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Biographies des papes - Catholic Encyclopedia 1913

Célestin III

Le premier des Orsini de Rome à accéder à la chaire de Pierre; né vers 1106, décédé à Rome le 8 janvier 1198. Il était cardinal depuis quarante-sept ans quand , dans sa quatre-vingt-cinquième année, il fut élu, le 30 mars 1191, successeur de Clément III; n'étant que diacre, il fut ordonné prêtre le 13 avril et consacré évêque le lendemain, respectivement le Samedi Saint et le jour de Pâques. Le lendemain, il oignit et couronna empereur d'Allemagne Henry VI et fit impératrice son épouse, la reine Constance. Le roi était alors en route vers l'Italie du Sud pour faire valoir contre Tancrède les droits de Constance au trône des Deux-Siciles. Le peuple de Rome, toutefois, ne permit pas aux solennités susmentionnées d'avoir lieu avant que le pape et le roi ne les eussent aidés à assouvir leur colère contre la ville voisine de Tusculum. La ville fut entièrement rasée et livrée à la vengeance sauvage des Romains. Le vieux pape a été blâmé pour cet acte de cruauté, car il fut en cela si différent de son prédécesseur qui résista (1142) à une semblable revendication passionnelle des Romains pour la destruction de Tibur (Tivoli). La responsabilité, toutefois, repose principalement sur l'empereur, dont la carrière assoiffée de sang italien fut ainsi inaugurée. Contre la volonté du pape, l'empereur se dirigea vers le sud pour faire droit à ses revendications sur la Sicile, mais il fut défait et contraint de se retirer, laissant l'impératrice prisonnière de Tancrède, qui la libéra sur demande du pape. Le vieux Célestin étonna beaucoup par sa longanimité à traiter avec le jeune et violent Henry VI qui, en Allemagne, surpassait tous ses prédécesseurs en cruauté et en oppression contre les églises. Le pape fut aussi lent et versatile à menacer Henry d'excommunication pour avoir emprisonné le roi Richard Coeur-de-Lion, qu'Henry avait fait capturer (1192) par le duc Léopold d'Autriche et qu'il s'était ensuite fait livrer alors que Richard était sur le chemin du retour en Angleterre; il réclama une forte rançon de 100.000 livres pour sa libération. C'était une violation si flagrante de la loi des nations, qu'un pape plus jeune et vigoureux ne l'aurait jamais tolérée. Ce n'est qu'en 1193 que le duc et ses associés furent excommuniés et qu'il fut tenté d'obtenir une restitution complète de la rançon. Peu après, à la mort de Tancrède (1194), Henry traversa de nouveau les Alpes, résolu à réaliser l'union entre la couronne d'Allemagne et celle des Deux-Siciles. En usant d'incroyables cruautés il accomplit son dessein, bafoua les droits du pape comme suzerain de la Sicile, l'abusa avec de vaines promesses de croisade, et aurait probablement avancé d'une génération le mémorable conflit que connut Rome avec son fils Frédéric II si la mort n'avait emporté ce roi cruel et déloyal le 28 septembre 1197, dans sa trente-sixième année, sans toutefois qu'il eût omis de faire reconnaître par le pape la souveraineté de son fils Frédéric mentionné plus haut comme roi des Deux-Siciles. Célestin lui-même trépassa peu après, dans la quatre-vingt-douzième année de son âge. Il montra plus de fermeté envers les autres princes d'Europe, particulièrement dans l'interdiction des lois sur le mariage des ecclésiastiques. Il força le roi Alphonse IX de Léon à abandonner son projet de mariage incestueux avec une princesse portugaise, et défendit avec vigueur la validité du mariage de la reine Ingeburg avec Philippe Auguste, à qui il refusa de valider le divorce que lui avaient accordé les évêques de son royaume. Lancer une sérieuse croisade fut le constant souci du pape Célestin; il confirma le nouvel ordre militaire des Chevaliers Teutoniques (1191) et accorda de nombreuses faveurs aux Templiers et aux Hospitaliers. Saint Malachie d'Armagh, Saint Bernard de Hildesheim, Saint Jean Gualbert et Saint Ubalde de Gubbio furent tous canonisés par lui.

THOMAS J.SHAHAN
Tiré de "Catholic Encyclopedia", copyright © 1913 by the Encyclopedia Press, Inc. Traduction française : Bertrand Blochet, Avril 2004.