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En vérité, je vous le dis. il ne s'est pas élevé entre les enfants des femmes de plus grand que Jean-Baptiste ; mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

St Célestin Ier

On ne sait rien de sa vie avant son élection, sinon qu'il était Romain et que le nom de son père était Priscus. Il aurait vécu pendant un temps à Milan avec St Ambroise; la première mention, toutefois, le concernant, se trouve dans un document de St Innocent Ier, en l'an 416, où il est question d'un Célestin le Diacre. En 418 St Augustin lui écrivit (Epist. lxii) dans un langage très déférent. Il succéda à St Boniface comme pape le 10 septembre 422 (selon Tillemont, bien que les Bollandistes avancent le 3 novembre), et mourut le 26 juillet 432, ayant régné neuf ans, dix mois et seize jours. En dépit de ce temps de troubles où Rome se trouvait prise, il fut élu sans aucune opposition, comme on l'apprend dans une lettre que St Augustin (Epst.cclxi) lui écrivit peu après son élévation, dans laquelle le grand docteur lui demande assistance pour résoudre ses difficultés avec Antonius, évêque de Fessula en Afrique. Une forte amitié semble avoir existé entre Célestin et Augustin, et après la mort de ce dernier en 430, Célestin écrivit une longue lettre aux évêques de Gaule sur la sainteté, l'érudition et le zèle du saint docteur, et interdit toute attaque contre sa mémoire de la part des semi-pélagiens qui, sous la conduite du fameux ascète, Jean Cassien, commençaient alors à gagner de l'influence. Bien que son destin fût placé en un temps orageux, car les Manichéens, les Donatistes, les Novatiens et les Pélagiens troublaient la paix de l'Eglise, tandis que les hordes barbares commençaient leur marche vers le coeur de l'empire, le caractère ferme mais doux de Célestin lui permit de répondre avec succès aux exigences de sa position. Nous le voyons partout défendre les droits de l'Eglise et la dignité de sa charge. En cela il fut aidé par Placidia qui, au nom de son jeune fils, Valentinien III, bannit de Rome les Manichéens et d'autres hérétiques qui troublaient la paix. Célestin non seulement chassa d'Italie Coelestius, le compagnon et principal disciple de Pélage, mais il fit condamner ensuite la secte par le Concile d'Ephèse, tandis que sous sa direction, St Germain d'Auxerre et St Loup de Troyes qui, en 429, avaient été envoyés en Grande-Bretagne, la terre natale de Pélage, par les évêques gallicans, réussirent à extirper l'erreur de son sol natal.

Fermement attaché au socle des anciens canons, nous trouvons Célestin écrivant aux évêques d'Illyrie, leur ordonnant d'observer les canons et l'ancienne allégeance à l'évêque de Thessalonique, le vicaire pontifical, sans qui il ne peuvent consacrer d'évêque ni tenir de concile. Il écrit aussi aux évêques de Vienne et de Narbonne, à qui il enjoignit de conserver les anciens canons et, en accord avec l'avertissement de son prédécesseur, de résister aux prétentions du siège d'Arles. De plus, ils ne doivent pas refuser d'admettre en pénitence ceux qui le désirent à l'article de la mort; les évêques, également, ne doivent pas s'habiller à la façon des moines, et des mesures sévères doivent être prises contre un certain Daniel, moine d'Orient qui avait été la cause de désordres graves dans l'Eglise de Gaule. Aux évêques d'Apulie et de Calabre il écrit que le clergé ne doit pas rester ignorant des canons, et que les laïcs ne peuvent être promus à l'épiscopat au détriment du clergé, ni la volonté populaire, quelle qu'en soit la force, discuter de ces questions - « populus docendus non sequendus ». De plus, il menace de sanctions sévères les futurs transgresseurs. En soutenant les droits de l'Eglise Romaine à entendre et juger les appels de tous côtés, il se trouva une fois en conflit avec la grande Eglise d'Afrique. Les évêques Africains, cependant, tout en manifestant quelque échauffement, ne mirent jamais en question la divine suprématie du Saint Siège, leur langage même et leurs actions exprimant toujours sa pleine reconnaissance; leur plaintes étaient plutôt dirigées contre l'usage parfois indiscret des prérogatives papales. Les dernières années du pontificat de Célestin furent occupées par le combat à l'Est contre l'hérésie Nestorienne. Nestor qui était devenu évêque de Constantinople en 428 donna d'abord toute satisfaction, comme nous pouvons le voir dans une lettre que lui adressa Célestin. Il suscita bientôt des soupçons sur son orthodoxie en recevant aimablement les Pélagiens bannis de Rome par le pape, puis peu après, des rumeurs de son enseignement hérétique concernant la double personnalité du Christ parvenant à Rome, Célestin dépêcha Cyril, évêque d'Alexandrie, pour enquêter et lui faire un rapport. Cyril ayant trouvé Nestor professant ouvertement son hérésie envoya un rapport détaillé à Célestin qui, dans un synode tenu à Rome en 430, ayant solennellement condamné les erreurs de Nestor, ordonna ensuite à Cyril d'agir en son nom contre Nestor, qui devait être excommunié et déposé à moins que dans les dix jours il ne fît par écrit une rétractation solennelle de ses erreurs. Dans des lettres écrites le même jour à Nestor, au clergé et au peuple de Constantinople, et à Jean d'Antioche, Juvénal de Jérusalem, Rufus de Thessalonique et Flavien de Philippi, Célestin annonçait la sentence prononcée contre Nestor et la mission confiée à Cyril de l'exécuter. Dans le même temps il réhabilita tous ceux qui avaient été excommuniés ou dépossédés par Nestor. Cyril avisa Nestor de la sentence papale et de son anathème. L'empereur convoqua alors un concile général à Ephèse. A ce concile, Célestin envoya comme légats Arcadius et Projectus, évêques, ainsi que Philippus, un prêtre, qui devaient agir en conjontion avec Cyril. Cependant, ils ne devaient pas se mêler à la discussion, mais juger les opinions qui en surgissaient. Célestin, dans toutes ses lettres, considère sa propre décision comme définitive, Cyril et le concile "contraints par les canons sacrés et par les lettres de Notre Très Saint Père, Célestin, Evêque de l'Eglise Romaine".

Le dernier acte offficiel de Célestin, l'envoi de saint Patrick en Irlande, dépasse peut-être tout le reste dans ses lointaines conséquences pour le bien. Il avait déjà envoyé (431) Palladius comme évêque aux « Scots (c-à-d Irlandais) croyant au Christ ». Mais Palladius abandonna bientôt l'Irlande et mourut l'année suivante en Grande-Bretagne. Saint Patrick, qui avait d'abord été refusé, reçut maintenant la mission longtemps convoitée, quelques jours à peine avant la mort de Célestin, qui devient ainsi associé à la conversion d'une race qui dans les quelques siècles suivants allait accomplir de si grands travaux par ses innombrables missionnaires et intellectuels dans la conversion et la civilisation du monde barbare. Dans les affaires locales de l'Eglise de Rome, Célestin manifesta un grand zèle. Il restaura et embellit l'Eglise de Santa-Maria-in-Trastevere, qui avait souffert du pillage de Rome par les Goths, ainsi que l'église Sainte-Sabine, et décora en outre le Cimetière de Ste Priscille de peintures sur le Concile d'Ephèse. La date précise de sa mort est incertaine. Sa fête est célébrée dans l'Eglise Latine le 6 avril, jour où son corps fut placé dans la catacombe de Ste Priscille, d'où il fut transféré en 820 par le pape Saint Pascal Ier dans l'église de Sainte-Prassède, bien que la cathédrale de Mantoue revendique également ses reliques. Dans l'église Grecque, où il est hautement honoré pour sa condamnation de Nestor, sa fête tombe le 8 avril.

Ce qui reste des écrits de St Célestin consiste en huit lettres, donc le contenu a été indiqué plus haut, et un fragment de discours sur le nestorianisme délivré au synode romain de 430. Les Capitula Coelestini, les dix décisions sur le sujet de la grâce, qui ont joué un rôle si important dans l'histoire de l'augustinisme, ne lui sont plus attribuées. Pendant des siècles elles furent considérées comme partie intégrante de sa lettre aux évêques de Gaule, mais à présent elles sont considérées comme étant plus probablement un ouvrage de St Prosper d'Aquitaine. Anastasius Bibliothecarus lui attribue plusieurs autres traités mais avec peu de preuves. Douteuse est aussi l'affirmation du Liber Pontificalis selon laquelle c'est Célestin qui ajouta l'Introït à la messe.


Sancti Celestini Epistolae et Decreta, P.L., L; Acta ss., X; Hefele, History of the Councils, II, III; Duchesne, Liber Pontificalis, I; Grisar, Geschichte Roms und der Papste im Mittelalter (Freiburg im Br., 1898), I ; Cardinal de Nori is, Historia Pelagiana; Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique, XIV; Natalis Alexander, Historia Ecclesiastica, ed. Roncaglia-Mansi, IX; Mansi, Sacrorum Conciliorum Amplissima Collectio, IV; Rivington, The Roman Primacy.

J.F.X. MURPHY
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, 2000.