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Mais je ne retirerai pas ma miséricorde de lui, et je ne manquerai pas à ma vérité ;
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Cathéchisme du Concile de Trente

Chapitre trente-et-unième — Du troisième Commandement

« Souvenez-vous de sanctifier le jour du Sabbat, vous travaillerez et vous ferez tous vos ouvrages pendant six jours: mais le septième jour est le Sabbat du Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez aucune œuvre servile en ce jour, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de somme, ni l’étranger qui est parmi vous ; car le Seigneur a fait en six jours le ciel, et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, et Il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat. »

Le troisième Commandement a pour objet le culte extérieur que nous devons à Dieu. Ce culte est une conséquence naturelle des obligations imposées par le premier. Il vient donc ici parfaitement à sa place. Car si nous honorons Dieu pieusement au fond de nos cœur », comment pourrions-nous, avec la Foi et l’Espérance que nous avons en Lui, ne pas L’environner d’un culte extérieur et Lui témoigner ouvertement notre reconnaissance ? Mais comme ces devoirs sont difficiles à remplir pour ceux qui sont occupés des affaires de ce monde, il s’agissait de leur rendre cette obligation plus facile en la fixant à des époques déterminées.

Ce Commandement, s’il est bien pratiqué, est de nature à produire des fruits et des avantages admirables. Il importe donc grandement que le Pasteur déploie, pour l’expliquer, tout le zèle dont il est capable. Et un premier et puissant motif pour lui d’enflammer ce zèle sera dans ces paroles: souvenez-vous ; car si les Fidèles sont obligés de se souvenir de ce précepte, c’est au Pasteur à le leur remettre en mémoire par des avertissements et des instructions souvent répétés.

Et ce qui fait voir combien il est important pour les Fidèles d’observer ce Commandement, c’est que, en l’accomplissant avec soin, ils se rendront facile et aisée la pratique de tous les autres. Ainsi une des obligations qu’ils ont à remplir aux jours de Fêtes, c’est de se réunir à l’Eglise pour y entendre la Parole de Dieu. Or il est bien certain que plus ils feront de progrès dans la connaissance de la Loi divine, plus ils seront disposés à la garder de tout leur cœur. C’est pourquoi la solennité et le culte du Sabbat sont très souvent recommandés dans nos Saints Livres. L’Exode, le Lévitique, le Deutéronome, les Prophètes Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, rapportent tous expressément le précepte de la sanctification du Sabbat.

Il faut aussi avertir et exhorter les princes et les magistrats d’avoir à seconder de toute leur autorité les Pasteurs de l’Eglise dans tout ce qui intéresse le maintien et le développement de ce culte, et même de faire des lois pour assurer l’observation du précepte ecclésiastique.

§ I. — COMPARAISON DU TROISIÈME COMMANDEMENT AVEC LES AUTRES.

En expliquant ce précepte, il ne faut pas négliger d’enseigner aux Fidèles en quoi il ressemble aux autres, et en quoi il diffère. Ce sera un moyen de leur faire connaître clairement les motifs pour lesquels nous ne sanctifions plus le jour du Sabbat, mais le jour du Dimanche.

Il y a cette différence capitale entre ce Commandement et les autres, que ceux-ci étant fondés sur la nature elle-même, sont de tous les temps, et ne peuvent jamais changer. Aussi, quoique la Loi de Moïse soit abrogée, le peuple chrétien continue d’observer tous les préceptes des deux tables de la Loi. Et cela, non pas parce que Moise l’a ordonné, et pour lui obéir, mais parce qu’ils tiennent à la nature, et que les hommes sont obligés de se conformer à ce qu’elle demande. Mais le précepte de la sanctification du Sabbat, si on le considère uniquement par rapport à ce jour, n’est ni fixe ni constant. Au contraire il peut changer, et c’est plutôt une loi cérémonielle qu’une loi morale. II n’a pas non plus sa raison d’être dans la nature ; car ce n’est pas elle qui nous enseigne et qui nous dispose à choisir un jour plutôt qu’un autre pour rendre à Dieu un culte extérieur. Aussi bien les Israélites ne sanctifièrent le jour du Sabbat qu’après avoir été délivrés de la servitude de Pharaon. Mais ce précepte devait être aboli su moment où le culte et les cérémonies mosaïques allaient tomber en désuétude, c’est-à-dire à la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ces cérémonies n’étaient en effet que des images et des ombres de la lumière et de la vérité ; il fallait nécessairement qu’elles disparussent devant cette Lumière, cette Vérité même qui est Jésus-Christ. C’est pourquoi Saint Paul reprenait les Galates de ce qu’ils étaient encore attachés aux cérémonies de la Loi: (Gal., 4, 10.) « Vous observez les jours et les mois, leur disait-il, les semaines et les années ; mais je crains pour vous que je n’aie travaillé en vain parmi vous. » II parle de la même manière au Colossiens. (Col., 2, 16.)

Voilà en quoi ce précepte diffère des autres, c’est qu’il regarde directement le culte et les cérémonies. Mais il a cela de commun avec tous, qu’à un autre point de vue il se rapporte à la morale et au droit naturel. Car le culte divin et la vertu de religion, prescrits par ce Commandement, sont de droit naturel, puisque la nature veut que nous employons certaines heures de notre temps aux choses qui regardent le culte du Seigneur. Et la preuve, c’est que chez toutes les nations nous trouvons des Fêtes, et des Fêtes publiques, établies en l’honneur de la Divinité. Et de même qu’il est naturel à l’homme de réserver un certain temps pour les fonctions nécessaires à la vie du corps, comme le repos, le sommeil, et autres choses semblables, de même la nature demande qu’il y ait certains moments déterminés, pendant lesquels l’âme puisse se retremper dans la contemplation de Dieu. Si donc une certaine partie de notre temps doit être employée au culte que nous devons à Dieu, le précepte qui l’ordonne appartient évidemment à la loi morale.

C’est pour cette raison que les Apôtres résolurent de consacrer au culte de Dieu le premier des sept jours de la semaine, et l’appelèrent le jour du Seigneur. Saint Jean dans son Apocalypse (Ap., 1, 10.) fait mention de ce jour ; et l’Apôtre veut (I Cor., 16, 2.) qu’on recueille les aumônes des Fidèles le premier jour après le Sabbat, c’est-à-dire, comme l’explique Saint Jean Chrysostome, le jour du Dimanche. Ce qui nous montre que déjà, dans ce temps-là, le jour du Seigneur était un jour saint dans l’Eglise. — Mais afin que les Fidèles sachent parfaitement ce qu’ils ont à faire, et ce qu’ils ont à éviter, en ce jour, il ne sera pas hors de propos, que le Pasteur explique soigneusement chacune des paroles du précepte tout entier — lequel se divise très bien en quatre parties.

§ II. — SOUVENEZ-VOUS DE SANCTIFIER LE JOUR DU SABBAT.

La première chose à expliquer ici, c’est le sens précis de ces paroles: souvenez-vous de sanctifier le jour du Sabbat. Le mot souvenez-vous, placé, non sans motif. En tête du précepte, nous indique que la sanctification de ce jour appartient aux lois cérémonielles. C’est un point qu’il semblait utile de rappeler au peuple ; car encore que la loi naturelle nous enseigne que nous sommes obligés de consacrer un certain temps à rendre à Dieu un culte extérieur, elle ne prescrit point le jour où il convient le mieux de le faire.

En second lieu il faut montrer aux Fidèles que ces mêmes paroles nous avertissent de quelle manière nous devons travailler pendant la semaine ; en d’autres termes, elles nous rappellent l’obligation où nous sommes de ne jamais perdre de vue le jour de Fête pendant notre travail. Le Dimanche étant un jour où nous avons, en quelque sorte, à rendre compte à Dieu de nos actions et de notre travail, il importe extrêmement que ces actions et ce travail soient tels que Dieu ne les répudie pas, et qu’ils ne deviennent jamais pour nous, comme dit l’Ecriture (I Rois, 25, 31.), un sujet de sanglots et de remords.

Enfin, ces mots, souvenez-vous, etc. nous remettent en mémoire une vérité bien frappante, c’est que nous ne manquerons pas d’occasions d’oublier ce précepte. nous y seront sollicités, tantôt par l’exemple de ceux qui n’en

tiennent aucun compte, tantôt par l’amour des spectacles et des jeux qui nous détournent si souvent du culte de religion et de piété que nous devons à Dieu en ce saint jour. — Venons maintenant à ce qu’il faut entendre par Sabbat.

Sabbat est un mot hébreu qui signifie en latin cessatio, c’est-à-dire, repos. Ainsi sabbatiser, dans la langue latine, s’appelle cessare et requiescere, c’est-à-dire cesser d’agir, se reposer. Le septième jour a reçu le nom de Sabbat, parce que Dieu, après avoir achevé entièrement l’œuvre de la création du monde, se reposa en ce jour de tous ses travaux. D’ailleurs le Seigneur Lui-même lui donne ce nom dans l’Exode. Plus tard le nom de Sabbat a été attribué non seulement au septième jour, mais encore, à cause de sa dignité, à la semaine elle-même. C’est en ce sens qu’il faut entendre les paroles du Pharisien (Luc, 18, 12.): « Je jeûne deux fois pendant le Sabbat. » Voilà pour la signification du mot.

Quant à la sanctification du Sabbat, d’après la sainte Ecriture, c’est la cessation des travaux du corps et des affaires temporelles. Cette vérité est clairement exprimée dans les paroles suivantes du précepte: Vous ne travaillerez pas. Mais il y a autre chose ; sans quoi il eût suffit de dire dans le Deutéronome (Dr., 5, 12.): « Observez le jour du Sabbat. » Et puisqu’on ajoute dans le même endroit « pour le sanctifier », cela nous fait bien voir que le Sabbat est un jour saint, consacré à des actes religieux et au service du Seigneur. nous célébrons donc le Sabbat d’une manière pleine et parfaite, lorsque nous rendons à Dieu des devoirs de piété et de religion. C’est vraiment là le Sabbat qu’Isaïe appelle (Is., 58, 13.): « Le jour des délices », parce qu’en effet les jours de Fêtes sont des jours de délices pour le Seigneur et pour les hommes pieux. Et si à ce culte religieux et sacré du Sabbat nous joignons des œuvres de miséricorde, ce même Prophète nous promet au même endroit les récompenses les plus belles et les plus précieuses.

Ainsi le sens propre et précis de ce Commandement est que l’homme, en un temps déterminé, interrompe ses affaires ordinaires et les travaux manuels, pour s’appliquer d’esprit et de corps à honorer Dieu et à Lui rendre tous les hommages qu’Il réclame.

§ III. — VOUS TRAVAILLEREZ PENDANT SIX JOURS, ETC.

La seconde partie du précepte nous dit positivement que Dieu a consacré le septième jour à son culte. Il est écrit en effet: « Vous travaillerez pendant six jours, vous ferez fous vos ouvrages pendant ce temps, mais le septième jour est le Sabbat du Seigneur votre Dieu. » Ces paroles nous ordonnent en d’autres termes de considérer le Sabbat comme consacré au Seigneur, de nous acquitter en ce jour des devoirs religieux qui lui sont dus et enfin de voir dans ce septième jour un mémorial du repos du Seigneur.

Ce jour fut donc dédié au culte divin, parce qu’il ne convenait pas de laisser à un peuple grossier la faculté de fixer ce temps à son gré. On pouvait craindre que, pour honorer le vrai Dieu, il n’imitât les fêtes sacrées des Egyptiens. Ainsi Dieu voulut que le septième jour, qui est le dernier de la semaine, fût réservé pour son culte. Et il y avait là plus d’un mystère. Voilà pourquoi dans l’Exode et dans Ezéchiel Il appelle ce jour un signe (Ex., 31, 13. ; Éz., 20, 12.). « Ayez soin, dit-il, d’observer mon Sabbat, parce qu’il est le signe de l’alliance qui existe entre Moi, vous et toute votre postérité ; afin que vous sachiez que c’est Moi qui vous sanctifie. »

C’était un signe, parce qu’en voyant ce jour consacré au service divin, les hommes devaient apprendre par là à se consacrer eux-mêmes à Dieu et à se sanctifier devant Lui. Car ce qui fait qu’un jour est vraiment saint, c’est qu’on l’emploie spécialement à la pratique de la Sainteté et de la Religion.

C’était aussi un signe et comme un monument de la création de cet admirable univers.

Un signe encore, destiné à rappeler aux Israélites qu’ils n’avaient été déliés et délivrés du joug si dur de la servitude d’Egypte que par le secours de Dieu. C’est ce que le Seigneur Lui-même atteste par ces paroles (Dr., 5, 15.): « Souvenez-vous que vous avez été esclaves en Égypte, et que vous avez été tirés de la servitude par la main puissante de votre Dieu, et par la force de son bras. C’est pourquoi Il vous a commandé de garder le jour du Sabbat. »

Enfin ce jour était le signe du Sabbat spirituel et céleste. Or le Sabbat spirituel consiste dans un saint et mystérieux repos, dans lequel les Fidèles se trouvent quand, dépouillés du vieil homme enseveli avec Jésus-Christ, ils reviennent à une vie nouvelle, et s’appliquent avec soin à faire des actions conformes à la piété chrétienne: « Car ceux qui autrefois n’étaient que ténèbres (Éph., 5, 8.), devenus lumière en Notre-Seigneur, doivent marcher comme des enfants de lumière dans la voie de tout bien et de foute justice et n’avoir rien de commun avec les,. ouvres infructueuses des ténèbres. »

Mais le Sabbat céleste, comme le remarque Saint Cyrille (Lib., 4, in Joan.), en expliquant ces paroles de l’Apôtre (Hébr., 4, 19.), il est encore un Sabbat pour le peuple de Dieu, consiste dans cette autre vie, où, réunis à Jésus-Christ, nous serons comblés de toutes sortes de biens et délivrés entièrement du péché. C’est ce que le Prophète nous apprend par ces paroles (Is., 35, 9.): « Il n’y aura en ce lieu ni lion ni autre bête dangereuse, mais tout y sera pur et saint. » Lorsqu’en effet les élus jouiront de la vue de Dieu, ils seront remplis de toutes sortes de biens. C’est ce qui doit engager les Pasteurs à presser les Fidèles par ces paroles (Hébr., 4, 11.): « Hâtons-nous d’entrer dans ce repos. »

Outre le septième jour, le peuple Juif avait encore d’autres jours de Fête qui appartenaient à Dieu et qu’Il avait établis pour ne pas laisser perdre la mémoire de ses immenses bienfaits.

§ IV. — LE DIMANCHE SUBSTITUÉ AU SABBAT. FÊTES DE L’ÉGLISE.

L’Eglise a jugé à propos de transporter le culte et la solennité du Sabbat au jour du Seigneur, c’est-à-dire, au Dimanche. De même que ce fut en ce jour que la lumière commença à éclairer le monde, de même aussi ce fut en ce jour que notre Rédempteur, en nous ouvrant l’entrée de la Vie Eternelle par sa Résurrection, nous fit passer des ténèbres à la vie véritable. C’est pour cela que les Apôtres l’appelèrent le jour du Seigneur.

De plus, nous voyons dans nos Saints Livres que ce jour est grand et solennel, parce qu’il marque le commencement de la création du monde, et nous rappelle la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.

Aux premiers temps de l’Eglise et dans les âges suivants, les Apôtres et nos Pères établirent d’autres jours de Fêtes, pour célébrer pieusement et saintement la mémoire des bienfaits de Dieu. Parmi ces Fêtes, les plus solennelles sont celles qui ont été instituées en l’honneur des mystères de notre Rédemption. Ensuite viennent celles qui ont été établies pour honorer la très sainte Vierge, les Apôtres, les martyrs, et tous les autres saints qui règnent avec Jésus-Christ. nous y louons la puissance et la bonté de Dieu qui a donné la victoire à ses élus. nous leur rendons les honneurs qu’ils méritent, et leurs exemples nous excitent à les imiter.

Et comme l’un des plus puissants motifs d’observer ce précepte est contenu dans ces paroles: « Vous travaillerez six jours, mais le septième jour est le Sabbat du Seigneur votre Dieu, » le Pasteur aura soin de les expliquer avec toute la précision possible. En les méditant, il verra sans peine qu’il doit exhorter les Fidèles à ne point mener une vie oisive et paresseuse, mais au contraire à se souvenir du Commandement de l’Apôtre qui veut que (I Thess., 4, 11.) « chacun travaille de ses propres mains, selon son état ».

Enfin si le Seigneur nous ordonne par ce précepte de faire notre ouvrage pendant six jours, c’est pour que nous ne soyons pas tentés de renvoyer au jour de Fête ce qui doit se faire pendant les six jours de la semaine, et aussi pour que notre esprit ne soit pas détourné, le Dimanche, du soin et de l’attention qu’il doit aux choses divines.

§ V. — DES OEUVRES SERVILES.

Nous voici à la troisième partie du précepte, qui décrit en quelque sorte la manière dont nous devons sanctifier le jour du Sabbat, mais qui s’applique surtout à exposer ce qu’il nous est défendu de faire en ce jour. Ainsi dit le Seigneur: « vous ne ferez aucune œuvre servile en ce jour, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de somme, ni l’étranger qui est parmi vous ». Ces paroles nous montrent d’abord que nous devons éviter tout ce qui peut entraver le culte divin. D’où il est aisé de conclure que les œuvres serviles de toute espèce sont défendues (en ce jour), non parce qu’elles sont indignes ou mauvaises de leur nature, mais parce qu’elles seraient capables de détourner notre esprit du service de Dieu, qui est la fin du précepte. A plus forte raison devons-nous éviter le péché qui non seulement éloigne notre esprit du goût des choses saintes, mais nous détache entièrement de son amour.

Les actions et les œuvres, quoique serviles, qui intéressent le culte, comme par exemple la décoration d’un autel ou d’une église pour un jour de Fête, et autres travaux du même genre ne sont point défendues par ce Commandement. Voilà pourquoi Notre-Seigneur a dit: (Matth., 12, 5.) : « Les Prêtres dans le temple violent le Sabbat, et pourtant ils ne sont point coupables. »

Il ne faut pas non plus considérer comme prohibés par cette Loi, les travaux accomplis pour sauver des choses qui autrement seraient en danger de se perdre. Les saints Canons les ont permis expressément. Et il est encore beaucoup d’autres œuvres que dans l’Evangile Notre-Seigneur a déclarées licites pour les jours de Fêtes. C’est ce que le Pasteur pourra facilement remarquer dans Saint Matthieu et Saint Jean.

Pour ne rien omettre de ce qui pourrait empêcher la célébration du Sabbat, Dieu, dans son précepte, a fait mention même des bêtes de somme. Leurs travaux, en effet, détourneraient l’homme de la sanctification de ce saint jour. Car si pendant le Sabbat on emploie les bêtes pour n’importe quel ouvrage, il est nécessaire que l’homme soit là pour les conduire. Elles ne peuvent rien par elles-mêmes, elles ne font qu’aider l’homme. Or ce dernier n’a pas le droit de travailler ce jour-là, par conséquent les animaux à son service ne l’auront pas non, plus. — et puis, si Dieu veut par cette défense nous faire épargner les animaux dans le travail, il veut bien plus encore que nous évitions d’être inhumains envers ceux qui sont à notre service.

§ VI. — QUELLES SONT LES OEUVRES COMMANDÉES LE DIMANCHE ?

Le Pasteur n’aura garde d’oublier qu’il doit très soigneusement faire connaître aux Fidèles les œuvres et les actions qu’ils sont tenus d’accomplir les jours de Fête. C’est à savoir: d’aller à l’Eglise, d’assister au très saint sacrifice de la Messe avec une piété sincère et une attention soutenue, et de recevoir fréquemment les divins Sacrements institués pour guérir les blessures de notre âme, et pour nous aider à opérer notre Salut.

Mais comme il n’y a rien de meilleur ni de plus utile aux Chrétiens que de confesser souvent leurs péchés aux Prêtres, le Pasteur ne manquera pas de les exhorter à -remplir ce devoir. Il pourra d’ailleurs puiser ses preuves et ses raisons dans ce que nous avons enseigné et prescrit à cet égard, en parlant du sacrement de Pénitence. Mais il ne se bornera pas à les exciter à la Confession fréquente, il multipliera ses instances les plus pressantes pour leur faire recevoir le plus souvent possible le très saint sacrement de l’Eucharistie.

Ils doivent aussi écouter avec attention et exactitude les instructions religieuses. Il n’est rien de plus insupportable et de plus indigne que de mépriser la Parole de Jésus-Christ, ou de l’entendre avec négligence. — enfin ils voudront s’exercer et s’appliquer fréquemment à prier et à louer Dieu, mettre tous leurs soins à s’instruire des règles de la vie chrétienne, et pratiquer de leur mieux toutes les œuvres de vraie piété, comme l’aumône aux pauvres et aux nécessiteux, la visite des malades, les consolations portées aux affligés et à ceux qui gémissent sous les coups de la douleur. Car il est écrit dans Saint Jacques: (Jacq., 1, 27.) « La Religion pure et sans tache aux yeux de Dieu notre Père, consiste à venir au secours des orphelins et des veuves qui sont dans l’affliction. » — Il sera aisé de conclure de ce que nous venons de dire quelles sont les actions contraires à ce Commandement.

§ VII. — PRINCIPAUX AVANTAGES DE LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE.

Il est encore du devoir du Pasteur de garder sous la main un certain nombre d’Auteurs où il pourra puiser les arguments et les motifs les plus propres à persuader aux Fidèles qu’ils doivent observer ce troisième Commandement avec tout le zèle, et toute l’exactitude possible. Or, le meilleur argument est celui-ci: leur faire sentir et comprendre pleinement combien il est juste et raisonnable qu’il y ait certains jours entièrement consacrés au culte divin, et pendant lesquels nous nous appliquerons spécialement à connaître, à aimer et adorer un Dieu qui nous a comblés de grands et innombrables bienfaits. S’Il tous avait ordonné de Lui rendre chaque jour un culte religieux, ne devrions-nous pas faire tous nos efforts pour remplir un pareil ordre avec joie et empressement, surtout en considérant les bienfaits immenses et inappréciables que nous avons reçus de Lui ? Mais puisqu’Il n’a réservé à son culte qu’un petit nombre de jours, pourrions-nous nous montrer négligents, ou trouver des difficultés dans l’observation d’un devoir, que d’ailleurs nous ne pouvons omettre sans nous rendre coupables d’un péché très grave ?

Le Pasteur fera ensuite connaître combien est grande l’excellence de ce Commandement, puisque ceux qui l’accomplissent avec fidélité, semblent jouir de la Présence de Dieu et converser avec Lui. Quand nous prions, en effet, nous contemplons la Majesté divine et nous nous entretenons réellement avec Dieu. En écoutant les prédicateurs qui nous parlent pieusement et saintement des vérités religieuses, c’est encore la Voix de Dieu que nous entendons par leur organe. Enfin dans le Sacrifice de la Messe nous adorons Notre-Seigneur Jésus-Christ véritablement présent sur l’Autel. — tels sont les avantages dont jouissent principalement ceux qui observent ce précepte avec fidélité.

Mais ceux qui le négligent complètement, par le fait qu’ils désobéissent à Dieu et à l’Eglise, en méprisant ce Commandement, deviennent les ennemis de Dieu et de ses saintes Lois ; d’autant que ce précepte est de ceux dont l’accomplissement n’impose aucune peine. En effet, Dieu ne nous commande rien de pénible, Lui pour qui nous devrions supporter même ce qu’il y aurait de plus dur, s’Il nous le commandait. Au contraire Il veut que nous passions les jours de Fête dans le repos, et sans aucune préoccupation des choses de la terre. Dés lors, refuser de nous soumettre à une Loi si douce, ne serait-ce pas faire preuve d’une insolente témérité ? Pensons donc à ces terribles châtiments dont Dieu a frappé ceux qui l’ont foulée aux pieds, comme nous pouvons le voir dans le Livre des nombres (Nb., 15, 32 et seq.). Cet exemple nous sera utile.

Et pour ne point tomber dans un si grand péché, il sera très avantageux que nous ayons souvent à l’esprit les premiers mots de ce troisième Commandement: « souvenez-vous ». Puis nous nous remettrons devant les yeux le tableau des avantages et des privilèges que nous assure l’observation du Dimanche, ainsi que nous l’avons dit plus haut, et nous ne manquerons pas de nous arrêter à une foule d’autres considérations de ce genre, qu’un Pasteur sage et appliqué saura développer dans l’occasion avec toute l’ampleur nécessaire.