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Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

Innocent X

(JEAN-BAPTISTE PAMFILI)

Né à Rome le 6 mai 1574; décédé dans cette même ville le 7 janvier 1655. Ses parents étaient Camillo Pamfili et Flaminia de Bubalis. Les Pamfili résidaient originellement à Gubio, en Ombrie, mais vinrent à Rome durant le pontificat d'Innocent VIII. Le jeune homme étudia la jurisprudence au Collegio Romano et fut diplômé d'une licence de droit à l'âge de vingt ans. Peu de temps après, Clément VIII le nomma avocat consistorial et auditeur de la Rota. Grégoire XV le fit nonce de Naples. Urbain VIII l'envoya comme secrétaire du cardinal légat, Francesco Barberini, en France et en Espagne, puis le nomma patriarche latin titulaire d'Antioche, et nonce de Madrid. Il fut nommé prêtre-cardinal de Saint Eusèbe le 30 août 1626, bien qu'il ne prît pas la pourpre avant le 19 novembre 1629. Il était membre des congrégations du Concile de Trente, de l'Inquisition, de la Juridiction et de l'Immunité. Le 9 août 1644, un conclave se tint à Rome pour l'élection du successeur d'Urbain VIII. Ce conclave fut orageux. La faction française s'était entendue pour ne donner aucune voix à tout candidat qui serait favorable à l'Espagne. Le Cardinal Firenzola, candidat de l'Espagne, fut, pour cette raison, rejeté, étant un ennemi déclaré du cardinal Mazarin, premier ministre de la France. Craignant l'élection d'un ennemi avoué de la France, le parti français s'entendit finalement avec le parti espagnol sur le nom de Pamfili, bien que sa sympathie pour l'Espagne fût bien connue. Il fut élu le 15 septembre, et monta sur le trône papal sous le nom d'Innocent X.

Peu après son accession, Innocent jugea nécessaire d'entreprendre une action en justice contre les Barberini pour détournement de fonds publics. Pour éviter le châtiment éventuel, Antonio et Francesco s'enfuirent à Paris, où ils trouvèrent un puissant protecteur en la personne de Mazarin. Innocent confisqua leurs biens et le 19 février 1646, publia une Bulle déclarant que tout cardinal ayant déjà quitté ou qui quitterait les Etats Pontificaux sans la permission papale et qui ne serait pas de retour dans les six mois, se verrait priver de ses bénéfices ecclésiastiques et, en définitive, du cardinalat lui-même. Le parlement français déclara les ordonnances papales nulles et non avenues, mais le pape ne céda pas, jusqu'à ce que Mazarin ne s'apprêtât à envoyer des troupes en Italie pour envahir les Etats Pontificaux. A partir de ce moment, la politique du pape envers la France devint plus amicale, et quelque temps plus tard les Barberini furent réhabilités. Mais quand, en 1652, le Cardinal de Retz fut arrêté par Mazarin, Innocent protesta solennellement contre cet acte de violence commis contre un cardinal, et protégea Retz après sa fuite en 1654. En Italie, Innocent eut l'occasion d'affirmer son autorité de suzerain sur le Duc Ranuccio II de Parme, qui refusa de s'acquitter des bons (monti) des Farnèse auprès des créanciers Romains, comme il avait été stipulé dans le Traité de Venise du 31 mars 1644. Le duc, de plus, refusa de reconnaître Cristofo Guarda, que le pape avait nommé évêque de Castro. Quand ensuite le nouvel évêque fut assassiné alors qu'il était en chemin pour prendre possession de son siège, Innocent tint Ranuccio pour responsable du crime. Le pape prit possession de Castro, la rasa intégralement et en transféra le siège épiscopal à Acquapendente. Le duc fut contraint d'abandonner au pape l'administration de son district, et celui-ci entreprit de satisfaire les créanciers. Les relations papales avec Venise, qui avaient été particulièrement tendues sous le règne d'Urbain VIII, devinrent très amicales durant le règne d'Innocent X. Innocent aida financièrement les Vénitiens contre les Turcs dans la lutte pour Candie (Crète), tandis que les Vénitiens, de leur côté, autorisèrent Innocent à arbitrer librement l'affectation des sièges épiscopaux vacants sur leur territoire, droit qu'ils s'étaient auparavant réservé à eux-mêmes. Au Portugal, l'insurrection populaire de 1640 avait amené à la sécession de ce pays d'avec l'Espagne, et à l'élection de Juan IV de Braganza comme roi du Portugal. Aussi bien Urbain VIII qu'Innocent X, par déférence envers l'Espagne, refusèrent de reconnaître le nouveau roi et retirèrent leur approbation aux évêques nommés par lui. Ainsi il advint que vers la fin du pontificat d'Innocent, il n'y avait plus qu'un seul évêque dans tout le Portugal. Le 26 novembre 1648, Innocent publia la célèbre Bulle Zelo domus Dei, dans laquelle il déclare nuls et non avenus les articles du Traité de Westphalie défavorables à la religion Catholique. Dans sa bulle Cum occasione, publiée le 31 mai 1653, il condamna cinq propositions tirées de l'Augustinus de Jansenius, donnant ainsi l'impulsion initiale à la grande controverse Janséniste en France.

Innocent X fut un amoureux de la justice et sa vie fut sans reproche; il fut, cependant, souvent indécis et suspicieux. La grande faute de son pontificat fut sa dépendance envers Donna Olimpia Maidalchini, la veuve de son frère. Pendant une courte période, cette influence s'effaça devant celle du jeune Camillo Astalli, un lointain parent du pape, qu'Innocent avait élevé au cardinalat. Mais le pape semblait incapable de se détacher d'elle, et, sur son conseil, Astalli fut privé de la pourpre et renvoyé du Vatican. L'accusation portée par Gualdus (Leti) dans sa Vita di Donna Olimpia Maidalchini (1666), qui affirmait que la relation d'Innocent avec elle était immorale a été rejetée par tous les historiens réputés, comme étant diffamatoire.


CIAMPI, Innocenzo X Pamfili e la sua corte (Imola, 1878); FRIEDENSBURG, Regesten zur deutschen Geschichte aus der Zeit des Pontifikats Innocenz X in Quellen und Forschungen, édité par l'Institut Historique Prussien de Rome, V (1902), VI (1903); RANKE, Die römischen Päpste, tr. FOSTER, II (Londres, 1906), 321-9; BAROZZI E BERCHET, Relazioni degli stati Europei lette al senato dagli Ambasciatori Veneti nel secolo decimosettimo, Serie III: Italia, Relazioni di Roma, II (Venise, 1878), 43-161; PALATIUS, Gesta Pontificum Romanorum, IV (Venise, 1688), 571-94.

MICHAEL OTT
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, janvier 2000.