Origine et vertus de Judith.
Elle apprend ce qu’Ozias dit, mande les anciens, et leur en fait des reproches.
Elle ranime leur courage.
Ils lui disent de prier.
Elle annonce qu’elle va sortir pour exécuter un dessein qu’elle médite.
1 Et il arriva que Judith apprit ces paroles, Judith, veuve, fille de Mérari, fils d'Idox, fils de Joseph, fils d'Ozias, fils d'Elaï, fils de Jamnor, fils de Gédéon, fils de Raphaïm, fils d'Achitob, fils de Melchias, fils d'Enan, fils de Nathanias, fils de Salathiel, fils de Siméon, fils de Ruben ;Note Judith 8,1 :
Il arriva que Judith apprit ; littéralement
que Judith ayant appris ; ce qui laisse la phrase suspendue et inachevée. Le grec dit simplement :
Et Judith apprit. ― Au lieu de
Ruben, le grec et le syriaque lisent
Israël. Ruben, en effet, était fils d’Israël ou Jacob. De plus, Judith nomme expressément comme patriarche de sa tribu ce Siméon qui était fils de Jacob (voir
Judith, 9, 2). Enfin on ne lit le nom de Siméon parmi les fils de Ruben, dans aucune des diverses listes généalogiques des patriarches.
2 Et son mari fut Manassès, qui mourut dans les jours de la moisson d'orge :3 Car il surveillait ceux qui liaient les gerbes dans la campagne, et la grande chaleur vint sur sa tête, et il mourut à Béthulie, sa ville, et fut enseveli là avec ses pères.Note Judith 8,3 : La grande chaleur vint sur sa tête ; il fut frappé d’insolation, accident commun en Palestine.
4 Ainsi Judith était restée veuve depuis déjà trois ans et six mois.5 Et dans le haut de sa maison elle s'était fait une chambre secrète, dans laquelle elle demeurait enfermée avec ses servantes ;Note Judith 8,5 : Une chambre secrète, en grec, une tente. Elle avait disposé sur la terrasse de sa maison, qui en formait le toit, une espèce de tente, où elle vivait retirée.
6 Et, ayant sur ses reins un cilice, elle jeûnait tous les jours de sa vie, excepté les sabbats, les néoménies et les fêtes de la maison d'Israël.Note Judith 8,6 : Les néoménies, les jours de la nouvelle lune, qui marquaient le commencement d’un mois.
7 Or elle était d'une grande beauté, et son mari lui avait laissé de grandes richesses, une famille nombreuse, et des possessions pleines de troupeaux de bœufs et de troupeaux de brebis.Note Judith 8,7 : Par famille nombreuse on entend généralement un grand nombre de domestiques.
8 Et elle était très renommée parmi tout le monde, parce qu'elle craignait beaucoup le Seigneur; et il n'y avait personne qui dît d'elle une parole mauvaise.
9 C'est pourquoi, lorsqu'elle eut appris qu'Ozias avait promis que, passé le cinquième jour, il livrerait la ville, elle envoya vers les anciens Chabri et Charmi,10 Qui vinrent vers elle, et elle leur dit : Quelle est cette parole par laquelle Ozias a consenti de livrer la ville aux Assyriens, si dans cinq jours il ne vous vient du secours?Note Judith 8,10 : Quelle est, etc. Autrement : Quel est le motif pour lequel.
11 Et qui êtes-vous, vous qui tentez le Seigneur?12 Ce n'est pas là une parole qui appelle la miséricorde, mais plutôt elle excite la colère et allume la fureur.Note Judith 8,12 : Une parole ; ou bien une chose.
13 Vous avez fixé un temps à la miséricorde du Seigneur, et, selon votre volonté, vous lui avez marqué un jour.14 Mais, puisque le Seigneur est patient, par cela même faisons pénitence, et réclamons son indulgence en répandant des larmes ;15 Car ce n'est point comme un homme que Dieu menacera, ni comme le fils d'un homme qu'il s'enflammera de son courroux.16 C'est pourquoi humilions devant lui nos âmes, et le servant, établis dans un esprit humilié,17 Disons en pleurant au Seigneur que, selon sa volonté, il nous accorde sa miséricorde, afin que de même que notre cœur est troublé par l'orgueil de nos ennemis, de même aussi nous nous glorifiions de notre humiliation,18 Parce que nous n'avons point suivi les péchés de nos pères, qui ont abandonné leur Dieu et ont adoré des dieux étrangers :19 Pour lequel crime, ils ont été livrés au glaive, au pillage, et à la confusion parmi leurs ennemis; mais nous, nous ne connaissons point d'autre Dieu, hors lui.20 Attendons humblement sa consolation, et il vengera notre sang des afflictions que nous causent nos ennemis; il humiliera aussi toutes les nations quelconques qui s'élèvent contre nous, et le Seigneur notre Dieu les livrera au déshonneur.21 Or maintenant, mes frères, puisque vous êtes les anciens parmi le peuple de Dieu, et que de vous dépend leur âme, relevez leur cœur par vos paroles, afin qu'ils se souviennent que nos pères ont été tentés pour éprouver s'ils honoraient véritablement leur Dieu.Note Judith 8,21 : Leur âme ; hébraïsme, pour leur vie.
22 Ils doivent se souvenir comment Abraham notre père fut tenté, et comment, éprouvé par beaucoup de tribulations, il devint l'ami de Dieu.23 Ainsi Isaac, ainsi Jacob, ainsi Moïse, et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par beaucoup de tribulations en restant fidèles.24 Mais ceux qui n'ont point reçu les tentations avec la crainte du Seigneur, et qui ont témoigné leur impatience, leur reproche et leur murmure contre le Seigneur,Note Judith 8,24 : Qui ont témoigné, etc. Voir Nombres, 11, 1 ; 14, 2 ; 20, 2-6.
25 Ont été exterminés par l'exterminateur, et ont péri par les serpents.26 Et nous donc, ne nous vengeons point pour ce que nous souffrons ;Note Judith 8,26 : Ne nous vengeons pas par impatience ; ne nous irritons pas.
27 Mais, considérant que ces châtiments mêmes sont moindres que nos péchés, croyons que les fléaux du Seigneur par lesquels nous sommes punis, comme serviteurs, nous sont venus pour notre amendement, et non pour notre perte.
28 Alors Ozias et les anciens lui dirent : Tout ce que vous avez dit est vrai, et dans vos paroles il n'y a rien à reprendre.29 Maintenant donc, priez pour nous, parce que vous êtes une femme sainte et craignant Dieu.
30 Et Judith leur dit : Comme vous reconnaissez que ce que j'ai pu dire vient de Dieu,31 De même examinez si ce que j'ai résolu vient de Dieu, et priez, afin que Dieu affermisse ma résolution.32 Vous vous tiendrez à la porte cette nuit, et moi je sortirai avec ma servante ; et priez, comme vous avez dit, que dans cinq jours le Seigneur regarde son peuple d'Israël.Note Judith 8,32 : Avec ma servante, en latin abra mea. Il ne s’agit pas d’une servante ordinaire, mais d’une femme de confiance, sans doute celle de ses servantes qui était placée à la tête de toutes les autres.
33 Mais je ne veux pas que vous recherchiez ce que je dois faire, et jusqu'à ce que je vous l'annonce, qu'on ne fasse rien autre chose qu'une prière pour moi au Seigneur notre Dieu.34 Et Ozias, prince de Juda, lui répondit : Allez en paix, et que le Seigneur soit avec vous pour tirer vengeance de nos ennemis. Et, retournant, ils s'en allèrent.