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Cathéchisme du Concile de Trente

Chapitre quarantième — Première demande de l’Oraison Dominicale

QUE VOTRE NOM SOIT SANCTIFIÉ.

§ I. — POURQUOI CETTE DEMANDE EST LA PREMIÈRE ?

Notre-Seigneur Jésus-Christ, Maître et Seigneur universel, a voulu nous enseigner et nous prescrire Lui-même ce que nous devons demander à Dieu, et l’ordre dans lequel nous devons le demander. La Prière, en effet, n’est que l’expression de nos vœux et la manifestation de nos désirs. Dès lors, pour qu’elle soit bien faite, d’une manière convenable et raisonnable, nos demandes, c’est-à-dire nos vœux et nos désirs, doivent suivre l’ordre même dans lequel les choses sont désirables.

Or, la vraie Charité nous fait un devoir de rapporter tout notre cœur et toutes nos affections à Dieu. Dieu en effet n’est-Il pas en Lui-même le seul et souverain Bien ? et à ce titre, ne mérite-t-Il pas d’être aimé d’un amour supérieur et tout particulier ?

D’autre part, il nous est impossible de L’aimer de tout notre cœur et plus que toutes choses, si nous ne préférons son honneur et sa gloire à tout ce qui existe. Car tous les biens, quels qu’ils soient, les nôtres, ceux du prochain, enfin tout ce que nous appelons de ce nom de biens, tout vient de Lui, et est infiniment au-dessous de Lui, le souverain Bien. Aussi, pour mettre de l’ordre dans nos Prières, le Sauveur a fait de la demande du souverain Bien la première et la principale de nos requêtes. Il a voulu nous apprendre qu’avant de demander ce qui nous est nécessaire, à nous ou à notre prochain, nous devons demander ce qui se rapporte à la Gloire de Dieu, et présenter à Dieu Lui-même nos affections et nos désirs à cet égard. De cette manière nous resterons dans les règles de la Charité, qui nous ordonne d’aimer Dieu plus que nous-mêmes, et de demander d’abord ce que nous désirons pour Lui, avant ce que nous souhaitons pour nous.

§ II. — QU’EST-CE QUE LA GLOIRE DE DIEU ?

On ne désire et on ne demande que ce qu’on n’a pas. Mais à Dieu rien ne manque ; Il ne peut recevoir ni accroissement, ni augmentation, puisqu’Il est infini et parfait sous tous les rapports. Et par conséquent ce que nous demandons à Dieu pour Lui-même n’intéresse ni ses perfections, ni sa nature, mais uniquement sa Gloire extérieure. nous désirons et nous demandons que son nom soit connu davantage dans le monde ; que son Règne s’étende ; et que chaque jour de nouveaux serviteurs obéissent à sa sainte Volonté. Or ces trois choses, le nom, le Règne, l’Obéissance, ne font point partie du bien intérieur même de Dieu: ce sont au contraire des choses qui lui sont tout-à-fait extérieures.

Mais pour mieux faire comprendre la force et la valeur de cette demande, le Pasteur aura grand soin de montrer aux Fidèles que ces mots: sur la terre comme au ciel peuvent s’appliquer et s’étendre à chacune des trois premières parties de l’Oraison Dominicale, et signifier: que votre Nom soit sanctifié sur la terre comme au ciel ; que votre Royaume arrive sur la terre comme au ciel ; que votre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Ainsi donc, lorsque nous disons: que votre Nom soit sanctifié, nous désirons de voir augmenter la sainteté et la gloire du nom divin. Ici le Pasteur n’oubliera pas d’enseigner à ses pieux auditeurs que Notre-Seigneur Jésus-Christ, en employant ces expressions, n’a pas entendu dire que ce nom devait être sanctifié sur la terre comme Il l’est au ciel, c’est-à-dire que la sanctification terrestre devait égaler en intensité, la sanctification céleste — ce qui est radicalement impossible — mais seulement Ruelle devait procéder de la Charité et des plus profonds sentiments de l’âme. Sans doute il est très vrai de dire, car la chose est réelle, que ce nom adorable n’a pas besoin en Lui-même de sanctification, puisqu’Il est Saint et terrible, comme Dieu Lui-même est Saint par sa nature, qu’Il ne peut recevoir du dehors aucune sainteté qu’Il ne possède déjà de toute éternité. Mais, il faut bien le dire, sur la terre Il est loin d’être honoré comme Il mérite de l’être ; quelquefois même, hélas ! II est outragé par des malédictions et des blasphèmes. Et voilà pourquoi nous désirons et demandons qu’Il soit ici-bas loué, honoré, glorifié, comme Il est honoré, loué et glorifié dans le ciel. En un mot, nous voulons que l’honneur et le culte que nous Lui rendons soit tout à la fois dans notre cœur et sur nos lèvres, afin que nous puissions Lui offrir les hommages de notre vénération intérieure et extérieure, célébrer de toutes nos forces, à l’exemple des Saints et des Anges, la grandeur, la sainteté et la gloire de son nom.

§ III. — OBJET DE LA PREMIÈRE DEMANDE.

De même que les habitants du ciel exaltent la Gloire et les louanges de Dieu dans un concert parfait, de même nous demandons que toute la terre ait le même bonheur, que toutes les nations connaissent, honorent et servent Dieu, qu’il ne se rencontre nulle part un seul homme qui ne soit Chrétien, que tous se consacrent entièrement à Dieu, qu’ils soient convaincus que toute sainteté vient de Lui comme de sa source, et qu’il n’y a de pur et de saint que ce qui procède de la sainteté du nom divin. En effet, au témoignage de l’Apôtre Saint Paul: (Éph., 5, 25.) « L’Eglise a été purifiée par l’eau dans la Parole de vie ; or la Parole de vie, c’est le nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, » dans lequel nous sommes baptisés et sanctifiés.

Ainsi, puisqu’il n’y a ni expiation, ni pureté, ni sainteté en celui sur qui le nom adorable de Dieu n’a pas été invoqué, nous souhaitons et nous demandons que le genre humain tout entier abandonne les ténèbres impures de l’infidélité, qu’il soit éclairé des splendeurs de la Lumière divine, et qu’il reconnaisse si bien la vertu de ce nom, qu’il cherche en Lui la véritable sainteté, et enfin qu’après avoir reçu le Baptême au nom de la Sainte et indivisible Trinité, il parvienne avec l’aide de Dieu à la plénitude de cette sainteté, qui doit être l’objet de tous ses vœux.

Nos désirs et nos supplications s’étendent également ceux qui sont souillés de désordres et de crimes, qui ont perdu la pureté du Baptême et la robe d’innocence, et qui ont été assez malheureux pour tomber de nouveau sous la puissance du démon. nous souhaitons — et demandons à Dieu — que son nom soit sanctifié en eux, c’est-à-dire qu’ils rentrent en eux-mêmes, qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments, qu’ils recouvrent par la Pénitence leur ancienne innocence, et qu’ils redeviennent enfin de vrais temples saints, de dignes habitations de Dieu, sans tache et sans souillures.

Nous demandons en outre que Dieu veuille bien éclairer tous les esprits de sa Lumière, afin qu’ils puissent voir et constater, que « tout bien excellent et tout don parfait, descendant du Père des lumières, vient de Lui, » et arrive jusqu’à nous par sa divine Volonté, que c’est à Lui qu’ils sont redevables de la tempérance, de la Justice, de la vie, du salut, enfin en général de tous les biens du corps et de l’âme, biens extérieurs et biens intérieurs. Et tout ce qu’ils ont ainsi reçu, ils ne doivent pas oublier de le rapporter « à Celui de qui tout procède, » comme le proclame l’Eglise. Car si le soleil avec sa lumière, si les autres astres avec leur mouvement et leur cours régulier nous sont d’une utilité admirable ; si l’air qui nous environne sert à nous nourrir ; si la terre, avec l’abondance de ses moissons et de ses fruits fournit à la subsistance de tous les hommes ; si les magistrats avec leur vigilance nous permettent de jouir du repos et de la tranquillité, c’est à l’infinie Bonté de Dieu que nous devons tous ces avantages, et une foule innombrable d’autres du même genre. Et même les causes secondes, ainsi que les philosophes les appellent, ne doivent être à nos yeux que comme autant de mains admirablement façonnées et préparées en vue de nos besoins, par lesquelles Dieu nous distribue ses bienfaits, et les répand à profusion dans toutes les parties de l’univers.

Mais ce que nous demandons plus particulièrement par cette première partie de l’Oraison Dominicale, c’est que tous reconnaissent et révèrent la très Sainte Epouse de Jésus-Christ, l’Eglise notre Mère. Car seule elle possède cette source surabondante et intarissable de Grâce divine capable de purifier et de laver toutes les souillures d péché, cette source surnaturelle d’où jaillissent tous le Sacrements de la sanctification et du salut, lesquels, coin me autant de canaux sacrés, font couler dans nos âme la céleste rosée, l’eau vivifiante de la sainteté. Seule enfin avec les enfants qu’elle tient réunis dans ses bras et su son sein, elle a le droit d’invoquer ce nom adorable qui « est le seul sous le ciel par Lequel il soif donné aux hommes d’opérer leur salut. » (Act., 4, 12.)

§ IV. — UN VRAI CHRÉTIEN DOIT HONORER CE SAINT NOM PAR SES ACTIONS.

Les Pasteurs auront soin d’insister très spécialement sur ce point qu’il est d’un bon fils de ne pas prier Dieu son Père, uniquement en paroles, mais de faire en sorte, par sa conduite et ses actes, que la sanctification du nom divin brille dans toute sa personne.

Et plut à Dieu qu’il ne se trouvât point de Chrétiens qui, tout en demandant dans leur Prière la sanctification de ce nom béni, Le déshonorent par leurs actions, autant qu’il est en eux, et quelquefois même sont cause des malédictions qu’on prononce contre Lui ! C’est d’eux que l’Apôtre a dit: (Rm., 2, 24.) « on blasphème le nom de Dieu à cause de vous, parmi les nations », et auparavant Ezéchiel avait écrit (Éz., 36, 20.): « ils se sont mêlés avec les nations, et ils ont habité avec elles, et ils ont rendu mon nom méprisable ; ce qui a fait dire d’eux à ces nations: ce peuple est le peuple du Seigneur et il est sorti de la terre qui lui appartenait » en effet, telles la vie et les mœurs de ceux qui professent une religion, tels aussi, pour l’ordinaire, et cette religion, et son auteur, au jugement de la multitude ignorante.

Aussi bien ceux qui vivent selon la Religion chrétienne qu’ils ont embrassée, et qui règlent leurs Prières et leurs actions sur ses préceptes, fournissent-ils aux autres un des plus grands moyens de louer, d’honorer et de glorifier e nom du Père céleste. C’est un devoir que Notre-Seigneur Lui-même nous a imposé ; Il a voulu que par des actes éclatants de vertu nous portions tous les hommes à louer t à glorifier le nom adorable de Dieu. ne dit-II pas en flet dans l’Evangile: (Matth., 5, 16.) « Que votre Lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ; » et Saint Pierre après Lui (I Pierre, 1, 12.): « conduisez-vous parmi les Gentils d’une manière pure, afin que, vous jugeant d’après vos œuvres saintes, ils glorifient Dieu ».