Les parvis du temple et la ville sainte sont abandonnés à la profanation des gentils.
Prédication des deux témoins.
Puissance que Dieu leur donne.
Ils sont mis à mort par la bête qui monte de l’abîme.
Ils ressuscitent et montent au ciel.
La persécution dans laquelle ils sont mis à mort est la consommation du second malheur.
Septième trompette ; troisième malheur, qui est l’anathème dont le souverain Juge doit frapper la terre au jour de son avènement.
1 Et un roseau long comme une perche me fut donné, et il me fut dit : Lève-toi et mesure le temple de Dieu, et l'autel, et ceux qui y adorent.Note Ap. 11,1-11.2 : « Le temple qui est montré à saint Jean n’est certainement pas celui de Jérusalem, détruit depuis longtemps ; c’est l’image de l’Eglise, la cité céleste, le sanctuaire par excellence du vrai Dieu. Aussi est-ce au ciel que saint Jean le voit. Il en prend la mesure sur la parole de l’Ange, comme Ezéchiel avait pris la mesure du temple de Jérusalem, pour faire entendre que le Seigneur veut le conserver dans toute son intégrité, qu’il n’y sera fait aucun retranchement. Ce symbole répond à celui du sceau, dont sont marqués les cent quarante-quatre mille élus que Dieu veut tirer des douze tribus. Quant au parvis extérieur, c’est-à-dire ce qui appartient à l’Eglise sans être l’Eglise elle-même, saint Jean n’a pas à le mesurer, parce qu’il est abandonné aux fureurs des Gentils, pour être dévasté et foulé aux pieds. Ainsi Dieu se réserve l’essentiel, l’intérieur, la foi, le culte, les choses saintes : rien ne pourra les détruire ni les changer. Mais les dehors seront saccagés, les édifices matériels abattus, les biens pillés, les prêtres et les fidèles maltraités ou mis à mort, les faibles renversés. » (L. BACUEZ.)
2 Mais le parvis qui est hors du temple, laisse-le, et ne le mesure pas, parce qu'il a été abandonné aux gentils, et ils fouleront aux pieds la cité sainte pendant quarante-deux mois ;Note Ap. 11,2 :
Hors du temple, en grec
naos. Voir
Matthieu, 21, 12. ― «
La cité sainte, livrée aux Gentils et saccagée par les infidèles, c’est l’Eglise considérée dans sa plus grande extension, comme comprenant avec le temple toutes ses dépendances, jusqu’aux demeures des chrétiens. Des commentateurs modernes veulent voir là Jérusalem ; mais outre que Jérusalem était en ruines et dévastée depuis longtemps, saint Jean n’aurait pas donné le titre de
cité sainte à la ville déicide, si durement châtiée par Dieu, ni celui de
temple de Dieu au siège d’un culte réprouvé. D’ailleurs, l’affliction de Jérusalem dure toujours, et celle de cette
cité doit cesser après trois ans et demi, quarante-deux mois, mille deux cent soixante et des jours, l’espace de temps que dura en Israël la sécheresse miraculeuse demandée et obtenue par le prophète Elie. » (L. BACUEZ.)
3 Et je donnerai à mes deux témoins de prophétiser pendant mille deux cent soixante jours, revêtus de sacs.Note Ap. 11,3 :
Mes deux témoins. Les Pères et les interprètes ont entendu communément par ces deux témoins Hénoch (voir
Genèse, 5, 22 ;
Ecclésiastique, 44, 16 ;
Hébreux, 11, 5) et Elie, « qui doivent revenir à la fin des temps prêcher aux hommes la pénitence. » (CRAMPON) ―
De prophétiser ; littéralement :
Et ils prophétiseront ; ce qui est un pur hébraïsme.
4 Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers dressés devant le Seigneur de la terre.Note Ap. 11,4 : « Allusion à Zacharie, 4, verset 2 et suivants, où deux oliviers figurent à droite et à gauche d’un chandelier, symbolisant Zorobabel et le grand prêtre Jésus (Josué), les défenseurs du peuple de Dieu. Mais ce n’est qu’un simple rapprochement entre deux visions essentiellement différentes. Les témoins du Christ doivent, comme l’olivier, porter l’huile du Saint-Esprit et de sa divine lumière. » (CRAMPON)
5 Et si quelqu'un veut leur nuire, il sortira de leur bouche un feu qui dévorera leurs ennemis; et si quelqu'un veut les offenser, c'est ainsi qu'il doit être tué.6 Ils ont le pouvoir de fermer le ciel pour qu'il ne pleuve point durant les jours de leur prophétie, et ils ont pouvoir sur les eaux pour les changer en sang, et pour frapper la terre de toutes sortes de plaies, toutes les fois qu'ils voudront.Note Ap. 11,6 : « La première partie de ce verset rappelle clairement Elie (voir
1 Rois, 17, 1 ; comparer à
Jacques, 5, 17), la seconde Moïse (voir
Exode, 17, 19), celui-ci représentant la Loi, celui-là la prophétie, et par suite l’Evangile. Saint Jean les avait vus tous deux sur le Thabor, témoins de la glorification de Jésus et s’entretenant avec lui de ses souffrances (voir
Luc, 9, 30). » (CRAMPON)
7 Et quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera,Note Ap. 11,7 : « Dans ces paroles et celles qui suivent, saint Jean décrit la guerre, la mort et la victoire corporelle dans lesquelles Dieu accordera à l’Antéchrist le triomphe sur ces deux prophètes, après leur guerre et leur victoire spirituelle contre lui. L’Antéchrist est ici appelé
la bête qui s’élève de l’abîme. Par
La bête, saint Jean désigne donc l’Antéchrist, ou le fils de perdition qui apparaîtra dans le monde vers la fin des temps. 1° Il est appelé
la bête, à cause de sa vie abominable qu’il passera dans la luxure et la concupiscence des femmes. 2° A cause de sa cruauté sans exemple avec laquelle, comme le farouche léopard, il sévira contre les chrétiens. 3° Une bête féroce dévore et déchire tout ce qu’elle rencontre ; et c’est ainsi que l’Antéchrist dévorera et mutilera toutes choses saintes et sacrées ; il abolira le sacrifice continuel, il foulera aux pieds le Saint des Saints, il ne craindra pas le Dieu de ses pères, et ne s’inquiètera d’aucun dieu (voir
Daniel, 11, 37). 4° Comme le destin final de la bête est de naître et de vivre pour être tuée ou périr ; ainsi l’Antéchrist naîtra et sera désigné et choisi pour ne faire que le mal, et pour courir à sa perte ; c’est pour cela qu’il est appelé le fils de perdition. Il est dit que la bête s’élèvera de l’abîme, parce que l’Antéchrist parviendra à [la puissance] par les fraudes les plus sourdes et les plus cachées et par les artifices les plus coupables ; et c’est à l’aide de la puissance des ténèbres, qu’il entrera dans le royaume et s’élèvera par-dessus tout, et ensuite parce qu’il possèdera les trésors d’or, d’argent et de pierreries les plus précieuses qui soient cachées dans les abîmes de la terre et la mer ; et ces trésors lui seront révélés et livrés par le démon Moazim qu’il adorera (voir
Daniel, 11, 38). On doit aussi remarquer ici que le verbe s’élever [ou monter] est mis au présent, tandis que les verbes, faire, vaincre et tuer sont au futur ; c’est pour nous apprendre que ce n’est pas dès l’instant de son élévation au trône, qu’il sera permis à l’Antéchrist de sévir contre les deux prophètes, mais seulement après qu’ils auront rendu et terminé leur témoignage de Jésus-Christ. » (HOLZHAUSER)
8 Et les corps seront gisants sur la place de la grande cité, qui est appelée allégoriquement Sodome et Egypte, où même leur Seigneur a été crucifié.Note Ap. 11,8 : «
Grande cité, ou grande ville, etc. Ces traits conviennent à Jérusalem (voir
Isaïe, 1, 10 ;
3, 9 ;
Ezéchiel, 16, 49) ; mais tout, dans ce tableau, étant symbolique, Jérusalem doit l’être aussi : comparer aux versets 9-10. Ce nom signifie donc toute ville, toute contrée de la terre corrompue comme
Sodome, rebelle aux ordres de Dieu comme l’Egypte, crucifiant de nouveau Jésus-Christ dans ses membres comme Jérusalem. » (CRAMPON, 1885). On peut donc penser à la Jérusalem du Temps des Nations : Rome, devenue apostate à la fin des temps.
9 Et des hommes de toutes les tribus, de tous les peuples, de toutes les langues et de toutes les nations, verront leurs corps étendus trois jours et demi, et ils ne permettront pas qu'ils soient mis dans un tombeau.Note Ap. 11,9 : De toutes les tribus, etc. Les mots toutes, tous, ne sont pas exprimés dans la Vulgate, mais ils se trouvent dans le Grec suffisamment représentés par l’article déterminatif, lequel, en effet, placé devant les noms de classe, de catégorie, etc., indique, comme en hébreu, l’universalité.
10 Les habitants de la terre se réjouiront à leur sujet ; ils feront des fêtes, et s'enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes tourmentaient ceux qui habitaient sur la terre.11 Mais après trois jours et demi, un esprit de vie venant de Dieu entra en eux. Et ils se relevèrent sur leurs pieds, et une grande crainte saisit ceux qui les virent.Note Ap. 11,11 :
Mais après trois jours et demi : « allusion à la résurrection du Sauveur. ―
Un esprit de vie: comparer à
Ezéchiel, 27,10. » (CRAMPON)
12 Alors ils entendirent une voix forte du ciel, qui leur dit : Montez ici. Et ils montèrent au ciel dans une nuée, et leurs ennemis les virent.13 A cette même heure, il se fit un grand tremblement de terre ; la dixième partie de la ville tomba, et sept mille hommes périrent dans le tremblement de terre ; les autres furent pris de frayeur et rendirent gloire au Dieu du ciel.Note Ap. 11,13 :
Sept mille hommes ; littéralement,
sept mille noms d’homme. Le mot
nom, comme on l’a déjà vu (voir
Apocalypse, 3, 4), répond dans les énumérations à
tête, individu, personne, homme. Etant joint ici au mot
homme, il devient pléonastique.
14 Le second malheur est passé, et voici que le troisième viendra bientôt.
15 Le septième ange sonna de la trompette ; et le ciel retentit de grandes voix, qui disaient : Le royaume de ce monde est devenu le royaume de Notre Seigneur et de son Christ, et il régnera dans les siècles des siècles. Amen.
16 Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis sur leurs trônes devant Dieu tombèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, disant :17 Nous vous rendons grâces, Seigneur Dieu tout-puissant, qui êtes, qui étiez, et qui devez venir, parce que vous avez saisi votre grande puissance, et que vous régnez.18 Les nations se sont irritées, et alors est arrivée votre colère, et le temps de juger les morts, et de donner la récompense aux prophètes vos serviteurs, aux saints et à ceux qui craignent votre nom, aux petits et aux grands, et d'exterminer ceux qui ont corrompu la terre.Note Ap. 11,18 : Le temps de juger les morts ; littéralement, le temps de l’être jugé des morts ; construction hébraïque mise pour : Le temps auquel les morts seront jugés.
19 Alors le temple de Dieu fut ouvert dans le ciel, et l'on vit l'arche de son alliance dans son temple, et il se fit des éclairs, des voix, un tremblement de terre et une grosse grêle.