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Cathéchisme du Concile de Trente

Chapitre trente-quatrième — Du sixième Commandement

VOUS NE SEREZ POINT ADULTÈRES.

Le lien qui unit le mari et la femme est très étroit. Partant, rien ne peut leur être plus agréable que de se sentir aimés l’un de l’autre d’un amour tendre et loyal. Au contraire, rien ne saurait leur être plus pénible que de voir cet amour, qu’ils se doivent et qui est si légitime, s’en aller honteusement vers d’autres. Il était donc juste et absolument dans l’ordre qu’après la Loi qui protège la vie de l’homme contre le meurtre. Dieu plaçât immédiatement celle qui défend l’adultère, afin que personne n’osât violer ou détruire cette union si sainte et si honorable du Mariage, ce foyer si ardent de Charité et d’amour.

Mais en traitant cette matière, le Pasteur ne devra manquer ni de circonspection ni de prudence. Il traitera ce sujet avec la réserve la plus mesurée. n’est-il pas à craindre en effet qu’en voulant expliquer longuement et en détail les différentes manières de transgresser ce précepte, il ne vienne à dire des choses qui pourraient troubler les âmes délicates au lieu de les éclairer ?

Or, ce Commandement est très étendu et fort complexe. Et pourtant le Pasteur ne doit rien passer sous silence. Chaque chose doit venir à sa place.

Il se divise en deux parties, l’une qui défend formellement l’adultère, l’autre qui nous commande implicitement la chasteté de l’âme et du corps.

Commençons d’abord par ce qui est défendu.

§ I. — DE L’ADULTÈRE.

L’adultère est la violation du droit le plus sacré qui unit par serment inviolable les Epoux l’un à l’autre. L’Epoux qui manquerait de fidélité à son Epouse commettrait une faute très grave ; quiconque libre pécherait avec une personne non libre, se rendrait gravement coupable aux yeux de Dieu.

Selon Saint Ambroise et Saint Augustin, ce Commandement porté contre l’adultère s’étend à tout ce qui est déshonnête et impur. Et nos Saints Livres, ceux de l’Ancien, comme ceux du nouveau testament, ne nous permettent pas d’être d’un avis différent. Ainsi, outre l’adultère, d’autres genres de libertinage sont encore punis dans Moise. La Genèse nous rapporte un jugement de Juda contre sa belle-fille (Gn., 38, 24.), et le Deutéronome défend positivement qu’aucune des filles d’Israël ne se livre au mal (Dr., 23, 17.). Tobie faisait cette exhortation à son fils (Tobie, 4, 13.): « Gardez-vous, ô mon fils, de toute impudicité » ; et l’Ecclésiastique nous dit (Sir., 41, 25.): « Rougissez de jeter les yeux sur une femme de mauvaise vie. »

Dans l’Evangile, Notre-Seigneur Jésus-Christ nous assure (Matth., 15, 19.) « que du cœur sortent les adultères et les intentions mauvaises qui rendent l’homme coupable. » Quant à Saint Paul, c’est dans une foule de passages, et dans les termes les plus sévères, qu’il flétrit ce péché. Ici il dit (I Thess., 4, 3.): « La volonté de Dieu est que vous soyez saints et que vous évitiez l’impudicité ; là (I Cor., 6, 18.) Fuyez ce vice ; ailleurs (I Cor., 5, 9.) Evitez les impudiques ; puis (Éph., 5, 3.) Qu’on n’entende pas même parler parmi vous de ce péché, ni d’impureté de quelque sorte, ni d’avarice ; puis encore (I Cor., 6, 9.): ni les impudiques, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables ne seront héritiers du Royaume de Dieu. »

La principale raison pour laquelle l’adultère est expressément défendu dans ce Commandement, c’est que, outre la turpitude qui lui est commune avec toutes les autres espèces d’impuretés, il est en même temps un acte d’injustice flagrante non seulement contre le prochain, mais même contre la société civile. Il est certain d’ailleurs que celui qui ne sait pas s’abstenir des autres péchés d’impureté sera bien vite entraîné jusqu’à l’adultère.

Il est donc facile de comprendre qu’en défendant l’adultère, Dieu a défendu en même temps toute sorte d’impureté, capable de souiller le corps. De plus le libertinage intérieur du cœur est également défendu, car cette Loi est essentiellement spirituelle. nous en avons la preuve dans ces paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ (Matth., 5, 27, 28.): « Vous savez qu’il a été dit aux Anciens: vous ne serez point adultères ; mais Moi Je vous dis que quiconque regarde une femme avec une intention mauvaise, a déjà commis t’adultère dans son cœur. »

Voilà ce qu’il nous a semblé que le Pasteur pouvait dire en public sur cette matière, en y ajoutant toutefois ce que le Saint Concile de Trente (Sess., 24, c. 28.) a décrété contre les adultères, et contre ceux qui s’exposent à vivre dans l’habitude du mal et des fréquentations mauvaises. Il laissera de côté toutes les autres variétés de péchés contre ce Commandement, pour n’en parler qu’en particulier, et encore, selon que les circonstances et la situation des personnes lui en feront un devoir:

Il reste à expliquer maintenant la partie du précepte qui commande.

§ II. — CE QUI EST COMMANDÉ PAR LE SIXIÈME COMMANDEMENT.

Il faut donc apprendre aux Fidèles et les exhorter très vivement à pratiquer avec tout le soin possible la vertu de pureté (II Cor., 7, 1.), « à se purifier de tout ce qui souille la chair et l’esprit, poursuivant l’œuvre de leur sanctification dans la crainte de Dieu. » Il faut surtout leur faire remarquer que, si la vertu de chasteté brille d’un éclat particulier dans ceux qui gardent religieusement l’excellente et divine vertu de virginité, elle peut aussi être pratiquée par ceux qui vivent dans le célibat, et même par les personnes mariées qui savent se conserver pures et innocentes de tous les excès défendus.

Les saints Pères nous indiquent un grand nombre de remèdes pour nous apprendre à réprimer et à dompter nos passions. Le Pasteur ne manquera pas de les faire connaître aux Fidèles, en les expliquant avec tout le soin possible.

§ III. — REMÈDES CONTRE LES MAUVAISES PENSÉES.

Ces remèdes sont de deux sortes: les uns sont du domaine de la pensée, les autres appartiennent à l’action.

Les remèdes qui procèdent de la pensée consistent principalement en ce que nous comprenions très bien tout ce qu’il y a de honteux et de pernicieux dans le péché d’impureté. Cette connaissance une fois acquise, il nous sera plus facile de le détester. Or ce qui nous fait sentir combien ce crime est funeste, c’est que ceux qui ont le malheur de le commettre, sont par le fait repoussés et exclus du Royaume de Dieu. Voilà bien le dernier de tous les maux.

Sans doute, ce malheur est commun à tous les péchés mortels, mais le péché dont nous parlons a cela de particulier que ceux qui s’en rendent coupables, pèchent contre leur propre corps. C’est l’enseignement de l’Apôtre. Il dit expressément (I Cor., 6, 18.): « Fuyez l’impudicité ; tous les autres péchés se commettent hors de nous ; mais celui qui s’abandonne à l’impudicité pèche contre lui-même, » c’est-à-dire qu’il se fait injure en profanant sa sainteté. Voilà pourquoi Saint Paul dit encore aux Thessaloniciens (I Thess., 4, 3.): « La volonté de Dieu c’est que vous deveniez des Saints, et que vous évitiez l’impudicité, et que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l’honnêteté, ne suivant point les entraînements de la passion, comme font les nations qui ignorent Dieu. » Ensuite, ce qui est plus criminel encore, c’est que le Chrétien qui pèche honteusement avec une femme de mauvaise vie, profane ses membres qui sont les membres de Notre-Seigneur Jésus-Christ. « Ne savez-vous pas, dit l’Apôtre (I Cor., 6, 15.), que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? Peut-on transformer des membres de Jésus-Christ en instruments de péché ? A Dieu ne plaise I ne savez-vous pas que celui qui pèche avec une femme de mauvaise vie se réduit au plus honteux esclavage ? » D’ailleurs, au témoignage du même Apôtre (I Cor., 6, 19.), le Chrétien est le Temple du Saint-Esprit, et violer ce temple, n’est-ce pas en chasser cet esprit de Dieu.

En ce qui concerne l’adultère, il ne faut pas oublier qu’il renferme en lui-même une injustice très grande. Car, suivant la doctrine de Saint Paul, ceux que le mariage unit sont tellement soumis au pouvoir l’un de l’autre (I Cor., 7, 4.), qu’ils ne sont plus seuls maîtres d’eux-mêmes. Ils sont au contraire enchaînés entre eux et asservis l’un à l’autre, au point que le mari doit se conformer à la volonté de la femme, et la femme à celle du mari. Et par conséquent, celui des deux qui viole un droit légitime en devenant infidèle à son serment, commet une injustice très criminelle. Et comme la crainte de l’infamie est un motif très puissant pour porter les hommes à l’accomplissement de ce qui est ordonné, et pour les détourner de ce qui est défendu, le Pasteur aura grand soin de montrer aux Fidèles que l’adultère imprime sur le front de celui qui le commet un stigmate d’ignominie. nos Livres saints nous disent expressément: (Prov., 6, 32.) « Celui qui est adultère perdra son âme par la folie de son cœur. Il amassera sur sa tête l’opprobre et la honte, et son infamie ne s’effacera jamais. »

Enfin la sévérité des châtiments réservés aux adultères nous démontre suffisamment la grandeur de leur crime. On sait que la Loi de Moïse les condamnait à être lapidés. Bien plus, ne lisons-nous pas que pour le crime d’un seul, non seulement Dieu a frappé le coupable, mais une ville tout entière, celle des Sichimites ? La Sainte Ecriture nous fournit encore plusieurs autres exemples des châtiments exercés par Dieu contre ceux qui violent ce Commandement. Le Pasteur fera bien de les rassembler et de les raconter aux Fidèles, pour les détourner de plus en plus de ces excès abominables. Ainsi furent détruits les habitants de Sodome et des villes voisines, les israélites qui avaient péché avec les filles de Moab dans le désert, et les Benjamites.

Et même ceux qui échappent à la mort, n’échappent ni aux douleurs, ni aux tourments cruels dont ils sont souvent la victime. Ils sont punis du plus terrible des châtiments, l’aveuglement de l’esprit. Dès lors ils ne tiennent plus compte de rien. Dieu, réputation, dignité, enfants, eux-mêmes, tout est oublié. Ils deviennent ainsi tellement pervers et incapables, qu’on, ne peut leur confier rien d’important, et qu’ils ne sont plus guère propres à aucune fonction sérieuse. L’exemple de David et de Salomon nous le prouve bien. Le premier, après son adultère, se trouva tout à coup si différent de lui-même, que de très doux qu’il était, il devint cruel et barbare, et qu’il fit exposer à une mort certaine un de ses plus zélés serviteurs, le fidèle Urie. Le second, livré tout entier à ses honteuses passions, en vint à cet excès d’abandonner sa religion et d’adorer les faux dieux. tant il est vrai que ce péché, comme dit le Prophète Osée (Os., 4, 11.), « emporte le cœur de l’homme, » et le plus souvent même, « le rend aveugle ».

§ IV. — AUTRES REMÈDES CONTRE L’IMPURETÉ.

Venons maintenant aux remèdes qui sont du domaine de l’action.

Le premier est de fuir l’oisiveté. C’est en s’énervant dans ce vice, comme dit Ezéchiel (Éz., 16, 49.), que les Sodomites se précipitèrent dans les désordres si honteux de leurs horribles débauches,

Le second est d’éviter l’intempérance avec le plus grand soin. « Je les ai rassasiés, dit le Prophète, et ils ont commis l’adultère. » En effet, c’est une cause d’impureté que de prendre des aliments avec excès. C’est ce que notre Seigneur veut nous faire entendre, quand Il nous dit: (Luc, 21, 34.) « prenez garde de laisser vos cœurs s’appesantir dans l’intempérance et l’ivresse. » Saint Paul nous dit aussi: (Éph., 5, 18.) « Ne vous enivrez point par le vin, d’où naît la luxure. »

Mais ce qui allume le plus ordinairement la passion impure dans les cœur », ce sont les regards. C’est pourquoi Notre-Seigneur nous dit: (Matth., 5, 29.) « Si votre œil vous scandalise, arrachez-le, et jetez-le loin de vous. » Les Prophètes avaient parlé dans le même sens. « J’ai fait un pacte avec mes yeux, dit Job (Job, 31, 1.), pour éviter toute pensée dangereuse. » Et d’ailleurs, nous avons des exemples presque innombrables des désordres qui ont eu leur source dans la curiosité mauvaise des regards. Il n’y a qu’à se rappeler le péché de David, celui du roi de Sichem, et enfin celui des vieillards qui se firent les calomniateurs de Suzanne.

Les parures trop élégantes, si bien faites, malheureusement, pour attirer les regards, sont encore une des sources les plus ordinaires de l’impureté. De là cet avertissement que nous donne l’Ecclésiaste: (Sir., 9, 8.) « détournez vos yeux d’une femme parée ». Et comme les femmes sont d’ordinaire trop attachées aux ornements du corps, il est nécessaire que le Pasteur les avertisse de temps en temps d’éviter ce défaut, et même de leur faire entendre sur ce point le langage sévère de l’Apôtre Saint Pierre: (I Pierre, 3, 3.) « Que les femmes ne se parent point au dehors par l’art de leur chevelure, par les ornements d’or, ni par la beauté des vêtements. » Et Saint Paul, de son côté, leur défend (I Tim., 2, 9.) « les cheveux frisés, les ornements d’or, les pierres précieuses, les vêtements somptueux. » Souvent en effet ces ornements extérieurs ont fait perdre le véritable ornement de l’âme et du corps.

Mais si la trop grande recherche dans la parure porte habituellement au péché de l’impureté, les discours et entretiens déshonnêtes n’y conduisent pas moins. Les propos obscènes sont comme une flamme ardente qui allume dans le cœur des jeunes gens le feu de l’impureté. « Les entretiens mauvais corrompent les bonnes mœurs, » dit l’Apôtre (I Cor., 15, 33.). Il en est de même des chants trop tendres, et trop efféminés, des danses, des livres licencieux ou peu chastes, ainsi que des tableaux qui représentent quelque chose de honteux. toutes ces choses doivent être évitées avec le plus grand soin, car elles sont capables d’éveiller des sentiments dangereux dans le cœur de la jeunesse et de l’exposer au péril. Sur ce point le Pasteur doit surtout recommander aux Fidèles d’observer religieusement ce que le saint Concile de Trente a réglé avec tant de sagesse et de piété.

Si l’on met tous ses soins à éviter tout ce que nous venons de rappeler, on ne laisse presque pas de place à la passion impure. Mais il ne faut pas oublier que les moyens les plus puissants pour la comprimer et la réduire sont la Confession fréquente et la fréquente Communion, avec des prières assidues et ferventes, l’aumône et le jeûne. La chasteté est un don de Dieu (I Cor., 7, 7 ; 10, 13.) ; qu’Il ne refuse jamais à ceux qui le demandent comme il faut. « Il ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces. »

Enfin il faut exercer le corps non seulement par des jeûnes, et spécialement par ceux que l’Eglise prescrit, mais aussi par des veilles, par de pieux pèlerinages, et par d’autres mortifications. C’est le moyen de dompter nos appétits mauvais, et de produire des actes très méritoires de la vertu de tempérance. « Ceux qui combattent dans l’arène, dit Saint Paul (I Cor., 9, 25.), [en parlant de la mortification], s’abstiennent de toutes choses, et cependant ce n’est que pour obtenir une couronne corruptible, au lieu que la nôtre est incorruptible. » Peu après il ajoute: « Je châtie mon corps et je le réduis en servitude, de crainte qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois réprouvé moi-même. » Ailleurs il dit encore: (Rm., 13, 14.) « ne cherchez pas à contenter votre choir dans ses désirs ».