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Livre du prophète Daniel
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Livre du prophète Daniel

Chapitre 1

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Chap. : 
Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, choisis pour servir à la cour de Nabuchodonosor.
Ils ne veulent pas se souiller en mangeant des viandes de la table du roi.
Dieu les remplit de lumières.
Daniel 1, 1-15 : Daniel - Gravure de Gustave Doré
Daniel 1, 1-15 : Daniel - Gravure de Gustave Doré
1 La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint contre Jérusalem et l’assiégea.
Note Dn. 1,1-21 : Ire partie : Partie historique, du chapitre 1 au chapitre 6. ― Le but de cette partie du livre de Daniel n’est pas de donner une histoire sommaire de la captivité ou de la vie du Prophète, mais de nous faire connaître les moyens que Dieu employa, pendant cette période de châtiment et de désolation pour consoler, encourager et soutenir Israël, en lui montrant que Dieu ne l’avait pas abandonné. ― 1° Le premier chapitre forme l’introduction à tout le livre, en nous apprenant comment Daniel fut élevé à la cour même du roi.
Note Dn. 1,1 : En la troisième année, etc. Nabuchodonosor partit de Babylone vers la fin de cette année, et vint former le siège de Jérusalem du commencement de la suivante (voir Jérémie, 25, 1). ― La troisième année du règne de Joakim est l’an 606 avant Jésus-Christ. ― Sur Nabuchodonosor, voir Jérémie, 21, 2.
2 Et le Seigneur livra entre ses mains Joakim, roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu ; et il les emporta au pays de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il mit les vases dans la maison du trésor de son dieu.
 
3 Le roi dit à Asphénez, chef des eunuques, d’amener quelques-uns des enfants d’Israël, de race royale et princière,
Note Dn. 1,3 : Préposé des eunuques (præpositus eunuchorum) ; c’est-à-dire chef des officiers de la cour. On donnait communément le nom d’eunuques aux officiers du palais des rois d’Orient, parce que pour l’ordinaire ils étaient réellement eunuques. ― Des princes ; des premiers par le rang ; c’est le vrai sens du tyrannorum de la Vulgate, expliqué par l’hébreu ou plutôt par l’idiome des anciens Perses, car l’hébreu Phartemîn ou Partemîn, tire probablement son origine de Pardomim, qui signifie en effet les grands, les premiers (primi, magnates). Nous dirons de même des différentes leçons des Septante, (partommein, porthemmein, phortommin, porthommein).
4 de jeunes hommes en qui il n’y eût aucun défaut, beaux de figure, instruits en toute sagesse, habiles en science et en intelligence (dans les arts), qui pussent servir dans le palais du roi, et à qui l’on apprendrait les lettres et la langue des Chaldéens.
Note Dn. 1,4 : De jeunes hommes (pueros). Tout ce qui est dit de Daniel et de ses compagnons dans ce chapitre et les suivants, prouve qu’ils étaient au moins adolescents. D’ailleurs le terme hébreu est pris plus d’une fois dans ce sens, aussi bien que le mot latin puer, qui se dit d’un garçon de 17 ans, et que Cicéron lui-même a appliqué à Octave âgé de 19 ans. ― Les lettres (litteras) ; les caractères de l’écriture des Chaldéens qui différait de celle des Hébreux. C’est aussi le sens du texte original, et en particulier des Septante qui traduisent d’ailleurs (voir verset 17) le même mot hébreu par grammaire. ― L’écriture cunéiforme ou assyrienne, qu’on enseignait dans l’école royale, était très compliquée et fort difficile à apprendre. On enseignait de plus, dans cette école, une langue antique, nécessaire pour bien comprendre les monuments anciens, la grammaire, l’histoire, la géographie, l’astronomie, les sciences magiques, etc. C’est ce que nous attestent les livres écrits sur des tablettes d’argile, qui formaient les bibliothèques assyro-chaldéennes, et dont des restes considérables ont été retrouvés.
5 Et le roi leur assigna pour chaque jour des mets de sa table, et du vin dont il buvait lui-même, afin qu’après avoir été élevés pendant trois ans, ils parussent ensuite (ils puissent demeurer) en présence du roi.
Note Dn. 1,5 : En présence du roi ; pour le servir.
6 Parmi eux se trouvèrent, d’entre les enfants de Juda, Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. 7 Et le chef des eunuques leur donna des noms : à Daniel celui de Baltassar, à Ananias celui de Sidrach, à Misaël celui de Misach, et à Azarias celui d’Abdénago.
Note Dn. 1,7 : Leur donna des noms. Le changement des noms était une marque de domaine et d’autorité ; les maîtres, en prenant des esclaves, leur donnaient de nouveaux noms. ― En assyrien, Abdénago devait s’appeler Abed-Nebo, ce qui signifie « serviteur du dieu Nébo. » La signification exacte de Sidrach et de Misach est inconnue. ― Baltassar. La véritable forme assyrienne est Balatsu-usur, (Dieu) protège sa vie.
 
8 Or Daniel résolut dans son cœur de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin qu’il buvait, et il pria le chef des eunuques de ne pas (l’obliger à) se souiller.
Note Dn. 1,8 : Daniel résolut, etc. Les païens mangeaient indifféremment de toutes sortes de viandes, et par conséquent de celles qui étaient défendues aux Juifs (voir Lévitique, chapitre 11 ; Deutéronome, chapitre 14). De plus ils consacraient à leurs dieux tout ce qui était servi sur la table.
9 Or Dieu concilia à Daniel les bonnes grâces et la bienveillance du chef (prince) des eunuques.
Note Dn. 1,9 : Le prince ; est le même que le préposé des eunuques.
10 Et le chef (prince) des eunuques dit à Daniel : Je crains le roi mon seigneur, qui a déterminé ce que vous devez manger et boire ; s’il voit vos visages plus maigres que ceux des autres jeunes gens de votre âge, vous exposerez ma tête auprès (à la condamnation) du roi. 11 Alors Daniel dit à Malasar, à qui le chef (prince) des eunuques avait confié la garde de Daniel, d’Ananias, de Misaël et d’Azarias :
Note Dn. 1,11 : Malasar est un titre de dignité.
12 Eprouve(z), je (vous) t’en prie, tes (vos) serviteurs pendant dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire ; 13 puis regarde(z) nos visages et les visages des jeunes gens qui se nourrissent des mets du roi, et tu (vous) agiras(ez) avec tes (vos) serviteurs selon ce que tu (vous) auras(ez) vu. 14 Ayant entendu ces paroles, il les éprouva pendant dix jours. 15 Après les dix jours, ils avaient meilleur visage et plus d’embonpoint que tous les jeunes gens qui se nourrissaient des mets du roi. 16 Malasar emportait donc les mets et le vin qu’on leur servait, et il leur donnait des légumes.
 
17 Or Dieu donna à ces jeunes hommes la science et la connaissance de tout livre et de toute sagesse, et il donna à Daniel l’intelligence de toutes les visions et de tous les songes.
Note Dn. 1,17 : Livre (liber). La Vulgate a traduit (voir verset 4) par lettres, le même mot hébreu qu’elle rend ici par livre. Voir le verset 4. ― De toutes les visions, etc., envoyées de Dieu lui-même.
18 Le temps après lequel le roi avait ordonné qu’on lui présentât ces jeunes gens étant donc écoulé, le chef des eunuques les présenta à Nabuchodonosor. 19 Et le roi, s’étant entretenu avec eux, trouva qu’il n’y en avait pas, parmi tous, qui égalassent Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ; et ils furent admis (demeurèrent) au service du roi.
Note Dn. 1,19 : En présence du roi ; pour le servir. Comparer au verset 5.
20 Sur toutes les questions qui exigeaient de la sagesse et de l’intelligence, et que le roi leur posa, il les trouva dix fois supérieurs à tous les devins et à tous les mages qui étaient dans tout son royaume.
Note Dn. 1,20 : Dix fois plus de lumières, de connaissances.
 
21 Or Daniel fut ainsi (à la cour) jusqu’à la première année du Cyrus.
Note Dn. 1,21 : Daniel fut, etc. Comparer à Daniel, 6, 28 ; 10, 1 ; 14, 1.

Chapitre 2

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Chap. : 
Songe de Nabuchodonosor, statue composée de quatre métaux.
Les devins de Chaldée ne peuvent pas faire connaître au roi ce songe qu’il avait oublié.
Daniel le lui fait connaître et le lui explique.
Honneurs que Nabuchodonosor fait à Daniel.
1 La seconde année de son règne, Nabuchodonosor eut un songe, dont son esprit fut effrayé ; puis ce songe lui échappa.
Note Dn. 2,1-49 : 2° Le second chapitre contient le récit d’un songe de Nabuchodonosor, en 602 ou 603, et l’explication qu’en donna Daniel. Le roi avait vu une statue dont la tête était d’or, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses de bronze, les jambes de fer, une partie des pieds de fer et l’autre d’argile. Le Prophète expliqua au roi, comme Joseph l’avait fait autrefois au pharaon, la signification du songe. Les diverses parties de la statue marquaient les empires qui devaient se succéder dans le monde : la tête d’or, c’est l’empire de Nabuchodonosor ; la poitrine d’argent, c’est l’empire médo-perse ; le ventre de bronze, c’est l’empire d’Alexandre et les royaumes des Séleucides et des Ptolémées, la Syrie et l’Egypte, qui en sont issus ; les jambes de fer, c’est l’empire romain qui brise et écrase tout ; les pieds, moitié argile, moitié fer, c’est ce même empire divisé en empire d’Orient et empire d’Occident. Une petite pierre détachée de la montagne, c’est-à-dire Jésus-Christ, renverse le colosse, et Dieu fonde le royaume éternel de son Eglise.
Note Dn. 2,1 : La seconde année. Probablement la seconde année du règne de Nabuchodonosor, depuis la mort de son père Nabopolassar (602).
2 Le roi ordonna donc de rassembler les devins, les mages, les enchanteurs et les Chaldéens, pour qu’ils lui fissent connaître ses songes. Ils vinrent et se présentèrent devant le roi.
Note Dn. 2,2 : Les Chaldéens ; probablement les prêtres Chaldéens adonnés à l’astrologie. ― Les devins, les mages, etc., sont les diverses classes de magiciens qu’on distinguait à Babylone, où la magie était si cultivée que chaldéen devint synonyme de magiciens.
3 Et le roi leur dit : J’ai eu un songe ; mais mon esprit est confus, et j’ignore ce que j’ai vu. 4 Les Chaldéens répondirent au roi en langue syriaque : O roi, vis (vivez) éternellement ; di(te)s le songe à tes (vos) serviteurs, et nous en donnerons l’interprétation.
Note Dn. 2,4 : En syriaque ; selon le texte hébreu, en araméen, c’est-à-dire en chaldéen et en syriaque ; car anciennement ces deux langues n’en faisaient qu’une (voir 4 Rois, 18, 26 ; 1 Esdras, 4, 7) ; et quoique depuis elles aient formé deux idiomes, d’ailleurs fort rapprochés, on les a toujours comprises l’une et l’autre sous la dénomination commune de langue araméenne. Depuis ce verset jusqu’à la fin du chapitre 7, le texte primitif est écrit en chaldéen. ― En syriaque ou en araméen ne signifie pas que les Chaldéens parlèrent au roi en cette langue, mais que ce qui suit dans le livre du Prophète est écrit en syriaque. Après : un roi, il faudrait un point. En syriaque est une indication donnée au lecteur.
5 Le roi répondit aux Chaldéens : La chose m’a échappé (m’est échappé de la mémoire) ; si vous ne me faites pas connaître le songe et ce qu’il signifie, vous périrez tous, et vos maisons seront confisquées. 6 Mais si vous me racontez le songe et ce qu’il signifie, vous recevrez de moi des dons, des présents et des grands honneurs. Faites-moi donc connaître le songe et son interprétation. 7 Ils répondirent pour la seconde fois, et ils dirent : Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous lui en donnerons l’interprétation. 8 Le roi répondit : Je vois bien que vous cherchez à gagner du temps, parce que vous savez que la chose m’a (m’est) échappé (de la mémoire). 9 Si donc vous ne me faites pas connaître le songe, vous subirez tous la même sentence, parce que vous m’auriez donné une interprétation trompeuse et pleine de fausseté, pour m’entretenir jusqu’à ce que le temps se passe. Dites-moi le songe, afin que je sache que l’interprétation que vous en donnerez sera véritable. 10 Les Chaldéens répondirent au roi : Il n’y a pas d’homme sur la terre, ô roi, qui puisse accomplir ton ordre (votre parole) ; et il n’y a pas de roi, quelque grand et puissant qu’il fût, qui ait jamais demandé une pareille chose à un devin, à un magicien et à un Chaldéen.
Note Dn. 2,10 : Les livres de magie chaldéens, dont plusieurs sont parvenus jusqu’à nous, donnent l’interprétation des différentes choses qu’on peut voir en songe, mais ils ne peuvent apprendre quel a été le songe sur lequel on consulte ; Dieu seul peut faire cette révélation.
11 Car ce que tu (vous) demandes(z), ô roi, est difficile ; et on ne trouvera personne qui puisse l’indiquer en ta (votre) présence, excepté les dieux, qui n’ont pas de commerce avec les hommes.
 
12 A cette réponse, le roi entra en fureur, et, dans son extrême colère, il ordonna qu’on fît périr tous les sages de Babylone. 13 Cet arrêt ayant été prononcé, les sages étaient mis à mort, et on cherchait Daniel et ses compagnons pour les faire périr.
Note Dn. 2,13 : Les sages étaient mis à mort (interficiebantur). D’après ces paroles on avait déjà commencé à exécuter la sentence du roi ; celles du verset 24 ne disent pas formellement le contraire.
14 Alors Daniel s’informa de la loi et de la sentence auprès d’Arioch, chef (prince) de la milice du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone ;
Note Dn. 2,14 : Arioch ; en assyrien : Eriaku, signifie d’après quelques-uns, serviteur du dieu Lune.
15 et comme il avait reçu cet ordre du roi, Daniel lui demanda pour quel motif le roi avait prononcé une sentence si cruelle. Arioch ayant exposé l’affaire à Daniel,
Note Dn. 2,15 : Emanée du roi ; littéralement sortie de la face du roi. Comparer au verset 19.
16 Daniel se présenta devant le roi, et le pria de lui accorder du temps pour donner au roi la solution. 17 Et étant entré dans sa maison, il déclara ce qui se passait à Ananias, Misaël et Azarias, ses compagnons, 18 afin qu’ils implorassent la miséricorde du Dieu du ciel sur ce mystère, et que Daniel et ses compagnons ne périssent pas avec les autres sages de Babylone.
 
19 Alors le mystère fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit ; et Daniel bénit le Dieu du ciel 20 et dit : Que le nom du Seigneur soit béni de siècle en siècle, parce que la sagesse et la force sont à lui ! (.) 21 C’est lui qui change les temps et les âges, qui transfère et qui établit les royaumes, qui donne la sagesse aux sages, et la science à ceux qui ont l’intelligence (comprennent l’instruction). 22 C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, et qui connaît ce qui est dans les ténèbres ; et la lumière est avec lui. 23 Dieu de nos pères, je vous rends grâces et je vous loue, parce que vous m’avez donné la sagesse et la force ; et maintenant vous m’avez montré ce que nous vous avons demandé, car vous nous avez découvert le secret du roi.
Note Dn. 2,23 : La sagesse et la force qui nous étaient nécessaires pour nous délivrer d’un si grand danger.
 
24 Après cela Daniel alla trouver Arioch, à qui le roi avait ordonné de faire mourir les sages de Babylone, et il lui parla ainsi : Ne fais(tes) pas mourir les sages de Babylone ; conduis(ez)-moi en présence du roi, et je lui donnerai la solution.
Note Dn. 2,24 : La solution ; l’éclaircissement qu’il demande.
25 Alors Arioch conduisit promptement Daniel auprès du roi, et lui dit : J’ai trouvé un homme d’entre les captifs des enfants (fils de la transmigration) de Juda, qui donnera au roi la solution. 26 Le roi répondit et dit à Daniel, surnommé (dont le nom était) Baltassar : Penses-tu pouvoir véritablement me dire le songe que j’ai eu, et son interprétation ? 27 Daniel répondit en présence du roi et dit : Le mystère dont le roi s’enquiert, les sages, les mages, les devins et les augures ne peuvent le découvrir au roi. 28 Mais il y a dans le ciel un Dieu qui révèle les mystères, et qui (vous) t’a montré, ô roi, ce qui doit arriver dans les derniers temps. Voici ton (votre) songe et les visions qui (vous) t’ont traversé l’esprit sur ta (votre) couche :
Note Dn. 2,28 : Les derniers temps, dans l’Ancien Testament, et surtout dans le style des prophètes, désignent ordinairement l’avènement du Messie, et l’établissement de son règne. Comparer à Isaïe, 2, 2. ― Les visions, etc., sont la même chose que votre songe. ― L’expression vision de la tête, familière à Daniel, veut dire, vision qui ne vient pas dans l’esprit par la vue des objets extérieurs, mais qui est formée uniquement dans le cerveau.
 
29 Tu (Vous) commenças (avez commencé), ô roi, à penser à ce qui devait arriver après ce temps-ci ; et celui qui révèle les mystères (vous) t’a montré les choses à venir. 30 A moi aussi ce secret a été révélé, non par une sagesse qui serait en moi plus que chez tous les vivants, mais afin que le roi sût l’interprétation du songe, et que tu (nous) connusses(siez) les pensées de ton esprit.
 
31 O roi, tu (vous) regardais(iez), et voici qu’une statue immense (vous) t’apparut ; cette statue, grande et extraordinairement élevée, était debout devant toi (vous), et son aspect (regard) était terrible. 32 La tête de cette statue était d’un or très pur ; (mais) la poitrine et les bras étaient d’argent ; le ventre et les cuisses, d’airain ; 33 les jambes, de fer ; une partie des pieds était de fer, et (mais) l’autre d’argile. 34 Tu (Vous) la regardais(iez), lorsqu’une pierre se détacha de la montagne sans la main d’aucun homme, et elle frappa la statue sur ses pieds de fer et d’argile, et elle les mit en pièces. 35 Alors le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or se brisèrent ensemble, et devinrent comme la menue paille d’une aire en été ; le vent les emporta ; et on n’en trouva plus de trace ; mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre.
Note Dn. 2,35 : Comme la cendre brûlante d’une aire d’été ; toute autre traduction ferait évidemment violence au texte de la Vulgate (Quasi in favillam æstivæ areæ). Quant au terme chaldéen hour, qui peut très bien signifier les ordures qui restent sur l’aire, après qu’on a battu les grains, rien n’empêche de supposer qu’on brûlait ces ordures, dont la cendre était emportée par le vent ; et que c’est à cela que fait allusion l’écrivain sacré. Ajoutons que le mot grec des Septante koniortos signifie, entre autres choses, cendre enlevée par le vent.
 
36 Voilà le songe ; nous en donnerons aussi l’interprétation devant toi (vous), ô roi.
 
37 Tu (Vous êt)es le roi des rois, et le Dieu du ciel (vous) t’a donné le royaume, la force, l’empire et la gloire ;
Note Dn. 2,37 : Le roi des rois ; titre ordinaire que prenaient aussi les rois de Perse. Nabuchodonosor était alors le plus grand roi du monde.
38 il (vous) t’a assujetti tous les lieux où habitent les enfants des hommes et les bêtes des champs ; il a mis aussi dans ta (votre) main les oiseaux du ciel, et il a soumis toutes choses à ta (votre) puissance : c’est donc toi (vous) qui (êt)es la tête d’or.
Note Dn. 2,38 : Les fils des hommes ; expression poétique, signifiant simplement, les hommes.
39 Après toi (vous) il s’élèvera un autre royaume, moindre que le tien (votre), il sera d’argent ; et ensuite un troisième royaume qui sera d’airain et qui commandera à toute la terre.
Note Dn. 2,39 : Un royaume moindre, etc. ; c’est le royaume Médico-Persique (Médo-Perse ?) fondé par Darius le Mède et Cyrus, et qui fut moindre en effet que l’empire babylonien, tant par la durée que par l’étendue et la puissance. ― Un troisième royaume, l’empire des Grecs, fondé par Alexandre le Grand.
40 Le quatrième royaume sera comme le fer ; de même que le fer brise et dompte toutes choses, ainsi il brisera et il réduira tout cela (tous ces autres royaumes) en poudre.
Note Dn. 2,40 : Le quatrième royaume, l’empire romain, qui brisa et mit en poudres tous les royaumes qui subsistaient avant lui dans l’Europe, dans l’Afrique et dans presque toute l’Asie.
41 Mais, comme tu (vous) as(vez) vu que les pieds et les doigts des pieds étaient en partie d’argile de potier et en partie de fer, le royaume, quoique prenant son origine du fer, sera divisé, selon que tu (vous) as(vez) vu que le fer était mêlé avec la terre et l’argile (à l’argile fangeuse).
Note Dn. 2,41-43 : Tout ceci regarde le dernier âge de l’empire romain depuis Auguste. L’ancienne vigueur de la république romaine s’énerva sous le gouvernement des empereurs, représentés par les pieds de la statue.
42 Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie de terre, le royaume sera solide en partie, et en partie fragile. 43 Et comme tu (vous) as(vez) vu que le fer était mêlé avec la terre et l’argile, ils se mêleront aussi par des alliances humaines ; mais ils ne demeureront pas unis, de même que le fer ne peut se mêler avec l’argile. 44 Au temps de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et ce royaume ne sera pas livré à un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces autres royaumes, et lui-même subsistera éternellement.
Note Dn. 2,44 : Un royaume qui jamais, etc. Ce royaume éternel est celui du Messie qui prit naissance sous Auguste, le premier empereur des Romains, et qui n’a jamais passé au pouvoir d’un autre peuple.
45 Comme tu (vous) as(vez) vu que la pierre qui avait été détachée de la montagne, sans la main d’aucun homme, a brisé l’argile, le fer, l’airain, l’argent et l’or, le grand Dieu a fait voir au roi ce qui doit arriver plus tard. Le songe est véritable et l’interprétation en est certaine.
Note Dn. 2,45 : Une pierre, etc. C’est Jésus-Christ, né d’une vierge, et qui a établi son royaume sur la terre sans le concours d’aucune puissance humaine. Il a frappé les pieds du colosse, c’est-à-dire de l’empire idolâtre des Romains.
 
46 Alors le roi Nabuchodonosor se prosterna la face contre terre et adora Daniel, et il ordonna qu’on lui offrit des victimes (hosties) et de l’encens. 47 Parlant ensuite à Daniel, le roi dit : Votre Dieu est véritablement le Dieu des dieux, et le Seigneur des rois, et celui qui révèle les mystères, puisque tu as pu dévoiler ce secret. 48 Alors le roi éleva Daniel aux plus hauts honneurs et lui fit de nombreux et magnifiques présents, il lui donna le gouvernement de toutes les provinces de Babylone, et l’établit chef suprême de tous les sages de Babylone. 49 Daniel demanda au roi, qui l’accorda, de donner à Sidrach, à Misach et à Abdénago l’intendance des affaires de la province de Babylone ; quant à Daniel, il était à la cour du roi.
Note Dn. 2,49 : A la porte du roi ; près de la personne du roi.

Chapitre 3

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Chap. : 
Statue d’or dressée par Nabuchodonosor.
Les trois compagnons de Daniel refusent d’adorer cette statue ; ils sont jetés dans une fournaise ardente.
Dieu les y conserve.
Prière d’Azarias et de ses compagnons.
Cantique d’Azarias et de ses compagnons.
Ordonnance de Nabuchodonosor.
1 Le roi Nabuchodonosor fit une statue d’or, haute de soixante coudées et large de six coudées, et il la plaça dans la campagne (le champ) de Dura, qui était dans la province de Babylone.
Note Dn. 3,1-97 : Dans le chapitre 3, versets 1 à 97, nous voyons comment Dieu sauva miraculeusement des flammes de la fournaise les compagnons de Daniel qui avaient refusé d’adorer la statue érigée par Nabuchodonosor ; nous y lisons aussi le cantique par lequel ils remercièrent Dieu de sa protection.
Note Dn. 3,1 : Une statue d’or. On sait que les Chaldéens faisaient des statues colossales en métaux précieux, mais souvent l’intérieur était en bois et elles étaient seulement plaquées d’or. ― Soixante coudées de hauteur ; plus de trente mètres, mais la statue proprement dite était probablement placée au haut d’une colonne, comme on la représente dans les catacombes. C’était sans doute une image de la grande divinité babylonienne, Bel ou Mérodach. ― Dura ; partie de la plaine de Babylone située au sud-ouest de la ville.
2 Le roi Nabuchodonosor envoya ensuite l’ordre de rassembler les satrapes, les magistrats, les juges, les chefs (de l’armée et les princes), les intendants(, les préfets) et tous les gouverneurs des provinces, afin qu’ils assistassent (ensemble) à la dédicace de la statue érigée par le roi Nabuchodonosor.
Note Dn. 3,2-3 : Les princes (tyrannos). Voir Daniel, 1, 3. Les interprètes les plus habiles et les plus consciencieux conviennent que la signification rigoureuse de ces noms de dignités ne saurait être bien déterminée.
3 Alors les satrapes, les magistrats, les juges, les chefs (de l’armée), les intendants, les premiers officiers du royaume et tous les gouverneurs des provinces s’assemblèrent pour assister à la dédicace de la statue qu’avait érigée le roi Nabuchodonosor. (Ils se tenaient debout devant la statue qu’avait dressée le roi Nabuchodonosor) 4 et (Et) un héraut criait à haute voix : Peuples, tribus et langues, voici ce qu’on vous ordonne :
Note Dn. 3,4 : Peuples, tribus et langues ; c’est-à-dire peuples, tribus de différentes langues, ou de langue quelconque, comme on lit au verset 96. Ce genre de construction se trouve dans d’autres passages de la Bible ; c’est une figure grammaticale, nommée hendiade ; c’est-à-dire une chose exprimée par deux mots.
5 Au moment où vous entendrez le son de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la symphonie et de toute sorte d’instruments de musique, prosternez-vous et adorez la statue d’or qu’a érigée le roi Nabuchodonosor.
Note Dn. 3,5 : Symphonie ; désigne dans ce chapitre un instrument, probablement la cornemuse. ― De musique ou d’instruments de musique. C’est le sens du mot de la Vulgate, musicorum, expliqué par le texte original. D’où il suit que ce terme latin représente le génitif pluriel neutre de l’adjectif musicus, a um, et non pas du substantif masculin, musicus, i qui signifie musicien. ― Les mots d’origine grecque qui se rencontrent ici et dans plusieurs autres passages de ce livre, ne prouvent nullement qu’il n’est pas authentique. ― La sambuque, d’après l’opinion la plus vraisemblable, était une harpe d’une forme particulière.
6 Si quelqu’un ne se prosterne pas et n’adore pas, il sera à l’instant même jeté dans une fournaise embrasée (d’un feu ardent).
Note Dn. 3,6 : Dans la fournaise d’un feu ardent. Supplice commun chez les Assyriens et les Chaldéens, mais inusité chez les Juifs.
7 C’est pourquoi, aussitôt que tous les peuples entendirent le son de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la symphonie et de toute sorte d’instruments de musique, tous les peuples, les tribus et les langues se prosternèrent et adorèrent la statue d’or qu’avait érigée le roi Nabuchodonosor.
 
8 Aussitôt et dans le même moment, les Chaldéens, s’approchant, accusèrent les Juifs, 9 et dirent au roi Nabuchodonosor : O roi, vis(vez) éternellement ! 10 Roi, tu (vous) as(vez) donné l’ordre que tout homme qui entendrait le son de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la symphonie et de toute sorte d’instruments de musique, se prosternât et adorât la statue d’or ; 11 et que si quelqu’un ne se prosternait pas et ne l’adorait pas, il serait jeté dans une fournaise embrasée (d’un feu ardent). 12 Or les Juifs à qui tu (vous) as(vez) donné l’intendance des affaires de la province de Babylone, Sidrach, Misach et Abdénago, ont méprisé, ô roi, ton (votre) ordonnance ; ils n’honorent pas tes (vos) dieux, et ils n’adorent pas la statue d’or que tu (vous) as(vez) érigée.
 
13 Alors Nabuchodonosor, plein de fureur et de colère, ordonna d’amener Sidrach, Misach et Abdénago, qui furent aussitôt conduits en présence du roi.
Daniel 3, 14-24 : Les trois jeunes hommes dans la fournaise - Gravure de Gustave Doré
Daniel 3, 14-24 : Les trois jeunes hommes dans la fournaise - Gravure de Gustave Doré
14 Et le roi Nabuchodonosor, prenant la parole, leur dit : Est-il vrai, Sidrach, Misach et Abdénago, que vous n’honorez pas mes dieux et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai érigée ? 15 Maintenant donc, si vous êtes prêts (à obéir), au moment où vous entendrez le son de la trompette, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la symphonie et de toute sorte d’instruments de musique, prosternez-vous et adorez la statue que j’ai faite. Si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés dans une fournaise embrasée (d’un feu ardent). Et quel est le Dieu qui vous arrachera d’entre mes mains ? 16 Sidrach, Misach et Abdénago répondirent au roi Nabuchodonosor : Il n’est pas besoin, ô roi, que nous te (vous) répondions sur ce point ; 17 car notre Dieu, que nous servons, peut nous tirer de la fournaise ardente et nous délivrer, ô roi, d’entre tes mains. 18 S’il ne le veut pas, sache(z), ô roi, que nous ne servirons pas tes (vos) dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu (vous) as(vez) érigée.
 
19 Alors Nabuchodonosor fut rempli de fureur, et il changea de visage en regardant Sidrach, Misach et Abdénago ; et il ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu’on avait coutume de la chauffer. 20 Puis il commanda aux plus forts soldats de son armée de lier les pieds à Sidrach, à Misach et à Abdénago, et de les jeter dans la fournaise embrasée (du feu ardent). 21 Aussitôt ces (trois) hommes furent liés et jetés avec leurs caleçons, leurs tiares, leurs chaussures et leurs vêtements, au milieu de la fournaise embrasée (du feu ardent),
Note Dn. 3,21 : Enumération des diverses pièces qui composaient le costume chaldéen.
22 car l’ordre du roi était pressant. Or la fournaise était extraordinairement embrasée ; aussi les hommes qui y avaient jeté Sidrach, Misach et Abdénago furent-ils tués par la flamme ardente (du feu). 23 Cependant ces trois hommes, Sidrach, Misach et Abdénago, tombèrent liés au milieu de la fournaise embrasée.
Note Dn. 3,23 : Ce qui suit ; c’est-à-dire, depuis le verset 24 jusqu’au 90e inclusivement. Saint Jérôme, l’auteur de cette remarque, n’ayant pas trouvé ce fragment dans le texte original, qui est le chaldéen, l’a traduit sur la version grecque de Théodotion, comme il le dit lui-même plus bas (voir verset 90). Or ce fragment inséré dans notre Vulgate a été reconnu par l’Eglise comme faisant partie des divines Ecritures.
 
24 Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant Dieu et bénissant le Seigneur. 25 Or Azarias, se tenant debout, fit cette prière, et, ouvrant la bouche au milieu du feu, il dit : 26 Soyez béni, Seigneur, Dieu de nos pères, et que votre nom soit loué et glorifié dans tous les siècles ; 27 parce que vous êtes juste dans tout ce que vous nous avez fait, et que toutes vos œuvres sont vraies et vos voies droites, et que tous vos jugements sont véritables.
 
28 Car vous avez rendu des jugements équitables dans tout ce que vous avez fait venir sur nous et sur la cité sainte de nos pères, Jérusalem ; parce que c’est dans la vérité et dans la justice, à cause de nos péchés, que vous avez amené tout cela (tous ces maux). 29 Car nous avons péché, (et nous avons commis l’iniquité ne nous retirant de vous,) et nous avons manqué en tout ; 30 nous n’avons pas écouté vos préceptes et nous ne les avons pas observés, et nous n’avons pas agi comme vous nous l’aviez commandé, afin que nous fussions heureux.
 
31 Ainsi tout ce que vous avez amené sur nous et tout ce que vous nous avez fait, c’est par une justice véritable que vous l’avez fait ; 32 et vous nous avez livrés entre les mains de nos ennemis, qui sont injustes, scélérats (très méchants), prévaricateurs, et au (à un) roi (le plus) injuste et le plus méchant qu’il y ait sur la terre. 33 Et maintenant nous ne pouvons pas ouvrir la bouche ; nous sommes devenus la confusion et l’opprobre de vos serviteurs et de ceux qui vous servent.
 
34 Ne nous abandonnez pas à jamais, nous vous en supplions, à cause de votre nom, et ne détruisez pas votre alliance, 35 et ne retirez pas de nous votre miséricorde, à cause d’Abraham votre bien-aimé, et d’Isaac votre serviteur, et d’Israël votre saint, 36 auxquels vous avez parlé, promettant de multiplier leur race comme les étoiles du ciel, et comme le sable qui est sur le rivage de la mer ;
 
37 car, Seigneur, nous sommes réduits à un plus petit nombre que toutes les nations, et nous sommes aujourd’hui humiliés sur toute la terre à cause de nos péchés. 38 Et il n’y a plus actuellement ni prince, ni chef, ni prophète, ni holocauste, ni sacrifice, ni oblation, ni encens, ni endroit pour vous offrir les prémices,
Note Dn. 3,38 : Il n’est pas parmi nous, etc. ; c’est-à-dire dans notre nation, dans la Judée, comme autrefois, des rois et des princes absolus, des prophètes avec autorité, un état réglé et indépendant. Dans la captivité, il y avait des chefs des tribus qui conservaient quelque autorité sur les autres captifs. Comparer à 4 Rois, 25, 27 ; 1 Paralipomènes, 5, 6 ; Daniel, chapitre 13.
 
39 afin que nous puissions trouver votre miséricorde. Mais recevez-nous dans un (notre) cœur contrit et dans un (notre) esprit humilié, 40 comme (dans) un holocauste de béliers et de taureaux, comme (dans l’immolation) de(s) milliers d’agneaux gras, qu’ainsi notre sacrifice paraisse aujourd’hui devant vous et qu’il vous soit agréable, car ceux qui ont confiance en vous ne sont pas confondus. 41 Et maintenant nous vous suivons de tout notre cœur ; nous vous craignons, et nous recherchons votre face.
 
42 Ne nous confondez pas, mais agissez envers nous selon votre douceur (mansuétude) et selon la multitude de vos miséricordes. 43 Délivrez-nous par vos merveilles, et donnez gloire à votre nom, Seigneur. 44 Que tous ceux qui font souffrir vos serviteurs soient confondus ; qu’ils soient confondus par votre toute-puissance, et que leur force soit brisée ;
Note Dn. 3,44 : Qui font souffrir ; littéralement qui montrent. Dans le style biblique on dit souvent voir, pour sentir, éprouver ; et faire voir, montrer, pour faire sentir, faire éprouver.
45 et qu’ils sachent que vous, Seigneur, êtes le Dieu unique et glorieux sur toute la terre (le globe des terres).
 
46 Cependant les serviteurs du roi qui les avaient jetés dans le feu ne cessaient pas d’allumer la fournaise avec du bitume (naphte, note), de l’étoupe, de la poix et des sarments ;
Note Dn. 3,46 : Du naphte ou bitume, matière très inflammable. Le naphte proprement dit est une huile minérale dans le genre du pétrole.
47 et la flamme s’élevait quarante-neuf coudées de haut au-dessus de la fournaise ; 48 et elle s’élança et brûla ceux des Chaldéens qu’elle trouva près de la fournaise.
 
49 Or (Mais) l’ange du Seigneur descendit auprès d’Azarias et de ses compagnons dans la fournaise, et il écarta les flammes et le (la flamme de) feu de la fournaise, 50 et il fit au milieu de la fournaise comme un vent de rosée qui soufflait et le feu ne les toucha nullement ; il ne les incommoda pas et ne leur causa aucune peine.
 
51 Alors ces trois (jeunes) hommes, comme d’une seule bouche, louaient, glorifiaient et bénissaient Dieu dans la fournaise, en disant :
Note Dn. 3,51 : D’une même voix. Ces paroles ne doivent pas s’entendre sans doute en ce sens qu’ils prononcèrent tous les trois toutes les paroles du cantique ; puisque chaque bénédiction est suivie du même refrain, il y a lieu de présumer que l’un des jeunes gens faisait l’invitation aux créatures à louer Dieu et que les deux autres répétèrent le refrain. L’ordre général suivi dans le cantique est celui du chapitre 1er de la Genèse ; du général on descend au particulier, du ciel à la terre, et aux diverses espèces de créatures pour terminer par l’homme.
 
52 Vous êtes béni, Seigneur, Dieu de nos pères ; vous êtes louable, et glorieux, et élevé au-dessus de tout dans tous les siècles ; le saint nom de votre gloire est béni, il est louable et élevé au-dessus de tout dans tous les siècles. 53 Vous êtes béni dans le temple saint de votre gloire, et élevé au-dessus de toute louange et de toute gloire dans tous les siècles.
Note Dn. 3,53 : Le temple saint de votre gloire ; le ciel. Le temple de Jérusalem n’existait plus alors.
54 Vous êtes béni dans le trône de votre royaume, et élevé au-dessus de toute louange et de toute gloire dans tous les siècles.
Note Dn. 3,54 : Le trône de votre royaume ; c’est-à-dire le ciel.
55 Vous êtes béni, vous qui contemplez les abîmes et qui êtes assis sur les chérubins ; et vous êtes louable et élevé au-dessus de toute gloire dans tous les siècles.
Note Dn. 3,55 : Qui êtes assis sur des chérubins. Les chérubins de l’arche d’alliance.
56 Vous êtes béni dans le firmament du ciel, et vous êtes louable et glorieux dans tous les siècles.
 
57 Ouvrages du Seigneur, bénissez tous le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 58 Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 59 Cieux, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
Note Dn. 3,59 : Voir Psaumes, 148, 4.
60 Toutes les eaux qui êtes au-dessus des cieux, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 61 Toutes les vertus (armées célestes) du Seigneur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
Note Dn. 3,61 : Les armées célestes ; c’est-à-dire, les astres nommés souvent dans l’Ecriture, la milice du ciel. Ajoutons que dans un passage parallèle, voir Psaume 102 (Hébreu : 103), 21, le mot de la Vulgate est le même qu’ici (virtutes), et que le texte hébreu porte armées. Comparer à Matthieu, 24, 29.
 
62 Soleil et lune, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 63 Etoiles du ciel, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 64 Pluies et rosées, bénissez toutes le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 65 Tous les souffles de Dieu, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
Note Dn. 3,65 : Souffles ; c’est-à-dire, vents que Dieu fait souffler.
 
66 Feu et chaleur (brûlante), bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 67 Froid et chaleur (brûlante), bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
Note Dn. 3,67 : Chaleur brûlante. Ce mot, joint ici au froid, doit signifier l’espèce de brûlure que produit un froid trop vif sur les êtres animés.
68 Rosées et bruine (frimas), bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 69 Gelée et froid, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 70 Glaces et neiges, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
 
71 Nuits et jours, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 72 Lumière et ténèbres, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 73 Eclairs et nuages (nuées), bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 74 Que la terre bénisse le Seigneur ; qu’elle le loue et qu’elle l’exalte (souverainement) dans tous les siècles.
 
75 Montagnes et collines, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 76 Plantes qui germez sur la terre, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 77 Fontaines, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 78 Mers et fleuves, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
 
79 Grands poissons et tout ce (bête) qui se meut dans les eaux, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 80 Tous les oiseaux du ciel, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 81 Bêtes et troupeaux sauvages, bénissez tous le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 82 Enfants (Fils) des hommes, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
Note Dn. 3,82 : Fils des hommes. Voir sur le sens de cette expression, Daniel, 2, 38.
83 Qu’Israël bénisse le Seigneur : qu’il le loue et l’exalte (souverainement) dans tous les siècles.
 
84 Prêtres du Seigneur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 85 Serviteurs du Seigneur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 86 Esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles.
Note Dn. 3,86 : Esprits, etc. ; les âmes des saints séparées de leurs corps.
87 Saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles. 88 Ananias, Azarias et Misaël, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le (souverainement) dans tous les siècles, parce qu’il nous a tirés de l’enfer, qu’il nous a sauvés de la mort, qu’il nous a délivrés du milieu des flammes ardentes, et qu’il nous a tirés du milieu du feu.
 
89 Rendez grâces au Seigneur, parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est éternelle. 90 Vous tous qui êtes (hommes) religieux, bénissez le Seigneur, le Dieu des dieux ; louez-le et célébrez-le, parce que sa miséricorde s’étend dans tous les siècles.
Note Dn. 3,90 : Ce qui précède, etc. ; remarque de saint Jérôme. Voir le verset 23.
 
91 Alors le roi Nabuchodonosor fut frappé d’étonnement (de stupeur) ; il se leva tout à coup et dit aux grands de sa cour : N’avons-nous pas jeté trois hommes liés au milieu du feu ? Ils répondirent au roi : C’est vrai, ô roi. 92 Le roi répondit : Voici, je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu ; il n’y a en eux aucune lésion, et l’aspect du quatrième est semblable à celui d’un fils de Dieu.
Note Dn. 3,92 : A un fils de Dieu ; à un ange.
 
93 Alors Nabuchodonosor s’approcha de la porte de la fournaise (du feu) ardent(e) et dit : Sidrach, Misach et Abdénago, serviteurs du Dieu très haut, sortez et venez. Aussitôt Sidrach, Misach et Abdénago sortirent du milieu du feu ; 94 et les satrapes, les magistrats, les juges et les grands de la cour du roi (, assemblés,) contemplaient ces hommes, sur le(s) corps desquels le feu n’avait eu aucun pouvoir ; pas un seul cheveu de leur tête n’avait été brûlé, leurs vêtements n’étaient pas changés, et l’odeur du feu ne se dégageait pas d’eux.
Note Dn. 3,94 : Vêtements ; littéralement sarabala, pantalons fort larges, comme les portent les Orientaux.
Note Dn. 3,94 : 4° Les chapitres 3, verset 98 à 4, renferment une lettre de Nabuchodonosor, dans laquelle ce roi raconte comment Daniel lui expliqua un songe destiné à lui annoncer qu’il vivrait sept ans comme une bête, atteint de cette espèce de folie qu’on appelle lycanthropie et qui consiste à croire que l’on a été changé en bête. Tout ce qu’avait dit le Prophète s’était réalisé. La forme épistolaire est abandonnée, chapitre 4, versets 25 à 30 et reprise aux versets 31 à 34.
 
95 Alors Nabuchodonosor, comme hors de lui-même (rompant le silence), s’écria : Béni soit leur Dieu, c’est-à-dire le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdénago, qui a envoyé son ange, et a délivré ses serviteurs qui ont cru en lui, qui ont résisté à l’ordre du roi et qui ont livré leurs corps pour ne pas servir et pour n’adorer aucun autre dieu excepté leur Dieu. 96 Voici donc le décret que je porte : Que tout peuple, toute tribu et toute langue qui aura proféré un blasphème contre le Dieu de Sidrach, de Misach et d’Abdénago périsse et que sa maison soit détruite (dévastée) ; car il n’y a pas d’autre Dieu qui puisse sauver ainsi.
Note Dn. 3,96 : Et langue quelconque. Voir Daniel, 3, 4.
 
97 Alors le roi éleva en dignité Sidrach, Misach et Abdénago dans la province de Babylone.
 
98 Le roi Nabuchodonosor, à tous les peuples, à toutes les nations et à toutes les langues qui habitent sur toute la terre. Que la paix se multiplie pour vous ! (.)
 
99 Le Dieu très haut a fait en moi des prodiges et des merveilles. Il me plaît donc de publier 100 ses prodiges, parce qu’ils sont grands, et ses merveilles, parce qu’elles sont étonnantes (puissantes) ; son royaume est un royaume éternel, et sa puissance s’étend de génération en génération.
Note Dn. 3,100 : Voir Daniel, 4, 31 ; 7, 14. ― Toutes les générations ; littéralement, génération et génération. Dans le style biblique, comme on l’a déjà vu, la répétition d’un même substantif indique souvent l’universalité.

Chapitre 4

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Chap. : 
Suite de la lettre de Nabuchodonosor, commencée au chapitre 3, verset 98.
Son songe : arbre abattu.
Daniel lui explique ce songe.
Ce songe s’accomplit.
Nabuchodonosor est réduit pendant sept ans au rang des bêtes.
Il reconnaît la main de Dieu et est rétabli dans son royaume.
1 Moi, Nabuchodonosor, j’étais tranquille dans ma maison et heureux dans mon palais. 2 J’ai vu un songe qui m’a (fort) effrayé, et mes pensées sur ma couche et les visions de mon imagination m’épouvantèrent (m’ont troublé).
Note Dn. 4,2-7 : Les visions de ma tête. Voir Daniel, 2, 28.
3 Aussi je publiai un décret pour qu’on fît venir en ma présence tous les sages de Babylone, afin qu’ils me donnassent l’explication de mon songe. 4 Alors les devins, les mages, les Chaldéens et les augures se présentèrent, et je racontai mon songe devant eux, et ils ne m’en donnèrent pas l’explication.
Note Dn. 4,4 : Les Chaldéens. Voir Daniel, 2, 2.
5 Enfin Daniel, leur collègue, à qui j’ai donné le nom de Baltassar, d’après le nom de mon dieu, et qui a en lui-même l’esprit des dieux saints, entra en ma présence. Et je lui racontai mon songe. 6 Baltassar, prince des devins, comme je sais que tu as en toi l’esprit des dieux saints, et qu’aucun secret ne t’est impénétrable, raconte-moi les visions de mes songes et donne-m’en l’explication. 7 Voici la vision de mon esprit lorsque j’étais sur ma couche : Je regardais, et voici qu’il y avait un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était extrême. 8 C’était un arbre grand et fort, et sa cime atteignait le ciel ; on l’apercevait jusqu’aux extrémités de toute la terre. 9 Ses feuilles étaient très belles, et ses fruits très abondants ; il portait de la nourriture pour tous. Sous lui habitaient les animaux et les bêtes sauvages ; les oiseaux du ciel demeuraient sur ses branches (rameaux), et toute chair trouvait en lui sa nourriture.
Note Dn. 4,9 : Toute chair ; expression qui se prend ordinairement dans la Bible, ou pour tous les hommes ou pour tout ce qui a vie en général.
10 Je regardais, dans la vision de mon esprit, sur ma couche, et voici, un de ceux qui veillent (veillant) et qui sont saints (un saint) descendit du ciel.
Note Dn. 4,10 : Un veillant et un saint. Chez les Babyloniens, ainsi que chez plusieurs autres peuples de l’antiquité, les anges étaient considérés comme une compagnie d’esprits veillant autour du trône céleste, et servant de messagers divins. On voit par le verset 14 que les veillants jugeaient et décidaient du sort des hommes.
11 Il cria avec force, et il dit : Abattez l’arbre, coupez ses branches, faites tomber ses feuilles et dispersez ses fruits ; que les bêtes qui sont dessous s’enfuient, ainsi que les oiseaux qui sont sur ses branches. 12 Cependant laissez en terre le germe de ses racines ; qu’il soit lié avec une chaîne de fer et d’airain parmi les herbes des champs ; qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et qu’il ait, avec les bêtes sauvages, l’herbe de la terre pour son partage.
Note Dn. 4,12 : Laissez, etc. Il y a ici, comme dans bien d’autres songes racontés dans l’Ecriture, des traits dont les uns se rapportent à la figure et les autres à la chose figurée.
13 Que son cœur d’homme soit changé, et qu’on lui donne un cœur de bête, et que sept temps passent sur lui.
Note Dn. 4,13 : Sept ; selon quelques-uns signifie simplement plusieurs, la Bible fournissant un certain nombre d’exemples qui autorisent cette interprétation. ― Temps ; c’est-à-dire années, suivant l’opinion la plus commune. ― Sur lui. Le pronom masculin eum, ne peut se rapporter ni à germe, ni à arbre, dont le premier est en latin du genre neutre et le second du féminin ; il représente nécessairement le nom roi ou Nabuchodonosor. Voir la note précédente.
14 Cette sentence a été portée par ceux qui veillent (des veillants) ; c’est la parole et la demande des saints, jusqu’à ce que les vivants connaissent que le Très Haut domine sur le royaume des hommes, qu’il le donne(ra) à qui il lui plaît(ra), et qu’il établit(ra) roi le plus humble des hommes.
Note Dn. 4,14 : Il y établira ; c’est-à-dire sur le royaume, suivant le texte chaldéen et la version grecque ; mais dans la Vulgate, le pronom masculin eum ne pouvant se rapporter qu’au relatif à quiconque (cuicumque), le sens est que le Très-Haut, quand il le voudra, établira l’homme le plus humble au-dessus de celui à qui il lui avait plu de donner auparavant le royaume. Cependant nous devons ajouter que dans le passage parallèle (voir Daniel, 5, 21), la même Vulgate lit le neutre illud, lequel se rapporte évidemment au mot royaume.
15 Voilà le songe que j’ai eu, moi le roi Nabuchodonosor. Hâte-toi donc, Baltassar, de m’en donner l’explication ; car tous les sages de mon royaume n’ont pu me l’interpréter ; mais toi, tu le peux, car l’esprit des dieux saints est en toi.
 
16 Alors Daniel, surnommé (dont le nom est) Baltassar, commença à penser en lui-même en silence, pendant près d’une heure, et ses pensées le troublaient. Mais le roi, prenant la parole, dit : Baltassar, que ce songe et son interprétation ne te troublent pas. Baltassar répondit : Mon seigneur, que ce songe soit pour ceux qui te (vous) haïssent, et son interprétation pour tes (vos) ennemis ! (.)
Note Dn. 4,16 : Prenant la parole ; littéralement, répondant (respondens). En chaldéen aussi bien qu’en hébreu, le verbe qu’on traduit généralement par répondre signifie aussi et plus primitivement élever la voix, prendre la parole.
17 L’arbre que tu (vous) as(vez) vu grand et vigoureux, et dont la hauteur atteignait le ciel et qu’on apercevait sur toute la terre, 18 cet arbre dont les branches étaient très belles et les fruits très abondants, qui portait de la nourriture pour tous, sous lequel habitaient les bêtes des champs, et parmi les branches duquel demeuraient les oiseaux du ciel, 19 c’est toi (vous), ô roi, qui (êt)es devenu grand et puissant, dont la grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’au ciel, et dont la puissance s’est étendue jusqu’aux extrémités de la terre entière. 20 Le roi a vu ensuite que celui qui veille (un veillant) et qui est (un) saint est descendu (descendre) du ciel et qu’il a dit (dire) : Abattez cet arbre et (dispersez) détruisez-le ; cependant laissez en terre le germe de ses racines ; qu’il soit lié avec le (du) fer et (de) l’airain parmi les herbes des champs ; qu’il soit trempé par la rosée du ciel, et qu’il paisse avec les bêtes sauvages, jusqu’à ce que sept temps soient passés sur lui.
Note Dn. 4,20 : Sept temps, sur lui. Voir le verset 13.
21 Voici l’interprétation de la sentence du Très-Haut, qui a été prononcée contre (atteint) mon seigneur le roi : 22 On te (vous) chassera du milieu (loin) des hommes, et tu (vous) habiteras(ez) avec les animaux et les bêtes sauvages ; tu (vous) mangeras(ez) du foin comme un bœuf ; tu (vous) seras(ez) trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi (vous), jusqu’à ce que tu (vous) saches(iez) que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut.
Note Dn. 4,22 : Voir Daniel, 5, 21.
23 Quant à l’ordre de laisser le germe des racines de l’arbre, cela signifie que ton (votre) royaume te (vous) demeurera, lorsque tu (vous) auras(ez) reconnu que toute (la) puissance vient du ciel. 24 C’est pourquoi, ô roi, puisse mon conseil te (vous) plaire ; rachète(etez) tes (vos) péchés par des aumônes, et tes (vos) iniquités par des œuvres de miséricorde envers les pauvres ; peut-être le Seigneur pardonnera-t-il tes (vos) fautes.
Note Dn. 4,24 : Voir Ecclésiastique, 3, 33.
 
25 Toutes ces choses arrivèrent au roi Nabuchodonosor.
Note Dn. 4,25 : Parmi les opinions différentes sur la métamorphose de Nabuchodonosor, la plus suivie et la plus probable est que ce prince, par un effet de la puissance de Dieu, tomba dans la manie, et dans la lycanthropie, maladie dans laquelle un homme s’imagine qu’il est devenu loup, bœuf, chien ou chat, et prend toutes les inclinations, les manières et les sentiments de ces animaux.
26 Après douze mois, il se promenait dans le palais de Babylone ;
Note Dn. 4,26 : Dans le palais ; sur la terrasse qui formait le toit du palais, d’où la vue dominait toute la ville.
27 et le roi prit la parole et dit : N’est-ce pas là cette grande Babylone que j’ai bâtie comme résidence royale (le siège de mon royaume), dans la force de ma puissance et dans l’éclat de ma gloire ?
Note Dn. 4,27 : Prit la parole (respondit. Voir le verset 16). ― Que moi j’ai bâtie. Ici comme en plusieurs autres passages, bâtir signifie rebâtir, faire des agrandissements, des embellissements. Babylone bâtie par Nemrod (voir Genèse, 10, 10), fut augmentée et embellie considérablement par Sémiramis ; mais Nabuchodonosor en fit la plus grande et la plus belle ville de l’Orient. ― N’est-ce pas là cette grande Babylone que moi j’ai bâtie ? On peut dire que presque toutes les inscriptions de Nabuchodonosor qui ont été retrouvées depuis quelques années confirment l’exactitude de ces paroles, car elles sont presque exclusivement consacrées à décrire les édifices bâtis ou restaurés par ce monarque dans sa capitale.
28 Cette parole était encore dans la bouche du roi, lorsqu’une voix s’élança du ciel : Voici ce qui t’est annoncé, roi Nabuchodonosor : Ton royaume te sera enlevé, 29 on te chassera du milieu des hommes, et tu habiteras avec les animaux et les bêtes sauvages : tu mangeras du foin comme un (le) bœuf, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut. 30 A la même heure, cette parole fut accomplie sur Nabuchodonosor : il fut chassé du milieu des hommes, il mangea du foin comme un (le) bœuf, son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce que ses cheveux eussent crû comme les plumes d’un aigle, et ses ongles comme ceux des oiseaux.
Note Dn. 4,30 : Description des effets de la maladie de Nabuchodonosor, qui consistent en particulier à le rendre hirsute et à faire recourber ses ongles, comme cela arrive quand ils ne sont pas taillés. Il se nourrit d’herbes comme le font les bœufs, parce qu’il croit être devenu bœuf lui-même.
 
31 A la fin du temps marqué, moi, Nabuchodonosor, j’élevai mes yeux au ciel, et le sens me fut rendu ; je bénis le Très-Haut, je louai et je glorifiai celui qui vit éternellement, parce que sa puissance est une puissance éternelle, et que son royaume s’étend de génération en génération.
Note Dn. 4,31 : Voir Daniel, 7, 14. ― Des jours ; que Dieu avait déterminées pour le châtiment du roi. ― Toutes les générations. Voir Daniel, 3, 100.
32 Tous les habitants de la terre sont devant lui comme un néant ; car il agit comme il lui plaît, soit avec les vertus célestes, soit avec les habitants de la terre ; et nul ne peut résister à sa main, ni lui dire : Pourquoi avez-vous fait cela ?
Note Dn. 4,32 : Les armées du ciel. Voir Daniel, 3, 61.
33 En ce même temps le sens me revint, et je recouvrai l’éclat et la gloire de mon royaume ; ma première forme me fut rendue, mes grands et mes magistrats vinrent me chercher ; je fus rétabli dans mon royaume, et une magnificence plus grande me fut donnée. 34 Maintenant donc, moi, Nabuchodonosor, je loue, j’exalte (je magnifie) et je glorifie le roi du ciel, parce que toutes ses œuvres sont vraies, ses voies pleines de justice, et qu’il peut humilier ceux qui marchent avec orgueil.
Note Dn. 4,34 : Pour suivre l’ordre des temps, il faut passer de ce verset aux chapitres 7 et 8. Les chapitres 5 et 6 qui ont rapport à la fin du règne de Baltassar, et au commencement du règne de Darius le Mède, ont été déplacés.

Chapitre 5

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Chap. : 
Festin du roi Baltassar.
Apparition d’une main qui écrit sur la muraille.
Les sages de Babylone ne peuvent lire ni expliquer cette écriture.
Daniel la lit et l’explique.
Mort de Baltassar.
Darius le Mède lui succède.
1 Le roi Baltassar fit un grand festin à mille des grands de sa cour, et chacun buvait selon son âge.
Note Dn. 5,1 : Baltassar, selon l’opinion la plus probable, est le fils du dernier roi de Babylone, Nabonide ; du moins Nabonide, dans ses inscriptions, nous apprend qu’il avait un fils appelé Baltassar. Ce dernier n’était pas roi, mais il en exerçait le pouvoir, parce que son père paraît l’avoir associé au gouvernement et l’avoir chargé de la défense de Babylone, d’où il était absent, quand Cyrus s’en empara.
2 Le roi, déjà pris de vin, ordonna qu’on apportât les vases d’or et d’argent que son père Nabuchodonosor avait enlevés du temple de Jérusalem, afin que le roi, ses grands, ses femmes et ses concubines s’en servissent pour boire.
Note Dn. 5,2 : Nabuchodonosor son père. Baltassar est regardé comme le fils de Nabuchodonosor, soit qu’il descendit de lui par les femmes, soit qu’il fut simplement considéré comme son successeur dans le gouvernement.
3 Alors on apporta les vases d’or et d’argent qui avaient été enlevés du temple de Jérusalem, et le roi, ses grands, ses femmes et ses concubines s’en servirent pour boire. 4 Ils buvaient du vin et ils louaient leurs dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de bois et de pierre.
 
5 Au même instant apparurent des doigts et comme la main d’un homme qui écrivait en face du candélabre, sur la paroi du mur de la salle royale, et le roi voyait les doigts de la main qui écrivait. 6 Alors le visage du roi se changea, et ses pensées le troublèrent, et les jointures de ses reins se relâchèrent, et ses genoux se choquaient l’un l’autre.
Note Dn. 5,6 : Les jointures de ses reins ; c’est-à-dire de ses lombes ; car les reins proprement dits n’ont ni jointures ni articulations.
7 Le roi cria donc avec force qu’on fît venir les mages, les Chaldéens et les augures ; et le roi, prenant la parole, dit aux sages de Babylone : Quiconque lira cette écriture et m’en donnera (une) l’interprétation (manifeste) sera revêtu de pourpre, aura un collier d’or à son cou et sera le troisième dans mon royaume.
Note Dn. 5,7 ; 5.11 : Chaldéens. Voir Daniel, 2, 2.
Note Dn. 5,7 : Sera le troisième dans mon royaume. Baltassar ne peut donner à l’interprète de l’écriture mystérieuse que le troisième rang dans le royaume, parce qu’il n’occupe lui-même que le second, étant simplement associé au trône. ― Le texte original porte dans le royaume, et non dans mon royaume, parce que ce n’était pas le royaume de Baltassar, mais celui de son père.
8 Tous les sages du roi, étant alors entrés, ne purent ni lire l’écriture, ni en donner l’interprétation au roi.
Note Dn. 5,8 : Ils ne purent lire, etc. Voir le verset 25.
9 Aussi le roi Baltassar fut-il très troublé, et son visage fut changé, et les grands furent troublés comme lui.
Note Dn. 5,9 : Extrêmement ; c’est le vrai sens du latin satis expliqué par le chaldéen.
10 Mais la reine, à cause de ce qui était arrivé au roi et à ses grands, entra dans la salle du festin (éleva la voix) et dit : O roi, vis(vez) éternellement ! Que tes (vos) pensées ne te (vous) troublent pas, et que ton (votre) visage ne se change pas. 11 Il y a dans ton (votre) royaume un homme qui a en lui l’esprit des dieux saints, et, du temps de ton (votre) père, on a trouvé en lui la science et la sagesse ; aussi le roi Nabuchodonosor, ton (votre) père, l’établit-il chef (prince) des mages, des enchanteurs, des Chaldéens et des augures ; ton (votre) père, dis-je, ô roi ;
Note Dn. 5,11 : De votre père ; c’est-à-dire de votre grand-père (voir verset 1).
12 parce qu’on trouva dans cet homme, dans Daniel, à qui le roi donna le nom de Baltassar, un esprit supérieur (plus étendu), de la prudence, de l’intelligence, le don d’interpréter les songes, de découvrir les secrets et de résoudre les questions les plus difficiles. Qu’on appelle donc maintenant Daniel, et il donnera l’interprétation.
 
13 Daniel fut donc introduit devant le roi ; et le roi lui dit : Es-tu Daniel, l’un des captifs des enfants de Juda, que le roi mon père a amenés de Judée ? 14 On m’a dit de toi que tu as l’esprit des dieux, et qu’il s’est trouvé en toi une science, une intelligence et une sagesse supérieures (plus étendus). 15 Je viens de faire venir devant moi les sages et les mages, pour lire cette écriture et pour m’en indiquer l’interprétation, et ils n’ont pu me dire quel est le sens des mots. 16 Mais on m’a dit de toi que tu peux expliquer les choses obscures et résoudre les questions embarrassées ; si donc tu peux lire cette écriture et m’en indiquer l’interprétation, tu seras revêtu de pourpre et tu porteras un collier d’or à ton cou, et tu seras le troisième prince dans mon royaume.
 
Daniel 5, 17-30 et 6, 1 : Festin de Balthazar - Gravure de Gustave Doré
Daniel 5, 17-30 et 6, 1 : Festin de Balthazar - Gravure de Gustave Doré
17 Daniel, répondant à ces paroles, dit en présence du roi : Que tes (vos) présents soient à toi (vous), et donne(z) à un autre les biens de ta (votre) maison ; je te (vous) lirai néanmoins cette écriture, ô roi, et je (vous) t’en indiquerai l’interprétation. 18 O roi, le Dieu Très-Haut donna à Nabuchodonosor, ton (votre) père, le royaume, la grandeur, la gloire et l’honneur ; 19 et, à cause de la grandeur qu’il lui avait donnée, tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le craignaient et tremblaient devant lui : il faisait mourir ceux qu’il voulait, il frappait ceux qu’il voulait, il élevait ceux qu’il voulait, et il abaissait ceux qu’il voulait. 20 Mais, après que son cœur se fut élevé et que son esprit se fut affermi dans l’orgueil, il fut déposé de son trône royal, sa gloire lui fut enlevée, 21 et il fut chassé du milieu (loin) des enfants (fils) des hommes ; son cœur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages (onagres), il mangea l’herbe des champs (du foin) comme un bœuf, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Très-Haut a la puissance sur le royaume des hommes, et qu’il y établit qui il lui plaît.
Note Dn. 5,21 : Voir Daniel, 4, 22. ― Fils des hommes ; expression poétique, pour hommes. ― Avec les onagres dans les lieux sauvages. Sur les onagres, voir Job, 39, 5.
22 Toi (Vous) aussi, Baltassar, son fils, tu (vous) n’as(vez) pas humilié ton (votre) cœur, quoique tu (vous) susses (saviez) toutes ces choses ; 23 mais tu t’es (vous vous êtes) élevé contre le dominateur du ciel ; les vases de sa maison ont été apportés devant toi (vous), et vous y avez bu du vin, toi (vous), tes (vos) grands, tes (vos) femmes et tes (vos) concubines. En même temps tu (vous) as(vez) loué les dieux d’argent et d’or, d’airain et de fer, de bois et de pierre, qui ne voient pas, qui n’entendent pas et qui ne sentent pas, et tu (vous) n’as(vez) pas glorifié (le) Dieu (,) qui tient dans sa main ton (votre) souffle et toutes les (vos) voies.
Note Dn. 5,23 : Votre souffle vital, votre vie, votre âme.
24 C’est pourquoi il a envoyé l’extrémité (le doigt) de cette (la) main, qui a écrit ce qui est marqué sur la muraille. 25 Or voici l’écriture qui a été tracée : Mané, Thécel, Pharès.
Note Dn. 5,25 : Mané, etc. Les sages du roi n’ont pu lire ces mots (voir verset 8), soit parce qu’ils pouvaient être en un caractère inconnu dans le pays, tel que l’hébreu ancien, le phénicien, le samaritain, soit parce qu’étant dépourvus de voyelles, isolés et sans suite, la lecture et par là même l’interprétation en devenaient tout naturellement impossibles ; soit enfin parce qu’ils étaient simplement exprimés par leurs lettres initiales ; hypothèse qui n’a rien d’invraisemblable, et qui exprimerait parfaitement l’embarras des sages du roi.
26 Et voici l’interprétation de ces mots. Mané : Dieu a compté ton (les jours de votre) règne et y a mis fin. 27 Thécel : tu (vous) as(vez) été pesé dans la balance, et tu (vous) as(vez) été trouvé trop léger. 28 Pharès : ton (votre) royaume a été divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.
 
29 Alors, par l’ordre du roi, Daniel fut revêtu de pourpre, et on lui mit au cou un collier d’or, et on publia qu’il avait en puissance le troisième rang dans le royaume. 30 Cette même nuit, Baltassar, roi des Chaldéens, fut tué. 31 Et Darius le Mède lui succéda dans la royauté, étant âgé de soixante-deux ans.
Note Dn. 5,31 : Darius le Mède ; selon bien des savants, le même que les historiens grecs appellent Cyaxare II, fils d’Astyage ; mais ni l’histoire ni la critique ne fournissent des preuves suffisantes de cette identité.

Chapitre 6

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Chap. : 
Daniel élevé en honneur par Darius le Mède.
Jalousie des satrapes contre lui.
Ordonnance qu’ils obtiennent contre lui du roi.
Accusation qu’ils forment contre Daniel.
Daniel est jeté dans la fosse aux lions, et il en sort sans être blessé.
Edit de Darius en faveur de la religion des Juifs.
1 Il plut à Darius d’établir sur son royaume cent vingt satrapes, qui devaient être (afin qu’il y en eût) dans tout son royaume.
Note Dn. 6,1 : Cent vingt satrapes. Du temps d’Esther, où le royaume de Perse avait pris de plus grands accroissements par les conquêtes postérieures, on comptait cent vingt-sept satrap(i ?)es (voir Esther, 1, 1 ; 8, 9).
 
2 Il mit au-dessus d’eux trois princes, dont Daniel était un, afin que ces satrapes leur rendissent compte et que le roi n’éprouvât aucun(e) souci (peine). 3 Daniel surpassait donc tous les princes et tous les satrapes, parce que l’esprit de Dieu était plus abondant en lui. 4 Le roi pensait (même) à l’établir sur tout le royaume ; aussi les princes et les satrapes cherchaient-ils une occasion pour accuser Daniel en ce qui regardait les affaires du roi ; mais ils ne purent trouver aucun prétexte pour le rendre suspect, parce qu’il était fidèle et qu’on ne trouvait en lui ni faute ni cause de soupçon.
Note Dn. 6,4 : Du côté du roi ; dans les affaires qu’il faisait pour le roi.
5 Ces hommes dirent donc : Nous ne trouverons aucune occasion contre ce Daniel, si ce n’est peut-être au sujet de la loi de son Dieu. 6 Alors les princes et les satrapes s’approchèrent du (surprirent le) roi et lui parlèrent ainsi : Roi Darius, vis(vez) éternellement ! 7 Tous les princes de ton (votre) royaume, les magistrats et les satrapes, les sénateurs et les juges sont d’avis qu’il se fasse un édit royal, ordonnant que quiconque, durant l’espace de trente jours, adressera une demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce soit, si ce n’est à toi (vous), ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions.
Note Dn. 6,7 : Dans la fosse aux lions. C’était, avec la fournaise, un des supplices les plus usités en Chaldée.
8 Maintenant donc, ô roi, confirme(z) cet avis et écris(vez) le décret, afin qu’on ne change pas ce qui a été établi par les Mèdes et par les Perses, et qu’il ne soit permis à personne de le violer.
Note Dn. 6,8 : Afin que ce qui a été statué, etc. Chez les Perses une loi ou une ordonnance ou un édit fait avec les formalités ordinaires ne pouvait plus être révoqué même par le roi (voir Esther, 1, 19 ; 8, 8).
9 Le roi Darius fit donc cet édit et le promulgua. 10 Quand Daniel eut appris que cette loi avait été faite, il entra dans sa maison, et, ouvrant les fenêtres de (les fenêtres hautes dans) sa chambre du côté de Jérusalem, trois fois le jour il fléchissait les genoux, et il adorait et louait (rendait grâce à) son Dieu, comme il avait coutume de faire auparavant.
Note Dn. 6,10 : Dans sa chambre haute (in cænaculo). Comparer à Tobie, 3, 10 ; Actes des Apôtres, 1, 13. ― Tourné, etc. Les Juifs, hors de Jérusalem tournaient leur visage, pendant la prière, du côté de cette ville (voir 3 Rois, 8, 44). ― Trois fois le jour. Voir Psaumes, 54, 18 ; Actes des Apôtres, 3, 1.
 
11 Alors ces hommes, qui l’épiaient avec soin, trouvèrent Daniel qui priait (priant) et adorait (suppliant) son Dieu. 12 Et se présentant devant le roi, ils lui dirent au sujet de l’édit : O roi, n’as-tu (avez-vous) pas ordonné que tout homme qui, pendant l’espace de trente jours, prierait quelqu’un des dieux ou des hommes, excepté toi (vous), ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? Le roi leur répondit : Vous dites vrai ; c’est (selon) une loi des Perses et des Mèdes, qu’il n’est pas permis de violer.
Note Dn. 6,12 : Qu’il n’est pas permis, etc. Voir le verset 8.
Daniel 6, 13-24 : Daniel dans la fosse aux lions - Gravure de Gustave Doré
Daniel 6, 13-24 : Daniel dans la fosse aux lions - Gravure de Gustave Doré
13 Ils prirent de nouveau la parole et dirent au roi : Daniel, l’un des captifs d’entre les fils de Juda, n’a pas tenu compte de ta (votre) loi ni de l’édit que tu (vous) as(vez) porté, et il fait sa prière trois fois le jour. 14 Lorsque le roi eut entendu cela, il fut très affligé ; et il prit en son cœur la résolution de délivrer Daniel, et jusqu’au coucher du soleil il s’efforçait de le sauver.
Note Dn. 6,14 : Extrêmement (salis). Voir Daniel, 5, 9.
15 Mais ces hommes, comprenant l’intention du roi, lui dirent : Sache(z), ô roi, que c’est une loi des Mèdes et des Perses qu’il n’est permis de rien changer dans tout édit que le roi a établi. 16 Alors le roi donna un ordre, et on amena Daniel, et on le jeta dans la fosse aux lions. Et le roi dit à Daniel : Ton Dieu, que tu adores sans cesse, te délivrera. 17 On apporta une pierre, et on la mit sur l’ouverture de la fosse ; et le roi la scella de son sceau et du sceau de ses grands, de peur qu’on ne fît quelque chose contre Daniel. 18 Le roi rentra ensuite dans sa maison et se coucha sans avoir soupé ; on ne servit pas de mets devant lui, et le sommeil (même) s’éloigna de lui.
 
19 Le roi se leva dès le point du jour et alla en toute hâte à la fosse des lions ; 20 et, s’approchant de la fosse, il appela Daniel d’une voix triste (mêlée de larmes) et lui dit : Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu que tu sers sans cesse a-t-il (bien) pu te délivrer des lions ? 21 Daniel répondit au roi : (O) Roi, vis(vez) éternellement ! 22 Mon Dieu a envoyé son ange, qui a fermé la gueule des lions, et ils ne m’ont fait aucun mal, parce que j’ai été trouvé juste devant lui ; et devant toi (vous) non plus, ô roi, je n’ai rien fait de mauvais.
Note Dn. 6,22 : Voir 1 Machabées, 2, 60.
23 Alors le roi fut transporté de joie, et il ordonna qu’on fît sortir Daniel de la fosse ; Daniel fut retiré de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait cru en son Dieu. 24 Sur l’ordre du roi, on amena les hommes qui avaient accusé Daniel, et ils furent jetés dans la fosse aux lions, eux, leurs enfants (fils) et leurs femmes ; et avant qu’ils fussent venus jusqu’au pavé de la fosse, les lions les saisirent et brisèrent tous leurs os. 25 Alors le roi Darius écrivit à tous les peuples, à toutes les nations et à toutes les langues qui habitaient sur toute la terre : Que la paix se multiplie pour vous ! (.)
Note Dn. 6,25 : Et aux langues. Voir Daniel, 3, 4.
 
26 J’ordonne par cet édit que, dans tout mon empire et mon royaume, on révère (tremble) et on craigne le Dieu de Daniel ; car c’est lui qui est le Dieu vivant et éternel dans tous les siècles ; son royaume ne sera pas détruit, et sa puissance durera jusque dans l’éternité.
 
27 C’est lui qui est le libérateur et le sauveur, qui fait des prodiges et des merveilles dans le ciel et sur la terre ; c’est lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions. 28 Or Daniel demeura jusqu’au règne de Darius, et au règne de Cyrus le Perse.
Note Dn. 6,28 : Voir Daniel, 1, 21. ― Pour suivre l’ordre des temps, il faut passer de ce verset au chapitre 9, les chapitres 7 et 8 se rapportant, comme nous l’avons dit plus haut (voir Daniel, 4, 34), aux temps qui ont précédé les faits marqués aux chapitres 5 et 6.
 

Chapitre 7

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Chap. : 
Vision de quatre bêtes qui représentent quatre empires.
Caractères particuliers de la quatrième bête.
Puissance ennemie des saints.
Jugement du Seigneur.
Règne du Fils de l’homme, règne des saints.
Daniel 7, 1 : Vision du prophète Daniel - Gravure de Gustave Doré
Daniel 7, 1 : Vision du prophète Daniel - Gravure de Gustave Doré
1 La première année de Baltassar, roi de Babylone, Daniel eut un songe ; il eut cette vision dans son lit ; et écrivant le songe, il le résuma en peu de mots et en marqua ainsi les principaux points :
Note Dn. 7,1-28 : 1° Prophétie des quatre empires représentés par quatre animaux. ― Le chapitre 7 contient le récit d’un songe prophétique de Daniel. La première année du règne de Baltassar, il vit les mêmes empires dont il a été déjà question au chapitre 2, mais sous un nouveau symbole ; au lieu de la statue, ce sont maintenant des animaux ; l’empire chaldéen est représenté par un lion ailé, tel qu’on en voit sur les monuments indigènes ; le médo-perse, par un ours avec trois rangs de dents dans la gueule (les royaumes de Lydie, d’Egypte et de Babylonie, voir Daniel, 6, 2) ; le gréco-macédonien, par un léopard qui avait quatre ailes (Antigone, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre, successeurs d’Alexandre) ; le romain, par une bête terrible, aux dents de fer, et à dix cornes, entre lesquelles en pousse une onzième qui arrache trois des précédentes. L’interprétation de la quatrième bête donne lieu à des contestations. Plusieurs croient qu’elle représente l’empire grec, non le romain, parce qu’ils font du mède et du perse deux empires successifs ; à leurs yeux les dix cornes sont dix rois de Syrie, et la onzième Antiochus Epiphane. Cette explication est invraisemblable : elle a le tort de partager en deux l’empire médo-perse. Les dix cornes sont dix empereurs romains ; quant à la onzième, les commentateurs catholiques la considèrent généralement comme l’emblème de l’Antéchrist, persécuteur de l’Eglise, voir 2 Thessaloniciens, chapitre 2.
Note Dn. 7,1 : Baltassar ; le même dont il est parlé, chapitre 5, verset 1 et suivants. ― Vision de sa tête. Voir Daniel, 2, 28.
 
2 Je regardais dans ma vision nocturne, et voici, les quatre vents du ciel se combattaient sur la grande mer,
Note Dn. 7,2 : Les quatre vents ; les troubles, les agitations que les quatre empires, dont le Prophète va parler, causeront dans le monde désigné par la grande mer.
3 et quatre grandes bêtes, différentes les unes des autres, montaient hors de la mer.
Note Dn. 7,3 : Quatre grandes bêtes ; c’est-à-dire quatre grands empires (voir verset 17), dont probablement le premier est l’empire des Chaldéens ; le second celui des Mèdes et des Perses ; le troisième, celui des Grecs ; le quatrième, celui des Romains.
4 La première était comme une lionne, et elle avait des ailes d’aigle ; je regardais, jusqu’à ce que ses ailes furent arrachées ; elle fut ensuite enlevée de terre, et elle se tint sur ses pieds comme un homme, et un cœur d’homme lui fut donné. 5 Et voici, une autre bête, semblable à un ours, se tenait sur son côté ; elle avait trois rang(ée)s de dents (et) dans la (sa) gueule, et on lui disait : Lève-toi, mange beaucoup de chair. 6 Après cela je regardais, et voici, une autre était comme un léopard ; et elle avait au-dessus d’elle quatre ailes comme un oiseau ; cette bête avait quatre têtes, et la puissance lui fut donnée.
Note Dn. 7,6 : Ces quatre ailes et ces quatre têtes représentent probablement les quatre princes qui, après la mort d’Alexandre, se partagèrent son royaume. Comparer à Daniel, 8, vv. 8, 22.
7 Après cela je regardais dans cette vision nocturne, et voici, il y avait une quatrième bête, terrible, et étonnante, et extraordinairement forte ; elle avait de grandes dents de fer ; elle dévorait, mettait en pièces et foulait aux pieds ce qui restait ; elle différait des autres bêtes que j’avais vues avant elle, et elle avait dix cornes. 8 Je considérais les (ses) cornes, et voici, une autre petite corne sortit du milieu d’elles ; trois des premières cornes furent arrachées de devant elle ; et voici, cette corne avait des yeux comme les yeux d’un homme, et une bouche qui disait de grandes choses.
Note Dn. 7,8 : Une autre petite corne, etc. ; le royaume de l’Antéchrist, selon la plupart des interprètes ; Mahomet selon quelques-uns. ― Disait de grandes choses ; c’est-à-dire, selon le style biblique, disait des paroles insolentes, pleines d’orgueil, de blasphèmes, d’impiétés. Comparer au verset 25 et Daniel, 11, 36.
 
9 Je regardais, jusqu’à ce que des trônes furent placés, et l’Ancien des jours (un vieillard) s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête comme de la laine pure ; son trône était comme des flammes ardentes, et les roues du trône comme un feu brûlant.
Note Dn. 7,9 : Un vieillard ; littéralement dans le texte original et le grec, un ancien des jours ; expression qui, dans la langue persane, a la même signification. Or ce vieillard, c’est Dieu, juge éternel des vivants et des morts.
10 Un fleuve de feu, rapide, sortait de devant sa face ; mille (des milliers) milliers (d’anges) le servaient, et dix mille millions (de centaines de milliers d’anges) l’assistaient. Le jugement se tint, et les (des) livres furent ouverts.
Note Dn. 7,10 : Voir Apocalypse 5, 11.
11 Je regardais, à cause du bruit (de la voix) des grandes paroles que cette corne prononçait ; et je vis que la bête avait été (fut) tuée, que son corps était détruit et qu’il avait été livré pour être brûlé au feu ; 12 je vis aussi que la puissance des autres bêtes leur avait été ôtée, et que la durée de leur vie leur avait été marquée jusqu’à un temps et un temps.
Note Dn. 7,12 : Un temps et un temps ; la période de temps déterminée dans les décrets divins.
 
13 Je regardais donc dans cette vision nocturne, et voici, quelqu’un, semblable au (comme un) fils de (d’un) l’homme, venait avec les nuées du ciel, et il s’avança jusqu’à l’Ancien des jours (au vieillard). Ils le présentèrent devant lui,
Note Dn. 7,13 : Le fils d’un homme ; ou, comme portent le chaldéen et le grec, un fils d’homme ; expression poétique, qui, comme nous l’avons déjà remarqué, signifie un homme. Or ce que dit ici Daniel ne peut convenir à la lettre qu’à Jésus-Christ dans son second avènement. Comparer à Matthieu, 26, 64. ― Vieillard. Voir le verset 9.
14 et il lui donna la puissance, l’honneur et le royaume, et tous les peuples, les tribus et les langues le servirent ; sa puissance est une puissance éternelle qui ne lui sera pas ôtée, et son royaume ne sera jamais détruit.
Note Dn. 7,14 : Voir Daniel, 3, 100 ; 4, 31 ; Michée, 4, 7 ; Luc, 1, 32. ― Il lui donna, etc. On ne saurait employer de termes plus forts et plus formels pour exprimer le règne éternel du Sauveur ; il semble qu’il faisait lui-même allusion à ce passage, quand il disait : « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. » (voir Matthieu, 28, 18). ― Et langues. Voir Daniel, 3, 4.
 
15 Mon esprit fut épouvanté ; moi, Daniel, je fus effrayé par ces choses, et les visions de mon esprit me troublèrent.
Note Dn. 7,15 : Les visions de ma tête. Voir Daniel, 2, 28.
16 Je m’approchai d’un de ceux qui étaient là, et je lui demandai la vérité sur toutes ces choses. Il m’interpréta ce qui se passait et me l’enseigna. 17 Ces quatre grandes bêtes sont quatre royaumes qui s’élèveront de la terre. 18 Mais (Et) les saints du Dieu très-haut recevront le royaume, et ils obtiendront le royaume jusque dans les (jusqu’au) siècle(s) et les (au) siècle(s) des siècles.
Note Dn. 7,18 : Les saints du Dieu très-haut règnent avec Jésus-Christ dans le ciel depuis qu’il leur en a ouvert l’entrée par son ascension glorieuse ; mais à la fin du monde, lorsqu’ils viendront avec le Sauveur au dernier jugement, ils prendront du royaume céleste une possession en quelque sorte plus complète et plus parfaite. Voir Matthieu, 25, 34. C’est à tort que dom Calmet traduit, les grands saints du Seigneur, en attaquant la version grecque de Théodotion. Le chaldéen Hélïônîn, est simplement un pluriel d’excellence ou de majesté, comme Elôhim en hébreu.
 
19 Ensuite je désirai vivement apprendre ce qu’était la quatrième bête qui était très différente de toutes les autres et extrêmement terrible, dont les dents et les ongles étaient de fer, qui dévorait et mettait en pièces, et qui foulait aux pieds ce qui restait. 20 Je voulus m’enquérir aussi des dix cornes qu’elle avait sur la tête, et de l’autre qui était sortie et devant laquelle trois de ces cornes étaient tournées, et de cette corne qui avait des yeux et une bouche proférant de grandes choses, et qui était plus grande que les autres.
Note Dn. 7,20 : Disait de grandes choses. Voir le verset 8.
21 Je regardai(s), et voici que cette corne faisait la guerre contre les saints et avait l’avantage sur eux, 22 jusqu’à ce que l’Ancien des jours (le vieillard) vint et donna le jugement aux saints du Très-Haut ; et le temps arriva où les saints obtinrent le royaume.
Note Dn. 7,22 ; 7.25 ; 7.27 : Saints du Très-Haut. Voir le verset 18.
23 Et il me parla ainsi : La quatrième bête est un quatrième royaume qui existera sur la terre, et qui sera plus grand que tous les royaumes ; il dévorera toute la terre, la foulera aux pieds et la brisera. 24 Les dix cornes de ce même royaume, ce sont dix rois ; il s’en élèvera un autre après eux, et il sera plus puissant que les premiers, et il abaissera trois rois. 25 Il proférera des paroles contre le Très-Haut, il écrasera les saints du Très-Haut, et il pensera qu’il pourra changer les temps et les lois ; et ils seront livrés entre ses mains pendant un temps et des temps, et la moitié d’un temps.
Note Dn. 7,25 : Il proférera, etc. ; ce qui convient non seulement à l’Antéchrist (voir Apocalypse, 13, 6), mais aussi à Antiochus Epiphane (voir Daniel, 8, 23 ; 1 Machabées, 1, vv. 23, 43-53 ; 2 Machabées, 9, 28), et à Mahomet lui-même, qui a établi sa nouvelle loi à main armée. ― Un temps, etc. ; c’est-à-dire l’espace de trois ans et demi, suivant l’opinion commune, qui applique ce passage à la persécution de l’Antéchrist (voir Apocalypse, 12, 6 ; 13, 5). L’historien Josèphe dit expressément, dans la préface de son Histoire de la guerre des Juifs, qu’Antiochus Epiphane posséda Jérusalem trois ans et six mois. Mais par rapport à l’empire de Mahomet, il semble que ces temps doivent être pris autrement que pour les autres empires.
26 Alors le jugement se tiendra, afin que la puissance lui soit enlevée, qu’il soit détruit et qu’il disparaisse à jamais,
Note Dn. 7,26 : Et le jugement, etc. La plupart des interprètes rapportent ceci à la ruine de l’Antéchrist, et au jugement dernier.
27 et (mais) que le royaume, la puissance et la grandeur du royaume qui est sous tout le ciel, soient donnés au peuple des saints du Très-Haut ; son royaume est un royaume éternel, et tous les rois le serviront et lui obéiront.
Note Dn. 7,27 : Cette partie de la prophétie ne saurait s’expliquer de l’empire que Dieu donna aux Machabées, et aux princes leurs successeurs ; car leur puissance ne fut ni assez absolue ni assez étendue pour vérifier de si grandes et de si magnifiques promesses. Il n’y a que l’empire de Jésus-Christ et de son Eglise en qui l’on trouve l’accomplissement réel et véritable.
 
28 Ce fut la fin de ce qui me fut dit. Moi, Daniel, j’étais fort troublé dans mes pensées, et mon visage en fut changé ; mais je conservai ces paroles dans mon cœur.
Note Dn. 7,28 : De la parole ; du discours de l’ange.

Chapitre 8

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Chap. : 
Vision d’un bélier à deux cornes, et d’un bouc qui n’en a qu’une.
Cette corne unique se rompt, mais il s’en forme quatre à sa place.
Explication de cette vision par l’ange Gabriel.
Roi imprudent, ses efforts, ses victoires, sa chute, sa perte.
1 La troisième année du règne du roi Baltassar, j’eus une vision. Moi, Daniel, après ce que j’avais vu au commencement,
Note Dn. 8,1-27 : 2° Prophétie de la persécution d’Antiochus Epiphane, chapitre 8. ― La seconde vision développe une partie de la première. La troisième année du règne de Baltassar, Daniel vit l’empire médo-perse sous la figure d’un bélier, et l’empire grec sous celle d’un bouc à une corne. Le bouc triomphe du bélier et grandit ; alors sa corne unique se brise et il lui en pousse quatre autres à sa place ; de l’une d’elles en sort une cinquième qui s’élève jusqu’au ciel et opprime le peuple des saints pendant 2300 jours. ― La première corne du bouc est Alexandre le grand qui ruine l’empire perse ; les quatre cornes sont les quatre royaumes qui se forment des débris de son empire : celui de Macédoine, à l’ouest ; de Syrie, à l’est ; d’Egypte, au sud et de Thrace, au nord. La cinquième corne, qui fait cesser le sacrifice perpétuel, est Antiochus Epiphane. Les 2300 jours font six ans et demi, en années lunaires. On peut les compter depuis l’an 143 de l’ère des Séleucides, auquel Antiochus se rendit maître de Jérusalem, voir 1 Machabées, 1, 21 ; jusqu’à l’an 149, qui est celui de sa mort, voir 1 Machabées, 6, 16.
Note Dn. 8,1 : Au commencement du règne de Baltassar.
2 je vis dans ma vision, lorsque j’étais au château de Suse, qui est au pays d’Elam ; je vis donc dans cette vision que j’étais à (sur) la porte de l’Ulaï.
Note Dn. 8,2 : Elam ; province de Perse, appelée aussi Elymaïde. ― Sur la porte ; sur le bord, près de. ― Ulaï ; fleuve qui séparait la Susiane de l’Elymaïde ; c’est l’Eulée des géographes. ― Suse ; capitale de la Susiane, sur l’Ulaï, une des résidences des rois de Perse.
3 Je levai les yeux et je vis ; et voici qu’un bélier se tenait devant le marais ; il avait des cornes élevées, et l’une était plus haute que l’autre et croissait peu à peu. Après cela
Note Dn. 8,3 : Un bélier. Ce bélier représente l’empire des Perses et des Mèdes (voir verset 20). La corne la plus élevée signifie la puissance des Perses, supérieure à celle des Mèdes, figurée par la corne moins élevée.
4 je vis que ce bélier donnait des coups de corne contre l’occident, contre l’aquilon et contre le midi ; et toutes les (aucune) bête(s) ne pouvai(en)t lui résister, ni se délivrer de sa main ; il fit ce qu’il voulut, et il devint (très) puissant.
Note Dn. 8,4 : Et il devint très puissant. Les rois de Perse étendirent en effet de proche en proche leurs conquêtes, sans trouver de résistance.
 
5 Et j’étais attentif ; et voici qu’un bouc (de chèvres, note) venait de l’occident sur la face de toute la terre, sans toucher la terre ; or ce bouc avait une grande corne (remarquable) entre les yeux.
Note Dn. 8,5 : Bouc de chèvres. Voir sur la valeur de cette expression, Ezéchiel, 43, 22. Ce bouc représente la monarchie des Grecs ; la corne, le premier de leurs rois, Alexandre le Grand (voir verset 21) ; la rapidité de la course de ce bouc, la rapidité des conquêtes de ce prince.
6 Il vint jusqu’à ce bélier qui avait des cornes, et que j’avais vu se tenir devant la porte ; et il courut sur lui avec l’impétuosité de sa force. 7 Lorsqu’il se fut approché du bélier, il l’attaqua avec furie et le frappa, et il lui brisa les deux cornes, sans que le bélier pût lui résister ; et l’ayant jeté par terre, il le foula aux pieds, et personne ne pouvait délivrer le bélier de sa main. 8 Or le bouc (des chèvres) devint extraordinairement grand, et, lorsqu’il eut crû, sa grande corne se rompit, et quatre cornes poussaient au-dessous, vers les quatre vents du ciel.
Note Dn. 8,8 : Quatre cornes, etc. Voir Daniel, 7, 6.
 
9 Mais de l’une d’elles il sortit une petite corne qui s’agrandit vers le midi, vers l’orient et vers la force.
Note Dn. 8,9 : Une petite corne ; c’est Antiochus Epiphane, au commencement sans puissance. Vers la force (contra fortitudinem) ; c’est aussi le sens de la version grecque ; mais l’hébreu porte, vers la beauté ; c’est-à-dire vers la terre de la beauté, nom par lequel les prophètes désignent fréquemment la Judée (voir Daniel, 11, vv. 16, 41 ; Jérémie, 3, 19 ; Ezéchiel, 20, vv. 6, 15).
10 Et elle s’éleva jusqu’à la puissance (force) du ciel, et elle fit tomber (une partie) des forts et des étoiles, et elle les foula aux pieds.
Note Dn. 8,10 : La force du ciel ; selon la Vulgate et le grec ; mais suivant l’hébreu, l’armée du ciel. Par cette force ou armée du ciel, on entend le peuple du Seigneur persécuté ; et par les étoiles renversées, soit les Juifs qui moururent courageusement dans la persécution, soit ceux qui renoncèrent à leur religion pour obéir aux ordres du tyran (voir 1 Machabées, 1, vv. 48, 51 et suivants ; 2 Machabées, 4, verset 14 et suivants). Les étoiles et les astres en général sont très souvent mis dans l’Ecriture pour désigner les saints, les justes et les savants. ― Dans les trois versets suivants, l’hébreu porte également armée, au lieu de force.
11 Elle s’éleva jusqu’au prince de la force, et lui enleva le sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de son sanctuaire (sa sanctification).
Note Dn. 8,11 : Prince de la force ; c’est-à-dire Dieu lui-même. ― Le lieu de sa sanctification ; de sa consécration, qu’il s’était consacré, son sanctuaire, son temple. Voir Psaumes, 77, 54.
12 La puissance lui fut donnée contre le sacrifice perpétuel à cause des péchés, et la vérité sera renversée sur la terre, et il agira et il réussira. 13 Alors j’entendis un des saints qui parlait ; et un saint dit à un autre, je ne sais lequel, qui lui parlait : Jusques à quand durera la vision, et le sacrifice perpétuel, et le péché de désolation ? Jusques à quand le sanctuaire et la force seront-ils foulés aux pieds ? 14 Et il lui dit : Jusques au soir et au matin, deux mille trois cents jours, et le sanctuaire sera purifié.
Note Dn. 8,14 : Jusqu’à un soir, etc. ; c’est-à-dire, jusqu’à deux mille trois cents jours composés d’un soir et un matin. Chez les Hébreux, le jour commençait le soir (voir Genèse, 1, vv. 5, 8, etc.). Ces deux mille trois cents jours font six ans et demi selon le calcul des années lunaires de trois cent cinquante-quatre ou trois cent cinquante-cinq jours, et peuvent se compter depuis l’an 143 des Grecs, auquel Antiochus marcha contre Israël et se rendit maître de Jérusalem (voir 1 Machabées, 1, 21), jusqu’à l’année 149, qui est celle de la mort de ce prince (voir 1 Machabées, 6, 16). ― Le sanctuaire sera purifié ; il le fut après la défaite de Lysias, le vingt-cinquième jour du neuvième mois de l’an 148 du règne des Grecs (voir 1 Machabées, 4, 52).
 
15 Or, tandis que moi, Daniel, j’avais cette vision et que j’en cherchais l’intelligence, voici qu’il se tint devant moi comme une figure d’homme. 16 Et j’entendis la voix d’un homme au milieu de (entre) l’Ulaï ; et il cria et dit : Gabriel, fais(-lui) comprendre cette vision.
Note Dn. 8,16 : Entre l’Ulaï. Voir le verset 2. ― Gabriel. C’est l’ange de ce nom sous la forme d’un homme.
17 Et il vint et se tint près du lieu où j’étais ; et lorsqu’il fut venu, effrayé je tombai le visage contre terre ; et il me dit : Comprends, fils de (d’un) l’homme, car la vision s’accomplira au temps de la fin. 18 Et, comme il me parlait, je tombai le visage contre terre ; et il me toucha et me replaça debout, 19 puis il me dit : Je te montrerai ce qui doit arriver à la fin de la malédiction, car le temps s’accomplira (a sa fin).
Note Dn. 8,19 : Le temps a sa fin ; le temps de ces visions s’accomplira enfin.
20 Le bélier que tu as vu, et qui avait des cornes, est le roi des Mèdes et des Perses. 21 (Mais) Le bouc (des chèvres) est le roi des Grecs, et la grande corne qui était entre ses yeux est le premier roi.
Note Dn. 8,21 : Le bouc des chèvres. Voir Ezéchiel, 43, 22.
22 Les quatre cornes qui se sont élevées après que la première a été rompue sont quatre rois qui s’élèveront de sa nation, mais non avec sa force ; 23 et après leur règne, lorsque les iniquités se seront accrues, il s’élèvera un roi au visage impudent et qui comprendra les énigmes (choses cachées).
Note Dn. 8,23 : Les choses cachées (propositiones). Voir Psaumes, 77, 2.
24 Sa puissance s’accroîtra, mais non par ses propres forces, et il ravagera tout au-delà de ce que l’on peut croire ; et il réussira et agira. Il fera mourir les (des) forts et le (un) peuple de(s) saints,
Note Dn. 8,24 : Un peuple de saints ; le peuple consacré au Seigneur, les Juifs, qui souffriront une persécution sanglante sous le règne d’Antiochus II (voir 1 Machabées, 1, verset 53 et suivants).
25 selon sa volonté ; sa main dirigera la ruse (fraude) et son cœur deviendra arrogant, et, dans l’abondance des prospérités, il fera mourir beaucoup d’hommes ; il s’élèvera contre le prince des princes, puis il sera brisé sans la main des (d’aucun) homme(s).
Note Dn. 8,25 : Et sans la main, etc. Voir 2 Machabées, chapitre 9, la fin d’Antiochus.
26 Cette vision du soir et du matin dont il s’agit est véritable ; scelle donc cette vision, car elle n’arrivera qu’après des jours nombreux.
Note Dn. 8,26 : Et la vision du soir et du matin ; c’est-à-dire dans laquelle a été montré ce qui doit arriver dans un certain nombre de jours ordinaires composés de la nuit et du jour. ― Scelle, la vision. Les prophètes avaient accoutumé de publier leurs prophéties, surtout celles qui devaient bientôt s’accomplir, mais l’ange ordonna à Daniel de garder celle-ci, et de la tenir fermée avec un sceau. Voir Daniel 12, 4.
 
27 Et moi, Daniel, je fus longuement malade pendant plusieurs jours ; et quand je me levai, je travaillais aux affaires du roi, et j’étais étonné (dans la stupeur au sujet) de la vision, et il n’y avait personne pour l’interpréter.
Note Dn. 8,27 : Pour suivre l’ordre de temps, il faut placer à la suite de verset les chapitres 5 et 6.

Chapitre 9

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Chap. : 
Daniel implore la miséricorde du Seigneur pour son peuple.
L’ange Gabriel lui annonce le temps précis de la venue du Messie.
1 La première année de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui régna sur l’empire (le royaume) des Chaldéens,
Note Dn. 9,1-27 : 3° Prophétie des 70 semaines d’années, chapitre 9. ― La troisième vision développe la prophétie messianique contenue dans les chapitres 2 et 7. La première année de Darius le Mède, Daniel pensait aux soixante-dix ans que devait durer la captivité, d’après la prophétie de Jérémie, et priait Dieu de pardonner ses péchés à son peuple. L’ange Gabriel lui apparaît alors, et lui annonce à quelle époque viendra le Messie. Daniel désirait connaître à quel moment finiraient les soixante-dix ans de la captivité ; Dieu lui révèle une délivrance bien plus importante, dont celle que Jérémie avait prédite n’était que la figure.
Note Dn. 9,1 : Darius ; le même que celui qui est mentionné à Daniel, 5, 31.
2 la première année de son règne, moi, Daniel, je compris, par les livres saints, d’après le nombre des années dont le Seigneur avait parlé au prophète Jérémie, que la désolation de Jérusalem devait durer (afin que fussent accomplis les) soixante-dix ans (de la désolation de Jérusalem).
Note Dn. 9,2 : Les livres saints, les divines Ecritures, parmi lesquelles se trouvaient les prophéties de Jérémie. ― Les soixante-dix ans, etc. Voir Jérémie, 25, 11-12 ; 29, 10.
3 Je tournai mon visage vers le Seigneur mon Dieu, pour le prier et le conjurer dans les jeûnes, le sac et la cendre.
 
4 Je priai le Seigneur mon Dieu, je lui fis cette confession (confessai mes fautes) et je dis : Je vous supplie, Seigneur, Dieu grand et terrible, qui gardez votre alliance et votre miséricorde envers ceux qui vous aiment et qui observent vos commandements.
Note Dn. 9,4 : Voir 2 Esdras, 1, 5.
 
5 Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait des actions impies, nous nous sommes éloignés et nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos préceptes.
Note Dn. 9,5 : Voir Baruch, 1, 17.
6 Nous n’avons pas obéi à vos serviteurs les prophètes, qui ont parlé en votre nom à nos rois, à nos princes, à nos pères et à tout le peuple du pays. 7 A vous, Seigneur, est la justice, et à nous la confusion du visage, telle qu’elle est aujourd’hui pour les hommes de Juda, et pour les habitants de Jérusalem, et pour tout Israël, pour ceux qui sont près et pour ceux qui sont loin, dans tous les pays où vous les avez chassés, à cause des iniquités qu’ils ont commises contre vous. 8 Seigneur, à nous la confusion du visage, à nos rois, à nos princes et à nos pères, qui ont péché. 9 Mais vous, Seigneur notre Dieu, la miséricorde et la propitiation ; car nous nous sommes retirés de vous, 10 et nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu, pour marcher dans sa loi, qu’il nous avait prescrite par ses serviteurs les prophètes. 11 Tout Israël a transgressé votre loi et s’est détourné pour ne pas entendre votre voix ; et la malédiction (a distillé sur nous) et l’exécration qui est décrite dans le livre de Moïse, serviteur de Dieu, a découlé sur nous, parce que nous avons péché contre Dieu.
Note Dn. 9,11 : Dans le livre de Moïse. Voir Lévitique, chapitre 26 ; Deutéronome, du chapitre 27 au chapitre 29.
12 Et il a accompli les paroles qu’il avait prononcées contre nous et contre nos princes qui nous ont jugés, pour amener sur nous un grand mal(heur), tel qu’il n’en a jamais existé sous tout le ciel, et qui est arrivé à Jérusalem. 13 Selon qu’il est écrit dans la loi de Moïse, tous ces maux sont tombés sur nous, et nous n’avons pas supplié votre face, Seigneur notre Dieu, de manière à nous détourner de nos iniquités et à être attentifs à votre vérité.
Note Dn. 9,13 : Votre vérité ; votre fidélité dans l’exécution de vos paroles, soit promesses, soit menaces.
14 Aussi le Seigneur a veillé sur ce mal(heur), et il l’a amené sur nous. Le Seigneur notre Dieu est juste dans toutes les œuvres qu’il a faites, car nous n’avons pas écouté sa voix. 15 Et maintenant, Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Egypte avec une main puissante, et qui vous êtes fait un nom tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité.
Note Dn. 9,15 : Voir Baruch, 2, 11 ; Exode, 14, 22.
16 Seigneur, selon toute votre justice, je vous en conjure, que votre colère et votre fureur se détournent de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent. 17 Maintenant donc, écoutez, notre Dieu, les prières et les supplications de votre serviteur ; montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désert ; faites-le pour vous-même. 18 Abaissez, mon Dieu, votre oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux, et voyez notre désolation et cette ville sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos prières, mais à cause de vos nombreuses (abondantes) miséricordes.
Note Dn. 9,18 : Sur laquelle, etc. ; selon d’autres : Laquelle a été appelée de votre nom ; qui porte votre nom. Le texte hébreu est susceptible de ces deux sens.
19 Exaucez(-nous), Seigneur ; apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, mon Dieu, pour vous-même, parce que votre nom a été invoqué sur cette ville et sur votre peuple.
 
20 Comme je parlais encore et que je priais, et que je confessais mes péchés et les péchés d’Israël mon peuple, et que j’offrais humblement mes prières, en présence de mon Dieu, pour la montagne sainte de mon Dieu, 21 comme je parlais encore dans ma prière, voici que l’homme Gabriel, que j’avais vu au commencement dans la vision, vola rapidement, et me toucha, au temps du sacrifice du soir.
Note Dn. 9,21 : L’homme Gabriel. Voir Daniel, 8, 16.
22 Il m’instruisit et il me parla, et il dit : Daniel, je suis venu maintenant pour t’instruire et pour que tu comprennes.
 
23 Dès le commencement de tes prières la parole est sortie, et je suis venu pour te l’annoncer, car tu es un homme de désirs ; sois donc attentif à mon discours, et comprends la vision.
Note Dn. 9,23 : Un homme de désirs ; hébraïsme, pour un homme très désirable, très digne d’être aimé.
24 Soixante-dix semaines ont été décrétées sur (abrégées pour) ton peuple et sur (pour) ta ville sainte, pour (afin) que la prévarication soit abolie, que le péché trouve sa fin, que l’iniquité soit effacée, que la justice éternelle soit amenée, que la vision et la prophétie soient accomplies, et que le saint des saints reçoive l’onction.
Note Dn. 9,24-27 : Voici la traduction de cette importante prophétie d’après le texte original : « Soixante-dix semaines, dit-il, ont été fixées pour ton peuple et pour ta ville sainte, afin que la prévarication soit abolie, que le péché finisse et que l’iniquité soit effacée [par la mort de Jésus-Christ] ; afin que la justice éternelle [le Messie, voir Jérémie, 23, 6 ; 33, 16 ; Isaïe, 45, 8 ; 1 Corinthiens, 1, 30], vienne [sur la terre], que les visions et les prophéties soient accomplies [en Jésus-Christ qu’elles ont annoncé], et que le Saint des saints [le Verbe de Dieu fait chair] soit oint [ou rempli de la vertu du Saint-Esprit, voir Actes des Apôtres, 10, 38 ; Isaïe, 61, 1 ; Luc, 4, 18]. ― Sache-le donc et remarque-le bien : Depuis la publication de l’ordre qui sera donné pour rebâtir Jérusalem jusqu’au prince Messie [ou Christ], il y aura sept semaines, et soixante-deux semaines, et les places et les murailles de la ville seront rebâties dans des temps difficiles. Et après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus son peuple. Un peuple, avec son chef qui doit venir [Vespasien ou Titus, avec l’armée romaine], détruira la ville de Jérusalem et le sanctuaire ; elle finira par une ruine entière ; quand la guerre sera terminée, arrivera la désolation qui lui a été prédite. ― [Alors le Christ] fera une alliance ferme [et stable, comme l’avait prédit Jérémie, 31, 31], avec un grand nombre, [avec tous ceux qui voudront embrasser sa foi et participer ainsi à ses mérites, car il est mort pour tous], dans une semaine, [par l’effusion de son sang et la prédication de l’Evangile] ; et au milieu de la semaine, [quand le Messie sera immolé], les oblations et les sacrifices cesseront, [ils seront rendus inutiles et sans valeur par la mort de Jésus-Christ, de qui ils tiraient leur vertu]. Et l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera jusqu’à la consommation et à la fin. » Cette dernière partie de la prophétie est obscure dans le texte original. « L’hébreu à la lettre : Et sur l’aile, l’abomination de désolation, dit Calmet. Cette aile marque le temple, du consentement des anciens interprètes. On peut donner ce nom principalement au toit et à la hauteur du temple, voir Matthieu, 9, 5 (?)… L’abomination se vit dans le temple, lorsque les Romains l’ayant pris, y plantèrent leurs enseignes chargées des figures de leurs dieux et des images des Césars ; ou bien cette abomination marque les infamies, les meurtres et les autres sacrilèges qui furent commis dans ce lieu saint par les Juifs mêmes, pendant le dernier siège. Le Prophète ajoute que l’abomination y demeurera, usque ad consummationem et finem…, ou plutôt, suivant l’hébreu, jusqu’à la ruine déterminée, jusqu’à ce que le temple soit entièrement ruiné. C’est le sens le plus naturel ; les termes de l’orignal marquent ordinairement une perte entière et l’exécution des plus sévères jugements de Dieu. » Il faut remarquer que la profanation du temple par Antiochus est aussi prédite, voir Daniel, 11, 31, mais la profanation commise par le roi Séleucide n’est pas l’accomplissement de la prophétie que nous avons ici ; cette dernière se rapporte incontestablement aux temps messianiques. La profanation du temple par le roi syrien ne fut que partielle et temporaire, celle des Romains fut complète et définitive. Quant aux chiffres que nous donne cette prophétie, en voici la valeur : les soixante-dix semaines d’années font 490 ans. L’ange Gabriel les divise en trois parties : la première est de sept semaines ou de 49 ans, après lesquels les murs de Jérusalem seront achevés ; la seconde est de soixante-deux semaines, ou 434 ans, à la fin desquels le Christ sera oint ; la troisième comprend la soixante-dixième semaine, au milieu de laquelle le Messie sera mis à mort. La détermination de ces dates n’est pas sans offrir des difficultés. La plupart des commentateurs font partir les soixante-dix semaines de l’édit d’Artaxerxès, vers l’an 445. Depuis cette date jusqu’à la 15e année de Tibère, qui est l’année du baptême du Notre-Seigneur, il s’est écoulé 475 ans ; nous arrivons ainsi à peu de chose près à la 70e semaine, au milieu de laquelle la Sauveur fut crucifié.
Note Dn. 9,24 : Voir Jean, 1, 45. ― Soixante-dix, etc. ; c’est-à-dire, le temps de la captivité a été abrégé et réduit à soixante-dix semaines en faveur de ton peuple et de ta ville sainte. Ces soixante-dix semaines qui sont des semaines d’années (Comparer à Lévitique, 25, 8), et qui font quatre cent quatre-vingt-dix ans, se comptent depuis l’ordre donné par Artaxerxès Longuemain pour le rétablissement de Jérusalem. Cette prophétie de Daniel, qui commence à ce verset et se continue aux trois suivants, ne saurait avoir d’autre objet que le Messie, Jésus de Nazareth. Aussi le très petit nombre des interprètes, qui l’appliquent à Cyrus ou à Alexandre, a contre lui non seulement toute l’antiquité, mais encore la lettre même du texte sacré. ― La Vulgate porte : ont été abrégées ; mais abréger signifie ici, de même que le mot hébreu nekhtak, dont il est la traduction, trancher, arrêter, déterminer, fixer, comme à Isaïe, 10, 22, (?) où consummatio abbreviata signifie un malheur total et déterminé. Ce n’est pas une prophétie conditionnelle et incertaine, mais sûre, qui s’accomplira au temps marqué.
25 Sache donc et remarque. Depuis l’ordre donné pour rebâtir Jérusalem, jusqu’au Christ chef, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines ; et les places et les murs seront rebâtis en des temps d’angoisse (difficiles). 26 Et, après soixante-deux semaines, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui doit le renier ne sera plus à lui. Un peuple, avec un chef qui doit venir, détruira la ville et le sanctuaire ; et sa fin sera la ruine, et, après la fin de la guerre, viendra la désolation décrétée.
Note Dn. 9,26 : Il ne sera pas son peuple. L’hébreu porte : Le Messie sera exterminé [ou retranché, mis à mort], et ce n’est pas lui. Ce dernier membre de phrase incomplet est diversement interprété, mais le sens le plus simple et le plus naturel est celui de notre Vulgate : Le peuple qui l’a renié n’est plus à lui.
27 (Mais) Il confirmera l’alliance avec un grand nombre pendant (dans) une semaine, et, au milieu de la semaine, les victimes (l’oblation) et le sacrifice cesseront, l’abomination de la désolation sera dans le temple, et la désolation durera jusqu’à la consommation et jusqu’à la fin.
Note Dn. 9,27 : Voir Matthieu, 24, 15. ― La désolation. La fin de cette désolation fut une entière ruine commencée par Titus et achevée par Adrien. ― Pour suivre l’ordre des temps, il semble qu’il faut passer d’ici au chapitre 14, qui, ne se trouvant pas dans les exemplaires hébreux, a été renvoyé à la fin du livre dans les exemplaires grecs et latins.

Chapitre 10

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Chap. : 
Vision de Daniel sur le Tigre.
Le prince des Perses résiste à l’ange Gabriel.
Saint Michel vient au secours de Gabriel.
Le prince des Perses vient se joindre à celui des Grecs contre Gabriel.
1 La troisième année de Cyrus, roi des Perses, une parole fut révélée à Daniel, surnommé Baltassar, parole vraie et (d’une) grande force ; et il comprit la parole, car il est besoin d’intelligence dans les (cette) vision(s).
Note Dn. 10,1 : Une parole véritable ; une vraie prophétie. ― Force ; selon la Vulgate et la version grecque de Théodotion ; armée, suivant l’hébreu.
 
2 En ces jours-là, moi, Daniel, je pleurai tous les jours pendant trois semaines ; 3 je ne mangeai pas de pain agréable au goût, ni chair ni vin n’entrèrent dans ma bouche, et je ne m’oignis d’aucun parfum, jusqu’à ce que ces (les jours des) trois semaines fussent accompli(e)s.
Note Dn. 10,3 : Pain désirable (panem desiderabilem) ; délicat, recherché. On l’a déjà remarqué, par le nom de pain, les Hébreux désignaient souvent la nourriture en général.
 
4 (Mais) Le vingt-quatrième jour du premier mois, j’étais près du grand fleuve qui est le Tigre.
Note Dn. 10,4 : Premier mois. Voir Ezéchiel, 29, 17.
5 Et je levai les yeux et je vis : et voici qu’il y avait un homme vêtu de lin, et dont les reins étaient ceints d’or très pur ;
Note Dn. 10,5 : Un homme, etc. ; probablement l’ange Gabriel qui avait déjà apparu à Daniel.
6 son corps était comme le chrysolithe, son visage brillait comme l’éclair, et ses yeux étaient comme une lampe ardente ; ses bras, et tout le reste du corps (ses parties basses) jusqu’aux pieds, étaient comme un airain étincelant, et le bruit (la voix) de ses paroles était comme le bruit d’une multitude. 7 Moi, Daniel, je vis seul la vision ; les hommes qui étaient avec moi ne la virent pas, mais une terreur extrême se précipita sur eux, et ils s’enfuirent dans les (un) lieu(x) caché(s). 8 Et moi, resté seul, je vis cette grande vision ; aucune force ne resta en moi, mon visage fut tout changé, je tombai en faiblesse et je perdis toute vigueur. 9 J’entendis le bruit de ses paroles, et, l’entendant, je gisais sur ma face, consterné, et mon visage était collé à terre.
 
10 Et voici qu’une main me toucha, et me dressa sur mes genoux et sur (le plat de) mes mains. 11 Et il me dit : Daniel, homme de désirs, comprends (entends) les paroles que je vais te dire, et tiens-toi debout ; car je suis maintenant envoyé vers toi. Lorsqu’il m’eut dit cela, je me tins debout en tremblant.
Note Dn. 10,11 : Homme de désirs. Voir Daniel, 9, 23.
12 Et il me dit : Ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’affliger en présence de ton Dieu, tes paroles ont été exaucées, et je suis venu à cause de tes paroles. 13 Le prince du royaume des Perses m’a résisté vingt et un jours ; mais voici que Michel, un des premiers princes, est venu à mon secours ; et je suis demeuré là, près du roi des Perses.
Note Dn. 10,13 : Le prince du royaume des Perses ; c’est-à-dire, selon saint Jérôme, Théodoret, saint Chrysostome, saint Grégoire le Grand, plusieurs autres Pères et la plupart des interprètes, l’ange protecteur du royaume des Perses. Il est appelé prince, comme l’archange saint Michel lui-même. Ce prince des Perses désirait que les Juifs demeurassent dans la Perse, le plus longtemps possible, afin d’y propager la connaissance et le culte du vrai Dieu, tandis que Gabriel et Michel souhaitaient de les voir retourner dans leur patrie pour y rétablir la ville et le temple. Le concours de l’archange Michel a pour objet d’une part de faire connaître à l’ange protecteur des Perses la volonté prise de Dieu, et de l’autre, de persuader au roi des Perses de laisser partir les Juifs, ce en quoi néanmoins il ne réussit qu’après que Gabriel eut achevé sa mission.
14 (Mais) je suis venu pour t’apprendre ce qui doit arriver à ton peuple aux derniers jours, car la vision concerne encore ces temps-là.
Note Dn. 10,14 : La vision, etc. ; c’est-à-dire, ne s’accomplira que dans ces derniers jours. ― Le mot ces de notre traduction est suffisamment justifié par l’article déterminatif qui dans le texte hébreu se trouve attaché au mot jours.
 
15 Tandis qu’il me disait ces paroles, je baissai le visage contre terre et je me tus. 16 Et voici que quelqu’un, qui avait la ressemblance d’un homme, toucha mes lèvres ; et ouvrant la bouche, je parlai, et je dis à celui qui se tenait devant moi : Mon Seigneur, à ta (votre) vue tous mes nerfs se sont relâchés, et il n’est resté en moi aucune force ;
Note Dn. 10,16 : Comme la ressemblance, etc. C’est l’ange Gabriel. ― Du fils d’un homme. Voir sur cette expression, Daniel, 2, 38. Mes jointures ; les jointures de mes lombes. Voir Daniel, 5, 6.
17 et comment le serviteur de mon Seigneur pourra-t-il parler avec mon Seigneur ? Car il n’est resté en moi aucune force, et le souffle même me manque. 18 Celui qui avait la figure d’un homme me toucha donc de nouveau et me fortifia. Et il dit :
Note Dn. 10,18 : Comme la vision, etc. C’est encore le même ange Gabriel.
19 Ne crains pas, homme de désirs ; que la paix soit avec toi ! (;) reprends vigueur et sois ferme. Et, comme il me parlait, je repris des forces et je dis : Parle(z), mon Seigneur, parce que tu (vous) m’as(vez) fortifié.
Note Dn. 10,19 : Homme de désirs. Voir Daniel, 9, 23.
 
20 Alors il dit : Sais-tu pourquoi je suis venu à toi ? Je m’en retourne maintenant pour combattre contre le prince des Perses. Lorsque je sortais, le prince des Grecs est apparu (venant vers moi). 21 Mais je t’annoncerai ce qui est marqué dans (une) l’écriture de vérité ; et nul ne m’aide dans toutes ces choses, sinon Michel, votre prince.
Note Dn. 10,21 : Une écriture de vérité ; hébraïsme, pour une écriture très véritable ; c’est-à-dire le livre où sont écrit les décrets divins dont l’accomplissement ne peut manquer. Comparer à Exode, 32, 32-33 ; Psaumes, 86, 6 ; 138, 16 ; Apocalypse, 3, 5. ― Michel votre prince. Toute l’antiquité a reconnu saint Michel comme l’ange protecteur de la synagogue ; l’Eglise chrétienne l’honore en la même qualité.

Chapitre 11

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Chap. : 
Empire des Perses ruiné par le roi des Grecs.
Guerre contre les rois du midi et du septentrion.
Roi impie ; ses expéditions contre l’Egypte et la Judée ; sa fin malheureuse.
1 Et moi, dès la première année de Darius le Mède, j’étais auprès de lui pour le fortifier et le soutenir.
Note Dn. 11,1 : Or moi, etc. C’est la continuation du discours de l’ange Gabriel.
Note Dn. 11,1 : 0 Ses fils ; les fils du roi de l’aquilon (voir verset 8), Séleucus Callinicus ; ces fils sont Séleucus Céraunius et Antiochus le Grand. ― L’un d’eux ; c’est le dernier. ― Ses forces ; les forces du roi d’Egypte.
 
2 Et maintenant je (vous) t’annoncerai la vérité. Voici, il y aura encore trois rois en Perse, et le quatrième s’élèvera par la grandeur de ses richesses au-dessus de tous ; et, lorsqu’il sera devenu puissant (s’enrichira) par ses richesses, il excitera tous les peuples contre le royaume de Grèce.
Note Dn. 11,2 : Encore ; c’est-à-dire après Cyrus, premier roi des Perses, lequel régnait au temps où Daniel eut cette vision (voir Daniel, 10, 1). ― Trois rois ; Cambyse, Smerdis et Darius, fils d’Hystaspe. ― Le quatrième ; Xerxès.
Note Dn. 11,2 : 6 Ceux qui mangent, etc. ; hébraïsme, pour qui prennent leur nourriture avec lui, qui mangent à sa table.
3 Mais il s’élèvera un roi vaillant (fort), qui dominera avec une grande puissance et qui fera ce qu’il lui plaira.
Note Dn. 11,3 : Un roi fort, etc. C’est Alexandre le Grand.
4 Et, après qu’il se sera élevé, son royaume sera détruit, et divisé aux quatre vents du ciel ; il ne passera pas à ses descendants, et il ne conservera pas la puissance qu’avait eue ce roi ; car son royaume sera déchiré, et il passera à des étrangers, à l’exception de (outre) ceux-là.
Note Dn. 11,4 : Sera partagé. C’est le partage du royaume d’Alexandre en quatre grands royaumes. Comparer à Daniel, 8, vv. 8, 22. ― Outre ceux-là, etc. Outre quatre grands royaumes dont on vient de parler, il se forma de celui d’Alexandre, d’autres petits Etats dans la Cappadoce, l’Arménie, la Bithynie, sur le Bosphore, etc.
Note Dn. 11,4 : 5 Apadno ; nom d’un lieu que Théodoret place non loin de Jérusalem, et saint Jérôme près de Nicopolis ; Théodotion et Procope font également de ce mot un nom propre de lieu ; mais les interprètes modernes l’expliquent généralement par citadelle, palais, sens qu’il a en hébreu, en chaldéen, en syriaque, et même en arabe.
 
5 Le roi du midi se fortifiera, et l’un de ses princes prévaudra sur lui, et il dominera avec puissance, car son empire (sa domination) sera grand(e).
Note Dn. 11,5 : Le roi du midi ; le roi d’Egypte, située en effet au midi par rapport à la Judée et à la Syrie. Ce roi est Ptolémée, fils de Lagus. ― Un de ses princes ; des princes d’Alexandre (voir verset 4). Ce prince est Séleucus-Nicator, fondateur du nouveau royaume de Syrie.
 
6 Après quelques années ils feront alliance, et la fille du roi du midi viendra vers le roi de l’aquilon pour faire amitié ; mais elle ne s’établira pas par un bras fort, et sa race ne subsistera pas ; elle sera livrée elle-même, avec les jeunes hommes qui l’avaient amenée et qui la soutenaient en ces temps(-là).
Note Dn. 11,6 : La fille, etc. ; Bérénice, fille de Ptolémée Philadelphe. ― Viendra pour épouser Antiochus Théus, roi de Syrie, petit-fils de Séleucus-Nicator ; condition de l’alliance. ― La force du bras ; une grande autorité. ― Les jeunes hommes ; ses serviteurs et ses familiers.
 
7 Mais (Et) il sortira (s’élèvera) un rejeton du germe de ses racines ; et il viendra avec une armée, et il entrera dans les provinces du roi de l’aquilon ; il les ravagera et s’en rendra maître.
Note Dn. 11,7 : Un plant ; Ptolémée Evergète, fils et successeur de Ptolémée Philadelphe, et frère de Bérénice, est figuré par ce plant.
8 Bien plus, il emmènera captifs en Egypte leurs dieux, leurs statues (images taillées au ciseau) et leurs vases précieux d’argent et d’or, et il prévaudra sur le roi de l’aquilon. 9 Le roi du midi entrera dans son royaume, puis il reviendra dans son pays.
Note Dn. 11,9 : Son royaume ; le royaume de l’aquilon.
 
10 Ses fils s’animeront (s’irriteront) et réuniront (une multitude) de puissantes (très nombreuses) armées ; et l’un d’eux viendra en toute hâte (, comme un torrent qui déborde) ; il reviendra ensuite, et, plein d’ardeur, il combattra contre les forces du midi. 11 Le roi du midi, provoqué (irrité), sortira et combattra contre le roi de l’aquilon ; il rassemblera une multitude immense, et l’armée ennemie sera livrée entre ses mains.
Note Dn. 11,11 : Le roi du midi, Ptolémée Philopator, successeur de Ptolémée Evergète.
12 Il s’emparera de cette multitude, et son cœur s’élèvera ; il renversera des milliers nombreux, mais il ne triomphera pas. 13 Car le roi de l’aquilon reviendra et rassemblera une multitude beaucoup plus nombreuse qu’auparavant ; et, à la fin des temps et des années, il s’avancera en toute hâte avec une grande armée et d’immenses richesses (des formes immenses).
Note Dn. 11,13 : Le roi de l’aquilon ; Antiochus. ― A la fin, etc. ; c’est-à-dire après un certain nombre d’années.
14 En ces temps-là beaucoup s’élèveront contre le roi du midi ; les enfants des prévaricateurs de ton peuple s’élèveront aussi pour accomplir la vision, et ils tomberont.
Note Dn. 11,14 : Voir Isaïe, 19, 16. ― Les fils des prévaricateurs ; expression poétique, qui signifie simplement les prévaricateurs. On l’entend communément des Juifs qui suivirent Onias, fils du grand-prêtre Onias III, lorsque, s’étant retiré en Egypte, il s’attacha au service de Ptolémée Philopator, fils et successeur d’Epiphane, et obtint de lui la permission de bâtir dans son royaume un temple semblable à celui de Jérusalem, prétendant accomplir ainsi la prophétie d’Isaïe, 19, 18-19.
15 Le roi de l’aquilon viendra, et il dressera des terrasses (formera un rempart), et il prendra les villes les plus fortes ; les bras du midi n’en soutiendront pas l’effort ; ses hommes d’élite se lèveront pour résister, et ils seront sans force. 16 Venant contre lui, il fera ce qu’il lui plaira, et il n’y aura personne qui se tienne devant lui ; il entrera dans la contrée si célèbre, et elle sera ruinée sous sa main.
Note Dn. 11,16 : La terre illustre ; selon l’hébreu, la terre de la beauté ; c’est-à-dire la Judée. Comparer à Daniel, 8, 9.
17 Il s’affermira dans le dessein de venir s’emparer de tout son royaume ; il agira équitablement avec lui, il lui donnera sa (une) fille (de ses femmes) en mariage, afin de le renverser ; mais cela n’aura pas lieu, et il ne réussira pas.
Note Dn. 11,17 : Elle ne sera pas pour lui. La fille d’Antiochus en effet, devenue femme de Ptolémée, abandonna les intérêts de son père et embrasse ceux de son mari.
18 Il se tournera contre les îles, et il en prendra plusieurs ; il arrêtera le prince qui doit le couvrir d’opprobre, et son opprobre retombera sur lui.
Note Dn. 11,18 : Les îles. Le mot hébreu correspondant signifie proprement région lointaine, contrée très éloignée.
19 Il se dirigera ensuite vers les terres de son empire, et il se heurtera ; et il tombera, et on ne le trouvera plus.
Note Dn. 11,19 : Et on ne le trouvera pas ; il disparaîtra. Antiochus ayant pillé un temple dans la province d’Elymaïs, fut massacré par la population.
 
20 Un homme très méprisable et indigne du nom de roi prendra sa place, et il sera brisé en peu de jours, non par la colère ni dans le combat.
Note Dn. 11,20 : Et il s’élèvera, etc. Le successeur d’Antiochus fut son fils aîné, Séleucus Philopator. ― Il périra, etc. Séleucus périt par les artifices de son ministre Héliodore qui voulait usurper son royaume.
 
21 A sa place sera un homme méprisé, à qui on n’accordera pas les honneurs royaux ; il viendra en secret, et il s’emparera du royaume par la fraude.
 
22 Les bras du combattant seront chassés devant lui et brisés, comme aussi le chef de l’alliance. 23 Et après des alliances, il le trompera, il s’avancera et triomphera avec peu de troupes. 24 Il entrera dans les villes grandes et riches, et il fera ce que n’avaient fait ni ses pères, ni les pères de ses pères : il amassera (dissipera) le(urs) butin (rapines), le(ur)s dépouilles (butins) et leurs richesses ; il formera des entreprises contre les forteresses, et cela pendant (jusqu’à) un certain temps.
Note Dn. 11,24 : Leurs rapines, leur butin ; les rapines, le butin des ennemis.
 
25 Sa force et son cœur s’exciteront contre le roi du midi, avec une grande armée ; et le roi du midi sera provoqué à la guerre par de grands secours et de fortes troupes ; mais elles ne tiendront pas, car on méditera de mauvais desseins contre lui. 26 Et ceux qui mange(ro)nt du pain avec lui le ruineront ; son armée sera accablée, et les morts tomberont en (très) grand nombre. 27 Le cœur des deux rois sera porté à faire le mal, et à la même table ils proféreront le mensonge, et ils ne réussiront pas, car la fin est pour un autre temps (encore).
Note Dn. 11,27 : La fin, etc. ; le temps de leur ruine n’est pas encore venu.
28 Il retournera dans son pays avec de grandes richesses ; son cœur sera hostile à l’alliance sainte ; il agira et il retournera dans son pays.
Note Dn. 11,28 : Il retournera ; c’est-à-dire, Antiochus Epiphane. ― L’alliance sainte (testamentum sanctum) ; la loi divine des Juifs, appelée au verset 30 l’alliance du sanctuaire, parce qu’elle était conservée dans le temple. On pourrait encore entendre par cette expression tout ce qui appartenait à la religion des Juifs. Comparer sur l’ensemble de ce verset 28, 1 Machabées, 1, 20-24 ; 2 Machabées, 5, 21.
 
29 Au temps prescrit, il retournera et reviendra vers le midi, et son dernier état (mais sa dernière expédition) ne sera pas semblable au (à la) premier(ère). 30 Les vaisseaux (Et des trirèmes) et les (des) Romains viendront contre lui ; il sera frappé, il retournera, et il s’indignera contre l’alliance du sanctuaire, et il agira ; il retournera encore et entreprendra (des desseins même) contre ceux qui auront abandonné l’alliance du sanctuaire.
Note Dn. 11,30 : Des trirèmes et des Romains ; hébraïsme, pour les trirèmes des Romains ; c’est-à-dire, les Romains sur leurs trirèmes. Le texte hébreu porte des vaisseaux de Céthim, ou de la Macédoine. Nous savons par Tite-Live et Justin que des légats romains mirent fin à la guerre et obligèrent Antiochus à s’en retourner. Ces historiens remarquent qu’étant arrivés à l’île de Délos, les légats y trouvèrent des vaisseaux légers macédoniens. Or cette remarque autorise à croire que les légats s’en servirent pour leur voyage. ― L’alliance du sanctuaire. Voir le verset 28. Comparer à 1 Machabées, 1, vv. 30, 54 ; 2 Machabées, 4, verset 7 et suivants ; 5, vv. 24, 26. ― Contre ceux. C’est évidemment le sens de la Vulgate (adversum eos). C’est aussi celui qu’ont donné les versions catholiques allemande, anglaise, italienne, Ménochius, etc. Ce texte hébreu peut signifier pour ceux, en faveur de ceux ; mais il est aussi susceptible du sens donné par la Vulgate.
31 Des bras (armés) sortiront de lui et violeront le sanctuaire de la force ; ils feront cesser le sacrifice perpétuel, et ils mettront (ajouteront à) l’abomination (dans) la désolation.
Note Dn. 11,31 : Et des bras, etc. Voir 1 Machabées, 1, verset 43 et suivants ; 2 Machabées, 6, verset 1 et suivants. Le sanctuaire de la force ; le temple, ainsi appelé parce qu’on y adorait le Dieu fort, le tout-puissant, ou parce que le temple lui-même était très fortifié, à l’instar d’une citadelle.
32 Et (contre l’alliance) les prévaricateurs (impies) de l’alliance useront de déguisement et de fraude ; mais le peuple qui connaît son Dieu s’attachera à la loi (prévaudra) et agira.
Note Dn. 11,32 : Les impies useront, etc. Voir 2 Machabées, 6, 21.
33 Les savants parmi le peuple en instruiront un grand nombre, et ils tomberont par l’épée, par la flamme, par la captivité et par des brigandages prolongés (de plusieurs jours).
Note Dn. 11,33 : Les savants, etc. Ceci regarde principalement Mathathias et ses fils, de la tribu de Lévi. Voir 1 Machabées, 2, verset 27 et suivants.
34 Après être tombés, ils seront soulagés par un faible (très petit) secours, et plusieurs se joindront à eux par hypocrisie (frauduleusement).
Note Dn. 11,34 : Par un très petit secours ; celui des frères Machabées. Voir 1 Machabées, 2, verset 1 et suivants. ― Beaucoup se joindront, etc. Voir 2 Machabées, 8, verset 1 et suivants.
35 Il y en aura parmi les (ces) savants qui succomberont, pour passer par le feu, et devenir purs et blancs jusqu’au temps prescrit ; car il y aura encore un autre temps.
Note Dn. 11,35 : Un autre temps ; un temps différent, un temps de consolation.
 
36 Le roi fera ce qu’il voudra ; il s’élèvera et se grandira contre tout dieu ; il parlera insolemment contre le Dieu des dieux ; il réussira jusqu’à ce que la colère (de Dieu contre son peuple) soit accomplie, car il a été ainsi arrêté. 37 Il n’aura aucun égard au Dieu de ses pères, et il sera dans la passion des femmes ; il ne se souciera d’aucun des dieux, car il s’élèvera contre toutes choses.
Note Dn. 11,37 : Il sera livré, etc. Voir 2 Machabées, 4, 30.
38 Il révérera le dieu Maozim dans son temple ; et il honorera avec l’or, l’argent, les pierres précieuses et ce qu’il y a de plus beau (d’autres choses précieuses), un dieu que ses pères ont ignoré.
Note Dn. 11,38 : Le dieu Maozim ; est selon plusieurs l’idole de Jupiter Olympien, qu’Antiochus fit placer dans le temple de Jérusalem. Comparer à 1 Machabées, 1, 57 ; 2 Machabées, 6, 2. L’hébreu porte, Elôhah, mâhuzzim, qui signifie dieu de lieux fortifiés, de forteresses ; ce que quelques-uns entendent de Mars, dieu de la guerre ; mais d’autres du vrai Dieu.
39 Et il fortifiera Maozim au moyen du dieu étranger qu’il a connu ; il multipliera leur gloire, il leur donnera de la puissance en beaucoup de choses, et il partagera la terre gratuitement.
Note Dn. 11,39 : Maozim ; c’est-à-dire les forteresses ; allusion à la signification du nom du dieu. Antiochus fit bâtir en effet une forteresse auprès du temple du Seigneur, où il avait placé la statue de son Dieu, comme pour le défendre contre toute attaque. ― Leur ; se rapporte aux Juifs qui adorèrent l’idole d’Antiochus.
 
40 Et au temps marqué, le roi du midi combattra contre lui, et le roi de l’aquilon viendra contre lui comme une tempête, avec des chars, et des cavaliers, et une grande flotte ; il entrera dans les terres, et il les ravagera, et il passera à travers (au-delà).
Note Dn. 11,40 : Ce verset et les suivants sont une récapitulation des versets 22 à 30.
41 Il entrera dans le pays de gloire, et plusieurs provinces succomberont (seront ruinées). Celles-ci seules seront sauvées de ses mains : Edom, Moab et la principauté (le commencement) des enfants d’Ammon.
Note Dn. 11,41 : La terre glorieuse ; la Judée. Comparer à Daniel, 8, 9 ; 11, 16. ― Le commencement, etc. ; les premières les principales terres des Ammonites.
42 Il étendra sa main sur les contrées, et le pays d’Egypte n’échappera pas. 43 Il se rendra maître des trésors d’or et d’argent, et de tout ce qu’il y a de précieux en Egypte ; il passera aussi à travers la Libye et l’Ethiopie. 44 Des nouvelles de l’orient et de l’aquilon le troubleront, et il viendra avec de grandes troupes (une grande multitude) pour briser et pour massacrer des hommes nombreux. 45 Il dressera sa tente à Apadno, entre les mers, sur la (une) montagne célèbre et sainte ; et il ira jusqu’à son sommet, et personne ne lui viendra en aide.

Chapitre 12

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Chap. : 
Délivrance du peuple de Dieu.
Résurrection.
Gloire des saints.
Terme de la durée de la grande désolation.
1 (Mais) En ce temps-là, Michel, le grand prince, s’élèvera, lui qui protège (est pour) les enfants de ton peuple ; et il viendra un temps tel qu’il n’y en a pas eu depuis que les peuples ont commencé à exister, jusqu’à ce jour. En ce temps-là, quiconque, parmi ton peuple, sera trouvé écrit dans le livre, sera sauvé.
Note Dn. 12,1 : Mais, etc. ; continuation du chapitre précédent. ― En ce temps-là ; c’est-à-dire au temps d’Antiochus Epiphane, selon saint Chrysostome et quelques commentateurs ; mais, suivant la plupart des autres Pères et des interprètes, au temps de l’Antéchrist et de la fin du monde. Dans le style prophétique, en effet, cette expression ne se rapporte pas toujours au temps dont il vient d’être question, mais simplement au temps à venir, que l’esprit de Dieu découvre aux prophètes, et dans lesquels les divers événements qu’ils annoncent sont quelquefois séparés de plusieurs siècles. ― Qui est pour, etc. Comparer à Daniel, 10, 21. ― Viendra un temps, etc. Voir Matthieu, 24, 21. ― Le livre ; de vie. Etre écrit dans ce livre, c’est être prédestiné à la gloire.
2 Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l’opprobre qu’ils verront toujours.
Note Dn. 12,2 : Voir Matthieu, 25, 46. ― Beaucoup de ceux ; c’est-à-dire, toute la multitude de ceux. Dans le style biblique on met fréquemment beaucoup pour la totalité, lorsque cette totalité comprend un nombre considérable. ― Qu’ils le voient ; hébraïsme, pour qu’ils le sentent, qu’ils l’éprouvent. ― Ce verset et sa suite montre clairement qu’il s’agit de la résurrection générale à la fin du monde.
3 Et ceux qui auront été savants brilleront comme la splendeur du firmament ; et ceux qui en auront instruit plusieurs dans la justice luiront comme des étoiles dans des éternités sans fin.
Note Dn. 12,3 : Brilleront, etc. Comparer à Sagesse, 3, 7 ; Matthieu, 13, 43.
 
4 Pour (Mais) toi, Daniel, tiens ces paroles fermées, et scelle le livre jusqu’au temps marqué ; plusieurs (beaucoup) le parcourront et la science se multipliera.
Note Dn. 12,4 : Ferme les paroles, etc. Voir Daniel, 8, 26. ― Temps déterminé pour leur accomplissement. ― Le parcourront alors. ― La science, etc. ; ils en retireront beaucoup de connaissances ; selon d’autres, ils en donneront diverses explications.
 
5 Et moi, Daniel, je regardai, et voici, comme deux autres hommes étaient debout : l’un en deçà, sur une rive du fleuve, et l’autre au-delà, sur l’autre rive du fleuve.
Note Dn. 12,5-6 : Du fleuve ; du Tigre. Comparer à Daniel, 10, 4.
6 Et je dis à l’homme vêtu de lin qui se tenait sur les eaux du fleuve : Quand sera la fin de ces merveilles ?
Note Dn. 12,6 : L’homme qui était vêtu de lin. Voir Daniel, 10, 5. ― La fin ; l’accomplissement.
7 Et j’entendis l’homme vêtu de lin qui se tenait sur les eaux du fleuve ; élevant au ciel la main droite et la main gauche, il jura par celui qui vit éternellement que ce serait dans un temps, deux temps et la moitié d’un temps, et que toutes ces choses seraient accomplies, lorsque la dispersion de l’assemblée du peuple (saint) serait achevée. 8 J’entendis, et je ne compris pas. Et je dis : Mon Seigneur, qu’arrivera-t-il après cela ? 9 Et il dit : Va, Daniel ; car ces (les) paroles sont fermées et scellées jusqu’au temps marqué. 10 Plusieurs (Beaucoup) seront élus, et blanchis, et éprouvés comme (par) le feu ; les impies agiront avec impiété, et tous les (aucun des) impies ne comprendront pas ; mais ceux qui seront instruits comprendront.
Note Dn. 12,10 : Aucun des impies (neque omnes impii). En hébreu, le mot tout, accompagné d’une négation, équivaut à pas un, aucun, nul.
11 A partir du temps où le sacrifice perpétuel aura été aboli, et l’abomination de la désolation établie, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours. 12 (Bien) Heureux celui qui attend et qui parvient jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours ! (.)
Note Dn. 12,12 : Mille, etc., ce qui fait quarante-cinq jours de plus qu’au verset précédent. Or, suivant saint Jérôme et Théodoret, ces quarante-cinq jours sont ceux qui s’écouleront entre la mort de l’Antéchrist qui arrivera au bout de mille deux cent quatre-vingt-dix jours, et le dernier avènement de Jésus-Christ. Ceux qui en font l’application au temps des Machabées entendent les jours qui s’écoulèrent entre la nouvelle consécration du temple et la mort d’Antiochus.
13 Pour toi, va jusqu’au temps marqué, et tu te reposeras, et tu demeureras dans ton sort jusqu’à la fin des jours.
Note Dn. 12,13 : Mais toi ; Daniel. ― Va, etc. ; c’est-à-dire, attends jusqu’à ta mort, tu vivras dans la paix et dans le repos, et tu jouiras de tes dignités, de ton rang élevé jusqu’à la fin de ta vie ; ou bien, tu mourras, mais tu jouiras aussitôt d’un repos qui durera jusqu’à la fin des temps, où tu ressusciteras pour entrer en possession de la félicité éternelle. ― Jusqu’ici, etc. C’est une remarque de saint Jérôme. Les deux chapitres suivants, quoique n’ayant pas été traduits du texte original, ont été reconnus par l’Eglise comme faisant partie des divines Ecritures. Voir notre observation à Daniel, note 3.23.

Chapitre 13

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Chap. : 
Jusqu’ici nous avons lu Daniel dans le volume hébreu. Ce qui suit jusqu’à la fin du livre a été traduit de l’édition de Théodotion.
Histoire de Susanne injustement accusée et condamnée.
Daniel la délivre.
1 (Or) Il y avait un homme qui habitait à Babylone, et dont le nom était Joakim.
Note Dn. 13,1 : Joakim était un des principaux Juifs captifs à Babylone.
2 Il prit une femme nommée Susanne, fille d’Helcias, parfaitement belle et craignant Dieu ;
Note Dn. 13,2 : Susanne signifie lis.
3 car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse. 4 Or Joakim était très riche, et il avait un jardin fruitier (verger) près de sa maison ; et les Juifs affluaient (souvent) chez lui, parce qu’il était le plus honorable (considérable) de tous.
 
5 On avait établi pour juges, cette année-là, deux vieillards d’entre le peuple ; c’est d’eux que le Seigneur a dit : L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui semblaient conduire le peuple.
Note Dn. 13,5 : On établit, etc. On voit par ces paroles que, quoiqu’en captivité, les Juifs n’étaient pas privés du droit de juger des cas qui concernaient leurs lois et les affaires des individus de leur nation entre eux. ― Disant. Voir sur ce mot, Daniel, 12, 7. ― L’iniquité, etc. Cette citation n’est pas écrite dans les Livres saints, elle pouvait se trouver dans la tradition. Quelques-uns prétendent qu’elle se rapporte à Jérémie (voir Jérémie, 23, 14 et chapitre 29), où on voit en effet une pensée analogue à celle qu’exprime ici Daniel.
6 Ceux-là fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des affaires à juger venaient les y trouver (vers eux).
Daniel 13, 7-23 : Suzanne au bain - Gravure de Gustave Doré
Daniel 13, 7-23 : Suzanne au bain - Gravure de Gustave Doré
7 Lorsque la foule était partie, sur le midi, Susanne entrait et se promenait dans le jardin (verger) de son mari. 8 Ces vieillards l’y voyaient tous les jours entrer et se promener, et ils brûlèrent de passion pour elle ; 9 ils pervertirent leur sens, et ils détournèrent leurs yeux, pour ne pas voir le ciel et pour ne se pas souvenir des justes jugements.
Note Dn. 13,9 : Des justes jugements de Dieu.
10 Ils étaient donc tous deux blessés de son amour, mais ils ne s’entre-dirent pas leur peine ; 11 car ils rougissaient de se découvrir l’un à l’autre leur passion, voulant corrompre Susanne (tous l’assouvir). 12 Et ils cherchaient tous les jours, avec grand soin, à la voir. Ils se dirent l’un à l’autre : 13 Allons chez nous, car c’est l’heure du dîner ; et étant sortis, ils se séparèrent l’un de l’autre.
Note Dn. 13,13 : L’heure du dîner ; l’heure de midi (voir verset 7).
14 Mais, revenant aussitôt, ils se rencontrèrent, et, après s’en être demandé mutuellement la raison, ils avouèrent leur passion ; et alors ils fixèrent ensemble un temps où ils pourraient la trouver seule.
 
15 Comme ils cherchaient un jour convenable, il arriva que Susanne entra, selon la coutume, accompagnée seulement de deux jeunes filles, et elle voulut se baigner dans le jardin (verger), car il faisait chaud ;
Note Dn. 13,15 : La veille, etc. ; littéralement hier et avant-hier ; hébraïsme, pour auparavant.
16 et il n’y avait là personne que les deux vieillards, qui étaient cachés et qui la regardaient. 17 Elle dit donc aux jeunes filles : Apportez-moi de l’huile et des parfums (savons) et fermez les portes du jardin (verger), afin que je me baigne. 18 Elles firent ce qu’elle avait commandé ; elles fermèrent les portes du jardin (verger) et elles sortirent par une (la) porte de derrière, pour apporter ce qu’elle avait ordonné ; et elles ne savaient pas que les vieillards furent cachés à l’intérieur (du verger).
 
19 Lorsque les jeunes filles (servantes) furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Susanne et lui dirent : 20 Voici, les portes du jardin sont fermées ; personne ne nous voit et nous brûlons de passion pour toi (vous) ; (rendez-vous) rends-toi donc à notre désir et unis-toi (livrez-vous) à nous. 21 Si tu (vous) refuses(z), nous témoignerons contre toi (vous), et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi (vous), et que c’est pour cela que tu (vous) as(vez) renvoyé tes (vos) jeunes filles. 22 Susanne gémit (soupira) et dit : L’angoisse m’entoure de tous côtés ; car si je fais cela, c’est la mort pour moi ; si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains. 23 Mais il est meilleur pour moi de tomber sans motif entre vos mains, que de pécher en la présence du Seigneur. 24 Alors Susanne poussa un grand cri, et les vieillards crièrent aussi contre elle. 25 Et l’un d’eux courut à la porte du jardin (verger) et l’ouvrit. 26 Ayant entendu crier dans le jardin (verger), les serviteurs de la maison se précipitèrent par la porte de derrière, pour voir ce que c’était. 27 (Mais) Après que les vieillards eurent parlé, les serviteurs éprouvèrent une grande honte, parce qu’on n’avait jamais rien dit de semblable de Susanne. Le lendemain arriva,
 
28 et le peuple étant venu chez Joakim son mari, les deux vieillards y vinrent aussi, pleins d’une résolution criminelle (inique) contre Susanne, pour lui faire perdre la vie. 29 Et ils dirent devant le peuple : Envoyez chercher Susanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. On y envoya aussitôt, 30 et elle vint avec ses parents, ses enfants et tous ses proches (parents). 31 Or Susanne était d’une délicatesse et d’une beauté parfaites (extrêmement gracieuse et belle de visage). 32 (Mais) Ces méchants ordonnèrent qu’on lui ôtât son voile (car elle était voilée), afin de se rassasier au moins en cette manière de sa beauté.
Note Dn. 13,32 : Commandèrent, etc. On voit, dans la loi mosaïque, que la femme accusée d’adultère par son mari, avait le visage découvert pendant le jugement (voir Nombres, 5, 18). Les accusateurs de Susanne prirent sans doute prétexte de cet article de la loi, pour lui faire ôter son voile, sans lequel aucune femme en Orient ne peut paraître en public.
33 Les siens et tous ceux qui l’avaient connue pleuraient. 34 Alors les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.
Note Dn. 13,34 : Mirent leurs mains, etc. ; usage consacré chez les Hébreux, surtout dans les condamnations à mort (voir Lévitique, 24, 14).
35 Elle, en pleura(nt), leva les yeux au ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur. 36 Et les vieillards dirent : Comme nous nous promenions seuls dans le jardin (verger), cette femme est entrée avec deux (jeunes) servantes ; elle a fermé les portes du jardin (verger) et elle a renvoyé les jeunes filles. 37 Et un jeune homme, qui était caché, est venu et a péché (commis le crime) avec elle. 38 Nous étions dans un coin du jardin (verger), et, voyant cette iniquité, nous sommes accourus (avons couru) à eux, et nous les avons vus s’unir (ensemble). 39 Lui, nous n’avons pu le prendre, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé (est sorti avec précipitation). 40 Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. C’est de quoi nous sommes témoins. 41 La multitude les crut, parce qu’ils étaient des anciens et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.
Note Dn. 13,41 : A mort. La lapidation était la peine de l’adultère (voir Lévitique, 20, 10 ; Jean, 8, 5).
 
42 Alors (Mais) Susanne poussa un grand cri et dit : Dieu éternel, qui pénétrez ce qui est caché, et qui connaissez toutes choses avant qu’elles arrivent, 43 vous savez qu’ils ont porté un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de tout ce qu’ils ont inventé malicieusement contre moi. 44 Et (Or) le Seigneur entendit sa voix. 45 Et comme on la conduisait à la mort, le Seigneur suscita l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel,
Note Dn. 13,45 : L’esprit saint ; l’esprit de prophétie, pour découvrir le crime des vieillards et les convaincre par leur propre bouche avant l’instruction de l’affaire. ― D’un jeune homme (pueri junioris). L’épithète junior, littéralement plus jeune, ne change pas la signification de puer, qualification donnée déjà quatre fois (voir Daniel, 1, vv. 4, 13, 15, 17) à Daniel, sans cet adjectif. Au reste, quel que fût l’âge de Daniel, aidé d’une lumière surnaturelle, il n’a nullement été précipité dans son jugement, comme l’ont prétendu certains incrédules.
46 qui cria à haute voix : Je suis pur (innocent) du sang de cette femme. 47 Tout le peuple se tourna vers lui et dit : Quelle est cette parole que tu as proférée ? 48 (Lui,) Se tenant debout au milieu d’eux, il dit : Etes-vous assez insensés, fils d’Israël, pour condamner, sans la juger et sans connaître la vérité, une fille d’Israël ? 49 Jugez-la de nouveau, car ils ont porté un faux témoignage contre elle.
 
50 Le peuple revint donc en grande hâte, et les vieillards dirent à Daniel : Viens, et prends place au milieu de nous, et instruis-nous, puisque Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse.
Daniel 13, 51 : Justification de Suzanne - Gravure de Gustave Doré
Daniel 13, 51 : Justification de Suzanne - Gravure de Gustave Doré
51 (Et) Daniel dit au peuple : Séparez-les l’un de l’autre, et je les jugerai. 52 Lorsqu’ils eurent été séparés l’un de l’autre, Daniel appela l’un d’eux et lui dit : Homme vieilli dans le mal, les péchés que tu as commis autrefois viennent maintenant sur toi,
Note Dn. 13,52 : Maintenant, etc. ; c’est maintenant que tous vos crimes sont retombés sur vous, et que vous allez les expier.
53 qui rendais des jugements injustes, qui opprimais les innocents et qui relâchais les coupables, quoique le Seigneur ait dit : Tu ne feras pas mourir (un) l’innocent et le (un) juste.
Note Dn. 13,53 : Tu ne feras pas, etc. Voir Exode, 23, 7.
54 Maintenant donc, si tu (vous) l’as(vez) vue, di(te)s sous quel arbre tu (vous) les as(vez) vus parler ensemble. Il dit : Sous un lentisque. 55 Daniel lui dit : Vraiment tu as (vous avez) menti contre ta (votre) tête ; car voici que (qu’un) l’ange de Dieu, ayant reçu son arrêt, te (vous) coupera en deux.
Note Dn. 13,55 ; 13.59 : Contre votre tête ; de manière que votre mensonge va retomber sur votre tête, va tourner à votre perte. ― Vous coupera par le milieu. Il y a un jeu de mots dans le grec ; d’où on a prétendu que le grec était le texte original ; mais en bonne critique cela ne le prouve pas, parce que l’allusion a pu se trouver dans la version sans avoir été dans le texte, et qu’il pouvait y avoir dans le texte une allusion semblable à celle qui se lit dans la version ; mais on ne connaît pas assez les noms hébreux des arbres pour pouvoir déterminer quelles étaient les expressions du texte. Il est probable que l’expression, vous coupera par le milieu, signifie ici vous exterminera, et que les deux vieillards furent lapidés, suivant la loi du talion qui veut que le faux accusateur souffre la peine qu’il a voulu faire souffrir à l’innocent. Voir les versets 61 et 62 ; Deutéronome, 19, 18-19.
56 Après l’avoir renvoyé, il ordonna qu’on fît venir l’autre, et il lui dit : Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté (vous) t’a séduit, et la passion a perverti ton (votre) cœur. 57 C’est ainsi que vous traitiez les filles d’Israël, et, effrayées, elles vous parlaient ; mais une (la) fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité. 58 Maintenant donc, di(te)s-moi sous quel arbre tu (vous) les as(vez) surpris lorsqu’ils se parlaient. Il dit : Sous un chêne (une yeuse). 59 Daniel lui dit : Vraiment, toi (vous) aussi tu (vous) as(vez) menti contre ta (votre) tête ; car l’ange du Seigneur est (tout) prêt, et tient l’épée pour te (vous) couper par le milieu et pour te (vous) faire mourir (tous deux).
 
60 Alors toute l’assemblée poussa un grand cri, et ils bénirent Dieu, qui sauve ceux qui espèrent en lui. 61 Et ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir porté un faux témoignage ; et ils leur firent le mal qu’ils avaient fait à leur prochain, 62 pour exécuter la loi de Moïse. Ils les firent mourir, et le (un) sang innocent fut sauvé en ce jour-là.
Note Dn. 13,62 : Voir Deutéronome, 19, 18-19.
63 Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim son mari et tous ses proches (parents), de ce que rien de honteux ne s’était trouvé en elle. 64 Quant à Daniel, il devint grand devant le peuple, depuis ce jour-là et dans la suite.
 
65 Et le roi Astyages ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse lui succéda dans le royaume.
Note Dn. 13,65 : Ce verset n’a aucun rapport avec l’histoire de Susanne, arrivée au commencement du règne de Nabuchodonosor ; il appartient plutôt au chapitre suivant, où sont racontés des faits qui datent du commencement du règne de Cyrus. ― Astyage ; est selon plusieurs le fils d’Astyage, Cyaxare II, Darius le Mède, mais voir Daniel, 5, 31.

Chapitre 14

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Chap. : 
Daniel découvre l’imposture des prêtres de Bel, fait mourir un dragon adoré par les Babyloniens, est jeté dans la fosse aux lions, et en est délivré.
1 Daniel mangeait à la table du roi, qui l’avait honoré au-dessus de tous ses amis.
 
2 Il y avait alors (aussi) chez les Babyloniens une idole nommée Bel ; on dépensait chaque jour pour elle douze mesures (artabes, note) de (fleur de) farine, quarante brebis et six amphores de vin.
Note Dn. 14,2 : Bel ; ancien roi de Babylone qui fut mis au rang des dieux par ses sujets après sa mort. ― Artabes ; mesure en usage chez les Babyloniens ; elle contenait soixante-douze setiers, suivant saint Epiphane et saint Isidore de Séville ; mais d’autres lui donnent une capacité différente. ― Amphores. Il s’agit probablement ici de l’amphore attique, qui contenait trois urnes ou soixante-douze setiers, et non de la romaine qui était seulement de deux urnes ou quarante-huit setiers ; le grec lit métrètes, c’est-à-dire mesures. ― Pour la valeur de ces diverses mesures, voir la note 21 à la fin du volume.
3 Le roi l’honorait aussi, et il allait chaque jour l’adorer. Mais Daniel adorait son Dieu. Et le roi lui dit : Pourquoi n’adores-tu pas Bel ? 4 Il lui répondit : Parce que je n’adore pas des idoles faites de main d’homme, mais le Dieu vivant, qui a créé le ciel et la terre, et qui a puissance sur toute chair.
Note Dn. 14,4 : Toute chair. Voir sur cette expression, Daniel, 4, 9.
5 Le roi dit à Daniel : Est-ce que Bel ne te paraît pas être un Dieu vivant ? Ne vois-tu pas combien il mange et boit chaque jour ?
Daniel 14, 6 : Daniel confond les prêtres de Bel - Gravure de Gustave Doré
Daniel 14, 6 : Daniel confond les prêtres de Bel - Gravure de Gustave Doré
6 Daniel dit en souriant : Ne (vous) t’y trompe(z) pas, ô roi ; ce Bel est de boue (d’argile) au dedans et d’airain au dehors, et il ne mange jamais.
Note Dn. 14,6 : Est d’argile. Beaucoup de statues à Babylone étaient en argile, parce que la Chaldée n’a pas de pierre et que le bois y est rare. On recouvrait quelquefois d’un métal précieux ces statues de terre.
7 Alors le roi irrité appela les prêtres de Bel et leur dit : Si vous ne me dites quel est celui qui mange tous ces aliments, vous mourrez. 8 Mais si vous me montrez que c’est Bel qui mange tout cela, Daniel mourra, parce qu’il a blasphémé contre Bel. Daniel dit au roi : Qu’il soit fait selon ta (votre) parole.
 
9 Or les prêtres de Bel étaient au nombre de soixante-dix, sans compter leurs femmes, leurs enfants et leurs petits-enfants. Le roi alla avec Daniel au temple de Bel,
Note Dn. 14,9 : Et les petits enfants, etc. ; c’est-à-dire, tous les enfants grands et petits.
10 et les prêtres de Bel dirent : Voici, nous allons sortir ; et toi (vous), ô roi, fai(te)s apporter les mets et servir le vin ; puis ferme(z) la porte et scelle(z)-la de ton (votre) anneau ;
Note Dn. 14,10 : Mêlez le vin ; c’est-à-dire, préparez. Comparer à Proverbes, 9, 2.
11 et quand tu (vous) seras(ez) entré demain matin, si tu (vous) ne trouves(z) pas que Bel a tout mangé, nous mourrons (de mort), nous, ou Daniel qui a menti contre nous.
Note Dn. 14,11 : Nous mourrons de mort ; hébraïsme, pour irrémissiblement.
12 Ils parlaient ainsi avec mépris (par bravade) parce qu’ils avaient fait sous la table une entrée secrète, par laquelle ils venaient toujours pour dévorer les offrandes.
 
13 Après donc que les prêtres furent sortis, le roi plaça les mets devant Bel, et Daniel commanda à ses serviteurs d’apporter de la cendre, et il la répandit par tout le temple devant le roi ; ils sortirent ensuite et fermèrent la porte, et, l’ayant scellée avec l’anneau du roi, ils s’en allèrent. 14 Les prêtres entrèrent durant la nuit, selon leur coutume, avec leurs femmes et leurs enfants, et ils mangèrent et burent tout.
 
15 (Mais) Le roi se leva dès la pointe du jour, et Daniel vint avec lui. 16 Et le roi dit : Daniel, le sceau est-il intact ? Il répondit : Il est intact, ô roi. 17 Aussitôt le roi, ayant ouvert la porte et voyant la table, s’écria à haute voix : Tu es grand, ô Bel, et il n’y a pas en toi de tromperie (fraude). 18 Daniel se mit à rire, et retenant le roi pour qu’il n’avançât pas dans l’intérieur, il dit : Voici le pavé ; remarque(z) de qui sont ces traces (de pieds). 19 Le roi dit : Je vois des traces de pieds d’hommes, et de femmes, et de petits enfants. Et le roi fut irrité. 20 Il fit alors saisir les prêtres, leurs femmes et leurs enfants, et ils lui montrèrent les petites portes secrètes par où ils entraient pour manger ce qui était sur la table. 21 Le roi les fit mettre à mort, et il livra Bel au pouvoir de Daniel, qui le renversa ainsi que son temple.
 
22 Il y avait aussi en ce lieu-là un grand dragon, que les Babyloniens adoraient.
Note Dn. 14,22 : Un grand dragon ; probablement un grand serpent consacré au dieu Bel.
23 Et le roi dit à Daniel : Voici, maintenant tu ne peux pas dire que celui-ci n’est pas un dieu vivant ; adore-le donc. 24 Daniel dit : J’adore le Seigneur mon Dieu, parce que c’est lui qui est un Dieu vivant ; mais celui-ci n’est pas un Dieu vivant. 25 Mais toi (vous), ô roi, donne(z)-moi la permission, et je tuerai ce dragon, sans épée ni bâton. Le roi dit : Je te la donne. 26 Daniel prit donc de la poix, de la graisse et des poils ; il fit cuire tout ensemble, et il en fit des masses, qu’il mit dans la gueule du dragon, et le dragon creva. Et Daniel dit : Voilà ce(lui) que vous adoriez.
 
27 Lorsque les Babyloniens eurent appris cela, ils s’indignèrent violemment, et, s’étant assemblés contre le roi, ils dirent : Le roi est devenu Juif ; il a renversé Bel, il a tué le dragon et il a fait mourir les prêtres. 28 Ils vinrent donc trouver le roi et ils lui dirent : Livre(z)-nous Daniel ; autrement nous te (vous) tuerons, avec toute ta (votre) maison. 29 Le roi vit donc qu’ils le pressaient avec violence, et, contraint par la nécessité, il leur livra Daniel. 30 Ils le jetèrent dans la fosse aux lions, et il y demeura six jours. 31 Or il y avait dans la fosse sept lions, et on leur donnait chaque jour deux corps et deux brebis ; mais on ne leur en donna pas alors, afin qu’ils dévorassent Daniel.
Note Dn. 14,31 : Deux corps d’hommes probablement condamnés à mort.
 
32 Cependant le prophète Habacuc était en Judée ; il avait fait cuire des aliments, et il avait broyé du pain dans un vase, et il allait aux champs les porter aux moissonneurs.
Note Dn. 14,32 : Habacuc, etc. On a prétendu que le prophète Habacuc ne pouvait exister sous Cyrus. Mais rien ne prouve qu’il s’agisse ici d’Habacuc, un des douze petits prophètes. D’un autre côté, Habacuc ne datant pas ses prophéties, et ayant vécu, comme Daniel, avant la captivité, il a pu fort bien, quoique plus âgé que lui, vivre jusqu’au règne de Cyrus.
33 Et l’ange du Seigneur dit à Habacuc : Porte à Babylone le repas que tu as, pour Daniel, qui est dans la fosse aux lions. 34 Habacuc dit : Seigneur, je n’ai pas (jamais) vu Babylone, et je ne connais pas la fosse. 35 Alors l’ange du Seigneur le prit par le haut de la tête et le porta par les cheveux, et il le déposa à Babylone, au-dessus de la fosse, avec l’impétuosité (la rapidité) de son esprit.
Note Dn. 14,35 : Voir Ezéchiel, 8, 3. ― L’ange, etc. Si ce transport d’Habacuc par l’ange était faux à cause de son invraisemblance et de son absurdité même, comme le prétendent les incrédules, Daniel se serait bien gardé de l’insérer dans son livre. Si donc il l’a rapporté, c’est parce qu’il avait des preuves de sa réalité. D’ailleurs ces sortes de transports ne sont pas sans exemples dans l’Ancien et le Nouveau Testament (voir 3 Rois, 18, 12 ; Matthieu, 4, vv. 5, 8 ; Actes des Apôtres, 8, 39-40).
36 Et Habacuc cria en disant : Daniel, serviteur de Dieu, prends le repas que Dieu t’a envoyé. 37 Et Daniel dit : Vous vous êtes souvenu de moi, ô Dieu, et vous n’avez pas abandonné ceux qui vous aiment. 38 Et, se levant, Daniel mangea. Mais l’ange du Seigneur remit aussitôt Habacuc au lieu où il l’avait pris.
Note Dn. 14,38 : En son lieu ; dans le lieu où il l’avait pris.
 
39 Le roi vint, le septième jour, pour pleurer Daniel ; il s’approcha de la fosse et regarda dedans, et voici que Daniel était assis au milieu des lions. 40 Et le roi poussa un grand cri et dit : Vous êtes grand, Seigneur, Dieu de Daniel. Et il le fit tirer de la fosse aux lions. 41 Puis il fit jeter dans la fosse ceux qui avaient voulu perdre Daniel, et ils furent dévorés devant lui en un moment. 42 Alors le roi dit : Que tous les habitants de toute la terre tremblent devant le Dieu de Daniel, car c’est lui qui est le sauveur, qui fait des prodiges et des merveilles sur la terre, et qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.