Ruth va glaner dans les champs de Booz.
Booz la comble de bonté.
1 Or Elimélech, mari de Noémi, avait un parent, homme puissant et de grandes richesses, du nom de Booz.
Ruth 2, 2-7 : Booz et Ruth - Gravure de Gustave Doré
2 Et Ruth, la Moabite, dit à sa belle-mère : Si vous ordonnez, j'irai dans le champ, et je recueillerai les épis qui auront échappé des mains des moissonneurs, partout où je trouverai grâce devant un père de famille, bon pour moi. Noémi lui répondit : Va, ma fille.Note Rt. 2,2 : Dans le champ ; voisin du lieu où elles se trouvaient. ― Les épis qui auront échappé des mains des moissonneurs. La récolte du froment commence ordinairement en Palestine vers la fin de mai. Les moissonneurs, prenant les épis de la main gauche, les coupent de la main droite avec une faucille, ou bien les arrachent les avec la main par la racine ; on les lie en gerbes avec un lien fait de la paille même qu’on vient de couper et on les laisse, ainsi liés, sur place. Hommes et femmes travaillent aujourd’hui, comme du temps de Ruth, à cette opération. Ils avancent en diagonale à travers le champ qu’ils moissonnent. Ce ne sont pas les cultivateurs ordinaires qui moissonnent, ce sont des hommes pris à gage pour la journée.
3 C'est pourquoi elle s'en alla, et elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Or, il arriva que ce champ avait un maître du nom de Booz, qui était de la parenté d'Elimélech.Note Rt. 2,3 : Elle recueillait les épis derrière les moissonneurs. Aujourd’hui comme du temps de Ruth, « les plus pauvres parmi le peuple, la veuve et l’orphelin, se voient souvent à la suite des moissonneurs, recueillant les épis qui ont été laissés en arrière. » (VAN LENNEP.)
4 Et voilà que lui-même venait de Bethléhem, et il dit aux moissonneurs : Le Seigneur soit avec vous! Ceux-ci lui répondirent : Le Seigneur vous bénisse !5 Alors Booz dit au jeune homme qui était à la tête des moissonneurs : A qui est cette jeune fille?6 Il lui répondit : C'est cette Moabite qui est venue avec Noémi du pays de Moab.7 Elle a demandé de recueillir les épis restants, en suivant les traces des moissonneurs; et depuis le matin jusqu'à présent elle est dans le champ, et elle n'est pas même retournée un moment dans sa maison.
8 Et Booz dit à Ruth : Ecoute, ma fille, ne va point dans un autre champ pour glaner, et ne t'éloigne point de ce lieu ; mais joins-toi à mes jeunes filles.Note Rt. 2,8 : Mes jeunes filles ; c’est-à-dire les jeunes filles qui me servent.
9 Et là où elles moissonneront, suis-les. Car j'ai commandé à mes serviteurs que personne ne t'inquiète ; et même si tu as soif, va où sont les vases, et bois de l'eau dont mes serviteurs eux-mêmes boivent.Note Rt. 2,9 : Et même si tu as soif, va où sont les vases et bois de l’eau dont mes serviteurs eux-mêmes boivent. Les moissonneurs sont toujours très altérés, aussi vont-ils boire souvent à une cruche d’eau qu’on garde cachée à l’ombre d’un arbre ou dans des broussailles. Les peintures égyptiennes représentant la moisson nous montrent presque toujours des outres d’eau destinées aux ouvriers. Tantôt une femme les leur apporte, tantôt on les voit boire à longs traits.
10 Ruth, tombant sur sa face, et se prosternant contre terre, lui dit : D'où me vient cela, que j'ai trouvé grâce devant vos yeux, et que vous daigniez me connaître, moi femme étrangère?11 Booz lui répondit : On m'a rapporté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari, et que tu as quitté tes parents et la terre où tu es née, et que tu es venue chez un peuple, qu'auparavant tu ne connaissais pas.12 Que le Seigneur te rende selon tes œuvres et que tu reçoives une pleine récompense du Seigneur Dieu d'Israël, vers lequel tu es venue, et sous les ailes duquel tu t'es réfugiée.13 Ruth répondit : J'ai trouvé grâce devant vos yeux, mon seigneur, qui m'avez consolée, et vous avez parlé au cœur de votre servante, de moi qui ne suis pas semblable à vos servantes.Note Rt. 2,13 : Qui ne suis pas semblable ; qui suis au-dessous.
14 Booz lui dit encore : Quand ce sera l'heure de manger, viens ici, et mange du pain, et trempe ton morceau dans le vinaigre. C'est pourquoi elle s'assit au côté des moissonneurs, prit des grains rôtis pour elle, mangea, se rassasia et emporta le reste.Note Rt. 2,14 : Chez les anciens, le vinaigre figurait ordinairement dans les repas des gens de la campagne. ― Quand le moment du repas est venu, les moissonneurs se réunissent tous ensemble, à l’ombre d’un arbre, autour d’un plat fourni par le propriétaire du champ. Les mets préférés sont le leben ou le lait aigre, des grains rôtis, la salade ou des mets vinaigrés, nourriture peu substantielle mais rafraîchissante, et par là même très agréable au milieu de la chaleur qui dévore les travailleurs. Sur les épis rôtis, voici ce que dit un voyageur : « Je rencontrai entre Acre et Seyde un berger qui conduisait le lus grand troupeau de chèvres que j’eusse encore vu dans le pays. Il dînait avec des épis de froment à moitié mûrs, qu’il mangeait, après les avoir fait rôtir, d’aussi bon appétit que les Turcs font leur pillaus. Il nous régala du même mets et nous offrit à boire du lait tout chaud. Il est parlé de ces épis ainsi rôtis dans le livre de Ruth, preuve que cette nourriture est fort ancienne dans l’Orient. Elle est pareillement en usage en Egypte, avec cette différence que les pauvres gens substituent aux épis de froment ceux du blé de Turquie et du millet. Les premiers hommes qui usèrent de cette nourriture, ignoraient les raffinements de l’art, et vraisemblablement ceux qui s’en servent les ignorent encore. Cependant je mets beaucoup de différence entre du bon pain de froment et ces épis rôtis. » (FR. HASSELQUIST.)
15 Et ensuite elle se leva pour recueillir les épis, selon la coutume. Or, Booz ordonna à ses serviteurs, disant : Quand elle voudrait moissonner avec vous, ne l'empêchez point :16 Et même jetez de vos gerbes à dessein, et faites en sorte qu'il en reste, afin qu'elle glane sans honte, et que lorsqu'elle glanera, personne ne la reprenne.
17 Elle glana donc dans le champ jusqu'au soir; puis frappant d'une verge ce qu'elle avait recueilli et le secouant, elle trouva environ la mesure d'un éphi, c'est-à-dire trois boisseaux.Note Rt. 2,17 : L’éphi contenait environ trente pintes. ― En litres : 38 litres 88. ― Quand la quantité d’orge ou de froment est petite, on sépare le grain de l’épi en le battant avec un bâton et on le vanne au moyen d’un courant d’air qui emporte le chaume.
18 Et, les portant, elle retourna à la ville, et les montra à sa belle-mère ; de plus elle lui présenta et lui donna le reste de ce qu'elle avait mangé et dont elle s'était rassasiée.19 Et sa belle-mère lui demanda : Où as-tu glané aujourd'hui, et où as-tu travaillé? Qu'il soit béni, celui qui a eu pitié de toi ! Et elle lui indiqua chez qui elle avait travaillé ; et elle lui dit que cet homme s'appelait du nom de Booz.20 Noémi lui répondit : Béni soit-il du Seigneur, puisque la même bonté qu'il avait eue pour les vivants, il l'a gardée aussi pour les morts. Et de nouveau, elle dit : Cet homme est notre parent.21 Alors Ruth : Il m'a, dit-elle, ordonné encore ceci, de me joindre à ses moissonneurs, jusqu'à ce que tous les grains seraient recueillis.22 Sa belle-mère lui répondit : Il vaut mieux, ma fille, que tu sortes avec ses jeunes filles pour moissonner, afin que personne ne t'inquiète dans le champ d'un autre.
23 C'est pourquoi elle se joignit aux jeunes filles de Booz, et moissonna avec elles, jusqu'à ce que les orges et le froment eussent été serrés dans les greniers.