Moteur de recherche catholique portant sur la Bible et sur une bibliothèque d'ouvrages, d'articles et de conférences.
Comblez ma joie, étant dans les mêmes sentiments, ayant la même charité, la même âme, la même pensée;
|
Saisissez un texte à rechercher ou bien sélectionnez un livre
Évangile selon saint Jean
La recherche n'a donné aucun résultat.
AccueilFillion & VigourouxJean0/0 résultat(s)
0/0 résultat(s)

Évangile selon saint Jean

Notes d'introduction et appendices :

Chapitre 1

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Divinité du Verbe.
Mission de saint Jean-Baptiste.
Incarnation du Verbe.
Réponse de saint Jean aux députés des Juifs.
Autre témoignage de saint Jean.
Deux disciples de saint Jean vont trouver Jésus.
André lui amène Pierre.
Jésus appelle Philippe, qui lui amène Nathanaël.
1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu.
Note Jean 1,1 : Et le Verbe était en Dieu. Comparer à Jean, 14, 10 : Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? ― « Le choix de ce mot, Verbe, Logos, n’a pas été fait au hasard par saint Jean, ni d’une manière arbitraire. Il paraît lui avoir été révélé. Que le Fils de Dieu l’ait fait connaître à saint Jean avant de sortir de ce monde, ou que la révélation en ait été faite à cet Apôtre au moment où il écrivait l’évangile, c’est ce que rien ne détermine avec certitude ; mais nous savons qu’à Patmos, saint Jean reçut des assurances à cet égard : « Le nom dont on l’appelle est le Verbe de Dieu, » lisons-nous dans l’Apocalypse. Certains passages de l’Ancien Testament pouvaient suffire pour en suggérer l’idée. Dans ces textes, la création est attribuée au Verbe ou à la parole de Dieu. Ce Verbe est personnel. Il s’identifie avec la Sagesse et avec l’Ange de Dieu. Quoi d’étonnant qu’au temps du Sauveur ce mot fût employé chez les Juifs pour désigner le Fils éternel de Dieu ? Saint Paul paraît sanctionner cet usage, aussi bien que saint Jean, en parlant de la parole de Dieu vivante et agissante, qui discerne les pensées de l’esprit et les intentions du cœur. Aussi la difficulté pour l’évangéliste n’était pas de faire reconnaître aux Juifs qu’il y a en Dieu un Verbe personnel et tout-puissant, mais de les convaincre que Jésus était ce Verbe. D’ailleurs, la connaissance de la doctrine révélée sur les trois personnes divines était donnée, le nom de Verbe ne devait-il pas s’offrir de lui-même à l’esprit pour désigner la seconde ? Les rapports du Père avec le Fils ont une analogie frappante avec ceux qui existent entre notre esprit et notre parole ou notre verbe. Il était naturel d’appeler le Fils de Dieu, la Parole du Père. Saint Jean n’avait donc pas d’emprunt à faire, ni à Platon (429-348), ni à Philon († 55). Et que leur aurait-il emprunté ? ― Si Platon parle de Logos dans sa théorie de la création ou plutôt de la disposition originelle des choses, il donne à ce terme un sens fort différent de celui de saint Jean. Le Logos du philosophe grec n’est pas une personne, mais une abstraction, la raison de Dieu, réceptacle de toutes ses idées. Il n’a pas conscience de son existence. ― Il en est de même de celui de Philon, autant qu’on peut saisir la pensée de cet auteur, dans les nuages de ses allégories, Philon ne le nomme pas Dieu, le vrai Dieu ; il ne l’identifie pas avec le Messie. Du reste, s’il avait une vraie connaissance du Verbe personnel, on devrait penser qu’il l’a puisée aussi dans la révélation, c’est-à-dire dans les écrits des prophètes et dans les traditions de leurs écoles. » (L. BACUEZ.)
2 Il était au commencement avec (en) Dieu. 3 Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. 4 En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; 5 et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie (comprise).
 
6 Il y eut un homme envoyé de Dieu, dont le nom était Jean.
Note Jean 1,6 : Voir Matthieu, 3, 1 ; Marc, 1, 2.
7 Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. 8 Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière. 9 C’était (Celui-là était) la vraie lumière, qui éclaire tout homme venant en ce monde.
Note Jean 1,9 : Voir Jean, 3, 19.
10 Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et le monde ne l’a pas connu.
Note Jean 1,10 : Voir Hébreux, 11, 3.
11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. 12 Mais, à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; à ceux qui croient en son nom, 13 qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.
Note Jean 1,13 : La chair et le sang indiquent, dans l’Ecriture, la nature humaine qui s’oppose à la grâce.
 
14 Et le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous ; et nous avons vu sa gloire, gloire comme du Fils unique venu du Père, plein de grâce et de vérité.
Note Jean 1,14 : Voir Matthieu, 1, 16 ; Luc, 2, 7. ― Le Verbe a été fait chair, non que sa substance se soit changée en chair mais parce que le Verbe, en demeurant ce qu’il était, a pris la forme de serviteur (saint Chrysostome).
15 Jean rend témoignage de lui, et crie, en disant : C’est celui dont j’ai dit : Celui qui doit venir après moi a été placé au-dessus de moi, parce qu’il était avant moi.
Note Jean 1,15 : Parce qu’il était avant moi ; puisque comme Verbe, il était de toute éternité. ― D’autres traduisent : Parce qu’il était au-dessus de moi, bien plus que moi.
16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce.
Note Jean 1,16 : Voir 1 Timothée, 6, 17.
17 Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité ont été faites par Jésus-Christ. 18 Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, voilà celui qui l’a manifesté.
Note Jean 1,18 : Voir 1 Timothée, 6, 16 ; 1 Jean, 4, 12.
 
19 Or voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites, pour lui demander : Qui es-tu ?
Note Jean 1,19 : Le témoignage de Jean Baptiste.
20 Et il confessa, et il ne nia pas ; et il confessa : Je ne suis pas le Christ. 21 Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Elie ? Et il dit : Je ne le suis pas. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.
Note Jean 1,21 : Es-tu Elie ? Et il dit : Non. « Dans un autre endroit (voir Matthieu, 11, 13-14), le Seigneur étant questionné par ses disciples sur la venue d’Elie, répondit : Elie est déjà venu, et si vous voulez le savoir, c’est Jean qui est Elie. Jean interrogé dit au contraire : Je ne suis pas Elie… C’est que Jean était Elie par l’esprit qui l’animait, mais il n’était pas Elie en personne. Ce que le Seigneur dit de l’esprit d’Elie, Jean le nie de sa personne. » (Saint GREGOIRE-LE-GRAND.)
22 Ils lui dirent donc : Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? 23 Il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.
Note Jean 1,23 : Voir Isaïe, 40, 3 ; Matthieu, 3, 3 ; Marc, 1, 3 ; Luc, 3, 4. ― Dans le désert de Judée. Voir Matthieu, 3, 1.
24 Or ceux qui avaient été envoyés étaient des pharisiens. 25 Ils continuèrent de l’interroger, et lui dirent : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Elie, ni le prophète ? 26 Jean leur répondit : Moi, je baptise dans l’eau ; mais, au milieu de vous, se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas.
Note Jean 1,26 : Voir Matthieu, 3, 11.
27 C’est lui qui doit venir après moi, qui a été placé au-dessus (fait avant) de moi : je ne suis (même) pas digne de dénouer la courroie de sa sandale.
Note Jean 1,27 : Voir Marc, 1, 7 ; Luc, 3, 16 ; Actes des Apôtres, 1, 5 ; 11, 16 ; 19, 4. ― Qui a été avant moi. Voir au verset 15. ― Délier la courroie, etc. Voir Matthieu, 3, 11. ― La courroie de sa chaussure, de ses sandales. Voir Marc, 6, 9.
28 Ces choses se passèrent à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait.
Note Jean 1,28 : Béthanie, sur la rive orientale du Jourdain, à un endroit où le fleuve était guéable et qui, d’après plusieurs, s’appelait Bethabara ou maison du passage.
 
29 Le lendemain, Jean vit Jésus qui venait à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde. 30 C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui a été placé au-dessus (fait avant) de moi, parce qu’il était avant moi. 31 Et moi, je ne le connaissais pas ; mais c’est pour qu’il soit manifesté en Israël que je suis venu baptiser dans l’eau.
 
32 Et Jean rendit témoignage, en disant : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et se reposer sur lui.
Note Jean 1,32 : Voir Matthieu, 3, 16 ; Marc, 1, 10 ; Luc, 3, 22.
33 Et moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est celui qui baptise dans l’Esprit-Saint. 34 Et j’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu.
 
35 Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples.
Note Jean 1,35 : Jean Baptiste avec deux de ses disciples, André et saint Jean l’Evangéliste. André est nommé au verset 40. Saint Jean, par humilité, ne se nomme jamais par son nom ni dans son Evangile, ni dans ses Epîtres, et quand il a besoin de parler de lui, il se désigne par une périphrase.
36 Et regardant Jésus qui passait, il dit : Voici l’agneau de Dieu. 37 Les deux disciples l’entendirent parler ainsi, et ils suivirent Jésus. 38 Jésus, s’étant retourné, et voyant qu’ils le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui dirent : Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeurez-vous ?
Note Jean 1,38 : Rabbi, qui veut dire Maître. C’est le titre que l’on donnait aux docteurs de la loi en Palestine et nous voyons par saint Jean, qui répète ce titre huit fois dans son Evangile, que c’était celui que les Apôtres donnaient à Jésus. Saint Matthieu et saint Marc ont rarement conservé le mot sémitique Rabbi : ces deux évangélistes ont ordinairement, et saint Luc a toujours traduit la signification de ce mot : Maître.
39 Il leur dit : Venez et voyez. Ils vinrent et virent où il demeurait, et ils restèrent chez lui ce jour-là. Il était environ la dixième heure.
Note Jean 1,39 : La dixième heure ; c’est-à-dire environ quatre heures après midi.
 
40 Or André, frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles (ce témoignage) de Jean, et qui avaient suivi Jésus. 41 Il trouva le premier son frère Simon, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie le Christ). 42 Et il l’amena à Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jona ; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre).
 
43 Le lendemain, Jésus voulut aller en Galilée, et il rencontra Philippe. Et il lui dit : Suis-moi.
Note Jean 1,43 : En Galilée. Voir la note 29 à la fin du volume.
44 Or Philippe était de Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre.
Note Jean 1,44 : Bethsaïde de Galilée. Voir Matthieu, 11, 21.
45 Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit : Celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et qu’ont annoncé les prophètes, nous l’avons trouvé ; c’est Jésus de Nazareth, fils de Joseph.
Note Jean 1,45 : Voir Genèse, 49, 10 ; Deutéronome, 18, 18 ; Isaïe, 40, 10 (?) ; 45, 8 ; Jérémie, 23, 5 ; Ezéchiel, 34, 23 ; 37, 24 ; Daniel, 9, 24-25. ― Nathanaël, c’est-à-dire Dieudonné. On croit communément que c’est celui qui devint l’apôtre saint Barthélémy, Nathanaël étant son nom propre et Barthélémy étant un surnom qui veut dire fils de Tolmaï.
46 Et Nathanaël lui dit : De Nazareth peut-il venir quelque chose de bon ? Philippe lui dit : Viens et vois. 47 Jésus vit Nathanaël qui venait à lui, et il dit de lui : Voici un véritable Israélite, en qui il n’y a pas de fraude. 48 Nathanaël lui dit : D’où me connaissez-vous ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe t’appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t’ai vu.
Note Jean 1,48 : Sous le figuier. Le figuier peut atteindre une grande hauteur en Palestine et son feuillage serré et touffu produit une ombre très épaisse. Les rabbins juifs allaient volontiers étudier la loi de Moïse à l’ombre des figuiers.
49 Nathanaël lui répondit : Rabbi, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le roi d’Israël.
Note Jean 1,49 : Rabbi ; c’est-à-dire Maître.
50 Jésus lui répondit : Parce que je t’ai dit : Je t’ai vu sous le figuier, tu crois ; tu verras des choses plus grandes que celles-là. 51 Et il lui dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.

Chapitre 2

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Noces de Cana.
Changement de l’eau en vin.
Vendeurs chassés du temple.
Jésus annonce sa résurrection.
Beaucoup croient en lui, mais il ne se fie pas à eux.
Jean 2, 1-11 : Noces de Cana - Gravure de Gustave Doré
Jean 2, 1-11 : Noces de Cana - Gravure de Gustave Doré
1 Trois jours après, il se fit des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était.
Note Jean 2,1 : Cana en Galilée est célèbre non seulement par le miracle de l’eau changée en vin, mais aussi par un autre miracle raconté dans Jean, 4, 46-54. C’est là qu’était né Nathanaël, voir Jean, 21, 2. ― « Aujourd’hui, la Cana évangélique s’appelle Kafr-Kenna, sur le chemin de Nazareth à Tibériade. Les chrétiens y ont une église bâtie des débris d’une autre plus magnifique, changée plus tard en mosquée et détruite aujourd’hui. On y [montre] deux des hydries dans lesquelles l’eau fut changée en vin. Elles sont en calcaire compact du pays et travaillées assez grossièrement. Elles n’ont absolument aucune sculpture. Voici leurs dimensions : la grande urne, de forme plus arrondie a 1 mètre 20 centimètres sur 80 centimètres ; la seconde, plus allongée, a 90 centimètres sur 75. Chacun des hydries contenait, dit l’évangéliste, deux ou trois métrètes, or cette mesure vaut près de 39 litres. La capacité des urnes de l’Evangile variait de 78 à 117 litres. Or la plus grande des urnes actuelles peut contenir 100 litres et la plus petite 60 litres. Il y a donc complète coïncidence. Elles ont été vues à la fin du VIe siècle par Antonin le Martyr. ― On montre encore à Kenna les ruines de la maison de l’un des douze Apôtres, Simon, [que plusieurs croient être l’époux des noces de Cana]. ― Saint Jérôme nous apprend qu’il y a deux Cana. L’une du côté de Sidon, et celle-ci il l’appelle la Grande ; l’autre, qu’il appelle la Petite. Aujourd’hui les Arabes appellent Kenna-el-Djalil la Cana voisine de la Phénicie. Or, el-Djalil en arabe signifie la Grande. Cet accord du nom moderne avec le texte de saint Jérôme tranche la question. » (J.-H. MICHON.)
2 Et Jésus fut aussi invité aux noces, avec ses disciples. 3 Et le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont pas de vin. 4 Jésus lui dit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et vous ? Mon heure n’est pas encore venue.
Note Jean 2,4 : Femme. Ce mot ne renfermait jamais chez les Hébreux une idée de mépris comme en français. Jésus attaché à la croix s’en sert, lorsqu’il recommande, de la manière la plus tendre, sa mère à son disciple bien-aimé. Les Romains et les Grecs donnaient le titre de femme à des princesses et à des reines, en leur adressant la parole. ― « Plusieurs traduisent, sur le latin : « Que nous importe à l’un et à l’autre ? » Mais la plupart entendent ces mots autrement : « Qu’avons-nous à faire ou à concerter ensemble ? Laissez-moi la liberté que demande mon ministère. » Ce second sens paraît mieux en harmonie avec l’acception de ces mots dans la Bible et avec l’esprit du quatrième évangile. Puisque saint Jean écrit pour prouver que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, il doit plutôt relever en lui un sentiment qui implique la conscience de sa divinité qu’un autre, où l’on verrait seulement un indice de sa nature humaine. « Un miracle, semble-t-il dire à sa Mère, est une œuvre toute divine : la chair et le sang n’y doivent avoir aucune part. C’est comme homme que je suis votre fils ; c’est comme Dieu que je dois agir en ce moment. » En parlant ainsi, Notre-Seigneur ne fait que répéter ce qu’il a déjà dit, en sortant du temple : que la volonté de son Père était la seule règle qu’il eût à suivre dans l’exercice de son ministère. Du reste, il n’y a dans ces paroles aucun reproche ni aucun blâme pour Marie, qui partage les sentiments de son Fils et qui entre dans sa pensée ; mais pour ceux qui l’entendaient, pour les Apôtres surtout, il y a une instruction importante : c’est que le Sauveur n’est pas avec sa Mère dans les mêmes rapports qu’un enfant ordinaire ; c’est que, dans l’exercice de leur ministère, les ministres de Dieu ne doivent avoir aucun égard aux inspirations de la chair et du sang. ― Quant au mot : « Femme, » c’est en hébreu comme en grec une appellation respectueuse, qui n’a rien de dur ni de dédaigneux. Sans exclure la tendresse filiale, elle réserve au Sauveur l’indépendance que son œuvre réclame. Il n’en emploiera pas d’autre quand il cherchera à consoler sa Mère au Calvaire, ni lorsqu’il se révélera à Madeleine, après sa résurrection. » (L. BACUEZ.)
5 Sa mère dit aux serviteurs : Faites tout ce qu’il vous dira. 6 Or il y avait là six urnes de pierre, pour servir aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures.
Note Jean 2,6 : Deux ou trois mesures, dans l’original, metretas. La metreta était la même chose que le bath, lequel avait une capacité de 38 litres 88. ― Pour la purification des Juifs, parce qu’ils se lavaient pour se purifier avant et après le repas.
7 Jésus leur dit : Remplissez d’eau ces urnes. Et ils les remplirent jusqu’au bord. 8 Alors Jésus leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maître d’hôtel. Et ils lui en portèrent.
Note Jean 2,8 : Le maître d’hôtel est appelé dans l’original architriclin, mot qu’on a francisé et qui vient d’archê, commandement et de triclinion, lit où l’on se couchait pour prendre ses repas. L’architriclin était l’intendant du festin, il était chargé de tout surveiller et de tout diriger.
9 Dès que le maître d’hôtel eut goûté l’eau changée en vin, ne sachant d’où venait ce vin, quoique les serviteurs qui avaient puisé l’eau le sussent bien, il appela l’époux, 10 et lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin ; puis, après qu’on a beaucoup bu, il en sert du moins bon ; mais toi, tu as réservé le bon vin jusqu’à maintenant. 11 Jésus fit là le premier de ses miracles, à Cana en Galilée ; et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Note Jean 2,11 : Cela signifie que Jésus ne fit pas de miracles dans sa jeunesse (saint Chrysostome).
12 Après cela, il descendit à Capharnaüm, avec sa mère, ses frères et ses disciples ; et ils n’y demeurèrent que peu de jours.
Note Jean 2,12 : Ses frères ; c’est-à-dire ses parents (saint Augustin). Voir Matthieu, 12, 46. ― A Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13.
 
13 La Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem.
Note Jean 2,13 : La Pâque des Juifs. Voir Matthieu, 26, 2. C’est la première Pâque du ministère public de Jésus.
14 Et il trouva dans le temple des marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et des changeurs assis (à leurs tables).
Note Jean 2,14 : Et il trouva dans le temple, etc. Voir Matthieu, 21, 12.
Jean 2, 15 : Jésus chasse les marchands du Temple - Gravure de Gustave Doré
Jean 2, 15 : Jésus chasse les marchands du Temple - Gravure de Gustave Doré
15 Et ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; et il jeta par terre l’argent des changeurs, et renversa leurs tables. 16 Et il dit à ceux qui vendaient des colombes : Otez cela d’ici, et ne faites pas de la maison de Mon Père une maison de trafic. 17 Or ses disciples se souvinrent qu’il est écrit : Le zèle de votre maison me dévore.
Note Jean 2,17 : Voir Psaumes, 68, 10.
 
18 Les Juifs, prenant la parole, lui dirent : Quel signe nous montrez-vous pour agir de la sorte ? 19 Jésus leur répondit : Détruisez ce temple, et en trois jours je le rétablirai.
Note Jean 2,19 : Voir Matthieu, 26, 61 ; Marc, 14, 58 ; 15, 29. ― Le Sauveur répond aux Juifs d’une manière énigmatique, parce qu’il connaît leur incrédulité et la malice de leur cœur. ― Voilà le signe que donne le Christ : sa victoire sur la mort (saint Chrysostome). ― Ce temple, en grec naos. Voir Matthieu, note 21.12 et 27, 40.
20 Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et vous le rétablirez en trois jours ?
Note Jean 2,20 : On a mis quarante-six ans. Hérode-le-Grand fit rebâtir et embellir le temple de Jérusalem, vers l’an 20 avant Jésus-Christ. Le temple proprement dit fut achevé en un an et demi et les bâtiments accessoires en huit ans, mais la décoration n’en fut achevée que l’an 64 de notre ère, c’est-à-dire plusieurs années après la mort de Jésus-Christ. Les Juifs disent à Notre-Seigneur qu’il y a 46 ans qu’on travaille au temple, sans prétendre par là que tout est terminé.
21 Mais il parlait du temple de son corps. 22 Après donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Ecriture, et à la parole que Jésus avait dite.
Note Jean 2,22 : Voir Psaumes, 3, 6 ; 56, 9.
 
23 Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de Pâque, beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. 24 Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous, 25 et qu’il n’avait pas besoin que personne lui rendît témoignage d’aucun homme ; car il savait lui-même ce qu’il y avait dans l’homme.

Chapitre 3

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Nicodème vient trouver Jésus-Christ ; instructions que Jésus lui donne.
Le Fils de Dieu envoyé pour sauver le monde.
Celui qui ne croit pas en lui est condamné.
Dispute entre les disciples de saint Jean et ceux de Jésus-Christ touchant le baptême.
Réponse de saint Jean à ses disciples.
1 Or il y avait parmi les pharisiens un homme appelé Nicodème, un des premiers des Juifs.
Note Jean 3,1 : Un des chefs des Juifs. Voir Jean, 7, 50. ― Nicodème, un des chefs des Juifs, c’est-à-dire, membre du Sanhédrin. Le Talmud mentionne un Nicodème, fils de Gorion, homme riche et pieux, qui est peut-être le même que celui dont parle saint Jean. D’après la tradition, Nicodème se fit chrétien et fut banni du sanhédrin et de Jérusalem.
2 Il vint la nuit auprès de Jésus, et lui dit : Maître, nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu comme docteur ; car personne ne peut faire les miracles que vous faites, si Dieu n’est avec lui. 3 Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, aucun homme, s’il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu.
Note Jean 3,3-5 : Il ne suffit pas d’être enfants d’Abraham pour appartenir au royaume des cieux, mais il faut mourir au péché et renaître par le baptême. La renaissance spirituelle a un principe extérieur dans l’eau et un principe intérieur dans l’Esprit-Saint. C’est la régénération, par le baptême, dont la nécessité est affirmée (Concile de Trente, session VII, canon 2 ; voir Matthieu, 28, 19).
4 Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître, lorsqu’il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère, et naître de nouveau ? 5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, aucun homme, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. 7 Ne t’étonnes pas de ce que je t’ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. 8 Le vent souffle où il veut ; et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’esprit.
Note Jean 3,8 : Voir Psaumes, 134, 7. ― L’esprit. Dans l’original, le mot employé signifie esprit et vent. L’action régénératrice du Saint-Esprit, dans les âmes, est aussi invisible et mystérieuse que le mouvement et les effets de l’air, dans la nature. La grâce est donnée, selon la libre volonté du Saint-Esprit (saint Bède). Les choses spirituelles, invisibles comme le vent, se remarquent par leurs effets.
9 Nicodème lui répondit : Comment cela peut-il se faire ? 10 Jésus lui dit : Tu es maître en Israël, et tu ignores ces choses ?
 
11 En vérité, en vérité, je te le dis, ce que nous savons, nous le disons, et ce que nous avons vu, nous l’attestons ; et vous ne recevez pas notre témoignage. 12 Si je vous ai parlé des choses de la terre sans que vous ayez cru, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? 13 Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est dans le ciel. 14 Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé,
Note Jean 3,14 : Voir Nombres, 21, 9.
15 afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.
 
16 Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle.
Note Jean 3,16 : Voir 1 Jean, 4, 9.
17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu. 19 Or voici quel est le jugement : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Note Jean 3,19 : Voir Jean, 1, 9.
20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient condamnées. 21 Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce que c’est en Dieu qu’elles sont faites.
 
22 Après cela, Jésus vint avec ses disciples dans le pays de Judée ; et il y demeurait avec eux, et baptisait.
Note Jean 3,22 : Voir Jean, 4, 1. ― Et il baptisait, par les mains de ses apôtres, comme il est dit à Jean, 4, 2.
23 Jean baptisait aussi à Ennon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau. On y venait, et on y était baptisé.
Note Jean 3,23 : Ennon « Œnon, dit saint Jérôme après Eusèbe, est un endroit qu’on montre encore aujourd’hui à 8 milles de Scythopolis, au sud, près de Salim et du Jourdain. » Ennon, Aenon signifie sources. ― Salim, que l’Evangéliste mentionne pour fixer la situation d’Ennon, est malheureusement inconnu. On a trouvé un Salim à l’est et non loin de Naplouse (Samarie) et il y a là deux sources très abondantes. On a découvert un ouadi Selam ou Seleim, au nord-est de Jérusalem, à environ deux lieues, près de l’ouadi Farah, où les sources abondent.
24 Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.
Note Jean 3,24 : Mis en prison. Voir Matthieu, 14, 3.
 
25 Or il s’éleva une dispute entre les disciples de Jean et les Juifs, touchant la purification.
Note Jean 3,25 : La purification, le baptême de saint Jean-Baptiste.
26 Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Maître, celui qui était avec toi au delà du Jourdain, et auquel tu as rendu témoignage, baptise maintenant, et tous vont à lui.
Note Jean 3,26 : Voir Jean, 1, 19.
27 Jean répondit : L’homme ne peut rien recevoir, qui ne lui ait été donné du ciel. 28 Notre témoignage (problème d’enregistrement)
Note Jean 3,28 : Voir Jean, 1, 20.
29 Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et l’écoute, est ravi de joie à cause de la voix de l’époux (épouse). Cette joie qui est la mienne est complète.
Note Jean 3,29 : Se réjouit de joie ; hébraïsme, pour éprouver une grande joie, être ravi de joie. ― L’ami de l’époux. Voir Matthieu, 9, 15.
30 Il faut qu’il croisse, et que je diminue.
 
31 Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui vient de la terre est de la terre, et parle de la terre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous ; 32 et il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. 33 Celui qui reçoit son témoignage certifie que Dieu est véridique.
Note Jean 3,33 : Voir Romains, 3, 4.
34 Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que ce n’est pas avec mesure que Dieu donne l’Esprit. 35 Le Père aime le Fils, et a tout remis entre ses mains. 36 Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
Note Jean 3,36 : Voir 1 Jean, 5, 10.

Chapitre 4

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Jésus retourne en Galilée.
Il s’entretient avec la Samaritaine, et répond à ses disciples au sujet de cet entretien.
Foi des Samaritains.
Jésus vient de nouveau à Cana.
Il guérit un malade à Capharnaüm.
1 Jésus, ayant su que les pharisiens avaient appris qu’il faisait plus de disciples et baptisait plus que Jean
Note Jean 4,1 : Voir Jean, 3, 22.
2 (quoique Jésus ne baptisât pas lui-même ; c’étaient ses disciples qui baptisaient), 3 quitta la Judée, et s’en alla de nouveau en Galilée. 4 Or il fallait qu’il passât par la Samarie.
 
5 Il vint donc dans une ville de Samarie, nommée Sichar, près du champ (de l’héritage) que Jacob avait donné à son fils Joseph.
Note Jean 4,5-6 : Sichar, près de l’héritage que Jacob donna à son fils. Là était le puits de Jacob. Sichar est d’après les uns, Sichem, aujourd’hui Naplouse, à trois kilomètres du puits de Jacob ; d’après d’autres qui jugent la distance de Sichem bien grande, Sichar était un village situé entre le puits et Naplouse, peut-être l’Askar actuel. ― « Le champ donné par Jacob à Joseph est au nord de la Fontaine de Jacob, à environ mille mètres. On y voit le tombeau de Joseph dont les restes furent rapportés par les Hébreux de l’Egypte. La Fontaine de Jacob est presque à l’angle du chemin de Naplouse, se bifurquant pour aller à Jérusalem au midi, et au levant vers le Jourdain. Un monument chrétien fut élevé sur l’emplacement de la Fontaine de Jacob. Il n’en reste que quelques colonnes de granit. [Il reste d’une église qui succéda à la première basilique] un chevet carré avec voûte à arêtes, sous lequel est le puits lui-même. L’orifice de la fontaine est aujourd’hui fermé par une énorme pierre. En Orient les fontaines non coulantes, comme celles-ci, étaient autrefois accessibles par un immense escalier droit au moyen duquel on atteignait l’eau. » (MICHON.)
Note Jean 4,5 : Voir Genèse, 33, 19 ; 48, 22 ; Josué, 24, 32.
6 Or là était le puits de Jacob. Et Jésus, fatigué du chemin, était assis sur le puits. Il était environ la sixième heure.
Note Jean 4,6 : La sixième heure ; c’est-à-dire environ midi.
7 Une femme de la Samarie vint pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. 8 Car ses disciples étaient allés à la ville, pour acheter des vivres. 9 Cette femme samaritaine lui dit : Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? Les Juifs, en effet, n’ont pas de rapports avec les Samaritains.
Note Jean 4,9 : Les Juifs n’ont pas de commerce avec les Samaritains. Voir Matthieu, 10, 5.
10 Jésus lui répondit : Si tu connaissais le don de Dieu, et quel est celui qui te dit : Donne-moi à boire, peut-être lui aurais-tu fait toi-même cette demande, et il t’aurait donné de l’eau vive. 11 La femme lui dit : Seigneur, vous n’avez rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où avez-vous donc de l’eau vive ? 12 Etes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?
Jean 4, 13-26 : Jésus et la Samaritaine - Gravure de Gustave Doré
Jean 4, 13-26 : Jésus et la Samaritaine - Gravure de Gustave Doré
13 Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif ; 14 car l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. 15 La femme lui dit : Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser. 16 Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. 17 La femme répondit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as eu raison de dire : Je n’ai pas de mari ; 18 car tu as eu cinq maris, et maintenant celui que tu as n’est pas ton mari ; en cela, tu as dit vrai. 19 La femme lui dit : Seigneur, je vois bien que vous êtes un prophète.
Note Jean 4,19 : Touchée au vif, à cause de sa vie peu recommandable, la Samaritaine cherche à faire dévier la conversation, elle fait intervenir une question religieuse. « Jésus ne répond pas à la question de la femme, mais il s’élève plus haut. » (saint Augustin).
20 Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que Jérusalem est le lieu où il faut adorer.
Note Jean 4,20 : Voir Deutéronome, 12, 5. ― Sur cette montagne, le mont Garizim, où les Samaritains avaient élevé un temple schismatique, près de Sichem, avec l’autorisation du roi perse Darius Nothus. Jean Hyrcan détruisit ce temple, mais du temps de Notre Seigneur, les Samaritains avaient encore un autel sur cette montagne.
21 Jésus lui dit : Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, que vous adorerez le Père. 22 Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Note Jean 4,22 : Voir 4 Rois, 17, 41.
23 Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont de tels adorateurs que cherche le Père. 24 Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité.
Note Jean 4,24 : Voir 1 Corinthiens, 3, 17.
25 La femme lui dit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire le Christ) doit venir ; lors donc qu’il sera venu, il nous annoncera toutes choses.
Note Jean 4,25 : Les Samaritains lisaient et vénéraient les livres de Moïse et attendaient le Messie.
26 Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle.
 
27 Au même instant ses disciples arrivèrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme. Cependant aucun ne lui dit : Que demandez-vous ? ou : Pourquoi parlez-vous avec elle ?
Note Jean 4,27 : Les rabbins estimaient indigne d’un homme de parler avec une femme.
 
28 La femme laissa donc là sa cruche, et s’en alla dans la ville. Et elle dit aux gens : 29 Venez, et voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? 30 Ils sortirent donc de la ville, et vinrent auprès de lui. 31 Cependant les disciples le priaient, en disant : Maître, mangez. 32 Mais il leur dit : J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. 33 Les disciples se disaient donc l’un à l’autre : Quelqu’un lui a-t-il apporté à manger ? 34 Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, pour accomplir son œuvre. 35 Ne dites-vous pas : Encore quatre mois, et la moisson viendra ? Voici que je vous dis : Levez vos yeux, et voyez les campagnes qui blanchissent déjà pour la moisson.
Note Jean 4,35 : Voir Matthieu, 9, 37 ; Luc, 10, 2. ― Il y a encore quatre mois et la moisson viendra. Comme la moisson commence en Palestine vers le milieu d’avril, il résulte de ces paroles que les faits racontés dans ce chapitre se passèrent vers le milieu du mois de décembre.
36 Et celui qui moissonne reçoit une récompense, et amasse du fruit pour la vie éternelle, afin que celui qui sème se réjouisse, aussi bien que celui qui moissonne.
Note Jean 4,36 : Les prophètes et les justes répandirent la semence et les apôtres moissonneront (saint Chrysostome).
37 Car ici se vérifie cette parole : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. 38 Je vous ai envoyés moissonner là où vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leurs travaux.
 
39 Or beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui, sur la parole de la femme qui lui rendait ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. 40 Les Samaritains, étant donc venus auprès de lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il y demeura deux jours. 41 Et il y en eut un bien plus grand nombre qui crurent en lui, à cause de sa parole. 42 Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde.
 
43 Deux jours après, il partit de là et s’en alla en Galilée. 44 Car Jésus lui-même a rendu ce témoignage, qu’un prophète n’est pas honoré dans sa patrie.
Note Jean 4,44 : Voir Matthieu, 13, 57 ; Marc, 6, 4 ; Luc, 4, 24.
45 Lors donc qu’il vint en Galilée, les Galiléens l’accueillirent, parce qu’ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem au jour de la fête ; car eux aussi ils étaient allés à la fête.
Note Jean 4,45 : Voir Matthieu, 4, 12 ; Marc, 1, 14 ; Luc, 4, 14. ― Pendant la fête ; c’est-à-dire pendant la fête de Pâque, qui était la grande solennité des Juifs.
46 Jésus vint donc de nouveau à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Et il y avait un officier du roi, dont le fils était malade à Capharnaüm.
Note Jean 4,46 : Voir Jean, 2, 9. ― Cana de Galilée. Voir Jean, 2, 1. ― Capharnaüm, voir Matthieu, 4, 13.
 
47 Ayant appris que Jésus venait de Judée en Galilée, il alla auprès de lui, et le pria de descendre, et de guérir son fils, qui était près de mourir. 48 Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez pas. 49 L’officier lui dit : Seigneur, descendez avant que mon fils meure. 50 Jésus lui dit : Va, ton fils vit. Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite, et il s’en alla. 51 Comme déjà il descendait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui annoncèrent que son fils vivait. 52 Il leur demanda l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux ; et ils lui dirent : Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté.
Note Jean 4,52 : La septième heure ; vers une heure après midi.
53 Le père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils vit ; et il crut, lui et toute sa maison.
 
54 Ce fut là le second miracle que fit Jésus, après être revenu de Judée en Galilée.

Chapitre 5

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Guérison d’un homme malade depuis trente-huit ans.
Murmures des Juifs sur le prétendu violement du sabbat, et sur ce que Jésus-Christ se déclarait le Fils de Dieu.
Réponse de Jésus-Christ aux Juifs.
Le Fils agit avec le Père : il a reçu du Père tout pouvoir de juger.
Il a la vie en lui de même que le Père.
Témoignage de Jean-Baptiste et du Père céleste.
Incrédulité des Juifs.
Moïse sera leur accusateur.
1 Après cela, il y avait une (la car note) fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem.
Note Jean 5,1 : Voir Lévitique 23, 5 ; Deutéronome, 16, 1. ― La fête des Juifs ; c’est-à-dire la fête de Pâque (saint Irénée). Voir Jean, 4, 45. Jésus va à la fête pour ne pas se montrer opposé à la Loi et encourager la multitude qui accourait de toutes parts (saint Chrysostome).
2 Or il y a à Jérusalem la piscine des Brebis (une piscine probatique, note), qui s’appelle en hébreu Bethsaïda, et qui a cinq portiques.
Note Jean 5,2 : Une piscine probatique. On croit qu’elle était ainsi appelée parce qu’on y lavait les animaux (probata) que l’on devait offrir en sacrifice dans le temple de Salomon. Elle est située au nord-ouest de la porte d’entrée de l’église actuelle de Sainte-Anne, non loin de la porte Saint-Etienne, dans la partie nord-est de Jérusalem. Cette piscine porte aujourd’hui le nom de Birket Israil. Elle était probablement alimentée par les eaux amenées au temple au moyen d’un aqueduc des environs de Bethléem.
3 Sous ces portiques étaient étendus un grand nombre de malades, d’aveugles, de boiteux, de paralytiques, qui attendaient le mouvement de l’eau. 4 Car (un) l’ange du Seigneur descendait de temps en temps dans la piscine, et en agitait l’eau ; et celui qui descendait le premier dans la piscine après que l’eau avait été agité était guéri, quelle que fût sa maladie. 5 Or il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. 6 Jésus, l’ayant vu couché et sachant qu’il était malade depuis longtemps déjà, lui dit : Veux-tu être guéri ? 7 Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine lorsque l’eau a été agitée ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. 8 Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton grabat, et marche. 9 Et aussitôt cet homme fut guéri, et il prit son grabat, et marcha. Or ce jour-là était un jour de sabbat.
 
10 Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : C’est le sabbat ; il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat.
Note Jean 5,10 : Voir Exode, 20, 10 ; Jérémie, 17, 24.
11 Il leur répondit : Celui-là même qui m’a guéri m’a dit : Prends ton grabat, et marche. 12 Ils lui demandèrent : Quel est cet homme qui t’a dit : Prends ton grabat, et marche ? 13 Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; car Jésus s’était retiré de la foule rassemblée en ce lieu. 14 Plus tard, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voici que tu as été guéri ; ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. 15 Cet homme alla, et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. 16 C’est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu’il faisait ces choses le jour du sabbat.
 
17 Mais Jésus leur répondit : Mon Père agit jusqu’à présent, et moi aussi j’agis. 18 A cause de cela, les Juifs cherchaient encore davantage à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais parce qu’en outre il disait que Dieu était son Père, se faisant égal à Dieu. Jésus reprit donc la parole, et leur dit :
 
19 En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, si ce n’est ce qu’il voit faire au Père ; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. 20 Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’admiration. 21 De même, en effet, que le Père ressuscite les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut. 22 Car le Père ne juge personne ; mais il a remis tout le jugement au Fils, 23 afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé. 24 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie. 25 En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. 26 Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné également au Fils d’avoir la vie en lui-même ; 27 et il lui a donné le pouvoir d’exercer un jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme.
Note Jean 5,27 : « Parce que…, étant le Fils de Dieu, le Verbe éternel, il a voulu se faire fils de l’homme, s’incarner, pour être le Sauveur du monde. Le jugement est comme le dernier mot de l’incarnation ; car ce sera par le jugement que s’opérera la séparation définitive entre la partie sainte de l’humanité, unie à Jésus-Christ, comme le corps à son chef, et la partie mauvaise, gâtée par le péché, qui ne sera pas arrivée à la sainteté et au salut. Il convient donc que ce soit le Verbe incarné, l’Homme-Dieu, le Libérateur, qui soit chargé de porter la sentence finale. » (CRAMPON)
28 Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu ; 29 et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la vie ; mais ceux qui auront fait le mal en sortiront pour la résurrection du jugement.
Note Jean 5,29 : Voir Matthieu, 25, 46.
30 Je ne puis rien faire de moi-même : selon ce que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.
 
31 Si c’est moi qui rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai. 32 C’est un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il rend de moi est vrai.
Note Jean 5,32 : Voir Matthieu, 3, 17 ; Jean, 1, 15.
33 Vous avez envoyé auprès de Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.
Note Jean 5,33 : Vers Jean Baptiste.
34 Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage ; mais je dis cela afin que vous soyez sauvés. 35 Jean était une lampe ardente et brillante ; et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière. 36 Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que le Père m’a données d’accomplir, les œuvres mêmes que je fais, rendent de moi le témoignage que c’est le Père qui m’a envoyé.
 
37 Le Père, qui m’a envoyé, a rendu lui-même témoignage de moi. Vous n’avez jamais entendu sa voix, ni contemplé sa face.
Note Jean 5,37 : Voir Matthieu, 3, 17 ; 17, 5 ; Deutéronome, 4, 12.
38 Et vous n’avez pas sa parole demeurant en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu’il a envoyé. 39 Vous scrutez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles aussi qui rendent témoignage de moi.
Note Jean 5,39 : Il faut s’aveugler volontairement, pour trouver ici un ordre donné à tous de lire les Ecritures. C’est évidemment un reproche fait aux pharisiens, de ce que lisant les Ecritures, et pensant y trouver la Vie éternelle, ils ne voulaient pas reconnaître Jésus-Christ, lui à qui toutes les Ecritures rendaient témoignage, et par qui seul ils pouvaient avoir cette véritable vie.
40 Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. 41 Je n’accepte pas la gloire qui vient des hommes. 42 Mais je vous connais, et je sais que vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous. 43 Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez. 44 Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ? 45 Ne pensez pas que ce soit moi qui vous accuserai devant le Père ; celui qui vous accuse, c’est Moïse, en qui vous espérez. 46 Car, si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en moi, puisque c’est de moi qu’il a écrit.
Note Jean 5,46 : Voir Genèse, 3, 15 ; 22, 18 ; 49, 10 ; Deutéronome, 18, 15.
47 Mais, si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?

Chapitre 6

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Multiplication des cinq pains et des deux poissons.
Jésus marche sur la mer.
La nourriture qui ne périt pas.
Jésus-Christ déclare que sa chair et son sang sont une nourriture et un breuvage.
Plusieurs se scandalisent de ses paroles et l’abandonnent.
Les douze apôtres demeurent avec lui.
Jésus prédit l’infidélité de l’un d’eux.
1 Après cela, Jésus s’en alla au-delà de la mer de Galilée, ou (c’est-à-dire) de Tibériade ;
Note Jean 6,1 : Voir Matthieu, 14, 13 ; Marc, 6, 32 ; Luc, 9, 10. ― Jésus s’en alla de l’autre côté de la mer de Galilée. Voir Matthieu, note 14.13. ― Sur Tibériade, voir au verset 23.
2 et une multitude nombreuse le suivait, parce qu’ils voyaient les miracles qu’il opérait sur les malades. 3 Jésus monta donc sur une montagne, et là il s’assit avec ses disciples.
Note Jean 6,3 : Sur la montagne ; c’est-à-dire sur la montagne voisine.
4 Or la Pâque, jour de fête des Juifs, était proche.
Note Jean 6,4 : La Pâque. Voir Matthieu, 26, 2.
5 Ayant donc levé les yeux, et voyant qu’une très grande multitude venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour leur donner à manger ? 6 Mais il disait cela pour l’éprouver ; car, lui, il savait ce qu’il allait faire. 7 Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit : 9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? 10 Jésus dit donc : Faites asseoir ces hommes. Or il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Note Jean 6,10 : Il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. L’herbe pousse abondamment sur certaines montagnes de la Palestine. Le P. de Géramb dit de celle des Béatitudes : « Arrivés au pied de cette montagne, nous fûmes arrêtés par la hauteur de l’herbe. Elle était si élevée qu’elle atteignait presque la tête de nos chevaux, et si épaisse qu’elle obstruait tout le passage. Nos janissaires furent obligés de la faucher avec leurs sabres pour nous ouvrir un chemin. »
11 Jésus prit alors les pains, et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu’ils en voulaient. 12 Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, pour qu’ils ne se perdent pas. 13 Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze corbeilles avec les morceaux qui étaient restés des cinq pains d’orge, après que tous eurent mangé. 14 Ces hommes, ayant donc vu le miracle qu’avait fait Jésus, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. 15 Mais Jésus, sachant qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, s’enfuit de nouveau, tout seul, sur la montagne.
Note Jean 6,15 : Voir Matthieu, 14, 23 ; Marc, 6, 46.
 
16 Lorsque le soir fut venu, ses disciples descendirent au bord de la mer. 17 Et étant montés dans une barque, ils s’avancèrent vers Capharnaüm, de l’autre côté de la mer. Or il faisait déjà nuit, et Jésus n’était pas venu à eux.
Note Jean 6,17 : Vers Capharnaüm. Voir Matthieu, 4, 13.
18 Cependant la mer se soulevait, au souffle d’un grand vent. 19 Lorsqu’ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus qui marchait sur la mer, et qui s’approchait de la barque ; et ils eurent peur.
Note Jean 6,19 : Vingt-cinq à trente stades équivalent à cinq ou six kilomètres.
20 Mais il leur dit : C’est moi, ne craignez pas. 21 Ils voulurent alors le prendre dans la barque, et aussitôt la barque se trouva au lieu où ils allaient.
 
22 Le lendemain, la foule qui était restée de l’autre côté de la mer remarqua qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque, et que Jésus n’était pas entré dans cette barque avec ses disciples, mais que les disciples seuls étaient partis. 23 Cependant d’autres barques arrivèrent de Tibériade, près du lieu où ils avaient mangé le pain après que le Seigneur eut rendu grâces.
Note Jean 6,23 : Tibériade, sur les bords du lac auquel elle a donné son nom, fut bâtie, d’après Josèphe, par Hérode Antipas, et ainsi nommée par son fondateur en l’honneur de l’empereur Tibère. Cette ville fut la capitale de la Galilée depuis sa fondation jusqu’au règne d’Hérode Agrippa II qui rétablit le siège de son gouvernement à Séphoris, ancienne capitale de la province. Plusieurs de ses habitants étaient Grecs et Romains. Dans le voisinage, il y avait des eaux thermales célèbres chez les Latins. Le Sanhédrin s’y fixa vers le milieu du second siècle de notre ère, et des écoles juives très renommées y fleurirent pendant longtemps.
24 La foule, ayant donc vu que Jésus n’était pas là, non plus que ses disciples, monta dans les barques, et vint à Capharnaüm, cherchant Jésus. 25 Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maître, quand êtes-vous venu ici ? 26 Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains, et que vous avez été rassasiés.
 
27 Travaillez en vue d’obtenir, non la nourriture qui périt, mais celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car c’est lui que Dieu le Père a marqué de son sceau.
Note Jean 6,27 : (?) Voir Matthieu, 3, 17 ; 17, 5 ; Jean, 1, 32.
 
28 Ils lui dirent donc : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ? 29 Jésus leur répondit : L’œuvre de Dieu est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.
Note Jean 6,29 : Voir 1 Jean, 3, 23. (?) ― « La foi à laquelle Notre-Seigneur réduit ici (et souvent ailleurs) tous ses préceptes, ne consiste pas seulement à croire à la parole du Christ ; c’est la foi qui se livre à lui sans réserve, la foi pénétrée de charité, s’unissant à son objet et communiant à tout ce qu’il est. » (CRAMPON)
 
30 Ils lui dirent : Quel miracle faites-vous donc, afin que nous voyions et que nous croyions en vous ? que faites-vous ? 31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu’il est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel.
Note Jean 6,31 : Voir Exode, 16, 14 ; Nombres, 11, 7 ; Psaumes, 77, 24 ; Sagesse, 16, 20. ― Dans le désert du Sinaï.
32 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel. 33 Car le pain de Dieu est celui qui descend du ciel, et qui donne la vie au monde.
 
34 Ils lui dirent donc : Seigneur, donnez-nous toujours ce pain. 35 Jésus leur dit : Je suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura pas faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
Note Jean 6,35 : Voir Ecclésiastique, 24, 29.
36 Mais, je vous l’ai dit, vous m’avez vu et vous ne croyez pas. 37 Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors.
Note Jean 6,37 : Tout ce que ; c’est-à-dire tous ceux que. Voir, pour cette énallage, Matthieu, 18, 11 (?).
38 Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. 39 Or la volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. 40 La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi-même je le ressusciterai au dernier jour.
 
41 Les Juifs murmuraient donc à son sujet, parce qu’il avait dit : Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel. 42 Et ils disaient : N’est-ce pas là Jésus, fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?
Note Jean 6,42 : Voir Matthieu, 13, 55 ; Marc, 6, 3.
43 Mais Jésus leur répondit : Ne murmurez pas entre vous. 44 Personne ne peut venir à moi, si le Père, qui m’a envoyé, ne l’attire ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. 45 Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque a entendu le Père, et a reçu son enseignement, vient à moi.
Note Jean 6,45 : Voir Isaïe, 54, 13.
46 Non que quelqu’un ait vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu ; celui-là a vu le Père.
Note Jean 6,46 : Voir Matthieu, 11, 27.
47 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. 48 Je suis le pain de vie. 49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts.
Note Jean 6,49 : Voir Exode, 16, 13.
50 Voici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure pas. 51 Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel.
 
52 Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde.
 
53 Les Juifs disputaient donc entre eux, en disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger ? 54 Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Note Jean 6,54 : Et ne buvez, etc. Voir Matthieu, 26, 27. « “Celui, dit saint Basile, qui est régénéré, qui a la vie par le baptême, doit l’entretenir en lui par la participation aux mystères sacrés.” C’est pour cela que l’Eglise fait un devoir rigoureux de s’approcher, au moins une fois chaque année, de la table du Seigneur. Il ne suit pas, d’ailleurs, de ces paroles, que tous doivent nécessairement recevoir Notre-Seigneur sous les deux espèces du pain et du vin ; car comme il arrive souvent dans le style biblique, la conjonction et est mise ici pour ou ; en outre, on sait que Jésus-Christ est présent tout entier sous chaque espèce. La communion sous les deux espèces n’est de rigueur que pour les prêtres qui offrent le sacrifice de la Messe, où l’immolation du Sauveur et l’effusion de son sang sont représentées par la distinction des espèces sacramentelles. » (CRAMPON)
55 Celui qui mange ma chair, et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. 56 Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage.
Note Jean 6,56 : Voir 1 Corinthiens, 11, 27.
57 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. 58 Comme le Père qui m’a envoyé est vivant, et que, moi, je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra aussi par moi.
 
59 C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme la manne, que vos pères ont mangée, après quoi ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.
 
60 Il dit ces choses en enseignant dans la synagogue, à Capharnaüm.
Note Jean 6,60 : Enseignant dans la synagogue. Voir Matthieu, 4, 23 et Luc, 4, 16.
61 Beaucoup de ses disciples, l’ayant entendu, dirent : Cette parole est dure, et qui peut l’écouter ? 62 Mais Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : Cela vous scandalise ?
Note Jean 6,62-63 : Vous ne croyez pas maintenant que je puisse vous donner ma chair à manger, et mes paroles à cet égard vous scandalisent ; mais en serait-il de même, si vous me voyiez monter au ciel ? Ce miracle ne vous prouverait-il pas la vérité de ce que je vous assure ?
63 Et si vous voyiez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ? 64 C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.
Note Jean 6,64 : La chair seule sans l’esprit ne sert à rien. C’est en vain que l’on reçoit le corps de Jésus-Christ d’une manière sensible et corporelle, si l’on ne le reçoit en esprit et par la foi. ― Les paroles de Jésus-Christ sont en effet esprit et vie, puisqu’elles contiennent la promesse d’un sacrement dans lequel on peut recevoir d’une manière miraculeuse, l’esprit la grâce et la vie dans sa source.
65 Mais il en est quelques-uns parmi vous qui ne croient pas. Car, dès le commencement, Jésus savait ceux qui ne croyaient pas, et quel était celui qui le trahirait.
 
66 Et Il disait : C’est pour cela que je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par mon Père. 67 Dès lors beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui. 68 Jésus dit donc aux douze : Et vous, est-ce que vous voulez aussi vous en aller ? 69 Simon-Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle. 70 Et nous, nous avons cru et nous avons connu que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu.
Note Jean 6,70 : Voir Matthieu, 16, 16 ; Marc, 8, 29 ; Luc, 9, 20.
71 Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisi au nombre de douze ? Et l’un de vous est un démon. 72 Il parlait de Judas Iscariote, fils de Simon ; car c’était lui qui devait le trahir, quoiqu’il fût l’un des douze.

Chapitre 7

 | 
 | 
Chap. : 
Les parents de Jésus veulent le persuader d’aller en Judée.
Jésus y va en secret.
Il enseigne publiquement dans le temple.
Ses reproches à ceux qui voulaient le faire mourir.
Il annonce l’effusion de l’Esprit de Dieu.
On veut en vain l’arrêter.
Nicodème prend sa défense.
1 Après cela, Jésus parcourait la Galilée ; car il ne voulait pas aller en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir. 2 Or la fête des Juifs, dite des Tabernacles (la Scénopégies, note), était proche.
Note Jean 7,2 : Voir Lévitique, 23, 34. ― La Scénopégie : c’est-à-dire la fête des Tabernacles. ― La fête des Tabernacles se célébrait tous les ans en mémoire du temps que les Hébreux, après avoir quitté l’Egypte, avaient vécu sous la tente dans le désert du Sinaï, voir Lévitique, 23, 40, et aussi pour remercier Dieu de la moisson et de la vendange, voir Deutéronome, 16, 13. Elle commençait le 15 du mois de Tischri (fin septembre) et durait sept jours. Pendant la semaine de la fête, les Juifs habitaient dans des tentes de feuillage, construites sur les toits plats des maisons ou dans les cours ou sur les places publiques, et c’est de là que venait le nom de Scénopégie.
3 Et ses frères lui dirent : Pars d’ici, et va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais.
Note Jean 7,3 ; 7.5 ; 7.10 : Ses frères. Voir Matthieu, 12, 46.
4 Car personne n’agit en secret, lorsqu’il cherche à paraître ; si tu fais ces choses, manifeste-toi au monde. 5 Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui. 6 Jésus leur dit donc : Mon temps n’est pas encore venu ; mais votre temps à vous est toujours prêt. 7 Le monde ne peut vous haïr ; mais moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises. 8 Vous, montez à cette fête ; pour moi, je ne monte pas à cette fête, parce que mon temps n’est pas encore accompli. 9 Aprés avoir dit cela, il demeura en Galilée. 10 Mais, lorsque ses frères furent partis, il monta, lui aussi, à la fête, non pas publiquement, mais comme en secret.
 
11 Les Juifs le cherchaient donc pendant la fête, et disaient : Où est-il ? 12 Et il y avait une grande rumeur dans la foule à son sujet. Car les uns disaient : C’est un homme de bien ; les autres disaient : Non, mais il séduit les foules. 13 Cependant personne ne parlait de lui publiquement, par crainte des Juifs.
 
14 Or, vers le milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il enseignait. 15 Et les Juifs s’étonnaient, disant : Comment connaît-il les lettres (Ecritures), lui qui n’a pas étudié ? 16 Jésus leur répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. 17 Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura, au sujet de ma doctrine, si elle est de Dieu, ou si je parle de moi-même. 18 Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé est véridique, et il n’y a pas d’injustice en lui. 19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Et aucun de vous n’accomplit la loi.
Note Jean 7,19 : Voir Exode, 24, 3.
20 Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? La foule répondit : Vous êtes possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à vous faire mourir ?
Note Jean 7,20 : Voir Jean, 5, 18.
21 Jésus leur répliqua et dit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés.
Note Jean 7,21 : Jésus parle ici de la guérison qu’il avait opérée sur le paralytique de la piscine un jour de sabbat. Voir Jean, 5, verset 9 et suivants.
22 Cependant Moïse vous a donné la circoncision (quoiqu’elle ne vienne pas de Moïse, mais des patriarches), et vous pratiquez la circoncision le jour du sabbat.
Note Jean 7,22 : Voir Lévitique, 12, 3 ; Genèse, 17, 10.
23 Si un homme reçoit la circoncision le jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi, parce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ? 24 Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice.
Note Jean 7,24 : Voir Deutéronome, 1, 16.
 
25 Quelques-uns, qui étaient de Jérusalem, disaient : N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à faire mourir ? 26 Et voilà qu’il parle publiquement, et ils ne lui disent rien. Est-ce que vraiment les autorités ont reconnu qu’il est le Christ ? 27 Mais Celui-ci, nous savons d’où il est ; or, quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est. 28 Jésus criait donc dans le temple, enseignant et disant : Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis. Je ne suis pas venu de moi-même ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez pas. 29 Moi, je le connais, parce que je viens de lui, et que c’est lui qui m’a envoyé. 30 Ils cherchaient donc à l’arrêter ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.
 
31 Mais, parmi la foule, beaucoup crurent en lui ; et ils disaient : Le Christ, lorsqu’il viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en fait celui-ci ?
 
32 Les pharisiens entendirent la foule murmurer ces choses à son sujet ; et de concert avec les chefs, ils envoyèrent des agents (archers) pour l’arrêter. 33 Jésus leur dit donc : Je suis encore avec vous pour un peu de temps, puis je m’en vais à celui qui m’a envoyé. 34 Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas ; et là où je serai, vous ne pouvez venir.
Note Jean 7,34 : Voir Jean, 13, 33.
35 Les Juifs dirent donc entre eux : Où ira-t-il, que nous ne le trouverons pas ? Ira-t-il vers ceux qui sont dispersés parmi les gentils, et instruira-t-il les gentils ?
Note Jean 7,35 : Chez les nations dispersées. Le texte porte littéralement : dans la dispersion des gentils, ce qui chez les Juifs signifiait les Israélites dispersés et vivants au milieu des païens. C’est le sens qu’a ici cette locution. Plus tard les Apôtres appliquaient cette dénomination aux chrétiens ou Juifs convertis dispersés au milieu des Gentils, voir Jacques, 1, 1 ; 1 Pierre, 1, 1.
36 Que signifie cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas, et là où je serai, vous ne pouvez venir ?
 
37 Le dernier jour, qui est le plus grand de la fête, Jésus se tenait debout, et criait, en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive.
Note Jean 7,37 : Voir Lévitique, 23, 27. ― Le dernier jour de la fête des Tabernacles, un lévite allait puiser de l’eau à Siloé (voir sur cette fontaine Jean, 9, 7) dans une urne d’or et on versait cette eau, dans le temple, sur la victime du sacrifice, en mémoire du miracle de Moïse faisant jaillir l’eau du rocher au Sinaï. C’est sans doute à cet usage, à cette eau et à cette fontaine que fait allusion le Sauveur, quand il dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.
38 Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture.
Note Jean 7,38 : Voir Isaïe, 44, 3 ; 58, 11 ; Joël, 2, 28 ; Actes des Apôtres, 2, 17.
39 Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car l’Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié. 40 Plusieurs donc, parmi la foule, ayant entendu ces paroles, disaient : Celui-ci est vraiment le prophète. 41 D’autres disaient : C’est le Christ. Mais quelques autres disaient : Est-ce que le Christ viendra de Galilée ? 42 L’Ecriture ne dit-elle pas que le Christ viendra de la race de David, et du bourg de Bethléem, où était David ?
Note Jean 7,42 : Voir Michée, 5, 2 ; Matthieu, 2, 6. ― Où était David ; c’est-à-dire où avait habité David.
43 Il y eut donc division dans la foule à son sujet. 44 Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui.
 
45 Les agents (archers) retournèrent donc vers les princes des prêtres et les pharisiens. Et ceux-ci leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?
Note Jean 7,45 : Les archers. Le texte porte les serviteurs.
46 Les agents répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme. 47 Les pharisiens leur répliquèrent : Est-ce que vous avez été séduits, vous aussi ? 48 Y a-t-il quelqu’un des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui ? 49 Mais cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits. 50 Nicodème, celui qui était venu trouver Jésus la nuit, et qui était l’un d’entre eux, leur dit :
Note Jean 7,50 : Voir Jean, 3, 2. ― Nicodème. Voir plus haut, Jean, 3, 1.
51 Notre loi condamne-t-elle un homme sans qu’on l’entende d’abord, et sans qu’on sache ce qu’il a fait ?
Note Jean 7,51 : Voir Deutéronome, 17, 8 ; 19, 15.
52 Ils lui répondirent : Es-tu Galiléen, toi aussi ? Scrute les Ecritures, et tu verras que de la Galilée il ne sort pas de prophète.
Note Jean 7,52 : Et tu verras ; littéralement et vois ; ce qui est un pur hébraïsme.
 
53 Et ils s’en retournèrent chacun dans sa maison.

Chapitre 8

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Femme adultère présentée à Jésus-Christ.
Jésus lumière du monde.
Son Père lui rend témoignage.
Impénitence des Juifs prédite.
Crucifiement annoncé.
Qui commet le péché est esclave du péché.
Vrais enfants d’Abraham.
Le démon est le père du mensonge.
Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu.
Jésus outragé laisse la défense de sa gloire à son Père.
Il déclare qu’il est avant Abraham.
Jean 8, 1-12 : Jésus et la femme adultère - Gravure de Gustave Doré
Jean 8, 1-12 : Jésus et la femme adultère - Gravure de Gustave Doré
1 Or Jésus se rendit sur la montagne des Oliviers.
Note Jean 8,1 : A la montagne des Oliviers. Voir Matthieu, 21, 1.
2 Et, de grand matin, il vint de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait.
 
3 Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère ; et ils la placèrent au milieu de la foule. 4 Et ils dirent à Jésus : Maître, cette femme vient d’être surprise en adultère. 5 Or Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Vous donc, que dites-vous ?
Note Jean 8,5 : Voir Lévitique, 20, 10. ― Dans la loi. Voir Deutéronome (?), 20, vv. 22, 24.
6 Ils disaient cela pour le tenter, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, se baissant, écrivait avec son doigt sur la terre. 7 Et comme ils persistaient à l’interroger, il se releva, et leur dit : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier.
Note Jean 8,7 : Voir Deutéronome, 17, 7.
8 Puis, se baissant de nouveau, il écrivait sur la terre. 9 Mais, ayant entendu cela, ils se retirèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés ; et Jésus demeura seul avec cette femme, qui était debout au milieu. 10 Alors Jésus, se relevant, lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? 11 Elle dit : Personne, Seigneur. Jésus lui dit : Moi non plus, je ne te condamnerai pas ; va, et désormais ne pèche plus.
 
12 Jésus leur parla de nouveau, en disant : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
Note Jean 8,12 : Voir 1 Jean, 1, 5.
13 Les pharisiens lui dirent donc : Vous vous rendez témoignage à vous-même ; votre témoignage n’est pas vrai.
Note Jean 8,13 : N’est pas vrai ; c’est-à-dire n’est pas valable, n’est pas acceptable.
14 Jésus leur répondit : Quoique je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d’où je viens, et où je vais ; mais vous, vous ne savez pas d’où je viens, ni où je vais. 15 Vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne ; 16 et si je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul ; mais je suis avec le Père, qui m’a envoyé. 17 Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai.
Note Jean 8,17 : Voir Deutéronome, 17, 6 ; 19, 15 ; Matthieu, 18, 16 ; 2 Corinthiens, 13, 1 ; Hébreux, 10, 28.
18 Or je me rends témoignage à moi-même ; et le Père, qui m’a envoyé, me rend aussi témoignage. 19 Ils lui disaient donc : Où est votre Père ? Jésus leur répondit : Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. 20 Jésus dit ces choses, enseignant dans le temple, au lieu où était le trésor ; et personne ne l’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue.
Note Jean 8,20 : Où est le trésor, le tronc pour recevoir les aumônes. Voir Marc, 12, 41.
 
21 Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où je vais, vous ne pouvez venir. 22 Les Juifs disaient donc : Est-ce qu’il se tuera lui-même, puisqu’il dit : Là où je vais, vous ne pouvez venir ? 23 Et il leur dit : Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. 24 Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché. 25 Ils lui dirent donc : Qui êtes-vous ? Jésus leur répondit : Je suis le principe, moi qui vous parle. 26 J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai appris de lui, je le dis dans le monde.
Note Jean 8,26 : Voir Romains, 3, 4.
27 Ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père. 28 Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné. 29 Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. 30 Comme il disait ces choses, beaucoup crurent en lui.
 
31 Jésus disait donc aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, 32 et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. 33 Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne ; comment dites-vous : Vous serez libres ? 34 Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché.
Note Jean 8,34 : Voir Romains, 6, verset 15 et suivants ; 7, verset 14 et suivants ; 2 Pierre, 2, 19.
35 Or l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours. 36 Si donc le fils vous met en liberté, vous serez vraiment libres.
Note Jean 8,36 : Le Fils de Dieu. Bossuet : « Et quelle liberté vous donnera-t-il, sinon celle qu’il a voulu pour lui-même ? C’est-à-dire d’être dépendant de Dieu seul, dont il est si doux de dépendre, et le service duquel vaut mieux qu’un royaume, parce que cette même soumission qui nous met au-dessous de Dieu, nous met en même temps au-dessus de tout. »
37 Je sais que vous êtes fils d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole n’a pas prise sur vous. 38 Moi, je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez vu chez votre père. 39 Ils lui répondirent : Notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes fils d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham. 40 Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi (homme) qui vous ai dit la vérité, que j’ai entendue de Dieu ; cela, Abraham ne l’a pas fait.
Note Jean 8,40 : Loin de là ; c’est-à-dire loin de faire les œuvres d’Abraham, vous cherchez, etc. C’est le seul sens conforme à la Vulgate aussi bien qu’au texte grec.
41 Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants de fornication ; nous avons un seul père, Dieu. 42 Jésus leur dit donc : Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je suis venu ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. 43 Pourquoi ne connaissez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez entendre ma parole. 44 Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et père du mensonge.
Note Jean 8,44 : Voir 1 Jean, 3, 8.
45 Mais moi, quand je dis la vérité, vous ne me croyez pas. 46 Qui de vous me convaincra de péché ? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? 47 Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu. C’est pour cela que vous n’écoutez pas, parce que vous n’êtes pas de Dieu.
Note Jean 8,47 : Voir 1 Jean, 4, 6.
 
48 Les Juifs lui répondirent donc, et lui dirent : N’avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain et un possédé du démon ?
Note Jean 8,48 : Un Samaritain, terme injurieux, puisque les Samaritains étaient schismatiques et ennemis des Juifs.
49 Jésus répondit : Je ne suis pas possédé du démon, mais j’honore mon Père ; et vous, vous me déshonorez. 50 Pour moi, je ne cherche pas ma propre gloire ; il est quelqu’un qui la cherche, et qui juge. 51 En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. 52 Les Juifs lui dirent : Maintenant nous connaissons que vous êtes possédé du démon. Abraham est mort, et les prophètes aussi ; et vous dites : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais la mort. 53 Etes-vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort, et que les prophètes, qui sont morts aussi ? Qui prétendez-vous être ? 54 Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu. 55 Et vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais ; et si je disais que je ne le connais pas, je serais semblable à vous, un menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole. 56 Abraham, votre père, a tressailli de joie, désirant voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui. 57 Les Juifs lui dirent : Vous n’avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham ?
Note Jean 8,57 : Cinquante ans. « Notre-Seigneur était beaucoup plus jeune, mais la cinquantième année était chez les juifs le terme fixé pour l’âge viril, l’âge parfait. C’est comme s’ils avaient dit : Vous n’avez pas encore atteint l’âge parfait, et vous avez vu Abraham ! » (CRAMPON)
58 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis.
Note Jean 8,58 : Avant qu’Abraham eût été fait. La traduction ordinaire : Avant qu’Abraham fût, est, selon la remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l’être d’Abraham et celui de Jésus-Christ n’étaient ni les mêmes en soi ni expliqués par le même mot. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe être fait, et pour Jésus-Christ, être, exister.
 
59 Ils prirent donc des pierres, pour les jeter sur lui ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

Chapitre 9

 | 
 | 
Chap. : 
Aveugle-né guéri par Jésus-Christ.
Enquête des pharisiens sur ce miracle.
Ils chassent de la synagogue celui qui avait été guéri.
Instruit par Jésus-Christ, il se prosterne et l’adore.
Double jugement exercé par Jésus-Christ.
1 Jésus, en passant, vit un homme aveugle de naissance. 2 Et ses disciples lui demandèrent : Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?
Note Jean 9,2 : « Beaucoup de Juifs étaient imbus de la fausse opinion que tout mal physique était la peine d’un péché personnel ou des parents (comparer à Exode, 20, 5). Mais comment un aveugle-né pourrait-il avoir mérité de naître ainsi ? Quelques rabbins enseignaient qu’un enfant pouvait pécher dès le sein de sa mère ; d’ailleurs, comme le remarque Denys le Chartreux, les Apôtres pouvaient s’imaginer que l’aveugle avait reçu ce châtiment par anticipation, pour des fautes qu’il devait commettre plus tard, fautes déjà présentes à la préscience divine. » (CRAMPON)
3 Jésus répondit : Ni lui n’a péché, ni ses parents ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. 4 Il faut que j’accomplisse les œuvres de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il est jour ; la nuit vient, pendant laquelle personne ne peut travailler. 5 Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. 6 Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive ; puis il oignit de cette boue les yeux de l’aveugle. 7 Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (nom qui signifie Envoyé). Il y alla donc, se lava, et revint voyant (clair).
Note Jean 9,7 : Va à la piscine de Siloé. La fontaine de Siloé est située au pied du mont Ophel, regardant l’est et le village de Siloam qui fait face à Jérusalem, sur le versant septentrional de la vallée de Ben-Hinnom. On descend par un escalier de dix-sept marches sur un palier voûté en ogive et long de 3 m. 50 sur autant de largeur et de hauteur et ayant pour fond le rocher. Un autre escalier de quinze marches taillées dans le roc conduit à la fontaine même. Elle est irrégulièrement intermittente et l’eau en est légèrement saumâtre. Le réservoir est rectangulaire ; il a seize mètres de long environ, sur six mètres de large et six mètres de profondeur. L’eau arrive par un canal creusé dans le roc. Une inscription hébraïque découverte en 1880 et datant vraisemblablement du règne d’Ezéchias nous apprend que le tunnel qui a été percé dans la montagne pour amener l’eau à Siloé fut entrepris par les deux extrémités à la fois. Il fait des zigzags et a 535 mètres de longueur. La source qui alimente la piscine de Siloé en passant par cet aqueduc souterrain est celle qu’on appelle aujourd’hui la Fontaine de la Vierge, la seule source naturelle qui soit proche de Jérusalem, cette ville n’ayant en outre que les citernes recueillant l’eau de pluie et les eaux conduites autrefois à grands frais des vasques de Salomon au sud de Bethléem. La Fontaine de la Vierge est située au fond d’une excavation taillée dans le roc, sur le versant oriental du mont Ophel. On y descend par un escalier de trente marches. La grotte est à environ huit mètres de profondeur. Le bassin a trois mètres et demi de long et un mètre soixante centimètres de large. La source est intermittente ; pendant l’hiver, à la saison des pluies, l’eau coule de trois à cinq fois par jour, à intervalles irréguliers ; pendant l’été elle ne coule que deux fois, et une fois seulement pendant l’automne. On suppose que l’eau provient d’un réservoir naturel caché sous le mont Moriah, au-dessous du temple.
 
8 De sorte que ses voisins, et ceux qui l’avaient vu auparavant mendier, disaient : N’est-ce pas là celui qui était assis, et qui mendiait ? Les uns disaient : C’est lui. 9 Et d’autres : Nullement, mais c’est quelqu’un qui lui ressemble. Mais lui, il disait : C’est moi. 10 Ils lui dirent donc : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? 11 Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, et en a oint mes yeux, puis il m’a dit : Va à la piscine de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, et je me suis lavé, et je vois. 12 Ils lui dirent : Où est-il ? Il répondit : Je ne sais pas.
 
13 Ils amenèrent aux pharisiens celui qui avait été aveugle. 14 Or c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. 15 Les pharisiens lui demandèrent donc aussi comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, et je me suis lavé, et je vois. 16 Là-dessus, quelques-uns des pharisiens disaient : Cet homme ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un homme pécheur pourrait-il faire de tels miracles ? Et il y avait division entre eux. 17 Ils dirent donc de nouveau à l’aveugle : Toi, que dis-tu de celui qui t’a ouvert les yeux ? Il répondit : C’est un prophète.
 
18 Mais les Juifs ne crurent pas qu’il eût été aveugle, et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir ses parents. 19 Et ils les interrogèrent, en disant : Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? 20 Les parents répondirent, en disant : Nous savons que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle ; 21 mais comment voit-il maintenant ? nous ne le savons pas ; ou qui lui a ouvert les yeux ? nous l’ignorons. Interrogez-le, il a l’âge ; qu’il parle pour lui-même. 22 Ses parents dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs étaient déjà convenus ensemble que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait chassé de la synagogue.
Note Jean 9,22 : Il serait chassé de la synagogue ; c’est-à-dire qu’on ne lui permettrait plus d’entrer dans aucune synagogue pour y entendre la lecture de l’Ecriture et y prier avec les autres Israélites.
23 C’est pour cela que ses parents dirent : Il a l’âge ; interrogez-le lui-même.
 
24 Ils appelèrent donc une seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : Rends gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur. 25 Il leur dit : Si c’est un pécheur, je ne sais ; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois. 26 Ils lui dirent donc : Que t’a-t-il fait ? comment t’a-t-il ouvert les yeux ? 27 Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et vous l’avez entendu ; pourquoi voulez-vous l’entendre de nouveau ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ? 28 Alors ils l’accablèrent d’injures, et dirent : Toi, sois son disciple ; nous, nous sommes disciples de Moïse. 29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est. 30 Cet homme leur répondit, et dit : C’est ceci qui est étonnant, que vous ne sachiez pas d’où il est, et qu’il m’ait ouvert les yeux. 31 Or nous savons que Dieu n’exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. 32 Jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. 33 Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. 34 Ils lui répondirent : Tu es né tout entier dans le péché, et tu veux nous enseigner ? Et ils le jetèrent dehors.
 
35 Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors ; et l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ? 36 Il lui répondit, et dit : Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? 37 Et Jésus lui dit : Tu l’as vu, et celui qui te parle, c’est lui. 38 Il répondit : Je crois, Seigneur. Et se prosternant, il l’adora. 39 Alors Jésus dit : C’est pour un jugement que je suis venu dans ce monde, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.
Note Jean 9,39 : C’est en jugement ; c’est pour exercer un jugement, et par ce jugement manifester les desseins de Dieu sur les hommes.
40 Quelques pharisiens, qui étaient avec lui, l’entendirent et lui dirent : Est-ce que nous sommes aveugles, nous aussi ? 41 Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais maintenant vous dites : Nous voyons ; c’est pour cela que votre péché demeure.
Note Jean 9,41 : Au contraire. La traduction maintenant est inexacte. Comparer à Jean, 8, 40. (?)

Chapitre 10

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Faux et vrai pasteur.
Jésus est la porte des brebis ; il est le bon pasteur.
Caractère du mercenaire.
Brebis réunies sous un seul pasteur.
Jésus quitte sa vie pour la reprendre.
Les brebis de Jésus entendent sa voix.
Les Juifs veulent le lapider.
Il prouve sa divinité par ses œuvres.
1 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un larron.
Note Jean 10,1 : Le bercail en Orient est ordinairement un enclos en plein air, dont l’enceinte consiste en un mur grossièrement fait de pierres ou en une palissade. C’est là qu’on enferme les troupeaux la nuit. Le berger entre par la porte avec ses brebis, mais le voleur pour y pénétrer monte par dessus le mur ou la palissade.
2 Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. 3 A celui-ci le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle ses propres brebis par leur nom, et il les fait sortir. 4 Et lorsqu’il a fait sortir ses propres brebis, il va devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. 5 Elles ne suivent pas un étranger, mais elles le fuient ; car elles ne connaissent pas la voix des étrangers.
 
6 Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. 7 Jésus leur dit donc encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. 8 Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont pas écoutés.
Note Jean 10,8 : « Tous ceux qui sont venus avant moi » et en dehors de moi : la plupart des Scribes et des Pharisiens. Ces deux mots manquent dans la Vulgate. ― Les brebis, les pieux Israélites.
9 Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. 10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient plus abondamment. 11 Je suis le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.
Note Jean 10,11 : Voir Isaïe, 40, 11 ; Ezéchiel, 34, 23 ; 37, 24. ― On sait que dans les catacombes les premiers chrétiens ont représenté des milliers de fois Notre-Seigneur sous la forme du Bon Pasteur.
12 Mais le mercenaire, et celui qui n’est pas pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, et abandonne les brebis, et s’enfuit ; et le loup ravit et disperse les brebis. 13 Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met pas en peine des brebis. 14 Je suis le bon pasteur, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15 comme le Père me connaît et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
Note Jean 10,15 : Voir Matthieu, 11, 27 ; Luc, 10, 22.
16 J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les amène, et elles écouteront ma voix, et il n’y aura qu’une seule bergerie et qu’un seul pasteur.
Note Jean 10,16 : D’autres brebis, les Gentils. ― Il n’y aura plus, après ma mort, qu’un bercail : le mur de séparation entre le judaïsme et le paganisme sera renversé (voir Ephésiens, 2, verset 14 et suivants ; Colossiens, 2, 15).
17 C’est pour cela que le Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre de nouveau.
Note Jean 10,17 : Voir Isaïe, 53, 7.
18 Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père.
 
19 Il y eut encore une division parmi les Juifs, à cause de ces paroles. 20 Beaucoup d’entre eux disaient : Il est possédé du démon, et il a perdu le sens ; pourquoi l’écoutez-vous ? 21 D’autres disaient : Ce ne sont pas là les paroles d’un homme possédé du démon ; le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?
 
22 Or on faisait à Jérusalem la fête de la Dédicace ; et c’était l’hiver.
Note Jean 10,22 : Voir 1 Machabées, 4, vv. 56, 59. ― « La fête de la dédicace remontait à l’an 164, où Judas Machabée, ayant délivré Jérusalem, avait brisé l’idole de Jupiter Olympien, placée dans le sanctuaire, et purifié le temple des profanations commises trois ans auparavant par Antiochus Epiphane. Elle durait huit jours et se célébrait à l’entrée de l’hiver, comme saint Jean en fait la remarque pour ses lecteurs, étrangers à la Judée. » (L. BACUEZ.)
23 Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon.
Note Jean 10,23 : « La galerie couverte où se promenait Notre-Seigneur s’appelait portique de Salomon parce qu’elle était bâtie sur une terrasse élevée par Salomon. Peut-être y voyait-on encore quelques restes de l’ancien temple. [Elle s’étendait parallèlement à la vallée de Josaphat et formait le côté oriental de l’enceinte du temple.] On découvrait de là la colline des Oliviers et toute la vallée du Cédron. Le Sauveur et les Apôtres s’y tenaient de préférence, parce qu’elle était ouverte aux Gentils aussi bien qu’aux Juifs. » (L. BACUEZ.)
24 Les Juifs l’entourèrent donc, et lui dirent : Jusqu’à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ, dites-le nous clairement. 25 Jésus leur répondit : Je vous parle, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent elles-mêmes témoignage de moi. 26 Mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. 27 Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. 29 Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses, et personne ne peut le ravir de la main de mon Père. 30 Moi et le Père, nous ne sommes qu’un.
 
31 Alors les Juifs prirent des pierres, pour le lapider. 32 Jésus leur dit : Je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres, venant de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? 33 Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème, et parce qu’étant homme, vous vous faites Dieu. 34 Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ?
Note Jean 10,34 : Voir Psaumes, 81, 6.
35 Si elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée (et l’Ecriture ne peut être détruite), 36 comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? 37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. 38 Mais si je les fais, et si vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi dans le Père. 39 Ils cherchaient donc à le saisir, mais il s’échappa de leurs mains. 40 Et il s’en alla de nouveau au-delà du Jourdain, dans le lieu où Jean avait d’abord baptisé ; et il demeura là.
Note Jean 10,40 : Jean Baptiste.
41 Beaucoup vinrent à lui ; et ils disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; 42 mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. Et beaucoup crurent en lui.

Chapitre 11

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Maladie et mort de Lazare.
Jésus va à Béthanie pour le ressusciter.
Entretien de Marthe avec Jésus.
Jésus ressuscite Lazare.
Les Juifs veulent perdre Jésus.
Caïphe prophétise.
Jésus se retire à Ephrem.
Les Juifs cherchent l’occasion de le prendre.
1 Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, le bourg de Marie et de Marthe, sa sœur.
Note Jean 11,1-2 : Béthanie, voir Matthieu, 21, 17. ― Marie Madeleine, voir Matthieu, 27, 56. ― Marthe, voir Luc, 10, 38. L’Evangéliste suppose connus de ses lecteurs les détails donnés par saint Matthieu et saint Luc sur cette famille aimée du Seigneur. Voir les concordances.
2 Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum, et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux ; Lazare, qui était malade, était son frère.
Note Jean 11,2 : Voir Matthieu, 26, 7 ; Luc, 7, 37 ; Jean, 12, 3.
3 Ses sœurs envoyèrent donc dire à Jésus : Seigneur, voici que celui que vous aimez est malade.
Note Jean 11,3 : « Souvent, on dit à Jésus dans son Evangile : venez Seigneur, et guérissez ; imposez vos mains, touchez le malade, ici on dit simplement : Celui que vous aimez est malade. Jésus entend la voix du besoin d’autant plus que cette manière de le prier a quelque chose, non seulement de plus respectueux et de plus soumis, mais encore de plus tendre. Qu’elle est aimable cette prière ! Pratiquons-la, principalement pour les maladies de l’âme. » (BOSSUET.)
4 Entendant cela, Jésus leur dit : Cette maladie n’est (ne va) pas à la mort ; mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. 5 Or Jésus aimait Marthe, et Marie sa sœur, et Lazare.
 
6 Ayant donc appris qu’il était malade, il resta cependant deux jours encore dans le même lieu. 7 Il dit ensuite à ses disciples : Retournons en Judée. 8 Ses disciples lui dirent : Maître, les Juifs cherchaient récemment à vous lapider, et vous retournez là ? 9 Jésus répondit : Le jour n’a-t-il pas douze heures ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ;
Note Jean 11,9 : N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Les Juifs partageaient le jour de différentes manières.
10 mais, s’il marche pendant la nuit, il se heurte, parce qu’il n’a pas de lumière en lui. 11 Après ces paroles, il leur dit : Lazare, notre ami, dort ; mais je vais le réveiller. 12 Ses disciples lui dirent donc : Seigneur, s’il dort, il sera sauvé. 13 Or Jésus avait parlé de sa mort ; mais ils crurent qu’il parlait de l’assoupissement du sommeil. 14 Jésus leur dit donc alors clairement : Lazare est mort ; 15 et je me réjouis, à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez. Mais allons auprès de lui. 16 Thomas, appelé Didyme, dit alors aux autres disciples : Allons-y, nous aussi, et mourons avec lui.
Note Jean 11,16 : Didyme signifie en grec jumeau. Thomas a en hébreu le même sens. Une tradition dit qu’il avait une sœur jumelle appelée Lydie.
 
17 Jésus vint donc, et il trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le tombeau. 18 Or Béthanie était près de Jérusalem, à environ quinze stades.
Note Jean 11,18 : A environ quinze stades, un peu moins de trois kilomètres.
19 Beaucoup de Juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie, pour les consoler au sujet de leur frère. 20 Dès que Marthe eut appris que Jésus venait, elle alla au-devant de lui ; mais Marie était assise dans la maison. 21 Marthe dit donc à Jésus : Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. 22 Mais je sais que, maintenant encore, tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera. 23 Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera. 24 Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.
Note Jean 11,24 : Voir Luc, 14, 14 ; Jean, 5, 21 (?).
25 Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra,
Note Jean 11,25 : Voir Jean, 6, 40. ― C’est moi qui suis, etc. ; c’est-à-dire c’est moi qui ressuscite et qui vivifie. Pour donner plus d’énergie au discours, les Hébreux employaient souvent les noms abstraits pour les noms concrets.
26 et quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ? 27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu dans ce monde.
 
28 Lorsqu’elle eut dit ces choses, elle s’en alla, et appela Marie, sa sœur, à voix basse, en disant : Le Maître est là, et il te demande. 29 Dès que Marie eut entendu, elle se leva aussitôt, et alla auprès de lui. 30 Car Jésus n’était pas encore entré dans le bourg ; mais il était encore dans le lieu où Marthe l’avait rencontré.
Jean 11, 31-45 : Résurrection de Lazare - Gravure de Gustave Doré
Jean 11, 31-45 : Résurrection de Lazare - Gravure de Gustave Doré
31 Cependant, les Juifs qui étaient avec Marie dans la maison, et qui la consolaient, l’ayant vue se lever promptement et sortir, la suivirent, en disant : Elle va au sépulcre, pour y pleurer. 32 Lorsque Marie fut venue là où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. 33 Jésus, lorsqu’il la vit pleurer, et qu’il vit les Juifs qui étaient venus avec elle pleurer aussi, frémit en son esprit, et se troubla lui-même. 34 Et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui dirent : Seigneur, venez et voyez. 35 Et Jésus pleura. 36 Les Juifs dirent donc : Voyez comme il l’aimait. 37 Mais quelques-uns d’entre eux dirent : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle-né, ne pouvait-il pas faire que celui-ci ne mourût pas ?
Note Jean 11,37 : Voir Jean, 9, 6.
 
38 Jésus, frémissant donc de nouveau en lui-même, vint au sépulcre. C’était une grotte, et une pierre était placée par-dessus.
Note Jean 11,38 : C’était une grotte. « Le tombeau de saint Lazare fut vénéré dès les premiers temps du Christianisme. La petite porte du tombeau regarde le nord. L’entrée est obscure et difficile. [On y descend par] vingt-trois marches toutes usées. Le tombeau est une grotte souterraine pratiquée dans le rocher, mais ce rocher est dissous depuis longtemps, de sorte qu’on le prendrait facilement pour de la terre argileuse, excepté la partie avoisinant l’entrée où il a conservé toute sa dureté primitive. Ce changement est cause que nous trouvons aujourd’hui ce monument revêtu d’une maçonnerie dont la voûte est en ogive. [Il] se compose de deux chambres carrées, presque de même grandeur, d’à peu près trois mètres de long sur autant de large, et revêtues d’une maçonnerie assez grossière. La première est la chambre où se trouvait Notre-Seigneur quand il ressuscita Lazare. Du côté de l’est, on remarque une porte cintrée qui est murée depuis des siècles. Cette porte est précisément à l’entrée primitive du tombeau. Par une ouverture qui se trouve dans la paroi nord, on peut regarder dans le sépulcre proprement dit. De cette chambre on descend par un escalier bas et étroit de trois marches dans la chambre sépulcrale. La voûte en est légèrement ogivale. Quant à la couche funèbre de saint Lazare, nous ne savons plus si elle avait la forme de four à cercueil, d’auge ou de banc ; mais si l’on considère la forme carrée de la chambre, il paraît probable que cette couche était un banc surmonté d’un arceau. Cette chambre était disposée pour en contenir encore deux autres, ainsi qu’on en voit d’ailleurs en grand nombre, chacune des trois parois ayant son banc, tandis que celle où se trouve la porte d’entrée reste libre. » (LIEVIN DE HAMME.) ― Une pierre était posée dessus. « Selon l’usage, une pierre fermait l’entrée de la grotte ; mais le corps de Lazare était au fond de la grotte, dans une chambre sépulcrale. Une pierre recouvrait la tombe proprement dite creusée dans le roc où était le corps de Lazare. Il y avait donc deux pierres à ôter : l’une qui permettait d’entrer dans la grotte, dans le monument ; l’autre, la véritable pierre tombale, dont l’encastrement dans le roc vif se voit encore. Ce fut celle-ci que Jésus ordonna de lever et qui laissa voir Lazare les pieds et les mains enveloppés de ses suaires. L’Evangéliste n’a mentionné naturellement que la pierre tombale qui recouvrait Lazare. Jésus avait dû descendre d’abord dans le monument par un escalier profond taillé dans le roc, puis de là descendre dans la chambre sépulcrale où Lazare avait été mis. » (J.-H. MICHON.)
39 Jésus dit : Otez la pierre. Marthe, la sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais ; car il y a quatre jours qu’il est là. 40 Jésus lui dit : Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? 41 Ils enlevèrent donc la pierre. Et Jésus, levant les yeux en haut, dit : Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez écouté. 42 Pour moi, je savais que vous m’écoutez toujours ; mais je parle ainsi à cause du peuple qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé. 43 Ayant dit cela, il cria d’une voix forte : Lazare, viens dehors. 44 Et aussitôt le mort sortit, ayant les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : Déliez-le, et laissez-le aller.
Note Jean 11,44 : De bandelettes. On enveloppait les cadavres d’une grande quantité de bandelettes à la façon des Egyptiens.
 
45 Beaucoup donc d’entre les Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et de Marthe, et qui avaient vu ce qu’avait fait Jésus, crurent en lui. 46 Mais quelques-uns d’entre eux allèrent trouver les pharisiens, et leur dirent ce qu’avait fait Jésus. 47 Les princes des prêtres (pontifes) et les pharisiens assemblèrent donc le conseil ; et ils disaient : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles.
Note Jean 11,47 : Le conseil, le sanhédrin. ― Les pontifes et les pharisiens assemblèrent le conseil. Suivant une ancienne tradition, le conseil fut assemblé à la maison de campagne de Caïphe, située sur le mont du Mauvais Conseil, qui a tiré de là son nom. Ce mont est à l’ouest de Jérusalem et forme la limite méridionale de la vallée de Ben-Hinnom.
48 Si nous le laissons agir ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ruineront notre ville et notre nation.
Note Jean 11,48 : Les Romains viendront et ruineront notre pays. ― Les Romains viendront, et ils détruiront notre ville, notre temple et toute notre nation. C’est le prétexte dont ils couvraient leur intérêt caché et leur ambition. Le bien public impose aux hommes, et peut-être que les pontifes et les pharisiens en étaient véritablement touchés, car la politique mal entendue est le moyen le plus sûr pour jeter les hommes dans l’aveuglement et les faire résister à Dieu.
49 Mais l’un d’eux, nommé Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien, 50 et vous ne réfléchissez pas qu’il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse pas. 51 Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation, 52 et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui étaient dispersés.
Note Jean 11,52 : Les enfants de Dieu : l’Evangéliste appelle ainsi les Gentils par anticipation.
53 A partir de ce jour, ils pensaient donc à le faire mourir. 54 C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une région voisine du désert, dans une ville nommée Ephrem, et il demeurait là avec ses disciples.
Note Jean 11,54 : Ephrem, ville dont la situation n’est pas bien connue. Elle était dans le voisinage de Béthel, d’après Josèphe, et par conséquent au nord de Jérusalem.
 
55 Or la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup montèrent de cette région à Jérusalem avant la Pâque, pour se purifier.
Note Jean 11,55 : La Pâque des Juifs. Voir Matthieu, 26, 2. ― Pour se purifier : ceux qui avaient commis quelque faute, encouru quelque impureté légale, désiraient se purifier d’avance à Jérusalem, afin de pouvoir, immédiatement après, célébrer convenablement la Pâque.
56 Ils cherchaient donc Jésus, et se disaient les uns aux autres, debout dans le temple : Que pensez-vous de ce qu’il n’est pas venu à la fête ? Mais les princes des prêtres et les pharisiens avaient donné ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin qu’on le saisît.

Chapitre 12

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Marie parfume les pieds de Jésus.
Murmures de Judas.
Les Juifs veulent tuer Lazare.
Entrée de Jésus à Jérusalem ; des gentils demandent à le voir.
Discours de Jésus à cette occasion.
Trouble de Jésus.
Voix du ciel.
Puissance de la croix.
Marcher pendant la lumière.
Incrédulité des Juifs.
La parole de Jésus condamnera ceux qui ne la reçoivent pas.
Jean 12, 1-8 : Marie Madeleine repentante - Gravure de Gustave Doré
Jean 12, 1-8 : Marie Madeleine repentante - Gravure de Gustave Doré
1 Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était mort Lazare, qu’il avait ressuscité.
Note Jean 12,1 : Voir Matthieu, 26, 6 ; Marc, 14, 3.
2 On lui fit là un souper ; et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. 3 Alors Marie prit une livre de parfum de vrai nard, d’un grand prix, et en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum.
Note Jean 12,3 : Une livre de parfum. Voir Matthieu, note 26.7. La livre valait 326 grammes. Les vases à parfum trouvés à Saïda peuvent contenir plus d’une livre de parfum. ― Nard. Voir Marc, note 14.3.
4 Un de ses disciples, Judas Iscariote, qui devait le trahir, dit : 5 Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, qu’on aurait donnés aux pauvres ?
Note Jean 12,5 : Voir Marc, 14, 5.
6 Il disait cela, non parce qu’il se souciait des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il prenait ce qu’on y mettait. 7 Jésus dit donc : Laissez-la, afin qu’elle réserve ce parfum pour le jour de ma sépulture. 8 Car vous avez toujours des pauvres avec vous ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours.
 
9 Une grande multitude de Juifs apprirent qu’il était là, et ils vinrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité d’entre les morts. 10 Or les princes des prêtres pensèrent à faire mourir aussi Lazare, 11 parce que beaucoup d’entre les Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.
 
12 Le lendemain, une foule nombreuse, qui était venu pour la fête, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem,
Note Jean 12,12 : Le lendemain, dimanche ; c’était le jour où, d’après la Loi (voir Exode, 12, 3-6), on choisissait l’agneau qui devait être immolé pour la Pâque. Notre-Seigneur voulut entrer triomphalement dans la capitale, afin de montrer à tous qu’il était le Messie annoncé par les Prophètes, et d’attirer sur sa personne, sur sa passion et sa mort l’attention de tous ceux qui étaient alors à Jérusalem.
13 prit des branches de palmier, et alla au-devant de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le (comme) roi d’Israël !
Note Jean 12,13 : Comme roi d’Israël. C’est le vrai sens du texte. Comparer à Luc, 19, 38. ― Hosanna. Voir Matthieu, 21, 9.
14 Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, ainsi qu’il est écrit :
Note Jean 12,14 : Voir Zacharie, 9, 9 ; Matthieu, 21, 7 ; Marc, 11, 7 ; Luc, 19, 35.
15 Ne crains pas, fille de Sion ; voici ton roi, qui vient assis sur le petit d’une ânesse. 16 Les disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais, après que Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent alors qu’elles avaient été écrites à son sujet, et qu’ils les lui avaient faites. 17 La foule qui était avec lui lorsqu’il avait appelé Lazare du tombeau, et l’avait ressuscité d’entre les morts, lui rendait témoignage. 18 C’est pour cela aussi que la foule vint au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle. 19 Les pharisiens dirent donc entre eux : Voyez-vous que nous ne gagnons rien ? voilà que tout le monde va après lui.
 
20 Or il y avait là quelques gentils, de ceux qui étaient montés pour adorer au jour de la fête. 21 Ils s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée ; et ils le priaient, en disant : Seigneur, nous voulons voir Jésus.
Note Jean 12,21 : Bethsaïde en Galilée. Voir Matthieu, 11, 21.
22 Philippe vint, et le dit à André ; puis André et Philippe le dirent à Jésus. 23 Jésus leur répondit : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. 24 En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment qui tombe en terre ne meurt pas, 25 il demeure seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde, la conserve pour la vie éternelle.
Note Jean 12,25 : Voir Matthieu, 10, 39 ; 16, 25 ; Marc, 8, 35 ; Luc, 9, 24 ; 17, 33. ― Sa vie, littéralement son âme (anima), principe de la vie terrestre. Haïr son âme, c’est faire toute espèce de sacrifices, accepter toutes espèces de souffrances, pour rester fidèle à Dieu et conserver sa grâce. Ces fortes expressions renferment à la fois le précepte et le conseil. ― Il reste seul. Belle expression pour rendre l’idée d’infécondité, de stérilité complète.
26 Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et là où je suis, mon serviteur sera aussi. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. 27 Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Père, délivrez-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure. 28 Père, glorifiez votre nom. Alors vint une voix du ciel : Je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore.
 
29 La foule qui était présente, et qui avait entendu, disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : C’est un ange qui lui a parlé. 30 Jésus répondit, et dit : Ce n’est pas pour moi que cette voix est venue, mais pour vous. 31 C’est maintenant le jugement du monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors. 32 Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. 33 Il disait cela, pour marquer de quelle mort il devait mourir. 34 La foule lui répondit : Nous avons appris de la loi que le Christ demeure éternellement ; comment donc dites-vous : Il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Quel est ce Fils de l’homme ?
Note Jean 12,34 : Voir Psaumes, 109, 4 ; 116, 2 ; Isaïe, 40, 8 ; Ezéchiel, 37, 25.
35 Jésus leur dit : La lumière est encore pour un peu de temps parmi vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. 36 Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha d’eux.
 
37 Quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne croyaient pas en lui, 38 afin que s’accomplît la parole du prophète Isaïe, qui a dit : Seigneur, qui a cru à ce que nous faisons entendre ? et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?
Note Jean 12,38 : Voir Isaïe, 53, 1 ; Romains, 10, 16.
39 C’est pour cela qu’ils ne pouvaient croire, car Isaïe a dit encore :
Note Jean 12,39 : Ils ne pouvaient croire. Voir Marc, 4, 12. ― Isaïe a dit encore, voir Isaïe, 6, 9.
40 Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient de leurs yeux, et qu’ils ne comprennent de leur cœur, et qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.
Note Jean 12,40 : Voir Marc, 4, 12 ; Luc, 8, 10 ; Actes des Apôtres, 28, 26 ; Romains, 11, 8. ― « Dans le style biblique, ce que Dieu permet seulement, ou ce dont il fournit l’occasion est souvent présenté comme s’il l’avait fait lui-même. Le passage cité revient donc à dire que les Juifs ne seront amenés ni par la doctrine, ni par les miracles de Jésus, à le regarder comme le Messie. Quoiqu’Isaïe (voir Isaïe, 6, 9-10) semble parler de ses contemporains, l’Evangéliste nous apprend que ses paroles ont un sens prophétique et regardent les Juifs du temps de Notre-Seigneur, trop semblables à leurs pères. Comparer à Matthieu, 13, 14-15. » (CRAMPON)
41 Isaïe a dit cela lorsqu’il a vu sa gloire, et qu’il a parlé de lui. 42 Cependant, même parmi les chefs, beaucoup crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils ne le confessaient pas, pour n’être pas chassés de la synagogue. 43 Car ils ont aimé (aimèrent ou aimaient plus) la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.
 
44 Or Jésus s’écria, et dit : Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé. 45 Et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. 46 Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. 47 Et si quelqu’un entend mes paroles, et ne les garde pas, ce n’est pas moi qui le juge ; car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. 48 Celui qui me méprise, et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge : la parole même que j’ai annoncée le jugera au dernier jour.
Note Jean 12,48 : Voir Marc, 16, 16. (?)
49 Car je n’ai pas parlé de moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé m’a lui-même prescrit ce que je dois dire, et comment (ce dont) je dois parler. 50 Et je sais que son commandement est la vie éternelle. C’est pourquoi, les choses que je dis, je les dis comme le Père me les a dites.

Chapitre 13

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Dernière cène de Jésus-Christ.
Il lave les pieds de ses apôtres.
Prédiction de la trahison de Judas.
Glorification de Jésus.
Commandement de l’amour.
Renoncement de saint Pierre prédit.
1 Avant la fête de Pâque, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, Jésus, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.
Note Jean 13,1 : Voir Matthieu, 26, 2 ; Marc, 14, 1 ; Luc, 22, 1. ― La fête de la Pâque. Voir Matthieu, note, 26.2.
 
2 Et après le souper, le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le trahir, 3 Jésus, sachant que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, et qu’il était sorti de Dieu, et qu’il retournait à Dieu, 4 se leva de table et ôta ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit.
Note Jean 13,4 : Ses vêtements. L’ample vêtement qu’on portait par dessus la tunique, son manteau, comme dit le texte original. ― Un linge, une serviette de lin, dit le texte.
5 Puis, il versa de l’eau dans un bassin, et commença à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6 Il vint donc à Simon-Pierre. Et Pierre lui dit : Vous, Seigneur, vous me lavez les pieds ? 7 Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras plus tard. 8 Pierre lui dit : Vous ne me laverez jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras pas de part avec moi. 9 Simon-Pierre lui dit : Seigneur, non seulement mes pieds, mais aussi les mains et la tête. 10 Jésus lui dit : Celui qui s’est baigné n’a plus besoin que de se laver les pieds, car il est pur tout entier. Et vous, vous êtes purs, mais non pas tous. 11 Car il savait quel était celui qui le trahirait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous purs.
 
12 Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut repris ses vêtements, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ? 13 Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. 14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; 15 car je vous ai donné l’exemple, afin que ce que je vous ai fait, vous le fassiez aussi. 16 En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé.
Note Jean 13,16 : Voir Matthieu, 10, 24 ; Luc, 6, 40 ; Jean, 15, 20.
17 Si vous savez ces choses, vous serez heureux, pourvu que vous les pratiquiez. 18 Je ne parle pas de vous tous. Je connais ceux que j’ai choisis ; mais il faut que l’Ecriture s’accomplisse : Celui qui mange du pain avec moi, lèvera son talon contre moi.
Note Jean 13,18 : L’Ecriture. Voir Psaumes, 40, 10. ― Mange le pain. Voir sur le sens de cette expression, Matthieu, 15, 2.
19 Dès maintenant je vous le dis, avant que la chose arrive, afin que, lorsqu’elle sera arrivée, vous croyiez à ce que je suis. 20 En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque reçoit celui que j’aurai envoyé, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
Note Jean 13,20 : Voir Matthieu, 10, 40 ; Luc, 10, 16.
 
21 Lorsqu’il eut dit ces choses, Jésus fut troublé dans son esprit, et il fit cette déclaration, et il dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me trahira.
Note Jean 13,21 : Voir Matthieu, 26, 21 ; Marc, 14, 18 ; Luc, 22, 21.
22 Les disciples se regardaient donc les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. 23 Mais l’un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus.
Note Jean 13,23 : Les Juifs alors se mettaient à table couchés sur des lits, et placés les uns au-dessous des autres, en sorte que saint Jean, placé au-dessous de Jésus, devait avoir la tête sur le sein du Sauveur.
24 Simon-Pierre lui fit signe, et lui dit : Quel est celui dont il parle ? 25 Ce disciple, s’étant alors penché sur le sein de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ? 26 Jésus répondit : C’est celui à qui je présenterai du pain trempé. Et ayant trempé du pain, il le donna à Judas Iscariote, fils de Simon.
Note Jean 13,26 : Du pain trempé. Les Orientaux mangent sans cuillers et sans fourchettes. Le pain leur tient lieu de cuiller pour prendre la sauce ou les légumes que tous les convives puisent directement pour chaque bouchée dans le plat. Jésus trempa un morceau de pain de cette manière dans le plat et l’offrit à Judas.
27 Et quand il eut pris cette bouchée, Satan entra en lui. Et Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le au plus tôt. 28 Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. 29 Car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus avait voulu lui dire : Achète ce qui nous est nécessaire pour la fête ; ou qu’il lui commandait de donner quelque chose aux pauvres. 30 Judas, ayant donc pris cette bouchée, sortit aussitôt. Et il était nuit.
 
31 Lorsqu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. 32 Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu le glorifiera aussi en lui-même ; et c’est bientôt qu’il le glorifiera. 33 Mes petits enfants, je ne suis plus que pour peu de temps avec vous. Vous me chercherez, et, ce que j’ai dit aux Juifs : Là ou je vais, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi maintenant.
Note Jean 13,33 : Voir Jean, 7, 34.
34 Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres ; (mais) que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.
Note Jean 13,34 : Voir Matthieu, 22, 39 ; Jean, 15, 12. ― « L’Ancien Testament disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (voir Lévitique, 19, 18) ; l’amour de soi était donc la mesure du prochain. Mais le type et la règle de la charité chrétienne, c’est l’amour même que Jésus a eu pour les hommes, un amour généreux, désintéressé, qui affronte le mépris et la souffrance, et va jusqu’à donner même sa vie. C’est donc là un commandement nouveau, si l’on considère la mesure et le degré de charité. Ces paroles du Sauveur ont eu leur réalisation. « Voyez comme ils s’aiment », disaient les païens à la vue des premières communautés chrétiennes (Tertullien). » (CRAMPON)
35 C’est en ceci que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
 
36 Simon-Pierre lui dit : Seigneur, où allez-vous ? Jésus répondit : Là où je vais, tu ne peux me suivre maintenant ; mais tu me suivras plus tard. 37 Pierre lui dit : Pourquoi ne pourrais-je pas vous suivre maintenant ? Je donnerai ma vie (mon âme) pour vous.
Note Jean 13,37 : Voir Matthieu, 26, 35 ; Marc, 14, 29 ; Luc, 22, 33. ― Mon âme ; d’autres traduisent : ma vie ; mais la première expression, qui est celle de la Vulgate et du texte grec, dit bien plus que la première.
38 Jésus lui répondit : Tu donneras ta vie (ton âme) pour moi ? En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas avant que tu ne m’aies renié trois fois.

Chapitre 14

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Sermon après la cène.
Jésus va préparer un lieu à ses disciples.
Il est la voie, la vérité et la vie.
Qui le voit, voit son Père.
Il fera ce qui sera demandé en son nom.
Promesse de l’Esprit consolateur.
Observation des commandements.
Le Saint-Esprit enseigne toutes choses.
Paix de Dieu.
Amour et obéissance de Jésus.
1 Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Note Jean 14,1 : Les discours contenus dans les chapitres 14 à 17 comptent parmi les plus beaux morceaux de l’Evangile. « Il y a un sermon de la Cène qui me paraît contenir toute notre religion, dit La Harpe, où chaque parole est un oracle du ciel ; je ne l’ai jamais lu sans une émotion singulière, et que de fois je me suis dit ce que disait aux Pharisiens cet agent de la Synagogue, en s’excusant de n’avoir pas fait arrêter Jésus-Christ (voir Jean, 7, 46) : Que voulez-vous ? jamais homme n’a parlé comme cet Homme ! et c’est un juif qui disait cela. Quel terrible arrêt contre les chrétiens infidèles ! Il m’est impossible, à chaque verset de ce sermon, de ne pas entendre un Dieu, et j’en suis aussi sûr que si je l’avais entendu en personne. »
2 Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit ; car je vais vous préparer une place (un lieu). 3 Et lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place (un lieu), je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi. 4 Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin.
 
5 Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où vous allez ; comment pourrions-nous en savoir le chemin ? 6 Jésus lui dit : Je suis la voie, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père, si ce n’est par moi.
Note Jean 14,6 : « Comment Notre-Seigneur est-il la voie, la vérité et la vie ? ― Etant homme et Dieu tout ensemble, Notre-Seigneur est à la fois médiateur et fin. Il possède tout ce qui nous manque, la gloire comme la grâce ; mais son office propre est de nous mettre en possession de tous les biens. Ainsi il est : 1° La voie ; puisqu’il nous offre le moyen de parvenir au ciel, soit en nous dirigeant par sa doctrine et ses exemples, soit en nous attirant par sa grâce, soit en nous y introduisant par ses mérites. 2° La vérité. Vérité absolue comme Verbe, il est devenu pour nous, comme Verbe incarné, la vérité révélée, la lumière de la foi. C’est lui seul qui connaît le Père, qui le fait connaître et qui peut mener à lui. 3° La vie. Vie essentielle et infinie, comme Dieu, il est notre vie surnaturelle, comme Homme-Dieu ; car il possède en son humanité la plénitude de la vie divine, et son but en venant parmi nous est de nous y associer, par sa grâce d’abord et par la gloire ensuite. Tous les biens sont donc réunis en sa personne et il n’y a rien à chercher hors de lui. Quand on le possède, on échappe à tous les périls, aux précipices, aux ténèbres, à la mort. Qu’on juge quelle grâce c’est de le bien connaître et pourquoi l’Apôtre ne voulait pas d’autre science. » (L. BACUEZ.)
7 Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père ; et bientôt vous le connaîtrez, et vous l’avez déjà vu. 8 Philippe lui dit : Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit. 9 Jésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui qui me voit, voit aussi le Père. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père ? 10 Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais le Père, qui demeure en moi, fait lui-même mes (les) œuvres.
Note Jean 14,10 : Les œuvres ; que vous me voyez faire, et que vous admirez. Ainsi c’est mon Père qui parle et qui agit en moi.
11 Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? 12 Croyez-le du moins à cause de ces (mes) œuvres. En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui-même les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais auprès du Père.
Note Jean 14,12 : « Des œuvres plus grandes : a. Notre-Seigneur ne sortit pas de la Palestine : les Apôtres évangéliseront le monde et étendront par toute la terre la doctrine de Jésus-Christ ; b. Les miracles de Jésus rendant la vue aux aveugles, ressuscitant les morts, etc., n’étaient que la figure des œuvres plus excellentes que devaient faire les Apôtres en administrant les sacrements, dans lesquels, non [seulement] le corps, mais l’âme est éclairée, guérie, etc. ― Parce que : Jésus donnera du haut du Ciel ce pouvoir à ses Apôtres. » (CRAMPON, 1885)
 
13 Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils.
Note Jean 14,13 : Voir Matthieu, 7, 7 ; 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Jean, 16, 23.
14 Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.
 
15 Si vous m’aimez, gardez mes commandements. 16 Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, afin qu’il demeure éternellement avec vous :
Note Jean 14,16 : Paraclet ; c’est-à-dire avocat, comme l’explique la Vulgate elle-même dans 1 Jean, 2, 1. ― Eternellement avec vous. Ce qui prouve que l’Esprit-Saint a été promis non seulement aux apôtres, mais encore à leur successeurs dans la suite des générations.
17 l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas, et qu’il ne le connaît pas. Mais vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera en vous. 18 Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viendrai à vous. 19 Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me verrez, parce que je vis, et que vous vivrez. 20 En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous.
 
21 Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime. Or celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et je l’aimerai aussi, et je me manifesterai à lui. 22 Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : Seigneur, d’où vient que vous vous manifesterez à nous, et non pas au monde ?
Note Jean 14,22 : Judas, non pas l’Iscariote. Ce Judas, frère de Jacques, est communément appelé Jude, précisément pour qu’on ne le confonde pas avec Judas l’Iscariote.
23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. 24 Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles ; et la parole que vous avez entendue n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé, du Père.
 
25 Je vous ai dit ces choses pendant que je demeurais avec vous. 26 Mais le Paraclet, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
Note Jean 14,26 : Mais le Paraclet. Voir au verset 16.
27 Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas comme le monde la donne que je vous la donne. Que votre cœur ne se trouble pas, et qu’il ne s’effraye pas. 28 Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi.
Note Jean 14,28 : Mon Père est plus grand que moi. Jésus-Christ, en tant qu’homme, est inférieur à son Père ; mais il lui est égal en tant que Dieu.
29 Et je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent, afin que, lorsqu’elles seront arrivées, vous croyiez. 30 Je ne vous parlerai plus guère désormais ; car le prince de ce monde vient, et il n’a aucun droit sur (rien en) moi ;
Note Jean 14,30 : Vient, pour exercer sa cruauté contre moi. ― Et il n’a, etc. Et il ne trouvera rien en moi qui lui appartienne.
31 mais il vient afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et que je fais ce que le Père m’a ordonné. Levez-vous, sortons d’ici.
Note Jean 14,31 : Voir Actes des Apôtres, 2, 23. ― Mais je veux bien m’abandonner à sa fureur et à sa rage, afin que le monde, etc. ― Levez-vous, sortons d’ici. « Cette expression : levez-vous, sortons d’ici, ferait croire, et cela très vraisemblablement, que le reste du discours de Jésus a été tenu en chemin depuis la maison où se fit la Cène jusqu’à Gethsémani. La distance est de plus d’un kilomètre, le chemin très abrupt. » (H.-J. MICHON.)

Chapitre 15

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Suite du sermon après la cène.
Jésus est la vigne ; ses disciples sont les sarments.
Vie et joie en lui seul.
Commandement de l’amour.
Choix des disciples.
Monde ennemi des fidèles.
Juifs inexcusables.
Témoignage de l’esprit de vérité.
1 Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.
Note Jean 15,1 : Je suis la vraie vigne. L’image de la vigne est très fréquente dans l’Ecriture Sainte, parce que c’était une des cultures principales de la Palestine.
2 Tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi, il le retranchera ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émondera, afin qu’il porte plus de fruit. 3 Vous êtes déjà purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée.
Note Jean 15,3 : Voir Jean, 13, 10.
4 Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne demeurez en moi. 5 Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruit ; car, sans moi, vous ne pouvez rien faire. 6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment, et il séchera ; puis on le ramassera, et on le jettera au feu, et il brûlera. 7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. 8 En ceci mon Père sera glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit, et que vous deveniez mes disciples.
 
9 Comme le Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai moi-même gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. 11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
 
12 Ceci est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Note Jean 15,12 : Voir Jean, 13, 34 ; Ephésiens, 5, 2 ; 1 Thessaloniciens, 4, 9.
13 Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 14 Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. 16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ; afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne.
Note Jean 15,16 : Voir Matthieu, 28, 19.
17 Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.
Note Jean 15,17 : Voir 1 Jean, 3, 11 ; 4, 7.
 
18 Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. 19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ; mais, parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. 20 Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre.
Note Jean 15,20 : Voir Jean, 13, 16 ; Matthieu, 10, 24 ; 24, 9.
21 Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. 22 Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant, ils n’ont pas d’excuse de leur péché. 23 Celui qui me hait, hait aussi mon Père. 24 Si je n’avais pas fait parmi eux des œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant, ils ont vu, et ils ont haï et moi et mon Père, 25 afin que la parole qui est écrite dans leur Loi soit accomplie : Ils m’ont haï sans sujet.
Note Jean 15,25 : Voir Psaumes, 24, 19. ― Cette citation peut être empruntée de Psaumes, 68, 5 (?) ou 39, 9 (?).
 
26 Mais, lorsque le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi.
Note Jean 15,26 : Voir Luc, 24, 49 ― Le Paraclet. Voir, Jean, 14, 16.
27 Et vous aussi vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement.

Chapitre 16

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Suite du sermon après la cène.
Prédiction des persécutions.
Promesse du Paraclet.
Triple conviction qu’il doit produire, et lumière qu’il doit répandre.
Prière au nom de Jésus-Christ.
Confiance au milieu des tribulations.
1 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. 2 Ils vous chasseront des synagogues, et l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu. 3 Et ils vous traiteront ainsi parce qu’ils ne connaissent ni le Père ni moi. 4 Je vous ai dit ces choses afin que, lorsque l’heure en sera venue, vous vous souveniez que je vous les ai dites. 5 Je ne vous les ai pas dites dès le commencement, parce que j’étais avec vous. Et maintenant, je vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où allez-vous ?
 
6 Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. 7 Cependant, je vous dis la vérité : il vous est utile que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. 8 Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. 9 En ce qui concerne le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ; 10 en ce qui concerne la justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me reverrez plus ; 11 en ce qui concerne le jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé.
 
12 J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. 13 Quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera l’avenir. 14 Il me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. 15 Tout ce qu’a le Père est à moi. C’est pourquoi j’ai dit : Il recevra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera.
 
16 Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je m’en vais auprès de mon Père.
 
17 Alors, quelques-uns de ses disciples se dirent les uns aux autres : Que signifie ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez ; et : Parce que je m’en vais auprès du Père ? 18 Ils disaient donc : Que signifie ce qu’il dit : Encore un peu de temps ? Nous ne savons de quoi il parle.
 
19 Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger, et il leur dit : Vous vous demandez entre vous pourquoi j’ai dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez. 20 En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous gémirez, vous, et le monde se réjouira. Vous, vous serez dans la tristesse ; mais votre tristesse sera changée en joie. 21 Lorsqu’une femme enfante, elle a de la tristesse, parce que son heure est venue ; mais, lorsqu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de la souffrance, dans la joie qu’elle a d’avoir mis un homme au monde. 22 Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie. 23 En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera.
Note Jean 16,23 : Voir Matthieu, 7, 7 ; 21, 22 ; Marc, 11, 24 ; Luc, 11, 9 ; Jean, 14, 13 ; Jacques, 1, 5.
24 Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite.
 
25 Je vous ai dit ces choses en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement du Père.
Note Jean 16,25 : Sous le nom de parabole, les Hébreux comprenaient tout discours figuré ou énigmatique.
26 En ce jour-là, vous demanderez en mon nom ; et je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous ; 27 car le Père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. 28 Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte de nouveau le monde, et je vais auprès du Père.
 
29 Ses disciples lui dirent : Voici que, maintenant, vous parlez ouvertement, et vous ne dites plus de parabole. 30 Maintenant nous savons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que personne vous interroge ; voilà pourquoi nous croyons que vous êtes sorti de Dieu. 31 Jésus leur répondit : Vous croyez à présent ? 32 Voici que l’heure vient, et elle est déjà venue, où vous serez dispersés, chacun de son côté, et où vous me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi.
Note Jean 16,32 : Voir Matthieu, 26, 31 ; Marc, 14, 27.
33 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Dans le monde, vous aurez des afflictions ; mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde.
Note Jean 16,33 : J’ai vaincu le monde ; et par ma victoire, je vous ai mérité les grâces nécessaires pour le vaincre aussi vous-mêmes.

Chapitre 17

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Jésus prie pour sa glorification.
Il prie pour tous ceux qui croyaient déjà en lui, et pour tous ceux qui devaient croire en lui dans la suite.
1 Ayant dit ces choses, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : Père, l’heure est venue ; glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie, 2 en donnant, selon la puissance que vous lui avez accordée sur toute chair, la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés.
Note Jean 17,2 : Voir Matthieu, 28, 18. ― Toute chair. Voir Matthieu, 24, 22.
3 Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. 4 Je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre que vous m’aviez donnée à faire. 5 Et maintenant, glorifiez-moi, vous, Père, auprès de vous-même, de la gloire que j’ai eue auprès de vous, avant que le monde fût.
 
6 J’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés du milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés ; et ils ont gardé votre parole. 7 Maintenant, ils savent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ; 8 car je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé.
 
9 C’est pour eux que je prie ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que vous m’avez donnés, parce qu’ils sont à vous. 10 Tout ce qui est à moi est à vous, et ce qui est à vous est à moi : et j’ai été glorifié en eux. 11 Et déjà je ne suis plus dans le monde ; mais eux, ils sont dans le monde, et moi je viens à vous. Père saint, gardez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous. 12 Lorsque j’étais avec eux, je les gardais en votre nom. Ceux que vous m’avez donnés, je les ai gardés, et aucun d’eux ne s’est perdu, si ce n’est le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.
Note Jean 17,12 : Voir Jean, 18, 9 ; Psaumes, 108, 8. ― Le fils de la perdition ; hébraïsme, pour : celui qui aime, qui recherche la perdition. Judas, en effet, s’est perdu volontairement par sa propre malice et par l’abus qu’il a fait de tous les services qu’il pouvait tirer de la présence du Sauveur, de ses instructions et de ses miracles, pour s’affermir dans la foi et dans la charité, comme les autres apôtres. Comparer à une locution semblable à Luc, 16, 8.
13 Mais maintenant je viens à vous, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient ma joie complète en eux-mêmes. 14 Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi non plus, je ne suis pas du monde. 15 Je ne vous prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. 16 Ils ne sont pas du monde, comme moi non plus, je ne suis pas du monde. 17 Sanctifiez-les dans la vérité. Votre parole est vérité.
Note Jean 17,17 : Votre parole est vérité ; hébraïsme, pour très vraie. Comparer à Jean, 11, 25.
18 Comme vous m’avez envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. 19 Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.
Note Jean 17,19 : En vérité ; véritablement, d’une véritable et parfaite sanctification, ou selon d’autres : Dans la vérité, c’est-à-dire en moi qui suis la vérité ; mais la première interprétation est plus conforme à la lettre du texte.
 
20 Ce n’est pas seulement pour eux que je prie, mais aussi pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole, 21 afin que tous soient un, comme vous, Père, êtes en moi, et moi en vous, afin qu’ils soient, eux aussi, un en nous, pour que le monde croie que vous m’avez envoyé. 22 Et la gloire que vous m’avez donné, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un, nous aussi. 23 Moi en eux, et vous en moi, afin qu’ils soient consommés dans l’unité, et que le monde connaisse que vous m’avez envoyé, et que vous les avez aimés, comme vous m’avez aimé. 24 Père, je veux que, là où je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde. 25 Père juste, le monde ne vous a pas connu ; mais moi, je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que vous m’avez envoyé.26 Je leur ai fait connaître votre nom, et je le leur ferai connaître (encore), afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux, et moi aussi en eux.

Chapitre 18

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Jésus dans le jardin.
Juifs renversés.
Jésus pris et mené devant Anne.
Saint Pierre le suit.
Jésus est envoyé à Caïphe, renié par saint Pierre et présenté à Pilate.
Barabbas lui est préféré.
1 Après avoir dit ces choses, Jésus alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples.
Note Jean 18,1 : Voir 2 Rois, 15, 23 ; Matthieu, 26, 36 ; Marc, 14, 32 ; Luc, 22, 39. ― Un jardin. Gethsémani. Voir Matthieu, note 26.36. ― Au-delà du torrent de Cédron. Pour aller de Jérusalem au jardin de Gethsémani, il faut nécessairement franchir le Cédron, auprès et au-delà duquel le jardin est situé, à l’est, au bas du mont des Oliviers. Le mot Cédron signifie noir. Le torrent coule dans une gorge profonde à l’époque des pluies de l’hiver. Il recueille les eaux des trois vallées situées au nord et au nord-ouest de Jérusalem. En dehors des temps d’orage ou de pluie, il est à sec. Les eaux ne coulent guère qu’une journée ou une demi-journée, mais elles sont quelquefois très abondantes et roulent avec elles des pierres, des racines et des troncs d’arbres. Le lit du Cédron est parsemé de silex-agathes tombés des hauteurs du mont des Oliviers. Certaines années, les graviers et les terres charriés par les eaux sont suffisants pour qu’on puisse ensemencer le fond du torrent. Comme la gorge aux pieds du Temple est très encaissée et que sa pente est très considérable, elle forme en quelques endroits un fossé très profond et rend la ville inexpugnable de ce côté. La vallée du Cédron porte aussi le nom de vallée de Josaphat.
2 Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y était souvent venu avec ses disciples. 3 Judas, ayant donc pris la cohorte, et des gardes fournis par les princes des prêtres et les pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes.
Note Jean 18,3 : Voir Matthieu, 26, 47 ; Marc, 14, 43 ; Luc, 22, 47. ― La cohorte romaine était composée de six cent vingt-cinq hommes. ― Le procurateur romain conduisait tous les ans à Jérusalem une cohorte à l’époque de la fête de Pâque pour maintenir l’ordre au milieu de la multitude qu’attirait cette solennité. Les soldats romains étaient logés dans la forteresse Antonia au nord-ouest du temple.
4 Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, vint au-devant d’eux, et leur dit : Qui cherchez-vous ? 5 Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C’est moi. Or Judas, qui le trahissait, se tenait là aussi avec eux. 6 Lors donc que Jésus leur eut dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre.
Note Jean 18,6 : Par terre. « Avant que l’Agneau de Dieu se livre aux loups, sa voix laisse deviner qu’il est aussi le lion de la tribu de Juda (voir Apocalypse, 5, 5). » (saint Augustin).
7 Il leur demanda (donc) de nouveau : Qui cherchez-vous ? Et ils dirent : Jésus de Nazareth. 8 Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. 9 Il dit cela, afin que s’accomplit cette parole qu’il avait dite : De ceux que vous m’avez donnés, je n’en ai perdu aucun.
Note Jean 18,9 : Voir Jean, 17, 12.
10 Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui coupa l’oreille droite. Ce serviteur s’appelait Malchus. 11 Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je (donc) pas le calice que mon Père m’a donné ?
 
12 La cohorte, et le tribun, et les satellites des Juifs prirent donc Jésus et le lièrent.
Note Jean 18,12 : Le tribun était le chef de la cohorte.
 
13 Et ils l’emmenèrent d’abord chez Anne ; car il était le beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là.
Note Jean 18,13 : Voir Luc, 3, 2. ― Anne. Voir Luc, note 3.2. ― Caïphe, voir Matthieu, 26, 3. ― Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne. Saint Jean, qui est plus circonstancié sur cette partie de la passion que les autres évangélistes, nous apprend que Jésus fut conduit chez Anne avant d’être conduit chez Caïphe. La maison d’Anne, d’après la tradition, était sur le mon Sion, tout près et au nord-est de celle de Caïphe (voir Matthieu, 26, 57), à l’est du grand couvent des Arméniens et à peu de distance de la porte de Sion. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui l’église du couvent des sœurs de charité arméniennes, appelé Deir Zéitoun. L’église se compose de deux oratoires séparés, mais communiquant ensemble. Dans l’un est une citerne à fleur de terre dont l’eau est fort bonne. Dans l’autre on montre aux pèlerins une chapelle latérale placée à gauche en entrant, où l’on suppose qu’eut lieu l’interrogatoire de Notre-Seigneur et où il fut souffleté. Hors de l’église, dans une petite cour située au nord, on voit plusieurs petits oliviers qu’on considère comme les rejetons d’un grand arbre auquel le Sauveur aurait été attaché pendant que les Juifs délibéraient sur son sort.
14 Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple.
Note Jean 18,14 : Voir Jean, 11, 49-50.
 
15 Cependant, Simon-Pierre suivait Jésus, avec un autre disciple. Ce disciple était connu du grand prêtre, et il entra avec Jésus dans la cour du grand prêtre ;
Note Jean 18,15 : L’autre disciple, saint Jean l’évangéliste.
16 mais Pierre se tenait dehors, près de la porte. L’autre disciple, qui était connu du grand prêtre, sortit donc, et parla à la portière, et fit entrer Pierre.
Note Jean 18,16 : Voir Matthieu, 26, 58 ; Marc, 14, 54 ; Luc, 22, 55.
17 Cette servante, qui gardait la porte, dit à Pierre : N’es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis pas. 18 Les serviteurs et les satellites se tenaient auprès du feu, parce qu’il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre était aussi avec eux, et se chauffait.
Note Jean 18,18 : Auprès du feu. Voir Marc, 14, 54.
 
19 Cependant, le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. 20 Jésus lui répondit : J’ai parlé ouvertement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. 21 Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui m’ont entendu ce que je leur ai dit ; eux, ils savent ce que j’ai dit. 22 Lorsqu’il eut dit cela, un des satellites, qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : Est-ce ainsi que tu réponds au grand prêtre ? 23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ; mais, si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?
Note Jean 18,23 : Me frappes-tu ? Littéralement me déchires-tu ? Comparer à Matthieu, 21, 35.
24 Anne l’envoya lié à Caïphe, le grand prêtre.
Note Jean 18,24 : Voir Matthieu, 26, 57 ; Marc, 14, 53 ; Luc, 22, 54.
 
25 Or Simon-Pierre était là debout, et se chauffait. On lui dit donc : N’es-tu pas, toi aussi, de ses disciples ? Il le nia, en disant : Je n’en suis pas.
Note Jean 18,25 : Voir Matthieu, 26, 69 ; Marc, 14, 67 ; Luc, 22, 56.
Jean 18, 26 : Reniement de saint Pierre - Gravure de Gustave Doré
Jean 18, 26 : Reniement de saint Pierre - Gravure de Gustave Doré
26 Alors un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : Est-ce que je ne t’ai pas vu dans le jardin avec lui ? 27 Pierre le nia de nouveau ; et aussitôt le coq chanta.
 
28 Ils conduisirent donc Jésus de chez Caïphe au prétoire. C’était le matin, et ils n’entrèrent pas eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souiller, et de pouvoir manger la pâque.
Note Jean 18,28 : Voir Matthieu, 27, 2 ; Marc, 15, 1 ; Luc, 23, 1 ; Actes des Apôtres, 10, 28 ; 11, 3. ― Les Juifs croyaient qu’en entrant dans la maison d’un païen, ils contractaient une souillure légale qui les empêchaient de prendre part aux cérémonies de la religion, au moins jusqu’au soir du même jour. ― Dans le prétoire. Voir Matthieu, 27, 27.
29 Pilate vint donc à eux dehors, et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?
Note Jean 18,29 : Pilate. Voir Matthieu, 27, 2.
30 Ils lui répondirent : Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. 31 Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. Mais les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort.
Note Jean 18,31 : Les Romains avaient ôté aux Juifs le pouvoir de vie et de mort, et se l’étaient réservé.
32 C’était afin que s’accomplît la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il avait marqué de quelle mort il devait mourir.
Note Jean 18,32 : Voir Matthieu, 20, 19.
 
33 Pilate entra donc de nouveau dans le prétoire, et appela Jésus ; et il lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?
Note Jean 18,33 : Voir Matthieu, 27, 11 ; Marc, 15, 2 ; Luc, 23, 3.
34 Jésus répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? 35 Pilate répondit : Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les princes des prêtres t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? 36 Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, pour que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais (je l’assure, note) mon royaume n’est pas d’ici.
Note Jean 18,36 : Je l’assure ; sens de la particule (nunc autem regnum meum non est hinc), traduite généralement par maintenant, et qui est ici, comme en bien d’autres passages analogues, purement enclitique. Certains l’ont rendue par maintenant, pour le moment… (Comparer à Jean, 19, 21). Jésus-Christ était vraiment roi ; mais il n’avait pas reçu son pouvoir des hommes : « C’est pourquoi, remarque saint Augustin, il ne dit pas ici : Mon royaume n’est pas en ce monde, mais n’est pas de ce monde ; » idée que rend parfaitement saint Chrysostome quand il dit : « Il s’exprime ainsi, parce qu’il ne tient pas de royaume, comme le tiennent ici-bas les rois de la terre, et qu’il a reçu d’en haut sa principauté qui n’est pas humaine, mais qui est bien plus grande et plus illustre. » Voir Luc, note 17.21. Le royaume de Dieu est au dedans de vous…
37 Pilate lui dit alors : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis Roi. Voici pourquoi je suis né, et pourquoi je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix. 38 Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Et ayant dit cela, il sortit de nouveau, pour aller auprès des Juifs. Et il leur dit : Je ne trouve en lui aucune cause de condamnation (mort).
Note Jean 18,38 : De mort. Comparer à Luc, 23, 22.
39 Mais, c’est la coutume que je vous délivre quelqu’un à la fête de Pâque ; voulez-vous donc que je vous délivre le roi des Juifs ?
Note Jean 18,39 : Voir Matthieu, 27, 15 ; Marc, 15, 6 ; Luc, 23, 17.
40 Alors, de nouveau, ils crièrent tous en disant : Pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand.
Note Jean 18,40 : Barabbas. Voir Matthieu, 27,16.

Chapitre 19

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Flagellation.
Couronnement d’épines.
Pilate cherche les moyens de délivrer Jésus ; il l’abandonne.
Jésus est conduit au Calvaire et crucifié.
Inscription de la croix.
Partage de ses vêtements.
La sainte Vierge et saint Jean au pied de la croix.
Jésus a soif ; il meurt.
Son côté est percé.
Joseph et Nicodème prennent le soin d’ensevelir Jésus.
1 Pilate prit donc alors Jésus, et le fit flageller.
Note Jean 19,1 : Voir Matthieu, 27, 26 ; Marc, 15, 15.
Jean 19, 2-3 : Couronnement d'épines - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 2-3 : Couronnement d'épines - Gravure de Gustave Doré
2 Et les soldats, ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d’un manteau de pourpre.
Note Jean 19,2 : Une couronne d’épines, un vêtement de pourpre. Voir Matthieu, 27, 28-29.
3 Puis, ils venaient auprès de lui, et disaient : Salut, roi des Juifs ; et ils lui donnaient des soufflets.
Jean 19, 4-12 : Jésus présenté au peuple - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 4-12 : Jésus présenté au peuple - Gravure de Gustave Doré
4 Pilate sortit donc de nouveau, et dit aux Juifs : Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucune cause de condamnation (mort). 5 Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit : Voici l’homme ! 6 Lorsque les princes des prêtres et les satellites le virent, ils criaient, en disant : Crucifie (-le), crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car moi, je ne trouve en lui aucune cause de condamnation (mort). 7 Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.
Note Jean 19,7 : Voir Lévitique, 24, 14-16.
8 Lorsque Pilate entendit cette parole, il craignit encore davantage. 9 Et étant entré de nouveau dans le prétoire, il dit à Jésus : D’où es-tu ? Mais Jésus ne lui fit pas de réponse.
Note Jean 19,9 : Dans le prétoire. Voir Matthieu, 27, 27.
10 Alors Pilate lui dit : Tu ne me parles pas ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te crucifier, et le pouvoir de te délivrer ? 11 Jésus répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi est coupable d’un plus grand péché.
 
12 Dès lors, Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient, en disant : Si tu le délivres, tu n’es pas l’ami de César ; car quiconque se fait roi se déclare contre César.
Note Jean 19,12 : De César, de Tibère. Voir Luc, 3, 1.
13 Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors, et s’assit sur le tribunal, au lieu appelé Lithostrotos ; en hébreu, Gabbatha.
Note Jean 19,13 : Lithostrotos vient de deux mots grecs qui signifient pavé avec des pierres ; il s’emploie surtout pour désigner un pavé en mosaïque. Josèphe nous apprend que la colline du temple était pavée en mosaïque du côté où était le prétoire. Le mot hébreu ou araméen Gabbatha désigne le même lieu que Lithostrotos, mais il n’a pas la même signification ; il a le sens de lieu élevé, estrade. Le siège de Pilate, qui lui servait pour juger les causes déférées à son tribunal, fut porté en cet endroit.
14 C’était le jour de la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Et il dit aux Juifs : Voici votre roi.
Note Jean 19,14 : La préparation de la pâque ; c’est-à-dire la veille de pâque, le vendredi. ― La sixième heure, c’est-à-dire midi.
15 Mais ils criaient : Ote-le, ôte-le (du monde) ; crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les princes des prêtres répondirent : Nous n’avons pas d’autre roi que César.
Jean 19, 16-17 : Jésus arrive au sommet du Calvaire - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 16-17 : Jésus arrive au sommet du Calvaire - Gravure de Gustave Doré
16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l’emmenèrent.
 
17 Et, portant sa croix, il vint au lieu appelé Calvaire ; en hébreu, Golgotha.
Note Jean 19,17 : Voir Matthieu, 27, 33 ; Marc, 15, 22 ; Luc, 23, 33. ― Calvaire, Golgotha. Voir Matthieu, note 27.33 ― Sur la croix, voir Matthieu, 27, 32.
Jean 19, 18 : Crucifiement - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 18 : Crucifiement - Gravure de Gustave Doré
18 Là ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu.
Jean 19, 19-24 : Erection de la croix - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 19-24 : Erection de la croix - Gravure de Gustave Doré
19 Pilate rédigea aussi une inscription, qu’il plaça au-dessus de la croix. Il y était écrit : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
Note Jean 19,19 : Jésus de Nazareth. « Saint Jean est le seul qui [mentionne le mot Nazaréen ou de Nazareth dans le titre de la croix], afin de compléter ce que les autres avaient dit ; et, par une circonstance singulière, c’est presque l’unique mot que nous ait conservé la relique du titre [de l’Eglise Sainte-Croix de Jérusalem à Rome ; voir Matthieu, 27, 37], comme pour confirmer le texte de saint Jean, le seul qui n’ait pas quitté Notre-Seigneur un instant pendant sa passion. Il a vu et rapporté littéralement ce dont les autres ont donné l’esprit. » (ROHAULT DE FLEURY.)
20 Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, car le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville. Elle était rédigée en hébreu, en grec et en latin. 21 Mais les pontifes des Juifs disaient à Pilate : N’écris pas : Roi des Juifs ; mais écris qu’il a dit : Je suis le roi des Juifs. 22 Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.
 
23 Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et en firent quatre parts ; une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi sa tunique ; c’était une tunique sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas.
Note Jean 19,23 : Voir Matthieu, 27, 35 ; Marc, 15, 24 ; Luc, 23, 34. ― Après l’avoir crucifié. Voir Matthieu, note, 27.35 ― Or la tunique était sans couture. « La tunique était le principal vêtement de dessous ; elle se rapproche fort par son usage de la chemise et par sa forme de la blouse moderne. [La tradition rapporte que Charlemagne reçut la sainte Tunique en présent de l’impératrice de Constantinople Irène et qu’il la déposa à Argenteuil. Elle a été divisée au moment de la Révolution]. Le tissu est en poil de chameaux assez lâche et ressemble à du canevas dont les fils seraient très tors. Elle est tissée depuis le haut dans toute son étendue, sans couture, et faite à l’aiguille sur le plus simple des métiers tel qu’une tablette recevant sur ses deux faces la chaîne et la trame. C’était un vêtement descendant jusqu’au-dessous des genoux, près des pieds, avec deux manches qui ne pouvaient couvrir les bras qu’à moitié. Elle avait 1 m. 45 de hauteur et 1 m. 15 de largeur. » (ROHAULT DE FLEURY.)
24 Et ils dirent entre eux : Ne la déchirons pas, mais tirons au sort à qui elle sera. C’était afin que s’accomplît cette parole de l’Ecriture : Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma tunique au sort. C’est là ce que firent les soldats.
Note Jean 19,24 : Voir Psaumes, 21, 19.
 
25 Cependant, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie-Madeleine.
Note Jean 19,25 : Marie, femme de Cléophas. Voir Matthieu, 27, 56. ― Marie-Madeleine, voir Matthieu, 27, 56.
26 Ayant donc vu sa mère, et, auprès d’elle, le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : Femme, voilà votre fils.
Note Jean 19,26 : Le disciple qu’il aimait, saint Jean l’Evangéliste.
27 Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, à partir de cette heure, le disciple la prit chez lui.
Note Jean 19,27 : Le disciple saint Jean la prit avec lui dans sa maison, comme le signifie le texte original.
 
28 Après cela, Jésus, sachant que tout était accompli, afin que l’Ecriture fût accomplie, dit : J’ai soif.
Note Jean 19,28 : Voir Psaumes, 68, 22.
29 Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, la fixant à un rameau d’hysope, l’approchèrent de sa bouche.
Note Jean 19,29 : Entourant d’hysope. « Il existe, dit Benoît XIV, deux espèces d’hysope, l’une, plante parasite qui s’attache aux murs, l’autre qui croît dans les champs et s’élève jusqu’à deux mètres de hauteur. On ne sait pas si le suc de cette plante a été mêlé au vinaigre, ou si sa tige a servi de support pour approcher l’éponge, ou si ses rameaux flexibles ont composé un panier léger dans lequel se trouvait l’éponge ; enfin si de sa tige on a pu tirer un bâton qui n’avait pas besoin de plus de 60 à 65 centimètres de longueur pour atteindre la tête du Crucifié. »
30 Quand Jésus eut prit le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et inclinant la tête, il rendit l’esprit.
Note Jean 19,30 : Jésus boit du vinaigre pour accomplir les prophéties de la passion. « Jésus avait tout prévu, et sachant les prophéties, il les accomplissait toutes avec connaissance. C’est ce qu’il fit jusqu’à la mort ; et c’est pourquoi, jusque sur la croix, voyant que tout s’accomplissait, et qu’il ne lui restait plus rien à accomplir durant sa vie que cette prophétie de David : Ils m’ont donné du fiel à boire, et, dans ma soif, ils m’ont abreuvé avec du vinaigre, il dit : J’ai soif. On lui présenta le breuvage qui lui avait été prédestiné ; il en goûta autant qu’il fallait pour accomplir la prophétie ; après il dit : Tout est accompli ; il n’y a plus qu’à rendre l’âme ; à l’instant il baissa la tête, et se mit volontairement en la posture d’un homme mourant, et il expira. Jésus donc savait ce qu’il voulait, qui était l’accomplissement des prophéties ; mais une vertu cachée exécutait tout le reste. Il se trouva précisément un vaisseau où il y avait du vinaigre [mêlé de fiel] ; il se trouva une éponge dans laquelle on lui pouvait présenter à la croix le vinaigre où on la trempa ; on l’attacha au bout d’une lance et on la lui mit sur la bouche. La haine implacable de ses ennemis, que le démon animait, mais que Dieu gouvernait secrètement, fit tout le préparatif nécessaire à l’accomplissement de la prophétie. » (BOSSUET.) ― Il rendit l’esprit. Voir Matthieu, 27, 50. ― Tout est consommé : « Les prophéties sont réalisées, les décrets éternels de mon Père sont exécutés, l’œuvre de la rédemption du monde est accomplie. Ce fut un vendredi que le premier homme fut créé, un vendredi que Jésus naquit, un vendredi qu’il expira et racheta l’humanité. » (CRAMPON, 1885)
 
31 Or comme c’était la préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car ce jour de sabbat était solennel, les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes des suppliciés, et qu’on les enlevât.
Note Jean 19,31 : La préparation. Voir le verset 14. ― Etait très solennel, à cause de la fête de pâque qui tomba cette année-là en ce même jour. ― Qu’on leur rompît les jambes. « Le brisement des os était le complément ou la fin du supplice. Chez les Romains, le brisement des os était en usage, peut-être comme un adoucissement à la peine, puisqu’il accélérait la mort. Mais pour Notre-Seigneur, les Juifs étaient devenus plus cruels que les Romains, et ce ne fut pas chez eux un motif d’humanité qui les fit agir, ce fut la crainte que les corps ne restassent exposés pendant la Pâque. » (ROHAULT DE FLEURY)
32 Les soldats vinrent donc, et rompirent les jambes au premier, puis à l’autre qui avait été crucifié avec lui. 33 Etant ensuite venus à Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; 34 mais un des soldats lui ouvrit le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.
Note Jean 19,34 : Un des soldats ouvrit son côté avec une lance. D’après une tradition consignée dans le martyrologe romain, au 15 mars, ce soldat s’appelait Longin et se convertit plus tard au christianisme. ― Avec une lance. « La lance, longue et légère, avec une tête large et plate servant à la fois de pique et de trait, avait une bride en cuir attachée au bois. » (RICH.)
35 Celui qui l’a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est véridique. Et il sait qu’il est vrai, afin que, vous aussi, vous croyiez. 36 Car ces choses ont été faites, afin que l’Ecriture fût accomplie : Vous ne briserez aucun de ses os.
Note Jean 19,36 : Voir Exode, 12, 46 ; Nombres, 9, 12.
37 Et ailleurs, l’Ecriture dit encore : Ils contempleront celui qu’ils ont percé.
Note Jean 19,37 : Voir Zacharie, 12, 10.
 
Jean 19, 38 : Descente de la Croix - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 38 : Descente de la Croix - Gravure de Gustave Doré
38 Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret, par crainte des Juifs, demanda à Pilate qu’il lui permît de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus.
Note Jean 19,38 : Voir Matthieu, 27, 57 ; Marc, 15, 43 ; Luc, 23, 50. ― Joseph d’Arimathie. Voir Matthieu, note 27.57. ― Demanda… le corps de Jésus. Voir Matthieu, 27, 58.
Jean 19, 39-40 : Le Christ descendu de la Croix - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 39-40 : Le Christ descendu de la Croix - Gravure de Gustave Doré
39 Nicodème, qui auparavant était venu auprès de Jésus pendant la nuit, vint aussi, apportant environ cent livres d’une composition de myrrhe et d’aloès.
Note Jean 19,39 : Voir Jean, 3, 2. ― Nicodème. Voir Jean, 3, 1. ― Une composition de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. « La myrrhe et l’aloès, dont les sucs [sont] très amers, ont la propriété de préserver les corps de la putréfaction. Quatre ou cinq livres eussent suffi à la rigueur. Cette grande quantité d’aromates fait voir qu’il n’était pas seulement enduit, mais plongé dans les parfums pour accélérer l’opération, en évitant de toucher au corps. » (ROHAULT DE FLEURY.) Sur la myrrhe, voir Matthieu, 2, 11.
40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linceuls, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs.
Note Jean 19,40 : L’enveloppèrent dans des linges dont un grand Linceul, le Saint Suaire, exposé à Turin ; précieuse relique conservée jusqu’à nos jours, et dont l’authenticité est désormais scientifiquement bien établie. « Les observations les plus scrupuleuses s’accordent à faire reconnaître jusqu’à deux et trois cent mètres superficiels de linges en lin sur une seule momie [égyptienne]. Un grand nombre de linges ont dû être employés à l’ensevelissement du Sauveur. La respectueuse prodigalité indiquée dans l’emploi des aromates prouve qu’on n’a pas dû épargner davantage les linges et les bandelettes, d’ailleurs nécessaires pour les maintenir. » (ROHAULT DE FLEURY.)
Jean 19, 41-42 : Le Christ mis au tombeau - Gravure de Gustave Doré
Jean 19, 41-42 : Le Christ mis au tombeau - Gravure de Gustave Doré
41 Or il y avait, dans le lieu où il avait été crucifié, un jardin, et dans ce jardin un sépulcre neuf, où personne encore n’avait été mis.
Note Jean 19,41 : Un sépulcre neuf. Voir Matthieu, 27, 60-61.
42 Ce fut donc là, à cause de la préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche, qu’ils déposèrent Jésus.

Chapitre 20

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Madeleine va au sépulcre ; elle avertit Pierre et Jean ; ils y viennent ensemble.
Apparition des anges et de Jésus à Madeleine.
Jésus apparaît aux apôtres et leur donne le Saint-Esprit.
Seconde apparition de Jésus aux apôtres.
Thomas voit et croit.
1 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine vint au sépulcre dès le matin, comme les ténèbres régnaient encore ; et elle vit que la pierre avait été ôtée du sépulcre.
Note Jean 20,1 : Voir Matthieu, 28, 1 ; Marc, 16, 1 ; Luc, 24, 1. ― Le premier jour de la semaine est le dimanche.
2 Elle courut donc, et vint auprès de Simon-Pierre, et de l’autre disciple que Jésus aimait. Et elle leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l’ont mis.
Note Jean 20,2 : L’autre disciple, saint Jean l’Evangéliste.
3 Pierre sortit donc avec cet autre disciple, et ils allèrent au sépulcre. 4 Ils couraient tous deux ensemble ; mais cet autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre. 5 Et s’étant baissé, il vit les linceuls posés à terre ; cependant, il n’entra pas. 6 Simon-Pierre, qui le suivait, vint aussi, et entra dans le sépulcre ; et il vit les linceuls posés à terre, 7 et le suaire, qu’on avait mis sur sa tête, non pas posé avec les linceuls, mais roulé à part, dans un autre endroit. 8 Alors l’autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi ; et il vit, et il crut. 9 Car ils ne savaient pas encore, d’après l’Ecriture, qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts.
Note Jean 20,9 : L’Ecriture. Voir Psaumes, 15, 10 ; Isaïe, chapitre 53.
10 Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.
 
11 Cependant Marie se tenait dehors, près du sépulcre, pleurant. Et tout en pleurant elle se baissa, et regarda dans le sépulcre.
Note Jean 20,11 : Voir Matthieu, 28, 1 ; Marc, 16, 5 ; Luc, 24, 4.
12 Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête, et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait été déposé le corps de Jésus. 13 Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et que je ne sais où ils l’ont mis. 14 Ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout ; mais elle ne savait pas que ce fût Jésus. 15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit : Seigneur, si c’est toi qui l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis, et je l’emporterai. 16 Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit : Rabboni (c’est-à-dire, Maître) ! 17 Jésus lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. 18 Marie Madeleine vint annoncer aux disciples : J’ai vu le Seigneur, et voici ce qu’il m’a dit.
 
19 Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, comme les portes du lieu où les disciples étaient assemblés étaient fermées, par crainte des Juifs, Jésus vint, et se tint au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous !
Note Jean 20,19 : Voir Marc, 16, 14 ; Luc, 24, 36 ; 1 Corinthiens, 15, 5. ― La même puissance qui faisait passer le corps entier de Jésus-Christ dans toute sa dimension à travers les portes fermées, rend le même corps réellement présent dans le sacrement de l’Eucharistie, quoique ces deux choses surpassent notre intelligence.
20 Et après avoir dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc, en voyant le Seigneur.
Note Jean 20,20 : Son côté. Ses mains et ses pieds (voir Luc, 24, 39-40). « Notre-Seigneur voulut, dit saint Ambroise, porter dans son corps glorieux les cicatrices de ses plaies, comme des trophées de sa victoire sur la mort, l’enfer et le péché ; il les conserve jusque dans les ciel, afin de montrer continuellement à son Père le prix de notre rédemption, et de nous obtenir tout, en intercédant par elles en notre faveur. »
21 Et il leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. 22 Ayant dit ces mots, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez l’Esprit-Saint.
Note Jean 20,22 : Jésus emploie le souffle de sa bouche comme un signe extérieur pour marquer qu’il leur communiquait son esprit.
23 Les péchés seront remis à ceux auxquels vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux auxquels vous les retiendrez.
Note Jean 20,23 : Voir Matthieu, 18, 18. ― Il faut nécessairement ou rejeter l’authenticité de ces paroles, ou reconnaître l’origine divine de la confession sacramentelle.
 
24 Or Thomas, l’un des douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains le trou des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai pas.
 
26 Huit jours après, les disciples étaient enfermés de nouveau, et Thomas avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées ; et il se tint au milieu d’eux, et dit : La paix soit avec vous ! 27 Ensuite il dit à Thomas : Introduis ton doigt ici, et vois mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais fidèle (croyant). 28 Thomas répondit, et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! 29 Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !
 
30 Jésus fit encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Note Jean 20,30 : Voir Jean, 21, 25.
31 Ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et que, le croyant, vous ayez la vie en son nom.

Chapitre 21

 | 
 | 
 | 
Chap. : 
Apparition de Jésus à ses disciples près de la mer de Tibériade.
Pêche miraculeuse.
Amour de saint Pierre.
Jésus lui confie ses brebis et lui prédit son martyre.
Saint Pierre demande à Jésus ce que deviendra saint Jean.
1 Après cela, Jésus se manifesta de nouveau à ses disciples, près de la mer de Tibériade. Il se manifesta ainsi. 2 Simon-Pierre et Thomas, appelé Didyme, et Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, et les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples, étaient ensemble.
Note Jean 21,2 : Nathanaël, l’apôtre saint Barthélémy. Voir Jean, 1, 45. ― Les fils de Zébédée, saint Jacques le Majeur et saint Jean l’Evangéliste.
3 Simon-Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec toi. Ils sortirent donc, et montèrent dans une barque ; et cette nuit-là, ils ne prirent rien. 4 Le matin étant venu, Jésus parut sur le rivage ; mais les disciples ne reconnurent pas que c’était Jésus. 5 Jésus leur dit donc : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui dirent : Non. 6 Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le retirer, à cause de la multitude des poissons. 7 Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Dès que Simon-Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa tunique, car il était nu, et il se jeta à la mer.
Note Jean 21,7 : Nu ; c’est-à-dire, sans son vêtement de dessus.
8 Les autres disciples vinrent avec la barque, car ils étaient peu éloignés de la terre (environ de deux cents coudées), tirant le filet plein de poissons. 9 Lorsqu’ils furent descendus à terre, ils virent des charbons allumés, et du poisson placé dessus, et du pain. 10 Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. 11 Simon-Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet, plein de cent cinquante trois gros poissons. Et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne fut pas rompu. 12 Jésus leur dit : Venez, mangez. Et aucun de ceux qui prenaient part au repas n’osait lui demander : Qui êtes-vous ? car ils savaient que c’était le Seigneur. 13 Jésus vint, prit le pain, et le leur donna, ainsi que du poisson. 14 C’était la troisième fois que Jésus se manifestait à ses disciples, depuis qu’il était ressuscité d’entre les morts.
 
15 Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. 16 Il lui dit de nouveau : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre lui répondit : Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes agneaux. 17 Il lui dit pour la troisième fois : Simon fils de Jean, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? et il lui répondit : Seigneur, vous savez toutes choses ; vous savez que je vous aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.
Note Jean 21,17 : Pais mes brebis. Pierre a réparé son triple reniement par une triple protestation d’amour. Le Sauveur avait promis à saint Pierre la suprématie spirituelle (voir Matthieu, 16, 19) : et il remplit ici sa promesse, en le chargeant de paître toutes ses brebis sans exception, par conséquent tout son troupeau, c’est-à-dire toute son Eglise.
 
18 En vérité, en vérité, je te le dis, lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais lorsque tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne voudras pas.
Note Jean 21,18 : Voir 2 Pierre, 1, 14.
19 Or il dit cela pour marquer par quelle mort il devait glorifier Dieu. Et, après avoir ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.
Note Jean 21,19 : Saint Pierre mourut sur une croix, à Rome, la tête en bas, l’an 67 de notre ère. Ce n’est que plusieurs années après le martyre du prince des apôtres que saint Jean rappelait dans son Evangile cette prophétie du Sauveur.
 
20 Pierre, s’étant retourné, vit venir derrière lui le disciple que Jésus aimait, et qui, pendant la cène, s’était reposé sur son sein, et avait dit : Seigneur, quel est celui qui vous trahira ?
Note Jean 21,20 : Voir Jean, 13, 23. ― Le disciple que Jésus aimait, saint Jean l’Evangéliste.
21 Pierre donc, l’ayant vu, dit à Jésus : Seigneur, celui-ci, que deviendra-t-il ? 22 Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi.
Note Jean 21,22-23 : Je veux qu’il demeure ainsi… Le texte grec porte : Si je veux, et laisse ainsi la chose dans le doute.
Note Jean 21,22 : Voir Matthieu, 24, 34 ; Marc, 8, 39 ; 13, 30 ; Luc, 9, 27. ― Qu’il demeure ainsi : qu’il reste en vie, par opposition à suivre Jésus par le martyre. ― Jusqu’à ce que je vienne… Les chrétiens croyaient que saint Jean vivrait jusqu’à la venue du Christ (saint Théophile). « Cette parole montre bien que le Christ pouvait revenir en Gloire dès la 1re génération chrétienne et que ce n’était pas une erreur de la part des Apôtres d’y avoir cru. Saint Pierre le dit explicitement dans les Actes (voir Actes des Apôtres, 3, 19-21, et note), s’adressant aux Juifs : « Faites donc pénitence et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés, afin que viennent des temps de rafraîchissement de la part du Seigneur, et qu’il envoie celui qui vous a été prédit, Jésus-Christ, que le ciel doit recevoir jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes, depuis le commencement du monde. (vérifier concordance) » Saint Pierre (Jean ?) montre bien ici que la conversion des Juifs était encore possible au temps des Actes des Apôtres et qu’elle aurait mérité à l’humanité le Retour en Gloire du Christ. CRAMPON dit à ce sujet : « La venue de ces temps heureux dépend de la conversion des hommes : elle est d’autant plus prochaine que les hommes seront plus tôt convertis (comparer à 2 Pierre, 3, 9). » Ce qui montre que la Parole du Christ à saint Jean peut s’entendre de manière obvie et littérale. Voir Matthieu, 16, 28 et 10, 23, qui annonce pareillement : « En vérité, je vous le dis : Vous n’aurez pas fini d’évangéliser toutes les villes d’Israël jusqu’à ce que vienne le Fils de l’homme. » ― Que t’importe ce qui doit arriver à tes frères dans l’apostolat ? Songe à bien remplir la tâche qui t’est assignée. ― Toi, suis-moi : Jésus invite Pierre à le suivre dans sa mort sur la croix. Jésus prédit le crucifiement à Pierre (saint Augustin). Saint Pierre fut en effet crucifié à Rome en l’an 67 la tête en bas. Bien des années après la mort de saint Pierre, saint Jean fit remarquer que la prophétie de Jésus s’était accomplie.
23 Le bruit courut donc, parmi les frères, que ce disciple ne mourrait pas. Cependant, Jésus n’avait pas dit : Il ne mourra pas ; mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?
 
24 C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est véridique.
Note Jean 21,24-25 : « Ces versets sont un nouvel épilogue de l’Evangile de saint Jean (comparer à Jean, 20, 30), devenu nécessaire après l’addition du chapitre 21. ― A cause la formule plurielle, nous savons, quelques-uns pensent que ces versets ne sont pas de saint Jean, mais qu’ils ont été ajoutés soit par des disciples de Notre-Seigneur, entre autres saint André, soit par les prêtres de l’Eglise d’Ephèse. Mais rien n’oblige à admettre cette conclusion. Saint Jean, dans sa première épître, emploie aussi le pluriel : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons ; cette forme que les rhéteurs appellent communicative, était familière aux grecs dans le style épistolaire. Or, la première Epître, comme nous l’avons dit plus haut, est la préface et la lettre d’envoi de l’Evangile : pourquoi donc saint Jean n’aurait-il pu terminer par une conclusion qui rappelât la préface, et dont le style, par conséquent, prit le caractère épistolaire ? » (CRAMPON, 1885)
 
25 Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; si on les écrivait une à une, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres que l’on devrait écrire.
Note Jean 21,25 : Voir Jean, 20, 30. ― Le monde entier : « Locution hyperbolique presque réalisée par les faits, dit Corn. de Lapierre : les discours et les livres composés sur la vie du Sauveur ne sont-ils pas vraiment innombrables ? On trouve des hyperboles non moins fortes dans les livres rabbiniques, et même dans Cicéron, par exemple, II Philipp. XXVII. » (CRAMPON)

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.