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Livre des lamentations de Jérémie
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Livre des lamentations de Jérémie

Chapitre 1

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Chap. : 
Jérémie déplore la désolation de Jérusalem, et annonce les vengeances de Jérusalem contre ceux qui se réjouissent du malheur de cette ville.
(a) Après qu’Israël eut été mené en captivité, et que Jérusalem fut demeurée déserte, le prophète Jérémie s’assit, et, pleurant, il fit ces lamentations sur Jérusalem, soupirant avec amertume, et disant avec de grands cris :
1 Aleph. Comment est-elle assise solitaire, cette (la) ville pleine de peuple ? Elle est devenue comme veuve, la maîtresse des nations ; la souveraine des provinces est devenue tributaire. Beth.
Note Lm. 1,1 : Le 1er verset donne le ton de tout le morceau. La pensée qui frappe l’esprit du prophète, c’est la solitude dans laquelle il se trouve. La princesse, la maîtresse des nations, est maintenant assise solitaire, comme la Judæa capta qu’on voit plus tard sur les médailles romaines. (Voir l’Appendice). Ses enfants lui ont été enlevés et elle est plongée dans la plus profonde misère.
2 Elle n’a pas cessé de pleurer (Pleurant elle a pleuré, note) pendant la nuit, et ses larmes coulent sur ses joues ; il n’y a personne qui la console parmi tous ceux qui lui étaient chers ; tous ses amis l’ont méprisée et sont devenus ses ennemis. Ghimel.
Note Lm. 1,2 : Voir Jérémie, 13, 17. ― Pleurant, elle a pleuré ; hébraïsme, pour elle a beaucoup pleuré.
 
3 Juda est allé en exil, à cause de (son) l’affliction et de la grande servitude (grandeur de son esclavage) ; il a habité parmi les nations, et il n’a pas trouvé de repos ; tous ses persécuteurs l’ont saisi dans ses angoisses. Daleth.
 
4 Les chemins de Sion sont en deuil, parce qu’il n’y a plus personne qui vienne aux solennités ; toutes ses portes sont détruites, ses prêtres gémissent ; ses vierges sont défigurées, et elle est elle-même accablée d’amertume. .
 
5 Ses ennemis sont devenus (les) maîtres, ses adversaires se sont enrichis, car le Seigneur a parlé contre elle, à cause de la multitude de ses iniquités ; ses petits enfants ont été conduits en captivité devant l’oppresseur. Vav.
Note Lm. 1,5 : Devenus maîtres ; littéralement en tête (in capite).
 
6 La fille de Sion a perdu toute sa beauté : ses princes sont devenus comme des béliers qui ne trouvent point de pâturages, et ils sont allés sans force devant celui qui les poursuivait. Zaïn.
 
7 Jérusalem s’est souvenue des jours de son affliction et de sa prévarication, de tous les objets désirables (précieuses) qu’elle avait eus depuis les jours anciens, lorsque son peuple tombait sous la (une) main de l’ennemi (ennemie), sans qu’il y eût personne pour le secourir. Ses ennemis l’ont vue, et ils se sont moqués de ses sabbats. Heth.
Note Lm. 1,7 : Sabbats ; nom que les Hébreux donnaient à toutes les fêtes en général, à cause du repos qu’on y observait ; le mot sabbat signifie en effet repos. On sait que les païens reprochaient ordinairement aux Juifs de faire de cette inaction, de cette paresse, comme ils l’appelaient, une partie de leur religion.
 
Lamentations 1, 8 : Deuil de Jérusalem après sa ruine - Gravure de Gustave Doré
Lamentations 1, 8 : Deuil de Jérusalem après sa ruine - Gravure de Gustave Doré
8 Jérusalem a grandement péché, c’est pourquoi elle est devenue chancelante (errante) ; tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée, parce qu’ils ont vu son ignominie ; elle-même, gémissante, s’est tournée en arrière. Teth.
 
9 Ses souillures sont sur ses pieds, et elle ne s’est pas souvenue de sa fin ; elle a été étonnamment abaissée, et elle n’a pas eu de consolateur. Voyez, Seigneur, mon affliction, parce que l’ennemi s’est élevé avec orgueil. Jod.
 
10 L’ennemi a étendu sa main sur tout ce qu’elle avait de précieux, car elle a vu entrer dans son sanctuaire les nations, au sujet desquelles vous aviez ordonné qu’elles n’entreraient pas dans votre assemblée. Caph.
Note Lm. 1,10 : L’ennemi a porté, etc. Jérémie parle ici de ce qui arriva à la prise de Jérusalem, lorsque les soldats chaldéens portèrent leurs mains sacrilèges jusque dans le sanctuaire (voir Lamentations de Jérémie, 2, 7).
 
11 Tout son peuple gémit et cherche du pain ; ils ont donné toutes leurs choses précieuses pour soutenir (une nourriture qui ranimât) leur vie (âme, note). Voyez, Seigneur, et considérez comme je suis devenue vile. Lamed.
Note Lm. 1,11 : Leur âme ; hébraïsme pour leur personne.
 
12 O vous tous qui passez par le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur ; car le Seigneur m’a vendangée, comme il l’avait dit, au jour de (la colère de) sa fureur. Mem.
Note Lm. 1,12 : M’a vendangée ; m’a traitée comme une vigne vendangée, où on n’a rien laissé. ― La colère de sa fureur. Voir Jérémie, 4, 8.
 
13 D’en haut il a envoyé un feu dans mes os, et il m’a châtiée ; il a tendu un filet sous mes pieds, il m’a fait tomber en arrière ; il m’a rendue désolée, accablée de tristesse tout le jour. Nun.
 
14 Le joug de mes iniquités m’a accablé soudain (s’est éveillé) ; elles ont été enlacées dans sa main, et il les a mises (imposées) sur mon cou ; ma force a été affaiblie ; le Seigneur m’a livré à une main dont je ne pourrai pas sortir. Samech.
 
15 Le Seigneur a enlevé du milieu de moi tous mes hommes de cœur (illustres) ; il a appelé contre moi le temps où il devait détruire mes soldats de choix (élus, note). Le Seigneur a foulé le pressoir pour la vierge fille de Juda. Aïn.
Note Lm. 1,15 : Mes élus ; mes soldats choisis, d’élite. ― Le Seigneur a foulé le pressoir ; pour en faire couler le vin de sa colère. Comparer à Isaïe, 63, 2-3 ; Joël, 3, 13 ; Apocalypse, 14, 19-20 ; 19, 15. ― Pour la vierge, etc. ; pour enivrer la vierge, etc. C’est le peuple de Juda, dans ce passage comme dans bien d’autres, qui est désigné sous le nom d’une vierge et d’une fille.
 
16 C’est pour cela que je pleure et que mes yeux fondent en larmes, car le consolateur, qui devait me rendre la vie (me faire revenir mon âme), a été éloigné de moi. Mes enfants ont été détruits (fils sont perdus), parce que l’ennemi est devenu le plus fort. Phé.
Note Lm. 1,16 : Voir Jérémie, 14, 17. ― Qui devait faire revenir mon âme (convertens animam meam) ; lorsque la tristesse lui faisait abandonner mon corps ; qui devait me redonner la vie.
 
17 Sion a étendu ses mains, il n’y a personne qui la console. Le Seigneur a ordonné aux ennemis de Jacob de l’attaquer de tous côtés ; Jérusalem est devenue parmi eux comme une femme souillée de ses impuretés (par ses mois). Sadé.
 
18 Le Seigneur est juste, car j’ai provoqué sa bouche à la colère. Ecoutez, je vous prie, vous tous peuples, et voyez ma douleur ; mes vierges et mes jeunes gens (hommes) sont allés en captivité. Coph.
Note Lm. 1,18 : Le Seigneur est juste ; dans les maux dont il m’a affligé. ― Parce que j’ai provoqué ; dans l’hébreu, je me suis révoltée, j’ai été rebelle. ― Sa bouche ; pour ce qui est sorti de sa bouche, sa parole, ses ordres, son commandement ; métonymie dont on a déjà pu remarquer plus d’un exemple.
 
19 J’ai appelé mes amis, et ils m’ont trompée ; mes prêtres et mes vieillards ont péri dans la ville, lorsqu’ils cherchaient de la nourriture pour soutenir (ranimer) leur vie (âme). Res.
 
20 Seigneur, voyez que je suis dans l’affliction ; mes entrailles sont émues, mon cœur est renversé en moi-même, car je suis remplie d’amertume. Au-dehors le glaive tue, et au-dedans c’est une mort semblable. Sin.
Note Lm. 1,20 : Au-dehors, etc. Hors de la ville, dans le pays, les Juifs étaient tués par les Chaldéens ; dans la ville ils mouraient par la famine et la peste.
 
21 Ils ont appris que je gémis, et qu’il n’y a personne qui me console ; tous mes ennemis ont appris mon malheur, et ils se sont réjouis de ce que c’est vous qui l’avez causé ; vous amènerez le jour de la (ma) consolation, et ils deviendront semblables à moi. Thau.
 
22 Que toute leur méchanceté se présente devant vous ; vendangez-les comme vous m’avez vendangée à cause de toutes mes iniquités, car mes gémissements sont nombreux, et mon cœur est triste.
Note Lm. 1,22 : Vendangez-les. Voir, pour le sens de cette expression, le verset 12.

Chapitre 2

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Chap. : 
Jérémie continue de déplorer la désolation de Jérusalem.
Il exhorte Sion à gémir sans cesse et à exposer au Seigneur son affliction.
1 Aleph. Comment le Seigneur a-t-il couvert de ténèbres, dans sa fureur, la fille de Sion ? Comment a-t-il (Il a) précipité du ciel sur la terre la gloire (l’illustre Israël) d’Israël, et ne s’est-il pas souvenu de l’escabeau de ses pieds au jour de sa fureur ? (.) Beth.
Note Lm. 2,1-22 : La seconde élégie peint surtout la destruction de la cité sainte et du temple, comme la première avait peint sa solitude actuelle. Elle remonte de l’effet à la cause.
Note Lm. 2,1 : Les ténèbres, l’obscurité ; signifient souvent, dans la Bible, les malheurs, les calamités, une grande affliction. ― L’escabeau de ses pieds ; c’est-à-dire son arche d’alliance, sont temple.
 
2 Le Seigneur a (tout) renversé, sans rien épargner, (tout) ce qu’il y avait de beau dans Jacob ; il a détruit dans sa fureur les forteresses de la vierge de Juda, et il les a jetées à terre ; il a profané son royaume et ses princes. Ghimel.
Note Lm. 2,2 : Il n’a épargné aucune ; littéralement et par hébraïsme, il n’a pas épargné toutes.
 
3 Il a brisé dans le transport (la colère) de sa fureur toute la force d’Israël ; il a retiré sa main droite de devant l’ennemi, et il a allumé dans Jacob comme un feu dont la flamme dévore tout autour. Daleth.
Note Lm. 2,3 : La colère de sa fureur. Voir Jérémie, 4, 8. ― La corne ; la force, la puissance.
 
4 Il a tendu son arc comme un ennemi, il a affermi sa main droite comme un assaillant, et il a tué tout ce qu’il y avait de beau à voir dans la tente (le tabernacle) de la fille de Sion ; il a répandu son indignation comme un feu. .
 
5 Le Seigneur est devenu comme un ennemi ; il a renversé Israël, il a renversé tous ses remparts, il a détruit ses forteresses, et il a rempli la fille de Juda d’hommes et de femmes humiliés. Vav.
 
6 Il a dévasté sa tente comme un jardin, il a détruit son tabernacle (sa tente). Le Seigneur a livré à l’oubli dans Sion les fêtes et le sabbat ; il a livré à l’opprobre et à l’indignation de sa fureur le roi et le prêtre. Zaïn.
Note Lm. 2,6 : Sa tente ; sa demeure, c’est-à-dire son tabernacle, son temple.
 
7 Le Seigneur a rejeté son autel, il a maudit son sanctuaire (sa sanctification) ; il a livré aux mains de l’ennemi les murs de ses tours ; ils ont poussé des cris dans la maison du Seigneur, comme dans une fête (un jour) solennel(le). Heth.
Note Lm. 2,7 : Sa sanctification ; le lieu qu’il s’est consacré, son sanctuaire.
 
8 Le Seigneur a résolu de détruire la muraille de la fille de Sion ; il a tendu son cordeau, et il n’a pas retiré sa main que tout ne fût ruiné ; l’avant-mur a été en deuil (gémi, note), et le mur aussi a été détruit. Teth.
Note Lm. 2,8 : L’avant-mur a gémi ; la petite muraille qui était placée devant le rempart est tombée.
 
9 Ses portes sont enfoncées en terre, il en a ruiné et brisé les barres (ses verrous) ; son roi et ses princes sont (il les a dispersés) parmi les nations ; il n’y a plus de loi, et ses prophètes n’ont reçu aucune vision du Seigneur. Jod.
Note Lm. 2,9 : N’ont pas trouvé ; n’ont pas reçu. ― Vision prophétique.
 
10 Les vieillards de la fille de Sion se sont assis à terre, et ont gardé le silence ; ils ont couvert leur tête de cendre, ils se sont revêtus de cilices ; les vierges de Jérusalem tiennent leur tête penchée vers la terre. Caph.
Note Lm. 2,10 : Signes de deuil et de désolation.
 
11 Mes yeux se sont consumés dans les larmes, mes entrailles se sont émues ; mon foie s’est répandu sur la terre, à cause de la ruine de la fille de mon peuple, lorsque le petit enfant et le nourrisson (petit enfant à la mamelle) tombaient en défaillance dans les places de la ville. Lamed.
Note Lm. 2,11 : Mon foie, etc. ; hyperbole, pour marquer une grande douleur. Comparer à Job, 16, 14.
 
12 Ils disaient à leurs mères : Où est le blé et le vin ? lorsqu’ils tombaient comme des blessées dans les places de la ville, et qu’ils rendaient (exhalaient) leurs âmes sur le sein de leur mère. Mem.
Note Lm. 2,12 : Où sont le blé et le vin. Les enfants, pendant le siège, meurent de faim ; ils demandent à leurs mères de la nourriture et elles ne peuvent leur en donner.
 
13 A qui te comparerai-je, et (ou) à qui t’assimilerai-je, fille de Jérusalem ? A qui t’égalerai-je, et comment te consolerai-je, vierge fille de Sion ? Ta ruine est grande comme la mer ; qui pourra te guérir ? Nun.
Note Lm. 2,13 : Pour te consoler ; littéralement et par hébraïsme, et je consolerai.
 
14 Tes prophètes ont vu pour toi des visions fausses et insensées ; ils ne te découvraient pas ton iniquité pour t’exciter à la pénitence, mais ils ont vu pour toi des rêveries mensongères et des fuites (prophéties de malheur fausses, et pour tes ennemis l’expulsion de la Judée). Samech.
Note Lm. 2,14 : Ont vu pour toi, etc. ; ont eu pour toi des visions, etc. ― Prophéties du malheur. C’est la vraie signification du terme hébreu masçoth que la Vulgate a rendu ici par assumptiones, et ailleurs par onera, littéralement, charges, fardeaux, et au figuré malheurs accablants. Voir Isaïe, 13, 1. Le sens de ce passage est donc : Tes prophètes t’ont trompée en te présentant comme fausses les prophéties qui t’annonçaient des malheurs, en te prédisant que tes ennemis seraient chassés de la Judée.
 
15 Tous ceux qui passaient par le chemin ont battu des mains sur toi ; ils ont sifflé et branlé la tête sur la fille de Jérusalem : Est-ce là, disaient-ils, cette ville d’une beauté parfaite, la joie de toute la terre ? Phé.
 
16 Tous tes ennemis ont ouvert la bouche sur toi ; ils ont sifflé et grincé des dents, et ils ont dit : Nous la dévorerons ; voici le jour que nous attendions ; nous l’avons trouvé, nous l’avons vu. Aïn.
Note Lm. 2,16 : Ce verset commence par Phé, et le suivant par Aïn, contrairement à l’ordre alphabétique. Cette inversion, qui se remarque aussi dans les deux chapitres suivants, vient probablement de ce que quelque écrivain, voyant que le verset Phé se liait mieux par le sens que le verset Aïn, à celui qui commence par Samech, a cru pouvoir se permettre ce déplacement.
 
17 Le Seigneur a fait ce qu’il avait résolu ; il a accompli la parole qu’il avait arrêtée depuis les jours (temps) anciens ; il a détruit et il n’a pas épargné ; il a réjoui l’ennemi à ton sujet, et il a relevé (exalté) la force (corne) de tes adversaires. Sadé.
Note Lm. 2,17 : Voir Lévitique, 26, 14 ; Deutéronome, 28, 15. ― Adversaires, ennemis ; ces deux mots réunis expriment des ennemis de toute espèce. Rien n’est plus commun dans les langues orientales que l’agglomération de plusieurs termes qui ont à peu près la même signification, pour donner à l’expression plus de force et d’énergie.
 
18 Leur cœur a crié au Seigneur à cause des (sur les) murs de la ville de Sion : Fais couler les larmes comme un torrent le jour et la nuit ; ne te donne pas de relâche, et que la prunelle de ton œil ne se repose (taise) pas. Coph.
Note Lm. 2,18 : Voir Jérémie, 14,17 ; Lamentations de Jérémie, 1, 16.
 
19 Lève-toi, loue Dieu (le Seigneur) pendant la nuit, au commencement des veilles ; répands ton cœur comme de l’eau devant le Seigneur ; élève vers lui tes mains pour l’âme de tes petits enfants, qui sont morts de faim à l’angle de toutes les rues. Res.
 
20 Voyez, Seigneur, et considérez quel est celui que vous avez ravagé ainsi. Les mères devaient-elles (mangeront-elles) donc manger leur fruit, de(s) petits enfants qui ne sont pas plus grands que la main (de la hauteur d’un palme) ? Est-il possible (Est-ce) que le prêtre et le prophète soient (seront) tués dans le sanctuaire du Seigneur ? Sin.
 
21 L’enfant et le vieillard ont été étendus à terre dans les rues ; mes vierges et mes jeunes gens (hommes) sont tombés sous le glaive ; vous les avez tués au jour de votre fureur ; vous avez frappé, vous n’avez pas eu de pitié. Thau.
 
22 Vous avez appelé comme à un jour de fête (solennel) ceux qui devaient m’effrayer (épouvanter) de toutes parts ; il n’y a eu personne, au jour de la fureur du Seigneur, qui échappât et qui fût épargné ; ceux que j’ai nourris et élevés, mon ennemi les a consumés.

Chapitre 3

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Chap. : 
Jérémie déplore sa propre misère.
Il exhorte les enfants de Juda à retourner au Seigneur.
Il expose au Seigneur ses souffrances, et annonce la ruine de ses enfants.
1 Aleph. Je suis (un) l’homme qui vois ma misère sous la verge de son indignation. Aleph.
Note Lm. 3,1-66 : Le chapitre 3 s’occupe principalement, quoique non exclusivement, de la désolation du Prophète lui-même.
Note Lm. 3,1 : Son indignation ; l’indignation du Seigneur.
2 Il m’a conduit, et il m’a mené dans les ténèbres, et non dans la lumière. Aleph. 3 Il n’a fait que tourner et retourner sa main contre moi tout le jour. Beth.
 
4 Il a fait vieillir ma peau et ma chair ; il a brisé mes os. Beth. 5 Il a bâti autour de moi, et il m’a environné de fiel et de peine. Beth.
Note Lm. 3,5 : Il a bâti autour de moi comme pour m’assiéger, il m’a environné et abreuvé d’amertume.
6 Il m’a placé dans des lieux ténébreux, comme ceux qui sont morts à jamais (les morts éternels, note). Ghimel.
Note Lm. 3,6 : Des lieux ténébreux ; la prison où il fut mis pendant le siège de Jérusalem (voir Jérémie, 38, 6-7). ― Les morts éternels ; ceux qui sont réellement dans le tombeau. Comparer à Psaumes, 48, 12 (?) ; 142, 3.
 
7 Il a bâti tout autour de moi pour m’empêcher de sortir ; il a appesanti mes fers (aux pieds). Ghimel. 8 (Lors) Même si (que) je crie(rai) vers lui, et si (que) je le prie(rai), il (a) rejette(é) ma prière. Ghimel. 9 Il a fermé mon chemin avec des pierres de taille, il a renversé mes sentiers. Daleth.
Note Lm. 3,9 : Il a fermé mes voies avec des pierres de taille ; il m’a barré le chemin par un mur et m’a ainsi empêché de fuir et de me mettre en sureté.
 
10 Il a été pour moi comme un ours en embuscade, comme un lion dans un lieu caché. Daleth. 11 Il a renversé mes sentiers, et il m’a brisé ; il m’a mis dans la désolation. Daleth. 12 Il a tendu son arc, et il a fait de moi comme un (le) but pour ses flèches. Hé.
 
13 Il a lancé dans mes reins les filles de son carquois. Hé.
Note Lm. 3,13 : Les filles de son carquois ; ses flèches.
14 Je suis devenu la risée de tout mon peuple, le sujet de leurs chansons tout le jour. Hé. 15 Il m’a rempli d’amertumes, il m’a enivré d’absinthe. Vav.
Note Lm. 3,15 : Il m’a enivré d’absinthe. Voir Proverbes, 5, 4.
 
16 Il a brisé mes dents sans m’en laisser une seule, il m’a nourri de cendre. Vav. 17 La paix a été bannie de mon âme ; j’ai oublié le bonheur. Vav. 18 Et j’ai dit : C’en est fait de ma vie (Elle a péri, note), et de mon espérance dans le Seigneur. Zaïn.
Note Lm. 3,18 : Elle a péri, ma fin (periit finis meus) ; ma fin est consommée, c’en est fait de moi ; ou bien, la fin de mes maux n’aura jamais lieu.
 
19 Souvenez-vous de ma pauvreté et de ma transgression (l’excès contre moi), de l’absinthe et du fiel. Zaïn.
Note Lm. 3,19 : L’excès commis contre moi ; la persécution que je souffre ; c’est le vrai sens de l’expression de la Vulgate transgressionis meæ, expliqué par le texte original, les pronoms possessifs ayant en hébreu la signification passive aussi bien que la signification active. Les Septante portent aussi, ma persécution.
20 Je me souviendrai dans ma mémoire, et mon âme (se des)séchera en moi (de douleur). Zaïn.
Note Lm. 3,20 : J’en conserverai toujours la mémoire ; littéralement et par hébraïsme, par la mémoire, je me remémorerai.
21 Je repasserai ces choses dans mon cœur, c’est pourquoi j’espérerai. Heth.
 
22 C’est grâce aux miséricordes du Seigneur que nous n’avons pas été perdus entièrement, parce que ses compassions ne sont pas épuisées. Heth. 23 Elles se renouvellent chaque matin ; votre fidélité est grande. Heth.
Note Lm. 3,23 : Elles ; les bontés du Seigneur, mentionnées au verset précédent. ― Se renouvellent ; littéralement sont nouvelles. Le latin porte nouveaux (novi), parce qu’en hébreu le mot bonté (hésed) est du masculin, et que l’auteur de la Vulgate se conforme quelquefois à la concordance hébraïque. ― Au point du jour (diluculo) ; c’est-à-dire avec promptitude, avec empressement. ― Votre fidélité dans vos promesses ; c’est le sens du texte original.
24 Le Seigneur est mon partage, a dit mon âme ; c’est pour cela que je l’attendrai. Teth.
 
25 Le Seigneur est bon pour ceux qui espèrent en lui, pour l’âme qui le cherche. Teth. 26 Il est bon d’attendre en silence le salut de Dieu. Teth. 27 Il est bon à l’homme de porter le (un) joug dès sa jeunesse. Jod.
 
28 Il s’assiéra solitaire, et il se taira, parce que Dieu a mis ce joug sur lui. Jod. 29 Il mettra sa bouche dans la poussière, pour voir (par hasard) s’il y a quelque espérance. Jod.
Note Lm. 3,29 : Il mettra, etc. ; il se prosternera le visage contre terre.
30 Il tendra la joue à celui qui le frappera, il se rassasiera d’opprobres. Caph.
 
31 Car le Seigneur ne rejettera pas à jamais. Caph. 32 Car s’il a rejeté, il aura aussi compassion, selon la multitude de ses miséricordes. Caph. 33 Car ce n’est pas volontiers (d’après son cœur, note) qu’il a humilié et rejeté les enfants des hommes. Lamed.
Note Lm. 3,33 : D’après son cœur. Ce n’est pas de son gré que Dieu châtie les hommes; il y est forcé par leurs péchés. Comparer à Ezéchiel, 18, vv. 23, 32 ; 33, 11.
 
34 (Afin de) Fouler sous ses pieds tous les captifs de la terre ; Lamed. 35 refuser la justice à un (afin de faire incliner le droit de l’) homme sous les regards (devant la face) du Très-Haut ; Lamed. 36 faire tort à un homme dans sa cause : le Seigneur ignore tout cela (ne le sait pas). Mem.
 
37 Quel est celui qui a dit qu’une chose aurait lieu, sans que le Seigneur l’ait commandé ? Mem.
Note Lm. 3,37 : Voir Amos, 3, 6. ― Qui a dit, etc. ; qui oserait dire qu’une chose est arrivée sans l’ordre du Seigneur ?
38 Est-ce que les maux et les biens ne sortent pas de la bouche du Très-Haut ? Mem. 39 Pourquoi l’homme vivant murmure-t-il, l’homme qui souffre pour (de la punition de, note) ses péchés ? Nun.
Note Lm. 3,39 : La punition, etc. Souvent dans l’Ecriture le péché est mis pour la peine, le châtiment du péché.
 
40 Examinons nos voies, et cherchons (interrogeons-les), et revenons au Seigneur. Nun. 41 Elevons nos cœurs avec nos mains vers le Seigneur, (qui est) dans le ciel. Nun. 42 Nous avons agi injustement, nous avons excité votre colère ; c’est pourquoi vous êtes inexorable. Samech.
 
43 Vous vous êtes caché dans votre fureur, et vous nous avez frappés ; vous avez tué sans épargner. Samech. 44 Vous avez mis un nuage devant vous, afin que la prière ne passe point. Samech. 45 Vous m’avez placé au milieu des peuples comme une plante arrachée et de rebut. Phé.
 
46 Tous nos ennemis ont ouvert la bouche contre nous. Phé.
Note Lm. 3,46 : Contrairement à l’ordre alphabétique, le mot Phé est mis avant Aïn (voir verset 49). Voir Lamentations de Jérémie, 2, 16.
47 La prophétie est devenue pour nous un effroi, un filet, et une ruine. Phé. 48 Mon œil a répandu des ruisseaux de larmes, à cause de la ruine de la fille de mon peuple. Aïn.
 
49 Mon œil s’est affligé et ne s’est pas tu, parce qu’il n’y avait point de repos Aïn. 50 jusqu’à ce que le Seigneur jetât les yeux et regardât du ciel. Aïn. 51 Mon œil a ravagé (tourmenté) mon âme, à cause de toutes les filles de ma ville. Sadé.
Note Lm. 3,51 : A tourmenté ; maltraité ; sens qui paraît être celui de l’hébreu, et auquel peut être ramené le deprædatus est de la Vulgate. ― Les filles de ma ville ; c’est-à-dire les vierges de Jérusalem (voir Lamentations de Jérémie, 1, vv. 4, 18 ; 2, vv. 10, 21), ou bien les villes de Juda dont Jérusalem était comme la mère.
 
52 Ceux qui me haïssent sans sujet m’ont pris à la chasse comme un oiseau. Sadé. 53 Mon âme est tombée dans la fosse, et ils ont mis une pierre sur moi. Sadé.
Note Lm. 3,53 : Ma vie, etc. Je suis tombé tout vivant dans une fosse, et l’on a fermé l’orifice avec une pierre pour que ne puisse pas être sauvé.
54 Les (Des) eaux ont débordé sur ma tête ; j’ai dit : Je suis perdu. Coph.
 
55 J’ai invoqué votre nom, Seigneur, du plus profond de la fosse (du lac). Coph. 56 Vous avez entendu ma voix ; ne détournez pas votre oreille de mes gémissements (sanglots) et de mes cris. Coph. 57 Vous vous êtes approché au (un) jour où je vous ai invoqué ; vous avez dit : Ne crains pas. Res.
 
58 Seigneur, vous avez jugé la cause de mon âme, vous qui êtes le rédempteur de ma vie. Res. 59 Vous avez vu, Seigneur, leur iniquité contre moi ; rendez-moi justice. Res. 60 Vous avez vu toute leur fureur, tous leurs desseins contre moi. Sin.
 
61 Vous avez entendu leurs outrages, Seigneur, tous leurs desseins contre moi. Sin. 62 Les lèvres de ceux qui m’assaillent et leurs projets sont contre moi tout le jour. Sin. 63 Voyez-les, quand ils sont assis et quand ils sont debout ; je suis le sujet de leurs chansons. Thau.
 
64 Vous leur rendrez ce qu’ils méritent, Seigneur, selon les œuvres de leurs mains. Thau. 65 Vous leur mettrez (comme) un bouclier sur le cœur, votre châtiment (la peine dont vous les accablerez). Thau. 66 Vous les poursuivrez avec (dans votre) fureur, et vous les exterminerez de dessous les cieux, Seigneur.

Chapitre 4

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Chap. : 
Jérémie déplore de nouveau la désolation de Jérusalem.
Il annonce les vengeances du Seigneur contre l’Idumée et le rétablissement de Sion.
1 Aleph. Comment l’or s’est-il obscurci ? comment sa belle couleur (éclatante) a-t-elle été changée ? comment les pierres du sanctuaire ont-elles été dispersées aux coins de toutes les rues ? Beth.
Note Lm. 4,1-22 : Le chapitre 4e semble d’abord reproduire les tableaux du 1er et du 2e , mais c’est pour faire luire un rayon d’espérance, en montrant dans le châtiment divin la source même de la régénération.
Note Lm. 4,1 : L’or ; les pierres du sanctuaire ; c’est-à-dire l’or réel qui éclatait dans Jérusalem et les pierres dont était construit le sanctuaire ; ou bien, selon d’autres, cet or représente les princes d’Israël (voir le verset 2), et les pierres du sanctuaire, les prêtres.
 
2 Comment les nobles fils de Sion (illustres), couverts de l’or le plus pur, ont-ils été regardés (traités) comme des vases de terre, ouvrage des mains du (d’un) potier ? Ghimel.
 
3 Les lamies elles-mêmes ont découvert leur mamelle, et allaité leurs petits ; la fille de mon peuple est cruelle comme (une) l’autruche du désert. Daleth.
Note Lm. 4,3 : Les lamies ; hébreu : les chacals. ― Comme une autruche. On dit qu’elle abandonne une partie de ses œufs dans le désert, voir Job, 39, 16.
 
4 La langue du nourrisson (de l’enfant à la mamelle) s’est attachée à son palais dans sa soif ; les petits enfants ont demandé du pain, et il n’y avait personne pour leur en donner. .
 
5 Ceux qui se nourrissaient délicatement sont morts dans les rues ; ceux qui étaient élevés dans la pourpre ont embrassé les fumiers (des immondices). Vav.
 
6 L’iniquité de la fille de mon peuple est devenue plus grande que le péché de Sodome, qui fut renversé en un moment, sans que les hommes aient porté la main sur elle (n’y ont pas mis les mains). Zaïn.
Note Lm. 4,6 : Voir Genèse, 19, 4. (?) ― Les hommes, etc. Sodome périt uniquement par le feu du ciel. Voir Genèse, 19, 24-25.
 
7 Ses Nazaréens étaient plus blancs que la neige, plus purs (éclatants) que le lait, plus rouges (vermeils) que l’ivoire antique, plus beaux que le saphir. Heth.
Note Lm. 4,7 : Ses Nazaréens. Les Nazaréen étaient très considérés parmi les Juifs, tant par leur consécration au Seigneur que par leur manière de vivre plus pure et plus innocente. Jésus-Christ lui-même a voulu porter le nom de Nazaréen (voir Matthieu, 2, 23). Voir sur leur consécration, Nombres, chapitre 6.
 
8 Leur visage est (devenu) plus noir que les charbons, et on ne les a pas reconnus dans les rues ; leur peau (s’)est collée sur leurs os, elle s’est desséchée, et elle est devenue comme du bois. Teth.
 
9 Ceux qui ont été tués par le glaive ont été plus heureux que ceux qui sont morts de faim, car ceux-ci ont été consumés (lentement) par la stérilité de la terre. Jod.
 
10 De leurs propres mains les femmes compatissantes ont fait cuire leurs enfants ; ils sont devenus leur nourriture dans la ruine de la fille de mon peuple. Caph.
 
11 Le Seigneur a épuisé sa fureur, il a répandu sa (la) colère et (de) son indignation, il a allumé dans Sion un feu qui a dévoré ses fondements. Lamed.
Note Lm. 4,11 : La colère de son indignation. Voir Jérémie, 4, 8.
 
12 Les rois de la terre et tous les habitants du monde (de l’univers) n’auraient jamais cru que l’ennemi et l’adversaire entreraient par les portes de Jérusalem. Mem.
Note Lm. 4,12 : L’ennemi et l’adversaire. Voir Lamentations de Jérémie, 2, 17.
 
13 Cela est arrivé à cause des péchés de ses prophètes et des iniquités de ses prêtres, qui ont répandu au milieu d’elle le sang des justes. Nun.
 
14 Ils ont erré dans les rues comme des (en) aveugles, ils se sont souillés de sang, et ne pouvant faire autrement, ils relevaient (relevèrent) leurs robes. Samech.
 
15 Retirez-vous, impurs, leur criait-on ; retirez-vous, allez-vous-en, ne nous touchez pas ; car ils se sont querellés et troublés ; ils ont dit parmi les nations : Il (Le Seigneur) ne continuera plus d’habiter parmi eux. Phé.
 
16 Le visage (irrité) du Seigneur les a dispersés, il ne les regardera plus ; ils n’ont pas eu de respect pour les prêtres, ni de compassion pour les vieillards. Aïn.
Note Lm. 4,16 : Phé. Voir, sur le déplacement de ce mot, Lamentations de Jérémie, 2, 16.
 
17 Lorsque nous subsistions encore, nos yeux se sont lassés dans l’attente d’un (de notre) vain secours, tandis que nous tenions nos regards attachés sur une nation qui ne pouvait pas nous sauver. Sadé.
 
18 Nos pas ont glissé lorsque nous marchions dans nos rues (places publiques) ; notre fin s’est approchée, nos jours se sont accomplis, (car) notre fin est arrivée. Coph.
 
19 Nos persécuteurs ont été plus agiles que les aigles du ciel ; ils nous ont poursuivis sur les montagnes, ils nous ont tendu des pièges dans le désert. Res.
Note Lm. 4,19 : Nos persécuteurs, etc. ; allusion aux Chaldéens, qui poursuivirent avec une vitesse et une rapidité incroyables le roi Sédécias, lorsqu’il fuyait devant eux. Comparer à 4 Rois, 25, 4-5 ; Jérémie, 39, 5 ; 52, 8-9.
 
20 Le souffle (L’esprit, note) de notre bouche, l’oint (le Christ), le Seigneur, a été pris à cause de nos péchés, lui à qui nous avions dit : Nous vivrons sous ton (votre) ombre parmi les nations. Sin.
Note Lm. 4,20 : L’esprit de notre bouche ; le souffle qui nous anime. ― Le Christ, le Seigneur (Christus Dominus) ; selon l’hébreu, le Christ du Seigneur ; ce qui s’entend à la lettre de Sédécias, roi du peuple de Dieu, mais ce qui, dans un sens plus élevé, doit s’entendre de Jésus-Christ, le vrai Christ, le Fils unique de Dieu, pris et livré à la mort à cause de nos péchés.
 
21 Réjouis-toi et sois dans la joie, fille d’Edom, toi qui habites dans le pays de Hus ; la coupe (le calice) viendra aussi jusqu’à toi, tu t’enivreras (seras enivrée) et (tu seras) mise à nu. Thau.
Note Lm. 4,21 : Fille d’Edom ; c’est la nation des Iduméens. ― La terre de Hus ; c’est-à-dire l’Idumée.
 
22 (La peine de) Ton iniquité est expiée, fille de Sion ; il (le Seigneur) ne te fera plus déporter. Il a visité ton iniquité, fille d’Edom, il a mis ton péché à découvert.

Chapitre 5

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Chap. : 
Prière du prophète Jérémie
Jérémie expose au Seigneur la misère de son peuple, et le conjure de rappeler ce même peuple à lui.
1 Souvenez-vous, Seigneur, de ce qui nous est arrivé ; regardez et voyez notre opprobre.
Note Lm. 5,1-22 : Prière dans laquelle Jérémie implore le secours de Dieu pour qu’il mette fin à tant de maux.
2 Notre héritage a (est) passé à des étrangers (ennemis), nos maisons à des gens du dehors (des étrangers).
Note Lm. 5,2 : Notre héritage ; c’est-à-dire la terre de promission que vous avez donné à nos pères, et que nous possédions par un droit héréditaire. ― Des ennemis, des étrangers ; les Chaldéens et les peuples voisins.
3 Nous sommes (devenus comme) des orphelins qui n’ont plus de père (sans pères) ; nos mères sont comme des veuves. 4 Nous avons bu notre eau à prix d’argent, nous avons acheté chèrement notre bois. 5 On nous a entraînés la corde (par des chaînes attachées) au cou, on ne donnait aucun repos à ceux qui étaient las. 6 Nous avons tendu la main à l’Egypte et aux Assyriens, pour nous rassasier de pain.
Note Lm. 5,6 : Nous avons donné, etc. Nous avons fait alliance, mais vainement, avec l’Egypte et les Assyriens dont nous attendions du secours. ― Afin de nous, etc. ; afin de pouvoir assurer notre existence. ― Pain ; comme on a déjà pu le remarquer, ce mot se prend dans la Bible pour toute sorte de nourriture.
 
7 Nos pères ont péché, et ils ne sont plus, et nous avons porté leurs iniquités. 8 Des esclaves ont dominé sur nous, personne ne nous a délivrés de leurs mains.
Note Lm. 5,8 : Des esclaves, etc. ; selon quelques-uns, ce sont les Chaldéens et les Egyptiens, également descendus de Cham, dont la postérité avait été condamnée à être l’esclave de Sem (voir Genèse, 9, 26) ; selon d’autres, les Iduméens, les Moabites et les Ammonites, peuples autrefois soumis aux Juifs ; enfin, suivant d’autres, ce sont les esclaves mêmes des Chaldéens, parce que c’était la coutume dans les maisons où il y avait un certain nombre d’esclaves, que l’un d’eux commandât aux autres.
9 Nous allions chercher du pain, au péril de notre vie (nos âmes), devant le glaive du désert.
Note Lm. 5,9 : Nos âmes ; hébraïsme pour nos personnes, nous. ― Pain. Voir le verset 6. ― Désert ; s’applique aussi dans le langage biblique aux plaines, aux campagnes. Au lieu de dans le désert, l’hébreu porte du désert, comme régime du mot glaive (gladii). Le sens de ce verset paraît donc être : Nous courions risque d’être tués, si nous allions chercher dans les campagnes désertes des fruits ou des herbes sauvages pour nous sustenter, parce que le pays était rempli d’ennemis et de pillards.
10 Notre peau a été brûlée comme un four, à cause des tempêtes (par les ardeurs) de la faim.
Note Lm. 5,10 : Les ardeurs de la faim ; c’est le sens de l’hébreu. Les Arabes disent aussi le feu de la faim, les Grecs, une faim brûlante, les Latins : une faim ignée (ignea fames) ; la Vulgate a traduit comme les Septante, tempêtes de la faim.
 
11 Ils ont déshonoré les (humilié des) femmes dans Sion, et les (des) vierges dans les villes de Juda. 12 Ils ont pendu les princes de leur propre (par la) main, ils n’ont pas respecté le visage des vieillards.
Note Lm. 5,12 : Des princes, etc. Les Chaldéens, après avoir décapité les princes de Juda, les pendaient par les mains à des poteaux.
13 Ils ont abusé impudiquement (indignement) des jeunes gens, et les enfants sont tombés sous des fardeaux de (le, note) bois.
Note Lm. 5,13 : Sous le bois dont on les chargeait, ou avec lequel on les frappait.
14 Les (Des) vieillards ont disparu des portes, les (des) jeunes gens des chœurs de musique (des joueurs de psaltérion).
Note Lm. 5,14 : Les portes de la ville, où se tenaient les assemblées des juges.
 
15 La joie de notre cœur (âme) a cessé, nos concerts sont changés en deuil. 16 La couronne de notre tête est tombée ; malheur à nous, parce que nous avons péché !
Note Lm. 5,16 : La couronne, etc. Dans les fêtes, les noces et les festins, on se couronnait de fleurs.
17 C’est pourquoi notre cœur est devenu triste, c’est pourquoi nos yeux ont été obscurcis (couverts de ténèbres), 18 à cause du mont Sion qui a été détruit, et où les renards se promènent (s’y sont promenés).
Note Lm. 5,18 : Les renards ; proprement les chacals.
 
19 Mais vous, Seigneur, vous demeurerez éternellement ; votre trône subsistera de génération en génération.
Note Lm. 5,19 : Toutes les générations ; littéralement et par hébraïsme, génération et génération.
20 Pourquoi nous oublier(i)ez-vous à jamais ? pourquoi nous abandonner(i)ez-vous pour toujours (dans la longueur des jours, note) ?
Note Lm. 5,20 : Dans la longueur ; c’est-à-dire pour si longtemps.
21 Convertissez-nous à vous, Seigneur, et nous nous convertirons (serons convertis) ; renouvelez nos jours, comme (ils étaient) au commencement.
Note Lm. 5,21 : Comme au commencement ; comme ils étaient au commencement, au temps de notre ancienne prospérité.
22 Mais vous nous avez rejetés et (nous rejetant, vous nous avez, note) repoussés ; vous vous êtes violemment (extrêmement) irrité contre nous.
Note Lm. 5,22 : Nous rejetant, vous nous avez repoussés ; hébraïsme, pour vous nous avez entièrement rejetés.

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.