Ingratitude des Israélites envers le Seigneur.
Mépris des prêtres pour son autel.
On lui offrira en tout lieu une oblation pure.
Son nom sera respecté parmi les nations.
1 Malheur accablant de la parole du Seigneur, adressée à Israël, par l'entremise de Malachie.
2 Je vous ai aimés, dit le Seigneur, et vous avez dit : En quoi nous avez-vous aimés? Est-ce qu'Esaü n'était pas frère de Jacob? dit le Seigneur, et j'ai aimé Jacob ;Note Ml. 1,2-3 :
J’ai aimé Jacob, mais j’ai haï Esaü, en prévision des bonnes dispositions de l’un et des mauvaises inclinations de l’autre. Saint Paul (voir
Romains, 9, vv. 11, 13), et après lui saint Augustin et la plupart des écrivains ecclésiastiques ont enseigné que ces deux frères étaient la figure des élus et des réprouvés.
3 Mais j'ai haï Esaü; et j'ai fait de ses montagnes une solitude, et j'ai abandonné son héritage aux dragons du désert.Note Ml. 1,3 :
Une solitude. Outre que l’Idumée était stérile d’elle-même, elle avait été ravagée par l’armée de Nabuchodonosor, cinq ans après la prise de Jérusalem (voir
Isaïe, chapitre 21 et suivants (?);
Jérémie, 49, verset 7 et suivants ;
Ezéchiel, 25, 13 ;
35, 3 ;
Amos, 1, 11-12).A l’époque où prophétisait Malachie, les Nabatéens s’étaient emparés de l’Idumée et en avaient chassé pour toujours les anciens habitants. ―
Aux dragons du désert ; d’après l’original,
aux chacals.
4 Que si l'Idumée dit : Nous avons été détruits, mais revenant nous bâtirons ce qui a été détruit: voici ce que dit le Seigneur des armées : Ceux-ci bâtiront, et moi je détruirai ; et ils seront appelés bornes d'impiété et peuple contre qui le Seigneur s'est irrité jusqu'à jamais.5 Et vos yeux verront, et vous direz : Que le Seigneur soit magnifié par delà les limites d'Israël.
6 Un fils honore son père et un serviteur son maître ; si donc moi, je suis votre père, où est mon honneur? et si moi, je suis votre Seigneur, où est la crainte de moi? dit le Seigneur des armées, à vous, ô prêtres, qui méprisez mon nom, et qui dites : En quoi avons-nous méprisé votre nom?7 Vous offrez sur mon autel un pain souillé, et vous dites : En quoi vous avons-nous souillé? En ce que vous dites : La table du Seigneur est méprisée.Note Ml. 1,7 : Pain. Par ce mot, les Hébreux entendaient toutes sortes d’aliments.
8 Si vous offrez un animal aveugle pour être immolé, n'est-ce pas un mal? et si vous en offrez un boiteux ou malade, n'est-ce pas un mal? offre-le à ton gouverneur pour voir s'il lui plaira, ou s'il accueillera ta face, dit le Seigneur des armées.Note Ml. 1,8 :
Si vous offrez, etc. Dieu voulait que toutes les victimes qu’on lui offrait fussent sans défaut (voir
Lévitique, 22, 21-22 ;
Deutéronome, 15, 21). ―
S’il accueillera ta face ; hébraïsme, pour,
s’il te recevra favorablement.
9 Et maintenant implorez la face du Seigneur, afin qu'il ait pitié de vous (car c'est par votre main que cela a été fait), pour voir si de quelque manière il accueillera vos faces, dit le Seigneur des armées.Note Ml. 1,9 : Cela, c’est-à-dire, les abus, les désordres, signalés dans les versets précédents. ― Il accueillera vos faces. Voir le verset 8.
10 Qui est celui parmi vous qui ferme les portes de mon temple, et qui allume le feu sur mon autel gratuitement? mon affection n'est pas en vous, dit le Seigneur des armées, et je ne recevrai pas de présent de votre main.Note Ml. 1,10-11 : Il y a dans ces versets deux points qui ne sauraient être exprimés d’une manière plus précise et plus explicite : le premier, l’abolition des sacrifices et des cérémonies de l’ancienne loi ; le second, un sacrifice entièrement pur, offert au Seigneur en tout lieu, et au milieu des nations. On a prétendu que les paroles du Prophète devaient s’entendre du temps où il les prononça, puisque les verbes sont au présent et non au futur. Mais d’abord il y a un verbe au futur et au verset 10, savoir, je recevrai (suscipiam). En second lieu, saint Jérôme, lui-même, tout en traduisant par le présent, a vu dans ce passage, avec les autres Pères de l’Eglise, une vraie prophétie, annonçant des choses futures : ubi manifestissima prophetia de futuris texitur. Troisièmement, dans le texte hébreu, il n’y a pas un seul verbe à un temps défini ; il n’y a que des participes qui supposent le verbe être sous-entendu. Or les participes en hébreu ne renferment en eux-mêmes aucune idée des temps : ce sont plutôt des noms verbaux qui ne peuvent être déterminés à un temps particulier que par le contexte. Quatrièmement enfin, comme nous l’avons remarqué plus haut (page 2 (?)), il arrive souvent aux prophètes de représenter comme déjà accomplis des faits qui ne doivent l’être que dans un temps à venir.
11 Car, depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher, grand est mon nom parmi les nations; et en tout lieu l'on sacrifie, et une oblation pure est offerte à mon nom, parce que grand est mon nom parmi les nations, dit le Seigneur des armées.12 Et vous l'avez souillé en ce que vous dites : La table du Seigneur est souillée; et ce qu'on pose dessus est méprisable, aussi bien que le feu qui le dévore.13 Et vous avez dit : Voilà de notre travail, et vous avez soufflé dessus, dit le Seigneur des armées; et vous avez amené un animal boiteux et malade, fruit de vos rapines, et vous l'offrez en présent; est-ce que je le recevrai de votre main? dit le Seigneur.Note Ml. 1,13 : Voilà de notre travail (Ecce de labore). Après ecce, est évidemment sous-entendu un mot du genre neutre, tel que aliquid, negotium, oblatum, avec lequel puisse s’accorder le pronom neutre suivant : illud. Ainsi le sens paraît être : Ce que nous vous offrons est le fruit le plus excellent de notre travail, et cependant vous avez soufflé dessus ; c’est-à-dire, vous le méprisez au fond, puisque c’est un animal, etc. Voir le verset 8.
14 Maudit le fourbe qui a dans son troupeau un mâle, et qui faisant un vœu, immole un animal débile au Seigneur; parce que je suis le grand roi, dit le Seigneur des armées, et mon nom est terrible parmi les nations.Note Ml. 1,14 : Un mâle sans défaut était la victime désignée par la loi pour les vœux faits au Seigneur (voir Lévitique, 22, verset 18 et suivants).