Conspiration des Juifs.
Parfums répandus sur la tête de Jésus-Christ.
Trahison de Judas.
Dernière cène.
Institution de l’Eucharistie.
Renoncement de saint Pierre prédit.
Prière de Jésus dans le jardin.
Il est pris, conduit chez Caïphe, accusé, condamné, outragé.
Renoncement et pénitence de saint Pierre.
1 Or c'était la Pâque et les azymes deux jours après ; et les princes des prêtres et les scribes cherchaient comment ils se saisiraient de lui par ruse, et le feraient mourir.Note Marc 14,1 : Voir
Matthieu, 26, 2 ;
Luc, 22, 1. ― La fête de
Pâque (voir
Matthieu, note, 26.2) s’appelait aussi
les Azymes, parce que pendant les sept jours qu’elle durait, les Israélites ne devaient manger que des pains azymes ou non fermentés, en mémoire de la sortie d’Egypte.
2 Mais ils disaient : Non pas un jour de la fête, de peur qu'il ne s'élevât quelque tumulte dans le peuple.
3 Et comme Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, et qu'il était à table, il vint une femme ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de nard d'épi d'un grand prix. Or, le vase rompu, elle répandit le parfum sur sa tête.Note Marc 14,3 : Voir
Matthieu, 26, 6 ;
Jean, 12, 1. ― Le nard a plusieurs épis qui servent à composer un parfum beaucoup plus estimé que celui qui se tire des feuilles de cette plante. ―
Béthanie. Voir
Matthieu, 21, 17. ―
Simon le lépreux. Voir
Matthieu, note 26.6. ―
Un vase d’albâtre. Voir
Matthieu, 26, 7. ― « Ptolémée dit que le nard est une plante odoriférante qui croît principalement à Rangamati, sur les frontières du pays qu’on nomme maintenant le Bootan. Pline en reconnaît douze espèces. Il met en première ligne celui des Indes, puis le syriaque, le gaulois, celui de Crète, etc. Il décrit ainsi le nard indien : « C’est un arbuste à racine épaisse et lourde, mais courte, noire et cassante, quoique onctueuse en même temps. L’odeur ressemble beaucoup à celle du cyperus ; le goût est acre, les feuilles sont petites et viennent en touffes. Les sommités du nard se développent en épis barbus. De là vient que le nard est si fameux pour sa double production, l’épi barbu et la feuille. » Le prix de ce nard était alors de cent deniers la livre (environ 85 francs en 1900). Les autres sortes, qui n’étaient que des herbes, coûtaient beaucoup moins cher et pouvaient s’obtenir pour quelques deniers. Galien et Dioscoride parlent du nard (en grec
nardostachys, nard à épis) à peu près dans les mêmes termes. Ce dernier auteur prétend toutefois que le nard connu sous le nom de syrien venait en réalité des Indes et était apporté en Syrie, d’où on l’expédiait sur divers points… Sir William Jones, orientaliste distingué, fit une étude spéciale de cette question ardue, et finit par découvrir que le nard était une espèce de valériane appelée par les Arabes
sumbul, ce qui signifie
épi barbu, et par les Indous
jatamansi ou mèche de cheveux, noms dus tous deux à la forme de la tige qui ressemble à la queue d’une hermine ou d’une belette. Il lui donna donc la dénomination de
Valeriana jatamansi, qui été acceptée par tous les botanistes modernes. Le mot nard paraît être dérivé du mot tamoul
nar qui désigne une foule de substances odorantes… Le nard des anciens était probablement un nom générique sous lequel ils désignaient les parfums les plus exquis. » (E. RIMMEL.)
4 Quelques-uns s'en indignèrent en eux-mêmes, et ils disaient : Pourquoi avoir ainsi perdu ce parfum?5 Il pouvait en effet, ce parfum, se vendre plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres. Et ils murmuraient contre elle.Note Marc 14,5 : Les trois cents deniers font environ cent cinquante francs de notre monnaie (en 1900).
6 Mais Jésus dit : Laissez-la: pourquoi lui faites-vous de la peine? C'est une bonne œuvre qu'elle a faite envers moi ;7 Car les pauvres, vous les avez toujours avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.8 Ce qu'a pu celle-ci, elle l'a fait ; elle a d'avance parfumé mon corps pour la sépulture.9 En vérité, je vous le dis : Partout où sera prêché cet Evangile, dans le monde entier, ce que celle-ci vient de faire, sera même raconté en mémoire délie.
10 Alors Judas Iscariote, un des douze, alla trouver les princes des prêtres, pour le leur livrer.11 Ceux-ci l'entendant, se réjouirent, et promirent de lui donner de l'argent. Aussi cherchait-il une occasion favorable pour le leur livrer.
12 Or le premier jour des azymes, auquel on immolait la pâque, ses disciples lui dirent : Où voulez-vous que nous allions vous préparer ce qu'il faut pour manger la pâque?Note Marc 14,12 : Voir
Matthieu, 26, 17 ;
Luc, 22, 7. ―
On immolait la pâque, c’est-à-dire l’agneau pascal qu’on immolait et qu’on mangeait le 14 de nisan (mars-avril), en mémoire de la délivrance de la servitude d’Egypte, selon les rites prescrits par la loi. Voir
Exode, 12, vv. 3-20, 27.
13 Et il envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez dans la ville; vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau, suivez-le;Note Marc 14,13 :
Un homme portant une cruche d’eau. Cet homme devait venir de la fontaine de Siloé. Voir
Jean, 9, 11. Aujourd’hui, les Arabes du village de Siloam, au sud de Jérusalem, portent l’eau de Siloé et vont la vendre dans Jérusalem.
14 Et, quelque part qu'il entre, dites au maître de la maison : Le Maître dit : Où est le lieu où je pourrai manger la pâque avec mes disciples?15 Et il vous montrera un grand cénacle meublé; faites-y les préparatifs pour nous.Note Marc 14,15 :
Un grand cénacle, l’
anagaion, l’appartement supérieur où l’on recevait les hôtes, etc. Voir
Marc, note 2.4. Saint Epiphane, dans son livre
Des mesures, raconte que l’empereur Adrien trouva Jérusalem détruite, « à l’exception de quelques maisons et de l’église de Dieu, qui était petite et se trouvait à l’endroit où les Apôtres étaient montés au cénacle : c’est là qu’elle avait été bâtie, dans cette partie de Sion qui avait échappé à la dévastation. » En 1551, l’église du cénacle fut convertie en mosquée et reçut le nom qu’elle porte encore aujourd’hui de Nebi-Daoud ou le prophète David. « D’après la tradition, la maison [où était le cénacle] appartenait à saint Joseph d’Arimathie. Elle avait probablement deux étages divisés chacun en deux parties, comme on l’a toujours vu. La première partie [de l’étage supérieur] est le cénacle ou salle de l’institution de la Sainte Eucharistie, et la seconde la salle du Cénotaphe de David. Aujourd’hui la salle du cénacle a quatorze mètres de long sur neuf de large et elle est en style gothique du XIVe siècle parfaitement caractérisé. Deux colonnes correspondant aux piliers qui supportent l’étage inférieur la divisent dans le sens de sa longueur en deux nefs parallèles. L’étage inférieur est formée de substructions anciennes et divisé en deux salles dont la plus grande est [considérée comme] la salle du lavement des pieds ; c’est une vaste salle dont la voûte est supportée par des piliers dans la direction de l’est à l’ouest. A l’est de cette dernière salle se trouve celle du cénotaphe inférieur de David. » (LIEVIN DE HAMME.)
16 Ses disciples s'en allèrent donc; ils vinrent dans la ville, trouvèrent les choses comme il leur avait dit, et préparèrent la pâque.Note Marc 14,16 :
Ils préparèrent la pâque, l’agneau pascal et tous les accessoires prescrits. Voir
Exode, 12, 3-20.
17 Le soir étant venu, il vint avec les douze.18 Et comme ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus leur dit : En vérité, je vous le dis, un de vous qui mange avec moi me trahira.19 Alors les disciples commencèrent à s'attrister, et à lui demander chacun en particulier : Est-ce moi?20 Il leur répondit : Un des douze, qui met avec moi la main dans le plat.21 Pour le Fils de l'homme, il s'en va, ainsi qu'il est écrit de lui; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera livré ! Il vaudrait mieux pour cet homme qu'il ne fut pas né.

Marc 14, 22-24 : Le repas pascal - Gravure de Gustave Doré
22 Et pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain, et puis l'ayant béni, il le rompit, le leur donna, et dit : Prenez, ceci est mon corps.Note Marc 14,22-23 : Voir sur ces deux versets, Matthieu, notes 26.26 à 26.28.
23 Et, ayant pris le calice et rendu grâces, il le leur donna, et ils en burent tous.24 Et il leur dit: Ceci est mon sang, le sang du Nouveau Testament, qui sera répandu pour un grand nombre.Note Marc 14,24 :
Pour un grand nombre (pro multis). Comparer à
Matthieu, 20, 28.
25 En vérité je vous le dis, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.
26 Et, l'hymne dit, ils s'en allèrent au mont des Oliviers.27 Et Jésus leur dit : Vous vous scandaliserez tous de moi cette nuit; car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis se disperseront.28 Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée.29 Pierre lui dit alors : Quand tous les autres se scandaliseraient de vous, moi, non.30 Et Jésus lui repartit : En vérité je te le dis, aujourd'hui, cette nuit même, avant qu'un coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois.31 Mais Pierre insistait: Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas. Et tous disaient de même.
32 Etant venu à une maison de campagne nommée Gethsémani, il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je prierai.33 Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à s'effrayer et à tomber dans l'abattement.34 Et il leur dit : Mon âme est triste jusqu'à la mort; demeurez ici et veillez.
35 Et, s'étant avancé un peu, il tomba la face contre terre, et il demandait que, s'il était possible, cette heure s'éloignât de lui.36 Et il dit : Abba, Père, toutes choses vous sont possibles, éloignez ce calice de moi; toutefois, non ma volonté, mais la vôtre.Note Marc 14,36 :
Père est mis ici comme explicatif de
abba, mot syriaque ―
Toutefois, non ma volonté, etc. Voir sur cette traduction,
Matthieu, 26, 39.
37 Il revint ensuite, et, comme il les trouva dormant, il dit à Pierre : Simon, tu dors? Tu n'as pas pu veiller une heure?38 Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation. L'esprit est prompt, mais la chair est faible.39 Et, s'en allant de nouveau, il priait, disant les mêmes paroles.40 Etant revenu, il les trouva encore dormant (car leurs yeux étaient appesantis), et ils ne savaient que lui répondre.41 Il vint une troisième fois et leur dit : Dormez maintenant et reposez-vous. C'est assez ; l'heure est venue, voilà que le Fils de l'homme sera livré aux mains des pécheurs.Note Marc 14,41 :
Dormez maintenant et reposez-vous, etc. Voir pour le sens de ce passage,
Matthieu, 26, 45.
42 Levez-vous, allons ; voici que celui qui me livrera approche.
43 Jésus parlant encore. Judas Iscariote, l'un des douze, vint, et, avec lui, une grande troupe armée d'épées et de bâtons, et envoyée par les princes des prêtres , et par les scribes et les anciens.44 Or le traître leur avait donné un signe, disant : Celui que je baiserai, c'est lui-même, saisissez-le, et emmenez-le avec précaution.
Marc 14, 45-46 : Le baiser de Judas - Gravure de Gustave Doré
45 Etant donc venu, il s'approcha aussitôt de lui, disant : Maître, je vous salue ; et il le baisa.46 Et eux mirent la main sur lui, et le saisirent.47 Un de ceux qui étaient présents, tirant son épée, en frappa le serviteur du grand prêtre, et il lui coupa l'oreille.48 Alors prenant la parole, Jésus leur dit : Vous êtes venus comme à un voleur, avec des épées et des bâtons, afin de me prendre.49 J'étais tous les jours parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez point pris ; mais c'est pour que les Ecritures s'accomplissent.50 Alors ses disciples l'abandonnant, s'enfuirent tous.51 Un jeune homme le suivait, couvert seulement d'un linceul ; ils se saisirent de lui.Note Marc 14,51 : D’un linceul. Le terme correspondant en grec et en latin signifie aussi un vêtement de toile de lin dont on se sert pour la nuit. C’est une espèce de chemise qui couvre presque entièrement le corps. ― Plusieurs commentateurs croient que le jeune homme dont saint Marc est le seul à parler, était Marc lui-même.
52 Mais, laissant le linceul, il s'enfuit nu d'au milieu d'eux.
53 Cependant ils amenèrent Jésus chez le grand prêtre, où s'assemblèrent tous les prêtres, et les scribes, et les anciens.54 Pierre le suivit de loin jusque dans la cour du grand prêtre ; et il était assis près du feu avec les serviteurs, et se chauffait.Note Marc 14,54 : La crainte le retient, l’amour l’attire (saint Jérôme). ― Il était assis près du feu et se chauffait. « C’est encore l’usage en Orient où les nuits sont froides. On allume un feu de branchages ou d’herbes sèches et l’on s’accroupit autour pour causer longuement jusqu’à ce que le sommeil l’emporte. Alors on s’enveloppe dans son manteau et l’on dort. » (J.-H. MICHON.)
55 Or les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mourir, et ils n'en trouvaient point.Note Marc 14,55 : Voir
Matthieu, 26, 59. ―
Le conseil. Le sanhédrin. Voir
Matthieu, note 26.59.
Les Grands-Prêtres, selon la loi, il n’y en avait qu’un seul mais comme beaucoup avaient été déposés et remplacés par le gouverneur romain, il y en avait là quelques-uns qui avaient été grands-prêtres (saint Théophile).
56 Car beaucoup témoignaient faussement contre lui ; mais les témoignages ne s'accordaient point.57 Et quelques-uns, se levant, portaient contre lui un faux témoignage, disant :58 Nous l'avons entendu dire : Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois jours j'en rebâtirai un autre non fait de main d'homme.59 Mais leur témoignage n'était pas uniforme.60 Alors le grand prêtre se levant au milieu d'eux interrogea Jésus, disant : Tu ne réponds rien à ce que ceux-ci déposent contre toi?61 Mais Jésus se taisait, et il ne répondit rien. Le grand prêtre l'interrogea de nouveau et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ?62 Et Jésus lui dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la majesté de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.63 Alors le grand prêtre déchirant ses vêtements, dit : Qu'avons-nous encore besoin de témoins.Note Marc 14,63 :
Déchirant ses vêtements. Il déchire ses vêtements pour montrer que Jésus avait prononcé un blasphème intolérable. Signe, chez les Juifs, d’une grande douleur ou d’une vive indignation. Voir
Matthieu, 26, 65.
64 Vous avez entendu le blasphème : que vous en semble? Tous le condamnèrent comme étant digne de mort.65 Aussitôt quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à voiler sa face, à le déchirer à coups de poing et à lui dire : Prophétise ! et les serviteurs le déchiraient de soufflets.
66 Et pendant que Pierre était en bas dans la cour, vint une des servantes du grand prêtre ;67 Et lorsqu'elle eut aperçu Pierre qui se chauffait, le regardant, elle dit : Toi aussi tu étais avec Jésus le Nazaréen.68 Mais il nia, disant : Je ne sais ni ne connais ce que tu veux dire. Et il sortit devant la cour, et un coq chanta.Note Marc 14,68 : Devant la cour, c’est-à-dire le vestibule : l’entrée du Palais ; on le traversait pour entrer dans la cour.
69 Or la servante l'ayant encore vu, dit à ceux qui étaient présents : Celui-ci est un d'entre eux.Note Marc 14,69 : Voir
Matthieu, 26, 71. ―
La servante. C’est ainsi que porte le grec ; d’où il paraît que c’est la même servante dont il est parlé au verset 66.
70 Mais il le nia de nouveau. Et peu après ceux qui étaient là disaient à Pierre : Tu es certainement un d'entre eux, car tu es aussi Galiléen.71 Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais point cet homme que vous dites.72 Et aussitôt un coq chanta encore. Et Pierre se ressouvint de la parole que lui avait dite Jésus : Avant qu'un coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et il se mit à pleurer.