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Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

Paul Ier

Sa date de naissance nous est inconnue. Il mourut à Rome le 28 juin 767. Il était le frère d'Etienne II. Ils avaient été élevés pour la prêtrise au Palais du Latran. Etienne fit confiance à son frère qui soutint la politique du pape envers Pépin le Bref, se chargea de nombreuses affaires ecclésiastiques importantes, parmi lesquelles la restauration à l'Etat romain des villes qui avaient été prise par les rois lombards Aistulf et Desiderius; Desiderius fit la promesse de rendre ces villes. Tandis que Paul était auprès de son frère mourant au Latran, une partie des Romains se rassembla dans la maison de l'archidiacre Théophylact en vue d'assurer la prochaine succession du siège papal. Cependant, aussitôt après les funérailles d'Etienne (qui mourut le 26 avril 757), Paul fut élu à une large majorité, et reçut la consécration épiscopale le 29 mai.

Paul poursuivit la politique de son frère à l'égard du roi Franc, Pépin, et parallèlement affirma la suprématie sur Rome et les régions d'Italie centrale contre les efforts des Lombards et de l'Empire d'Orient. Pépin envoya une lettre au peuple de Rome, l'exhortant à demeurer fidèle à saint Pierre. Dans la réponse envoyée par le sénat et le peuple de Rome au roi Franc, ce dernier était prié de compléter la reconquête des provinces Romaines qui avaient été enlevées par les barbares, et de persévérer dans le travail qu'il avait commencé. En 758, Pépin eut une fille, et le roi envoya en cadeau au pape l'étoffe utilisée pour la robe de baptême, renouvelant de cette façon l'autorité papale. Paul retourna ses remerciements et informa Pépin d'une campagne hostile menée par Desiderius, qui avait manqué à ses promesses en ne restituant pas à Rome les villes d'Imola, Osime, Ancône et Bologne, et qui avait aussi dévasté la Pentapole lors de son expédition contre les ducs rebelles de Spolète et Bénévent. Les deux duchés furent conquis et annexés par Desiderius (758). A Bénévent, Desiderius eut une entrevue avec l'ambassadeur grec Georgios, et conclut une alliance entre Byzantins et Lombards en Italie centrale. En rentrant chez lui, Desiderius vint à Rome, et quand le pape exigea le retour des villes désignées plus haut, il refusa de les rendre. Il promit de rendre Imola, mais à la condition que le pape persuadât Pépin de renvoyer les otages Lombards que le roi Franc avait emmenés, quelque temps auparavant, lors de sa seconde victoire sur le roi lombard Aistulf. Si Paul n'obtenait pas cela, Desiderius menaçait de lui faire la guerre.

Le pape était ainsi dans une situation très difficile. Il lui fut même difficile d'informer le roi Franc de cette position. Il remit deux lettres à George, l'évêque d'Ostie et Etienne, prêtre romain, ses ambassadeurs auprès de Pépin, qui firent le voyage avec le messager Franc Ruodpertus. Dans la première lettre, destinée à assurer la sécurité des envoyés en traversant la Lombardie, il se rangeait aux exigences de Desiderius et priait Pépin de les accepter en signant un traité de paix et en rendant les otages. Dans le même temps, les envoyés devaient remettre au roi Franc une deuxième lettre, dans laquelle le pape lui communiquait les derniers événements, l'informait de l'entente passée entre Desiderius et les Byzantins pour la conquête de Ravenne, et implorait Pépin de venir en aide au pape pour punir le roi lombard et le forcer à rendre les territoires qu'il retenait. Vers la fin de 759 un autre messager fut envoyé à Pépin. Au début de 760, deux envoyés Francs, Remidius, évêque de Rouen et frère de Pépin, et le Duc Antschar, vinrent trouver Desiderius, qui promit de rendre son patrimoine à l'Eglise Romaine en avril, et aussi de céder les villes exigées par le pape. Mais il refusa à nouveau de tenir ses promesses, tergiversa, et finit même par forcer son passage en territoire romain. Une fois de plus, Paul implora l'aide du roi Franc. L'état des affaires était rendu encore plus menaçant en raison de l'implication byzantine. Georgios avait quitté le sud de l'Italie pour la cour de Pépin et y avait devancé un émissaire du pape, Marinus. Malgré tous ses efforts, Georgios ne put faire fléchir Pépin. En 760, une rumeur se répandit dans toute l'Italie qu'une immense flotte byzantine faisait route vers Rome et le royaume des Francs. Plus tard on rapporta que les byzantins avaient l'intention d'envoyer une armée sur Rome et sur Ravenne. L'archevêque de Ravenne, Sergius, reçut une lettre de l'empereur byzantin, dans laquelle ce dernier cherchait à obtenir la soumission volontaire des habitants de Ravenne. La même tentative fut aussi faite à Venise. Sergius envoya au pape la lettre de l'empereur, et le pape en fit part à Pépin.

En cas de guerre avec l'Empire d'Orient il était important de s'assurer du soutien des Lombards, en conséquence de quoi Pépin chercha un arrangement avec Desiderius. Sur ce, le roi lombard montra plus de complaisance sur la question du patrimoine romain inclus en territoire lombard, et quand il se rendit à Rome en 765, les querelles de frontière entre lui et le pape furent arrangées. Le roi Franc s'adressa alors à Desiderius pour aider le pape à recouvrer le patrimoine romain dans les régions d'Italie du sud passées sous la loi byzantine, et pour soutenir les droits ecclésiastiques du pape contre les évêques de ces districts. L'opposition de Paul aux vues de l'empereur Constantin Copronyme n'avait pas de réelle base politique. Le but du pape était de défendre contre l'empereur d'Orient l'orthodoxie ecclésiastique en ce qui concerne la doctrine de la Trinité et la vénération des images. Paul envoya régulièrement des légats et des lettres au sujet de la vénération des images à l'empereur byzantin. Constantin envoya des émissaires en Europe occidentale qui, auprès de Pépin le Bref, ne cachèrent pas leur intention de discuter avec lui de questions dogmatiques, mais aussi de la soumission de l'exarque de Ravenne à la suzeraineté byzantine. Les légats du pape vinrent aussi voir Pépin sur ces questions. A leur retour les légats purent rassurer le pape quant aux vues du souverain Franc, qui garda auprès de lui deux envoyés du pape, l'évêque George et le prêtre Pierre. En 767, un synode Franc se tint à Gentilly, près de Paris, lors duquel les doctrines de l'Eglise concernant la Trinité et la vénération des images furent maintenues.

Paul montra une grande activité et un grand zèle dans son encouragement de la vie religieuse à Rome. Il transforma sa maison paternelle en monastère, et bâtit près d'elle l'église San-Silvestro-in-Capite. La fondation de cette église mena à la tenue d'un synode à Rome en 761. Dans cette église et en d'autres églises de Rome, Paul transféra les ossements de nombreux martyrs venus des catacombes dévastées par les Lombards en 756. Il transféra les reliques de sainte Pétronille de la catacombe Sainte-Domitille à une chapelle dans Saint-Pierre, érigée dans ce but par son prédécesseur. La légende de sainte Pétronille lui valut d'être considérée à cette époque comme la fille de Saint Pierre, et elle devint ainsi la patronne romaine des chefs Francs. Paul construisit aussi un oratoire à la Sainte Vierge dans Saint-Pierre, et une église en l'honneur des apôtres sur la Voie Sacrée au-delà du Forum Romain. Il mourut près de l'église de Saint-Paul Hors-Les-Murs, où il s'était réfugié pendant les chaleurs de l'été. Il fut enterré dans cette église, mais après trois mois son corps fut transféré à Saint-Pierre. Le Liber Pontificalis loue aussi la charité chrétienne et le désintéressement de ce pape qui unit fermement ces deux qualités. Paul est vénéré comme saint. Sa fête est célébrée le 28 juin.


Liber Pontificalis, ed. DUCHESNE, I, 463-467; Liber Carolinus, ed. Mon. Germ. Hist.: Epist., III, 507 sqq.; KEHR in Nachrichten der Gesellschaft der Wiss. zu Göttingen (1896), 103 sqq.; JAFFÉ, Regesta Rom. Pont., I, 277 sqq.; LANGEN, Geschichte der römischen Kirche, II (Bonn, 1885), 668 sqq.; HEFELE, Konziliengeschichte, 2e éd., III, 431 sqq., 602; SCHNÜRER, Die Entstehung des Kirchenstaates (Cologne, 1894); DUCHESNE, Les premiers temps de l'Etat pontifical (2nd ed., Paris, 1904); DE ROSSI, Insigni scoperte nel cimitero de Domitilla in Bull. di archeol. crist., ser. II, an. VI (1875), 5 sqq., 45 sqq.; IDEM, Sepolcro di S. Petronilla nella basilica in via Ardeatina e sua traslazione al Vaticano, ibid., Ser. III, an. III (1878), 125 sqq.; an. IV (1879), 5 sqq., 139 sqq.; MARUCCHI, Basiliques et églises de Rome (2nd ed., Rome, 1909); ANN, Lives of the Popes (Londres, 1902).

J. P. KIRSCH
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, Janvier 2000.