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Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

Saint Zéphyrin

Sa date de naissance nous est inconnue; décédé le 20 décembre 217. Après la mort du pape Victor en 198, Zéphyrin fut élu pour lui succéder. Ce pape est décrit par Hippolyte dans le Philosophymena (IX, xi) comme une homme simple sans éducation. Cela est évidemment à entendre dans le sens où Zéphyrin n'avait pas suivi de hautes études et s'était dévoué à l'administration pratique de l'Eglise plutôt qu'à l'enseignement théologique. Immédiatement après son élévation au Siège de Rome, Zéphyrin appela à Rome le confesseur Calixte, qui vivait à Anitum, et qui avait reçu du pape Victor une pension mensuelle, et lui confia la charge du coemeterium. Il est prouvé que peu avant cela la communauté chrétienne de Rome avait, sous Victor, acquis un lieu commun de sépulture sur la Via Appia, et Zéphyrin mit alors Calixte à la tête de ce cimetière, auquel fut donné le nom de Calixte. Sans aucun doute, Calixte fut aussi fait diacre de l'Eglise par Zéphyrin. Il fut le conseiller privé du pape, auquel il succéda. La position des chrétiens, qui était restée favorable dans les premières années du gouvernement de l'empereur Septime Sévère (193-211) se dégradait maintenant de plus en plus, et en 202 ou 203 un édit de persécution apparut, qui interdit la conversion au christianisme sous peine de châtiments des plus sévères. On ne sait rien de l'exécution de l'édit dans Rome elle-même ni des martyres de l'Eglise romaine de cette époque.

On sait plus de choses, cependant, au sujet des dissensions de l'Eglise Romaine sur la doctrine de la Trinité. Les adeptes du maître hérétique Théodote le Tanneur furent excommuniés avec leur chef par le pape Victor. Ils formèrent dans Rome une communauté hérétique indépendante, qui fut dirigée par un autre Théodote, le Changeur, et Aselepodotus. Ces hommes persuadèrent un confesseur de Rome nommé Natalis, qui avait affirmé sa foi sans faillir devant le juge païen et avait souffert la torture, de s'autoriser à se nommer évêque de la secte contre le paiement mensuel de 170 dinars. Natalis, cependant, reçut en rêve bien des avertissements. Tout d'abord, il ne prêta pas attention à ces visions, mais une fois il crut avoir été sévèrement torturé par des anges, après quoi il commença à douter de sa mission. Tôt le matin, il revêtit un habit pénitentiel, se couvrit de cendres et se jeta en larmes aux pieds de Zéphyrin. Il confessa ses errements et supplia d'être admis de nouveau dans la communion de l'Eglise, ce qui lui fut finalement accordé (Eusèbe, Hist. eccl., V, xxxii). A la même époque, les adhérents de Montanus déployèrent aussi de grands efforts dans Rome. Le montaniste Proculus (ou Proclus) publia un ouvrage en défense des nouvelles prophéties. Une réfutation de Proclus sous la forme d'un dialogue fut écrite par un chrétien romain érudit et strictement orthodoxe nommé Caius, dans laquelle il se réfère aux tombeaux de Saint Pierre sur la colline vaticane et de Saint Paul sur la Via Ostensis. Caius rejette l'apocalypse de Saint Jean, qu'il considère comme un ouvrage de l'hérétique Cerinthe. En opposition à Caius, Hippolyte écrivit son Capita contra Caium (cf. Eusèbe, Hist. eccl., III, xxviii; VI, xx).

Hippolyte fut le plus important théologien parmi les presbytres romains de cette époque. Il était un adhérent avoué de la doctrine du Divin Logos. Il enseignait que le Verbe Divin devint homme dans le Christ, que le Logos diffère en toute chose de Dieu, qu'il est le médiateur entre Dieu et le monde des créatures. Cette doctrine, sous la forme mise en avant par Hippolyte et son école souleva de nombreux doutes, et provoqua l'apparition d'une autre école théologique qui lui était opposée. Cette école fut représentée à Rome en ce temps par Cleomène et particulièrement par Sabellius. Ces hommes étaient de stricts opposants aux Théodotiens, mais ne voulaient pas reconnaître l'incarnation du Verbe, et insistaient par-dessus tout sur l'unité (monarchia) de Dieu. Ils expliquaient que l'incarnation du Christ était une autre manifestation de Dieu de Son union avec la nature humaine. En conséquence ils furent appelés Modalistes ou Patripassiens, car selon eux ce n'était pas le Fils de Dieu, mais le Père, qui avait été crucifié. Le commun des chrétiens tenait fermement, par-dessus tout, à l'Unicité de Dieu et en même temps à la véritable divinité de Jésus Christ. Au début, nulle méfiance envers cette doctrine ne s'éleva en leur sein. Le pape Zéphyrin ne s'interposa pas autoritairement dans la dispute entre les deux écoles. L'hérésie des Modalistes n'était pas à première vue très évidente, et la doctrine d'Hippolyte présentait de nombreuses difficultés au regard de la tradition de l'Eglise. Zéphyrin dit simplement qu'il ne reconnaissait qu'un seul Dieu, et c'était le Seigneur Jésus Christ, mais que c'était le Fils, et non le Père, qui était mort crucifié. Telle était la doctrine traditionnelle de l'Eglise. Hippolyte pressa le pape d'approuver un dogme distinct qui représenterait la personne du Christ comme réellement différente de celle du Père et condamnerait les vues contraires des Monarchiens et des Patripassiens. Cependant, Zéphyrin n'y consentit pas. Le résultat fut qu'Hippolyte fut de plus en plus irrité contre le pape et particulièrement contre le diacre Calixte que, en tant que conseiller du pape, il tenait pour responsable de la position de ce dernier. Quand, après la mort de Zéphyrin, Calixte fut élu évêque de Rome, Hippolyte se retira de l'Eglise avec ses adeptes, causa un schisme et se posa en évêque rival.

Zéphyrin fut enterré dans une chambre mortuaire à part dans le cimetière de Calixte sur la Via Appia (cf. Wilpert, Die papstgruber und die Suciliengruft in der Katakombe des hl. Kallistus, Freiburg, 1909, 91 sqq.). Le Liber Pontificalis attribue deux décrets à Zéphyrin: L'un sur l'ordination du clergé et l'autre sur la liturgie eucharistique dans les églises de Rome. L'auteur de la biographie a attribué ces décrets au pape de manière arbitraire et sans base historique.


Liber Pontificalis, ed. DUCHESNE, I, 139; DUCHESNE, Histoire ancienne de l'Eglise, 292 sqq.; LANGEN, Geschichte der romischen Kirche, I (Bonn, 1881), 200 sqq.; BAGEMANN, Die romische Kirche und ihr Einfluss auf Dissiplin und Dogma in den ersten drei Jahrhunderten (Freiburg in Mr., 1864), 84 sqq.

J.P. KIRSCH
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, Février 2000.