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Cathéchisme du Concile de Trente

Chapitre quatrième — Du troisième article du Symbole

QUI A ÉTÉ CONÇU DU SAINT-ESPRIT, EST NÉ DE LA VIERGE MARIE.

Les explications que nous venons de donner (dans l’article précédent) sont très suffisantes pour faire comprendre aux Fidèles quelle grâce immense et quel bienfait signalé Dieu a accordés au genre humain, en nous arrachant à la servitude du plus cruel tyran, et en nous rendant la liberté. Mais si cous réfléchissons aux voies et moyens qu’Il a employés spécialement pour arriver à ce but, nous ne trouverons rien de plus frappant, rien de plus magnifique que sa bonté et sa libéralité envers nous.

Ce sera donc dans ce troisième article que le Pasteur commencera à montrer la grandeur de ce Mystère que l’Ecriture Sainte nous invite si souvent à méditer, comme le fondement même de notre Salut. Et d’abord, il enseignera, suivant le sens des paroles qui l’expriment, que nous croyons, et faisons profession de croire que Jésus-Christ notre Seigneur et le Fils unique de Dieu, en prenant pour nous un corps humain dans le sein d’une Vierge, n’a pas été conçu comme les autres hommes, humainement, mais par une intervention surnaturelle, par la vertu seule du Saint-Esprit (Matth., 1, 20.). De sorte que la même Personne demeurant Dieu, comme elle l’était de toute éternité, est devenue homme ce qu’elle n’était pas auparavant (Jean, 1, 14.).

Et ce qui prouve clairement que ces paroles ont bien ce sens, c’est la profession de foi du Saint Concile de Constantinople: Jésus-Christ, dit-il, est descendu des cieux pour nous autres hommes, et pour notre salut ; Il s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, par le Saint-Esprit, et Il s’est fait homme. C’est également de cette manière que Saint Jean l’Evangéliste a expliqué ce profond mystère. Il en avait puisé la connaissance sur le sein même du Sauveur. Après avoir déclaré la nature du Verbe divin en ces termes: (Jean, 1, 1.) Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu, il termine par ceux-ci: et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. En effet le Verbe, qui est une des Personnes divines, a pris la nature humaine d’une manière si complète, que les deux natures n’ont plus fait en Lui qu’une seule et même hypostase, une seule et même Personne. Et toutefois dans cette admirable union, chacune des deux natures a conservé ses opérations et ses propriétés, et l’illustre Pontife Saint Léon a eu raison de dire: La gloire de la nature divine n’a point absorbé la nature humaine, et l’élévation de la nature humaine n’a rien fait perdre à la nature divine.

§ I. — QUI A ÉTÉ CONÇU DU SAINT-ESPRIT.

Mais comme il est essentiel de bien expliquer les mots, le Pasteur aura soin d’enseigner que si nous disons que le Fils de Dieu a été conçu du Saint-Esprit, nous ne prétendons pas dire pour cela que cette Personne de la Sainte Trinité ait seule opéré le mystère de l’Incarnation. II est vrai que le Fils seul a pris la nature humaine, mais les trois Personnes divines, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont eu part à ce Mystère.

C’est en effet une règle absolue de la Foi chrétienne que dans les choses que Dieu fait hors de Lui, tout est commun aux trois Personnes ; que l’une n’agit point sans l’autre. La seule chose qui ne soit pas commune aux trois Personnes divines, et qui ne puisse pas l’être, c’est le mode de procession. En effet, le Fils n’est engendré que du Père, tandis que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Mais dans tout ce qu’elles produisent hors d’elles. les trois Personnes agissent également et sans aucune différence. Et ceci s’applique précisément au mystère de l’Incarnation.

Il n’en est pas moins vrai que parmi les choses qui sont communes aux trois Personnes, c’est un usage dans nos Saints Livres, d’attribuer les unes à telle Personne, les autres à telle autre, par exemple au Père la souveraine Puissance, au Fils la Sagesse, et l’Amour au Saint-Esprit. Et comme le mystère de l’Incarnation est la preuve sans réplique de l’amour immense et particulier que Dieu a pour nous, c’est pour cela que nous l’attribuons spécialement au Saint-Esprit.

Au reste, il convient de remarquer que dans ce mystère certaines choses sont au-dessus de la nature, tandis que d’autres lui sont entièrement conformes. Ainsi nous croyons que le corps de Jésus-Christ a été formé du sang très pur de la Vierge sa mère. Et nous ne voyons en cela qu’une œuvre purement naturelle, car c’est le propre de tout corps humain d’être formé du sang de la mère. Mais ce qui dépasse l’ordre naturel et même l’intelligence de l’homme, c’est que la Bienheureuse Vierge n’eut pas plus tôt donné son consentement aux paroles de l’Ange, en disant: (Luc, 1, 38.) Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole, que sur-le-champ le corps très saint de Jésus-Christ fut formé en elle, qu’une âme jouissant pleinement de la raison fut unie à ce corps et que dans un seul et même instant Il fut Dieu parfait et homme parfait. Or personne ne saurait douter que cet effet si extraordinaire et si admirable ne soit l’œuvre du Saint Esprit. Car selon les lois ordinaires de la nature, l’âme raisonnable ne vient s’unir au corps qu’après un temps déterminé.

Ce qui n’est pas moins digne de notre admiration, c’est que, au moment même où l’âme de Jésus-Christ s’unissait à son corps, la divinité s’unissait également à l’un et à l’autre: et ainsi comme le corps fut aussitôt animé que formé, de même aussitôt la divinité fut unie au corps et à l’âme.

D’où il suit que dans le même instant Jésus-Christ fut Dieu parfait et homme parfait, et que la très Sainte Vierge put vraiment et proprement être appelée Mère de Dieu, et Mère d’un homme, puisque dans le même moment elle avait conçu un Dieu homme. C’est ce que l’Ange lui avait bien marqué, en lui disant: (Luc, 1, 31.) Voilà que vous concevrez dans votre sein et que vous enfanterez un fils à qui vous donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et on L’appellera Fils du Très Haut. L’événement d’ailleurs ne faisait que confirmer la prophétie d’Isaïe: (Is., 7, 14.) Une Vierge concevra et enfantera un fils. Sainte Elisabeth avait la même pensée, lorsque, remplie du Saint-Esprit et instruite par Lui de la conception du Fils de Dieu, elle disait à Marie: (Luc, 1, 43.) D’où me vient ce bonheur que la mère de mon Dieu daigne venir me visiter ?

Mais de même que le corps de Jésus-Christ fut formé, comme nous venons de le dire, du plus pur sang de la plus pure des Vierges, et cela non humainement, niais par la vertu seule du Saint-Esprit ; de même aussi son âme, dès le premier instant de sa conception, reçut la plénitude de l’Esprit de Dieu, avec l’abondance de tous ses dons. Car, selon le témoignage de Saint Jean, (Jean, 3, 34.) Dieu ne Lui donna pas son esprit avec mesure, comme Il fait pour les autres hommes qu’Il veut bien enrichir et sanctifier par sa grâce, mais Il versa dans son âme une telle abondance de grâces, qu’il nous est possible à tous de recevoir de sa plénitude. (Jean, 1, 16.)

Cependant il ne faut pas dire que Jésus-Christ est le Fils adoptif de Dieu, quoiqu’Il ait reçu cet esprit qui confère aux Saints la qualité d’enfants adoptifs de Dieu. Il est Fils de Dieu par nature, et dès lors ni la grâce de l’adoption, ni le titre de fils adoptif ne peuvent aucunement Lui convenir.

Telles sont les explications que nous avons cru devoir donner sur l’admirable Mystère de la conception du Fils de Dieu.

Et si les Fidèles veulent en retirer des fruits salutaires, ils doivent se rappeler souvent et méditer dans leur cœur ces vérités si importantes: que Celui qui a pris notre chair est Dieu, qu’Il s’est fait homme d’une manière si surnaturelle que notre esprit ne peut comprendre ce mystère, et encore moins l’expliquer ; qu’enfin Il a voulu se faire homme, pour nous faire redevenir enfants de Dieu. Et après avoir bien réfléchi, et avec attention, sur les mystères renfermés dans cet article, qu’ils s’appliquent à les croire et à les adorer d’un cœur humble et soumis, sans chercher à les scruter et à les pénétrer. (Ces sortes de curiosités sont rarement sans danger.)

§ II. — QUI EST NÉ DE LA VIERGE MARIE-

C’est la seconde partie de notre article. Le Pasteur l’expliquera avec le plus grand soin. Car les Fidèles Sont obligés de croire, non seulement que Notre-Seigneur Jésus Christ a été conçu par l’opération du Saint-Esprit, mais encore qu’il est né de la Vierge Marie, et que « est elle qui L’a mis au monde. C’est avec une joie profonde et une vive allégresse que nous devons méditer ce mystère de notre Foi. La parole de l’Ange qui le premier en fit con naître au monde l’heureux accomplissement nous y invite. Je vous annonce, dit-il, (Luc, 2, 10.) un grand sujet de joie pour tout le peuple. Et avec cette parole, le cantique des Anges: (Luc, 2, 14) Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Alors en effet commençait à s’accomplir la magnifique promesse que Dieu avait faite à Abraham (Gn., 22, 18.) de bénir un jour toutes les nations dans sa postérité. Car Marie que nous reconnaissons hautement et que nous honorons comme véritable Mère de Dieu, puisque la personne qu’elle a enfantée est Dieu et homme tout ensemble, Marie descendait de David.

Mais si la conception du Sauveur est au-dessus de toutes les lois de la nature, sa naissance ne l’est pas moins ; elle est divine. Et ce qui est absolument prodigieux, ce qui dépasse toute pensée et toute parole, c’est qu’il est né de sa Mère qui est demeurée toujours Vierge. De même que plus tard Il sortit de son tombeau, sans briser le sceau qui Le tenait fermé, de même qu’il entra, les portes fermées, dans la maison où étaient ses disciples, de même encore — pour prendre nos comparaisons dans les phénomènes ordinaires — que les rayons du soleil traversent le verre sans le briser ni l’endommager, ainsi, mais d’une manière beaucoup plus merveilleuse, Jésus-Christ naquit de sa Mère qui conserva le privilège de la Virginité. nous avons donc bien raison d’honorer Marie à la fois comme Mère et comme Vierge. Ce privilège inouï fut l’œuvre de l’Esprit Saint, suivant la profession de foi du Saint Concile de Constantinople citée plus haut: « Jésus-Christ s’est incarné dans le sein de la Vierge Marie, par le Saint-Esprit, et Il s’est fait homme ».

L’Apôtre Saint Paul appelle quelquefois Jésus-Christ le nouvel Adam, et Le compare au premier. En effet, de même que tous les hommes sont morts dans celui-ci, (I Cor., 15, 21, 22.) ainsi tous sont rappelés à la vie dans Celui-là. Et de même encore que le premier a été le père du genre humain, selon l’ordre de la nature, de même le second est pour tous les hommes l’Auteur de la grâce et de la gloire. Par analogie, nous pouvons également comparer la Vierge-Mère à Eve, et montrer les rapports qui existent entre la première Eve, et Marie qui est la seconde ; comme nous venons de le faire entre le premier Adam et le second qui est Jésus-Christ. Eve, en croyant au serpent, (Sir., 25, 33) attira sur le genre humain la malédiction et la mort ; Marie, en ajoutant foi aux paroles de l’Ange, obtint pour les hommes, de la bonté de Dieu, la bénédiction et la vie. (Éph., 2, 3.) Par Eve, nous naissons enfants de colère ; par Marie, nous recevons Jésus-Christ, qui nous fait renaître enfants de la grâce. A Eve il a été dit: (Gn., 3, 16.) tu enfanteras dans la douleur ; Marie donne naissance à notre Seigneur Jésus-Christ et elle ne souffre pas, et, comme nous l’avons dit tout à l’heure, elle conserve le privilège de la Virginité parfaite.

Mais puisque la conception et la naissance du Rédempteur devaient renfermer des merveilles si grandes et si profondes, ne convenait-il pas que la divine Providence nous en instruisît d’avance par des figures nombreuses et des oracles formels ?

C’est pourquoi les Saints Docteurs ont appliqué à ce mystère beaucoup de textes de la Sainte Écriture, et principalement ceux-ci: (Éz., 44, 2.) cette porte du sanctuaire qu’Ezéchiel vit fermée ; (Dn., 2, 34.) cette pierre qui, dans Daniel se détache de la montagne, sans que les hommes y mettent la main, et devient elle-même une grande montagne qui couvre toute la terre ; (Nb., 17, 8.) cette verge d’Aaron qui fleurit seule au milieu de toutes les verges des chefs d’Israël ; (Ex., 3, 2.) enfin ce buisson que Moïse vit brûler sans se consumer.

Quant à la naissance même du Sauveur, elle est racontée par Saint Lue dans tous ses détails. nous n’avons donc pas à y insister ici davantage. Le Pasteur la trouvera dans cet Evangéliste. Ce qui devra l’occuper surtout sera de graver fortement dans l’esprit et le cœur des Fidèles la connaissance de ces mystères qui ont été écrits pour notre instruction ; (Rm., 15, 4.) afin que d’une part, le souvenir d’un si grand bienfait les porte à la reconnaissance envers Dieu, qui en est l’auteur, et d’autre part, que le spectacle d’une humilité si étonnante et si parfaite, devienne pour eux un exemple à imiter.

En effet, quoi de plus utile, quoi de plus propre à réprimer l’orgueil et la vanité de notre esprit, que la pensée fréquente (et comme la vue) d’un Dieu qui s’humilie jusqu’à communiquer sa gloire aux hommes, et se revêtir de leur faiblesse et de leur fragilité ? d’un Dieu qui daigne se faire homme ? d’une Majesté souveraine et infinie qui s’abaisse à servir l’homme, pendant que les colonnes du ciel, comme dit l’Ecriture (Job, 26, 11.) tremblent de frayeur au moindre signe de sa Volonté, et qui consent à naître et à vivre sur la terre, pendant que les Anges L’adorent dans le ciel ? Or, puisque c’est pour nous que Dieu a fait toutes ces choses, que ne devons-nous pas faire, nous, de notre côté, pour Lui obéir ? Avec quel empressement, avec quelle allégresse ne devons-nous pas aimer, embrasser et remplir tous les devoirs que l’humilité nous impose ? Ah ! de grâce, recueillons les salutaires leçons que Jésus-Christ nous donne en naissant, et avant même d’avoir prononcé une seule parole ! Il naît pauvre ; Il naît comme un étranger, dans un lieu qui ne Lui appartient pas ; Il naît dans une vile étable ; Il naît au milieu de l’hiver. Car voici ce que nous rapporte Saint Luc: (Luc, 2, 6, 7.) Pendant qu’ils étaient là, il arriva que le temps s’accomplit où elle devait enfanter, et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’enveloppa de langes, et elle le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour Lui dans l’hôtellerie. L’Évangéliste pouvait-il cacher sous des termes plus humbles, cette majesté et cette gloire qui remplissent le ciel et la terre ? Il ne dit pas seulement qu’il n’y avait point de place dans l’hôtellerie, mais qu’il n’y en avait point pour Lui, pour Celui qui a dit: (Ps., 49, 12.) La terre est à Moi et tout ce qu’elle renferme. Et un autre Évangéliste a dit également: (Jean, 1, 11.) Il est venu chez lui, et les siens ne L’ont pas reçu.

En contemplant ces mystères, les Fidèles n’oublieront pas que si Dieu a daigné se revêtir de la bassesse et de l’infirmité de notre nature, c’était pour élever le genre humain au plus haut degré de gloire. En effet, pour bien comprendre l’éminente dignité, même la supériorité que Dieu, dans sa bonté, a voulu accorder à l’homme, ne suffit-il pas de reconnaître que Jésus-Christ, qui est véritablement Dieu, est aussi véritablement homme ?

Et cela est si vrai qu’il nous est permis de nous glorifier que le Fils de Dieu est réellement notre chair et nos os, privilège qui n’appartient pas aux esprits bienheureux, car dit l’apôtre, (Hébr., 2, 16.) Jésus-Christ ne s’est point approprié la nature angélique, mais celle des enfants d’Abraham.

Enfin prenons garde qu’il ne nous arrive pour notre malheur ce qui arriva à Bethléem, et que, comme notre Seigneur ne trouva point de place dans l’hôtellerie pour y naître, de même Il n’en trouve pas davantage dans nos cœurs pour y prendre naissance, non plus selon la chair, mais selon l’esprit. Car Il souhaite ardemment de venir en nous, à cause de l’extrême désir qu’il a de notre salut. Et de même encore qu’il s’est fait homme, qu’Il est né, qu’il a été sanctifié, qu’il a été la sainteté même par la vertu du Saint-Esprit, et d’une manière toute surnaturelle, ainsi il faut que nous naissions (Jean, 1, 13.) non du sang et de la volonté de la chair, mais de Dieu ; qu’ensuite (Rm., 6, 4, 5 ; 7, 6.) nous marchions comme des créatures nouvelles dans un esprit nouveau, et que nous conservions cette sainteté et cette pureté de cœur, qui conviennent si bien à des hommes régénérés par l’esprit de Dieu. De cette manière nous pourrons reproduire en nous-mêmes quelque image de cette Conception et de cette naissance si sainte du Fils de Dieu, que nous croyons d’une Foi ferme, et que nous adorons et admirons en même temps comme la Sagesse de Dieu (I Cor., 2, 7.) qui est cachée dans ce Mystère.