Saint Paul confère avec les Apôtres.
On ne l’oblige pas à observer la loi.
Il est l’apôtre des gentils.
Il résiste à Céphas.
Nul n’est justifié que par la foi en Jésus-Christ.
1 Quatorze ans après, je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé, ayant pris Tite aussi avec moi.2 Or, j'y montai d'après une révélation; et j'exposai aux fidèles l'Evangile que je prêche parmi les gentils, et en particulier à ceux qui paraissent être quelque chose, de peur que je ne courusse, ou n'eusse couru en vain.Note Gal. 2,2 :
Qui paraissent être quelque chose ; c’est-à-dire des plus considérables. Comparer à
Actes des Apôtres, 5, 36.
3 Mais Tite, qui m'accompagnait, étant gentil, ne fut pas forcé de se faire circoncire;4 Et la considération de quelques faux frères, qui s'étaient furtivement introduits pour observer la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, et nous réduire en servitude,5 Ne nous fit pas consentir, même un seul instant, à nous soumettre à eux, afin que la vérité de l'Evangile demeurât parmi nous.6 Mais quant à ceux qui paraissaient être quelque chose (quels ils furent autrefois, peu m'importe, Dieu ne fait point acception de la personne de l'homme) ; ceux, dis-je, qui paraissaient être quelque chose, ne me communiquèrent rien.Note Gal. 2,6 : Voir
Deutéronome, 10, 17 ;
Job, 34, 19 ;
Sagesse, 6, 8 ;
Ecclésiastique, 35, 15 ;
Actes des Apôtres, 10, 34 ;
Romains, 2, 11 ;
Ephésiens, 6, 9 ;
Colossiens, 3, 25 ;
1 Pierre, 1, 17. ―
Rien de nouveau, rien qui fût en opposition avec ce que je leur avais exposé.
7 Au contraire, ayant vu que l'Evangile de l'incirconcision m'avait été confié, comme à Pierre celui de la circoncisionNote Gal. 2,7 : Comme à la naissance de l’Eglise chrétienne, les Juifs conservaient encore une sorte d’horreur pour les gentils, saint Pierre et saint Paul se partagèrent le ministère évangélique, de manière que le premier fut chargé de prêcher les Juifs, et le second les gentils ; mais cela n’empêchait pas chacun d’eux d’annoncer indistinctement l’Evangile aux Juifs et aux gentils, toutes les fois que l’occasion s’en présentait.
8 (Car celui qui a opéré en Pierre pour l'apostolat de la circoncision, a opéré en moi aussi parmi les gentils);Note Gal. 2,8 : Qui a opéré ; c’est-à-dire qui a fait paraître sa puissance. ― L’apostolat de la circoncision, c’est-à-dire parmi les Juifs.
9 Et ayant connu la grâce qui m'a été donnée, Jacques, et Céphas, et Jean, qui paraissaient être les colonnes, nous donnèrent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion; afin que nous prêchassions, nous, aux gentils, et eux aux circoncis.Note Gal. 2,9 :
Céphas est le même que saint Pierre. Voir
Jean, 1, 42. ― « Quelques auteurs ont prétendu que Céphas, avec lequel saint Paul eut un différend à Antioche, n’était pas saint Pierre ; d’autres que ce dissentiment était purement fictif ; mais ces sentiments sont inadmissibles. Le premier d’abord. ― 1° Il a la tradition contre lui. A la vérité, quelques docteurs ont émis un doute sur l’identité de saint Pierre et de Céphas ; mais, comme le remarque saint Jérôme, ce n’était de leur part qu’une conjecture, et ils ne la faisaient que pour montrer la faiblesse des objections qu’on prétendait tirer du conflit d’Antioche. ― 2° Céphas est bien le même nom que Pierre : il a en syriaque la même signification que Petros en grec. Saint Pierre le portait en Judée, et c’est le premier que le Sauveur lui ait donné. Saint Paul le lui donne indubitablement ailleurs. ― 3° Il est évident que le personnage dont il s’agit est un personnage éminent, égal, sinon supérieur à saint Paul, par conséquent apôtre comme lui. Son exemple fait fléchir Barnabé et menace d’entraîner toute l’Eglise d’Antioche. Saint Paul fait un acte de courage en lui adressant une représentation. D’ailleurs, quel moyen de le distinguer du Céphas nommé plus haut, entre saint Jacques et saint Jean, comme étant, aussi bien qu’eux, une colonne de l’Eglise ? Le second sentiment n’est ni plus suivi ni plus solide. Saint Jérôme, qui l’avait d’abord proposé, d’après Origène et saint Chrysostome, fut obligé d’y renoncer. Il est bien vrai que les mots grecs, rendus dans la Vulgate par
in facie, pris isolément, pourraient se traduire par : en apparence. Il est vrai aussi qu’il est parlé de dissimulation ou de défaut de franchise. Cela ne suffit pas néanmoins pour justifier l’hypothèse d’une scène concertée entre les deux apôtres, ou d’une discussion feinte pour l’instruction de leurs disciples. Ni cette interprétation ni cette hypothèse ne sont naturelles. On n’y a recouru que dans une intention apologétique, afin de couper court aux objections et de mettre en même temps à couvert la conduite de saint Pierre et de saint Paul. Mais on a pris le change, et on a substitué un tort véritable, un défaut de droiture dans l’un et l’autre apôtre, à une pure inadvertance ou à une erreur de procédé de la part de saint Pierre ; car le mot de saint Paul, que Pierre était
répréhensible, n’entraîne pas d’autre conséquence et n’a pas plus de portée. Il signifie seulement que la conduite suivie par saint Pierre donnait lieu à des interprétations fâcheuses, que ses égards pour les préjugés de ses compatriotes étaient, contre son gré, de nature à confirmer les Juifs dans leurs prétentions, ainsi qu’à inquiéter et à rebuter les Gentils. Rien n’indique qu’il eût en cela blessé sa conscience le moins du monde. Dieu voulut qu’en cette occasion il fût averti de ce qu’il avait à faire, non par une vision comme à Joppé, mais par un collègue et un subordonné, afin que son humilité pût servir à l’édification de tous. » (L. BACUEZ.)
10 Seulement, nous devions nous ressouvenir des pauvres : ce que j'ai eu aussi grand soin de faire.
11 Or Céphas étant venu à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était répréhensible.Note Gal. 2,11 : Saint Paul avait reproché à saint Pierre de s’être retiré de la table des gentils, dans la crainte de scandaliser les Juifs convertis ; ce qui pouvait faire croire aux gentils qu’ils étaient obligés de se conformer à la manière de vivre des Juifs, et par là même gêner la liberté chrétienne. Mais ce reproche n’attaque nullement la suprématie du prince des Apôtres ; car, dans de pareils cas, un inférieur peut et quelquefois doit avertir avec respect son supérieur ; et, comme le remarque saint Augustin, saint Pierre le souffrît avec une douceur, une humilité, une patience dignes de celui à qui le Sauveur avait dit : Tu es Pierre, et sur toi je bâtirai mon Eglise.
12 Car avant que quelques-uns, envoyés par Jacques, fussent arrivés, il mangeait avec les gentils; mais quand ils furent venus, il se retirait et se séparait, craignant ceux qui étaient circoncis.13 Et, à sa dissimulation, acquiescèrent les autres Juifs; de sorte que Barnabé lui-même fut entraîné dans cette dissimulation.14 Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l'Evangile, je dis à Céphas devant tous : Si toi, étant Juif, tu vis à la manière des gentils et non en Juif, comment forces-tu les gentils à judaïser?15 Nous, de naissance nous sommes Juifs, et non pécheurs d'entre les gentils.16 Sachant que l'homme n'est point justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ, nous croyons nous-mêmes au Christ Jésus pour être justifiés par la foi du Christ, et non par les œuvres de la loi, attendu que par les œuvres de la loi ne sera justifiée nulle chair.17 Que si, cherchant à être justifiés dans le Christ, nous sommes nous-mêmes trouvés pécheurs, le Christ n'est-il pas ministre du péché? Nullement.18 Car si ce que j'ai détruit je le rétablis, je me constitue moi-même prévaricateur.Note Gal. 2,18 : Sens : non, Jésus-Christ n’est pas ministre du péché ; car ce n’est pas quand nous cherchons à être justifiés par la foi en lui, sans les œuvres de la Loi, que nous sommes trouvés pécheurs, mais c’est quand, faisant tout le contraire, nous voulons rétablir la Loi dont nous avions reconnu l’impuissance et abandonné la pratique.
19 En effet, moi-même par la loi je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu avec le Christ : j'ai été cloué à la croix.20 Mais je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi. Car si je vis maintenant dans la chair, j'y vis en la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé, et s'est lui-même livré pour moi.21 Je ne regrette point la grâce de Dieu; car si c'est par la loi qu'est la justice, c'est donc en vain que le Christ est mort.