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Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

Pélage II

Sa date de naissance est inconnue; il était probablement natif de Rome, mais de souche gothique, puisque le nom de son père était Wingild; il mourut à Rome le 7 février 590. Il succéda à Benoît Ier alors que les Lombards assiégeaient Rome, mais sa consécration fut différée dans l'espoir d'assurer la confirmation de l'élection par l'empereur. Mais le blocus de Rome par les Lombards et leur contrôle des grands axes de circulation étaient efficaces et, après quatre mois, il fut consacré (26 novembre 579). Les actes les plus importants de Pélage concernent ses relations avec les Lombards et avec le schisme Istrien des Trois Chapitres. Influencés, semble-t-il, par les paroles du nouveau pape et probablement plus encore par son argent et celui de l'empereur, les Lombards, pour finir, se retirèrent des abords de Rome. Sur ce, Pélage envoya aussitôt une ambassade (qui comprenait apparemment le diacre Grégoire) à Constantinople pour expliquer les circonstances de son élection, et pour demander qu'un secours soit envoyé pour sauver Rome des barbares. Mais l'Italie ne pouvait attendre grand chose, à cette époque, de l'Empire Romain d'Orient, épuisé. L'empereur Maurice, il est vrai, envoya un peu plus tard (584) un nouvel officiel en Italie avec le titre d'exarque, et avec l'octroi combiné des autorités civile et militaire sur toute la péninsule. Mais, quand il arriva à Ravenne, ce nouveau fonctionnaire amenait avec lui une force militaire insuffisante et pendant ce temps l'empereur et le pape s'étaient tous deux tournés vers les Francs.

Vers le début de son pontificat (octobre 580 ou 581) Pélage écrivit à Aunacharius (ou Aunarius), évêque d'Auxerre, un homme qui jouissait d'une grande influence sur les différents rois Francs, et le pria de fournir des preuves pratiques du zèle qu'il avait professé pour l'Eglise romaine, en pressant ces rois de venir au secours de Rome. « Nous croyons », écrivit-il,« que c'est par l'effet d'un exercice spécial de la Divine Providence, que les Princes Francs professent la foi orthodoxe comme les empereurs Romains, de façon à ce qu'ils puissent secourir cette cité, d'où elle prit son essor... Persuadez-les avec toute la gravité nécessaire de s'abstenir de toute amitié et de toute alliance avec nos plus innomables ennemis, les Lombards. » A la longue, ou bien les prières de Pélage, ou bien les talents politiques de l'empereur, poussèrent les Francs à attaquer les Lombards en Italie. Mais leur zèle pour la cause papale ou impériale se fatigua bien vite, et ils se laissèrent soudoyer pour se retirer de la péninsule. La détresse des Italiens s'aggrava. Pélage avait déjà envoyé à Constantinople son clerc le plus habile, le diacre Grégoire, le futur Grégoire Ier. En tant que nonce apostolique, le diacre avait été missionné pour harceler le palais impérial jour et nuit, à ne jamais s'en absenter fût-ce une heure, et agir de toutes ses forces pour pousser l'empereur à envoyer de l'aide à Rome. Pélage, de son côté, lui adressait lettre sur lettre pour le pousser à une action toujours plus pressante. Il supplia aussi le nouvel exarque de Ravenne, Decius (584), de venir au secours de Rome, mais celui-ci lui répondit que, ne pouvant déjà pas suffisamment protéger l'exarchat, il pouvait d'autant moins protéger Rome.

Echouant à obtenir l'aide de Ravenne il envoya une nouvelle ambassade à Constantinople et exhorta Grégoire à travailler avec elle pour tenter d'obtenir l'aide désirée. « Ici », écrivit-il, « nous sommes dans une telle détresse que, à moins que Dieu ne pousse le coeur de l'empereur à prendre pitié de nous et à nous envoyer un Maître-soldat (magister militum) et un duc, nous serons entièrement à la merci de nos ennemis, puisque la plus grande partie de la région de Rome se trouve sans protection; et l'armée de ces gens innommables prendra possession des places qui appartiennent encore à l'Empire. » Bien que nulle troupe impériale ne se rendît à Rome, l'exarque parvint à conclure une trève avec les Lombards. Mettant à profit cette « paix et tranquillité », Pélage II renouvela les efforts de son homonyme pour mettre fin au schisme causé en Italie par la condamnation des Trois Chapitres par Vigile. Le diacre Grégoire fut rappelé de Constantinople, et assista le pape dans la correspondance qui avait été initiée avec l'évêque Elias de Grado et les évêques d'Istrie. L'une après l'autre, les lettres du pape leur rappelaient que la foi de Pierre ne pouvait pas être détruite ni changée, et que la foi qu'il tenait était celle du Concile de Chalcédoine, aussi bien que celle des trois premiers conciles généraux, et dans les termes les plus touchants, il les exhorta à tenir à cette glorieuse unité ecclésiastique qu'ils brisaient « pour la gloire de questions superflues et en défense de sectes hérétiques ». Les mots du pape furent pourtant sans effet sur les schismatiques, et sans effet également fut la violence de l'Exarque Smaragdus, qui se saisit de Sévère, successeur d'Elias et qui, par des menaces, l'obligea à entrer en communion avec l'évêque orthodoxe Jean de Ravenne (588). Mais aussitôt que Sévère regagna son siège, il répudia ce qu'il avait fait, et le schisme continua pour quelque deux cents ans de plus.

Pélage fut l'un des papes qui travaillèrent à promouvoir le célibat du clergé, et il publia des règles si strictes en la matière, à l'intention des sous-diacres de l'île de Sicile, que son successeur Grégoire Ier les trouva trop strictes, et les modifia en partie. Mais si Grégoire eut à corriger le zèle de Pélage dans une direction, il le surpassa dans une autre. La protestation de Pélage contre l'autoproclamation du titre d'œcuménique par le Patriarche de Constantinople fut répétée avec une emphase accrue par son ancien secrétaire. Parmi les travaux de piété reconnus à Pélage on peut noter sa décoration du tombeau de Pierre, la transformation de sa propre maison en hôpital pour les pauvres, et la reconstruction de l'église Saint-Laurent, où l'on peut encore voir une mosaïque (probablement exécutée sous Pélage) dépeignant St Laurent debout à la droite du Seigneur. Pélage tomba, victime de la terrible peste qui dévasta Rome à la fin de 589, et fut enterré à Saint-Pierre


Liber Pontif. ed. DUCHESNE, I (Paris, 1886), 309; PAUL THE DEACON, Hist. Longobard. (Berlin, 1879); pour les lettres de PELAGE et GREGOIRE I voir Mon. Germ. Epp., II, III (Berlin, 1892-); GRISAR, Hist. des papes, I, pt. ii (Paris, 1906), HODGKIN, Italy and her Invaders, V, VI (Oxford, 1896); BARMBY in SMITH, Dict. of Christ. Biog. (Londres, 1887), s. v.; pour le schisme Istrien, voir MANN, Lives of the Popes in the Early Middle Ages, I (Londres, 1902).

HORACE K. MANN
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, Mars 2000.