc. Voir 4 Rois, 2, 11.
10 Qui avez été inscrit dans les décrets des temps pour adoucir le courroux du Seigneur, unir le cœur du père au fils et rétablir les tribus de Jacob.
Note Sir. 48,10 : Inscrit ; désigné, marque, destiné. ― Les décrets des temps ; ce sont probablement les décrets de Dieu relatifs aux temps ou aux choses qui doivent arriver dans les temps, et surtout dans les derniers temps, lorsque, selon la prophétie de Malachie (voir Malachie, 4, 6), Elie convertira le cœur des pères aux fils et le cœur des fils aux pères, pour que le Seigneur ne frappe pas la terre d’anathème. C’est d’ailleurs la tradition constante de la synagogue et de l’Eglise chrétienne que ce prophète viendra avant la fin du monde, pour combattre l’Antechrist, et pour ramener les Juifs dans l’Eglise de Jésus-Christ.
11 Bienheureux sont ceux qui vous ont vu et qui ont été honorés de votre amitié;
 
12 Car pour nous, nous vivons dans cette vie seulement; mais après la mort, notre nom ne sera pas de même.
Note Sir. 48,12 : Ne sera pas de même (non erit tale) ; c’est-à-dire ne vivra pas.
13 Elie, à la vérité, a été enveloppé dans un tourbillon, et dans Elisée est resté son esprit tout entier; en ses jours, Elisée n'a redouté aucun prince, et personne par sa puissance ne l'a vaincu ;
Note Sir. 48,13 : Voir 4 Rois, 2, 11. ― Ne l’a vaincu ; n’a pu le faire fléchir, le subjuguer.
14 Aucune parole n'a prévalu sur lui, et même mort, son corps a prophétisé.
Note Sir. 48,14 : Voir 4 Rois, 13, 21.
15 Pendant sa vie, il a fait des prodiges extraordinaires, et à sa mort des choses merveilleuses.
 
16 Au milieu de toutes ces choses, le peuple n'a pas fait pénitence, et ils ne se sont pas détournés de leurs péchés, jusqu'à ce qu'ils ont été chassés de leur pays et dispersés sur toute la terre ;
Note Sir. 48,16 : Ils ne se sont, etc. Le mot peuple étant un nom collectif, l’auteur a pu mettre au pluriel les verbes dont il est le sujet.
 
17 Et il n'est resté qu'une petite partie du peuple et un prince de la maison de David.
 
18 Quelques-uns d'entre eux ont fait ce qui plaisait à Dieu dans leur vie ; mais les autres ont commis beaucoup de péchés.19 Ezéchias a fortifié sa ville; il y a conduit de l'eau au milieu, et il a creusé le roc avec le fer, et il a bâti un puits pour conserver l'eau.20 Dans ses jours monta Sennachérib, et il envoya Rabsacès, et il leva la main contre eux, et étendit sa main contre Sion, et il devint superbe de sa puissance.
Note Sir. 48,20 : Dans ses jours, etc. Cette histoire est racontée au long dans 4 Rois, chapitres 18 et 19 ; 2 Paralipomènes, chapitre 32 ; Isaïe, chapitre 36. ― Contre eux ; contre les Juifs dont il est parlé au verset 18.
21 Alors leurs cœurs et leurs mains défaillirent, et furent en proie à la douleur, comme des femmes en travail.
 
22 Et ils invoquèrent le Seigneur miséricordieux, et, étendant leurs mains, ils les élevèrent vers le ciel, et le saint Seigneur Dieu écouta aussitôt leurs voix.23 Il ne se souvint point de leurs péchés, et il ne les livra pas à leurs ennemis; mais il les purifia par la main d'Isaïe, le saint prophète.24 Il renversa le camp des Assyriens, et l'ange du Seigneur les écrasa ;25 Car Ezéchias fit ce qui était agréable à Dieu, et courageusement il marcha dans la voie de David, son père, que lui avait recommandée Isaïe, grand prophète, et fidèle aux yeux du Seigneur.26 Dans ses jours, le soleil retourna en arrière, et il prolongea la vie au roi.
Note Sir. 48,26 : Voir 4 Rois, 20, 11 ; Isaïe, 38, 8.
27 Eclairé par un grand esprit, il vit la fin des temps, et il consola ceux qui pleuraient en Sion.28 Il montra l'avenir jusqu'à la fin des temps, et les choses cachées avant qu'elles arrivassent.

Chapitre 49

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Chap. : 
Eloge de Josias, de Jérémie, d’Ezéchiel, des douze petits prophètes, de Zorobabel, du grand-prêtre Jésus, de Néhémie, d’Hénoch, (de Joseph ?,) de Seth, de Sem, d’Adam.
1 La mémoire de Josias est devenue une composition d'odeur, une œuvre de parfumeur.
Note Sir. 49,1 : La mémoire, etc. Voir, sur l’histoire de Josias, 4 Rois, chapitres 22 et 23.
2 A toute bouche, sa mémoire sera douce comme le miel et comme une musique dans un festin où on boit du vin.
Note Sir. 49,2 : Comme une musique, etc. Comparer à Ecclésiastique, 32, 8.
3 C'est lui qui a été divinement dirigé pour la pénitence de la nation, et il a fait disparaître les abominations de l'impiété.
Note Sir. 49,3 : Pour la pénitence de la nation. Comparer à Ecclésiastique, 48, 8.
 
4 Et il a tourné son cœur vers le Seigneur, et dans les jours des péchés, il a affermi la piété.5 Excepté David, Ezéchias et Josias, tous ont commis le péché ;
Note Sir. 49,5 : Ont commis le péché d’idolâtrie, ou en y tombant, ou du moins en le tolérant.
6 Car ils ont abandonné la loi du Très-Haut, les rois de Juda, et ils ont méprisé la crainte de Dieu.7 Ils ont donné leur royaume à d'autres, et leur gloire à une nation étrangère.8 Ils ont brûlé la ville choisie et sainte, et ils ont rendu ses voies désertes, par l'entremise de Jérémie.
Note Sir. 49,8 : Voir 4 Rois, 25, 9. ― Par l’entremise ; le ministère ; tel est le sens ici, comme en bien d’autres passages, de l’expression par la main (in manu) de la Vulgate et des Septante. Ces deux versions ont fidèlement reproduit ce qui a dû être dans le texte hébreu.
9 Car ils ont maltraité celui qui, dès le sein de sa mère, fut consacré prophète pour renverser, détruire et perdre, et de nouveau édifier et renouveler.10 C'est Ezéchiel qui a vu la vision de gloire que le Seigneur lui montra sur un char de chérubins ;
Note Sir. 49,10 : Voir Ezéchiel, 1, 4. ― C’est Ezéchiel, etc. ; allusion aux célèbres visions décrites dans Ezéchiel, du chapitre 8 au chapitre 10, etc.
 
11 Car il a fait mention des ennemis par une pluie; il a fait mention aussi des biens réservés à ceux qui ont montré les droites voies.
Note Sir. 49,11 : Il a fait mention, etc. ; il a marqué par une pluie ce qui devait arriver aux ennemis du Seigneur. Dans le style des prophètes, la pluie, la tempête, les tourbillons, signifient ordinairement des maux, des calamités. ― Des biens réservés à ceux, etc. ; littéralement faire du bien à ceux (benefacere illis) ; cet infinitif, qui se trouve également dans le grec et dans la version Sixtine, et qui est un second complément du verbe il a fait mention (commemoratus est), représente évidemment un nom substantif.
12 Et que les os des douze prophètes refleurissent en sortant de leur lieu ; car ils ont fortifié Jacob, et ils se sont rachetés de la servitude par une foi courageuse.
Note Sir. 49,12 : Refleurissent, etc. Voir Ecclésiastique, 46, 14.
13 Comment grandirons-nous Zorobabel ? car il a été comme un anneau à la main droite ;
Note Sir. 49,13 : Voir 1 Esdras, 3, 2 ; Aggée, 1, vv. 1, 12, 14 ; 2, vv. 3, 5, 24.― Anneau, ou cachet (signum). Comme l’anneau qu’on mettait à la main droite était nécessairement d’une matière précieuse et d’un très beau travail, on ne pouvait mieux marquer son estime pour une personne qu’en la comparant à cette sorte de bijou.
 
14 Et aussi Jésus, fils de Josédec, qui, en leurs jours, ont rebâti la maison et relevé le temple saint du Seigneur, préparé pour une gloire éternelle ?
Note Sir. 49,14 : Voir Zacharie, 3, 1.
15 Et Néhémias vivra dans la mémoire pendant un long temps, lui qui a relevé nos murs abattus, qui a rétabli nos portes et nos serrures, et qui a relevé nos maisons.16 Personne n'est né sur la terre tel qu'Hénoch; car il a été enlevé de la terre;17 Ni comme Joseph, homme qui est né prince de ses frères, le soutien de sa famille, le gouverneur de ses frères et l'appui de son peuple ;
Note Sir. 49,17 : Voir Genèse, 41, 40 ; 42, 3 ; 45, 5 ; 50, 20.
18 Et ses os ont été visités, et, après sa mort, ils ont prophétisé.
Note Sir. 49,18 : Ont été visités ; c’est-à-dire traités avec soin, avec égard ; c’est, en effet, le sens qu’a quelquefois en hébreu le verbe visiter. ― Ont prophétisé après sa mort ; car Joseph, avant de mourir, ayant prédit la sortie des Israélites de l’Egypte et leur entrée dans la terre de Chanaan, et ayant ordonné qu’on transportât ses ossements en Chanaan (voir Genèse, 50, 23-24 ; Exode, 13, 19), ces ossements confirmaient, par leur transport même, l’accomplissement des premières paroles de Joseph, et garantissaient la réalisation des dernières ; ce qui peut s’appeler prophétiser.
19 Seth et Sem ont acquis de la gloire parmi les hommes ; et au-dessus de toute âme est par l'origine Adam.
Note Sir. 49,19 : Voir Genèse, 4, 25 ; 5, 31. ― Seth et Sem, etc. De Seth sortit la race des justes d’avant le déluge ; de Sem vint la race des justes d’après le déluge.

Chapitre 50

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Chap. : 
Eloge du grand-prêtre Simon, fils d’Onias.
Les Israélites exhortés à implorer le secours du Seigneur.
Trois peuples dignes de haine.
Auteur de ce livre.
Heureux ceux qui profiteront de ses instructions.
1 Simon, fils d'Onias, grand prêtre, qui, dans sa vie, a soutenu la maison du Seigneur, et, en ses jours, a fortifié le temple.
Note Sir. 50,1 : Voir 1 Machabées, 12, 7 ; 2 Machabées, 3, 4. ― Simon, etc. Il y a eu deux grands prêtres du nom de Simon, et qui eurent pour pères des hommes appelés Onias. Le sentiment le plus suivi est qu’il s’agit ici de Simon II, qui signala son zèle et sa piété contre Ptolémée Philopator, roi d’Egypte, qui voulait entrer dans le sanctuaire ; résistance que Dieu honora d’un miracle (voir 3 Machabées, chapitre 2 ; Josèphe, Antiq, livre XII, chapitre IV.) ― Voir l’Introduction au livre de l’Ecclésiastique.
2 C'est par lui aussi qu'a été fait le fondement profond du temple, le double bâtiment et les hautes murailles du temple.3 En ses jours ont coulé des puits d'eaux, et comme une mer, ils ont été remplis outre mesure.4 Il a eu soin de sa nation et l'a délivrée de la perdition.
 
5 Il a été assez puissant pour agrandir la cité ; il a acquis de la gloire en vivant au milieu de la nation, et il a agrandi l'entrée de la maison du Seigneur et du parvis.6 Comme luit l'étoile du matin au milieu d'un nuage et comme la lune dans les jours de son plein;7 Et comme le soleil resplendissant, ainsi lui a resplendi dans le temple de Dieu.8 Comme l'arc resplendissant dans des nuées de gloire, comme la fleur des roses aux jours du printemps, comme les lis qui sont près d'un courant d'eau, et comme l'encens qui répand son odeur aux jours de l'été ;
Note Sir. 50,8 : De gloire (gloriæ) ; d’éclat, lumineuses.
9 Comme le feu qui étincelle, et comme l'encens qui s'évapore au feu ;10 Comme un vase d'or massif orné de toute sorte de pierres précieuses ;
 
11 Comme un olivier poussant ses rejetons, et comme un cyprès qui s'élève en haut; ainsi il a paru, lorsqu'il a pris sa robe de gloire, et qu'il s'est revêtu de tous les ornements de sa dignité.
Note Sir. 50,11 : Lorsqu’il s’est revêtu, etc. C’est ainsi qu’on entend généralement le latin, vestiri eum in consummationem virtutis ; et le texte grec favorise ce sens. ― Vestiri ; sur l’emploi de cet infinitif et de plusieurs autres qui se trouvent dans ce chapitre, voir Ecclésiastique, 45, 29.
12 En montant au saint autel, il a honoré les vêtements de sainteté.13 Or, en recevant des parties de la victime des mains des prêtres, il se tenait lui-même debout à l'autel, et autour de lui étaient ses frères, comme une couronne, comme une plantation de cèdres sur le mont Liban;
 
14 Ainsi, autour de lui se tenaient debout, comme des branches de palmier, tous les fils d'Aaron dans leur gloire.
Note Sir. 50,14 : Dans leur gloire ; dans leurs beaux ornements.
15 Or l'oblation du Seigneur était présentée par leurs mains devant toute l'assemblée d'Israël, et, achevant le sacrifice à l'autel pour rehausser l'oblation du roi Très-Haut,16 Il a étendu sa main pour la libation, et il a répandu le sang du raisin.17 Il a répandu au pied de l'autel une odeur divine en l'honneur du prince Très-Haut.
Note Sir. 50,17 : Une odeur divine ; celle du vin et du sang des victimes.
18 Alors les fils d'Aaron ont fait des exclamations et ont sonné des trompettes battues au marteau, et ils ont fait entendre une grande voix pour rappeler leur mémoire devant Dieu.19 Alors tout le peuple ensemble s'est empressé, et ils sont tombés la face contre terre pour adorer le Seigneur leur Dieu, et pour adresser des prières au Tout-Puissant, le Dieu très haut.
 
20 Et les chantres ont élevé leurs voix, et dans la grande maison s'est accru un bruit plein de suavité.21 Et le peuple a prié le Seigneur, le Très-Haut, jusqu'à ce que l'honneur du Seigneur lui ait été complètement rendu et qu'ils aient achevé leurs fonctions.
 
22 Alors, descendant de l'autel, le grand prêtre éleva ses mains sur toute l'assemblée des fils d'Israël pour rendre gloire à Dieu par ses lèvres et en son nom se glorifier;23 Et il réitéra sa prière, voulant montrer la puissance de Dieu.24 Et maintenant, priez le Dieu de toutes choses, qui a fait de grandes choses sur toute la terre, qui a multiplié nos jours depuis le sein de notre mère, et qui a agi avec nous selon sa miséricorde;
Note Sir. 50,24-31 : Les versets 24 à 31 forment la conclusion de tout le livre : l’auteur fait des souhaits en faveur de son peuple, versets 24 et 25 ; l’exhorte à la confiance en Dieu, verset 26 ; proteste qu’il n’a rien de commun avec les Iduméens, les Philistins et les Samaritains, ces trois grands ennemis d’Israël, versets 27 et 28 ; appose comme sa signature à son livre, verset 29 ; et termine par une dernière recommandation à mettre en pratique les conseils de sagesse qu’il a donnés, versets 30 et 31.
 
25 Qu'il nous donne la joie du cœur et que la paix se fasse dans nos jours en Israël et pendant des jours éternels ;26 Pour qu'Israël croie qu'avec nous est la miséricorde de Dieu, afin qu'il nous délivre en ses jours.
 
27 Mon âme hait deux peuples ; mais le troisième que je hais n'est pas un peuple.28 Ceux qui demeurent sur le mont Séir, et les Philistins, et le peuple insensé qui habite dans Sichem.
Note Sir. 50,28 : Ceux qui demeurent, etc. ; ce sont les Iduméens (voir Genèse, 14, 6 ; 36, vv. 3, 20). ― Le peuple insensé ; qui ne mérite pas le nom de peuple (voir le verset précédent) ; c’est-à-dire les Samaritains, qui étaient un assemblage de plusieurs nations (voir 4 Rois, 17, 24). Sichem fut réputée leur capitale depuis la ruine de Samarie ; le canton conserva le nom de Samarie.
29 Jésus, fils de Sirach, de Jérusalem, a écrit la doctrine de sagesse et de science dans ce livre, et il a renouvelé la sagesse de son cœur.30 Bienheureux celui qui s'applique à ces bonnes choses; celui qui les met dans son cœur sera toujours sage ;31 Car s'il les accomplit, il sera capable de toutes choses, parce que la lumière de Dieu est sa trace.
Note Sir. 50,31 : Sa trace ; la trace qu’il doit suivre ; c’est-à-dire que la lumière de Dieu éclairera sa marche, dirigera ses pas.

Chapitre 51

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Chap. : 
Actions de grâces de l’auteur.
Comment il a acquis la sagesse.
Exhortation à la recherche de la sagesse.
1 Prière de Jésus, fils de Sirach: Je vous glorifierai, Seigneur roi, et je vous louerai, vous qui êtes mon Dieu, mon sauveur,
 
2 Je glorifierai votre nom, parce que vous m'êtes devenu un aide et un protecteur.3 Et vous avez délivré mon corps de la perdition, du piège de la langue inique et des lèvres de ceux qui commettent le mensonge, et en présence de ceux qui se tenaient debout près de moi, vous m'êtes devenu un aide.
Note Sir. 51,3 : Le piège de la langue ; les accusations, les médisances, les calomnies. Comparer à Psaumes, 90, 3 ; 119, 2. ― En présence de, etc. ; allusion à ce qui se passait dans les jugements, où l’accusateur se tenait près et à la droite de l’accusé. Comparer à Psaumes, 108, 5-6 ; Zacharie, 3, 1.
4 Et vous m'avez délivré, selon la multitude des miséricordes de votre nom, des lions rugissants prêts à me dévorer;
Note Sir. 51,4 : Votre nom. Le nom de Dieu se prend souvent dans l’Ecriture pour l’essence divine, l’être divin, Dieu lui-même.
5 Des mains de ceux qui recherchaient mon âme, et des portes des tribulations qui m'ont environné ;
 
6 De la violence de la flamme qui m'a environné, et au milieu du feu, je n'en ai pas senti la chaleur ;7 De la profondeur des entrailles de l'enfer, et de la langue souillée, et de la parole de mensonge; d'un roi inique et de la langue injuste
Note Sir. 51,7 ; 51.9 : L’enfer. Voir Ecclésiastique, 48, 5.
8 Jusqu'à la mort, mon âme louera le Seigneur ;
 
9 Car ma vie s'approchait de l'enfer, en bas.10 Ils m'ont environné de tous côtés, et il n'y avait personne qui me secourût. Je tournais mes regards vers le secours des hommes, et il n'en était point.11 Je me suis souvenu, Seigneur, de votre miséricorde et de votre œuvre, qui sont dès le commencement du monde ;12 Parce que vous délivrez, Seigneur, ceux qui vous attendent avec patience et vous les sauvez des mains des nations.
 
13 Vous avez élevé sur la terre mon habitation ; et à cause de la mort qui découlait sur moi, j'ai fait des supplications.
Note Sir. 51,13 : Qui découlait sur moi (defluente) ; qui s’approchait de moi, qui me menaçait.
14 J'ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur, afin qu'il ne me laisse point sans secours au jour de ma tribulation et au temps des superbes,
Note Sir. 51,14 : Le Seigneur, père de mon Seigneur ; paroles qui marquent distinctement les deux personnes de la sainte Trinité, le Père et le Fils. Voir ce que nous avons dit sur une expression semblable à Psaumes, 109, 1. ― Au temps des superbes ; lorsque les superbes dominent, exercent leurs violences.
15 Je louerai votre nom sans cesse et je le glorifierai dans mes louanges, car ma prière a été exaucée.16 Et vous m'avez délivré de la perdition, et vous m'avez arraché au temps de l'iniquité.
 
17 C'est pourquoi je vous glorifierai, et je vous dirai une louange, et je bénirai le nom du Seigneur.18 Lorsque j'étais encore jeune, avant que je voyageasse, j'ai recherché ouvertement la sagesse dans ma prière.
Note Sir. 51,18-38 : Ces versets formaient dans l’original hébreu un poème alphabétique.
Note Sir. 51,18 : Avant que je voyageasse. Voir Ecclésiastique, 34, 12.
19 Devant le temple, je priais pour l'obtenir, et jusqu'au dernier moment, je la rechercherai ; et elle a fleuri comme un raisin précoce.
Note Sir. 51,19 : Devant le temple ; dans le parvis du temple. ― Elle a fleuri en moi. ― Comme un raisin précoce ; c’est-à-dire de très bonne heure.
20 Mon cœur s'est réjoui en elle, mon pied a marché dans un chemin droit; dès ma jeunesse, je la recherchais avec soin.
Note Sir. 51,20 : Les pronoms elle, la, désignent la sagesse dans ce verset, comme dans les 25, 27, 28 et 29.
21 J'ai incliné un peu mon oreille, et je l'ai reçue.22 J'ai trouvé beaucoup de sagesse en moi, et j'y ai fait un grand progrès.
 
23 A celui qui m'a donné la sagesse, je rendrai gloire;24 Car j'ai résolu de la pratiquer ; j'ai été zélé pour le bien, et je ne serai pas confondu.25 Mon âme a lutté pour l'atteindre, et, en la pratiquant, je me suis affermi.26 J'ai élevé mes mains en haut, et j'ai déploré son égarement.
Note Sir. 51,26 : Son ; se rapporte au mot âme, exprimé au verset 25.
27 J'ai dirigé mon âme vers elle, et dans la connaissance de moi-même je l'ai trouvée.28 J'ai possédé avec elle mon cœur dès le commencement; à cause de cela je ne serai pas délaissé.29 Mes entrailles ont été émues en la cherchant; à cause de cela je posséderai une bonne possession.
Note Sir. 51,29 : Je posséderai, etc. ; c’est-à-dire je posséderai un très grand bien.
30 Le Seigneur m'a donné pour récompense une langue, et c'est avec elle que je le louerai.31 Approchez-vous de moi, ignorants; assemblez-vous dans la maison de la discipline.
Note Sir. 51,31 : Assemblez-vous, etc. Venez tous ensemble écouter mes préceptes, et profiter de mes leçons.
32 Pourquoi tardez-vous encore? et que dites-vous à ceci? Vos âmes ont une très grande soif.33 J'ai ouvert ma bouche, et j'ai parlé : Procurez-vous la sagesse sans argent,34 Et soumettez votre cou au joug, et que votre âme embrasse la discipline, car il est facile de la trouver.
Note Sir. 51,34 : Il est facile ; littéralement il est proche (in proximo est).
35 Voyez de vos yeux que j'ai peu travaillé, et que je me suis acquis un grand repos.36 Recevez l'instruction comme une grande quantité d'argent, et possédez en elle un or abondant.
Note Sir. 51,36 : Et possédez ; hébraïsme, pour et vous posséderez.
37 Que votre âme se réjouisse dans sa miséricorde, et vous ne serez pas confondus dans sa louange.
Note Sir. 51,37 : Sa ; représente le mot Seigneur, exprimé au verset 30. ― En sa louange ; c’est-à-dire en publiant ses louanges.
38 Faites votre œuvre avant le temps, et il vous donnera votre récompense en son temps.
Note Sir. 51,38 : Avant le temps ; avant que le temps de la récompense, arrive, passe. ― Il ; c’est-à-dire le Seigneur.

Bible Glaire & Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Jean-Baptiste Glaire éditée une première fois de 1871 à 1873, puis complétée par des introductions, des commentaires, des notes et des appendices rédigés par l'abbé Fulcran Vigouroux dans une troisième édition en 1890. L'édition reprise par Recatho est celle de 1905 des éditeurs A. et R. Roger, et F. Chernoviz téléchargeable également au format PDF ici. Recatho est le seul site web à offrir une version HTML de la Bible Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.