Flagellation.
Couronnement d’épines.
Pilate cherche les moyens de délivrer Jésus ; il l’abandonne.
Jésus est conduit au Calvaire et crucifié.
Inscription de la croix.
Partage de ses vêtements.
La sainte Vierge et saint Jean au pied de la croix.
Jésus a soif ; il meurt.
Son côté est percé.
Joseph et Nicodème prennent le soin d’ensevelir Jésus.
1 Alors donc Pilate prit Jésus et le fit flageller.Jean 19, 2-3 : Couronnement d'épines - Gravure de Gustave Doré
2 Et les soldats ayant tressé une couronne d'épines, la mirent sur sa tête, et le couvrirent d'un vêtement de pourpre.3 Et ils venaient à lui et disaient : Salut, roi des Juifs; et ils lui donnaient des soufflets.Jean 19, 4-12 : Jésus présenté au peuple - Gravure de Gustave Doré
4 Pilate sortit donc de nouveau, et leur dit : Voici que je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucune cause de mort.5 (Ainsi Jésus sortit, portant la couronne d'épines et le vêtement de pourpre.) Et Pilate leur dit : Voilà l'homme.6 Quand les pontifes et les archers remuent vu, ils criaient, disant : Crucifiez-le, crucifiez-le! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le crucifiez, car moi, je ne trouve pas en lui une cause de mort.7 Les Juifs lui répondirent : Nous, nous avons une loi, et, selon cette loi, il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu.8 Lors donc que Pilate eut entendu cette parole, il craignit davantage.9 Et, rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : D'où es-tu? Mais Jésus ne lui fit point de réponse.10 Pilate lui dit donc : Tu ne me parles pas? Ignores-lu que j'ai le pouvoir de te crucifier et le pouvoir de te délivrer?11 Jésus répondit : Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir, s'il ne t'avait été donné d'en haut. C'est pourquoi celui qui m'a livré à toi a un plus grand péché.
12 Et, dès ce moment, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, disant : Si vous le délivrez, vous n'êtes pas ami de César; car quiconque se fait roi, se déclare contre César.Note Jean 19,12 :
De César, de Tibère. Voir
Luc, 3, 1.
13 Or Pilate ayant entendu ces paroles, fil amener Jésus dehors, et il s'assit sur son tribunal, au lieu qui est appelé Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.Note Jean 19,13 : Lithostrotos vient de deux mots grecs qui signifient pavé avec des pierres ; il s’emploie surtout pour désigner un pavé en mosaïque. Josèphe nous apprend que la colline du temple était pavée en mosaïque du côté où était le prétoire. Le mot hébreu ou araméen Gabbatha désigne le même lieu que Lithostrotos, mais il n’a pas la même signification ; il a le sens de lieu élevé, estrade. Le siège de Pilate, qui lui servait pour juger les causes déférées à son tribunal, fut porté en cet endroit.
14 C'était la préparation de la pâque, vers la sixième heure, et Pilate dit aux Juifs : Voilà votre roi.Note Jean 19,14 : La préparation de la pâque ; c’est-à-dire la veille de pâque, le vendredi. ― La sixième heure, c’est-à-dire midi.
15 Mais eux criaient : Otez-le, ôtez-le du monde, crucifiez-le ! Pilate leur demanda : Crucifierai-je votre roi? Les pontifes répondirent : Nous n'avons de roi que César.Jean 19, 16-17 : Jésus arrive au sommet du Calvaire - Gravure de Gustave Doré
16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus et l'emmenèrent.
17 Ainsi, portant sa croix, il alla au lieu qui est appelé Calvaire, et en hébreu Golgotha,Note Jean 19,17 : Voir
Matthieu, 27, 33 ;
Marc, 15, 22 ;
Luc, 23, 33. ―
Calvaire, Golgotha. Voir
Matthieu, note 27.33 ―
Sur la croix, voir
Matthieu, 27, 32.
Jean 19, 18 : Crucifiement - Gravure de Gustave Doré
18 Où ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, l'un d'un côté, l'autre de l'autre, et Jésus au milieu.Jean 19, 19-24 : Erection de la croix - Gravure de Gustave Doré
19 Pilate fit une inscription et la mit sur la croix. Or il était écrit : Jésus de Nazareth, le roi des Juifs.Note Jean 19,19 : Jésus de Nazareth. « Saint Jean est le seul qui [mentionne le mot Nazaréen ou de Nazareth dans le titre de la croix], afin de compléter ce que les autres avaient dit ; et, par une circonstance singulière, c’est presque l’unique mot que nous ait conservé la relique du titre [de l’Eglise Sainte-Croix de Jérusalem à Rome ; voir Matthieu, 27, 37], comme pour confirmer le texte de saint Jean, le seul qui n’ait pas quitté Notre-Seigneur un instant pendant sa passion. Il a vu et rapporté littéralement ce dont les autres ont donné l’esprit. » (ROHAULT DE FLEURY.)
20 Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu où Jésus avait été crucifié se trouvait près de la ville, et qu'elle était écrite en hébreu, en grec et en latin.21 Les pontifes des Juifs dirent donc à Pilate : N'écrivez point : Le roi des Juifs ; mais : Parce qu'il a dit : Je suis le roi des Juifs.22 Pilate répondit : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit.
23 Cependant les soldats, après l'avoir crucifié, prirent ses vêtements (et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat), et sa tunique. Or la tunique était sans couture, d'un seul tissu d'en haut jusqu'en bas.Note Jean 19,23 : Voir
Matthieu, 27, 35 ;
Marc, 15, 24 ;
Luc, 23, 34. ―
Après l’avoir crucifié. Voir
Matthieu, note, 27.35 ―
Or la tunique était sans couture. « La tunique était le principal vêtement de dessous ; elle se rapproche fort par son usage de la chemise et par sa forme de la blouse moderne. [La tradition rapporte que Charlemagne reçut la sainte Tunique en présent de l’impératrice de Constantinople Irène et qu’il la déposa à Argenteuil. Elle a été divisée au moment de la Révolution]. Le tissu est en poil de chameaux assez lâche et ressemble à du canevas dont les fils seraient très tors. Elle est tissée depuis le haut dans toute son étendue, sans couture, et faite à l’aiguille sur le plus simple des métiers tel qu’une tablette recevant sur ses deux faces la chaîne et la trame. C’était un vêtement descendant jusqu’au-dessous des genoux, près des pieds, avec deux manches qui ne pouvaient couvrir les bras qu’à moitié. Elle avait 1 m. 45 de hauteur et 1 m. 15 de largeur. » (ROHAULT DE FLEURY.)
24 Ils se dirent donc l'un à l'autre : Ne la divisons point, mais tirons au sort à qui elle sera. Afin que s'accomplît l'Ecriture disant: Ils se sont partagés mes vêtements, et sur ma robe ils ont jeté le sort. Les soldats firent donc cela.
25 Cependant étaient debout près de la croix de Jésus, sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine.26 Lors donc que Jésus eut vu sa mère, et, près d'elle, le disciple qu'il aimait, il dit à sa mère : Femme, voilà votre fils.Note Jean 19,26 : Le disciple qu’il aimait, saint Jean l’Evangéliste.
27 Ensuite il dit au disciple : Voilà ta mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la prit avec lui.Note Jean 19,27 : Le disciple saint Jean la prit avec lui dans sa maison, comme le signifie le texte original.
28 Après cela, Jésus sachant que tout était consommé, afin d'accomplir l'Ecriture, dit : J'ai soif.29 Or il y avait là un vase plein de vinaigre. C'est pourquoi les soldats entourant d'hysope une éponge pleine de vinaigre, la présentèrent à sa bouche.Note Jean 19,29 : Entourant d’hysope. « Il existe, dit Benoît XIV, deux espèces d’hysope, l’une, plante parasite qui s’attache aux murs, l’autre qui croît dans les champs et s’élève jusqu’à deux mètres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mêlé au vinaigre, ou si sa tige a servi de support pour approcher l’éponge, ou si ses rameaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l’éponge ; enfin si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n’avait pas besoin de plus de 60 à 65 centimètres de longueur pour atteindre la tête du Crucifié. »
30 Lors donc que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est consommé. Et, la tête inclinée, il rendit l'esprit.Note Jean 19,30 : Jésus boit du vinaigre pour accomplir les prophéties de la passion. « Jésus avait tout prévu, et sachant les prophéties, il les accomplissait toutes avec connaissance. C’est ce qu’il fit jusqu’à la mort ; et c’est pourquoi, jusque sur la croix,
voyant que tout s’accomplissait, et qu’il ne lui restait plus rien à accomplir durant sa vie que cette prophétie de David :
Ils m’ont donné du fiel à boire, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé avec du vinaigre, il dit :
J’ai soif. On lui présenta le breuvage qui lui avait été prédestiné ;
il en goûta autant qu’il fallait pour accomplir la prophétie ; après il dit :
Tout est accompli ; il n’y a plus qu’à rendre l’âme ; à l’instant
il baissa la tête, et se mit volontairement en la posture d’un homme mourant,
et il expira. Jésus donc savait ce qu’il voulait, qui était l’accomplissement des prophéties ; mais une vertu cachée exécutait tout le reste. Il se trouva précisément un vaisseau où il y avait du vinaigre [mêlé de fiel] ; il se trouva une éponge dans laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa ; on l’attacha au bout d’une lance et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses ennemis, que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrètement, fit tout le préparatif nécessaire à l’accomplissement de la prophétie. » (BOSSUET.) ―
Il rendit l’esprit. Voir
Matthieu, 27, 50. ―
Tout est consommé : « Les prophéties sont réalisées, les décrets éternels de mon Père sont exécutés, l’œuvre de la rédemption du monde est accomplie. Ce fut un vendredi que le premier homme fut créé, un vendredi que Jésus naquit, un vendredi qu’il expira et racheta l’humanité. » (CRAMPON, 1885)
31 Les Juifs donc (parce que c'était la préparation), afin que les corps ne demeurassent pas en croix le jour du sabbat (car ce jour de sabbat était très solennel), prièrent Pilate qu'on leur rompît les jambes et qu'on les enlevât.Note Jean 19,31 : La préparation. Voir le verset 14. ― Etait très solennel, à cause de la fête de pâque qui tomba cette année-là en ce même jour. ― Qu’on leur rompît les jambes. « Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains, le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, puisqu’il accélérait la mort. Mais pour Notre-Seigneur, les Juifs étaient devenus plus cruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d’humanité qui les fit agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (ROHAULT DE FLEURY)
32 Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis du second qui avait été crucifié avec lui.33 Mais lorsqu'ils vinrent à Jésus, et qu'ils le virent déjà mort, ils ne rompirent point les jambes ;34 Seulement un des soldats ouvrit son côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau.Note Jean 19,34 : Un des soldats ouvrit son côté avec une lance. D’après une tradition consignée dans le martyrologe romain, au 15 mars, ce soldat s’appelait Longin et se convertit plus tard au christianisme. ― Avec une lance. « La lance, longue et légère, avec une tête large et plate servant à la fois de pique et de trait, avait une bride en cuir attachée au bois. » (RICH.)
35 Et celui qui l'a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai. Et il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.36 Car ces choses ont été faites, afin que s'accomplît l'Ecriture : Vous n'en briserez aucun os.37 Et dans un autre endroit, l'Ecriture dit encore : Ils porteront leurs regards sur celui qu'ils ont transpercé.
Jean 19, 38 : Descente de la Croix - Gravure de Gustave Doré
38 Après cela, Joseph d'Arimathie (qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs) demanda à Pilate de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et enleva le corps de Jésus.Note Jean 19,38 : Voir
Matthieu, 27, 57 ;
Marc, 15, 43 ;
Luc, 23, 50. ―
Joseph d’Arimathie. Voir
Matthieu, note 27.57. ―
Demanda… le corps de Jésus. Voir
Matthieu, 27, 58.
Jean 19, 39-40 : Le Christ descendu de la Croix - Gravure de Gustave Doré
39 Vint aussi Nicodème, qui était d'abord venu trouver Jésus pendant la nuit ; il apportait une composition de myrrhe et d'aloès d'environ cent livres.Note Jean 19,39 : Voir
Jean, 3, 2. ―
Nicodème. Voir
Jean, 3, 1. ―
Une composition de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. « La myrrhe et l’aloès, dont les sucs [sont] très amers, ont la propriété de préserver les corps de la putréfaction. Quatre ou cinq livres eussent suffi à la rigueur. Cette grande quantité d’aromates fait voir qu’il n’était pas seulement enduit, mais plongé dans les parfums pour accélérer l’opération, en évitant de toucher au corps. » (ROHAULT DE FLEURY.) Sur la myrrhe, voir
Matthieu, 2, 11.
40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent dans des linges avec des parfums, comme les Juifs ont coutume d'ensevelir.Note Jean 19,40 : L’enveloppèrent dans des linges dont un grand Linceul, le Saint Suaire, exposé à Turin ; précieuse relique conservée jusqu’à nos jours, et dont l’authenticité est désormais scientifiquement bien établie. « Les observations les plus scrupuleuses s’accordent à faire reconnaître jusqu’à deux et trois cent mètres superficiels de linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dû être employés à l’ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée dans l’emploi des aromates prouve qu’on n’a pas dû épargner davantage les linges et les bandelettes, d’ailleurs nécessaires pour les maintenir. » (ROHAULT DE FLEURY.)
Jean 19, 41-42 : Le Christ mis au tombeau - Gravure de Gustave Doré
41 Or il y avait au lieu où il fut crucifié, un jardin, et dans le jardin, un sépulcre neuf, où personne encore n'avait été mis.42 Là donc, à cause de la préparation des Juifs, et parce que le sépulcre était proche, ils déposèrent Jésus.