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Livre des Proverbes
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Livre des Proverbes

Chapitre 1

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Chap. : 
Exhortation à l’étude de la sagesse.
Malheur de ceux qui la méprisent, et qui cherchent à séduire les simples.
1 Paraboles de Salomon, fils de David, (et) roi d’Israël,
Note Prov. 1,1-6 : Préface des livres des Proverbes. Salomon a un double but : celui d’apprendre la sagesse à ceux qui ne la connaissent pas encore et celui d’en donner une connaissance plus parfaite à ceux qui la connaissent déjà.
2 (utiles) pour connaître la sagesse et la discipline ;
Note Prov. 1,2 : La discipline. Ce mot, qui est souvent répété dans les Proverbes, signifie principalement les connaissances spéculatives, les instructions propres à former l’esprit et le cœur de la jeunesse, la correction des défauts. Le contexte seul suffit souvent pour faire saisir dans chaque passage la nuance de la signification.
3 pour comprendre les paroles de la prudence, et pour recevoir les (l’) instruction(s) de la doctrine, la justice, et le jugement, et l’équité ; 4 pour donner de l’habileté (finesse) aux simples (tout petits), la science et l’intelligence au jeune homme (l’adolescent).
Note Prov. 1,4 : Aux tout-petits (parvulis) ; c’est-à-dire selon l’hébreu, aux simples, qui se laissent facilement persuader et séduire ; qui manquent d’expérience, et, par là même, de prudence. ― La finesse se prend ici, en bonne part, pour la sagesse, la prudence, la discrétion.
5 En les écoutant, le sage deviendra plus sage, et celui qui est intelligent acquerra l’art de gouverner. 6 Il pénétrera les paraboles (le proverbe) et leur sens mystérieux, les paroles des sages et leurs énigmes. 7 La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. Les insensés méprisent la sagesse et la doctrine.
Note Prov. 1,7 et suivants : La première partie des Proverbes de Salomon va du chapitre 1, verset 7 au chapitre 9. Elle diffère des deux autres parties de la collection en ce qu’elle ne se compose pas seulement de pensées détachées, roulant sur des objets divers : le sujet est unique ; l’auteur fait l’éloge de la sagesse et exhorte les jeunes gens à travailler à l’acquérir. On peut considérer, à certains égards, cette première partie comme une introduction aux proverbes proprement dits, destinés à en faire sentir l’utilité et l’importance. La connexion entre les divers chapitres n’est pas d’ailleurs très rigoureuse. Plusieurs, chapitres 2 ; 5 ; 7 ; 8 ; 9, forment un tout régulier ; quelquefois, il n’y a de véritable suite que pendant quelques versets : voir Proverbes, 3, 1-10 ; 13-26 ; 4, 14-19 ; 6, vv. 1-5, 6-11, d’où la difficulté de marquer les subdivisions de cette première section avec certitude. On peut y distinguer, néanmoins, trois parties différant par le contenu, du chapitre 1, verset 8 au chapitre 3 ; du chapitre 4 au chapitre 6, verset 19 ; du chapitre 6, verset 20 au chapitre 9. Le style des Proverbes est en général le style poétique le plus simple : mais il n’est pas partout le même. C’est surtout entre le premier et le second recueil que la différence de composition est sensible. Dans les chapitres 1 à 9, malgré un peu de diffusion, quelques répétitions et l’absence, en certains endroits, d’un développement régulier, le langage est plus noble, le ton plus élevé ; ils abondent en images vivantes et en prosopopées hardies ; les deux derniers chapitres, le 8 et le 9, comptent parmi les pages les plus sublimes de la Bible. Quant à la forme proprement dite, la structure des morceaux est peu régulière. Une pensée est quelquefois développée en deux ou trois versets, voir Proverbes, 1, 8-9 ; 3, 11-12 ; 6, vv. 1-5, 12-15, 16-19 ; d’autres fois elle embrasse une longue suite de versets ou même un chapitre tout entier, voir Proverbes, 2, 1-22 ; 5, 1-20 ; 6, 20-35 ; 7 ; 8 ; 9.
Note Prov. 1,7 : Voir Psaumes, 110, 10 ; Ecclésiastique, 1, 16. ― Les insensés (stulli) ; sous ce nom, l’Ecriture désigne assez souvent les méchants, les impies. ― La crainte du Seigneur est le principe de la sagesse. « Dans cette parole d’or, dit Umbreit, la philosophie de l’Orient se sépare nettement de l’Occident. Le sage [juif] parvient par la religion à la sagesse, tandis que le sage de l’Occident cherche à arriver par la sagesse à la religion. On peut expliquer ainsi ces paroles : L’homme religieux peut seul devenir véritablement sage. »
 
8 Ecoute, mon fils, les instructions (la discipline) de ton père, et n’abandonne (ne rejette) pas la loi de ta mère.
Note Prov. 1,8 : Ici commence une subdivision qui embrasse la fin de ce chapitre et les chapitres 2 et 3 entiers. Elle contient une exhortation générale à s’adonner à la poursuite de la sagesse, et elle se termine par des détails divers. Cette première subdivision, comme les suivantes, est indiquée par les mots, Ecoute, mon fils, ou expressions analogues, voir Proverbes, 4, 1 ; 6, 20.
9 Ce sera (Afin que soit ajouté) un ornement pour ta tête, et un collier autour de ton cou.
Note Prov. 1,9 : Un agrément (gratia) ; un ornement, une couronne. ― Les Orientaux comparent souvent les paroles des sages à des perles et à des ornements de prix, parce qu’elles ornent l’homme moral comme une parure.
10 Mon fils, si les (des) pécheurs t’attirent (veulent t’attirer) (par leurs caresses), ne te laisse pas gagner par eux. 11 S’ils disent : Viens avec nous, dressons des embûches pour répandre le (au, note) sang ; cachons des pièges contre l’innocent qui ne nous a fait aucun mal ;
Note Prov. 1,11 : Au sang ; c’est-à-dire pour verser le sang. Comparer au verset 16.
12 dévorons-le tout vivant, comme fait l’enfer, et tout entier comme celui qui descend dans la fosse.
Note Prov. 1,12 : Dans la fosse ; dans le tombeau. ― Comme l’enfer, le scheôl, le lieu où étaient les âmes des morts.
13 Nous trouverons toute(s) sorte(s) de biens précieux ; nous remplirons nos maisons de dépouilles. 14 Entre en société avec nous, n’ayons qu’une même bourse pour nous tous. 15 Mon fils, ne va pas avec eux ; préserve ton pied de leurs sentiers. 16 Car leurs pieds courent au mal, et ils se hâtent de répandre le sang.
Note Prov. 1,16 : Voir Isaïe, 59, 7.
17 Mais c’est en vain qu’on jette le filet devant les yeux de ceux qui ont des ailes (oiseaux).
Note Prov. 1,17-18 : De même que l’oiseleur tend inutilement son filet sous les yeux des oiseaux, parce que, lorsque les oiseaux le voient tendre, ils l’évitent, de même aussi les pécheurs manqueront leur but ; bien plus, ils tomberont eux-mêmes dans les pièges qu’ils tendent aux autres.
18 Ils dressent eux aussi des embûches à leur propre sang, et ils trament des complots (fraudes) contre leurs âmes. 19 Telles sont les voies de tout homme cupide (avare) ; elles perdent les âmes de ceux qui les suivent.
 
20 La sagesse crie au (prêche) dehors ; elle fait entendre (élève) sa voix dans les places publiques.
Note Prov. 1,20 : Dans les places publiques. On peut voir ici une allusion à la coutume orientale de mettre les préceptes de morale en vers, que des chanteurs ou des orateurs chantent ou déclament dans les rues et sur les places publiques.
21 Elle pousse des cris à la tête des foules ; elle fait retentir ses paroles aux portes de la ville, et elle dit :
 
22 Jusques à quand, ô (tout petits) enfants, aimerez-vous l’enfance ? Jusques à quand les insensés désireront-ils ce qui leur est pernicieux, et les imprudents haïront-ils la science ?
Note Prov. 1,22 : Très petits. Voir le verset 4. ― Les insensés. Voir le verset 7. ― Salomon énumère trois classes de gens qui repoussent la sagesse : les enfants ou les simples, les insensés ou les esprits légers et frivoles et les imprudents ou les sots. Voir la parabole de la semence, Matthieu, 13, verset 3 et suivants.
23 Convertissez-vous à mes remontrances. Je vais répandre sur vous mon esprit, et je vous ferai entendre (comprendre) mes paroles.
 
24 Puisque (Parce que) j’ai appelé, et que vous avez refusé d’écouter ; (puis)que j’ai tendu ma main, et que personne n’y a pris garde ;
Note Prov. 1,24 : Voir Isaïe, 65, 12 ; 66, 4 ; Jérémie, 7, 13.
25 puisque vous avez méprisé tous mes conseils, et que vous avez négligé mes réprimandes : 26 moi aussi (à votre mort) je rirai de votre ruine ; et je me moquerai, lorsque ce que vous redoutiez (vous) sera arrivé. 27 Lorsque soudain se précipitera le malheur (une calamité), et que la ruine (mort) fondra (violemment sur vous) comme la tempête ; lorsque la tribulation et l’angoisse viendront sur vous,
 
28 alors ils m’invoqueront, et je n’écouterai pas ; ils se lèveront dès le matin, et ils ne me trouveront pas : 29 parce qu’ils ont haï l’instruction (la discipline), et qu’ils n’ont pas accueilli la crainte du Seigneur, 30 et qu’ils ne se sont pas soumis à mes conseils, et qu’ils ont méprisé (déprécié) toutes mes remontrances. 31 Ils mangeront donc les fruits de leur voie, et ils seront rassasiés de leurs conseils.
Note Prov. 1,31 : Ils seront rassasiés, etc. ; c’est-à-dire ils recevront la récompense pleine et entière de leurs desseins, de leurs projets.
32 L’égarement des enfants (tout petits) les tuera, et la prospérité des insensés les perdra.
Note Prov. 1,32 : L’égarement ; littéralement l’éloignement (aversio) de la droite voie, de la sagesse, de la vertu. C’est le même sens en hébreu. Jérémie se sert plusieurs fois de ce mot pour exprimer l’éloignement de Dieu (voir Jérémie, 2, 12 (?) ; 3, 22 ; 5, 6 ; 14, 7). ― Tout petits. Voir le verset 4.
33 Mais celui qui m’écoute reposera en assurance, et il jouira de l’abondance sans craindre aucun mal (la crainte des maux ayant été enlevée).
Note Prov. 1,33 : La crainte, etc. ; sans avoir à craindre aucun mal.

Chapitre 2

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Chap. : 
Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse.
Maux que la sagesse fait éviter à ceux qui l’aiment et qui la possèdent.
1 Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu gardes mes préceptes (commandements) cachés sur (en) toi,
Note Prov. 2,1 : Si tu caches, etc. ; c’est-à-dire si tu les tiens renfermés dans ton cœur, comme on tient un trésor à l’abri de toute atteinte.
2 de sorte que ton oreille soit attentive à la sagesse, incline ton cœur pour connaître la prudence. 3 Car si tu invoques la sagesse, et que tu inclines ton cœur à la prudence ; 4 si tu la recherches comme l’argent, et que tu creuses pour la trouver, comme on fait pour les trésors ;
Note Prov. 2,4 : Si tu la recherches, etc. L’image de cette recherche diligente est empruntée au travail des mines, décrit longuement à Job, 28, 1-11.
5 alors tu comprendras la crainte du Seigneur, et tu trouveras la science de Dieu, 6 car c’est le Seigneur qui donne la sagesse, et c’est de sa bouche que sortent la prudence et la science. 7 Il réservera le (veillera au) salut pour les (des) hommes droits, et il protégera ceux qui marchent dans la simplicité, 8 préservant les sentiers de la justice, et gardant les voies des saints. 9 Alors tu comprendras la justice, et le jugement, et l’équité, et tout bon sentier.
 
10 Si la sagesse entre dans ton cœur, et que la science plaise à ton âme, 11 le conseil te gardera, et la prudence te conservera, 12 pour que tu sois délivré de la (arraché à une) voie mauvaise, et de l’homme qui tient des discours pervers ; 13 de ceux qui abandonnent le droit chemin, et qui marchent par des voies ténébreuses ; 14 qui se réjouissent lorsqu’ils ont fait le mal, et qui mettent leurs délices dans les choses les plus criminelles (mauvaises) ; 15 leurs voies sont perverses, et leurs démarches infâmes. 16 Pour que tu sois délivré de la femme étrangère (d’autrui), de (et à) l’étrangère qui rend ses paroles doucereuses, 17 et qui abandonne le guide de sa jeunesse,
Note Prov. 2,17 : Le guide de sa jeunesse ; littéralement de sa puberté ; c’est-à-dire celui qu’elle avait épousé étant à l’âge de puberté, étant encore vierge. Comparer à Jérémie, 3, 4.
18 et qui (a) oublie(é) l’alliance de son Dieu. Sa maison penche vers la mort, et ses sentiers mènent aux (vers les) enfers.
Note Prov. 2,18 : Qui a oublié l’alliance de son Dieu, la loi de Dieu qu’elle viole. ― Vers les enfers, en hébreu, vers les rephaïm ou habitants du scheôl. Voir Proverbes, 9, 18.
19 Aucun de ceux qui entrent auprès d’elle ne reviendra, et ne ressaisira les sentiers de la vie.
Note Prov. 2,19 : Ne reviendront pas au monde supérieur, à la vie tranquille, heureuse et pure.
 
20 Pour (Afin) que tu marches dans la bonne voie, et que tu gardes les sentiers des justes. 21 Car ceux qui sont droits habiteront sur la terre, et les simples y demeureront (constamment) ;
Note Prov. 2,21 : Les hommes qui sont droits ; selon l’hébreu, les intègres, les parfaits. ― Sur la terre (in terrâ) ; c’est-à-dire dans leur patrie, jouissant d’une sécurité et d’une prospérité durables, comme Moïse l’a promis à ceux qui observeraient les préceptes divins (voir Exode, 20, 12 ; Lévitique, 25, 18 ; 26, 15, etc.), et Jésus-Christ à ceux qui sont doux (voir Matthieu, 5, 4). Mais de cette première idée d’une félicité temporelle et d’une vie paisible dans le monde, l’Ecriture nous élève à une autre terre et à une autre vie, qui ne finira pas, à la terre des vivants, à la félicité éternelle, au ciel.
22 mais les impies seront exterminés de (dessus) la terre, et ceux qui commettent l’injustice en (les méchants) seront arrachés.
Note Prov. 2,22 : Voir Job, 18, 17. ― La sagesse promet ici à ses sectateurs un des biens qui étaient le plus désirés des Hébreux, le bonheur de vivre et de mourir en paix dans sa patrie.

Chapitre 3

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Chap. : 
La sagesse donne une longue vie.
Avoir confiance en Dieu.
N’être pas sage à ses propres yeux.
Honorer le Seigneur par des présents ; souffrir ses corrections et ses épreuves.
Prix inestimable de la sagesse.
Le Seigneur a fondé la terre par la sagesse.
Paix de ceux qui possèdent la sagesse.
Faire du bien à son prochain.
Bonheur des justes.
1 Mon fils, n’oublie pas ma loi, et que ton cœur garde mes préceptes ; 2 car c’est la longueur des jours et des années de vie, et la paix qu’ils te procureront.
Note Prov. 3,2 : Ils t’apporteront, etc. Comparer à Lévitique, 20, 22 ; Deutéronome, 4, 10 ; 22, 7.
3 Que la miséricorde et la vérité ne t’abandonnent pas. Lie-les autour de ton cou, et grave-les sur les tables de ton cœur,
Note Prov. 3,3 : Mets-les autour, etc. Comparer à Exode, 13, 9 ; Deutéronome, 6, 8. ― Grave, etc. ; allusion aux Tables de la loi. Voir Exode, 24, 12.
4 et tu trouveras grâce et (une) bonne instruction (discipline) devant Dieu et devant les hommes.
Note Prov. 3,4 : Discipline. Voir Proverbes, 1, 2.
 
5 Aie confiance en Dieu (dans le Seigneur) de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta prudence. 6 Pense à lui dans toutes tes voies, et il conduira lui-même tes pas.
Note Prov. 3,6 : Lui-même dirigera tes pas, aplanira tes sentiers, rendra ta vie heureuse et sainte. Voir Psaumes, 26, 12.
7 Ne sois pas sage à tes propres yeux ; crains Dieu, et éloigne-toi du mal ;
Note Prov. 3,7 : Voir Romains, 12, 16.
8 car ce sera la santé pour ta chair, et le rafraîchissement de (une irrigation pour) tes os.
 
9 Honore le Seigneur avec tes biens, et donne-lui les prémices de tous tes fruits ;
Note Prov. 3,9 : Voir Tobie, 4, 7 ; Luc, 14, 13 (?).
10 et tes greniers seront remplis d’abondance, et tes pressoirs regorgeront de vin.
Note Prov. 3,10 : Tes pressoirs. Le mot hébreu ainsi traduit désigne une sorte d’auge creusée dans la terre ou taillée dans le roc, à côté du pressoir proprement dit et dans laquelle se déverse le vin qui coule du pressoir. Voir Isaïe, 5, 2.
 
11 Mon fils, ne rejette pas la correction (discipline) du Seigneur, et ne perds pas courage lorsqu’il te châtie ;
Note Prov. 3,11 : Voir Hébreux, 12, 5 ; Apocalypse, 3, 19.
12 car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il se complaît en lui comme un père dans son fils.
 
13 (Bien)Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse, et qui est riche en prudence. 14 Son acquisition vaut mieux que celle (le commerce) de l’argent, et ses fruits sont préférables à l’or le plus fin (meilleur) et le plus pur.
Note Prov. 3,14-15 : Toutes les richesses. En hébreu, les perles. Il y a une gradation ascendante ; d’abord l’argent, puis l’or, plus précieux que l’argent, et enfin les perles plus rares encore et de plus grand prix. Voir Proverbes, 8, 11 et Job, 28, 18.
15 Elle est plus précieuse que toutes les richesses, et tout ce qu’on désire le plus ne mérite pas de lui être comparé. 16 Elle a la longueur des jours dans sa droite, et dans sa gauche les richesses et la gloire.
Note Prov. 3,16 : La longueur, etc. ; c’est-à-dire que la sagesse donne, d’un côté, une longue et heureuse vie ; et de l’autre, des biens et des honneurs. ― L’excellence de la sagesse a été montrée jusqu’ici par des comparaisons. Dans ce verset, elle nous apparaît comme une reine dont les mains sont remplies de présents que les Hébreux considèrent comme les plus désirables, et elle les offre à ceux qui obéissent à ses lois. Les dons qu’offre ici la sagesse sont ceux que Dieu promit à Salomon quand il lui apparut à Gabaon, voir 3 Rois, 3, 11-14.
17 Ses voies sont de belles voies, et tous ses sentiers sont paisibles (pacifiques).
Note Prov. 3,17 : Pacifiques. La sagesse donne la paix de l’âme que tous les hommes désirent et que les impies, qui ne recherchent pas la sagesse, ne trouvent pas.
18 Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent, et celui qui s’attache à elle est bienheureux.
Note Prov. 3,18 : Un arbre de vie. Allusion à l’arbre de vie du paradis terrestre, voir Genèse, 2, 9 ; 3, 22.
 
19 Le Seigneur a fondé la terre par la sagesse ; il a établi (affermi) les cieux par la prudence. 20 C’est par sa sagesse que les abîmes ont débordé (paru tout à coup), et que les nuées se chargent de rosée.
Note Prov. 3,20 : Des nuées se chargent de rosées (nubes rore concrescunt) ; selon l’hébreu : Des nuées distillent la rosée. ― Les abîmes, les eaux de mers. Ce verset, comme les deux précédents, rappellent les premiers chapitres de la Genèse.
 
21 Mon fils, que ces choses ne s’éloignent pas de tes yeux. Garde la loi et le conseil, 22 et ils seront la vie de ton âme, et un ornement à ton cou. 23 Alors tu marcheras avec confiance (assurance) dans ta voie, et ton pied ne se heurtera pas. 24 Si tu dors, tu ne craindras pas ; tu te reposeras, et ton sommeil sera doux. 25 Ne redoute pas la frayeur (une terreur) soudaine, ni les assauts de la tyrannie (les puissances) des impies. 26 Car le Seigneur sera à ton côté, et il gardera ton pied, pour que tu ne sois pas pris (dans le piège).
 
27 N’empêche pas de bien faire celui qui le peut ; si cela t’est possible, toi-même fais le bien.
Note Prov. 3,27-35 : Exhortation à la charité fraternelle.
28 Ne dis pas à ton ami : Va et reviens, je te donnerai demain, lorsque tu peux donner à l’instant même.
 
29 Ne médite pas le mal contre ton ami lorsqu’il (puisqu’il) a confiance en toi.
 
30 N’entre pas sans sujet en contestation contre un homme, lorsqu’il ne t’a fait aucun mal.
 
31 Ne porte pas envie à l’injuste, et n’imite pas ses voies,
Note Prov. 3,31 : Voir Psaumes, 36, 1.
32 parce que le Seigneur a tout trompeur (moqueur) en abomination, et qu’il converse avec les simples.
Note Prov. 3,32 : Moqueur (illusor) ; selon l’hébreu, pervers, dépravé.
33 Le Seigneur frappera d’indigence (de détresse) la maison de l’impie, mais les maisons des justes seront bénies. 34 Il se moquera (jouera lui-même) des moqueurs, et il donnera sa grâce aux doux. 35 Les sages posséderont la gloire ; l’élévation des insensés sera leur confusion (l’ignominie).

Chapitre 4

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Chap. : 
Salomon donne aux autres les instructions qu’il a reçues lui-même pendant sa jeunesse.
Exhortation à étudier la sagesse.
Inquiétudes des méchants.
Garder son cœur avec soin.
Veiller sur sa langue et sur ses démarches.
1 Écoutez, mes fils, l’instruction (la discipline) de votre père, et soyez attentifs pour connaître la prudence.
Note Prov. 4,1 e : t suivants Ecoutez, mes fils. Commencement de la seconde subdivision de la première partie. Elle comprend les chapitres 4 et 5 jusqu’au chapitre 6, verset 19 et revient sur des points particuliers de l’exhortation contenue dans la première subdivision. ― Salomon reproduit ici les instructions qu’il avait reçues dans sa jeunesse de David, son père. Il rappelle souvent qu’il ne donne pas ses enseignements comme les siens propres, mais comme ceux de l’expérience des vieillards et de ses aïeux.
Note Prov. 4,1 : La discipline. Voir Proverbes, 1, 2.
2 Je vous ferai un excellent don ; n’abandonnez pas ma loi.
 
3 Car moi aussi, j’ai été le fils d’un père, le tendre enfant, et comme le (un) fils unique de(vant) ma mère.
Note Prov. 4,3 : Chéri (tenellus) ; le grec porte obéissant, docile. ― Comme ; particule qui se sous-entend très souvent dans le style biblique, et qui est évidemment sous-entendue ici, puisque Salomon eut trois frères (voir 1 Paralipomènes, 3, 5) ; à moins qu’on ne prenne fils unique dans le sens de fils chéri, le bien-aimé, comme l’ont fait les Septante. On sait, d’ailleurs, que les écrivains grecs et latins désignaient quelquefois par bien-aimés les fils uniques ou premiers-nés.
4 Et il m’instruisait, et disait : Que ton cœur reçoive mes paroles ; garde mes préceptes, et tu vivras. 5 Acquiers la sagesse, acquiers la prudence. N’oublie pas les paroles de ma bouche, et ne t’en détourne pas. 6 N’abandonne pas la sagesse, et elle te gardera ; aime-la, et elle te conservera. 7 Le commencement de la sagesse, c’est : Acquiers la sagesse, (et) au prix de tous tes biens, acquiers la prudence.
Note Prov. 4,7 : Un principe de sagesse, etc. ; c’est-à-dire c’est déjà être sage, que de chercher la sagesse, que de travailler pour l’obtenir. ― Par tout ce que tu possèdes ; c’est-à-dire emploie, si c’est nécessaire, tout ce que tu possèdes pour acquérir la prudence.
8 Saisis-la (de force), et elle t’exaltera ; elle sera ta gloire, lorsque tu l’auras embrassée. 9 Elle mettra sur ta tête un (des) accroissement(s) de grâces, et elle te couvrira d’une (glorieuse) couronne éclatante.
 
10 Écoute, mon fils, et reçois mes paroles, afin que les années de ta vie se multiplient. 11 Je te montrerai la voie de la sagesse ; je te conduirai par les sentiers de l’équité. 12 Lorsque tu y seras entré, tes pas ne seront pas gênés, et si tu cours, rien ne te fera tomber (tu ne trouveras pas de pierre d’achoppement).
Note Prov. 4,12 : La vie de l’homme est souvent comparée dans l’Ecriture à une marche ou à un voyage, parce que nous n’avons pas ici de demeure permanente et que notre véritable patrie est ailleurs, voir Genèse, 47, 9 ; Psaumes, 39, 14-15. Les pas resserrés indiquent les embarras qui surviennent à l’homme dans le cours de la vie. La course est la prompte exécution de ce que nous avons à faire pour remplir le but de la vie ; la pierre d’achoppement ou la chute est l’issue malheureuse d’une affaire, l’échec d’un plan ou d’une entreprise. Celui qui possède la sagesse n’a pas de difficultés dans l’exécution de ses plans, il peut les mener promptement à bonne fin, sans courir aucun danger de manquer son but.
13 (Re)Tiens-toi à la discipline, ne la quitte pas ; garde-la, parce qu’elle est ta vie. 14 Ne mets pas tes délices dans les sentiers des impies, et que la voie des méchants ne te plaise pas. 15 Fuis-la, n’y passe pas ; détourne-t’en, et quitte-la. 16 Car ils ne dorment pas s’ils n’ont fait du mal, et le sommeil leur est ravi, s’ils n’ont fait tomber quelqu’un dans leurs pièges.
Note Prov. 4,16 : Le sommeil, etc. ; les méchants ne prennent pas de sommeil, ils ne se livrent pas au sommeil.
17 Ils mangent le pain de l’impiété, et ils boivent le vin de l’iniquité. 18 Mais le sentier des justes s’avance comme une lumière brillante (éclatante) et qui croît jusqu’au jour parfait.
Note Prov. 4,18 : S’avance et croît en éclat jusqu’au plein midi. Notre-Seigneur a souvent comparé aussi la vie du juste à la lumière et celle du pécheur aux ténèbres, voir Jean, 11, 9-10, etc.
19 La voie des impies est ténébreuse ; ils ne savent où ils tomberont (se précipitent).
 
20 Mon fils, écoute mes discours, et prête l’oreille à mes paroles. 21 Qu’elles ne s’éloignent pas de tes yeux ; conserve-les au milieu de ton cœur ; 22 car elles sont la vie de ceux qui les trouvent, et la santé de toute chair.
Note Prov. 4,22 : Toute chair, dans le langage de l’Ecriture, signifie tous les hommes.
23 Mets tout le soin possible à garder ton cœur, car il est la source de la vie. 24 Écarte de toi la bouche maligne (perverse), et que les lèvres médisantes soient (bien) loin de toi. 25 Que tes yeux regardent droit devant toi (voient ce qui est droit), et que tes paupières précèdent tes pas.
Note Prov. 4,25 : Que tes yeux, etc.; c’est-à-dire regarde droit devant toi, sans porter inconsidérément tes yeux de côté et d’autre. ― Que tes paupières, etc. ; c’est la même pensée que la précédente, mais exprimée en des termes différents.
26 Fais à tes pieds un (droit) sentier, et toutes tes voies seront affermies. 27 Ne te détourne ni à droite ni à gauche, retire ton pied du mal ; car le Seigneur connaît les voies qui sont à droite, mais ce sont les voies perverses qui sont à gauche, lui-même il redressera ta course, et il te conduira en paix sur ton chemin.
Note Prov. 4,27 : Ici finit l’exhortation du père à ses fils.

Chapitre 5

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Chap. : 
Etre attentif à la sagesse.
Veiller sur ses pensées et sur ses paroles.
S’attacher à sa femme.
Fuir les femmes de mauvaise vie.
Eviter les femmes étrangères.
Suites funestes de l’adultère.
1 Mon fils, sois attentif à ma sagesse, et prête l’oreille à ma prudence,
Note Prov. 5,1 : Tout le chapitre 5 est une exhortation à la chasteté.
2 afin de retenir mes (tes) pensées, et pour que tes lèvres conservent mon instruction (la discipline). Ne fais pas attention aux artifices (fallacieux) de la femme ;
Note Prov. 5,2 : Discipline. Voir, pour le sens de ce mot, qui est reproduit dans ce chapitre, Proverbes, 1, 2.
 
3 car les lèvres de la prostituée sont comme le rayon d’où coule le miel, et sa gorge (son gosier) est plus douce (brillant) que l’huile ;
Note Prov. 5,3 : Le miel est très commun en Palestine, c’est la terre où coule le miel, comme le dit l’Ecriture, voir Exode, 3, 8. Les abeilles y sont très nombreuses, même dans les parties désertes, où elles déposent leur miel dans les fentes des rochers et dans le creux des arbres. De là la fréquence de la comparaison du miel.
4 mais la (sa) fin en est amère comme l’absinthe, et perçante comme un glaive à deux tranchants.
Note Prov. 5,4 : Comme l’absinthe ; l’amertume proverbiale de cette plante est opposée au miel du verset 3. L’absinthe est commune en Palestine, on la trouve en particulier en abondance dans les environs de Bethléem. Elle a environ un mètre de hauteur, est vivace et pousse sans culture dans les terrains secs et un peu chauds. Les Orientaux en faisaient grand usage, malgré son amertume et quoiqu’ils semblent l’avoir considéré comme un poison.
5 Ses pieds descendent à la mort, et ses pas pénètrent (jusqu’) aux enfers. 6 Ils ne vont pas par le sentier de la vie. Ses démarches sont vagabondes (incertaines) et impénétrables.
 
7 Maintenant donc, mon fils, écoute-moi, et ne t’écarte pas des paroles de ma bouche. 8 Eloigne d’elle ta voie, et n’approche pas de la porte de sa maison. 9 Ne livre pas ton honneur à des étrangers, ni tes années à un cruel (vengeur) ;
Note Prov. 5,9 : A un cruel (crudeli). Le mot cruel étant au masculin en hébreu, et ne pouvant par là même se rapporter à la femme adultère, nous avons supposés qu’il désignait le mari, ou un frère, ou un parent quelconque, naturellement intéressé à venger le déshonneur fait à sa famille. C’est ainsi que Siméon et Lévi vengèrent, par un massacre, le viol commis par Sichem sur la personne de Dina, leur sœur (voir Genèse, chapitre 34).
10 de peur que ces (des) étrangers ne s’enrichissent de tes biens, et que le fruit de tes travaux ne passe dans la maison d’un autre,
Note Prov. 5,10 : De tes biens; littéralement de tes forces (viribus) ; mais outre que le mot hébreu rendu dans la Vulgate par forces, signifie également les biens de la fortune, le parallélisme exige ce sens.
11 et que tu ne gémisses à la fin, quand tu auras consumé ta vigueur et ton corps, et que tu ne dises : 12 Pourquoi ai-je détesté la discipline, et pourquoi mon cœur n’a-t-il pas accepté les reproches (remontrances) ? 13 Pourquoi n’ai-je pas écouté la voix de ceux qui m’enseignaient, ni prêté l’oreille à mes maîtres ? 14 J’en suis presque arrivé au comble du malheur (J’ai été presque dans toute sorte de maux), au milieu de l’assemblée du peuple et des anciens (et de la réunion).
Note Prov. 5,14 : Au milieu, etc.; c’est-à-dire devant tout le peuple.
 
15 Bois l’eau de ta citerne, et les eaux (vives) qui s’échappent de ton puits. 16 Que tes sources se déversent dehors, et répands tes eaux sur les places publiques (rues). 17 Possède-les seul, et que les (des) étrangers n’y aient pas de part avec toi. 18 Que ta source soit bénie, et mets ta joie dans la femme de ta jeunesse.
Note Prov. 5,18 : Ta source ; c’est le sens de l’hébreu et du grec, Vulgate, littéralement veine (vena). ― La femme de ta jeunesse ; que tu as épousée dans ta jeunesse. Comparer à Proverbes, 2, 17.
19 Qu’elle te soit (comme) une biche très chère, et comme un faon plein de grâce (très agréable). Que ses mamelles (charmes) t’enivrent en tout temps ; que son amour fasse à jamais tes délices.
Note Prov. 5,19 : Une biche ou une gazelle. « Dans tout l’Orient, la gazelle, à cause de sa timidité, de la douceur de son regard et de l’élégance de ses mouvements et de ses formes, est le symbole de la beauté. » (Mgr MISLIN.)
20 Pourquoi, mon fils, te laisser séduire par une étrangère, et te reposer dans le sein d’une inconnue (autre) ?
 
21 Le Seigneur contemple les voies de l’homme, et il considère toutes ses démarches (pas).
Note Prov. 5,21 : Voir Job, 14, 16 ; 31, 4 ; 34, 21.
22 L’impie est pris dans ses iniquités, et il est lié par les chaînes de ses (propres) péchés. 23 Il mourra, parce qu’il n’a pas reçu l’instruction (eu de discipline), et il sera trompé par l’excès de sa folie.
Note Prov. 5,23 : Il n’a pas eu de discipline. Voir Proverbes, 1, 2.

Chapitre 6

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Chap. : 
Ne se rendre pas légèrement caution pour un autre.
Imiter la diligence de la fourmi.
Peinture de l’homme apostat.
Exhortation à l’étude la loi et de la sagesse.
Eviter la rencontre et la compagnie d’une femme corrompue.
Enormité de l’adultère.
Difficulté d’obtenir le pardon de ce crime.
1 Mon fils, si tu as répondu pour ton ami, si (et que) tu as engagé ta main à un étranger,
Note Prov. 6,1-5 : Il ne faut pas engager témérairement sa parole en se portant caution.
Note Prov. 6,1 : Et que tu aies, etc. C’est une très ancienne coutume parmi les Orientaux de confirmer leurs promesses et leurs engagements, en se donnant mutuellement la main. On en voit beaucoup d’exemple dans la Bible (voir Proverbes, 17, 18 ; 22, 26 ; Isaïe, 62, verset 8 et suivants, etc.). Xénophon parle de cette pratique très commune parmi les Perses (Anabase, l. II, III, et alibi passim).
2 tu es (as été) enlacé par les paroles de ta bouche, et pris par ton propre langage. 3 Fais donc ce que je te dis, mon fils, et délivre-toi toi-même, car tu es tombé entre les mains de ton prochain. Cours, hâte-toi, excite (réveille) ton ami. 4 N’accorde pas de sommeil à tes yeux, et que tes paupières ne s’assoupissent pas. 5 Dégage-toi, comme un (petit) daim, (qui échappe) de la main du chasseur, et comme un oiseau (qui fuit) de la main de l’oiseleur.
Note Prov. 6,5 : De la main. Toutes les versions anciennes autres que la Vulgate traduisent : Des filets, au lieu de la main.
 
6 Va vers la fourmi, ô paresseux, et considère sa conduite, et apprends la sagesse.
Note Prov. 6,6-8 : Ce que le Sage dit de la fourmi, voir Proverbes, 6, 6-8 et 30, 25, a donné lieu à des objections. D’après les Proverbes, les fourmis font des provisions au temps de la moisson. C’est ce qu’on a cru, en effet, partout jusqu’au siècle dernier, et ce que nous lisons dans les fables de La Fontaine ; mais, dit-on, en réalité, la fourmi est carnivore ; elle vit d’insectes et de pucerons, qu’elle élève pour les traire et se nourrir de leur lait ; en fait de matières non animales, elle n’aime que celles qui sont sucrées. Pendant l’hiver, en Occident, elle ne mange pas ; elle s’engourdit, et se réveille au même degré de température que les pucerons dont elle se nourrit. ― De tout cela, on ne peut rien conclure contre l’inspiration de l’auteur sacré. Salomon propose surtout, et à bon droit, les fourmis comme un modèle d’activité. « On a célébré avec raison, dit Latreille, la prévoyance de ces insectes et leur amour insatiable pour leur travail. » Quant à leur approvisionnements, un savant naturaliste anglais, sir John Lubbock, l’un des derniers qui aient étudié leurs mœurs, dit à leur sujet : « Nos fourmis anglaises ne font pas de provisions pour l’hiver ; leur genre de nourriture ne le permet pas ; mais quelques espèces des pays méridionaux font des amas de grain, quelquefois en quantité considérable. » Le D Lortet dit expressément que les fourmis de Syrie ramassent dans leurs greniers « une quantité de blé souvent très considérable. » ― Et il ajoute : « Des milliers de travailleurs sont activement occupés à chercher des grains de blés tombés sur le sol et à les rentrer dans leurs vastes greniers souterrains. Les greniers de ces fourmilières, très vastes, très profonds, forment plusieurs étages réunis par des galeries superposées les unes aux autres… Lorsque la moisson n’est pas abondante, les fellahs ont toujours la précaution d’aller reprendre à ces laborieux insectes les provisions qu’ils ont faites pour la saison d’hiver. »
7 N’ayant ni chef, ni maître, ni prince, 8 elle prépare durant l’été sa nourriture, et amasse pendant la moisson de quoi se nourrir (ce qu’elle doit manger). 9 Jusqu’à quand dormiras-tu, paresseux ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? 10 Tu dormiras un peu, tu sommeilleras un peu, tu croiseras un peu les mains pour dormir,
Note Prov. 6,10 : Voir Proverbes, 24, 33. ― Tu dormiras, etc. C’est une imitation des gestes d’un paresseux, ou une concession, en sorte que le sens soit : Dors donc, etc. ; ou bien enfin, c’est une prosopopée du paresseux qui dit, lorsqu’on l’éveille : Laissez-moi dormir encore un peu, etc. ― Ce tableau de la paresse du dormeur est complet dans sa brièveté : il y a une gradation bien marquée : au sommeil succède l’assoupissement ; puis, avant de se décider à se lever, le paresseux étire longtemps les bras.
11 et l’indigence viendra à toi comme un voyageur, et la pauvreté comme un homme armé. Mais si tu es diligent (actif), ta moisson jaillira comme une source (abondante), et l’indigence fuira loin de toi.
Note Prov. 6,11 : Un coureur de chemins (viator), qui tombe inopinément sur les passants. Comparer à Proverbes, 24, 34. ― Un homme armé ; auquel on ne peut résister.
 
12 L’homme apostat est un homme inutile, il s’avance avec (va tenant, note) une bouche perverse.
Note Prov. 6,12-15 : Contre la fourberie.
Note Prov. 6,12 : Va tenant, etc. ; littéralement marche avec une bouche perverse. ― L’homme apostat, d’après l’original signifie le méchant.
13 Il fait signe des yeux, il frappe du pied, il parle avec les (un) doigt(s) ;
Note Prov. 6,13 : Fait signe, etc. ; peinture exacte d’un homme inconstant et fourbe. ― Le fourbe se sert de signes, des yeux, des pieds et des mains pour dissimuler et tromper.
14 il trame le mal dans son cœur méchant (dépravé), et en tout temps il sème des querelles. 15 Sa ruine (perte) viendra soudain sur lui, et il sera brisé tout d’un coup et il n’aura plus de remède.
 
16 Il y a six choses que hait le Seigneur, et une (la) septième que son âme (la) déteste :
Note Prov. 6,16-19 : Les sept vices que Dieu déteste.
17 les yeux altiers, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, 18 le cœur qui médite des desseins très coupables, les pieds agiles (prompts) pour courir au mal, 19 le témoin trompeur (fallacieux) qui profère des mensonges, et celui qui sème des dissensions entre les frères.
 
20 Observe (Conserve), mon fils, les préceptes de ton père, et n’abandonne (ne rejette) pas la loi de ta mère.
Note Prov. 6,20 : Conserve, mon fils. Commencement de la troisième subdivision de la première partie qui s’étend jusqu’au chapitre 9 inclusivement. Le discours du Sage croît graduellement en force et en grandeur, et il s’élève jusqu’à la plus haute poésie pour faire l’éloge de la sagesse incréée.
21 Tiens-les sans cesse liés dans ton cœur, et attache-les autour de ton cou.
Note Prov. 6,21 : Lie-les ; allusion à ce que dit Moïse dans Deutéronome, 6, 6-8. Comparer à Proverbes, 7, 3.
22 Lorsque tu marches, qu’ils t’accompagnent ; lorsque tu dors, qu’ils te gardent, et à ton réveil entretiens-toi avec eux. 23 Car le précepte (un commandement) est une lampe, et la loi une lumière, et la réprimande qui retient dans la (une remontrance de) discipline est la voie de la vie ;
 
24 pour te préserver de la femme corrompue, et de la langue flatteuse de (d’une) l’étrangère.
Note Prov. 6,24-35 : Sur la chasteté. Après une exhortation générale à suivre ses avis paternels (versets 20 à 23), le Sage exhorte à fuir l’impureté (versets 24 à 35).
25 Que ton cœur ne convoite (se passionne) pas (pour) sa beauté, et ne te laisse pas prendre par ses regards (les signes de ses yeux) ; 26 car le prix de la courtisane (d’une prostituée) est à peine d’un pain, mais la femme rend captive l’âme précieuse de l’homme. 27 Un homme peut-il cacher le feu dans son sein, sans que ses vêtements soient consumés ? 28 ou marcher sur des charbons ardents sans se brûler la (les) plante(s) des pieds ? 29 Ainsi celui qui s’approche de la femme de son prochain ne sera pas pur lorsqu’il l’aura touchée.
 
30 Ce n’est pas une grande faute qu’un homme dérobe, s’il dérobe pour rassasier sa faim. 31 Et pourtant, s’il est pris, il en rendra sept fois autant, et il donnera tout ce qu’il a dans sa maison. 32 Mais celui qui est adultère perdra son âme par la folie de son (à cause de son manque de) cœur. 33 Il amasse sur lui la honte (turpitude) et l’ignominie, et son opprobre ne s’effacera pas (sera pas effacé) ; 34 car la jalousie et la fureur du mari ne pardonneront pas au jour de la vengeance ; 35 et il ne se rendra aux prières de personne, et il ne recevra pas comme compensation des présents, même très nombreux.

Chapitre 7

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Chap. : 
Exhortation à la sagesse.
Description d’une femme déréglée et de ses artifices.
Malheur à ceux qui s’y laissent prendre.
1 Mon fils, garde mes paroles, et cache mes préceptes dans ton cœur. (Mon fils)
Note Prov. 7,1-27 : Contre l’impureté.
2 Mon fils, observe mes commandements, et tu vivras ; (et) garde ma loi comme la prunelle de ton œil. 3 Lie-la à tes doigts ; écris-la sur les tables de ton cœur.
Note Prov. 7,3 : Lie-la, etc. Comparer à Exode, 13, 16 (?) ; Deutéronome, 6, 8.
4 Dis à la sagesse : Tu es ma sœur ; et appelle la prudence ton amie, 5 pour qu’elle te préserve de la (d’une) femme étrangère (du dehors), de (d’une) l’étrangère qui rend ses paroles douce(reuse)s.
Note Prov. 7,5 : D’une femme, etc. Par les versets 19 et 20, on voit qu’il est question ici d’une femme mariée, mais déréglée dans ses mœurs.
 
6 Car de la fenêtre de ma maison je regardais par le treillis (les barreaux),
Note Prov. 7,6 : Par les barreaux. Dans la Palestine, il n’y avait pas de vitres aux fenêtres, à cause de la grande chaleur ; on les fermait par des jalousies et des rideaux.
7 et j’aperçois des insensés (petits enfants), et parmi eux je remarque un jeune homme dépourvu de sens,
Note Prov. 7,7 : Sans cœur (vecors), ou sans intelligence ; c’est-à-dire insensé ; car le terme hébreu, qui signifie proprement cœur, se prend souvent pour intelligence, sagesse.
8 qui traverse la place, près de l’angle, et se dirige vers la rue qui conduit à la maison de cette femme, 9 dans l’obscurité (profonde), au déclin du jour, dans les ténèbres et les ombres de la nuit. 10 Et voici que vient au-devant de lui cette femme parée comme une courtisane, prête à surprendre les âmes, bruyante, et allant deçà, delà (vagabonde), 11 inquiète (et impatiente,) et ne pouvant demeurer en repos dans sa maison, 12 elle tend ses pièges tantôt dans la rue (dehors), tantôt sur les places publiques, tantôt dans les coins (des rues). 13 Elle saisit ce jeune homme et l’embrasse, et, le caressant avec un visage effronté, elle lui dit : 14 J’avais fait vœu d’offrir des victimes pacifiques (pour ton salut), et aujourd’hui j’ai accompli mes vœux ;
Note Prov. 7,14 : J’avais voué, etc. Elle engage hypocritement le jeune homme à manger avec elle la partie des victimes qui, d’après la loi mosaïque (voir Lévitique, 7, verset 15 et suivants ; 19, 6 ; 22, 29-30), lui revenait de son sacrifice.
15 c’est pourquoi je suis sortie à ta rencontre, désirant te voir, et je t’ai trouvé. 16 J’ai suspendu mon lit avec des sangles ; je l’ai couvert de courtepointes (des couvertures brodées) d’Egypte en broderie ;
Note Prov. 7,16 : J’ai entrelacé, etc. ; hypallage, pour j’ai entrelacé des sangles pour mon lit ; au lieu de le placer sur des planches dures. ― Des couvertures brodées d’Egypte ou des tapis. Les tapis fabriqués en Egypte étaient renommés dans l’antiquité. Voir Ezéchiel, 27, 7.
17 j’ai parfumé mon lit de myrrhe, d’aloès et de cinnamome.
Note Prov. 7,17 : Enumération des parfums avec lesquels on parfumait les appartements et les lits.
18 Viens, enivrons-nous de délices, et jouissons des embrassements (de ce) que nous avons désirés, jusqu’au point du jour. 19 Car le (mon) mari n’est pas à la maison ; il est parti pour un très long voyage. 20 Il a emporté avec lui un sac d’argent ; il ne doit revenir à sa maison qu’au jour de la pleine lune.
Note Prov. 7,20 : A la pleine lune, dans une quinzaine environ, car d’après le verset 9, l’obscurité est profonde ; on est donc au dernier quartier de la lune ou à la nouvelle lune.
21 Elle l’enlaça ainsi par de longs discours, et l’entraîna par les caresses de ses lèvres. 22 Aussitôt il la suit comme un bœuf qu’on mène pour l’immoler, et comme un agneau (qui va à la mort) en bondissant, et ignorant, l’insensé qu’on l’entraîne pour le lier,
Note Prov. 7,22 : Conduit pour servir de victime (ad victimam) ; ou plutôt selon l’hébreu et le grec : Conduit à la tuerie ; sans aucune mention de sacrifice, ce qui est le contraire du verset 14, où les termes du texte original et de la version des Septante signifient de véritables victimes de sacrifice.
23 jusqu’à ce que la (qu’une) flèche lui ait percé le cœur (foie) ; comme un oiseau qui se précipite dans le filet, ne sachant pas qu’il y va pour lui de la vie (s’agit du danger de son âme).
 
24 Maintenant donc, mon fils, écoute-moi, et sois attentif aux paroles de ma bouche. 25 Que ton esprit ne se laisse pas entraîner dans les voies de cette femme, et ne t’égare pas dans ses sentiers, 26 car il en est beaucoup qu’elle a blessés et renversés, et les plus forts (, quels qu’ils fussent,) ont été tués par elle. 27 Sa maison est le chemin de l’enfer, et il pénètre jusque dans les profondeurs de la mort.
Note Prov. 7,27 : Ce sont des voies, etc. Comparer à Proverbes, 2, 18 ; 5, 5.

Chapitre 8

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Chap. : 
Eloge de la sagesse, par l’éminence et la justice de ses maximes, par ses œuvres admirables et par les récompenses qu’elle accorde à ceux qui la cherchent.
1 La sagesse ne crie-t-elle pas, et la prudence ne fait-elle pas entendre sa voix ?
Note Prov. 8,1-36 : Ce chapitre est une prosopopée. La Sagesse y parle comme une reine. Il y a trois séries de pensées : 1° richesse des dons que prodigue la Sagesse, versets 1 à 21 ; 2° son origine divine et éternelle, versets 22 à 31 ; 3° bienfaits qu’elle répand sur ceux qui la possèdent, versets 31 à 36. Ce chapitre développe ainsi deux idées déjà indiquées dans les chapitres précédents : la description de la sagesse 1° comme prêchant aux hommes, voir Proverbes, 1, 20-30 ; 2° comme médiateur et instrument divin dans la création du monde, voir Proverbes, 3, 19-26.
Note Prov. 8,1 : La sagesse. La plupart des Pères entendent ici par ce mot la sagesse divine et éternelle, en tant que seconde personne de la très sainte Trinité ; en sorte, néanmoins, qu’une partie des attributs de cette divine sagesse s’applique à la divinité, et une autre partie à l’humanité du Fils de Dieu.
2 Elle se tient sur les sommets les plus hauts et les plus élevés, sur le chemin, au milieu des sentiers, 3 près des portes de la ville, à l’entrée même (de la ville), et elle parle en ces termes :
 
4 O hommes, c’est à vous que je crie ; et ma voix s’adresse aux enfants (fils) des hommes. 5 Vous, (tout) petits, apprenez la sagesse (finesse), et vous, insensés, faites attention.
Note Prov. 8,5 : O tout petits. Voir Proverbes, 1, 4.
6 Ecoutez, car je vais parler de grandes choses, et mes lèvres s’ouvriront pour annoncer ce qui est droit.
 
7 Ma bouche publiera la vérité, et mes lèvres détesteront (ce qui est) l’impie. 8 Tous mes discours sont justes ; il n’y a en eux rien de mauvais (dépravé) ni de pervers. 9 Ils sont droits pour ceux qui sont intelligents, et équitables pour ceux qui ont trouvé la science. 10 Recevez mes instructions (ma discipline) de préférence à l’argent ; choisissez la doctrine plutôt que l’or. 11 Car la sagesse vaut mieux que tout ce qu’il y a de plus précieux, et tout ce qu’on désire le plus ne peut lui être comparé.
 
12 Moi, la sagesse, j’habite dans le conseil, et je suis présente parmi les (savantes) pensées judicieuses. 13 La crainte du Seigneur hait le mal. Je déteste l’insolence (arrogance), et l’orgueil, et la voie mauvaise (dépravée), et la langue double. 14 A moi est le conseil et l’équité ; à moi est la prudence, à moi est la force. 15 C’est par moi que règnent les rois, et que les législateurs ordonnent ce qui est juste. 16 C’est par moi que les princes commandent, et que les puissants rendent la justice. 17 J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui veillent dès le matin pour me chercher me trouveront. 18 Avec moi sont les richesses et la gloire, les (des) biens superbes et la justice. 19 Car mes fruits valent mieux que l’or et les pierres précieuses, et mes produits sont meilleurs que l’argent le plus pur (meilleur).
Note Prov. 8,19 : L’argent le meilleur ; excellent : littéralement choisi (electo).
20 Je marche dans les voies de la justice, au milieu des sentiers de la prudence (du jugement),
Note Prov. 8,20 : Du jugement ; c’est-à-dire du droit, de ce qui est juste et légitime. Cette explication, conforme d’ailleurs au parallélisme et au texte hébreu, nous a paru préférable à celle des interprètes, qui traduisent le judicium de la Vulgate par prudence ou sagesse. Les Septante ont rendu par justice, ce qui revient à notre explication.
21 pour enrichir ceux qui m’aiment, et pour remplir leurs trésors.
 
22 Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies, avant de faire quoi que ce soit, dès le principe.
Note Prov. 8,22-26 : Origine divine de la Sagesse.
Note Prov. 8,22 : Le Seigneur m’a possédée. Ce verset est célèbre dans l’histoire des discussions dogmatiques, parce que les Ariens en faussaient le sens et prétendaient en conclure que le Verbe n’était pas incréé, mais ce passage signifie que la Sagesse ou le Verbe est coéternel et consubstantiel au Père.
23 J’ai été établie dès l’éternité, et dès les temps anciens, avant que la terre fût créée (bâtie). 24 Les abîmes n’étaient pas encore, et déjà j’étais conçue ; les sources des eaux n’avaient pas encore jailli ;
Note Prov. 8,24 : Les abîmes ; les mers.
25 les montagnes ne s’étaient pas encore dressées avec leur pesante masse ; j’étais enfantée avant les collines. 26 Il n’avait pas encore fait la terre, ni les fleuves, ni (et) les bases (pôles) du globe terrestre. 27 Lorsqu’il préparait les cieux, j’étais là ; lorsqu’il environnait les abîmes de leurs bornes (d’un cercle), par une loi inviolable ;
Note Prov. 8,27-31 : Coopération de la sagesse divine à la création du monde.
Note Prov. 8,27 : D’un cercle, de la voûte céleste qui, à l’horizon, a l’apparence d’un cercle. ― Les abîmes ; les eaux de la mer.
28 lorsqu’il affermissait l’air (la voûte éthérée) dans les régions supérieures, et qu’il équilibrait les sources des eaux ; 29 lorsqu’il entourait la mer de ses limites, et qu’il imposait une loi aux eaux, pour qu’elles ne franchissent pas leurs bornes, lorsqu’il posait (pesait) les fondements de la terre, 30 j’étais avec lui, réglant toutes choses, et j’étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui, 31 me jouant sur le globe de la terre, et mes délices sont d’être avec les enfants (fils) des hommes.
 
32 Maintenant donc, mes fils, écoutez-moi : (Bien)Heureux ceux qui gardent mes voies. 33 Ecoutez mes instructions (la discipline) et soyez sages, et ne les (la) rejetez pas.
Note Prov. 8,33 : La discipline. Voir, sur le sens de ce mot, Proverbes, 1, 2.
34 (Bien)Heureux l’homme qui m’écoute, et qui veille tous les jours à ma porte (l’entrée de ma demeure), et qui se tient (en observation) à la porte de ma maison.
Note Prov. 8,34 : Auprès de ma porte ; littéralement aux poteaux, aux jambages de ma porte.
35 Celui qui me trouvera, trouvera la vie, et puisera le salut dans le Seigneur. 36 Mais celui qui péchera contre moi blessera son âme ; tous ceux qui me haïssent aiment la mort.

Chapitre 9

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Chap. : 
Maison de la sagesse ; son festin auquel elle invite les simples.
La femme insensée invite à son banquet.
Malheur de ceux qui s’y rendent.
1 La sagesse s’est bâtie une maison ; elle a taillé sept colonnes.
Note Prov. 9,1-18 : Peinture de la vocation des hommes à la possession et à la jouissance de la vraie sagesse, sous la figure d’une invitation à un double banquet, celui de la sagesse, versets 1 à 12, et celui de la folie, versets 13 à 18. Il faut se rendre au premier et fuir le second.
Note Prov. 9,1 : La sagesse, etc. C’est la suite de la parabole commencée au chapitre précédent, où l’auteur a représenté la sagesse comme une femme vénérable, dont il oppose les beautés réelles et les solides promesses aux faux attraits de la volupté dépeinte au chapitre 7, sous l’image d’une femme débauchée et impudente. ― La maison de la sagesse est, selon les Pères, l’humanité sainte de Jésus-Christ et l’Eglise chrétienne, qui réunissent, mais d’une manière plus excellente, les avantages décrits par Salomon. ― Sept colonnes. Le nombre sept a toujours été considéré, non seulement chez les Hébreux, mais encore chez les Arabes et les peuples de la Perse, comme le nombre parfait et, en conséquence, mystérieux et sacré. Dans la religion chrétienne, les sept colonnes figurent les sept sacrements et les sept dons du Saint-Esprit. ― Tailler des colonnes indique la magnificence des constructions.
2 Elle a immolé ses victimes, mêlé son (le) vin, et disposé sa table.
Note Prov. 9,2 : Elle a immolé ses victimes ; ou selon l’hébreu, elle a tué, égorgé ses animaux, qu’elle avait engraissés pour un festin, en dehors de tout sacrifice. Voyez ce que vous avons dit à ce sujet, voir Proverbes, 7, 22. ― Mêlé le vin ; c’est-à-dire préparé. Dans les contrées de l’Orient, les vins étant épais et forts, on les tempère toujours, en y mêlant de l’eau, à proportion de leur force, et quelquefois des aromates.
 
3 Elle a envoyé ses servantes pour appeler (ses conviés) à la citadelle et aux remparts de la ville :
Note Prov. 9,3 : Ses servantes. Les servantes de la sagesse représentent les Apôtres, les docteurs de l’Eglise et, en général, les prédicateurs, qui vont partout annoncer l’Evangile, publier la foi chrétienne. ― Ces servantes envoyées pour chercher les convives correspondent aux serviteurs de l’Evangile qui vont appeler les convives au festin de noces, voir Matthieu, 22, verset 1 et suivants ; Luc, 14, verset 16 et suivants.
4 Que quiconque est (tout) petit vienne à moi. Et elle a dit aux insensés :
Note Prov. 9,4 ; 9.16 : Tout petit (parvulis). Voir Proverbes, 1, 4.
5 Venez, mangez mon pain, et buvez le vin que je vous ai préparé (mêlé).
Note Prov. 9,5 : Le vin que je vous ai mêlé. Voir le verset 2. ― Mon pain, dans le sens d’aliments de toute espèce, mais ce mot n’est ici qu’une expression figurée, indiquant la doctrine de la sagesse, de même que le vin.
6 Quittez l’enfance, et vivez, et marchez par les voies de la prudence.
 
7 Celui qui instruit le moqueur (railleur, note) se fait injure à lui-même, et celui qui reprend l’impie s’attire l’outrage (se créé une tache).
Note Prov. 9,7 ; : 9.8 ; 9.12 Railleur ; selon l’hébreu, qui méprise ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré, impie.
8 Ne reprends pas le moqueur (railleur), de peur qu’il ne te haïsse ; reprends le sage, et il t’aimera. 9 Donne une occasion au sage, et il deviendra encore plus sage ; enseigne le juste, et il recevra l’instruction avec empressement. 10 La crainte du Seigneur est le commencement (principe) de la sagesse, et la science des saints est la prudence.
Note Prov. 9,10 : Voir Psaumes, 110, 10 ; Proverbes, 1, 7 ; Ecclésiastique, 1, 16. ― La science des saints est celle qui est propre aux saints et qui rend saints. Les saints sont ceux qui se distinguent entre les hommes par leur piété.
11 Car par moi se multiplieront tes jours, et les années de ta vie seront augmentées. 12 Si tu es sage, c’est pour toi-même que tu le seras, et si tu es un moqueur (railleur), seul tu en porteras la peine (le mal).
 
13 La (Une) femme insensée et bruyante, pleine d’attraits, et ne sachant absolument rien,
Note Prov. 9,13-18 : La folie est maintenant personnifiée pour être mise en opposition avec la Sagesse vivante.
14 s’est assise à la porte de sa maison, sur un siège, dans un lieu élevé de la ville,
Note Prov. 9,14 : Elle s’est assise à la porte de sa maison pour attirer les imprudents. ― Elle va aussi çà et là, en un lieu élevé de la ville, pour chercher des victimes.
15 pour appeler ceux qui pass(ai)ent par le chemin et qui poursuiv(ai)ent leur route :
Note Prov. 9,15 : Afin d’appeler elle-même. La Folie est toujours inférieure à la Sagesse. Celle-ci faisait inviter à son banquet par ses servantes, voir Proverbes, 9, 3 ; la Folie doit faire les invitations elle-même.
16 Que celui qui est petit se détourne (et vienne) vers moi. Et elle a dit à l’insensé (un jeune homme sans cœur) :
Note Prov. 9,16 : A un jeune homme sans cœur (vecordi). Voir Proverbes, 7, 7. ― Ce verset est la répétition du verset 4, mais la Folie le répète dans un sens ironique, appelant petit ou simple celui qui suit les voies de la Sagesse.
17 Les (Des) eaux dérobées sont plus douces, et le pain pris en cachette (caché) est plus agréable (sauve).
Note Prov. 9,17 : Un pain caché ; c’est-à-dire un pain pris en cachette, ou qu’on est obligé de manger en se cachant. ― La Folie invite à un banquet qui n’est pas somptueux mais qui a l’attrait du fruit défendu.
18 Mais (Et) il ignore que les (des) géants sont avec elle, et que ses convives sont au fond de l’enfer.
Note Prov. 9,18 : ; chez la femme insensée du verset 13 ; c’est-à-dire que la maison de cette femme est pour le jeune homme qui se laisse séduire un vrai sépulcre ; c’est le lieu où sont les anciens géants morts depuis des siècles. Job, en effet (voir Job, 26, 5), Isaïe (voir Isaïe, 14, 9) ; Ezéchiel (voir Ezéchiel, 32, vv. 21, 27, 29), nous dépeignent l’enfer comme un lieu ténébreux, où demeurent les anciens géants, et où ils gémissent sous les eaux. Comparer de plus à Proverbes, 2, 18-19 ; 5, 5. ― Le mot traduit par géants, en hébreu rephaïm, désigne proprement les âmes des morts, qui sont dans le scheôl et doit être distingué du mot semblable Rephaïm, qui est le nom d’une race de géants. Plus haut, voir Proverbes, 2, 18, saint Jérôme a traduit le mot Rephaïm par enfer, qui, d’ailleurs comme ici, rend l’expression hébraïque schl. ― Ce verset est la conclusion brève, mais forte de Salomon. Quel terrible banquet ! La maison de la Folie est comme un soupirail de l’enfer et ses convives se voient tout d’un coup plongés au milieu même de l’enfer, avec les habitants de l’abîme.

Chapitre 10

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Chap. : 
Paraboles de Salomon
Du fils sage et de l’insensé.
De l’homme juste et de l’impie.
Du diligent et du paresseux.
De la charité et de la haine.
De la bonne et de la mauvaise langue.
1 Le (Un) fils sage réjouit son père, mais le (Un) fils insensé est la tristesse de sa mère.
Note Prov. 10,1-32 : Comparaison générale entre le bon et le méchant. C’est le sujet principal des chapitres 10 à 15.
 
2 Les trésors de l’impiété ne serviront de rien ; mais la justice délivrera de la mort.
Note Prov. 10,2 : Voir Proverbes, 11, 4.
 
3 Le Seigneur n’affligera pas l’âme du juste par la faim, et il renversera les complots des (pièges dressés par les) méchants.
 
4 La main lâche produit l’indigence ; mais la main des (du) fort(s) acquiert les richesses. Celui qui s’appuie sur des mensonges se repaît de vents, et il court aussi après des oiseaux qui s’envolent.
Note Prov. 10,4 : Celui qui s’appuie…, qui volent. Ce passage n’est ni dans l’hébreu, ni dans le grec, ni dans un grand nombre de manuscrits latins.
5 Celui qui amasse pendant la moisson est un fils sage ; mais celui qui dort (ronfle) pendant l’été est un enfant (fils) de confusion.
 
6 La bénédiction du Seigneur est sur la tête du juste ; mais l’iniquité couvre la bouche des impies.
Note Prov. 10,6 : L’iniquité ; probablement pour la peine, le châtiment de l’iniquité ; sens qu’a ce mot ici comme en plusieurs endroits. ― Couvre la bouche ; c’est-à-dire ferme la bouche ; en sorte que les impies ne peuvent rien dire pour leur justification. Quelques-uns lisent, comme on lit au verset 11 : La bouche des impies couvre (cache) de l’iniquité.
7 La mémoire du juste sera accompagnée de louanges ; mais le nom des impies pourrira.
 
8 Celui qui est (Le) sage de cœur reçoit les préceptes ; l’insensé est châtié par ses (les) lèvres.
Note Prov. 10,8-10 : Trois sentences pour expliquer la différence entre le sage et l’insensé.
Note Prov. 10,8 : L’insensé, etc. ; c’est la traduction littérale de la Vulgate : Stultus cæditur labiis ; l’hébreu porte : Un insensé de lèvres tombera précipitamment. Or un insensé de lèvres est un homme qui parle d’une manière inconsidérée et imprudente. Ajoutons qu’au verset 10, la Vulgate a rendu la même phrase hébraïque par : Un insensé de lèvres ou par lèvres, sera frappé (stultus labiis verberabitur).
 
9 Celui qui marche simplement marche en assurance (sûrement) ; mais celui qui pervertit ses voies sera découvert.
 
10 Celui qui fait signe de l’œil causera de la douleur, et l’insensé de lèvres sera frappé.
Note Prov. 10,10 : Voir Ecclésiastique, 27, 25. ― Qui fait signe, etc. Voir Proverbes, 6, 13. ― Un insensé, etc., voir le verset 8.
 
11 La bouche du juste est une source de vie, et (mais) la bouche des impies cache l’iniquité.
Note Prov. 10,11-14 : Différence entre le bon et le méchant, entre la sagesse et la folie.
Note Prov. 10,11 : Une source (vena). Voir Proverbes, 5, 18. ― Couvre ; c’est-à-dire cache.
 
12 La haine excite les querelles, et la charité couvre toutes les fautes.
Note Prov. 10,12 : Voir 1 Corinthiens, 13, 4 ; 1 Pierre, 4, 8.
 
13 La sagesse se trouve sur les lèvres du sage, et la verge sur le dos de celui qui manque de cœur.
Note Prov. 10,13 : Qui manque de cœur. Voir Proverbes, 7, 7.
 
14 Les sages cachent leur (la) science ; mais la bouche de l’insensé est proche de la confusion.
 
15 La richesse (Le bien) du riche est sa ville forte ; l’indigence des pauvres est leur effroi.
Note Prov. 10,15-21 : Sept sentences se rapportant presque toutes aux biens de la terre, richesse, honneurs, réputation, à leur valeur et aux moyens de les acquérir.
Note Prov. 10,15 : Ville forte ; littéralement et par hébraïsme, ville de force.
 
16 L’œuvre du juste est pour (conduit à) la vie ; (mais) les fruits de l’impie, pour le (au) péché.
 
17 Celui qui garde la discipline est dans le chemin de la vie ; mais celui qui néglige les réprimandes s’égare.
Note Prov. 10,17 : La discipline. Voir Proverbes, 1, 2.
 
18 Les lèvres menteuses cachent la haine ; celui qui profère l’outrage est un insensé.
 
19 Celui qui parle beaucoup ne saurait manquer de pécher ; mais celui qui modère ses lèvres est très prudent.
 
20 La langue du juste est un argent de choix ; mais le cœur des méchants (impies) est de nul prix.
Note Prov. 10,20 : L’argent excellent ; le meilleur ; littéralement choisi (electum).
21 Les lèvres du juste en instruisent un grand nombre ; mais les ignorants mourront dans l’indigence (par un manque) de cœur.
Note Prov. 10,21 : Par un manque de cœur ; c’est-à-dire par un manque d’intelligence, de sagesse. Comparer à Proverbes, 7, 7.
 
22 C’est la bénédiction du Seigneur qui donne la richesse, et l’affliction n’y sera pas mêlée.
Note Prov. 10,22-25 : Sort différent du juste et du pécheur. Le verset 23 en donne en quelque sorte la raison.
 
23 L’insensé commet le crime comme en se jouant ; mais la sagesse est la prudence de l’homme.
Note Prov. 10,23 : C’est comme, etc. L’insensé qui ne connaît pas l’énormité du péché le commet comme en riant ; tandis que la sagesse rend l’homme attentif, prudent, circonspect.
 
24 Ce que craint l’impie lui arrivera ; les justes obtiendront ce qu’ils désirent.
 
25 L’impie disparaîtra comme une tempête qui passe ; mais le juste sera (est) comme un fondement éternel.
 
26 Ce qu’est le vinaigre aux dents et la fumée aux yeux, le paresseux l’est à ceux qui l’ont envoyé.
 
27 La crainte du Seigneur augmente les jours, et les années des impies seront abrégées.
 
28 L’attente des justes c’est la joie ; mais l’espérance des méchants périra.
 
29 La voie (voix) du Seigneur est la force du simple, et (l’effroi de) ceux qui font le mal sont dans l’effroi.
 
30 Le juste ne sera jamais ébranlé, mais les impies n’habiteront pas sur la terre.
 
31 La bouche du juste enfantera la sagesse ; la langue des pervers (dépravés) périra.
 
32 Les lèvres du juste considèrent ce qui plaît, et la bouche des impies n’a que des paroles malignes.

Chapitre 11

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Chap. : 
Avantages des justes et des sages, opposés aux malheurs des méchants et des insensés.
Vraies et fausses richesses.
1 La balance trompeuse est en abomination devant le Seigneur ; mais le poids juste lui est agréable.
Note Prov. 11,1-11 : Onze sentences sur la récompense de la bonne conduite envers le prochain et sur la punition de l’injuste.
Note Prov. 11,1 : La balance trompeuse, etc. Voir Lévitique, 19, 36.
 
2 Où sera l’orgueil, là sera aussi la confusion (outrage) ; mais où est l’humilité, là est pareillement la sagesse.
 
3 La simplicité des justes les dirigera, et les tromperies des méchants causeront leur ruine. 4 Les richesses ne serviront de rien au jour de la vengeance ; mais la justice délivrera de la mort.
Note Prov. 11,4 : Les richesses, etc. Comparer à Proverbes, 10, 2.
5 La justice du simple dirigera sa voie, et l’impie périra par son impiété. 6 La justice des (hommes) justes les délivrera, et les méchants seront pris dans leurs propres pièges. 7 A la mort de l’impie, il ne restera plus d’espérance, et l’attente des ambitieux périra. 8 Le juste a été délivré de l’angoisse, et le méchant (l’impie) sera livré à sa place.
 
9 L’hypocrite trompe son ami par ses paroles ; mais les justes seront délivrés par la science. 10 Le bonheur des justes mettra la ville dans l’allégresse, et à la ruine des méchants on se félicitera.
Note Prov. 11,10 : Il y aura louange à Dieu ; on louera la justice et la providence de Dieu.
11 La ville s’élèvera par la bénédiction des justes, et elle sera renversée par la bouche des méchants.
 
12 Celui qui méprise son ami manque de sens ; mais l’homme prudent se tiendra en silence.
Note Prov. 11,12 : Manque de cœur. Voir Proverbes, 7, 7.
 
13 Celui qui agit avec déloyauté (marche frauduleusement) révélera les secrets ; mais celui dont le cœur est fidèle cache ce que son ami lui a confié.
Note Prov. 11,13 : Fidèle d’esprit ; c’est-à-dire sincèrement fidèle.
 
14 Là où il n’y a personne pour gouverner, le peuple périt ; c’est le salut, lorsqu’il y a beaucoup de conseils.
 
15 Celui qui se fait caution pour un étranger tombera dans le malheur ; mais celui qui évite les pièges sera en sûreté.
 
16 La femme qui a de la grâce trouvera la gloire, et les forts auront les richesses.
 
17 L’homme charitable fait du bien à son âme ; mais celui qui est cruel rejette (même) ses proches eux-mêmes. 18 L’œuvre que fait l’impie ne subsistera pas ; mais la récompense est assurée à celui qui sème la justice. 19 La clémence prépare la vie, et la recherche du mal conduit à la mort. 20 Le Seigneur a en abomination le cœur mauvais (dépravé), et il met son affection en ceux qui marchent simplement. 21 La (Lors même qu’un, note) main dans la (serait dans une) main, le méchant ne restera pas impuni (sera pas innocent) ; mais la race des justes sera sauvée.
Note Prov. 11,21 : Lors même, etc. ; littéralement une main dans une main ; expression évidemment elliptique, pour : quand même une main serait dans une main (etiam si manus ad manum fuerit), comme on lit au chapitre 21, verset 5 ; ce qui signifie : Quand il aurait une main dans l’autre ; c’est-à-dire quand il ne ferait rien, quand il serait dans un repos complet de ses mains, comme il a toujours le cœur au mal, Dieu ne le traitera pas comme un innocent.
 
22 Un anneau d’or aux narines d’une truie, telle est une femme belle et insensée.
Note Prov. 11,22 : Un anneau d’or aux naseaux. « C’est l’usage dans presque tout l’Orient, dit Hammer, que les femmes portent des anneaux au nez, à la narine gauche, qui est percée au milieu. Ces anneaux consistent en un fil d’or où il y a souvent une perle. »
 
23 Le désir des justes se porte à tout ce qui est bien ; l’attente des méchants c’est la fureur.
 
24 Les uns donnent ce qui est à eux, et deviennent plus riches ; les autres ravissent le bien d’autrui, et sont toujours dans l’indigence.
 
25 L’âme qui répand les bénédictions sera elle-même engraissée, et celui qui enivre sera lui-même enivré.
Note Prov. 11,25 : L’âme ; par hébraïsme, la personne. ― Qui bénit ; autre hébraïsme, pour qui fait du bien, qui est bienfaisante.
 
26 Celui qui cache le blé sera maudit des peuples ; mais la bénédiction viendra sur la tête de ceux qui le vendent.
 
27 Il y a avantage à se lever dès l’aurore pour chercher (celui qui chercher) le bien ; mais celui qui poursuit le mal en sera accablé.
Note Prov. 11,27-31 : Cinq proverbes sur le contraste entre le bon et le méchant et leur récompense.
 
28 Celui qui se confie en ses richesses tombera (précipitamment) ; mais les justes germeront comme un feuillage (la feuille) verdoyant(e).
 
29 Celui qui trouble sa maison ne possédera que du vent, et l’insensé sera assujetti au sage.
Note Prov. 11,29 : Celui qui trouble sa maison ; c’est-à-dire qui dissipe ses biens, qui se ruine par son inconduite, ou qui sème dans sa maison la division et la discorde. ― Possèdera des vents ; rien que du vent ; il se verra bientôt dans la pauvreté. ― Servira ; sera esclave ; c’est le vrai sens de la Vulgate aussi bien que du texte hébreu.
 
30 Le fruit du juste est un arbre de vie, et celui qui assiste les âmes est sage.
Note Prov. 11,30 : Est un arbre de vie. Comparer à Genèse, 2, 9 ; 3, 22.
 
31 Si le juste est puni sur la terre, combien plus le sera l’impie et le pécheur ! ( ?)
Note Prov. 11,31 : Voir 1 Pierre, 4, 18.

Chapitre 12

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Chap. : 
Aimer la correction.
Cultiver la piété.
La femme vigilante.
Sort différent des bons et des méchants.
Pauvre qui se suffit à lui-même.
Du fainéant et de l’ivrogne.
De l’insensé et du sage.
Des biens et des maux causés par la langue.
1 Celui qui aime la correction (discipline) aime la science ; mais celui qui hait les réprimandes est un insensé.
Note Prov. 12,1-3 : Trois sentences sur l’opposition qui existe entre le bien et le mal en général.
2 Celui qui est bon puisera la grâce du Seigneur ; mais celui qui met sa confiance en ses propres pensées agit en impie. 3 L’homme ne s’affermira pas par l’impiété ; mais (et) la racine des justes sera inébranlable.
 
4 La femme diligente est la couronne de son mari ; mais celle qui fait des choses dignes de confusion est comme la pourriture (carie) dans ses os.
Note Prov. 12,4-11 : Huit proverbes sur les bénédictions et les malédictions de la vie domestique et leurs causes.
 
5 Les pensées des justes ne sont qu’équité (des jugements) ; mais les desseins des impies ne sont que malice (frauduleux).
Note Prov. 12,5 : Les pensées des justes, etc. ; c’est-à-dire que les justes ne cherchent que la justice.
 
6 Les paroles des impies sont des embûches pour verser le (au, note) sang ; la bouche des justes les délivrera.
Note Prov. 12,6 : Au sang ; pour verser le sang.
 
7 Retourne(z) les impies, et ils ne sont plus ; mais la maison des (du) juste(s) demeurera.
 
8 L’homme sera connu par sa doctrine ; mais celui qui est vain et dénué de sens sera un objet de mépris.
Note Prov. 12,8 : Sans cœur (excors) ; a le même sens que vecors. Voir Proverbes, 7, 7. ― Ouvert ; entièrement exposé.
 
9 Mieux vaut le pauvre qui se suffit, que le glorieux qui manque de pain.
Note Prov. 12,9 : Voir Ecclésiastique, 10, 30.
 
10 Le juste se met en peine de la vie de son bétail (connaît l’âme de ses bêtes, note) ; mais les entrailles des impies sont cruelles.
Note Prov. 12,10 : Connaît ; c’est-à-dire a soin ; c’est le sens de l’hébreu. ― Des âmes ; de la vie. ― Le juste a de la sollicitude même pour ses animaux qui le servent. Celui qui est cruel envers les animaux le devient facilement envers ses semblables, tandis que celui qui est humain à l’égard des bêtes l’est à plus forte raison à l’égard des hommes.
 
11 Celui qui cultive sa terre sera rassasié de pain ; mais celui qui recherche le repos (l’oisiveté) est très insensé. Celui qui met ses délices dans les réunions où l’on boit du vin, laissera la honte dans ses places fortes.
Note Prov. 12,11 : Voir Ecclésiastique, 20, 30. ― Celui à qui, etc. Ce passage, qui n’existe pas dans l’hébreu et qui est pris dans les Septante, signifie que le soldat qui, chargé de la garde des fortifications, s’occupe à boire du vin, les laisse exposées à l’ennemi ; ce qui est un déshonneur.
 
12 Le désir de l’impie c’est l’affranchissement (l’appui) des méchants ; mais la racine des justes prospérera.
Note Prov. 12,12-22 : Onze proverbes sur les vertus et les défauts dans la vie civile, et spécialement des péchés de la langue.
Note Prov. 12,12 : Est l’appui de plus méchants ; est de trouver un appui dans les plus méchants ; de s’en faire un rempart (munimen), afin que, joint à eux, il n’en devienne que plus formidable.
 
13 Par les péchés de ses lèvres le méchant s’attire la ruine ; mais le juste échappera à l’angoisse. 14 C’est par le fruit de sa bouche que l’homme sera rempli de biens, et il lui sera rendu selon les œuvres de ses mains.
Note Prov. 12,14 : En vertu du fruit, etc. ; c’est-à-dire en vertu des sages discours sortis de sa bouche, chacun sera comblé de biens.
 
15 La voie de l’insensé est droite à ses yeux ; mais celui qui est sage écoute les conseils.
 
16 L’insensé manifeste aussitôt sa colère ; mais celui qui dissimule l’injure est habile.
 
17 Celui qui parle de ce qu’il sait proclame la justice (rend un témoignage juste) ; mais celui qui ment est un témoin trompeur (frauduleux). 18 Tel promet qui est ensuite percé comme d’un glaive par sa conscience ; mais la langue des sages est une source de (la) santé. 19 La bouche véridique sera toujours ferme ; mais le témoin précipité se fait une langue de mensonge.
Note Prov. 12,19 : Sera ferme à perpétuité ; ne se démentira jamais.
 
20 La fourberie (fraude) est au cœur de ceux qui méditent le mal ; mais ceux qui forment des conseils de paix seront dans la joie.
 
21 Quoi qu’il lui arrive, le juste n’en est pas attristé, mais les impies seront remplis de maux.
 
22 Les lèvres menteuses sont en abomination au Seigneur ; mais ceux qui agissent sincèrement lui sont agréables.
 
23 L’homme habile cache sa science, et le cœur de l’insensé proclame la (sa) folie.
Note Prov. 12,23-28 : Six sentences mettent sous les yeux l’opposition qui existe entre le sage et l’insensé, l’homme actif et le paresseux.
 
24 La main des forts dominera ; mais celle qui est relâchée sera tributaire.
Note Prov. 12,24 : Sera soumise aux tributs, à la corvée, à des travaux imposés.
 
25 La tristesse qu’il a au cœur humiliera l’homme, et une bonne parole le réjouira.
 
26 Celui qui, pour son ami, s’inquiète peu d’une perte, est juste ; mais le chemin des impies les égarera.
 
27 Le trompeur (frauduleux) ne trouvera pas de profit, et les richesses de l’homme juste auront le prix de l’or.
Note Prov. 12,27 : Sera d’un prix d’or ; vaudra de l’or, sera précieuse comme l’or.
 
28 Dans le sentier de la justice est la vie ; mais le chemin détourné conduit à la mort.

Chapitre 13

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Chap. : 
Du fils sage et de l’insensé.
Retenue dans les paroles.
Courte durée de l’éclat des impies.
Biens acquis trop promptement.
Du délai de ce qu’on espère.
Châtier ses enfants.
Insatiabilité des impies.
1 Le fils sage est attentif à (garde) la doctrine de son père ; mais celui qui est moqueur n’écoute pas quand on le reprend.
Note Prov. 13,1 : Garde ou reproduit, représente ; littéralement est. ― Moqueur. Voir Proverbes, 9, 7.
 
2 Par le fruit de sa bouche l’homme sera rassasié de biens ; mais l’âme des prévaricateurs est inique.
Note Prov. 13,2 : En vertu, etc. Voir Proverbes, 12, 14.
 
3 Celui qui garde sa bouche garde son âme ; mais celui qui est inconsidéré dans ses paroles ressentira beaucoup de maux (le mal).
 
4 Le paresseux veut et ne veut pas, mais l’âme de ceux qui travaillent s’engraissera.
Note Prov. 13,4-12 : Neuf maximes se rapportant la plupart au bon emploi des biens temporels.
 
5 Le juste déteste la parole de mensonge ; mais l’impie confond les autres, et sera lui-même confondu.
 
6 La justice garde la voie de l’innocent ; mais l’impiété cause la ruine du (supplante le) pécheur.
 
7 Tel paraît riche qui n’a rien, et tel paraît pauvre qui a (quoiqu’il jouisse) de (grandes) richesses.
 
8 Les richesses de l’homme sont la rançon de son âme ; mais celui qui est pauvre n’entend pas de menaces (ne soutient pas un reproche).
 
9 La lumière des justes procure la joie ; mais la lampe des impies sera éteinte.
 
10 Entre les orgueilleux il y a toujours des querelles ; mais ceux qui font tout avec conseil sont conduits par la sagesse.
 
11 La fortune (Le bien) amassé(e) à la hâte sera amoindri(e) ; mais celle (celui) qui se recueille à la main, peu à peu se multipliera.
 
12 L’espérance différée afflige l’âme ; le désir qui s’accomplit est un arbre de vie.
Note Prov. 13,12 : Un arbre de vie ; allusion à l’arbre de vie du paradis terrestre, voir Genèse, 2, 9 ; 3, 22.
 
13 Celui qui dénigre une chose s’engage (lui-même) pour l’avenir ; mais celui qui craint le précepte demeurera en paix. Les âmes trompeuses errent dans les péchés ; mais les justes sont compatissants et miséricordieux.
Note Prov. 13,13-17 : Avantage de la bonne doctrine.
Note Prov. 13,13 : Les âmes trompeuses… Compatissants. Ce passage ne se trouve ni dans l’hébreu, ni dans plusieurs éditions latines, ni dans quelques exemplaires grecs. Dans ceux des Grecs et des Latins qui le lisent, il est placé après les versets 9 ou 11.
 
14 La loi du sage est une source de vie, pour éviter la ruine de la mort.
 
15 La bonne doctrine produit la grâce ; mais le précipice est sur le chemin des moqueurs (contempteurs).
 
16 L’homme habile (avise) fait tout avec conseil ; mais l’insensé étale sa folie.
 
17 Le messager de l’impie tombera dans le mal(heur) ; mais l’envoyé fidèle est une source de santé.
Note Prov. 13,17 : Est la santé ; une source de santé et de prospérité, tant pour lui-même que pour celui qui l’envoie.
 
18 L’indigence et la honte sont le partage de celui qui abandonne la discipline ; mais celui qui reçoit bien les réprimandes sera glorifié.
Note Prov. 13,18-25 : Récompenses qui sont le fruit de la sagesse.
 
19 Le désir, lorsqu’il s’accomplit, est la joie de l’âme ; les insensés détestent ceux qui fuient le mal (les choses mauvaises).
 
20 Celui qui marche avec les sages sera sage ; l’ami des insensés leur deviendra semblable.
 
21 Le mal(heur) poursuit les pécheurs, et les biens seront la récompense des justes.
 
22 L’homme vertueux laisse des fils et des petits-fils pour héritiers, et la richesse du pécheur est réservée pour le juste.
 
23 Les aliments abondent dans les champs paternels (novales des pères) ; dans d’autres ils s’amassent sans justice.
Note Prov. 13,23 : De fruits ; littéralement d’aliments, de nourriture. ― Pour d’autres ; pour des étrangers. ― Qu’ils sont amassés sans jugement ; c’est-à-dire que ceux qui en cultivant les champs de leurs pères manquent de jugement et d’esprit de conduite perdront tous les fruits de leur travail, qui iront à des étrangers. ― Dans les novales, terres nouvellement défrichées et profondément défoncées.
 
24 Celui qui épargne la verge hait son fils ; mais celui qui l’aime le corrige sans cesse (fortement).
 
25 Le juste mange, et rassasie son âme ; mais le ventre des méchants (impies) est insatiable.

Chapitre 14

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Chap. : 
Différents caractères des sages et des insensés.
Sort différent des justes et des méchants.
Du travail.
De la crainte du Seigneur.
De la patience.
De la compassion envers les pauvres.
1 La femme sage bâtit (édifie) sa maison ; l’insensée détruit de ses propres mains celle (même) qui est déjà bâtie.
Note Prov. 14,1-7 : De la sagesse et de la folie en général.
Note Prov. 14,1 : Edifie sa maison. Dans le langage de l’Ecriture, édifier ou bâtir sa maison, lorsqu’on parle d’une femme, signifie proprement avoir des enfants, et les bien élever.
 
2 Celui qui marche par le droit chemin et qui craint Dieu, est méprisé par celui qui marche dans une voie infâme.
Note Prov. 14,2 : Voir Job, 12, 4.
 
3 Dans la bouche de l’insensé est une verge d’orgueil ; mais les lèvres des sages les conservent (gardent).
Note Prov. 14,3 : Dans la bouche, etc. ; c’est-à-dire la langue d’un insensé est comme une verge d’orgueil et d’insolence, qui frappe, meurtrit les autres, en le blessant lui-même. Au contraire, les lèvres sages ne blessent personne, et elles les conservent eux-mêmes dans une parfaite tranquillité, en ne donnant pas de prise à la critique et à la malignité.
 
4 Où il n’y a pas de bœufs, la grange (crèche) est vide ; mais les récoltes abondantes manifestent la force du bœuf.
Note Prov. 14,4 : Où il n’y a pas, etc. L’auteur semble vouloir dire en général que, quand on ne travaille pas, on n’a rien à attendre.
 
5 Le témoin fidèle ne ment pas ; mais le faux témoin (trompeur) profère le mensonge.
 
6 Le moqueur (railleur) cherche la sagesse, et il ne la trouve pas ; pour les hommes prudents, la science (doctrine des prudents) est (chose) facile.
Note Prov. 14,6 : Railleur. Voir Proverbes, 9, 7. ― La doctrine, etc. ; c’est-à-dire que les hommes prudents s’instruiront sans peine ; comme ils cherchent la sagesse sérieusement et véritablement, elle vient au-devant d’eux (voir Sagesse, 6, 14).
 
7 Marche à l’opposé de l’homme insensé, car il ne connaît pas les paroles (lèvres) de (la) prudence.
Note Prov. 14,7 : Va contre ; résiste, oppose-toi à lui.
 
8 La sagesse de l’homme habile est de comprendre sa voie, et l’imprudence des insensés s’égare.
Note Prov. 14,8-1 : 9 Comparaison du sage et de l’insensé, par rapport surtout à leurs destinées diverses.
 
9 L’insensé se fait un jeu du péché, et la grâce demeurera parmi les justes.
 
10 Le cœur connaît l’amertume de son âme ; l’étranger ne se mêlera pas à sa joie.
 
11 La maison des méchants (impies) sera détruite ; mais les tentes (tabernacles) des justes seront florissant(e)s.
 
12 Il est une voie qui paraît juste à l’homme ; mais ses issues conduisent à la mort.
 
13 Le rire sera mêlé de douleur, et la tristesse prend la place (des extrémités) de la joie.
 
14 L’insensé sera rassasié de ses voies, et l’homme de bien (vertueux) sera au-dessus de lui.
Note Prov. 14,14 : L’insensé, etc. l’insensé est entièrement satisfait de sa propre conduite, il s’y plaît, il y trouve son contentement et sa joie. ― Au-dessus de lui sera l’homme vertueux ; c’est-à-dire l’homme vertueux le dominera ; ou bien, l’homme vertueux sera encore plus rempli de ses voies que l’insensé ; il s’y plaira davantage, parce qu’elles sont meilleures.
 
15 L’imprudent (innocent) croit tout ce qu’on lui dit ; l’homme habile (avisé) considère ses pas. Il n’arrive rien de bon au fils trompeur ; mais le serviteur sage prospérera dans ses actes, et réussira dans sa voie (sera dirigée).
Note Prov. 14,15 : Pour un fils trompeur… sera dirigée. Ce passage ne se trouve ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans les Septante de Complute et de Rome, ni dans les manuscrits latins, ni dans quelques éditions de la Vulgate.
 
16 Le sage craint, et se détourne du mal ; l’insensé passe outre, et se croit en sûreté (a confiance).
 
17 L’impatient fera des actions de folie, et l’homme dissimulé (artificieux) se rend odieux.
 
18 Les simples (tout petits) posséderont la folie, et les habiles (hommes avisés) attendront la science.
Note Prov. 14,18 : Les tout petits (parvuli). Voir Proverbe, 1, 4. ― Attendront la science ; comme un héritage qui lui est dû.
 
19 Les méchants seront étendus devant les bons, et les impies devant la (les) porte(s) des justes.
Note Prov. 14,19 : Couchés par terre. Image tirée des vaincus, prosternés et étendus par terre devant leur vainqueur, comme nous les représentent les bas-reliefs antiques de l’Assyrie.
 
20 Le pauvre sera odieux même à ses proches (prochains) ; mais les riches ont des amis nombreux.
Note Prov. 14,20-27 : De la richesse et de la pauvreté dans leurs rapports avec la sagesse et avec la folie.
 
21 Celui qui méprise son prochain pèche ; mais celui qui a compassion du pauvre sera bienheureux. Celui qui croit au Seigneur aime la miséricorde.
Note Prov. 14,21 : Celui qui croit… miséricorde. Ce passage n’est ni dans l’hébreu, ni dans le grec, ni dans les anciens manuscrits latins.
 
22 Ceux qui font le mal se trompent (s’égarent) ; c’est la miséricorde et la vérité qui procurent les biens.
Note Prov. 14,22 : Préparent ; c’est-à-dire nous acquièrent.
 
23 Partout où l’on travaille il y a l’abondance ; mais où l’on parle beaucoup l’indigence sera fréquemment.
 
24 La couronne des sages, ce sont leurs richesses ; la folie (sottise) des insensés n’est qu’imprudence.
 
25 Le témoin fidèle délivre les âmes, et le trompeur (celui qui est double) profère des mensonges.
Note Prov. 14,25 : Des âmes ; littéralement et par hébraïsme, pour des personnes, des individus.
 
26 Celui qui craint le Seigneur est dans une confiance pleine de force (ferme), et il y a de l’espoir (l’espérance sera) pour ses enfants.
Note Prov. 14,26 : Dans la crainte, etc. Quand on a la crainte du Seigneur, on est dans une confiance ferme ; littéralement et par hébraïsme, une confiance de force.
 
27 La crainte du Seigneur est une source de vie, pour faire éviter la ruine de la mort.
 
28 La multitude du peuple est l’honneur (gloire) du roi, et le petit nombre des sujets est la honte (l’ignominie) du prince.
Note Prov. 14,28-35 : Parallèle entre le sage et l’insensé, le riche et le pauvre, le prince et le sujet.
 
29 Celui qui est patient se gouverne avec une grande prudence ; mais l’impatient signale sa folie.
 
30 La vie de la chair, c’est la santé du cœur ; l’envie est la pourriture (carie) des os.
Note Prov. 14,30 : La vie, etc. Un cœur sain donne la santé à tout le reste des chairs, c’est-à-dire du corps.
 
31 Celui qui opprime l’indigent fait injure à celui qui l’a créé ; mais celui qui a pitié du pauvre honore Dieu.
Note Prov. 14,31 : Voir Proverbes, 17, 5. ― Qui opprime ; outrage, traite injustement et avec violence. Tel est le sens qu’a partout le verbe hébreu que la Vulgate rend par calomnier (calumniari). C’est ainsi que calumnia signifie le plus ordinairement oppression, violence, injustice criante.
 
32 L’impie sera renversé (rejeté) par sa malice ; mais le juste espère même en sa mort.
 
33 La sagesse repose dans le cœur de l’homme prudent, et il (elle) instruira tous les ignorants.
Note Prov. 14,33 : Elle ; c’est-à-dire la sagesse. Si le latin erudiet est amphibologique, l’hébreu ne l’est nullement, le verbe y étant au féminin, et ne pouvant avoir pour sujet que le mot sagesse, nom du genre féminin.
 
34 La justice élève une nation, mais le péché rend les peuples misérables (malheureux).
 
35 Le ministre intelligent est agréable au roi ; l’inutile ressentira sa colère.

Chapitre 15

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Chap. : 
Douceur dans les paroles.
Docilité aux corrections.
Victime des impies.
Tout est connu de Dieu.
Ruine des superbes.
Paresseux, insensé, impie, opposés au juste, au sage, au diligent.
1 Une réponse douce rompt la colère ; la parole dure excite la fureur.
Note Prov. 15,1-7 : Contre les différentes espèces de péchés de la langue.
Note Prov. 15,1 : Voir Proverbes, 25, 15.
 
2 La langue des sages orne (embellit) la science ; la bouche des insensés se répand en folies.
 
3 En tout lieu les yeux du Seigneur contemplent les bons et les méchants.
 
4 La langue pacifique est un arbre de vie ; mais celle qui est immodérée brise(ra) l’esprit.
Note Prov. 15,4 : Un arbre de vie, comme celui du paradis terrestre. Voir Proverbes, 13, 12.
 
5 L’insensé se rit de la correction (discipline) de son père ; mais celui qui tient compte des (est docile aux) réprimandes deviendra plus habile (sage). Dans l’abondance de la justice (une justice abondante) se trouve une très grande force (vertu) ; mais les pensées des impies (méchants) seront déracinées.
Note Prov. 15,5 ; 15.32 ; 15.35 : Discipline. Voir Proverbes, 1, 2. ― Dans une… déracinées. Ce passage n’est ni dans l’hébreu, ni dans le chaldéen, ni dans divers exemplaires grecs et latins.
 
6 La maison du juste est une (grande) force étonnante, et il n’y a que trouble dans les fruits de l’impie.
Note Prov. 15,6 : La maison, etc. La maison du juste est un grand amas de toutes sortes de biens et de provisions ; tandis que les revenus de l’impie ne lui donnent que du trouble, à cause des maux de différentes sortes dont Dieu le frappe en punition de son impiété.
 
7 Les lèvres des sages sèmeront la science ; il n’en est pas de même du cœur des insensés (sera tout différent).
 
8 Les victimes des impies sont abominables au Seigneur ; les vœux des justes l’apaisent (lui sont agréables).
Note Prov. 15,8-15 : Horreur de Dieu pour l’impie.
Note Prov. 15,8 : Voir Proverbes, 21, 27 ; Ecclésiastique, 34, 21.
9 La voie de l’impie est en abomination au Seigneur ; celui qui suit la justice est aimé de lui.
 
10 La doctrine est mauvaise (odieuse) pour celui qui abandonne la voie de la vie ; celui qui hait les réprimandes mourra.
 
11 L’enfer et la perdition sont à nu devant le Seigneur : combien plus les cœurs des enfants (fils) des hommes !
Note Prov. 15,11 : L’enfer ; veut dire ici le séjour de toutes les âmes après la mort, même de celles des justes qui attendaient le Rédempteur ; et la perdition, le lieu particulier où sont renfermées et tourmentées les âmes des méchants.
 
12 L’homme corrompu (pernicieux) n’aime pas celui qui le reprend, et il ne va pas vers les sages.
 
13 Un cœur joyeux rend le visage serein ; la tristesse de l’âme abat l’esprit.
Note Prov. 15,13 : Voir Proverbes, 17, 22.
 
14 Le cœur du sage cherche l’instruction (la doctrine), et la bouche des insensés se repaît d’ignorance.
 
15 Tous les jours du pauvre sont mauvais ; l’âme tranquille est comme un festin continuel.
 
16 Peu, avec la crainte de Dieu, vaut mieux que de grands trésors qui ne rassasient pas (inépuisables).
Note Prov. 15,16-23 : De différentes espèces de vertus et de vices.
Note Prov. 15,16 : Mieux vaut, etc. Il semble que c’est de ce passage que saint Paul a emprunté la sentence : C’est un grand gain que la piété avec ce qui suffit (voir 1 Timothée, 6, 6).
 
17 Il vaut mieux être invité avec affection à manger des légumes (un repas d’herbe), qu’avec haine à manger le veau gras.
Note Prov. 15,17 : Un veau engraissé. On engraissait des veaux pour les solennités où on devait offrir des sacrifices et où on devait faire quelque fête, quelques noces, quelque festin de famille (voir 1 Rois, 17, 29 (?) ; Jérémie, 26, 21 (?) ; Luc, 15, 23).
 
18 L’homme colère excite des querelles ; celui qui est patient apaise celles qui étaient déjà suscitées.
 
19 Le chemin des paresseux est comme une haie d’épines ; la voie des justes est sans obstacle (pierre d’achoppement).
 
20 L’enfant (Un fils) sage réjouit son père, et l’homme insensé méprise sa mère.
 
21 La folie est la joie de l’insensé ; mais l’homme prudent règle ses pas.
 
22 Les projets échouent (pensées se dissipent) là où il n’y a pas de conseil ; mais lorsque les conseillers sont nombreux, ils (elles) s’affermissent.
 
23 Chacun (L’homme) se complaît dans le sentiment qu’il a émis, et la parole dite à propos est la meilleure de toutes.
 
24 Le sentier de la vie mène en haut l’homme instruit, pour lui faire éviter le plus profond de l’enfer (le plus profond).
Note Prov. 15,24-33 : De diverses vertus, en particulier de la vie pieuse.
Note Prov. 15,24 : Le sentier, etc. ; ou mieux, selon l’hébreu : Le sentier de la vie est pour l’homme intelligent en haut ; c’est-à-dire au ciel.
 
25 Le Seigneur détruira la maison des superbes, et il affermira les limites (du champ) de la veuve.
 
26 Les pensées mauvaises sont en abomination au Seigneur, et la parole pure lui sera très agréable (affermie par lui).
 
27 Celui qui se livre à l’avarice met le trouble dans sa maison ; mais celui qui hait les présents vivra. C’est par la miséricorde et par la foi que les péchés sont purifiés, et (mais) c’est par la crainte du Seigneur que tout homme se détourne du mal.
Note Prov. 15,27 : Voir Proverbes, 16, 6. ― Par la miséricorde… du mal. Ce passage, que les Septante ont mis ici, ne se trouve dans l’hébreu qu’au chapitre 16, verset 6, où la Vulgate le répète, et où les Septante ne l’ont pas mis.
 
28 L’âme (esprit) du juste médite l’obéissance ; la bouche des impies se répand en méchancetés (mauvais discours).
 
29 Le Seigneur est loin des impies, et il exauce(ra) les prières des justes.
 
30 La lumière des yeux est la joie de l’âme ; la bonne réputation engraisse les os.
Note Prov. 15,30 : Engraisse les os ; contribue à la santé du corps par le plaisir qu’elle cause.
 
31 L’oreille qui écoute les réprimandes salutaires demeurera au milieu des sages.
Note Prov. 15,31 : De vie ; qui donnent la vie, en nous garantissant du péché, et, par conséquent, de la mort de l’âme.
 
32 Celui qui rejette la correction (discipline) méprise son âme ; mais celui qui se rend (acquiesce) aux réprimandes possède son (a du) cœur.
 
33 La crainte du Seigneur enseigne la (est une discipline de) sagesse, et l’humilité précède la gloire.

Chapitre 16

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Chap. : 
Dieu dispose de la langue et des pas de l’homme.
Colère et clémence du roi.
Maux que cause l’orgueil.
Voie funeste qui paraît bonne.
Dieu règle et conduit le sort.
1 C’est à l’homme de préparer son âme, et au Seigneur de gouverner la langue.
Note Prov. 16,1-3 : Les chapitres 16 à 22, verset 16, sont principalement une exhortation à la crainte de Dieu et à l’obéissance. Le chapitre 16 exhorte à la confiance en Dieu, parce qu’il est l’ordonnateur et le régulateur du monde. Les trois premiers versets nous montrent Dieu comme le maître de toutes choses en général.
Note Prov. 16,1 : De préparer son âme ; en l’élevant à Dieu, afin qu’il en règle tous les mouvements et tous les désirs. Comparer à Psaumes, 38, 2 (?).
 
2 Toutes les voies de l’homme sont exposées à ses yeux, mais le Seigneur pèse les esprits.
Note Prov. 16,2 : Voir Proverbes, 20, 24 ; 21, 2.
 
3 Révèle tes œuvres au Seigneur, et tes projets réussiront (pensées seront dirigées).
 
4 Le Seigneur a tout fait pour lui-même, et l’impie (même) pour le jour mauvais.
Note Prov. 16,4-9 : Sagesse de la Providence divine dans la récompense donnée aux bons et dans les punitions infligées aux méchants.
 
5 Tout arrogant est en abomination au Seigneur, et, la main sur la (lors même qu’une main serait dans une, note) main, il n’est pas innocent. Le commencement de la bonne voie c’est de pratiquer la justice, et elle est plus agréable à Dieu que l’immolation des victimes (hosties).
Note Prov. 16,5 : Lors même qu’une main serait dans une main. Voir Proverbes, 11, 21. ― Le commencement… hosties. Ce passage manque ici dans l’hébreu et dans toutes les Bibles grecques, excepté celle du Vatican.
 
6 C’est par la miséricorde et la vérité que l’on rachète l’iniquité, et par la crainte du Seigneur qu’on évite le mal.
Note Prov. 16,6 : Voir Proverbes, 15, 27.
 
7 Lorsque les voies de l’homme plairont à Dieu, il réduira à la paix ses ennemis eux-mêmes.
 
8 Mieux vaut peu avec la justice, que de grands biens avec l’iniquité.
Note Prov. 16,8 : Mieux vaut, etc. Voir Proverbes, 15, 16. ― Beaucoup de fruits ; c’est-à-dire beaucoup de revenus, de biens, de richesses.
 
9 Le cœur de l’homme prépare sa voie, mais c’est le (au) Seigneur qui dirige ses pas.
 
10 Il y a des oracles sur les lèvres du roi ; sa bouche ne se trompera pas dans les jugements.
Note Prov. 16,10-15 : Les rois considérés comme médiateurs ou instruments de la Providence.
Note Prov. 16,10 : Divination ; n’est pas pris ici en mauvaise part ; il signifie oracle divinement inspiré ; car le roi était le représentant de Dieu.
11 Le poids et la balance sont les jugements du Seigneur, et toutes les pierres du sac(het) sont son œuvre.
Note Prov. 16,11 : Poids et balance, etc. ; c’est-à-dire infiniment justes, infiniment équitables. ― Toutes les pierres du sachet ; c’est la même idée exprimée en d’autres termes. Les anciens Hébreux, n’ayant pas d’argent monnayé pour leur commerce, divisaient l’or et l’argent en lingots, plus ou moins forts, qu’ils mettaient dans une balance, et qu’ils pesaient avec des pierres renfermées dans un sachet. Le vendeur et l’acheteur portaient toujours à leur ceinture une balance et un sachet. ― Les pierres étaient choisies de préférence comme poids, parce qu’on peut difficilement les altérer et qu’elles échappent à la rouille.
12 Ceux qui agissent avec impiété sont abominables au roi, parce que le trône est affermi par la justice. 13 Les lèvres justes sont les délices des rois ; celui qui parle avec droiture sera aimé (d’eux).
Note Prov. 16,13 : Des lèvres justes ; un langage vrai, sincère.
14 La colère (L’indignation) du roi est un avant-coureur de mort, et l’homme sage l’apaisera.
Note Prov. 16,14 : L’indignation, etc. un prince colère et emporté inspire la crainte de la mort à tous ceux qui le voient irrité contre eux.
15 La sérénité (L’hilarité) du visage du roi c’est la vie, et sa clémence est comme la pluie de l’arrière-saison.
Note Prov. 16,15 : Comme la pluie, etc. Voir Job, 29, 23.
 
16 Possède la sagesse, car elle est meilleure que l’or ; et acquiers la prudence, car elle est plus précieuse que l’argent.
 
17 Le sentier des justes s’écarte des maux ; celui qui garde son âme se tient dans (conserve) sa voie.
 
18 L’orgueil précède la ruine (l’abattement), et avant la chute l’esprit devient superbe.
 
19 Il vaut mieux être humilié avec les humbles (des hommes doux) que de partager les dépouilles avec les orgueilleux.
 
20 Celui qui est habile dans les choses (la parole) trouvera le bonheur (des biens), et celui qui espère au Seigneur est bien heureux.
Note Prov. 16,20 : Un homme habile dans la parole. C’est le sens exact et rigoureux de la Vulgate ; mais, comme le terme hébreu rendu dans cette version par parole (verbo), signifie aussi chose, affaire, et qu’il a été traduit dans les Septante par choses, affaires, bien des traducteurs lui ont donné ce dernier sens.
 
21 Celui qui a la sagesse du cœur sera appelé prudent, et celui qui est doux en paroles recevra de plus grands dons.
 
22 L’instruction, dans celui qui la possède, est une source de vie ; la science (doctrine) des insensés, c’est la folie.
 
23 Le cœur du sage instruira (instruit) sa bouche, et il répandra une nouvelle grâce sur ses lèvres.
 
24 Les paroles agréables (disposées avec art) sont un rayon de miel ; (c’est) la douceur de l’âme e(s)t la santé des os.
Note Prov. 16,24 : Voir Proverbes, 15, 13 ; 17, 22. ― La santé des os ; du corps ; figure grammaticale, par laquelle la partie se prend pour le tout. ― C’est un rayon de miel, etc. Allusion à la nature et à l’emploi du miel, très usité en médecine et qui tenait autrefois lieu de sucre.
 
25 Il est une voie qui paraît droite à l’homme, et dont les issues conduisent à la mort.
 
26 L’âme de celui qui travaille travaille pour lui-même, parce que sa bouche l’y a contraint.
Note Prov. 16,26 : Sa bouche ; la nécessité de manger.
 
27 L’impie creuse (pour trouver) le mal, et le feu brûle sur ses lèvres.
 
28 L’homme pervers excite (suscite) des querelles (prières), et le grand parleur (verbeux) divise les princes.
 
29 L’homme inique (injuste) séduit son ami, et il le conduit par une voie qui n’est pas bonne.
 
30 Celui qui pense à de mauvais desseins (pervers) avec des yeux hagards, exécute le mal en se mordant les lèvres.
 
31 La vieillesse est une couronne d’honneur (de dignité), lorsqu’elle (qui) se trouve(ra) dans les voies de la justice.
 
32 L’homme patient vaut mieux que le vaillant, et celui qui domine son esprit l’emporte sur celui qui force les villes (prends des villes d’assaut).
 
33 On met les pierres du sort dans le pan de la robe ; mais c’est le Seigneur qui en dispose (les dirige).
Note Prov. 16,33 : Les sorts ; c’est-à-dire les billets du sort. ― Mais c’est, etc. C’est uniquement le Seigneur qui dispose de ces billets en faisant que le premier tombe à telle personne, le second à telle autre, et ainsi de suite. ― Ce chapitre se termine par la grande pensée par laquelle il avait commencé : Dieu gouverne toutes choses, et rien n’arrive sur la terre que par sa volonté.

Chapitre 17

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Chap. : 
Le serviteur sage.
Dieu éprouve les cœurs.
Ne pas mépriser le pauvre.
Jugements injustes et abominables aux yeux du Seigneur.
L’ami aime en tout temps.
L’insensé passe pour sage, lorsqu’il se tait.
1 Mieux vaut une bouchée de pain sec avec la joie, qu’une maison pleine de victimes avec la discorde.
 
2 Le serviteur sage dominera sur les fils insensés, et il partagera l’héritage entre les frères.
Note Prov. 17,2 : Voir Ecclésiastique, 10, 28.
 
3 Comme l’argent est éprouvé par le feu et l’or dans le creuset, ainsi le Seigneur éprouve les cœurs.
 
4 Le méchant obéit à la langue injuste, et le trompeur écoute les (obtempère à des) lèvres mensongères.
 
5 Celui qui méprise le pauvre fait injure à (outrage) celui qui l’a créé, et celui qui se réjouit de la ruine d’autrui ne demeurera pas impuni.
Note Prov. 17,5 : Voir Proverbes, 14, 31.
 
6 La couronne des vieillards ce sont les enfants (fils) des enfants (fils), et la gloire des enfants (fils) ce sont leurs pères.
Note Prov. 17,6 : Les fils des fils ; ses petits-neveux ; une belle et nombreuse postérité.
 
7 Les paroles graves ne conviennent pas à l’insensé, ni au prince la langue (une lèvre) menteuse.
 
8 L’attente de celui qui espère est une perle très agréable ; de quelque côté qu’il se tourne, il agira avec intelligence (et prudence).
Note Prov. 17,8 : Une pierre précieuse est un cadeau très agréable pour celui qui la reçoit ; aussi partout où ce cadeau se dirige, il fait réussir les desseins du donateur.
 
9 Celui qui cache les fautes cherche l’amitié ; celui qui les rappelle sans cesse (une seconde fois) sépare ceux qui étaient unis.
Note Prov. 17,9 : Celui qui cache, etc. ; qui garde le silence sur une faute commise contre lui, recherche et gagne par là même l’amitié de celui qui l’a commise ; tandis que s’il la rappelle deux fois seulement (altero sermone repetit), il met la division entre l’offenseur et lui. On peut aussi étendre cette maxime à tous ceux qui par leurs rapports inconsidérés sèment la division parmi leurs semblables.
 
10 Une réprimande est plus utile à un homme prudent que cent coups à l’insensé.
 
11 Le méchant cherche toujours des querelles ; mais un ange cruel sera envoyé contre lui.
 
12 Il vaut mieux rencontrer une ourse à qui on a ravi ses petits, qu’un insensé qui se confie en sa folie.
Note Prov. 17,12 : L’ours était autrefois commun en Syrie, jusqu’à l’époque des croisades.
 
13 Celui qui rend le mal pour le bien ne verra jamais le malheur sortir de sa maison.
Note Prov. 17,13 : Voir Romains, 12, 17 ; 1 Thessaloniciens, 5, 15 ; 1 Pierre, 3, 9.
 
14 Celui qui laisse écouler (lâche, note) l’eau occasionne des querelles, et il abandonne le jugement avant même d’avoir souffert quelque injure.
Note Prov. 17,14 : Celui qui lâche, etc. Dans la Palestine les eaux, n’étant pas fort communes, donnaient par là même des occasions de dispute. Lâcher, par exemple, celles de son voisin ou de tout autre, était un cas de procès, dont l’issue ne pouvait qu’être défavorable à l’auteur du délit. Il était donc tout naturel que celui-ci se désistât, avant la sentence du juge, pour éviter un affront. Au lieu de il abandonne (deserit), l’hébreu porte l’impératif laisse. Comparer à Matthieu, 5, vv. 25, 40.
 
15 Celui qui justifie l’injuste, et celui qui condamne le juste, sont tous deux abominables devant Dieu.
Note Prov. 17,15 : Voir Isaïe, 5, 23.
 
16 Que sert à l’insensé d’avoir des richesses, puisqu’il ne peut pas acheter la sagesse ? Celui qui élève bien haut sa maison (en) cherche la ruine, et celui qui néglige d’apprendre tombera dans les maux.
Note Prov. 17,16 : Celui qui élève sa maison… maux. Ce passage n’est pas dans l’hébreu, mais il se trouve dans les Septante, ainsi que dans la Vulgate. On lit au verset 19 quelque chose de semblable dans l’hébreu et dans la Vulgate, mais non dans le grec.
 
17 Celui qui est ami aime en tout temps, et c’est dans l’affliction (l’angoisse) qu’il se montre frère (qu’un frère se fait connaître).
 
18 L’insensé battra des mains après qu’il aura répondu pour son ami.
Note Prov. 17,18 : Battra des mains, etc. Voir Proverbes, 6, 1.
 
19 Celui qui médite des dissensions aime les querelles (rixes), et celui qui élève sa porte cherche la ruine.
 
20 Celui dont le cœur est corrompu (pervers) ne trouvera pas le bien, et celui qui a la langue double (tourne la langue, note) tombera dans le mal.
Note Prov. 17,20 : Qui tourne la langue ; c’est-à-dire selon l’hébreu, qui a la langue tournée ; c’est-à-dire artificieuse, fourbe.
 
21 L’insensé est né pour sa honte (son ignominie), et le père d’un fou n’en aura pas de joie (dans un fils stupide).
 
22 La joie de l’esprit (Un cœur joyeux) rend la santé florissante ; la tristesse du cœur (une âme triste) dessèche les os.
Note Prov. 17,22 : Voir Proverbes, 15, 13 ; 16, 24.
 
23 Le méchant reçoit des présents en secret, pour pervertir (afin qu’il pervertisse) les voies de la justice.
Note Prov. 17,23 : En secret ; littéralement du sein. Les Hébreux portaient dans le sein ce qu’ils avaient de plus précieux.
 
24 La sagesse brille sur le visage de l’homme prudent ; les yeux des sots sont aux extrémités de la terre.
Note Prov. 17,24 : Voir Ecclésiaste, 2, 14 ; 8, 1. ― Sont à l’extrémité du monde ; c’est-à-dire très éloignés d’eux ; et, par conséquent, ne pouvant pas les éclairer suffisamment.
 
25 Le fils insensé est l’indignation (la colère) de son père, et la douleur de la mère qui l’a enfanté.
 
26 Il n’est pas bon de faire tort au juste, ni de frapper le prince qui juge selon la justice.
 
27 Celui qui est modéré dans ses discours est docte et prudent, et l’homme instruit (savant) a (est d’un) l’esprit précieux.
Note Prov. 17,27 : Voir Jacques, 1, 19.
 
28 L’insensé lui-même, lorsqu’il se tait, passe pour sage, et pour intelligent s’il tient ses lèvres closes.

Chapitre 18

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Chap. : 
De l’ami infidèle.
De la confiance du juste et de celle du riche.
Orgueil et humiliation.
Fruits de la langue.
Bonne et mauvaise femme.
De l’homme sociable.
1 Celui qui veut s’éloigner de (rompre avec) son ami (en) cherche des occasions ; en tout temps il sera digne (couvert) d’opprobre.
 
2 L’insensé ne reçoit pas les paroles de prudence, à moins que vous ne lui parliez selon ce qu’il a dans le cœur.
 
3 Lorsqu’il est tombé dans l’abîme des péchés, l’impie se moque (méprise) ; mais l’ignominie et l’opprobre le suivent.
 
4 Les paroles qui sortent de la bouche de l’homme sont une eau profonde, et la source de la sagesse est un torrent qui déborde.
Note Prov. 18,4 : Voir Proverbes, 20, 5.
 
5 Il n’est pas bon d’avoir égard à la personne de l’impie, pour se détourner de la vérité du jugement.
Note Prov. 18,5 : Dans le jugement ; littéralement du jugement. ― Faire acception, etc. Il ne faut pas être partial envers le méchant, en faisant perdre son procès au juste.
 
6 Les lèvres de l’insensé se mêlent aux disputes, et sa bouche provoque les querelles.
 
7 La bouche de l’insensé cause sa perte (est sa destruction), et ses lèvres sont la ruine de son âme.
 
8 Les paroles de (l’homme à) la langue double paraissent simples, et elles pénètrent jusqu’au fond des entrailles. La crainte abat le paresseux ; mais les âmes des efféminés auront faim.
Note Prov. 18,8 : La crainte… faim. Ce passage manque dans l’hébreu ; mais il se trouve dans les Septante, qui d’ailleurs, ne contiennent pas la partie précédente de ce verset 8.
 
9 Celui qui est mou et lâche dans son ouvrage est frère de celui qui détruit ce qu’il fait.
 
10 Le nom du Seigneur est une tour très forte ; le juste y court, et y trouve un abri élevé (sera exalté).
 
11 La fortune du riche est sa ville forte, et comme une puissante muraille (solide) qui l’environne.
Note Prov. 18,11 : Sa ville forte ; littéralement et par hébraïsme, la ville de sa force.
 
12 Avant d’être brisé, le cœur de l’homme s’élève, et avant d’être glorifié, il est humilié.
 
13 Celui qui répond avant d’écouter montre qu’il est insensé et digne de confusion.
Note Prov. 18,13 : Voir Ecclésiastique, 11, 8.
 
14 L’esprit de l’homme soutient sa faiblesse ; mais qui pourra soutenir un esprit qui s’emporte aisément ?
 
15 Le cœur prudent possédera la science, et l’oreille des sages cherche la doctrine.
 
16 Les présents d’un homme élargissent sa voie, ils lui font faire place devant les princes.
Note Prov. 18,16 : Le présent, etc. Dans l’Orient, on ne paraît devant les rois et les princes qu’avec des présents ; c’est une marque de respect et de dépendance de la part de celui qui vient faire sa cour. Comparer à 1 Rois, 9, 7.
 
17 Le juste s’accuse lui-même le premier ; survient son ami, qui sondera son cœur (et il l’examinera).
Note Prov. 18,17-21 : Contre l’amour de la dispute et le mauvais usage de la langue.
Note Prov. 18,17 : Le juste, etc. Lorsque le juste a commis une faute, il est le premier à l’avouer et à reconnaître son tort. Si son ami vient, il sonde avec lui le fond de son cœur.
 
18 Le sort apaise les différends, et il est l’arbitre entre les grands eux-mêmes.
 
19 Le frère qui est aidé par son frère est comme une ville forte, et leurs décisions sont comme les verrous des cités (portes des villes).
 
20 Les entrailles de l’homme seront remplies du fruit de sa bouche, et il sera rassasié de ce que ses lèvres auront produit.
Note Prov. 18,20 : Le ventre, etc. Voir Proverbes, 12, 14.
 
21 La mort et la vie sont au pouvoir de la langue ; ceux qui l’aiment mangeront de ses fruits.
Note Prov. 18,21 : Au pouvoir ; littéralement et par hébraïsme, dans la main. Le sens de ce verset est que ceux qui aiment à beaucoup parler recevront pour fruits la vie ou la mort, suivant l’usage qu’ils auront fait de leur langue.
 
22 Celui qui a trouvé une femme vertueuse a trouvé le (un) bien, et il a reçu du Seigneur une source de joie. Celui qui chasse une femme vertueuse rejette le bien ; mais celui qui retient une adultère est insensé et impie.
Note Prov. 18,22 : Celui qui chasse… impie. Ce passage, qui se trouve dans les Septante et dans l’arabe, manque dans l’hébreu, dans le chaldéen, dans divers manuscrits latins et dans plusieurs éditions latines, comme celles de Complute, de Sixte V, etc.
 
23 Le pauvre parle en suppliant, et le riche répond avec dureté.
 
24 L’homme dont la société est agréable (aimable à la société) sera plus aimé (ami) qu’un frère.

Chapitre 19

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Chap. : 
Du pauvre et du riche.
Du faux témoin.
De la colère et de la bienveillance du roi.
La femme prudente est un don du Seigneur.
Correction des enfants.
Crainte du Seigneur.
Châtiments réservés aux méchants.
1 Mieux vaut le pauvre qui marche dans la simplicité que le riche qui a les (tord ses) lèvres perverses et qui est insensé.
Note Prov. 19,1-29 : Exhortation à l’humilité, à la douceur et à la longanimité.
Note Prov. 19,1 : Qui tord ses lèvres ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, dont les discours sont trompeurs.
 
2 Lorsque la science manque à l’âme, il n’y a pas de bien, et celui dont les pieds se précipitent tombera.
 
3 La folie de l’homme pervertit ses démarches, et il brûle en son cœur de colère contre Dieu.
 
4 Les richesses donnent beaucoup de nouveaux amis ; mais ceux même qu’avait le pauvre se séparent de lui.
 
5 Le faux témoin ne demeurera pas impuni, et celui qui dit des mensonges n’échappera pas.
Note Prov. 19,5 : Voir Daniel, 13, 61.
 
6 Beaucoup honorent la personne de l’homme puissant, et sont amis de celui qui donne des présents.
 
7 Les frères du pauvre le haïssent, et de plus ses amis se retirent loin de lui. Celui qui ne cherche que des paroles n’aura rien ;
 
8 mais celui qui possède son cœur (de l’intelligence) aime son âme, et celui qui conserve la prudence trouvera le bien.
 
9 Le faux témoin ne sera pas impuni, et celui qui dit des mensonges périra.
Note Prov. 19,9 : Un faux témoin. Comparer au verset 5.
 
10 Les délices siéent mal à l’insensé, et ce n’est pas à l’esclave à dominer sur les princes.
 
11 La science (doctrine) d’un homme se connaît par sa patience, et c’est sa gloire de ne pas tenir compte des (laisser de côté les) injustices (choses iniques).
 
12 La colère du roi est comme le rugissement du lion, et la sérénité de son visage (son hilarité) est comme la rosée sur l’herbe.
 
13 Un insensé est la douleur de son père, et la femme querelleuse est comme un toit qui dégoutte toujours (continuellement dégoûtant).
Note Prov. 19,13 : Ce sont des toits, etc. Comme on ne peut demeurer dans une maison dont les toits dégouttent continuellement, c’est-à-dire sont mal couverts, ainsi on ne peut vivre avec une femme querelleuse. Comparer à Proverbes, 21, 9 ; 27, 15.
 
14 La maison et les richesses sont données par les parents (pères) ; mais c’est spécialement du Seigneur que vient l’épouse prudente.
 
15 La paresse produit l’assoupissement, et l’âme lâche (indolent) aura faim.
Note Prov. 19,15 : Envoie ; produit.
 
16 Celui qui garde le commandement garde son âme ; mais celui qui néglige sa voie sera frappé de mort.
Note Prov. 19,16 : Le commandement ; nom collectif qui signifie les commandements, c’est-à-dire la loi divine.
 
17 Celui qui a pitié du pauvre prête (à intérêt) au Seigneur, qui lui rendra ce qu’il lui aura prêté (son bienfait).
 
18 Corrige ton fils, et n’en désespère pas ; mais ne prends pas de résolution qui aille à sa mort.
 
19 Celui qui est impatient en subira la peine, et lorsqu’il aura ravi quelque objet, il le rendra au double (prendra encore autre chose, note).
Note Prov. 19,19 : Qui est impatient ; c’est-à-dire qui ne sait pas se contenir, qui n’est pas maître de lui-même. ― Il prendra encore ; littéralement il ajoutera ; sous-entendu, à prendre ; ou il prendra encore, de nouveau. C’est le vrai sens de la Vulgate, expliquée par l’hébreu, sens que réclame, d’ailleurs, le commencement du verset.
 
20 Ecoute le conseil et reçois l’instruction, afin d’être sage dans la suite de ta vie (tes derniers moments).
 
21 Beaucoup de pensées s’agitent dans le cœur de l’homme ; mais la volonté du Seigneur demeure(ra) ferme (à jamais).
 
22 L’indigent a de la compassion, et le pauvre vaut mieux que le menteur.
 
23 La crainte du Seigneur conduit à la vie, et elle demeurera dans l’abondance sans recevoir la visite du mal(heur).
Note Prov. 19,23 : Sans être, etc. ; littéralement sans une visite très mauvaise.
 
24 Le paresseux cache sa main sous son aisselle, et il ne la porte pas (même) à sa bouche.
Note Prov. 19,24 : Voir Proverbes, 26, 15.
 
25 Quand l’homme corrompu (pernicieux) aura été châtié (flagellé), l’insensé deviendra plus sage ; mais si tu reprends le sage, il comprendra la réprimande.
Note Prov. 19,25 : Voir Proverbes, 21, 11. ― La discipline. Voir Proverbes, 1, 2.
 
26 Celui qui afflige son père et met en fuite sa mère est infâme (ignominieux) et malheureux.
 
27 Ne cesse pas, mon fils, d’écouter l’enseignement (la doctrine), et n’ignore pas les paroles de la science.
 
28 Le témoin injuste se rit de la justice, et la bouche des impies dévore l’iniquité.
Note Prov. 19,28 : Du jugement ; c’est-à-dire de la justice.
 
29 Les jugements sont préparés pour les moqueurs (railleurs), et les marteaux pour frapper le corps des insensés.
Note Prov. 19,29 : Les railleurs. Voir Proverbes, 9, 7.

Chapitre 20

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Chap. : 
Vin, source de luxure.
De l’homme paresseux.
Double poids et double mesure, choses abominables.
Danger d’être caution.
Honorer ses parents.
Ne pas rendre le mal.
Les grands maux demandent de grands remèdes.
1 Le vin est une source de (chose luxurieuse) luxure, et l’ivrognerie (ivresse) est tumultueuse ; quiconque y met son plaisir ne sera pas sage.
 
2 La terreur qu’inspire le roi est comme le rugissement du lion ; celui qui le provoque pèche contre son âme.
 
3 C’est une gloire (un honneur) pour l’homme de s’écarter des contestations ; mais tous les insensés se mêlent aux propos outrageants.
 
4 A cause du froid le paresseux n’a pas voulu labourer ; il mendiera donc pendant l’été, et on ne lui donnera rien.
Note Prov. 20,4 : A cause du froid, etc. Dans la Palestine, les semailles se font en novembre et en décembre, mois pendant lesquels soufflent ordinairement les vents du nord.
 
5 Le conseil est dans le cœur de l’homme comme une eau profonde ; mais le sage l’y puisera (l’épuisera).
Note Prov. 20,5 : Comme une eau, etc. Le cœur de l’homme dans ses desseins est aussi impénétrable qu’une eau profonde ; mais le sage qui a la connaissance des hommes lit jusqu’au fond du cœur humain, en sonde les abîmes et en découvre ce qu’il a de plus secret.
 
6 Beaucoup d’hommes sont appelés miséricordieux ; mais qui trouvera un homme fidèle ?
 
7 Le juste qui marche dans sa simplicité laissera après lui ses (des) enfants (bien)heureux.
 
8 Le roi qui siège sur un trône de justice dissipe tout le mal par son (seul) regard.
 
9 Qui peut dire : Mon cœur est sans tache ; je suis pur de péché ?
Note Prov. 20,9 : Voir 3 Rois, 8, 46 ; 2 Paralipomènes, 6, 36 ; Ecclésiaste, 7, 21 ; 1 Jean, 1, 8.
 
10 Le double (Un poids et un, note) poids et la double mesure sont deux choses abominables devant Dieu.
Note Prov. 20,10 : Voir Proverbes, 11, 1. ― Un poids et un poids, etc. ; c’est-à-dire divers poids et diverses mesures. Dieu défend dans sa loi d’avoir divers poids et diverses mesures. Voir Deutéronome, 25, 13-16.
 
11 On juge par les inclinations de l’enfant si ses œuvres seront pures et droites.
 
12 L’oreille qui écoute (entend) et l’œil qui voit : le Seigneur les a faits l’un et l’autre.
 
13 N’aime pas le sommeil, de peur que la pauvreté (détresse) ne t’accable ; ouvre les yeux, et rassasie-toi de pain.
 
14 Cela ne vaut rien, cela ne vaut rien, dit tout acheteur ; puis, lorsqu’il se sera retiré, il se glorifiera.
 
15 Il y a de l’or et beaucoup (une multitude) de perles ; mais les lèvres savantes sont un vase précieux.
Note Prov. 20,15 : Savantes ; littéralement et par hébraïsme, de la science.
 
16 Prends le vêtement de celui qui s’est fait caution pour autrui (un étranger), et enlève-lui des gages à cause (parce qu’il a répondu pour) des étrangers.
Note Prov. 20,16 : Voir Proverbes, 27, 13.
 
17 Le pain de mensonge est doux à l’homme ; et ensuite sa bouche sera pleine de gravier.
Note Prov. 20,17 : Un pain de mensonge ; un faux pain, un pain qui paraît bon, mais qui est réellement mauvais.
 
18 Les projets (pensées) s’affermissent par les conseils, et les guerres doivent être conduites avec prudence (de sages directions).
 
19 Si quelqu’un dévoile les secrets, agit avec duplicité et a les lèvres toujours ouvertes, ne te mêle (lie) pas avec lui.
 
20 Si quelqu’un maudit son père et sa mère, sa lampe s’éteindra au milieu des ténèbres.
Note Prov. 20,20 : Voir Exode, 21, 17 ; Lévitique, 20, 9 ; Matthieu, 15, 4.
 
21 L’héritage que l’on se hâte tout d’abord d’acquérir, ne sera pas béni à la fin.
Note Prov. 20,21 : L’héritage, etc. Le sage veut dire qu’il est moralement impossible qu’on acquière légitimement de grands biens en un moment. Comparer à Proverbes, 13, 11.
 
22 Ne dis pas : Je rendrai le mal ; attends le Seigneur, et il te délivrera.
Note Prov. 20,22 : Voir Romains, 12, 17 ; 1 Thessaloniciens, 5, 15 ; 1 Pierre, 3, 9.
 
23 Avoir deux (un poids et un) poids est en abomination devant le Seigneur ; la balance trompeuse n’est pas bonne.
Note Prov. 20,23 : C’est une abomination, etc. Voir le verset 10.
 
24 Le Seigneur dirige les pas de l’homme ; mais quel est l’homme qui puisse comprendre sa voie ?
 
25 C’est une ruine pour l’homme de dévorer les saints, et de se rétracter après avoir fait des vœux.
Note Prov. 20,25 : Dévorer les saints ; les attaquer, les persécuter. Dieu prend la défense des saints, ses amis persécutés, en faisant périr leurs persécuteurs : témoin Pharaon, Antiochus Epiphane, etc.
 
26 Le roi sage dissipe les méchants, et il courbe sur eux la roue (un arc de triomphe).
Note Prov. 20,26 : Courbe sur eux un arc de triomphe ; c’est la traduction littérale de la Vulgate : Incurvat super eos fornicem ; texte que l’on explique ainsi : Il les fait passer sous l’arc de son triomphe. L’hébreu dit : Et il ramena sur eux une roue ; et les Septante : Et il jettera (ou passera sur eux une roue.) Après avoir vaincu les Ammonites, David fit passer sur eux des chariots armés de fer (voir 2 Rois, 12, 31). L’Ecriture fait assez souvent allusion à ce genre de supplice. On faisait passer sur le corps des condamnés des chariots avec des roues armées de fer, roues très basses et très lourdes et qui en faisaient des espèces de traineaux propres à battre le grain.
 
27 Le souffle de l’homme est une lampe divine (du Seigneur), qui (laquelle) découvre tous les secrets (parties intimes) du cœur.
Note Prov. 20,27 : Le souffle ; c’est-à-dire l’esprit. ― Une lampe du Seigneur ; allumée par le Seigneur lui-même. ― Découvre, etc. Nul, selon saint Paul, ne sait ce qui est au-dedans de l’homme, que l’esprit de l’homme qui est en lui (voir 1 Corinthiens, 2, 11). ― Corps ; littéralement ventre ; c’est la partie pour le tout : figure de rhétorique assez usitée dans le style biblique.
 
28 La miséricorde et la vérité gardent le roi, et la clémence affermit son trône.
 
29 La joie des jeunes gens, c’est leur force ; et la gloire (dignité) des vieillards, ce sont les cheveux blancs.
 
30 Le mal se guérira par les meurtrissures livides et par les plaies les plus profondes.
Note Prov. 20,30 : La lividité, etc. Le sens de ce passage est que les méchants ne se guérissent ou ne se corrigent que par des châtiments corporels qui se font sentir. ― Corps ; littéralement ventre. Voir le verset 27.

Chapitre 21

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Chap. : 
Cœur du roi dans la main de Dieu.
Paresse, source de misères.
Malheur de ceux qui ont le cœur dur pour les pauvres.
Avantages de la justice et de la sagesse.
Le salut est un don du Seigneur.
1 Le cœur du roi est dans la main du Seigneur comme des eaux courantes ; il l’incline partout où il veut.
Note Prov. 21,1 : Comme sont, etc. De même qu’un jardinier réduit les divers courants des eaux pour les faire couler où il veut, dans les jardins, de même le Seigneur conduit le cœur du roi et en dispose selon sa volonté.
 
2 Toutes les voies de l’homme lui paraissent droites (à lui-même) ; mais le Seigneur pèse les cœurs.
Note Prov. 21,2 : Voir Proverbes, 16, 2.
 
3 Faire miséricorde et justice est plus agréable au Seigneur que les victimes.
 
4 L’orgueil du cœur rend les yeux altiers ; la lampe des impies c’est le péché.
Note Prov. 21,4 : L’exaltation des yeux ; c’est-à-dire le regard altier, hautain. ― La dilatation ; l’enflure, l’orgueil.
 
5 Les projets (pensées) de l’homme fort produisent toujours l’abondance ; mais tout paresseux est toujours dans l’indigence (la détresse).
 
6 Celui qui amasse des trésors avec une langue de mensonge est vain et sans jugement (cœur), et il s’engagera dans les filets de la mort.
Note Prov. 21,6 : Sans cœur (excors). Voir Proverbes, 7, 7.
 
7 Les rapines des impies seront leur ruine, parce qu’ils n’ont pas voulu pratiquer la justice.
 
8 La voie corrompue de l’homme est une voie détournée (étrangère) ; mais quand il (celui qui) est pur, ses œuvres sont droites.
 
9 Mieux vaut demeurer dans un coin du toit que d’habiter avec une femme querelleuse (et) dans une maison commune.
Note Prov. 21,9 : Voir Proverbes, 25, 24. ― D’un toit (domatis). Le toit des maisons chez les Hébreux était en plate-forme. Le sens du verset est qu’il vaut mieux demeurer sur le haut de la maison, exposé aux injures de l’air, que de vivre avec une femme querelleuse, et habiter dans la même maison. Comparer à Proverbes, 19, 13 ; 27, 15.
 
10 L’âme de l’impie désire le mal, il n’aura pas pitié de son prochain.
 
11 Si l’on châtie l’homme contagieux, le simple deviendra plus sage ; et s’il s’attache au sage, il acquerra (de) la science.
Note Prov. 21,11 : Le simple (parvulus). Voir, pour l’explication de ce mot, Proverbes, 1, 4.
 
12 Le juste réfléchit (mûrement) à la maison de l’impie, pour retirer les impies du mal.
 
13 Celui qui ferme l’oreille au cri du pauvre criera lui-même et ne sera pas exaucé.
 
14 Un présent secret éteint la colère, et un don caché dans le sein apaise l’indignation la plus vive.
Note Prov. 21,14 : Glissé dans le sein. Voir Proverbes, 17, 23.
 
15 C’est une joie pour le juste de pratiquer la justice, et (mais) l’effroi est pour (de) ceux qui commettent l’iniquité.
 
16 L’homme qui s’écarte de la voie de la doctrine demeurera dans l’assemblée des géants.
Note Prov. 21,16 : Dans l’assemblée, etc. ; c’est-à-dire dans l’enfer avec ces anciens géants, qui se sont rendus si fameux par leurs violences et leurs crimes. Voir Proverbes, 9, 18, où nous avons cité plusieurs autres écrivains sacrés, qui ont parlé de la même manière de ces géants.
 
17 Celui qui aime les festins sera dans l’indigence (la détresse) ; celui qui aime le vin et la bonne chère ne s’enrichira pas.
 
18 Le méchant est livré pour le juste, et l’injuste (l’inique) pour les hommes droits.
 
19 Mieux vaut habiter dans une terre déserte qu’avec une femme querelleuse et colère.
Note Prov. 21,19 : Voir Ecclésiastique, 25, 24.
 
20 Il y a un trésor précieux et de l’huile dans la maison du juste, et (mais) l’homme imprudent (les) dissipera (le tout).
Note Prov. 21,20 : Trésor ; ce mot ne désigne, pour l’ordinaire, chez les Hébreux, que des amas de provisions et des fruits de la terre. ― Mais l’homme, etc. Tandis que le juste administre ses biens avec une sage économie, l’imprudent prodigue les siens. ― Les dissipera ; littéralement le (illud) au neutre. En hébreu, le pronom, qui se rapporte à plusieurs noms antécédents, peut ne concorder qu’avec le dernier ; ce qui a lieu ici. C’est pour cela que la Vulgate, qui se conforme assez ordinairement aux idiotismes de la langue sainte, a mis le singulier, qui est dans le texte original. Seulement, comme le dernier antécédent, huile (oleum), est en latin du genre neutre (genre qui manque en hébreu), elle a employé illud au lieu du pluriel les (illa), qui représenterait grammaticalement les deux antécédents trésor et huile.
 
21 Celui qui exerce (recherche) la justice et la miséricorde trouvera la vie, la justice et la gloire.
 
22 Le sage a pris d’assaut la ville des forts, et il a détruit la force où elle mettait sa confiance.
 
23 Celui qui garde sa bouche et sa langue préserve son âme des angoisses.
 
24 On nomme ignorant le superbe et le présomptueux, qui dans sa colère ne produit que (il agit avec) l’orgueil.
Note Prov. 21,24 : Est appelé ; c’est-à-dire est regardé, est considéré, ou simplement, en vertu d’un hébraïsme est.
 
25 Les désirs tuent le paresseux, car ses mains ne veulent (n’ont) rien (voulu) faire. 26 Tout le jour il convoite et il désire, mais le juste donne sans cesse.
Note Prov. 21,26 : Il souhaite et il désire ; dans le style biblique, la réunion de synonymes a pour but de donner de l’énergie à l’expression. Ainsi le sens est : souhaiter avec la plus grande ardeur.
 
27 Les victimes (hosties) des impies sont abominables, parce qu’ils les offrent du (comme) fruit de leurs crimes.
Note Prov. 21,27 : Voir Proverbes, 15, 8 ; Ecclésiastique, 34, 21. ― Elles sont offertes, etc. ; c’est-à-dire que ces hosties sont des choses injustement acquises, le fruit des rapines des impies qui les offrent en sacrifice.
 
28 Le témoin menteur périra ; l’homme obéissant racontera des victoires.
Note Prov. 21,28 : L’homme obéissant ; à Dieu, à la loi, à sa raison, etc. ― Parlera victoire ; c’est-à-dire victorieusement, sera victorieux dans ses paroles.
 
29 L’impie fait paraître sur son visage une assurance effrontée ; mais celui qui est droit corrige sa voie.
 
30 Il n’y a pas de sagesse, il n’y a pas de prudence, il n’y a pas de conseil contre le Seigneur.
 
31 On prépare le cheval pour le jour du combat ; mais c’est le Seigneur qui donne le salut (la victoire).
Note Prov. 21,31 : Le cheval, etc. Les Hébreux et les Orientaux en général ne se servaient du cheval que pour la guerre. Le bœuf était destiné à labourer et à conduire les chariots ordinaires ; l’âne et le chameau portaient les charges et les fardeaux ; on s’en servait même pour la monture dans les voyages. ― Victoire ; littéralement salut, délivrance ; mot qui, en hébreu, se prend pour une victoire remportée par un secours extraordinaire de Dieu.

Chapitre 22

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Chap. : 
Prix de la bonne réputation.
Avantage de la pureté de cœur.
Exhortation à la sagesse.
Ne pas opprimer le pauvre.
Ne pas toucher aux bornes anciennes.
1 Une bonne renommée vaut mieux que de grandes richesses, et la grâce (bonne amitié) est plus estimable que l’argent et l’or.
Note Prov. 22,1 : Voir Ecclésiaste, 7, 2.
 
2 Le riche et le pauvre se sont rencontrés ; c’est le Seigneur qui les a créés l’un et l’autre.
Note Prov. 22,2 : Voir Proverbes, 29, 13.
 
3 L’homme habile voit (a vu) le mal et se (s’est) cache(é), l’imprudent (le simple) (a) passe(é) outre, et (a) souffre (souffert) du dommage.
 
4 Le fruit (La fin) de la modestie c’est la crainte du Seigneur, les richesses, et la gloire et la vie.
 
5 Les armes et les glaives sont sur la voie des pervers ; mais celui qui garde son âme se retire (bien) loin d’eux.
Note Prov. 22,5 : Ame ; ce mot, comme on l’a souvent remarqué, se prend en hébreu, comme en arabe, pour la personne elle-même, pour l’individu.
 
6 On dit en proverbe : Le jeune homme suit sa voie ; même lorsqu’il aura vieilli, il ne la quittera pas.
 
7 Le riche commande aux pauvres, et celui qui emprunte devient l’esclave du prêteur.
 
8 Celui qui sème l’injustice (iniquité) moissonnera les maux, et il sera brisé (détruit) par la verge de sa colère.
 
9 Celui qui est porté à la miséricorde sera béni, car il a donné de ses (son) pain(s) aux pauvres. Celui qui fait des présents acquerra la victoire et l’honneur ; mais il ravit l’âme de ceux qui les reçoivent.
Note Prov. 22,9 : Voir Ecclésiastique, 31, 28. ― Il obtiendra… reçoivent. Ce passage, qui manque dans l’hébreu et même dans quelques éditions latines, est dans les Septante.
 
10 Chasse le railleur, et la dispute sortira avec lui ; alors les plaintes et les outrages cesseront.
 
11 Celui qui aime la pureté du cœur, à cause de la grâce de ses lèvres aura le roi pour ami.
 
12 Les yeux du Seigneur gardent la science, et les paroles du perfide (de l’homme inique) sont confondues.
 
13 Le paresseux dit : Il y a un lion dehors, je serai tué au milieu des rues.
 
14 La bouche de l’étrangère est une fosse profonde ; celui contre qui le Seigneur est irrité y tombera.
Note Prov. 22,14 : Fosse profonde ; abîme. Le mot fosse se prend aussi dans l’Ecriture pour pièges, embûches.
 
15 La folie est liée au cœur de l’enfant, et la verge de la discipline l’en chassera.
Note Prov. 22,15 : La folie ; c’est-à-dire l’ignorance, la faiblesse, le penchant au mal.
 
16 Celui qui calomnie le pauvre pour accroître ses richesses, donnera lui-même à un plus riche que lui, et sera dans l’indigence.
Note Prov. 22,16 : Qui opprime, etc. Voir Proverbes, 14, 31.
 
17 Prête l’oreille, et écoute les paroles des sages, et applique ton cœur à ma doctrine.
Note Prov. 22,17 : Ici commencent les paroles des sages, contenues dans les chapitres 22, verset 17 à 24, verset 22. C’est une série de préceptes sur la justice et la prudence.
18 Elle te paraîtra belle, lorsque tu la garderas au fond de ton cœur, et elle se répandra sur tes lèvres, 19 afin que tu mettes ta confiance dans le Seigneur : c’est pour cela que je te l’ai montrée aujourd’hui. 20 Je te l’ai décrite triplement, avec conseils (réflexion) et avec science,
Note Prov. 22,20 : Triplement ; ou trois fois ; c’est-à-dire diverses fois, souvent.
21 pour te faire voir la certitude des (et les) paroles de la vérité, afin qu’elles te servent à répondre à ceux qui t’ont envoyé.
Note Prov. 22,21 : La certitude et les paroles ; hébraïsme, pour la certitude des paroles.
 
22 Ne fais pas violence au pauvre parce qu’il est pauvre, et n’opprime pas l’indigent à la porte (de la ville),
Note Prov. 22,22 : A la porte de la ville ; c’est-à-dire en jugement. Chez les Hébreux, les tribunaux siégeaient aux portes de la ville.
23 car le Seigneur défendra sa cause, et il (trans)percera ceux qui auront (trans)percé son âme.
 
24 Ne sois pas l’ami de l’homme emporté, et ne va pas avec le furieux ; 25 de peur que tu n’apprennes à suivre ses sentiers, et que tu ne trouves du scandale pour ton âme.
 
26 Ne va pas avec ceux qui frappent dans la (engagent leurs) main(s), et qui s’offrent comme garants pour ceux qui doivent (se rendent caution des dettes) ;
Note Prov. 22,26 : Engagent leurs mains. Voir Proverbes, 6, 1.
27 car si tu n’as pas de quoi restituer, qui empêchera qu’on (quel motif y a-t-il pour qu’il) emporte la couverture de ton lit ?
 
28 Ne dépasse pas les anciennes bornes qu’ont posées tes pères.
 
29 As-tu vu un homme prompt en son œuvre ? Il se tiendra devant les rois, et non auprès des hommes obscurs.
Note Prov. 22,29 : Il se tiendra, etc. Un homme diligent et actif s’insinuera à la cour des rois et ne s’attachera pas à des gens vils et obscurs.

Chapitre 23

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Chap. : 
Sobriété à la table des grands.
Ne pas opprimer les pupilles.
Demeurer ferme dans la crainte du Seigneur.
Fuir les femmes de mauvaise vie et l’ivrognerie.
1 Lorsque tu seras assis pour manger avec le prince, considère avec attention ce qui est servi devant toi,
Note Prov. 23,1-2 : Il y a deux grands défauts à éviter à la table des grands : le premier, de trop parler ; le second, de trop manger. Salomon engage son disciple à éviter l’un et l’autre, en lui disant de mettre un couteau à sa gorge, si toutefois il est assez maître de lui-même pour modérer son appétit et sa sensualité. Par la table du prince, saint Augustin entend le banquer eucharistique, et, selon saint Jérôme, l’expression mets un couteau à ta gorge, signifie, qu’en faisant la sainte communion, nous devons égorger en nous tout ce qui est contraire à la foi et à la charité, et détruire le vieil homme par le glaive de l’esprit, afin que le nouveau vive seul en nous.
2 et mets-toi un couteau à la gorge si toutefois tu es maître de ton âme. 3 Ne désire pas ses mets, car c’est (désire pas des aliments de celui chez qui est) un pain de mensonge.
Note Prov. 23,3 : Un pain de mensonge ; une nourriture trompeuse, qui flatte le goût, mais qui est malsaine, ou qui ne soutient pas, qui n’est pas substantielle. Nous l’avons déjà remarqué, le mot hébreu, rendu dans la Vulgate par pain (panis), se prend souvent pour nourriture, aliment, en général, et quelquefois pour chair, viande, en particulier, ce que signifie aussi le terme arabe correspondant.
 
4 Ne travaille pas à t’enrichir ; mais mets des bornes à ta prudence. 5 Ne lève pas les yeux vers des biens que tu ne peux avoir ; car ils prendront des ailes comme l’aigle, et s’envoleront au ciel.
 
6 Ne mange pas avec l’homme envieux, et ne désire pas ses mets ; 7 car, à la manière du devin et de celui qui interprète les songes, il conjecture (juge de) ce qu’il ignore. Bois et mange, te dira-t-il ; mais son cœur n’est pas avec toi. 8 Tu rejetteras les mets que tu auras mangés, et tu perdras tes beaux (sages) discours.
 
9 Ne parle pas aux oreilles des insensés, parce qu’ils mépriseront l’enseignement de tes paroles.
 
10 Ne touche pas aux bornes des petits, et n’entre pas dans le champ des orphelins ; 11 car leur proche est puissant, et il défendra (jugera) lui-même leur cause contre toi.
Note Prov. 23,11 : Leur proche ; c’est-à-dire, suivant le terme de l’original hébreu, celui qui a droit de rachat sur un champ aliéné de sa famille.
 
12 Que ton cœur pénètre dans la doctrine, et tes oreilles dans les paroles de la science. 13 N’épargne pas la correction à l’enfant ; car si tu le frappes avec la verge, il ne mourra pas.
Note Prov. 23,13 : Voir Proverbes, 13, 24 ; Ecclésiastique, 30, 1.
14 Tu le frapperas avec la verge, et tu délivreras son âme de l’enfer.
 
15 Mon fils, si ton esprit est sage, mon cœur se réjouira avec toi ; 16 et mes entrailles tressailliront de joie, lorsque tes lèvres auront proféré des paroles droites.
 
17 Que ton cœur ne porte pas envie aux pécheurs, mais demeure tout le jour dans la crainte du Seigneur ;
Note Prov. 23,17 : Voir Proverbes, 24, 1.
18 car tu auras de la confiance (l’espérance) à la dernière heure, et ton attente ne te sera pas ravie (frustrée).
 
19 Ecoute, mon fils, et sois sage, et dirige ton âme dans la droite (bonne, note) voie.
Note Prov. 23,19 : Bonne ; ce mot est renfermé dans le terme hébreu, rendu simplement par dirige (dirige) dans la Vulgate.
20 Ne sois pas dans les festins des buveurs, ni dans les débauches (orgies) de ceux qui apportent des viandes pour les manger ensemble ; 21 car ceux qui passent le temps à boire et à se traiter ainsi (qui paient leur écot) se ruineront ; et l’assoupissement sera vêtu de haillons.
Note Prov. 23,21 : L’assoupissement ; c’est-à-dire le paresseux qui est toujours assoupi.
 
22 Ecoute ton père qui t’a engendré, et ne méprise pas ta mère lorsqu’elle aura vieilli. 23 Achète la vérité, et ne vends pas la sagesse, ni la doctrine, ni l’intelligence. 24 Le père du juste tressaille d’allégresse ; celui qui a donné la vie à un sage trouvera sa joie en lui. 25 Que ton père et ta mère se réjouissent, et que celle qui t’a enfanté tressaille d’allégresse.
 
26 Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux s’attachent à mes voies. 27 Car la courtisane (prostituée) est une fosse profonde, et l’étrangère un puits étroit.
Note Prov. 23,27 ; 23.29 : Fosse, fosses. Comparer à Proverbes, 22, 14.
28 Elle dresse des embûches sur le chemin comme un voleur, et elle tue(ra) ceux qu’elle voit (verra ne pas) n’être pas sur leurs gardes.
 
29 A qui (:) Malheur ? Au père de qui (:) Malheur ? Pour qui les querelles ? pour qui les précipices ? pour qui les blessures sans sujet ? pour qui la rougeur des yeux ? 30 N’est-ce pas pour ceux qui s’attardent auprès du vin, et qui mettent leur plaisir à vider les coupes (pleines) ? 31 Ne regarde pas le vin lorsqu’il se dore (jaunit), lorsque sa couleur brille dans le verre. Il entre agréablement (doucement) ;
Note Prov. 23,31-35 : La peinture de l’ivrognerie, contenue dans ces cinq versets, est d’une beauté remarquable.
Note Prov. 23,31 : Quand il jaunit (flavescit) ; prend une couleur d’or ; mais on assure assez généralement qu’il n’y avait que du vin rouge dans la Palestine ; il est certain que le texte hébreu porte quand il est rouge.
32 mais à la fin il mord(ra) comme un serpent, et il répand(ra) son venin comme un basilic. 33 Tes yeux regarderont les étrangères, et ton cœur dira des paroles déréglées (perverses). 34 Et tu seras comme un homme endormi au milieu de la mer, et comme un pilote assoupi qui a perdu le gouvernail. 35 Et tu diras : Ils m’ont battu, mais je n’ai pas souffert ; ils m’ont entraîné, mais je ne l’ai pas senti. Quand me réveillerai-je, et quand trouverai-je encore du vin ?

Chapitre 24

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Chap. : 
Ne pas envier la prospérité des méchants.
N’estimer que la sagesse.
Se soutenir dans l’affliction.
Ne pas se réjouir de la ruine de ses ennemis.
Craindre Dieu et le roi.
Eviter la paresse.
1 Ne porte pas envie aux méchants, et ne désire pas d’être avec eux,
Note Prov. 24,1 : Voir Proverbes, 23, 17.
2 car leur esprit médite les rapines, et leurs lèvres ne profèrent que tromperies.
 
3 C’est par la sagesse que la maison sera bâtie, et par la prudence qu’elle s’affermira. 4 C’est par la science que les celliers se rempliront de tout ce qu’il y a de (biens) précieux et (de) très beau(x).
 
5 L’homme sage est fort, et l’homme savant est robuste et puissant ; 6 car c’est par la prudence (avec réflexion) qu’on entreprend la guerre, et le salut sera là où il y a beaucoup de conseils.
 
7 La sagesse est trop (bien) élevée pour l’insensé (à la porte de la ville), il n’ouvrira pas la bouche à la porte de la ville.
Note Prov. 24,7 : A la porte de la ville ; au lieu des assemblées publiques ; c’est-à-dire que l’insensé sera réduit au silence dans toutes les délibérations, et qu’il sera même incapable de se défendre contre ses accusateurs, d’accuser ses ennemis, d’instruire ses juges de son bon droit, etc.
 
8 Celui qui pense à faire le mal sera appelé insensé.
Note Prov. 24,8 : Sera appelé insensé ; c’est-à-dire sera insensé. Voir Proverbes, 21, 24.
 
9 La pensée de l’insensé c’est le péché, et le médisant est l’abomination des hommes.
 
10 Si tu désespères, sans courage, au jour de l’affliction, ta force en sera affaiblie.
 
11 Sauve ceux que l’on mène à la mort, et ne cesse pas de délivrer ceux qu’on traîne au supplice (à la destruction).
Note Prov. 24,11 : Voir Psaumes, 81, 4.
12 Si tu dis : Les forces me manquent, celui qui voit le fond du cœur le discernera (discerne lui-même) ; car rien n’échappe à l’observateur de ton âme, et il rendra à l’homme selon ses œuvres.
Note Prov. 24,12 : Le discerne lui-même ; sait parfaitement discerner si cette excuse alléguée : Les forces me manquent, est réellement fondée ou non.
 
13 Mon fils, mange le miel, car il est bon, et le rayon de miel est très doux à ta bouche (le rayon doux à ton gosier). 14 Telle est pour ton âme la doctrine de la sagesse ; quand tu l’auras trouvée, tu auras de l’espoir pour ta dernière heure, et cette espérance ne périra pas.
 
15 Ne dresse pas d’embûche (au juste), et ne cherche pas l’impiété dans sa (la) maison (du juste) ; ne trouble pas son repos. 16 Car le juste tombera sept fois et se relèvera ; mais les impies seront précipités dans le mal (abattus dans le malheur).
Note Prov. 24,16 : Tombera ; non dans le péché, comme plusieurs l’entendent ; mais dans le malheur, la disgrâce, les épreuves, les afflictions. C’est le sens le plus conforme au contexte.
 
17 Lorsque ton ennemi sera tombé, ne te réjouis pas, et que ton cœur ne tressaille pas de joie au sujet de sa ruine ; 18 de peur que le Seigneur ne le voie, et que cela ne lui déplaise, et qu’il ne retire de lui sa colère.
 
19 N’aie pas de jalousie à l’égard des méchants, et ne porte pas envie aux impies ; 20 car les méchants n’ont pas d’espérance pour l’avenir, et la lampe des impies s’éteindra.
 
21 Mon fils, crains le Seigneur et le roi, et n’aie pas de commerce avec les médisants ; 22 car leur perdition se dressera tout à coup, et qui pourra connaître la ruine de l’un et de l’autre ?
 
23 Ce qui suit est aussi pour les sages. Il n’est pas bon de faire acception des personnes dans le jugement.
Note Prov. 24,23-34 : Ces versets, qui terminent la seconde partie, semblent être un supplément du premier recueil des Proverbes.
Note Prov. 24,23 : Voici, etc. ; ce que je vais dire ou ce qui suit est aussi pour les sages. ― Faire acception, etc. Comparer à Lévitique, 19, 15 ; Deutéronome, 1, 17 ; 16, 19 ; Ecclésiastique, 42, 1.
 
24 Ceux qui disent à l’impie : Tu es juste, seront maudits des peuples et détestés des nations. 25 Ceux qui le condamnent (reprennent) seront loués, et la bénédiction viendra sur eux.
 
26 Il baise(ra) les lèvres, celui qui répond des paroles justes (droites).
Note Prov. 24,26 : Il baisera, etc. Répondre avec droiture à quelqu’un, c’est lui donner un baiser, c’est-à-dire lui prouver une grande et tendre amitié.
27 Prépare ton ouvrage au dehors, et remue ton champ avec soin : tu bâtiras ensuite ta maison.
 
28 Ne témoigne pas à la légère contre ton prochain, et ne séduis personne par tes lèvres.
 
29 Ne dis pas : Ce qu’il m’a fait, je le lui ferai ; je rendrai à chacun selon ses œuvres.
 
30 J’ai passé par le champ du paresseux, et par la vigne de l’homme insensé ; 31 et voici que les orties avaient tout rempli, et que les épines en couvraient la surface, et le mur de pierres était abattu. 32 A cette vue, j’ai réfléchi dans mon cœur, et je me suis instruit par cet exemple. 33 Tu dormiras un peu, ai-je dit ; tu sommeilleras un peu ; tu croiseras un peu tes mains (mettras faiblement les mains l’une dans l’autre) pour te reposer,
Note Prov. 24,33-34 : Tu dormiras un peu, etc. Au chapitre 6, versets 10 et 11, l’auteur sacré met dans la bouche du paresseux des paroles semblables à celles qu’il lui adresse lui-même. ― Dis-je ; ces mots ne se trouvent ni dans le texte hébreu, ni dans les Septante.
34 et l’indigence viendra sur toi comme un courrier, et la mendicité comme un homme armé.

Chapitre 25

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Chap. : 
Cœur des rois impénétrable.
Ne pas s’élever soi-même.
Parole dite à propos.
Promesse sans effet.
Tristesse du cœur.
Faire du bien à ses ennemis.
Mettre des bornes à sa curiosité.
1 Voici encore des paraboles de Salomon, recueillies par les hommes d’Ezéchias, roi de Juda.
Note Prov. 25,1 et suivants : Troisième partie des Proverbes, du chapitre 25 au chapitre 29. Le premier recueil des Proverbes est suivi d’un second dont le titre se lit au verset 1. Cette inscription prouve que cette seconde collection a été faite vers 725 avant Jésus-Christ, pour servir de supplément à une autre déjà existante. Elle se commence comme celle du chapitre 10 au chapitre 22, de pensées embrassant un certain nombre de sujets divers, la plupart moraux. Pour la caractériser, on lui a donné le nom de livre du peuple, tandis qu’on a appelé la précédente, du chapitre 10 au chapitre 24, livre de la jeunesse. ― Ce second recueil est généralement semblable à celui des chapitres 10 à 22, à part quelques légères différences : le parallélisme antithétique y est assez rare : la forme allégorique revient assez souvent, voir Proverbes, 25, 11, etc. ; les deux membres de la comparaison sont parfois simplement juxtaposés, sans être unis, voir Proverbes, 25, 12, ou liés seulement par et ou ainsi, de même, voir Proverbes, 26, vv. 1-2, 18-19 ; 27, 8, etc. Nous ne rencontrons plus ici au même degré la concision sentencieuse du premier recueil ; la construction est plus lâche ; il y a des séries de proverbes liés entre eux, voir Proverbes, 26, 23-25 ; 27, vv. 15-16, 23-27 ; plusieurs ont un mot dominant qui en est comme la clef et est répété plusieurs fois, voir Proverbes, 5, 8-10 ; 26, vv. 3-12, 13-16. Ces observations s’appliquent surtout aux chapitres 25 à 27, verset 5.
Note Prov. 25,1 : Les hommes d’Ezéchias ; ce sont sans doute les personnages du temps de ce roi, les plus distingués par leur sagesse et leur savoir, tels qu’Isaïe, Eliacin, Joahé, Sobna.
 
2 La gloire de Dieu est de cacher la parole, (et) la gloire des rois de la découvrir (, de scruter le discours).
Note Prov. 25,2 : La parole ; c’est-à-dire sa parole, qu’il est de sa gloire de nous cacher sous de voiles mystérieux, tandis qu’il est de la gloire des rois d’étudier cette même parole divine (investigare sermonem), et de rechercher à la bien connaître, pour en faire la règle de leur conduite.
3 Le ciel dans sa hauteur, la terre dans sa profondeur, et le cœur des rois, sont impénétrables.
 
4 Ote la rouille de l’argent, et il en sortira un vase très pur. 5 Ote l’impiété de devant le roi, et son trône s’affermira par la justice.
 
6 Ne sois pas orgueilleux (parais pas chercher la gloire) devant le roi, et ne te mets pas au rang des grands. 7 Car il vaut mieux que l’on te dise : Monte ici, que d’être humilié devant le prince.
 
8 Ce que tes yeux ont vu, ne le révèle pas avec précipitation dans une querelle, de peur qu’ensuite tu ne puisses plus réparer le mal, lorsque tu auras déshonoré ton ami. 9 Traite ton affaire avec ton ami, et ne révèle pas le secret à un étranger ; 10 de peur qu’il ne t’insulte après l’avoir entendu, et qu’il ne cesse de te faire des reproches. La grâce (faveur) et l’amitié délivre ; assure-les-toi, de peur d’être en butte au mépris (ne deviennes pas répréhensible).
Note Prov. 25,10 : La faveur… répréhensible. Ce passage, qui manque dans l’hébreu, se trouve dans les Septante, mais avec quelques différences.
 
11 Comme des pommes d’or sur des lits d’argent, ainsi est la (celui qui dit une) parole (dite) en son temps.
Note Prov. 25,11 : Des pommes d’or, etc. Ces pommes, fixées sur les colonnes du lit, ou suspendues, ou attachées au lit même, étaient un ornement aussi beau que précieux.
 
12 Comme une boucle d’or avec (et) une perle brillante, ainsi est la réprimande faite à un sage et à une oreille obéissante.
Note Prov. 25,12 : C’est un pendant d’oreille, etc. ; comparaison analogue à la précédente, et que l’on retrouve fréquemment dans les auteurs arabes.
 
13 Comme la fraîcheur de la neige au jour de la moisson, ainsi est un messager fidèle pour celui qui l’a envoyé ; il donne le repos à son âme.
Note Prov. 25,13 : La fraîcheur de la neige. A l’époque de la moisson, c’est-à-dire vers le mois de juin et de juillet, les chaleurs étant très grandes dans la Judée, les Hébreux se servaient de neige pour rafraîchir les boissons. Le Liban leur en fournissait en abondance. Le même usage existait chez les Grecs et les Latins.
 
14 Comme des nuages et le vent qui ne sont pas suivis de pluie, ainsi est l’homme qui se vante et qui ne tient pas ses promesses.
 
15 La patience fléchit le prince, et la langue douce brise ce qui est dur (la dureté).
Note Prov. 25,15 : Voir Proverbes, 15, 1. ― La dureté ; hébraïsme, pour ce qu’il y a de plus dur.
 
16 As-tu trouvé du miel ? n’en mange que ce qui te suffit, de peur qu’en étant rassasié tu ne le vomisses. 17 Retire ton pied de la maison de ton prochain, de peur qu’étant rassasié (de toi) il ne te haïsse.
Note Prov. 25,17 : Eloigne, etc. ; ne fréquente pas trop la maison. ― De ton prochain ; suivant l’hébreu et les Septante, de ton ami.
 
18 Un dard (trait), et un glaive, et une flèche aiguë, tel est l’homme qui porte un faux témoignage contre son prochain.
 
19 Comme une dent gâtée et un pied fatigué, ainsi est l’espoir en un perfide (infidèle) au jour de l’angoisse ;
 
20 c’est perdre son manteau au jour du froid. Comme du vinaigre versé sur du nitre, ainsi sont les cantiques chantés devant un cœur attristé (très mauvais). Comme la teigne au vêtement, et la pourriture (le ver) au bois, ainsi la tristesse de l’homme nuit à son cœur.
Note Prov. 25,20 : Il met du vinaigre dans, etc. ; littéralement : Du vinaigre dans, etc. A un cœur très mauvais (cordi pessimo) ; le terme hébreu signifie aussi malade, affligé ; et c’est dans ce sens que les Septante l’ont rendu. Quant à l’ensemble du verset, les uns l’expliquent ainsi : De même que le vinaigre mêlé avec le nitre dissout le sel et augmente sa force détersive, en ôtant davantage les taches du visage, etc., de même aussi le chant des cantiques dissipe le chagrin et la mélancolie d’un cœur triste ; les autres, au contraire, l’interprètent de cette manière : De même que le vinaigre, quand on le mêle avec le nitre, altère sa vertu d’enlever les taches, de même aussi le chant des cantiques, loin de calmer les douleurs d’un cœur affligé, ne fait que l’aigrir et l’augmenter. Les comparaisons précédentes, dont celle-ci paraît être une suite, donnent beaucoup de poids à cette dernière interprétation. ― Comme la teigne… cœur. Ce passage est dans les Septante, mais non pas dans l’hébreu. ― Dans le nitre. Le nitre servait de savon aux anciens. « On lave les vêtements, dit Aristote, avec de l’eau et du nitre. Mais si l’on verse du vinaigre sur le nitre, il se fond et est perdu. » Il exhale de plus une mauvaise odeur.
 
21 Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui de l’eau à boire ;
Note Prov. 25,21 : Voir Romains, 12, 20.
22 car tu amasseras ainsi des charbons (ardents) sur sa tête, et le Seigneur te le rendra.
Note Prov. 25,22 : Car tu amasseras, etc. Voir, sur le sens de ce verset, cité par saint Paul, Romains, 12, 20.
 
23 Le vent d’aquilon dissipe les pluies, et le visage triste la langue médisante.
 
24 Mieux vaut habiter en un coin du toit, qu’avec une femme querelleuse, (et) dans une maison commune.
Note Prov. 25,24 : Mieux vaut, etc. Voir Proverbes, 21, 9.
 
25 Comme de l’eau fraîche à celui qui a soif (une âme altérée), ainsi est une bonne nouvelle qui vient d’un pays (d’une terre) éloigné(e).
 
26 Comme une fontaine troublée avec le pied et une source corrompue, ainsi est le juste qui tombe devant l’impie.
Note Prov. 25,26 : Une source ; littéralement veine (vena). Comparer à Proverbes, 5, 18.
 
27 Celui qui mange beaucoup de miel ne s’en trouve pas bien, de même celui qui veut sonder la majesté divine sera accablé de sa gloire.
Note Prov. 25,27 : Voir Ecclésiastique, 3, 22. ― Comme manger, etc. Le miel est agréable au goût, mais celui qui en mange trop s’en trouve mal. Pareillement, il est très agréable de se livrer à l’étude des choses divines, mais il n’est pas permis à notre intelligence bornée de vouloir, par curiosité et par présomption, scruter la majesté du Très-Haut. Si nous avons la témérité de le faire, nous serons éblouis par l’éclat même de cette majesté, accablés du poids de sa gloire, et nous nous perdrons dans les profondeurs de ses secrets.
 
28 Comme une ville ouverte et sans enceinte de murailles, ainsi est celui qui ne peut retenir son esprit en parlant.

Chapitre 26

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Chap. : 
De l’insensé.
De celui qui se croit sage.
Du paresseux.
Du faux ami.
De la mauvaise langue.
De celui qui cache sa haine.
1 Comme la neige (vient mal) en été et la pluie pendant la moisson, ainsi la gloire sied mal à l’insensé.
Note Prov. 26,1 : Saint Jérôme remarque dans son commentaire sur Amos, 4, 7, qu’il ne tombe jamais de neige en Palestine, en été, et qu’il n’a jamais vue de pluie à la fin de juin ni en juillet. Dans les années ordinaires, depuis la cessation des pluies du printemps jusqu’en octobre ou en novembre, le ciel de la Terre Sainte est toujours serein.
 
2 Comme l’oiseau qui s’envole d’un lieu à l’autre, et le passereau qui va de tous côtés (où il lui plaît), ainsi la malédiction prononcée sans sujet (par quelqu’un) retombera sur quelqu’un (lui).
 
3 Le fouet est pour le cheval, et le mors pour l’âne, et la verge pour le dos des insensés. 4 Ne réponds pas à l’insensé (un fou) selon sa folie, de peur que tu ne lui deviennes semblable. 5 Réponds à l’insensé selon sa folie, de peur qu’il ne s’imagine qu’il est sage. 6 Il se rend boiteux, et il boit l’iniquité, celui qui envoie des messages par un insensé. 7 De même que le boiteux a en vain de belles jambes, ainsi la sentence grave est choquante (sied mal) dans la bouche de l’insensé.
Note Prov. 26,7 ; 26.9 : Une parabole ; une sentence grave, une maxime de sagesse.
8 Comme celui qui jette une pierre dans le monceau de Mercure, ainsi est celui qui rend honneur à un insensé.
Note Prov. 26,8 : Comme celui, etc. ; c’est-à-dire rendre honneur à un insensé est une chose aussi inutile et aussi peu raisonnable que de jeter une pierre, comme faisaient les païens, par superstition, dans le monceau qui était au pied de la statue de Mercure. ― Dans ce verset, saint Jérôme emploie une expression figurée, usitée chez les Latins. Le texte hébreu porte : « C’est lier une pierre à la fronde que de rendre hommage à un insensé, » parce que la pierre liée à la fronde ne peut être lancée ni atteindre le but.
9 Comme une épine qui naîtrait dans la main d’un homme ivre, ainsi est la parabole dans la bouche des insensés.
Note Prov. 26,9 : De même, etc. l’homme ivre qui a une épine dans la main ne la sent pas, son ivresse lui ayant fait perdre tout sentiment. De même l’insensé qui prononce des maximes de sagesse n’en comprend ni le sens ni la valeur.
10 La sentence décide les procès (Le jugement termine les causes), et celui qui impose silence à l’insensé apaise les colères. 11 Comme le chien qui retourne à ce qu’il a vomi, ainsi est l’imprudent qui retombe dans sa folie.
Note Prov. 26,11 : Voir 2 Pierre, 2, 22.
12 As-tu vu un homme qui se croit sage ? Il y a plus à espérer de l’insensé que de lui.
 
13 Le paresseux dit : Il y a un lion sur la route, et une lionne dans les chemins. 14 Comme une porte roule (tourne) sur ses gonds, ainsi le paresseux dans son lit. 15 Le paresseux cache sa main sous son aisselle, et c’est un travail pour lui (il est fatigué) de la porter à sa bouche.
Note Prov. 26,15 : Voir Proverbes, 19, 24.
16 Le paresseux se croit plus sage que sept hommes qui disent des choses sensées (prononcent des sentences).
Note Prov. 26,16 : Sept se met pour plusieurs, un certain nombre, beaucoup ― Qui prononcent des sentences ; c’est-à-dire des sages. Anciennement, le langage ordinaire des sages était les paraboles, les proverbes, les discours sentencieux.
 
17 Comme celui qui saisit un chien par les oreilles, ainsi est celui qui en passant se mêle avec impatience à la querelle d’un autre.
Note Prov. 26,17 : Comme celui, etc. Prendre un chien par les oreilles, c’est s’exposer à être mordu ; s’immiscer imprudemment dans une querelle qui ne regarde pas, c’est risquer d’être maltraité.
 
18 De même que celui-là est coupable qui lance des flèches et des dards pour donner la mort, 19 ainsi l’est celui qui nuit frauduleusement à son ami, et qui dit, lorsqu’il est surpris : Je l’ai fait en jouant.
 
20 Quand il n’y aura plus de bois, le feu s’éteindra, et quand il n’y aura plus de rapporteurs (délateurs), les querelles s’apaiseront. 21 Comme le charbon produit un brasier (de la braise) et le bois du feu, ainsi l’homme emporté (colère) suscite des disputes.
Note Prov. 26,21 : Voir Proverbes, 15, 18.
22 Les paroles du rapporteur (d’un délateur) paraissent simples, mais elles pénètrent jusqu’au fond des entrailles.
Note Prov. 26,22 : Les paroles, etc. Voir la même sentence, Proverbes, 18, 8.
 
23 Comme de l’argent impur, dont on voudrait orner un vase de terre, telles sont les lèvres superbes jointes à un cœur corrompu.
Note Prov. 26,23 : Un argent impur ne va pas moins bien avec un vase de terre, que des lèvres enflées, c’est-à-dire superbes, orgueilleuses, avec un très mauvais cœur.
24 L’ennemi se fait connaître par ses lèvres, lorsqu’au fond du cœur il médite la tromperie. 25 Quand il te parlerait d’une voix humble (abaisse sa voix), ne le crois pas, car il y a sept méchancetés (malices) dans son cœur.
Note Prov. 26,25 : Sept. Voir le verset 16.
26 Celui qui cache hypocritement la (frauduleusement sa) haine, verra sa malice révélée dans l’assemblée (publique).
 
27 Celui qui creuse une fosse y tombera, et la pierre reviendra sur celui qui l’a roulée.
 
28 La langue trompeuse n’aime pas la vérité, et la bouche flatteuse cause des ruines.

Chapitre 27

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Chap. : 
Ne pas compter sur l’avenir.
Des bons conseils.
Travailler à acquérir la sagesse.
Du serviteur fidèle.
Les louanges sont l’épreuve du cœur.
Devoir des pasteurs.
1 Ne te glorifie pas au sujet du lendemain ; tu ignores ce qu’enfantera le jour suivant.
 
2 Qu’un autre te loue, et non ta propre bouche ; un étranger, et non tes lèvres.
 
3 La pierre est lourde et le sable pesant ; mais la colère de l’insensé pèse plus que l’une et l’autre.
Note Prov. 27,3 : Voir Ecclésiastique, 22, 18.
 
4 La colère et la fureur qui éclate sont sans pitié, et qui pourra soutenir la violence d’un homme emporté ?
 
5 Une réprimande ouverte (correction manifeste) vaut mieux qu’un amour caché.
Note Prov. 27,5 : Mieux vaut, etc. une correction que l’on reçoit est utile ; on peut en tirer quelque avantage, tandis qu’une amitié cachée et secrète ne sert de rien à celui qui en est l’objet.
 
6 Les blessures faites par celui qui aime valent mieux que les baisers trompeurs de celui qui hait.
 
7 Celui qui est rassasié foulera aux pieds le rayon de miel, et celui qui a faim trouvera doux même ce qui est amer.
Note Prov. 27,7 : Voir Job, 6, 7.
 
8 Comme l’oiseau qui émigre de son nid, ainsi est l’homme qui abandonne son lieu.
Note Prov. 27,8 : En quittant son lieu, c’est-à-dire sa patrie, sa demeure, un homme est comme un oiseau qui abandonne son nid, exposé à mille dangers et à mille traverses. Les anciens Hébreux étaient très attachés à leur patrie, et n’aimaient pas voyager ; ils y étaient retenus, d’abord par le motif de leur religion, dont l’exercice parfait était concentré dans la Palestine ; en second lieu, par le danger de l’idolâtrie, qui était répandue dans l’univers entier ; et enfin par la nature même de leur sol, qui était un des meilleurs du monde.
 
9 Le parfum et la variété des odeurs réjouissent le cœur, et les bons conseils d’un ami font les délices de l’âme.
 
10 N’abandonne pas ton ami, ni l’ami de ton père ; et n’entre pas dans la maison de ton frère au jour de ton affliction. Un voisin qui est proche vaut mieux qu’un frère qui est loin.
Note Prov. 27,10 : Dans la maison, etc. Tu trouveras plus de consolation auprès d’un ami sincère qu’auprès de ton propre frère. Comparer à Proverbes, 18, 24. ― Vaut mieux… moins. Ce passage, qui manque dans l’hébreu, se trouve dans les Septante.
 
11 Applique-toi à la sagesse, mon fils, et réjouis mon cœur, afin que tu puisses répondre à celui qui te fera des reproches.
 
12 L’homme habile a vu le mal, et s’est caché ; les imprudents ont passé outre, et ont souffert le (des) dommage(s).
Note Prov. 27,12 : L’homme habile, etc. Voir Proverbes, 22, 3.
 
13 Prends le vêtement de celui qui a répondu pour autrui (un étranger), et enlève-lui le gage qu’il doit (parce qu’il a répondu) pour les (des) étrangers.
Note Prov. 27,13 : Prends-lui (aufer ei). Au lieu de ei, la Vulgate porte ab eo, un peu plus haut, voir Proverbes, 20, 16, où se lit la même sentence.
 
14 Celui qui bénit son prochain à haute voix dès le matin (pour cela), sera semblable à celui qui maudit.
Note Prov. 27,14 : Celui qui, etc. C’est la peinture fidèle d’un faux ami, qui comble à contretemps de louanges outrées et excessives.
 
15 Un toit d’où l’eau dégoutte sans cesse pendant l’hiver (un jour de froid) et une femme querelleuse se ressemblent.
Note Prov. 27,15 : Des toits, etc. Voir l’explication de ce verset, Proverbes, 19, 13.
16 Celui qui la retient (veut la retenir) est comme celui qui voudrait retenir le vent, et sa main saisit de l’huile.
Note Prov. 27,16 : Qui veut la retenir ; littéralement qui la retient (qui retinet eam). Le verbe retinet et les suivants, teneat, vocabit, sont ce qu’on appelle en termes de grammaire hébraïque des verbes de désir et d’effort ; c’est-à-dire des verbes qui, au lieu d’exprimer une action, n’expriment que le simple désir de la faire, ou que les efforts que l’on fait pour la réaliser. On trouve de ces verbes, non seulement dans l’Ancien testament, mais encore dans le Nouveau.
 
17 Le fer aiguise le fer, et l’homme aiguise la personne (face) de son ami.
Note Prov. 27,17 : Face. Ce mot signifiant en hébreu colère et personne, les uns traduisent : L’homme excite la colère de son ami, et les autres : L’homme instruit la personne de son ami ; cette seconde traduction nous semble plus simple et plus naturelle. Quant au mot hébreu rêhé, rendu dans la Vulgate par ami, il se prend souvent pour compagnon, semblable.
 
18 Celui qui garde le figuier mangera de ses fruits, et celui qui garde son maître sera glorifié.
 
19 Comme on voit briller dans l’eau le visage de ceux qui y regardent, ainsi les cœurs des hommes sont dévoilés aux sages (manifestes aux prudents).
 
20 L’enfer et l’abîme de (la) perdition ne sont jamais remplis (rassasiés) ; les yeux des hommes sont de même insatiables.
Note Prov. 27,20 : Voir Ecclésiastique, 14, 9. ― L’enfer et la perdition. Voir, pour ces deux mots, Proverbes, 15, 11.
 
21 Comme l’argent s’éprouve dans le creuset et l’or dans le fourneau (une fournaise), ainsi l’homme est éprouvé par la bouche de celui qui le loue. Le cœur du méchant recherche le mal (des choses mauvaises), mais le cœur droit cherche la science.
Note Prov. 27,21 : Voir Proverbes, 17, 3. ― Les louanges sont la pierre de touche des sentiments. Si l’homme qui les reçoit en conçoit de la vanité, de l’orgueil, de la présomption, elles prouvent que c’est un insensé ; si, au contraire, il les souffre avec peine et n’en devient pas plus fier, elles montrent sa sagesse. ― Le cœur… la science. Ce passage se lit dans les Septante, mais non dans l’hébreu.
 
22 Quand tu pilerais l’insensé dans un mortier, comme des grains sur lesquels frappe le pilon, sa folie ne se séparera pas de lui.
 
23 Reconnais avec soin l’état de tes brebis (ton bétail), et considère tes troupeaux.
Note Prov. 27,23 : Connais, etc. Une des qualités du bon pasteur, c’est de bien connaître ses brebis. Comparer à Jean, 10, 14. ― Bétail ; dans la Vulgate, pecus, mot dont le correspondant hébreu tsôn signifie le plus ordinairement le menu bétail, c’est-à-dire les brebis et les chèvres.
24 Car tu n’auras pas toujours la puissance ; mais ta couronne passera de génération en génération (une couronne te sera donnée pour toutes les générations). 25 Les prés sont ouverts, et les herbes verdoyantes ont paru, et on a recueilli le foin des montagnes. 26 Les agneaux sont pour te vêtir, et les chevreaux pour acheter un champ.
Note Prov. 27,26 : Voir 1 Timothée, 6, 8.
27 Que le lait des chèvres te suffise pour ta nourriture, et pour ce qui est nécessaire à ta maison, et (qu’il suffise aussi) pour l’entretien de tes servantes.
Note Prov. 27,27 : A tes servantes (ancillis tuis), est au datif, comme second complément du verbe suffise (sufficiat) exprimé au commencement du verset. ― Le lait de chèvre est à peu près le seul et en tout cas le meilleur qu’on ait en Palestine en été.

Chapitre 28

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Chap. : 
Timidité de l’impie.
Confiance du juste.
Simplicité du pauvre.
De la crainte du Seigneur.
De l’oisiveté.
De celui qui juge injustement.
De celui qui s’enfle d’orgueil.
Du règne des impies.
1 L’impie prend la fuite sans que personne le poursuive ; mais le juste a l’assurance d’un lion, et ne redoute rien (sera sans crainte).
 
2 A cause des péchés d’un pays, les princes se multiplient ; mais si (un) l’homme possède la sagesse et la science de ce qui se dit, la vie du chef se prolongera.
Note Prov. 28,2 : A cause, etc. Les prétendants à la souveraine autorité étant nombreux dans un pays, chacun d’eux, pour y arriver, n’épargne ordinairement ni les concussions, ni les violences, ni même les meurtres. De plus, ils se succèdent rapidement les uns aux autres, ce qui est une source perpétuelle de troubles et de maux pour le pays, qui subit ainsi la peine de ses péchés. Il en est autrement quand il n’y a qu’un seul chef, homme sage, parfaitement éclairé : Dieu prolonge ses jours.
 
3 Le pauvre qui opprime les pauvres est semblable à une pluie violente qui prépare la famine.
Note Prov. 28,3 : Qui opprime ; littéralement calomniant. Voir Proverbes, 14, 31.
 
4 Ceux qui abandonnent la loi louent l’impie ; ceux qui la gardent s’enflamment contre lui. 5 Les méchants ne pensent pas à ce qui est juste ; mais ceux qui recherchent le Seigneur prennent garde à (remarquent) tout.
 
6 Mieux vaut le pauvre qui marche dans sa simplicité, que le riche qui va dans des voies dépravées (chemins tortus).
Note Prov. 28,6 : Voir Proverbes, 19, 1.
 
7 Celui qui garde la loi est un fils sage ; mais celui qui nourrit des débauchés (hommes de bonne chère) fait honte à (couvre) son père (de confusion).
 
8 Celui qui accumule les richesses par l’usure et l’intérêt les amasse pour un homme qui sera libéral envers les pauvres.
 
9 Si quelqu’un détourne les oreilles pour ne pas écouter la loi, sa prière sera exécrable.
 
10 Celui qui égare les justes dans la mauvaise voie tombera dans la fosse qu’il avait creusée (succombera à sa propre destruction), et les simples posséderont ses biens.
Note Prov. 28,10 : Dans une voie mauvaise ; c’est-à-dire en les poussant dans, etc.
 
11 L’homme riche se croit sage ; mais le pauvre qui est intelligent (prudent) le sonde (pénétrera).
 
12 Il y a une grande gloire dans la prospérité (l’exaltation) des justes ; mais quand règnent les impies, c’est la ruine des hommes.
 
13 Celui qui cache ses crimes ne réussira pas (sera pas dirigé) ; mais celui qui les confesse et s’en retire, obtiendra miséricorde.
 
14 (Bien)Heureux l’homme qui est toujours dans la crainte ; mais celui qui a le cœur dur tombera dans le mal.
 
15 Comme un lion rugissant et un ours affamé, ainsi est (un prince) l’impie qui domine sur un peuple pauvre.
 
16 Un prince qui manque de prudence opprimera beaucoup d’hommes par ses violences ; mais celui qui hait l’avarice prolongera ses jours.
Note Prov. 28,16 : Par violence. Voir le verset suivant.
 
17 Quand celui qui a versé le sang innocent s’enfuit vers la fosse, personne ne le retient.
Note Prov. 28,17 : Qui fait violence ; littéralement qui calomnie. Voir Proverbes, 14, 31. ― Sang ; mot qui se prend souvent dans l’Ecriture pour le principe vital, la vie. ― Ame ; c’est-à-dire personne, individu. D’où il suit que le sens de cette première partie du verset est : celui qui porte injustement et violemment atteinte à la vie de quelqu’un.
 
18 Celui qui marche simplement sera sauvé ; celui qui va par des voies corrompues tombera sans ressource (tout d’un coup).
Note Prov. 28,18 : Tout d’un coup ; c’est le vrai sens du semel de la Vulgate et du tcéhâth (littéralement en une) du texte hébreu.
 
19 Celui qui cultive sa terre sera rassasié de pain ; mais celui qui recherche l’oisiveté sera rassasié de misère (dans une détresse complète).
Note Prov. 28,19 : Voir Proverbes, 12, 11 ; Ecclésiastique, 20, 30.
 
20 L’homme fidèle sera comblé de bénédictions (beaucoup loué) ; mais celui qui se hâte de s’enrichir ne sera pas innocent.
Note Prov. 28,20 : Voir Proverbes, 13, 11 ; 20, 21.
 
21 Celui qui, en justice, a égard à la personne, ne fait pas bien ; un tel homme, pour une simple bouchée de pain, abandonne la vérité.
 
22 L’homme qui se hâte de s’enrichir, et qui porte envie aux autres, ignore que la disette (détresse) viendra sur lui.
 
23 Celui qui reprend quelqu’un trouvera ensuite grâce auprès de lui, plus que celui qui le trompe par des paroles flatteuses.
 
24 Celui qui dérobe quelque chose à son père et à sa mère, et qui dit que ce n’est pas un péché, est le compagnon (est partisan du crime) de l’homicide.
 
25 Celui qui se vante et s’enfle d’orgueil excite des querelles ; mais celui qui espère au Seigneur sera guéri.
Note Prov. 28,25 : Guéri ; hébreu engraissé ; c’est-à-dire comblé de biens.
 
26 Celui qui se confie en son propre cœur est un insensé ; mais celui qui marche sagement sera sauvé.
 
27 Celui qui donne au pauvre n’aura besoin de rien ; celui qui dédaigne sa prière (méprise un suppliant) éprouvera la pénurie.
 
28 Quand les impies sont élevés, les hommes se cachent ; quand ils périssent, les justes se multiplient.

Chapitre 29

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Chap. : 
De celui qui méprise les réprimandes.
De la ruine des méchants.
De la correction des enfants.
Des instructions des prophètes.
De l’homme superbe.
De la crainte des hommes.
1 L’homme qui méprise avec entêtement (avec un cou roide, note) celui qui le reprend recevra soudain un coup mortel, et il ne guérira jamais.
Note Prov. 29,1 : Cou roide ; inflexible, qui ne peut supporter le joug, indomptable. Ainsi, mépriser avec un cou roide, veut dire mépriser en se révoltant.
 
2 Quand les justes se multiplient, le peuple est dans la joie ; quand les impies prennent le gouvernement, le peuple gémit.
 
3 L’homme qui aime la sagesse réjouit son père ; mais celui qui nourrit des prostituées perdra sa fortune.
Note Prov. 29,3 : Voir Luc, 15, 13.
 
4 Le roi juste fait prospérer le pays ; l’homme avare le détruira.
 
5 L’homme qui tient à son ami un langage flatteur et hypocrite tend un filet devant ses pieds.
 
6 Le lacet enveloppera le méchant qui pèche, et le juste louera Dieu (le Seigneur) et se réjouira.
 
7 Le juste connaît la cause des pauvres ; (mais) l’impie ignore la science.
 
8 Les hommes corrompus (pernicieux) détruisent la ville ; mais les sages détournent la fureur.
 
9 Si le sage dispute avec l’insensé, soit qu’il s’irrite, soit qu’il rie, il ne trouvera pas de repos.
 
10 Les hommes de sang haïssent le simple ; mais les justes cherchent à lui conserver la vie.
Note Prov. 29,10 : Hommes de sang ; littéralement de sangs (sanguinum). Voir Psaumes, 5, 7. ― Cherchant son âme. L’expression chercher l’âme de quelqu’un signifie, le plus ordinairement, en vouloir à la vie de quelqu’un, chercher à tuer quelqu’un ; mais ici, comme dans Psaumes, 141, 5, elle veut dire, au contraire, chercher à conserver la vie.
 
11 L’insensé répand (tout de suite) hors (en avant) de lui (tout) son esprit ; le sage attend et se réserve pour l’avenir.
 
12 Le prince qui écoute favorablement les paroles de mensonge n’a que des impies pour ministres.
 
13 Le pauvre et le créancier se sont rencontrés ; c’est le Seigneur qui les éclaire l’un et l’autre.
Note Prov. 29,13 : Voir Proverbes, 22, 2.
 
14 Lorsqu’un roi juge les pauvres selon la vérité, son trône s’affermira pour jamais.
 
15 La verge et la correction donnent la sagesse ; mais l’enfant qui est abandonné à sa volonté fait honte à (couvre de confusion) sa mère.
 
16 Les crimes se multiplieront dans la multiplication des impies, et les justes (en) verront la (leur) ruine.
 
17 Instruis ton fils, et il te consolera, et il procurera des délices à ton âme.
 
18 Lorsque la prophétie disparaîtra, le peuple sera renversé ; mais (bien)heureux celui qui garde la loi.
 
19 Ce n’est pas par des paroles que l’on peut former un esclave ; car il comprend ce que tu dis, et il néglige d’y répondre.
 
20 As-tu vu un homme prompt à parler ? Il faut plutôt attendre de lui la folie que sa correction (son amendement).
 
21 Celui qui nourrit délicatement son serviteur dès l’enfance le verra ensuite se révolter.
 
22 L’homme emporté excite des querelles, et celui qui s’irrite (s’indigne) facilement sera plus prompt à pécher.
 
23 L’humiliation suit l’orgueilleux, et la gloire sera le partage de l’humble d’esprit.
Note Prov. 29,23 : Voir Job, 22, 29. ― L’humiliation, etc. ; sentence souvent répétée, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament.
 
24 Celui qui s’associe avec un voleur hait son âme ; il entend l’adjuration, et il ne révèle rien (décèle pas le voleur).
Note Prov. 29,24 : Hait son âme ; c’est-à-dire sa vie, puisqu’il s’expose à la perdre. Suivant la loi mosaïque, le complice d’un voleur était conduit devant le juge, qui l’adjurait par le Dieu vivant de déclarer l’auteur du vol ; s’il ne le faisait pas, il méritait par cela même, la peine de mort. Comparer à Lévitique, 5, 1.
 
25 Celui qui craint les hommes tombera bientôt ; celui qui espère au Seigneur sera élevé.
 
26 Beaucoup recherchent le visage du prince, et (mais) c’est du Seigneur que procède le jugement de chacun des hommes.
 
27 Les justes ont en abomination l’homme impie, et les impies ont en abomination ceux qui sont dans la droite voie. L’enfant (Le fils) qui garde la parole sera préservé de la perdition.
Note Prov. 29,27 : Le fils… perdition. Ce passage, qui manque ici dans le grec et dans l’hébreu, se trouve après le verset 22 du chapitre 24, où il est conçu en ces termes : Fils conservant parole ou discours (logon), hors de perdition sera. Or, par le mot parole, les uns entendent les promesses du fils, et les autres, la loi, les ordonnances du Seigneur.

Chapitre 30

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Chap. : 
La sagesse est un don de Dieu.
Danger des richesses et de la pauvreté.
Races exécrables.
Filles de la sangsue.
Choses insatiables.
Choses inconnues.
Choses insupportables.
Choses très sages.
Choses qui marchent bien.
1 Paroles de celui qui assemble, (du) fils de celui qui répand les vérités. Vision racontée par un homme qui est avec Dieu, et qui, fortifié par la présence de Dieu (demeurant avec lui), a dit :
Note Prov. 30,1-33 : Le livre des Proverbes se termine par trois appendices (chapitres 30 et 31), contenant les proverbes d’Agur, de Lamuel et l’éloge de la femme forte. Les paroles d’Agur sont une collection de sentences, en partie exprimées simplement, en partie enveloppées sous une forme énigmatique. D’après saint Jérôme et la plupart des commentateurs juifs et catholiques, Agur est un nom symbolique, signifiant collectionneur et pris par Salomon comme celui de Qohéleth ou Ecclésiaste, voir Ecclésiaste, 1, 1. D’après un grand nombre de critiques modernes, Agur était un sage hébreu, de Massa, qui avait pour élèves Ithiel et Ukal, à qui il s’adresse, voir Proverbes, 30, 1-6. Le texte du verset 1 du chapitre 30 est traduit par la Vulgate, en rendant les noms propres par des noms communs. L’hébreu porte : « Paroles d’Agur (celui qui assemble), fils de Yaqê (de celui qui répand les vérités) ; poème que cet homme (Agur) adressa à Ithiel et à Ukal. » Ce passage est, du reste, obscur et diversement interprété. Plusieurs prennent pour un nom de lieu le mot massâh, que saint Jérôme traduit par vision. Dans le reste du chapitre, versets 7 à 33, Agur parle à tout le monde en général.
Note Prov. 30,1 : De Celui qui assemble (Congregantis), du fils de Celui qui répand les vérités (Vomentis). La plupart des Pères et des commentateurs catholiques pensent que les mots hébreux Agour et Iâke ou Yâqé, parfaitement rendus dans la Vulgate par Congregans et Vomens, conviennent très bien : le premier, à Salomon, qui dans le titre de l’Ecclésiaste s’appelle lui-même Qôhéleth ou Ecclésiaste, c’est-à-dire le maître de l’assemblée ou celui qui y préside et qui harangue ; et le second, à David, qui a été rempli de l’Esprit de Dieu et a répandu de sa bouche un grand nombre de vérités dans ses saints cantiques.
 
2 Je suis le plus insensé des hommes, et la sagesse des hommes n’est pas en moi.
Note Prov. 30,2 : Je suis, etc. ; par moi-même, abandonné à mes seules lumières, indépendamment de Dieu.
3 Je n’ai pas appris la sagesse, et je ne connais pas la science des saints. 4 Qui est monté au ciel, et en est descendu ? Qui a retenu le vent dans ses mains ? Qui a lié les eaux comme dans un vêtement ? Qui a affermi toutes les extrémités de la terre ? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais ?
 
5 Toute parole de Dieu est passée au feu ; il est un bouclier pour (tous) ceux qui espèrent en lui.
Note Prov. 30,5 : Voir Psaumes, 11, 7.
6 N’ajoute rien à ses paroles, de peur que tu ne sois repris et trouvé menteur.
Note Prov. 30,6 : Voir Deutéronome, 4, 2 ; 12, 32.
 
7 Je vous ai demandé deux choses ; ne me les refusez pas avant que je meure. 8 Eloignez de moi la vanité et les paroles mensongères. Ne me donnez ni la pauvreté ni les richesses ; accordez-moi seulement ce qui m’est nécessaire pour vivre ; 9 de peur qu’étant rassasié, je ne sois tenté de vous renier, et de dire : Qui est le Seigneur ? ou que, pressé par la pauvreté, je ne dérobe, et que je ne parjure le nom de mon Dieu.
 
10 N’accuse pas le serviteur auprès de son maître, de peur qu’il ne te maudisse et que tu n’en souffres (ne succombes).
 
11 Il est une race qui maudit son père, et qui ne bénit pas sa mère.
Note Prov. 30,11-14 : Les quatre races perverses.
12 Il est une race qui se croit pure, et qui cependant n’a pas été lavée de ses souillures. 13 Il est une race dont les yeux sont altiers et les paupières élevées (relevées). 14 Il est une race qui a des glaives pour dents et qui déchire (mâche) avec ses mâchoires, pour dévorer ceux qui n’ont rien sur la terre, et qui sont pauvres parmi les hommes.
 
15 La sangsue a deux filles, qui disent : Apporte, apporte. Il y a trois choses insatiables, et une quatrième qui ne dit jamais : C’est assez.
Note Prov. 30,15-16 : Les quatre choses insatiables.
16 L’enfer, la femme stérile (l’impudique), la terre qui ne se rassasie pas d’eau, et le feu qui ne dit jamais : C’est assez.
 
17 Que l’œil de celui qui insulte son père, et qui méprise la mère qui l’a enfanté (l’enfantement de sa mère), soit arraché (percé) par les corbeaux des torrents et dévoré par les petits de l’aigle !
 
18 Trois choses me sont difficiles à comprendre, et la quatrième m’est entièrement inconnue :
Note Prov. 30,18-20 : Les quatre choses inscrutables, qui ne laissent pas de trace de leur passage.
19 la trace de l’aigle dans le ciel, la trace du serpent sur le rocher, la trace d’un navire au milieu de la mer, et la voie de l’homme dans sa jeunesse (son adolescence).
Note Prov. 30,19 : La voie de l’homme, etc. ; c’est-à-dire la voie par laquelle il est arrivé à l’âge viril : comment de faible, de muet, de stupide, d’ignorant, de simple, il est devenu fort, parlant, prudent, habile, entreprenant, attaché à ses plaisirs et à ses intérêts.
20 Telle est aussi la voie de la femme adultère, qui mange, et dit en s’essuyant la bouche : Je n’ai pas fait de mal.
 
21 Trois choses font trembler (troublent) la terre, et elle ne peut supporter la quatrième :
Note Prov. 30,21-23 : Les quatre choses insupportables.
22 un esclave qui vient à régner, un insensé qui (quand il) est rassasié de pain ; 23 une femme digne de haine, qu’un homme a épousée, et une servante qui est devenue l’héritière de sa maîtresse.
 
24 Il y a sur la terre quatre choses très petites, et qui sont plus sages que les sages mêmes :
Note Prov. 30,24-28 : Les quatre choses petites et cependant sages.
25 les fourmis, peuple faible, qui fait sa provision pendant la moisson ;
Note Prov. 30,25 : Les fourmis. Voir Proverbes, 6, 6.
26 les lapins (le levraut, note), nation sans puissance, qui établit sa demeure dans les roches ;
Note Prov. 30,26 : Le levraut, en hébreu, schaphan. On admet généralement aujourd’hui que l’animal ici désigné est le daman de Syrie. Il ressemble au lapin, avec lequel les anciennes versions l’ont communément confondu. Les damans vivent en troupes, dans les trous des rochers, en Palestine. Ils sont timides, la faiblesse de leurs pattes en fait un peuple sans force, mais ils sont sages, s’éloignant peu de leurs rochers, ne marchant qu’avec précaution et s’enfuyant dès qu’ils aperçoivent un des oiseaux de proie qui font leur chasse.
27 les sauterelles qui n’ont pas de roi, et qui sortent toutes par bandes ;
Note Prov. 30,27 : Les sauterelles… sortent par bandes souvent innombrables, et l’on sait qu’elles dévorent quelquefois complètement les récoltes.
28 le lézard, qui se soutient avec ses mains, et qui demeure dans le(s) palais du (des) roi(s).
Note Prov. 30,28 : Le lézard abonde en Palestine. « Dans les gorges qui descendent vers la mer Morte, des voyageurs ont trouvé des lézards [très grands], notamment une espèce propre à l’Egypte. Une autre espèce, appelée dhab, a été trouvée dans la vallée du Jourdain, près de la montagne de la Quarantaine ; les Arabes la mangent et se servent de sa peau pour en faire des fourreaux de sabre, des sacs à tabac et aussi des sacs pour y conserver le beurre. » (Mgr MISLIN.) La loi mosaïque range le lézard parmi les animaux impurs, voir Lévitique, 11, 30. Il habite dans les murs des maisons comme dans les rochers, et « peut être pris avec la main », comme le dit le texte hébreu.
 
29 Il y a trois choses qui ont une belle allure, et une quatrième qui s’avance magnifiquement (avec succès) :
Note Prov. 30,29-31 : Les quatre créatures fières.
30 le lion, le plus fort des animaux, qui ne craint rien de tout ce qu’il rencontre ; 31 le coq, dont la démarche est hardie, et le bélier, et le roi à qui rien ne résiste.
Note Prov. 30,31 : Qui a les reins ceints. Comme nous l’avons déjà remarqué (voir Job, 38, 3), chez les anciens Hébreux, ceindre ses reins se disait d’un homme qui entreprenait un voyage ou qui allait au combat. Or on sait que le coq est un animal toujours prêt à se battre. ― Et le roi, etc. Nous avons suivi dans cette phrase l’édition latine de Sixte V, qui porte : Et rex, nec est qui resistat ei ; littéralement et le roi, et il n’est pas qui lui résiste ; leçon qui est plus est conforme à l’hébreu et au contexte que celle de notre Vulgate commune : Et il n’est roi qui lui résiste (nec est rex qui resistat ei) : ce qui signifierait qu’il n’y a pas de roi qui résiste au bélier. Ajoutons que le mot rien, qu’on lit dans plusieurs traductions françaises, forme un vrai contresens.
 
32 Tel s’est montré insensé, après avoir été élevé à un rang sublime ; car, s’il avait été intelligent, il aurait mis sa (la) main sur sa bouche. 33 Celui qui presse trop fort les mamelles pour en tirer du lait en fait sortir un suc épais (du beurre) ; celui qui se mouche violemment tire le sang, et celui qui excite la colère produit les querelles.
Note Prov. 30,33 : Du beurre (butyrum) ; c’est le mot de la Vulgate ; mais nous devons faire observer qu’il s’agit tout au plus de crème faite avec du lait de vache ; car le beurre proprement dit n’était employé chez les anciens Hébreux, de même encore aujourd’hui chez les Orientaux, que comme médicament. Ajoutons que le terme hébreu traduit par beurre signifie généralement du lait de vache, c’est-à-dire du lait moins gras que celui de brebis et de chèvre, et qu’ici il désigne du lait clairet, petit lait ; en sorte que le sens de ce verset, selon le texte original, est : La pression du lait épais fait sortir un lait clair ; c’est-à-dire en pressant un lait gras, épais, on n’en fait couler du lait clairet, du petit lait. On peut voir les preuves de cette interprétation dans notre Pentateuque avec une traduction française, etc., cf. la Genèse.

Chapitre 31

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Chap. : 
Instructions que Salomon a reçues de sa mère.
Fuir la débauche et les femmes.
Ne pas boire de vin avec excès.
Portrait de la femme forte : son économie, sa sagesse, sa vigilance, son assiduité au travail.
Fragilité de la beauté du corps.
1 Paroles du roi Lamuel. Vision par laquelle sa mère l’a instruit.
Note Prov. 31,1-9 : Le second appendice, chapitre 31, versets 1 à 9, porte pour inscription : « Paroles du roi Lamuel. » Ce court morceau est écrit en vers d’un parallélisme synonymique et très régulier.
Note Prov. 31,1 : Lamuel, roi. La plupart des interprètes conviennent que ce Lamuel, dont le nom en hébreu signifie qui est à Dieu, ou qui a Dieu avec lui, ou consacré à Dieu, ou enfin consacré de Dieu, n’est autre que Salomon, d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de roi d’Israël ou de Juda qui ait porté ce nom, et que jamais on n’aurait inséré dans le canon des Ecritures sacrées l’ouvrage d’un prince païen.
 
2 Que te dirai-je, mon bien-aimé ? Que te dirai-je, cher fruit de mes entrailles ? Que te dirai-je, tendre objet de mes vœux ?
Note Prov. 31,2 : Bien-aimé de mes vœux ; c’est-à-dire que j’ai souhaité par tant de vœux les plus ardents.
3 Ne donne pas tes biens aux femmes, ni tes richesses pour perdre les rois.
 
4 Ce n’est pas aux rois, ô Lamuel, ce n’est pas aux rois qu’il faut donner du vin, car il n’y a pas de secret là où règne l’ivrognerie. 5 Peut-être (De peur que), s’ils buvaient, oublieraient-ils la justice, et méconnaîtraient-ils la cause des enfants (fils) du pauvre.
Note Prov. 31,5 : Les jugements ; la justice, l’équité dans les jugements, ou bien les lois, les ordonnances. ― Qu’ils ne changent, etc. ; qu’ils ne donnent de fausses décisions dans la cause des pauvres.
6 Donnez la liqueur forte aux affligés, et le vin à ceux qui ont de l’amertume au cœur. 7 Qu’ils boivent et qu’ils oublient leur pauvreté (détresse), et qu’ils ne se souviennent plus de leur douleur.
 
8 Ouvre ta bouche pour le muet, et pour soutenir la cause de tous les fils délaissés (qui passent, note).
Note Prov. 31,8 : De tous les fils, etc. ; de tous les mortels dont la vie n’est qu’un voyage et un passage ; ou bien de tous les étrangers qui ne font que passer dans les pays et qui n’ont d’autre protection que la justice des princes et des juges.
9 Ouvre ta bouche, ordonne ce qui est juste, et rends justice au pauvre et à l’indigent.
 
10 Qui trouvera la femme forte ? C’est au (au-dessus de ce qui vient de) loin et aux extrémités du monde qu’on doit chercher son prix.
Note Prov. 31,10-31 : Le livre des Proverbes se termine par une pièce alphabétique, composée d’autant de versets ou de distiques qu’il existe de lettres dans l’alphabet hébreu, c’est-à-dire de 22, chacun d’eux commençant par une de ces lettres, placée selon l’ordre ordinaire. C’est l’éloge de la femme forte, un portrait idéal tel que le conçoit le sage, inspiré par l’Esprit-Saint. « Salomon ne prend pas la femme forte sur un trône, ni dans un somptueux palais, ni dans les conseils des rois, ni au milieu des assemblées humaines ; il va plutôt la chercher dans la condition commune et ordinaire où Dieu a voulu placer la femme, c’est-à-dire dans son rôle d’épouse, de mère, de maîtresse de maison, de femme même des champs, car ce n’est que dans ce rôle simple et modeste que la femme est appelée à se montrer forte, ce qui veut dire intelligente, active, soigneuse, prévoyante, ordonnée en toutes choses, uniquement occupée de ses devoirs et accomplie dans la vertu. Le portrait que Salomon a fait de cette femme est admirable ; il montre, suivant la pensée de Herder, « l’hommage qu’on rendait chez les Juifs à une femme laborieuse, et sachant rester dans le cercle domestique et champêtre où la renfermait la constitution du pays, qui, elle aussi, était toute domestique et toute champêtre. » Les nations païennes, qui avaient assigné l’épouse un rang subalterne et un rôle presque effacé dans la maison de l’époux, n’ont jamais eu pour elle des éloges semblables ; il appartenait à la religion de Moïse et finalement au Christianisme de relever la femme avilie. » (H. LAURENS.)
Note Prov. 31,10 : Une femme forte. Les Pères ont considéré cette femme forte comme la figure de la sainte Vierge et de l’Eglise de Jésus-Christ. Ils ont expliqué en ce sens tout le reste du chapitre.
11 Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera pas de dépouilles. 12 Elle lui rendra le bien, et non le mal, tous les jours de sa vie. 13 Elle a cherché la laine et le lin, et elle a travaillé avec des mains ingénieuses (le conseil de ses mains).
Note Prov. 31,13 : Elle a travaillé, etc. ; elle n’a pas acheté les toiles et les étoffes toutes faites, mais elle les a travaillées elle-même de ses propres mains.
14 Elle est (devenue) comme le vaisseau d’un marchand, qui apporte son pain de loin.
Note Prov. 31,14 : Son pain. Nous avons déjà remarque que le terme hébreu, rendu dans la Vulgate par pain, s’applique à toutes sortes d’aliments.
15 Elle se lève lorsqu’il est encore nuit, et elle donne la nourriture à ses domestiques, et les vivres à ses servantes. 16 Elle a considéré un champ, et elle l’a acheté ; du fruit de ses mains elle a planté une vigne. 17 Elle a ceint ses reins de force, et elle a affermi son bras. 18 Elle a goûté, et elle a vu que son trafic (commerce) est bon ; sa lampe ne s’éteindra pas pendant la nuit. 19 Elle a porté sa main à des choses fortes, et ses doigts ont saisi le fuseau.
Note Prov. 31,19 : A des choses fortes ; à des travaux pénibles.
20 Elle a ouvert sa main à l’indigent, et elle a étendu ses bras vers le pauvre. 21 Elle ne craindra pas pour sa maison le froid de la neige, car tous ses domestiques ont un double vêtement. 22 Elle s’est fait un vêtement de tapisserie ; elle se couvre de (fin) lin et de pourpre. 23 Son mari est illustre aux portes de la ville, lorsqu’il est assis avec les anciens du pays (sénateurs de la terre).
Note Prov. 31,23 : Aux portes de la ville, là où l’on se rassemble et où se rend la justice. ― Les sénateurs, en hébreu, les vieillards, les chefs du peuple.
24 Elle a fait une tunique de lin (fin tissu) et elle l’a vendue, et elle a livré une ceinture au Chananéen.
Note Prov. 31,24 : Au Chananéen. Les Chananéens étaient célèbres dans l’antiquité par leur commerce. C’est pour cela que Chananéen est devenu synonyme de marchand, commerçant.
25 Elle est revêtue de force et de beauté, et elle rira au dernier jour (dernier). 26 Elle a ouvert sa bouche à la sagesse, et la loi de la clémence est sur sa langue. 27 Elle a considéré les sentiers de sa maison, et elle n’a pas mangé son (de) pain dans l’oisiveté. 28 Ses fils se sont levés, et l’ont proclamée bienheureuse ; son mari s’est levé aussi, et l’a louée. 29 Beaucoup de filles ont amassé des richesses ; (mais) toi, tu les as toutes surpassées. 30 La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine ; la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. 31 Donnez-lui du fruit de ses mains, et que ses œuvres la louent aux portes de la ville.

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.