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Livre de la Sagesse
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Livre de la Sagesse

Chapitre 1

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Chap. : 
Aimer la justice.
Chercher le Seigneur avec droiture.
Le Seigneur connaît tout, et rien n’échappe à sa vengeance.
La mort ne vient pas de Dieu ; mais elle est la suite du péché.
1 Aimez la justice, vous qui jugez la terre. Ayez du Seigneur des (de bons) sentiments dignes de lui, et cherchez-le dans la simplicité du cœur ;
Note Sg. 1,1 : Voir 3 Rois, 3, 9 ; Isaïe, 56, 1. ― Ayez, etc. ; littéralement Sentez touchant le Seigneur en bonté ; hébraïsme introduit dans le grec et le latin. En hébreu, en effet, un substantif précédé de la préposition dans ou avec équivaut à l’adjectif correspondant. Ainsi sentite in bonitate est mis ici pour sentite bonum.
2 car ceux qui ne le tentent pas le trouvent, et il se manifeste à ceux qui ont confiance (foi) en lui.
Note Sg. 1,2 : Voir 2 Paralipomènes, 15, 2.
 
3 Car les pensées perverses séparent de Dieu, et sa puissance (éprouvée) convainc de folie ceux qui la mettent à l’épreuve (corrige les insensés).
Note Sg. 1,3 : Puissance ; c’est le sens du texte grec, que la version latine a rendu par virtus. ― Corrige ; selon le grec, convainc.
4 Aussi la sagesse n’entrera-t-elle pas dans une âme maligne (malveillante), et elle n’habitera pas dans un corps assujetti au(x) péché(s). 5 Car le saint Esprit de sagesse (l’esprit saint qui inspire la science) fuit(ra) le déguisement, et s’éloigne(ra) des pensées qui sont sans intelligence, et l’iniquité survenant le bannit (emportera).
Note Sg. 1,5 : Il sera emporté, etc. L’Esprit-Saint, qui est entré dans l’âme d’un homme, en sortira lorsque cet homme se livrera à l’iniquité.
 
6 Car l’esprit de sagesse est plein de bonté (bienfaisant) ; cependant il ne laissera pas impunies (sauvera pas) les lèvres du médisant, car Dieu sonde ses (est témoin des) reins, pénètre jusqu’au fond de son cœur, et entend (les paroles de) sa langue.
Note Sg. 1,6 : Voir Galates, 5, 22 ; Jérémie, 17, 10. ― Est témoin ; voit, connaît. ― Reins ; se prend souvent dans l’Ecriture pour l’intérieur du corps, et par extension, pour les pensées les plus secrètes.
7 Car l’esprit du Seigneur (a) rempli(t) l’univers (le globe de la terre) ; et comme il contient tout, il connaît tout ce qui se dit.
Note Sg. 1,7 : Voir Isaïe, 6, 3. ― L’esprit du Seigneur répandu dans l’univers entier et, par conséquent, se trouvant présent dans tous les lieux, entend et connaît toutes les paroles, même les plus secrètes.
8 C’est pourquoi celui qui profère des paroles impies ne peut se cacher, et il n’échappera pas au jugement qui châtie. 9 Car l’impie sera interrogé sur ses pensées ; et (le bruit de) ses discours iront (ira) jusqu’à Dieu, qui les entendra pour le punir de ses iniquités. 10 Car l’oreille jalouse (du zèle) entend tout, et le tumulte des murmures ne lui sera pas caché. 11 Gardez-vous donc des murmures qui ne servent de rien, et écartez de votre langue la médisance (détraction) ; car la parole la plus secrète ne tombera pas dans le vide, et la bouche qui ment tue(ra) l’âme. 12 Ne (re)cherchez pas la mort d’une manière jalouse (si ardemment) par les égarements de votre vie, et n’achetez pas la perdition au prix des (par les) œuvres de vos mains. 13 Car ce n’est pas Dieu qui a fait la mort, et il ne se réjouit pas de la perte (perdition) des vivants.
Note Sg. 1,13 : Voir Ezéchiel, 18, 32 ; 33, 11.
14 Mais il a créé toutes choses pour la vie (existassent), et toutes les créatures étaient saines à leur origine (nations du globe de terre guérissables), et il n’y avait pas de poison d’anéantissement (venin de mort) en elles, et le séjour des morts (les enfers) ne régnait pas sur la terre.
Note Sg. 1,14 : Il a fait toutes les nations guérissables ; par Jésus-Christ qui est venu leur apporter le remède propre à les guérir de toutes leurs maladies.
15 Car la justice est stable (perpétuelle) et immortelle.
 
16 Mais les méchants (impies) ont appelé la mort par leurs œuvres (les mains, note) et par le(ur)s paroles, et, la croyant amie, ils en ont été consumés, et ils ont fait alliance avec elle, parce qu’ils étaient dignes d’une telle société.
Note Sg. 1,16 : Par les mains ; c’est-à-dire les œuvres ; l’Ecriture emploie souvent le premier mot pour signifier ce dernier. ― La mort, qui est exprimée au verset 13, est représentée ici par le pronom elle (illam).

Chapitre 2

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Chap. : 
Faux raisonnement des impies qui nient l’immortalité de l’âme, et qui mettent le souverain bien dans la jouissance des plaisirs sensibles.
Leur haine contre le juste.
Le démon auteur de la mort.
1 Car ils se sont dit(s), dans l’égarement de leurs pensées : Le temps de notre vie est court et plein d’ennui ; l’homme n’a plus de bien à attendre après sa mort (à la fin de l’homme), et on ne connaît personne qui soit revenu des enfers.
Note Sg. 2,1 : Voir Job, 7, 1 ; 14, 1. ― Jouissance ; repos ; littéralement rafraîchissement ; le grec porte guérison.
2 Nous sommes nés du néant, et, après cette vie, nous serons comme si nous n’avions jamais été. Le souffle de nos narines est comme une fumée, et la raison (parole) n’est qu’une étincelle qui remue notre cœur.
Note Sg. 2,2 : Après cela ; c’est-à-dire après la mort.
3 Lorsqu’elle sera éteinte, notre corps sera réduit en cendres, et l’esprit se dissipera comme un air subtil ; et notre vie disparaîtra comme une nuée (un nuage) qui passe, et s’évanouira comme un brouillard que les rayons du soleil mettent en fuite, et que sa chaleur abat (qui tombe, appesanti par sa chaleur). 4 Notre nom même s’oubliera avec le temps, et personne ne se souviendra de nos œuvres. 5 Car notre vie (temps) est le passage d’une ombre, et après la mort il n’y a plus de retour : le sceau est (ap)posé, et nul ne revient.
Note Sg. 2,5 : Voir 1 Paralipomènes, 29, 15. ― Notre temps ; le temps, la durée de notre vie. ― Le sceau est posé ; c’est une allusion à une ancienne coutume qui était de placer les corps dans des cavernes, dont on fermait exactement l’entrée en y mettant un sceau.
 
6 Venez donc, jouissons des biens présents, et hâtons-nous d’user des créatures comme pendant la jeunesse.
Note Sg. 2,6 : Voir Isaïe, 22, 13 ; 56, 12 ; 1 Corinthiens, 15, 32.
7 Prenons à profusion le vin précieux (exquis) et les parfums, et ne laissons pas passer les (la) fleur(s) de la saison.
Note Sg. 2,7 : La fleur de la saison (temporis) ; probablement du printemps.
8 Couronnons-nous de roses avant qu’elles se flétrissent ; qu’il n’y ait pas de prairie où ne se signale notre débauche (nos plaisirs). 9 Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies (plaisirs). Laissons partout des marques de réjouissance, car c’est là notre partage et notre lot.
 
10 Opprimons le juste (qui est) pauvre, n’épargnons pas la veuve, et n’ayons aucun respect pour la vieillesse et les cheveux blancs (du vieillard d’un long âge). 11 Que notre force soit la loi de justice ; car ce qui est faible n’est bon à rien (est regardé comme inutile).
Note Sg. 2,11 : Est regardé comme (invenitur), selon le grec, est convaincu.
12 Assaillons donc le juste, car il nous est inutile, et il est opposé à notre manière de vivre (nos œuvres), et il nous reproche de violer la loi, et il nous déshonore en décriant les fautes de notre conduite.
Note Sg. 2,12 : Circonvenons, etc. Tout ce qui est dit dans ce verset et les suivants, jusqu’à la fin du chapitre, exprime les sentiments des impies contre les justes en général ; mais représente si parfaitement la fureur des Juifs contre Jésus-Christ, que les Pères l’ont regardé comme une prophétie de sa Passion.
13 Il assure (se vante) qu’il possède la science divine (de Dieu), et il se nomme fils de Dieu.
Note Sg. 2,13 : Voir Matthieu, 27, 43.
14 Il s’est fait (est devenu) le censeur de nos pensées mêmes.
Note Sg. 2,14 : Voir Jean, 7, 7. ― Le censeur ; littéralement en censure ; selon le grec, en accusation, en blâme. Le substantif précédé d’une préposition, et mis ainsi pour un adjectif, est pur hébraïsme.
15 Sa seule vue nous est insupportable (à charge), car sa vie n’est pas semblable à celle des autres, et il suit une conduite tout différente (que ses voies ont été changées).
Note Sg. 2,15 : Ont été changées. Le latin immutatæ sunt étant amphibologique (puisqu’il est susceptible des deux significations opposées, ont été changées et n’ont pas été changées, sont immuables), nous avons dû l’expliquer par le texte grec, qui veut dire seulement ont été changées, déplacées ou sont différentes des autres.
16 Il nous considère comme des hommes de futilités ; il s’abstient de notre genre de vie comme d’une chose immonde (de souillures) ; il préfère la fin des justes, et il se glorifie d’avoir Dieu pour père. 17 Voyons donc si ses paroles sont véritables, faisons l’expérience de ce qui lui arrivera, et nous verrons quelle sera sa fin. 18 Car, s’il est véritablement fils de Dieu, Dieu prendra sa défense, et le délivrera des mains de ses ennemis.
Note Sg. 2,18 : Voir Psaumes, 21, 9.
19 Eprouvons-le par les outrages et les tourments, et nous saurons quel cas il faut faire de lui (sa résignation), et nous apprécierons (éprouvions) sa patience. 20 Condamnons-le à la mort la plus infâme, et l’on verra le résultat de (car on aura égard de lui d’après) ses paroles.
Note Sg. 2,20 : Voir Jérémie, 11, 19. ― On aura égard, etc. Si ses paroles sont véritables, Dieu prendra soin de lui. Comparer à Matthieu, 27, 43.
 
21 Ils ont eu ces pensées, et ils se sont égarés, car leur malice les aveuglait. 22 Ils ont ignoré les secrets de Dieu ; ils n’ont pas espéré la récompense de la justice, et ils n’ont fait nul état (pas jugé justement) de la gloire des âmes saintes. 23 Car Dieu a créé l’homme immortel, et il l’a fait à l’image de sa ressemblance.
Note Sg. 2,23 : Voir Genèse, 1, 27 ; 2, 7 ; 5, 1 ; Ecclésiastique, 17, 1.
24 Mais la mort est entrée dans le monde par l’envie du diable ;
Note Sg. 2,24 : Voir Genèse, 3, 1.
25 et ceux-là l’imitent, qui sont de son parti.

Chapitre 3

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Chap. : 
Bonheur des justes et malheur des méchants après la mort.
Récompense de la chasteté.
Suites funestes de l’adultère.
1 Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas.
Note Sg. 3,1 : Voir Deutéronome, 33, 3 ; Sagesse, 5, 4.
2 Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, et leur sortie de ce monde a été regardée comme une affliction, 3 et leur séparation d’avec nous comme un anéantissement, et cependant ils sont en paix ;
Note Sg. 3,3 : Sont en paix ; c’est-à-dire jouissent d’un bonheur complet, d’une félicité parfaite. C’est pourquoi l’Ecriture désigne ordinairement l’état des âmes saintes après leur mort par le mot paix. Comparer à 4 Rois, 22, 20 ; Ecclésiastique, 44, 14, etc.
 
4 et s’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité. 5 Leur tribulation a été légère, et leur récompense sera grande (ils seront placés au milieu d’une multitude), car Dieu les a éprouvés, et les a trouvés dignes de lui.
Note Sg. 3,5 : Après quelques tribulations, etc. Comparer à Romains, 8, 18 ; 2 Corinthiens, 4, 17.
6 Il les a mis à l’épreuve comme l’or dans la fournaise, il les a agréés comme une hostie d’holocauste, et quand leur temps sera venu (le temps), il les regardera favorablement (auront un regard favorable).
Note Sg. 3,6 : Dans le temps ; c’est-à-dire quand leur temps sera venu. ― Ils auront, etc. ; de la part de Dieu nommé au verset précédent.
 
7 Les justes brilleront, et ils étincelleront comme les feux qui courent à travers les roseaux (ils se répandront de différents côtés).
Note Sg. 3,7 : Voir Matthieu, 13, 43.
8 Ils jugeront les nations, et ils domineront les peuples, et leur Seigneur régnera éternellement.
Note Sg. 3,8 : Voir 1 Corinthiens, 6, 2.
9 Ceux qui se confient en lui auront l’intelligence de (comprendront) la vérité, et ceux qui lui sont fidèles (dans son amour) adhèreront à lui par l’amour, car le don et la paix sont pour ses élus.
 
10 Mais les impies seront punis selon l’iniquité de leurs pensées, eux qui ont négligé le (ce qui est) juste, et qui se sont éloignés du Seigneur.
Note Sg. 3,10 : Ce qui est juste ; la justice, ou bien le juste, l’homme juste ; car le texte grec est aussi amphibologique que le latin.
11 Car celui qui rejette la sagesse et l’instruction est malheureux ; (leur) l’espérance de ces méchants est vaine, leurs travaux sont sans fruit et leurs œuvres inutiles. 12 Leurs femmes sont insensées, et leurs enfants pleins de malice (très mauvais).
Note Sg. 3,12 : Insensées ; c’est-à-dire débauchées, déréglées. Dans l’Ecriture, les insensés sont souvent mis pour les méchants. ― Une récompense ; littéralement du fruit. ― A la visité, etc. ; lorsque Dieu visitera les âmes saintes, au jour de la mort et du jugement.
 
13 Leur postérité (créature) est maudite ; aussi, (parce qu’) heureuse celle qui est stérile et sans tache, et dont la couche n’a pas connu le crime (de lit nuptial criminel) ; elle portera son fruit, lorsque Dieu regardera favorablement les (recevra une récompense, à la visite des) âmes saintes. 14 Heureux aussi l’eunuque dont les mains n’ont pas commis l’iniquité, et qui n’a pas eu de pensées criminelles contre Dieu, car il recevra le don précieux (choisi) dû à la fidélité et un sort très heureux (agréable) dans le temple de Dieu.
Note Sg. 3,14 : Voir Isaïe, 56, 4.
15 Car le fruit des bons travaux est plein de gloire, et la racine de la sagesse ne dépérit pas (sèche pas).
Note Sg. 3,15 : Le mot quæ de la Vulgate, échappant à toute analyse et ne se lisant pas dans le grec, nous l’avons supprimé dans notre traduction.
 
16 Mais les enfants (fils) des adultères verront leurs jours abrégés, et la race issue d’une couche (lit nuptial) criminel(le) sera exterminée. 17 Quand même ils vivraient longtemps, ils seront comptés pour rien, et leur vieillesse la plus avancée sera sans honneur. 18 S’ils meurent plus tôt, ils seront sans espérance, et au jour où tout sera connu (du jugement), ils n’auront personne qui les console(ra).
Note Sg. 3,18 : Jour du jugement ; littéralement de la reconnaissance ; c’est-à-dire, où tout sera connu ; selon le grec, du discernement, de l’examen ; expressions qui désignent évidemment le jugement de Dieu après la mort. Il faut remarquer que tout ce qui est dit ici des enfants des adultères ne doit s’entendre que de ceux qui imitent les désordres de leurs parents, et qui vivent, comme eux, dans le crime ; car, sans cela, le crime de leurs parents ne leur est pas imputé au jugement de Dieu ; et il peut fort bien arriver que celui qui est né d’une union criminelle soit sauvé, et que des enfants de saints soient réprouvés.
19 Car la race injuste a toujours une fin funeste (cruelle).

Chapitre 4

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Chap. : 
Avantages de la chasteté.
Suites malheureuses de l’adultère.
Mort des justes heureuse, quoique précipitée.
Justes retirés du monde par miséricorde.
Malheur des méchants à la mort.
1 Oh ! combien belle est la race (une génération) chaste avec son éclat ! Sa mémoire est immortelle, et elle est en honneur devant (connue de) Dieu et de(vant) les hommes. 2 Lorsqu’elle est présente on l’imite, et on la regrette lorsqu’elle s’est retirée ; couronnée à jamais, elle triomphe (victorieuse), après avoir remporté le prix de combats sans souillure.
Note Sg. 4,2 : Combats incontaminés ; c’est-à-dire combats soutenus sans la moindre souillure.
3 Mais la race des méchants (impies), quelque multipliée qu’elle soit, ne réussira pas (ne sera pas utile) ; les rejetons bâtards ne pousseront pas de profondes racines et ne (n’) s’établiront pas (sur) une base solide. 4 Et si, avec le temps, ils produisent quelques branches (rameaux), comme ils ne sont pas fermes, ils seront ébranlés par le vent, et déracinés par la violence des tempêtes.
Note Sg. 4,4 : Voir Jérémie, 17, 6 ; Matthieu, 7, 27.
5 (Car) Leurs branches (rameaux) seront brisé(e)s avant d’avoir pris leur accroissement ; leurs fruits seront inutiles, âpres (amers) au goût, et impropres à tout usage (bons à rien).
Note Sg. 4,5 : Au goût ; littéralement à manger.
6 Car les enfants nés d’une couche illégitime (union inique), lorsqu’on les interroge, sont des témoins qui déposent contre le crime de leurs parents.
Note Sg. 4,6 : D’une union inique ; ou illégitime ; littéralement de songes iniques.
 
7 Mais le juste, alors même qu’il mourrait d’une mort précipitée, sera dans le repos ;
Note Sg. 4,7 : Dans le repos ; la jouissance ; littéralement dans le rafraîchissement ; le grec dit repos, délassement. Comparer à Sagesse, 2, 1.
8 car ce qui rend la vieillesse vénérable, ce n’est ni la longueur de la vie, ni le nombre des années ; mais la prudence de l’homme lui tient lieu de cheveux blancs, 9 et la longue (l’âge de la) vieillesse, c’est une vie sans tache. 10 Le juste a plu à Dieu et en a été aimé, et il a été enlevé (transféré) du milieu des pécheurs parmi lesquels il vivait.
Note Sg. 4,10 : Voir Hébreux, 11, 5. ― Plaisant à Dieu ; il s’agit du juste nommé au verset 7, les versets 8 et 9 formant une parenthèse.
11 Il a été enlevé, de peur que la malice ne transformât son esprit, et que les apparences trompeuses ne séduisissent (déçoivent) son âme. 12 Car la fascination des frivolités obscurcit le bien, et l’inconstance de la passion (concupiscence) renverse (même) l’esprit éloigné du mal.
Note Sg. 4,12 : Obscurcit le bien ; littéralement les bonnes choses ; c’est-à-dire nous aveugle, en sorte que nous ne connaissons qu’obscurément ou pas du tout ce qui est bon et juste.
13 Quoiqu’il ait peu vécu, il a fourni une longue carrière ;
Note Sg. 4,13 : Consommé. Voir le verset 10. ― De jours ; littéralement de temps.
14 car son âme était agréable à Dieu : c’est pourquoi il s’est hâté de le (re)tirer du milieu de (des) l’iniquité(s). Les peuples, voyant cela, ne le comprennent pas, et il ne leur vient pas à la pensée 15 que Dieu répand sa grâce et sa miséricorde sur ses saints, et que ses regards favorables sont sur ses élus. 16 Mais le juste mort condamne les méchants qui survivent (impies vivants), et sa (une) jeunesse si (plus) promptement consommée condamne la longue vie de l’injuste.
Note Sg. 4,16 : Une jeunesse, etc. ; c’est-à-dire que le juste enlevé à la fleur de son âge est la condamnation du méchant qui, dans une longue vie, n’est pas parvenu à la perfection d’un jeune homme.
17 Car ils verront la fin du sage, et ils ne comprendront pas le dessein de Dieu sur lui, ni (et) pourquoi le Seigneur l’a mis en sûreté.
Note Sg. 4,17 : Ce que Dieu, etc. ; le dessein de Dieu sur lui.
18 Ils verront et ils le mépriseront, mais le Seigneur se rira d’eux. 19 Et après cela ils tomberont sans honneur, et seront parmi (entre) les morts dans une ignominie éternelle ; car Dieu les brisera (dans leur orgueil), il réduira ces orgueilleux au silence, et il les ébranlera de leurs (jusqu’aux) fondements, et ils seront plongés dans la dernière désolation. Et ils gémiront, et leur mémoire périra.
 
20 Ils viendront, pleins d’effroi à la pensée de leurs péchés, et leurs iniquités deviendront contre eux des accusatrices.
Note Sg. 4,20 : Les accuseront ; c’est le sens du grec ; le latin traducent illos peut signifier les traduiront en jugement ; ce qui revient au même sens.

Chapitre 5

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Chap. : 
Triomphe des justes.
Regrets inutiles des méchants.
Félicité éternelle des justes.
Vengeance du Seigneur contre les méchants.
1 Alors les justes se lèveront avec une grande assurance (fermeté) contre ceux qui les auront mis dans l’angoisse, et qui auront ravi le fruit de leurs travaux.
Note Sg. 5,1 : Alors ; c’est-à-dire lors du jugement des impies, dont il est parlé au chapitre précédent.
2 A cette vue les méchants seront troublés par une horrible frayeur, et ils seront stupéfaits en voyant tout à coup ceux dont ils n’attendaient pas le salut ; 3 ils diront en eux-mêmes, saisis de remords, et gémissant dans l’angoisse de leur cœur : Voici ceux dont nous avons fait autrefois un objet de risée, et un thème d’outrages.
 
4 Insensés que nous étions, nous regardions leur vie comme une folie, et leur mort comme une honte (sans honneur) ;
Note Sg. 5,4 : Voir Sagesse, 3, 2.
5 et voilà qu’ils sont comptés parmi les fils de Dieu, et que leur partage est avec les (au milieu des) saints. 6 Nous nous sommes donc égarés de la voie de la vérité, et la lumière de la justice n’a pas lui pour nous, et le soleil de l’intelligence ne s’est pas levé sur nous. 7 Nous nous sommes lassés dans la voie de l’iniquité et de la perdition, et nous avons marché par des chemins difficiles, et nous avons ignoré la voie du Seigneur. 8 De quoi nous a servi l’orgueil ? De quel profit nous a été la vaine ostentation de nos (des) richesses ? 9 Toutes ces choses ont passé comme l’ombre, et comme le messager qui court,
Note Sg. 5,9 : Voir 1 Paralipomènes, 29, 15 ; Sagesse, 2, 5.
10 ou comme le vaisseau qui fend les flots agités, et dont on ne trouve pas de trace après qu’il a passé, ni la marque (le sentier) de sa carène sur les flots ;
Note Sg. 5,10 : Voir Proverbes, 30, 19.
11 ou comme l’oiseau qui vole à travers les airs, sans qu’on puisse trouver aucun vestige de sa route : on n’entend que le bruit de ses ailes qui frappent l’air léger et qui s’y ouvrent une route avec effort, et après qu’en les agitant il s’est envolé (il a achevé son vol), on ne trouve plus aucune trace de son passage ; 12 ou comme la flèche lancée vers son but : l’air qu’elle a divisé s’est aussitôt rejoint, et l’on ignore par où elle a passé. 13 Ainsi nous-mêmes, à peine nés, nous avons cessé d’être, et nous n’avons (certainement) pu montrer aucune trace de vertu ; mais nous avons été consumés par notre malice (méchanceté).
 
14 Voilà ce que les pécheurs diront (ont dit) dans l’enfer ;
 
15 car l’espérance de l’impie est comme le duvet des plantes (la laine) que le vent emporte, ou comme l’écume légère qui est dispersée par la tempête, ou comme la fumée que le vent dissipe, ou comme le souvenir de l’hôte qui est reparti après un (seul) jour.
Note Sg. 5,15 : Voir Psaumes, 1, 4 ; Proverbes, 10, 28 ; 11, 7.
16 Mais les justes vivront éternellement, et le (auprès du) Seigneur (est) leur réserve leur récompense, et le (les soins en leur faveur dans le) Très-Haut pense à eux.
Note Sg. 5,16 : Les soins en leur faveur ; littéralement la pensée ou le soin d’eux (cogitalio illorum). Ici, comme en bien d’autres passages de l’Ecriture, le pronom possessif a le sens passif. Comparer à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. Le grec porte la sollicitude, le soin ; ce qui confirme notre assertion par rapport au pronom possessif.
 
17 C’est pourquoi ils recevront de la main du Seigneur un royaume de gloire (d’honneur) et un (le) diadème éclatant (d’éclat) ; car il les protégera de sa droite, et les défendra de son saint bras. 18 Son zèle se munira d’une armure, et il armera les (la) créature(s) pour se venger de ses ennemis.
Note Sg. 5,18 : Voir Psaumes, 17, 40 ; Ephésiens, 6, 13.
19 Il revêtira la justice pour cuirasse, et il prendra pour casque (l’intégrité de) son jugement (infaillible) ; 20 il se couvrira de l’équité comme d’un bouclier impénétrable (inexpugnable). 21 (Mais) Il aiguisera comme une lance sa colère inflexible, et tout l’univers (globe de la terre) combattra avec lui contre les insensés. 22 Les éclats de la foudre iront droit sur eux ; ils seront lancés des nuées comme les flèches d’un arc bien tendu, et ils fondront au lieu marqué.
Note Sg. 5,22 : Les foudres lancées ; littéralement les émissions des foudres. L’auteur, ainsi que les autres écrivains sacrés, envisage les foudres comme les flèches d’un arc. ― Elles seront décochées ; c’est-à-dire renvoyées, retirées ; car le latin exterminabuntur signifie proprement seront renvoyées, chassées de leur lieu. ― Des nuées. Le génitif latin nubium pourrait à la rigueur être considéré comme régime du mot arc (arcu) ; mais il nous a paru plus naturel de le faire dépendre du verbe. Il est vrai que dans cette hypothèse, il devait être à l’ablatif ; mais il est constant que pour les cas comme pour les genres, la Vulgate se conforme souvent, non pas au latin, mais à l’idiome du texte original. Ainsi le génitif est mis ici, comme dans le grec, pour l’ablatif que réclame la langue latine.
23 Une colère sans pitié (Et par la colère de Dieu semblable à une baliste d’abondante grêles seront envoyées) les accablera de grêles ; l’eau de la mer bouillonnera (sera courroucée) contre eux, et les fleuves déborderont avec furie.
Note Sg. 5,23 : Semblable à une baliste, comme porte le texte grec ; la Vulgate dit pierreuse. Or la baliste ou catapulte était une machine dont on se servait anciennement dans les sièges pour lancer des pierres. Le sens est donc que la colère de Dieu sera comme une baliste, qui fera tomber sur les impies une quantité de grêles aussi dures que des pierres.
24 Un vent violent s’élèvera contre eux et les dispersera comme un tourbillon ; leur iniquité réduira toute la terre en un désert, et leur malice (méchanceté) renversera les trônes des puissants.

Chapitre 6

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Chap. : 
Rois et juges de la terre exhortés à acquérir la sagesse.
Supplices rigoureux préparés à ceux qui gouvernent injustement.
La sagesse se présente à ceux qui l’aiment et la cherchent.
Combien il est avantageux de la posséder.
1 Mieux vaut la sagesse que la (les) force(s), et l’homme prudent que l’homme puissant (les courageux).
Note Sg. 6,1 : Voir Ecclésiaste, 9, 18.
2 Ecoutez donc, (ô) rois, et comprenez ; apprenez, juges des confins de la terre.
Note Sg. 6,2 : Des confins de la terre ; c’est-à-dire de la terre entière.
3 Prêtez l’oreille, vous qui gouvernez les (des) multitudes, et vous qui vous complaisez dans les foules (des troupes) de(s) nations.
Note Sg. 6,3 : Qui vous complaisez, etc. ; qui vous glorifiez de commander à une foule de nations.
 
4 Car la puissance vous a été donnée par le Seigneur, et la force par le Très-Haut, qui interrogera vos œuvres et qui sondera vos pensées ;
Note Sg. 6,4 : Voir Romains, 13, 1.
5 parce qu’étant les ministres de son royaume, vous n’avez pas jugé équitablement, ni gardé la loi de la justice, ni marché selon la volonté de Dieu. 6 Il vous apparaîtra d’une manière effroyable et soudaine, car (parce que) ceux qui commandent seront jugés avec une extrême rigueur. 7 Car les petits sont traités avec miséricorde ; mais les puissants seront puissamment tourmentés. 8 En effet, Dieu n’exceptera personne, et il ne respectera la grandeur de qui que ce soit ; car il a fait (lui-même) les grands comme les petits, et il a également soin de tous.
Note Sg. 6,8 : Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Paralipomènes, 19, 7 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Actes des Apôtres, 10, 34 ; Romains, 2, 11 ; Galates, 2, 6 ; Ephésiens, 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17.
 
9 Mais les (aux) plus grands (forts) sont menacés (est destiné) de plus grands (un plus fort) supplice(s). 10 C’est donc à vous, ô rois, que s’adressent mes discours, afin que vous appreniez la sagesse, et que vous ne tombiez pas. 11 Car ceux qui auront observé justement les choses justes seront justifiés, et ceux qui auront appris ce que j’enseigne (ceci) trouveront de quoi répondre.
Note Sg. 6,11 : Ceux qui garderont, etc. ; ceux qui dans toutes leurs actions observeront fidèlement la justice seront traités comme justes. ― Ceci (ista) ; ce que j’enseigne. ― De quoi répondre ; de quoi se défendre, se justifier devant le souverain juge.
12 Désirez donc ardemment mes paroles ; aimez-les, et vous y trouverez votre instruction. 13 La sagesse est brillante et ne se flétrit pas ; ceux qui l’aiment la découvrent aisément, et ceux qui la cherchent la trouvent. 14 Elle prévient ceux qui la désirent, et elle (afin de) se montre(r) à eux la première. 15 Celui qui veille dès le matin pour la chercher n’aura pas de peine, car il la trouvera assise à sa porte. 16 Ainsi, penser à elle, c’est la parfaite (une) prudence (consommée), et celui qui veillera pour l’acquérir sera bientôt en repos (exempté de soucis).
 
17 Car elle se tourne de tous côtés, cherchant ceux qui sont dignes d’elle ; elle se montre joyeusement à eux sur les chemins, et elle va au-devant d’eux avec une admirable (tout le soin de sa) providence. 18 Son commencement est donc un désir très sincère de l’instruction. 19 La recherche de l’instruction est l’amour ; l’amour est l’observation de ses lois ; l’obéissance aux lois est l’affermissement (consommation) de l’immortalité,
Note Sg. 6,19-20 : L’incorruption (incorruptio) ; c’est-à-dire l’exemption de toute souillure, la pureté parfaite de l’âme.
20 et l’immortalité rapproche l’homme de Dieu. 21 C’est ainsi que le désir de la sagesse conduit au royaume éternel.
 
22 Si donc vous vous complaisez dans les trônes et les sceptres, ô rois des peuples, aimez la sagesse, afin que vous régniez éternellement. 23 Aimez la lumière de la sagesse, vous tous qui commandez aux peuples. 24 J’exposerai maintenant ce qu’est la sagesse, et quelle a été son origine ; je ne vous cacherai pas les secrets de Dieu, mais je remonterai jusqu’au commencement de sa naissance ; je mettrai en lumière ce qu’on sait d’elle, et je ne cacherai pas la vérité. 25 Je n’imiterai pas celui qui est desséché d’envie, car un tel homme n’aura aucune part à la sagesse. 26 Or la multitude des sages est le salut du monde, et un roi sage est le soutien de son peuple. 27 Recevez donc l’instruction par mes paroles, et elle vous sera avantageuse (utile).

Chapitre 7

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Chap. : 
Tous entrent dans cette vie et en sortent de la même manière.
La sagesse est préférable à tous les autres biens.
Avantages qu’on en retire.
Louanges de la sagesse.
1 Je suis (assurément), moi aussi, un homme mortel, semblable à tous les autres, et de la race de celui qui le premier fut formé de terre ; mon corps a pris sa forme dans le sein de ma mère (j’ai été formé chair, note) ;
Note Sg. 7,1 : J’ai été formé chair ; c’est-à-dire corps ; mon corps a été formé.
2 pendant dix mois j’ai été formé d’un sang épaissi, à l’aide de la substance de l’homme, dans le repos propice du sommeil.
Note Sg. 7,2 : Voir Job, 10, 10. ― Dans l’espace de dix mois. L’année chez les Hébreux se composait de mois de 29 et 30 jours. La naissance de l’enfant arrivait ordinairement vers le milieu du dixième mois, et l’on comptait le mois commencé, dans le calcul que nous avons ici, selon un usage assez commun en Orient. C’est ainsi qu’il est dit que Jésus-Christ resta trois jours dans le tombeau, quoiqu’il n’y ait été mis que le vendredi soir et qu’il soit ressuscité le dimanche matin.
3 Après ma naissance, j’ai respiré (reçu, note) l’air commun à tous, et je suis tombé sur la même terre, et c’est par des pleurs que je me suis fait (d’abord) entendre, comme tous les autres.
Note Sg. 7,3 : J’ai reçu, etc. ; j’ai respiré l’air commun à tous les autres hommes.
4 J’ai été élevé (nourri) dans les langes, et avec de grands soins. 5 Car il n’y a pas de roi qui ait eu un autre genre (commencement) de naissance. 6 Il n’y a pour tous qu’une manière d’entrer dans la vie, et qu’une manière d’en sortir.
Note Sg. 7,6 : Voir Job, 1, 21 ; 1 Timothée, 6, 7.
 
7 C’est pourquoi j’ai désiré l’intelligence, et elle m’a été donné ; j’ai invoqué (le Seigneur), et l’esprit de sagesse est venu en moi ;
Note Sg. 7,7 : J’ai désiré, etc. Comparer à 3 Rois, 3, 9-11.
8 et je l’ai préférée aux royaumes et aux trônes, et j’ai estimé que les richesses n’étaient rien auprès (en comparaison) d’elle.
Note Sg. 7,8 : Et je l’ai mise, etc. Comparer à Proverbes, 8, vv. 10-11, 15-16.
9 Je ne lui ai pas comparé les pierres précieuses, car tout (l’or) n’est auprès d’elle qu’un peu de sable, et devant elle l’argent sera considéré comme de la boue.
Note Sg. 7,9 : Voir Job, 28, 15 ; Proverbes, 8, 11.
10 Je l’ai plus aimée que la santé et la beauté, et j’ai résolu de la prendre pour ma lumière, car sa clarté ne peut s’éteindre. 11 Tous les biens me sont venus avec elle, et j’ai reçu de ses mains des richesses innombrables ;
Note Sg. 7,11 : Voir 3 Rois, 3, 13 ; Matthieu, 6, 33. ― Richesses ; c’est le sens du grec, et même du latin de la Vulgate honestas, non seulement ici, mais dans tout le livre.
12 et je me suis réjoui en toutes choses, parce que cette sagesse marchait devant moi, et j’ignorais qu’elle était la mère de tous ces biens. 13 Je l’ai apprise sans arrière-pensée, et je la communique sans envie, et je ne cache pas ses richesses. 14 Car elle est un trésor infini pour les hommes ; ceux qui en ont usé ont eu part à l’amitié de Dieu, et se sont rendus recommandables par les dons de l’instruction (la science).
 
15 Dieu m’a donné de parler selon mes sentiments, et d’avoir des pensées dignes des dons (faveurs) que j’ai reçus, car il est lui-même le guide de la sagesse, et il redresse (le réformateur) les sages. 16 (Car) Nous sommes dans sa main, nous et nos discours (paroles), et toute la sagesse, et la science d’agir, et l’instruction. 17 C’est lui qui m’a donné la vraie connaissance (science) de ce qui est, et qui m’a fait savoir la disposition du monde et les vertus des éléments, 18 le commencement, la fin et le milieu des temps, les changements des solstices et la vicissitude des saisons, 19 les révolutions des années, les dispositions des étoiles, 20 la nature des animaux et les instincts (colères) des bêtes, la force des vents et les pensées des hommes, la variété des plantes et les vertus des racines.
Note Sg. 7,20 : Les colères des bêtes. Le sens du grec est plus général, il exprime tous les instincts des animaux. ― Les différences des plantes, la science de la botanique. ― Les vertus des racines, la connaissance des remèdes.
21 J’ai appris tout ce qui était caché et inconnu (imprévu), car la sagesse qui a tout créé me l’a enseigné. 22 En effet, il y a en elle un esprit d’intelligence, qui est saint, unique, multiple, subtil, disert, agile (prompt), sans tache, clair (certain), suave (doux), ami du bien, pénétrant, que rien ne peut empêcher d’agir, bienfaisant,
Note Sg. 7,22 : La sagesse dont il est question dans ce verset et les suivants est la Sagesse incréée, comme l’enseignent les théologiens, et comme le prouve la comparaison du langage de notre livre avec celui de l’Ecclésiastique, 24, verset 4 et suivants, et avec Hébreux, 1, 3.
 
23 humain, plein de bonté (bienveillant), stable, infaillible, sûr, (calme,) qui peut tout, qui voit tout, qui renferme tous les esprits, intelligent, pur et subtil. 24 Car la sagesse est plus active (prompte) que tous les êtres agiles (il y a de plus prompt), et elle atteint partout à cause de sa pureté. 25 Elle est la vapeur de la puissance (vertu) de Dieu, et la pure (une certaine) émanation de la clarté (gloire) du (Dieu) Tout-Puissant : c’est pourquoi la moindre impureté ne peut se trouver en elle,
Note Sg. 7,25 : La vapeur ; comme une odeur qui s’exhale de la vertu divine.
26 car elle est la splendeur de la lumière éternelle, le miroir sans tache de la majesté de Dieu, et l’image de sa bonté.
Note Sg. 7,26 : Voir Hébreux, 1, 3.
 
27 Elle est unique et (cependant) elle peut tout ; demeurant immuable, elle renouvelle toutes choses ; elle se répand à travers les générations (nations) dans les âmes saintes, et elle forme les amis de Dieu et les prophètes. 28 Car Dieu n’aime que celui qui habite avec la sagesse.
 
29 Elle est plus belle que le soleil et que (au-dessus de) toutes les constellations des étoiles ; si on la compare avec la lumière, elle l’emportera.
Note Sg. 7,29 : Au-dessus de toute disposition des étoiles ; c’est-à-dire supérieure par sa beauté à la disposition déjà si belle des étoiles du firmament. La traduction : Elle est plus élevée que toutes les étoiles, est aussi peu conforme à la Vulgate qu’au texte grec.
30 Car à celle-ci succède la nuit ; mais la malignité (malice) ne peut prévaloir contre la sagesse.

Chapitre 8

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Chap. : 
Excellence de la sagesse.
Avantages que l’on trouve dans la possession de la sagesse.
C’est de Dieu qu’on la reçoit.
1 La sagesse atteint donc (au contraire) avec force depuis une extrémité jusqu’à l’autre, et elle dispose tout avec suavité (douceur).
 
2 Je l’ai aimée, je l’ai recherchée dès ma jeunesse, et j’ai tâché de l’avoir pour épouse, et je me suis épris de sa beauté. 3 Elle manifeste la gloire de son origine, car elle habite avec (jouissant de l’union étroite de) Dieu, et le Seigneur de toutes choses la chérit.
 
4 C’est elle qui enseigne la science de Dieu, et qui est la directrice de (choisit) ses œuvres. 5 Si l’on souhaite les richesses dans cette vie, qu’y a-t-il de plus riche que la sagesse qui fait toutes choses ? 6 Si la prudence peut agir (Mais si c’est l’intelligence de l’homme qui produit), qui a plus de part que la sagesse à tout ce qui se fait ?
Note Sg. 8,6 : Mais si c’est, etc. Si c’est l’intelligence (humaine), qui fait tant d’excellents ouvrages, pour faire tout ce qui existe, n’a-t-il pas fallu une intelligence bien supérieure ? Comparer à Sagesse, 7, 12-21; Proverbes, 8, 22.
7 Et si quelqu’un aime la justice, les grandes vertus sont son ouvrage : car c’est elle qui enseigne la tempérance (sobriété), et la prudence, et la justice, et la force (d’âme), qui sont les choses les plus utiles à l’homme dans cette vie. 8 Et si quelqu’un désire l’étendue de la (une grande) science, elle connaît le passé, et juge de l’avenir ; elle pénètre les subtilités des discours et les solutions des arguments ; elle connaît les signes et les prodiges avant qu’ils paraissent, et les événements des temps et des siècles.
Note Sg. 8,8 : La solution des arguments ; ou selon le grec : La solution des énigmes.
 
9 J’ai donc résolu de la prendre avec moi pour compagne de ma vie, sachant qu’elle me fera part de ses biens, et qu’elle sera ma consolation dans mes peines (de ma pensée) et dans mes (de mon) ennui(s). 10 J’aurai, grâce à elle, de la gloire auprès des foules, et, quoique jeune, de l’honneur auprès des vieillards ; 11 on reconnaîtra ma pénétration dans les jugements, je paraîtrai admirable en présence des puissants, et les princes témoigneront leur étonnement sur leurs visages. 12 Quand je me tairai, ils attendront que je parle (patiemment, note) ; quand je parlerai, ils me regarderont (attentivement), et si je prolonge mes discours, ils mettront la main sur leur bouche.
Note Sg. 8,12 : Ils attendront patiemment ; que je parle. ― Ils me regarderont ; comme ravis d’admiration par la sagesse de mes discours. ― Ils mettront la main, etc. Comparer à Job, 29, 9-10.
13 C’est par elle aussi que j’aurai l’immortalité, et que je laisserai un souvenir (éternel) à ceux qui vivront après moi. 14 Je gouvernerai les (des) peuples, et les (des) nations me seront soumises. 15 Les rois (les plus) redoutables craindront lorsqu’ils entendront parler de moi. Je me montrerai bon pour mon peuple, et vaillant à la guerre.
Note Sg. 8,15 : Lorsqu’ils m’entendront ; ou Lorsqu’ils entendront parler de moi.
16 En rentrant dans ma maison, je me reposerai avec elle ; car il n’y a pas d’amertume à converser avec elle, ni d’ennui à vivre auprès d’elle, mais seulement de la satisfaction (de l’allégresse) et de la joie.
 
17 Je pensais donc à ces choses, et je considérais dans mon cœur que l’immortalité est dans l’union avec (alliée de) la sagesse, 18 qu’il y a un saint bonheur dans son amitié, des richesses inépuisables dans les œuvres de ses mains, et qu’on trouve l’intelligence dans ses entretiens, et la gloire dans la communication de ses discours ; je cherchais de tous côtés, afin de la prendre pour ma compagne.
Note Sg. 8,18 : Des richesses (honestas). Voir sur ce mot, Sagesse, 7, 11.
 
19 J’étais un enfant d’une excellente nature (ingénieux), et j’avais reçu en partage une bonne âme.
Note Sg. 8,19 : Un enfant ingénieux (ingeniosus). ― J’ai reçu en partage ; littéralement par le sort ; c’est-à-dire par un pur effet de la bonté de Dieu.
20 Et (plutôt,) comme j’étais bon (je devenais bon de plus en plus) bon, je suis (par)venu dans (à conserver) un corps sans souillure.
Note Sg. 8,20 : Ce verset mal entendu a fait croire à plusieurs que l’auteur favorisait la préexistence des âmes, système condamné par le Ve concile général tenu à Constantinople. Quand le Sage dit qu’il est venu dans un corps sans souillure, il n’entend nullement parler du moment de la création, lorsque son âme a été jointe à son corps ; il veut dire seulement qu’ayant reçu de Dieu une âme pleine de dispositions favorables pour le bien (voir verset 19), il les a cultivés avec soin, en sorte que son corps a été exempt des souillures qui sont un obstacle à l’étude de la sagesse, qu’il reconnaît lui-même (voir verset 21) être un don particulier de Dieu.
21 Et comme je savais que je ne pouvais avoir la continence si Dieu ne me la donnait, et c’était déjà un effet de la sagesse de savoir de qui venait ce don, je m’adressai au Seigneur, et je l’implorai, et je lui dis de tout mon cœur :
Note Sg. 8,21 : Etre continent (esse continens) ; posséder la continence ; sens que favorise le verset précédent ; cependant d’autres traduisent par posséder, retenir, conserver la sagesse, fondés principalement sur ce que : 1° le grec signifie obtenir ce qu’on désire, posséder, aussi bien qu’être continent, chaste ; 2° la Vulgate elle-même emploie, dans l’Ecclésiastique (voir Ecclésiastique, 6, 28 et 15, 1), le mot continens dans le sens de possesseur de la sagesse (sapientiæ) et possesseur de la justice (justitiæ) ; 3° que dans la prière qui suit immédiatement, c’est la sagesse qui en fait l’objet.

Chapitre 9

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Chap. : 
Prière de Salomon au Seigneur pour obtenir la sagesse.
La sagesse est nécessaire pour gouverner les autres et pour se conduire soi-même.
1 Dieu de mes pères et Seigneur de miséricorde, qui avez tout fait par votre parole,
Note Sg. 9,1 : Dieu de mes pères, etc. C’est la prière dont il est parlé au chapitre précédent ; elle continue dans tout le reste du livre. On peut la considérer comme une paraphrase de celle qu’on lit à 3 Rois, 3, verset 6 et suivants. L’auteur étend ici la pensée de Salomon et y ajoute plusieurs choses qui reviennent à son dessein, qui est d’instruire les rois, de leur inspirer l’amour de la sagesse, de la vertu, de la justice, et de les éloigner de la violence, de l’injustice et du dérèglement.
2 et qui par votre sagesse avez établi (formé) l’homme, pour qu’il dominât sur les (la) créature(s) que vous avez faite(s), 3 pour qu’il gouvernât le monde dans l’équité et la justice, et qu’il formulât ses jugements avec un cœur droit : 4 donnez-moi cette sagesse qui est assise avec vous sur (assistante à) votre trône, et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants,
 
5 car je suis votre serviteur, et le fils de votre servante, un homme faible (infirme), à la vie rapide (de peu de temps), et peu capable de comprendre la justice (les jugements) et les lois.
Note Sg. 9,5 : Voir Psaumes, 115, 7.
6 Car, quelqu’un semblât-il parfait (consommé en savoir) parmi les fils des hommes, si votre sagesse n’est pas avec lui, il sera considéré comme rien. 7 Vous m’avez choisi comme le roi de votre peuple, et comme juge de vos fils et de vos filles ;
Note Sg. 9,7 : Voir 1 Paralipomènes, 28, 4-5 ; 2 Paralipomènes, 1, 9.
8 et vous m’avez dit de bâtir un temple sur votre montagne sainte, et un autel dans la cité où vous habitez, sur le modèle de votre tabernacle saint que vous avez préparé dès le commencement ;
Note Sg. 9,8 : Représentation ; copie ; littéralement similitude. Le temple de Salomon fut construit sur le plan du tabernacle que Moïse érigea dans le désert. Comparer 3 Rois, chapitre 6 avec Exode, chapitres 25 à 30.
 
9 et vous avez avec vous votre sagesse, qui connaît vos œuvres, et qui était présente lorsque vous formiez l’univers (le globe de la terre) ; elle savait ce qui est agréable à vos yeux, et quelle est (était) la rectitude de vos préceptes.
Note Sg. 9,9 : Voir Proverbes, 8, vv. 22, 27 ; Jean, 1, 1.
10 Envoyez-la du ciel, votre sanctuaire, et du trône de votre grandeur, afin qu’elle soit avec moi et qu’elle travaille avec moi, et que je sache ce qui vous est agréable (est favorablement accueilli de vous) ; 11 car elle a la science et l’intelligence de toutes choses (et elle les comprend), (et) elle me conduira dans mes œuvres avec circonspection, et me protégera par sa puissance. 12 Ainsi mes actions vous seront agréables (favorablement accueillies) ; et je conduirai votre peuple avec justice, et je serai digne du trône de mon père.
 
13 Car quel est l’homme qui puisse connaître les desseins (le conseil) de Dieu ? ou qui pourra pénétrer les volontés divines ?
Note Sg. 9,13 : Voir Isaïe, 40, 13 ; Romains, 11, 34 ; 1 Corinthiens, 2, 16.
14 En effet, (Car) les pensées des mortels sont timides, et nos prévoyances sont incertaines ; 15 car le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et cette demeure terrestre accable l’esprit aux pensées multiples. 16 Nous comprenons (apprécions) difficilement ce qui est sur la terre, et nous trouvons avec peine ce qui est sous nos yeux : qui donc découvrira ce qui est dans le ciel ? 17 Et qui connaîtra votre pensée (sentiment), si vous ne donnez vous-même la sagesse, et si vous n’envoyez votre esprit saint du plus haut des cieux, 18 afin que les sentiers de ceux qui sont sur la terre soient ainsi redressés, et que les hommes apprennent ce qui vous est agréable ? 19 Car c’est par la sagesse, Seigneur, qu’ont été guéris tous ceux qui vous ont plu dès le commencement.

Chapitre 10

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Chap. : 
Merveilles opérées par la sagesse depuis le commencement du monde, en la personne d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Jacob, de Joseph, de Moïse, et en faveur des Israélites.
1 C’est elle qui garda celui que Dieu avait formé le premier pour être le père du monde, et qui avait d’abord été créé seul ; 2 c’est elle aussi qui le tira de son péché, et qui lui donna la force de gouverner toutes choses.
Note Sg. 10,2 : Voir Genèse, 2, 7. (?)
3 Lorsque (un, note) l’injuste, dans sa colère, se sépara d’elle, il périt par la fureur qui le rendit meurtrier de son frère.
Note Sg. 10,3 : Voir Genèse, 4, 8. ― Un injuste ; c’est-à-dire Caïn. ― Au meurtre de son frère, Abel.
 
4 Et lorsque, à cause de lui, l’eau inonda la terre, le salut vint encore de la sagesse (sauva encore le monde), qui dirigea le juste par un bois méprisable.
Note Sg. 10,4 : Voir Genèse, 7, 21. ― A cause de lui ; à cause de ses péchés que ses descendants imitèrent. ― Un bois méprisable. L’arche de Noé, désigné ici sous le nom de juste, parut, en effet, méprisable aux yeux de ses contemporains impies.
 
5 Et lorsque les nations conspirèrent ensemble pour se livrer au mal, c’est elle qui connut (discerna) le juste, qui le conserva irrépréhensible devant Dieu, et qui le rendit fort dans sa tendresse pour son fils.
Note Sg. 10,5 : Voir Genèse, 11, 2. ― Le juste ; probablement Abraham, qui se conserva pur au milieu des peuples idolâtres, et même au milieu de la famille de son père, qui adorait les idoles. ― Et le conserva fort, etc. Ceci convient parfaitement à Abraham, qui, comme le remarque saint Ambroise, se montra sage en croyant à Dieu, qui lui parlait, et en ne préférant pas son amour pour son fils aux ordres de son Dieu ; juste, en rendant au créateur ce qu’il tenait de sa libéralité ; enfin, fort et généreux, en réprimant les sentiments de la nature, en offrant à Dieu un sacrifice entier de tout ce qu’il avait de plus cher au monde, et de tout ce qu’il ressentait de plus vif et de plus tendre.
 
6 C’est elle qui délivra le juste, lorsqu’il fuyait du milieu des impies, qui périrent par le feu tombé sur la Pentapole.
Note Sg. 10,6 : Voir Genèse, 19, vv. 17, 22. ― Un juste ; c’est Lot. ― La Pentapole ; c’est-à-dire les cinq villes : Sodome, Gomorrhe, Adam, Séboïm et Ségor ; cette dernière fut préservée par les prières de Lot. Ce qui est dit dans ce verset et le suivant sur la Pentapole se trouve confirmé par les relations des voyageurs.
7 En témoignage de leur malice, cette terre fume encore, demeurée déserte ; les arbres portent des fruits qui ne mûrissent pas (hors de saison), et l’on voit debout une statue de sel, monument d’une âme incrédule.
Note Sg. 10,7 : Des fruits hors de saison (incerto tempore) ; qui ne mûrissent pas. C’est l’opposé des fruits qui viennent dans leur temps tempore suo), comme le dit le Psalmiste (voir Psaumes, 1, 3), et qui par là même arrivent à une parfaite maturité. ― Une statue de sel, etc. Voir Genèse, 19, 24-26. ― Il ya toujours une évaporation très forte sur la mer Morte ; elle suffit pour compenser l’apport que lui fait le Jourdain, apport que Tobler évalue à six millions quatre-vingt dix mille tonnes par jour. C’est peut-être à ce phénomène que fait allusion l’auteur de la Sagesse ; mais il faut remarquer de plus que sur la rive orientale, il y a plusieurs sources qui se jettent dans l’ouadi Zerka, et dont l’eau presque bouillante remplit la vallée de vapeur fumante. ― Portant des fruits hors de saison, les célèbres pommes de Sodome. Josèphe dit que la terre de Sodome produit des fruits qui paraissent bons à manger, mais qui se réduisent en poussière dès qu’on les touche. On croit communément que c’est le fruit de l’asclépiade géante, l’ochar des Arabes. Il est jaune et ressemble à une pomme. On trouve sur la côte occidentale de la mer Morte et principalement à Engaddi un fruit qu’on appelle « pomme de Sodome. Il a neuf centimètres de la queue à l’extrémité et onze centimètres de circonférence. Il n’a pas de chair et n’est vraiment qu’une peau verte ressemblant à celle d’une figue, contenant des graines semblables aux pépins des pommes ordinaires. Chacun de ces pépins porte une grosse barbe d’environ trois centimètres de long, plus douce que la soie. Cette barbe se file plus facilement que le coton, mais elle n’a pas beaucoup de résistance. La plante qui le produit est vivace est semi-ligneuse ; elle ne dépasse guère la hauteur de trois mètres, et ses feuilles ressemblent assez à une petite feuille de chou cabu, excepté cependant qu’elles ne sont pas bombées. Ne serait-ce pas là le fruit dont parle le livre de la Sagesse ? » (LIEVIN.)
8 Car ceux qui ont négligé la sagesse ne sont pas seulement tombés dans l’ignorance du bien, mais ils ont en outre laissé aux hommes le souvenir de leur folie, sans que leurs fautes aient pu demeurer cachées. 9 Mais la sagesse a délivré de tous les maux ceux qui l’ont révérée (l’observent).
 
10 C’est elle qui a conduit le juste par des voies droites, lorsqu’il fuyait la colère de son frère ; elle lui a montré le royaume de Dieu, lui a donné la science des saints, l’a enrichi dans ses travaux, et a fait fructifier ses labeurs.
Note Sg. 10,10 : Voir Genèse, 28, vv. 5, 10. ― Un juste ; Jacob, frère d’Esaü. ― L’a enrichi (honestavit). Voir Sagesse, 7, 11. Pour les autres détails concernant Jacob, et compris dans les versets 11 et 12, on peut comparer à Genèse, chapitres 31 à 33.
11 Elle l’a aidé contre ceux qui voulaient le tromper par leurs ruses, et elle l’a enrichi. 12 Elle l’a protégé contre ses ennemis, l’a défendu contre les séducteurs, et l’a engagé dans un rude combat, afin qu’il fût victorieux, et qu’il sût que la sagesse est plus puissante que toutes choses.
 
13 C’est elle qui n’a pas abandonné le juste lorsqu’il fut vendu, mais qui l’a délivré des (mains des) pécheurs ; elle est descendue avec lui dans la fosse,
Note Sg. 10,13 : Voir Genèse, 37, 28. ― Ce verset et le suivant tracent les principaux traits de l’histoire de Joseph, fils du patriarche Jacob.
14 et ne l’a pas quitté dans les chaînes, jusqu’à ce qu’elle lui eût apporté le sceptre royal et la puissance contre ceux qui l’humiliaient (l’opprimaient) ; elle a convaincu de mensonge ceux qui l’avaient déshonoré, et lui a donné une gloire éternelle.
Note Sg. 10,14 : Voir Genèse, 41, 40 ; Actes des Apôtres, 7, 10. ― Le sceptre du royaume. Moïse dit que Pharaon établit Joseph sur toute sa maison, et qu’il lui donna une autorité absolue sur toute l’Egypte ; cela suffit pour justifier l’expression sceptre du royaume, surtout si on considère que dans le pays de Chanaan on donnait le nom de rois à tous ceux qui gouvernaient une ville ou qui étaient élevés à de grands honneurs, et qu’Abraham et Moïse sont appelés rois par Justin, Nicolas de Damas et l’historien Josèphe. ― Qui l’ont déshonoré ; c’est-à-dire qui ont cherché à le déshonorer par de fausses accusations, comme la femme de Putiphar.
 
15 C’est elle qui a délivré le peuple juste et la race irréprochable des nations qui l’opprimaient.
Note Sg. 10,15 : Voir Exode, 1, 11. ― Un peuple, etc. Les Israélites pouvaient être appelés justes et irrépréhensibles, par rapport aux Egyptiens qu’ils n’avaient jamais offensés et qui les avaient réduits à la plus cruelle servitude, et même un peuple saint, avec le texte grec, puisque ce peuple était choisi de Dieu pour lui être consacré, et que dès lors il servait et adorait le Dieu que ses pères avaient servi et adoré, et que, de plus, les prémices en étaient consacrées à Dieu dans la personne des anciens patriarches et des autres justes qui leur avaient succédé dans ce même peuple. C’est ainsi que saint Paul, dans le temps même de la réprobation d’une partie du peuple juif, dit en parlant de cette nation : Que si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les rameaux aussi (voir Romains, 11, 16).
16 Elle est entrée dans l’âme du serviteur de Dieu, et s’est élevée avec des signes et des prodiges contre les (des) rois redoutables.
Note Sg. 10,16 : D’un serviteur de Dieu ; de moïse. ― Des rois redoutables. Moïse ne parut que devant Pharaon ; mais, comme on l’a vu au verset 14, on donnait dans ces temps-là le nom de roi aux grands et aux princes.
17 Elle a rendu aux justes la récompense de leurs travaux, les a conduits par une voie admirable, et leur a tenu lieu d’ombre pendant le jour, et de la lumière des étoiles pendant la nuit.
 
18 Elle les a conduits à travers la mer Rouge, et les a fait passer au milieu des eaux profondes (immenses).
Note Sg. 10,18 : Voir Exode, 14, 22 ; Psaumes, 67, 13 (?).
19 Elle a submergé (ensevelis) leurs ennemis dans la mer, et elle les a retirés du fond des abîmes. Ainsi les justes ont enlevé les dépouilles des impies ;
Note Sg. 10,19 : Voir Exode, 12, 35. ― Elle les a retirés eux-mêmes ; c’est-à-dire les Israélites appelés justes dans les versets précédents. La plupart des interprètes expliquent ainsi le texte ; mais quelques-uns appliquent le pronom les (illos) aux Egyptiens, nommés dans le même verset les ennemis des Israélites (inimicos illorum). Ces derniers se fondent : 1° sur ce que Moïse dit expressément qu’après avoir traversé la mer à pied sec, les enfants d’Israël virent les Egyptiens morts sur le rivage (voir Exode, 14, 31) ; 2° sur ce que l’auteur de la Sagesse ajoute immédiatement : C’est pour cela que les justes ont emporté les dépouilles des impies (des Egyptiens) ; arguments, il faut en convenir, plus spécieux que solides.
20 ils ont chanté, Seigneur, votre saint nom, et ils ont loué tous ensemble votre main victorieuse :
Note Sg. 10,20 : Voir Exode, 15, 1.
21 car la sagesse a ouvert la bouche des muets, et a rendu éloquentes les langues des (petits) enfants.

Chapitre 11

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Chap. : 
La sagesse a conduit les Israélites dans le désert.
Miracle de l’eau tirée du rocher par Moïse.
Sagesse de Dieu marquée dans les plaies dont il frappa l’Egypte.
Bonté de Dieu pour ses créatures.
1 C’est elle qui a dirigé leurs œuvres par les mains d’un saint prophète.
Note Sg. 11,1 : Voir Exode, 16, 1. ― D’un saint prophète ; c’est-à-dire de Moïse, appelé en effet prophète dans plusieurs passages de l’Ecriture. Voir Nombres, 12, 6-7 ; Deutéronome, 18, 15 ; 34, 10.
2 Ils ont marché par des lieux inhabités, et ont dressé leurs tentes dans les déserts.
Note Sg. 11,2 : Par des déserts, dans le Sinaï.
3 Ils ont tenu bon contre le(ur)s ennemis, et se sont vengés de leurs adversaires.
Note Sg. 11,3 : Voir Exode, 17, 13. ― Contre leurs ennemis ; les Amalécites (voir Exode, chapitre 17), les Chananéens (voir Nombres, chapitre 21), les Madianites (voir Nombres, chapitre 25 et 26), Og, roi de Basan, et Séhon, roi des Amorrhéens (voir Nombres, chapitre 21 ; Deutéronome, chapitres 3 et 29).
4 Ils ont eu soif, et ils vous ont invoqué, et vous leur avez donné de l’eau d’un rocher élevé, et vous avez désaltéré leur soif au moyen d’une pierre dure.
Note Sg. 11,4 : Et il leur a été donné, etc. Comparer à Exode, chapitre 27 ; Nombres, chapitre 20.
 
5 Car, de même que leurs ennemis avaient été punis en ne trouvant pas d’eau, alors que les enfants d’Israël étaient dans l’abondance et dans la joie (se réjouirent d’en avoir en abondance),
Note Sg. 11,5 : Dans la Vulgate, le sens de ce verset n’est achevé que dans le suivant. Les exigences de notre langue s’opposant à la traduction littérale, nous avons tâché cependant de nous écarter le moins possible de la lettre du texte sacré. L’auteur rappelle ici que les Egyptiens furent tourmentés par la soif, parce que toutes les eaux de leur pays furent changées en sang par Moïse et Aaron (voir Exode, 7, 19-20), tandis que les Israélites se réjouirent d’en avoir en abondance de potable. ― L’expression dans elles (in eis) est le complément ou le régime du verbe ils se réjouirent (lætati sunt) ; et le pronom elles (eis), en particulier, remplace le mot eaux (aquis) représenté dans le verset même par boisson (potus).
6 au contraire, ceux-ci furent privilégiés (bien traités) lorsqu’ils se trouvèrent dans le besoin.
Note Sg. 11,6 : Eux-mêmes ; les Israélites. ― Furent bien traités ; puisque le Seigneur leur donna de l’eau toutes les fois qu’ils en manquèrent.
7 En effet, au lieu des eaux d’un fleuve intarissable, vous avez donné du sang humain aux méchants (hommes injustes).
Note Sg. 11,7 : D’un fleuve ; du Nil. ― Qui coulait toujours ; cela est dit par opposition aux torrents et aux lacs qui tarissent et ne durent que peu.
8 Et tandis que leur nombre diminuait, en punition du meurtre des enfants, vous donniez à votre peuple une eau abondante, d’une manière inespérée,
Note Sg. 11,8 : Les Egyptiens diminuèrent en nombre, parce qu’il en mourait beaucoup par la soif.
9 montrant, par la soif qu’il endura alors, comment vous relevez ceux qui sont à vous, et vous faites périr leurs adversaires. 10 Car après avoir été éprouvés, mais par un châtiment mêlé de miséricorde, ils surent (comprirent) de quelle manière sont tourmentés les impies quand vous les jugez avec colère. 11 (A la vérité) Vous avez éprouvé les uns comme un père qui avertit ; et (mais) vous avez condamné les autres comme un roi sévère qui demande des comptes (interroge). 12 Soit absents, soit présents, ils étaient également tourmentés.
Note Sg. 11,12 : Absents, etc. Ils furent tourmentés, non seulement par les plaies dont Dieu les frappa, lorsque les Israélites étaient encore parmi eux, mais aussi par la douleur qu’ils continuèrent à éprouver, même après leur départ, à cause des grandes pertes qu’ils avaient faites.
13 Car, au souvenir du passé, ils trouvaient un double sujet d’ennui et de gémissement. 14 (Car) En apprenant que ce qui avait fait leur tourment était devenu un bien pour les autres, ils se ressouvinrent du Seigneur, et admirèrent l’issue des choses.
 
15 Car celui qui avait été le sujet de leurs railleries, à cause de la cruelle exposition à laquelle il avait été abandonné, fut à la fin l’occasion de leur étonnement, quand leur soif fut (si) différente de celle des justes.
Note Sg. 11,15 : Leur soif n’étant pas semblable à celle des justes ; celle des Egyptiens, dans leur propre pays, dura longtemps, et les décima ; celle des Hébreux cessa dans le désert, dès qu’ils demandèrent de l’eau au Seigneur. ― Celui qu’ils tournèrent en dérision est Moïse.
16 Pour punir les pensées extravagantes de leur iniquité, et l’égarement qui leur faisait adorer des serpents muets et des bêtes méprisables (inutiles), vous avez envoyé contre eux, par vengeance, une multitude d’animaux muets,
Note Sg. 11,16 : Voir Sagesse, 12, 24. ― Adoraient des serpents muets et des bêtes inutiles (supervacuas) ; le grec porte de peu de valeur, viles. On sait que les Egyptiens rendaient un culte à toutes sortes d‘animaux qu’ils entretenaient dans leurs temples, bœufs, chats, crocodiles, etc.
17 afin qu’ils sussent (par là) que l’on est tourmenté par où l’on a péché. 18 Car il n’était pas difficile (impossible) à votre main toute-puissante, qui a créé l’univers (le globe de la terre) d’une matière informe, d’envoyer contre eux une multitude d’ours, ou des lions féroces (pleins d’audace),
Note Sg. 11,18 : Voir Lévitique, 26, 22 ; Sagesse, 16, 1 ; Jérémie, 8, 17. ― Informe ; c’est le sens du grec ; la Vulgate porte qui ne se voit pas (invisa).
19 ou des bêtes d’une espèce nouvelle et inconnue, pleines de fureur, respirant une vapeur de feu, ou répandant une fumée infecte, ou lançant par leurs yeux d’horribles étincelles, 20 capables non seulement de les exterminer par leur morsure, mais de les faire mourir (de frayeur) par leur seul aspect.
 
21 Et même sans cela ils pouvaient périr d’un seul souffle, poursuivis par leurs propres crimes et renversés par le souffle de votre puissance ; mais vous avez réglé toutes choses avec mesure, et avec nombre, et avec poids. 22 Car la souveraine puissance est à vous seul, et vous demeure toujours ; et qui pourra résister à la force de votre bras ? 23 Car le monde est devant vous comme le grain (ce) qui fait incliner la balance, et comme la goutte de rosée qui tombe sur la terre avant l’aurore (le jour).
Note Sg. 11,23 : Ce qui fait pencher une balance ; le moindre poids, un grain léger.
24 Mais vous avez pitié de tous, parce que vous pouvez tout ; et vous dissimulez les péchés des hommes, pour qu’ils fassent pénitence (à cause du repentir). 25 Vous aimez tout ce qui est, et vous ne haïssez rien de tout ce que vous avez fait ; car, si vous l’aviez haï, vous ne l’auriez pas établi ni créé (ce n’est pas inspiré par la haine que vous établi quelque chose, ou que vous l’avez fait). 26 Comment une chose pourrait-elle subsister, si vous ne le vouliez pas (l’aviez pas voulu) ? ou comment ce que vous n’auriez pas appelé à la vie serait-il conservé ? 27 Mais vous pardonnez à tous parce que tout est à vous, Seigneur, qui aimez les âmes.

Chapitre 12

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Chap. : 
Dieu châtie avec patience ceux qui l’ont offensé pour leur donner lieu de faire pénitence.
Il instruit ses enfants par les châtiments qu’il exerce sur ses ennemis.
1 O Seigneur, que votre esprit est bon et suave (doux) en toutes choses ! 2 C’est pourquoi vous ne châtiez que peu à peu ceux qui s’égarent ; vous les avertissez et vous les exhortez au sujet des péchés (fautes) qu’ils commettent, afin que, se séparant du mal, ils croient en vous, Seigneur.
Note Sg. 12,2 : Par parties (partibus) ; partiellement ou graduellement, peu à peu et non tout d’un coup, comme ceux qui craignent que leurs ennemis ne leur échappent.
 
3 Vous aviez en horreur ces anciens habitants de votre terre sainte,
Note Sg. 12,3 : Voir Deutéronome, 9, vv. 2, 12, 29 ; 18, 12. ― Ces anciens habitants, etc. ; c’est-à-dire les Chananéens.
4 parce qu’ils faisaient des œuvres détestables à vos yeux, par des enchantements et des sacrifices impies (injustes),
Note Sg. 12,4-5 : On ne saurait taxer de faux l’auteur de la Sagesse dans les détails qu’il donne ici des crimes des Chananéens, et dont les anciennes Ecritures ne chargent pas ce peuple. On sait que plusieurs peuples de Chananéens immolaient leurs propres enfants aux fausses divinités. On sait encore que dans la plupart des sacrifices la coutume était de manger quelque partie de la victime offerte ; il est donc très vraisemblable que ceux qui immolaient des victimes humaines aient porté l’excès jusqu’à manger quelque partie de ces victimes. Ainsi, quoique dans les autres endroits de l’Ecriture, où il est parlé de Chananéens, il ne soit rien dit de cette coutume abominable de manger les entrailles des hommes et de dévorer leur sang, ce n’est pas une raison suffisante pour rejeter le témoignage de l’auteur de ce livre, lorsqu’il assure positivement cette abomination et cette horreur.
Note Sg. 12,4 : Des sacrifices injustes ; dans lesquels ils immolaient leurs enfants à l’idole de Moloch. Comparer le verset suivant et Lévitique, 18, 21.
5 tuant sans pitié leurs propres enfants, mangeant des entrailles humaines, et dévorant le(ur) sang malgré votre ordonnance sacrée,
Note Sg. 12,5 : Au milieu de votre terre sacrée (a medio sacramento suo). C’est l’explication des anciens interprètes et celle qui nous semble la meilleure. La Palestine était, en effet, une terre consacrée à Dieu, depuis qu’il avait promis par serment (sacramento) de la donner aux descendants d’Abraham, et d’y établir le siège de la vraie religion. C’est de là qu’elle est encore appelée terre sainte (voir verset 3), et terre la plus chère de toutes à Dieu (voir verset 7).
6 tout ensemble pères et parricides d’âmes sans défense ; (aussi) vous avez voulu les perdre par les mains de nos ancêtres, 7 afin que cette terre, qui vous était la plus chère de toutes, devînt le digne héritage (la colonie) des enfants de Dieu. 8 Et néanmoins vous les avez épargnés parce qu’ils étaient hommes, et vous leur avez envoyé des guêpes comme avant-coureurs de votre armée, afin qu’elles les exterminassent peu à peu.
Note Sg. 12,8 : Et vous avez envoyé, etc. Comparer à Exode, 23, vv. 28, 30 ; Deutéronome, 8, 20.
 
9 Ce n’est pas que vous fussiez incapable d’assujettir par la guerre les impies aux justes, ou de les faire périr tout d’un coup par les bêtes cruelles, ou par une (votre) parole sévère ; 10 mais, en exerçant vos jugements par degrés, vous leur donniez le temps de faire pénitence, quoique vous n’ignorassiez pas que leur race était méchante, que la malice leur était naturelle, et que leurs sentiments ne pourraient jamais changer.
Note Sg. 12,10 : Voir Exode, 23, 30 ; Deutéronome, 7, 22. ― Châtiant ; littéralement jugeant (judicans). Nous avons déjà fait observer que dans le style biblique, juger signifiait aussi les suites du jugement, comme condamner, punir, châtier. ― Par parties ; par degrés, peu à peu. Comparer au verset 2.
11 Car c’était une race maudite dès le commencement, et aucune crainte ne vous portait à pardonner leurs péchés.
 
12 Car qui vous dira : Qu’avez-vous fait ? Ou qui s’élèvera contre votre jugement ? Ou qui viendra devant vous pour défendre les hommes injustes ? Ou qui vous accusera si vous faites périr les (des) nations que vous avez créées ? 13 Car il n’y a pas d’autre Dieu que vous, qui prenez soin de toutes choses, et vous n’avez pas à prouver qu’il n’y a rien d’injuste dans vos jugements.
Note Sg. 12,13 : Voir 1 Pierre, 5, 7. ― De toutes choses ; ou de tous les hommes ; l’expression est amphibologique, dans le grec aussi bien que dans la Vulgate.
14 Il n’y a ni roi ni prince qui puisse vous demander compte, à votre face, de ceux que vous avez fait périr. 15 Etant donc juste, vous réglez tout avec justice, et vous regardez comme une chose indigne (en dehors) de votre puissance de condamner celui qui ne mérite pas d’être puni.
 
16 Car votre puissance est le principe de la justice, et vous êtes indulgent envers tous, parce que vous êtes le Seigneur de tous. 17 Mais vous manifestez votre puissance, lorsqu’on ne vous croit pas souverainement puissant, et vous confondez l’audace de ceux qui ne vous connaissent pas. 18 Maître de votre force (dominateur de la puissance), vous jugez avec calme (tranquillité), et vous nous traitez avec une grande réserve ; car, lorsque vous le voudrez, vous pourrez toujours user de votre puissance.
Note Sg. 12,18 : De pouvoir ; c’est-à-dire d’exercer votre pouvoir, d’user de votre puissance.
 
19 Vous avez appris à votre peuple, par cette conduite, qu’il faut être juste et bon (humain), et vous avez donné à vos fils cette (une) bonne espérance, que, dans vos jugements, vous donnez le temps de faire pénitence après le péché (au milieu de leurs péchés). 20 Car si vous avez puni avec tant de précaution les ennemis de vos serviteurs, qui avaient si bien mérité la mort, et si vous leur avez donné le temps et l’occasion (le lieu), afin qu’ils pussent se convertir de leur malice, 21 avec quelle circonspection ne jugez-vous pas vos enfants, aux pères desquels vous avez donné des serments et de si excellentes (bonnes) promesses ! 22 Lors donc que vous nous infligez quelque châtiment (corrigez), vous flagellez (frappez) nos ennemis de mille manières, afin que, dans nos jugements, nous pensions à votre bonté, et que, lorsqu’on nous juge nous-mêmes, nous espérions (en) votre miséricorde.
 
23 C’est pourquoi vous avez fait souffrir d’horribles tourments à ceux qui avaient mené une vie injuste et insensée, au moyen des choses mêmes qu’ils adoraient.
Note Sg. 12,23 : Par les choses mêmes qu’ils adoraient. Les Egyptiens adoraient les serpents ; les Philistins et vraisemblablement aussi les Chananéens adoraient Béelzébuth, le dieu-mouche ou des mouches, dont il est souvent parlé dans l’Ecriture. Ainsi, pour les punir par les choses mêmes qu’ils adoraient, Dieu envoya contre eux une armée de mouches pour les chasser et les tourmenter.
24 Car ils s’étaient égarés (très) longtemps dans la voie de l’erreur, prenant pour des dieux les plus vils (ceux) d’entre les animaux (qui sont inutiles), et vivant comme des enfants sans raison.
Note Sg. 12,24 : Voir Romains, 1, 23. ― Inutiles (supervacua). Voir Sagesse, 11, 16.
25 C’est pourquoi vous vous êtes joué d’eux, en les punissant comme des enfants insensés.
Note Sg. 12,25-26 : Châtiment ; littéralement jugement (judicium). Comparer au verset 10.
26 Mais comme ils n’avaient pas été corrigés par cette moquerie et ces reproches, ils ont éprouvé une condamnation (un châtiment) digne de Dieu. 27 Car ayant la douleur d’être tourmentés par les choses mêmes qu’ils prenaient pour des dieux, et voyant qu’on s’en servait pour les perdre, ils reconnurent le vrai Dieu, qu’ils prétendaient autrefois ne pas connaître ; et enfin le comble de la (la dernière) condamnation tomba sur eux.
Note Sg. 12,27 : Ils reconnurent le Dieu véritable ; mais ils s’en tinrent là ; ils furent du nombre de ces païens, dont parle saint Paul, lesquels, ayant connu Dieu, ne l’ont pas glorifié come Dieu (voir Romains, 1, 21). ― Et à cause de cela, etc. ; c’est ce qui attira enfin sur eux les derniers malheurs ; ils furent exterminés.

Chapitre 13

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Chap. : 
Vanité des hommes qui, au lieu de reconnaître Dieu dans ses créatures, les ont prises elles-mêmes pour des dieux.
Folie et aveuglement de ceux qui ont donné le nom de dieux aux ouvrages de la main des hommes.
1 Tous les hommes en qui n’est pas la connaissance de Dieu sont vanité (vains) ; et par les biens visibles ils n’ont pu comprendre Celui qui est, et ils n’ont pas reconnu le Créateur (l’ouvrier) par la contemplation de ses œuvres ;
Note Sg. 13,1 : Voir Romains, 1, 18. ― Celui qui est ; par lui-même, l’Etre nécessaire. Comparer à Exode, 3, 14.
2 mais ils ont pensé que le feu, ou le vent, ou l’air subtil, ou le cercle des étoiles, ou l’abîme (immensité) des eaux, ou le soleil et la lune, étaient les dieux qui gouvernent l’univers (le globe de la terre).
Note Sg. 13,2 : Voir Deutéronome, 4, 19 ; 17, 3. ― Enumération des créatures qui ont été divinisées et adorées par les idolâtres. Les Perses adoraient le feu, ainsi que les vents ; les Chananéens, le soleil, la lune et les astres ; les Egyptiens adoraient aussi le soleil sous le nom de Ra, le Nil, etc. Les Grecs rendaient également un culte à toutes les créatures que nomme ici l’auteur de la Sagesse.
 
3 S’ils les ont cru des dieux, parce qu’ils étaient ravis de leur beauté, qu’ils sachent combien leur dominateur est encore plus beau ; car c’est l’auteur de la beauté qui a établi toutes ces choses.
Note Sg. 13,3 : Qui a établi (constituit) ; qui a créé, selon le grec.
4 S’ils ont admiré le pouvoir et les effets de ces créatures, qu’ils comprennent par là combien celui qui les a créées est encore plus puissant ; 5 car par la grandeur et (de) la beauté (et) de la créature on peut connaître et voir le créateur.
Note Sg. 13,5 : De la beauté de la créature ; c’est-à-dire de la beauté de la créature ; figure grammaticale dont la Bible fournit plusieurs exemples. ― De manière à être reconnue (cognoscibiliter) ; dans le grec, par analogie.
 
6 Et cependant ces hommes méritent moins de reproches ; car, s’ils tombent dans l’erreur, c’est peut-être (sans doute) en cherchant Dieu et en voulant le trouver. 7 En effet, ils le cherchent par l’examen de ses œuvres, et ils sont séduits par (peruadés que les) (la beauté des) choses qu’ils voient (sont bonnes).
Note Sg. 13,7 : Voir Romains, 1, 21.
8 Mais d’ailleurs (D’un autre côté) ils ne méritent eux-mêmes aucun pardon. 9 Car, s’ils ont eu assez de science pour apprécier l’univers, comment n’ont-ils pas plus facilement découvert celui qui en est le maître (Seigneur) ?
 
10 Mais ils sont bien malheureux, et n’ont d’espérance que parmi les morts, ceux qui ont donné le nom de dieux aux œuvres de la main des hommes, à l’or, à l’argent, aux inventions de l’art, aux figures des animaux, et à une pierre inutile, travaillée par une main antique.
Note Sg. 13,10-14.13 : Description d’une grande beauté littéraire de la folie de l’idolâtre.
Note Sg. 13,10 : Mais ils sont malheureux. L’écrivain sacré distingue deux sortes d’idolâtres : les uns qui cherchent Dieu dans la nature et adorent les choses de la nature au lieu de Dieu ; les autres qui se font eux-mêmes des idoles pour les adorer. Les premiers, mentionnés dans les versets précédents, sont, à la vérité, dignes de blâme, puisqu’ils auraient pu facilement s’élever de la beauté des créatures au Créateur ; mais les derniers, dont il s’agit depuis ce verset 10 jusqu’à la fin du chapitre, sont plus blâmables encore.
11 Voici qu’un (Ainsi c’est un grand malheur si un) ouvrier habile coupe dans la forêt un arbre bien droit ; il en ôte adroitement toute l’écorce, et à l’aide de son art il en fabrique avec soin un meuble utile pour l’usage de la vie ;
Note Sg. 13,11 : Voir Isaïe, 44, 12 ; Jérémie, 10, 3. ― Ainsi c’est un grand malheur. Ces mots ou autres semblables sont évidemment sous-entendus ; car autrement ce qui suit n’aurait aucune liaison avec ce qui précède ; et cependant on comprend aisément qu’il en faut nécessairement une. Remarquons, de plus, que la phrase qui commence ici, et qui est interrompue par de nombreuses parenthèses, ne se trouve complète qu’au verset 17.
12 ce qui reste après son travail, il l’emploie (les débris) pour préparer ses aliments ; 13 quant aux derniers éclats, dont il ne peut faire (qui n’est d’) aucun usage, bois tordu et plein de nœuds, il le travaille avec soin dans ses loisirs, il lui donne une figure par la science de son art, et il le fait ressembler à un homme, 14 ou bien il en fait l’image de quelque animal ; il le frotte avec du vermillon, le revêt de couleur rouge (avec du fard), et recouvre toutes les taches qui s’y trouvent ;
Note Sg. 13,14 : Avec du vermillon. Les anciens estimaient extraordinairement le vermillon, et n’en usaient que comme d’une chose très précieuse.
15 puis il lui prépare une habitation convenable, le place dans une muraille, et l’assujettit (l’affermissant) avec du fer, 16 de peur qu’il ne tombe ; et il use de cette précaution, sachant que le dieu ne peut s’aider lui-même, car ce n’est qu’une statue, qui a besoin d’un secours étranger.
 
17 Il lui fait ensuite des vœux et il l’implore au sujet de ses biens, de ses enfants, ou d’un mariage. Il ne rougit pas de parler à un bois sans âme ; 18 il prie pour sa santé celui qui n’est que faiblesse (un infirme) ; il demande la vie à (prie) un mort, et il appelle à son secours un être inutile ; 19 il s’adresse pour son voyage à celui qui ne peut marcher ; et pour ses achats, ses entreprises et tout ce qui le concerne (le succès de toutes choses), il implore celui qui est incapable de tout.

Chapitre 14

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Chap. : 
Folie de celui qui en s’embarquant invoque une idole.
Prophétie de la ruine de l’idolâtrie.
Origine de l’idolâtrie.
Maux dont elle est la source.
1 Un autre encore, pensant à se mettre en mer, et commençant à voyager sur les flots impétueux, invoque un bois plus fragile que le bois (celui) qui le porte. 2 Car le désir de gagner a inventé le navire, et l’ouvrier l’a construit par son adresse.
Note Sg. 14,2-7 : Ces versets forment une parenthèse, dans laquelle l’auteur montre comment, avec la permission de Dieu, la navigation a été inventée par les hommes, afin de faire éclater sa toute-puissance et comment Dieu s’en est servi dans le déluge pour répandre ses bénédictions sur le genre humain.
3 Mais, ô Père (Roi), c’est votre providence qui gouverne ; car c’est vous qui avez ouvert un chemin à travers la mer, et une route très sûre au milieu des flots,
Note Sg. 14,3 : Voir Exode, 14, 22. ― Quelques-uns croient que le Sage fait ici allusion au passage de la mer Rouge ; mais la plupart l’entendent de l’art de la navigation
4 pour montrer que vous pouvez sauver de tous les périls celui-là même qui s’engagerait sur la mer sans le secours d’aucun art. 5 Mais afin que les œuvres de votre sagesse ne fussent pas inutiles, les hommes confient leur vie (s âmes mêmes) à un morceau de bois, et, traversant la mer, ils arrivent sains et saufs sur (avec) un vaisseau.
Note Sg. 14,5 : Ils ont été sauvés (liberati sunt). Le grec met également le verbe au passé ; peut-être que l’écrivain sacré fait allusion à quelque fait antérieur connu des Hébreux, mais dont l’Histoire ne parle pas.
6 Aussi, dès l’origine, lorsque les géants superbes périssaient, l’espérance de l’univers (du globe de la terre), réfugiée sur un vaisseau, conserva au monde la semence de la postérité (un germe de renaissance), grâce à votre main qui la gouvernait.
Note Sg. 14,6 : Un germe de renaissance ; Noé et sa famille, qui ont donné naissance au nouveau monde. Comparer à Genèse, 6, 4 ; 7, 7.
7 Car béni est le bois qui sert à la justice ;
Note Sg. 14,7 : Béni est le bois, etc. ; expression mystérieuse dans laquelle les Pères découvrent le bois de la croix du Sauveur, laquelle, contribuant à son sacrifice, a procuré au monde le don de la justice qu’il nous a méritée par son sang. Ce bois sacré est figuré par le bois même de l’Arche qui sauva Noé et sa famille.
 
8 mais l’idole fabriquée de main d’homme est maudite, elle et celui qui l’a faite ; car celui-ci l’a faite, et celle-là, n’étant qu’un bois fragile, a reçu le nom de dieu.
Note Sg. 14,8 : Voir Psaumes, 113, 4 ; Baruch, 6, 3.
9 Car Dieu a également en horreur l’impie et son impiété ; 10 et l’ouvrage souffrira la même peine que celui qui l’a fait. 11 C’est pourquoi les idoles des nations ne seront pas épargnées, parce que les créatures de Dieu sont devenues des objets d’abomination (un objet de haine), une (cause de) tentation pour les âmes des hommes, et un filet sous les pieds des insensés.
Note Sg. 14,11 : Pour les idoles des nations, etc. ; c’est-à-dire qu’elles ne seront pas épargnées, mais renversées et détruites. C’est ce que les prophètes avaient prédit. Voir Isaïe, 2, 20 ; Jérémie, 10, 5 ; Ezéchiel, 30, 13 ; Zacharie, 13, 2. Comparer au verset 13.
 
12 Le commencement de la fornication, c’est la recherche des idoles, et leur invention est la corruption de la vie (humaine) ;
Note Sg. 14,12 : La recherche des idoles ; c’est le premier essai qui a été fait pour en fabriquer. Or ce premier essai a été suivi de la fornication, qui est devenue une partie du culte des idoles. Par fornication, quelques interprètes entendent l’idolâtrie elle-même, qui est souvent appelée de ce nom. ― Leur découverte, etc. Une fois trouvé et établi, le culte des idoles a introduit la corruption, c’est-à-dire, outre la fornication, toute sorte d’affreux dérèglements parmi les hommes.
13 car elles n’existaient pas au commencement, et elles ne dureront pas à jamais.
Note Sg. 14,13 : Car elles n’étaient pas au commencement. Les idoles n’existaient pas, en effet, lorsque fut créé le premier homme, qui ne connut et n’adora qu’un Dieu, son créateur. Par conséquent, l’idolâtrie, qui ne fut introduite que dans des temps postérieurs par des hommes pervers, loin d’être conforme à la nature de l’homme, y est entièrement opposée. ― Elles ne seront pas pour toujours. Les prophètes l’avaient prédit (voir verset 11), et la prédication de l’Evangile a confirmé leur prédiction ; car depuis la venue du Messie, qui lui a porté un coup mortel, l’idolâtrie n’a cessé de diminuer.
14 C’est (Car) la vanité des hommes qui les a introduites (est venue) dans le monde ; aussi en trouvera-t-on bientôt la (leur) fin.
Note Sg. 14,14 : S’est trouvée prompte (est inventus). Le verbe étant au passé dans le grec comme dans la Vulgate, l’auteur sacré fait sans doute allusion à la destruction du monde par le déluge, ou à quelque autre évènement antérieur à son époque, mais dont l’histoire ne nous a laissé aucune mention.
 
15 Un père, accablé d’une douleur amère, a fait l’image du fils qui lui avait été prématurément ravi, et il s’est mis à adorer comme dieu celui qui était mort peu auparavant comme un homme, et il lui établit parmi ses serviteurs un culte et des sacrifices.
Note Sg. 14,15 : Une des causes de l’idolâtrie fut le regret excessif causé par la perte des parents et des amis. Voir 2 Machabées, 11, 23. ― Il établit pour lui parmi ses serviteurs un culte et des sacrifices. C’est ce qui avait lieu en particulier en Egypte.
16 Puis, le temps s’écoulant, cette coutume criminelle s’affermit, et l’erreur fut observée comme une loi, et les idoles furent adorées sur l’ordre des princes.
Note Sg. 14,16 : Et par le commandement, etc. Voir Daniel, 3, 1-22.
 
17 Et lorsque les hommes ne pouvaient honorer en face ceux qui étaient loin d’eux, ils faisaient apporter de loin leur portrait, ou bien ils faisaient faire l’image visible du roi qu’ils voulaient honorer, afin de rendre à celui qui était absent un culte aussi zélé que s’il eût été présent.
Note Sg. 14,17 : On avait divinisé les rois dans divers pays. En Egypte, les Lagides payaient régulièrement des sommes destinées à rendre les honneurs divins à leurs prédécesseurs.
18 L’adresse admirable du sculpteur augmenta encore ce culte dans l’esprit des (adorateurs) ignorants eux-mêmes.
Note Sg. 14,18 : Et les adorateurs ignorants ; littéralement et ceux qui ignoraient (et hos qui ignorabant). Cet accusatif hos de la Vulgate peut être le régime de la préposition ad, exposant du premier complément culturam du verbe provexit, ou second complément de ce même verbe ; car ces deux sortes de constructions sont également usitées, au moins en hébreu.
19 Car l’artiste, voulant plaire à celui qui l’employait, épuisa tout son art à embellir (parfaire) la ressemblance du portrait. 20 Et la foule des hommes, séduite par la beauté de l’œuvre, regarda comme un dieu celui qui auparavant était honoré comme un homme.
 
21 Telle fut l’illusion de la vie humaine, provenant de ce que les hommes, devenus esclaves de leurs affections ou des rois, donnèrent à des pierres et à du bois le nom incommunicable.
Note Sg. 14,21 : Le nom incommunicable, le nom de Dieu, Jéhovah, qui ne se communique pas aux créatures, comme quelques autres, par exemple Elôhim, Adônâï. Les Juifs, par respect, ne le prononcent jamais ; ils y subsistent Adônâï, que les Septante et la Vulgate ont constamment traduit par le Seigneur. Phrase suivante supprimée.
22 Et il n’a pas suffi aux hommes d’être dans l’erreur touchant la connaissance (science) de Dieu ; mais, vivant dans la (une) grande confusion (lutte) (que) cré(é)e l’ignorance, ils donnent le nom de paix à des maux si nombreux et si grands.
 
23 Car, ou bien ils immolent leurs propres enfants, ou ils offrent des sacrifices clandestins, ou ils célèbrent des veilles pleines de folie (d’une brutalité furieuse) :
Note Sg. 14,23 : Voir Deutéronome, 18, 10 ; Jérémie, 7, 6. ― En immolant leurs propres enfants. Voir Sagesse, note 12.4-5. Cet usage barbare subsistait encore à Carthage, quand écrivait l’auteur de la Sagesse. ― Ou faisant des sacrifices clandestins, allusion aux mystères, tels que ceux d’Eleusis, etc. ― Célébrant des villes pleines d’une brutalité furieuse, dans les orgies du culte de Bacchus, voir 2 Machabées, 6, 4 ; Romains, 13, 13 ; Baruch, 6, 43.
24 aussi ne gardent-ils aucune pudeur, ni dans leur vie, ni (la chasteté) dans leurs mariages ; mais l’un tue l’autre par envie, ou l’outrage par l’adultère ; 25 tout est affreusement mêlé, le sang, le meurtre, le vol et la tromperie, la corruption et l’infidélité, le tumulte et le parjure, le trouble (vexation) des gens de bien, 26 l’oubli de Dieu, la souillure des âmes, l’avortement (changement de naissance, note), l’inconstance des mariages, les excès (dissolutions) de l’adultère et de l’impudicité.
Note Sg. 14,26 : Le changement de naissance ; la confusion dans la naissance des enfants, dont la vraie origine ne saurait être assurée au milieu d’une si affreuse corruption des mariages.
27 Car le culte des idoles abominables est la cause, le principe et la fin de tout mal. 28 Car ou bien ils s’abandonnent à la folie dans leurs divertissements (réjouissances), ou ils font (annoncent comme certaines) des prédictions pleines de mensonge, ou ils vivent dans l’injustice, ou ils se parjurent aussitôt (sans hésitation). 29 Car, ayant mis leur confiance en des idoles qui n’ont pas d’âme, ils espèrent n’être pas punis de leurs parjures.
 
30 Mais ils seront à bon droit punis de ce double crime, pour avoir eu de Dieu des sentiments impies en révérant les idoles, et pour avoir fait de faux serments en méprisant la justice par leur perfidie. 31 Car ce n’est pas la puissance de ceux par qui ils ont juré, mais la peine due aux pécheurs, qui punit toujours la prévarication des hommes injustes.
Note Sg. 14,31 : Parmi les païens, il s’en trouvait qui croyaient que les dieux punissaient quelquefois les parjures ; le Sage leur montre ici que, si cela arrive, ce n’est pas à ces fausses divinités qu’il faut l’attribuer, mais au souverain Seigneur.

Chapitre 15

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Chap. : 
Le Sage, au nom des fidèles Israélites, loue le Seigneur de les avoir préservés de l’idolâtrie.
Aveuglement de ceux qui fabriquent des idoles et de ceux qui les adorent.
Culte impie des animaux.
1 Mais vous, notre Dieu, vous êtes doux, fidèle (véritable) et patient, et vous gouvernez tout avec miséricorde. 2 Car, si nous péch(i)ons, nous sommes à vous, nous qui connaissons votre grandeur ; et si nous ne péch(i)ons pas, nous savons que nous sommes comptés au nombre des vôtres (tenez compte de nous). 3 Vous connaître, c’est la parfaite justice (consommée) ; et comprendre votre équité (justice) et votre puissance, c’est la racine de l’immortalité. 4 Aussi n’avons-nous pas été induits en erreur par les inventions de l’art pernicieux (funeste) des hommes, ni par le vain travail des ombres de la peinture, ni par une figure sculptée et peinte en diverses couleurs, 5 dont la vue excite la passion d’un insensé, et lui fait aimer le fantôme sans vie d’une image morte (sans âme). 6 Ceux qui aiment le mal sont dignes de mettre leur espérance en de tels dieux, et aussi (bien que) ceux qui les font, ceux qui les aiment, et ceux qui les adorent.
 
7 (Et même) Un potier qui manie la terre molle en fait par son travail toute sorte de vases pour notre usage, et, de la même argile (boue), il en forme qui sont destinés à des emplois honnêtes, et d’autres pour des emplois contraires ; et le potier est le juge de l’usage de ces vases.
Note Sg. 15,7 : Voir Romains, 9, 21.
8 Puis par un vain travail il forme un dieu avec la même boue, lui qui peu de temps auparavant a été fait (formé) de (la) terre, et qui doit bientôt retourner au lieu de son origine, lorsqu’on lui redemandera (réclamera la dette de, note) l’âme qu’il avait reçue (en dépôt).
Note Sg. 15,8 : Lorsqu’on lui réclamera, etc. ; lorsque Dieu lui redemandera l’âme qu’il ne lui avait donné que pour un temps, et dont, par conséquent, le fabricateur d’idoles lui est redevable comme d’une véritable dette.
9 Toutefois il ne s’inquiète pas de ce malheur futur, (Et il a souci, non parce qu’il doit travailler,) ni de la brièveté de sa vie, mais il rivalise avec les ouvriers en or et en argent ; il imite aussi ceux qui travaillent l’airain, et il met sa gloire à exécuter des ouvrages inutiles. 10 Son cœur n’est que cendre, une terre vile (inutile) est son espérance, et sa vie est plus méprisable que la boue, 11 car il ignore celui qui l’a formé, qui lui a inspiré une âme agissante, et qui a soufflé en lui l’esprit de vie. 12 Ils se sont en outre imaginé que notre vie est un jeu, et qu’il n’y a d’autre but de l’existence que le gain, et qu’il faut (en) acquérir par tous les moyens, même par le mal.
Note Sg. 15,12 : Ils ont estimé ; pluriel qui se rapporte à les amateurs de mauvaises choses du verset 6.
13 Celui-là sait bien qu’il est plus coupable que tous les autres, qui forme d’une même terre des vases fragiles et des idoles (images taillées au ciseau).
Note Sg. 15,13 : Des images taillées au ciseau ; c’est-à-dire des idoles.
 
14 Mais ils sont tous insensés, et malheureux plus qu’on ne peut le dire, ces orgueilleux (excessivement superbes d’esprit), qui sont les ennemis de votre peuple et qui le dominent ;
Note Sg. 15,14 : Excessivement (supra modum) ; cet adverbe, par la place qu’il occupe, pourrait rigoureusement se rapporter à malheureux, qui précède ; cependant nous croyons qu’il est plus naturel de le rattacher à l’expression suivante : superbes d’esprit. ― Les ennemis de votre peuple, les Egyptiens, qui adorent les dieux mentionnés au verset 18. C’est, d’après les uns, une allusion à Ptolémée IV Philopator (222-204), qui, après avoir été repoussé de Jérusalem, vers 217, traita les Juifs d’Egypte avec beaucoup de cruauté. D’après d’autres, dont l’opinion est plus probable, l’auteur sacré veut parler ici des mauvais traitements que fit endurer aux Juifs, comme le rapporte Josèphe, Ptolémée VII Physcon (170-117).
 
15 car ils ont pris pour des dieux toutes les idoles des nations, qui ne peuvent ni se servir de leurs yeux pour voir, ni de leurs narines pour respirer, ni de leurs oreilles pour entendre, ni des doigts de leurs mains pour toucher, ni de (mais même) leurs pieds (qui) sont paresseux pour marcher.
Note Sg. 15,15 : Voir Psaumes, 113, 5 ; 134, 16. ― Les Grecs d’Alexandrie identifiaient leurs dieux avec ceux des autres peuples et honoraient les idoles étrangères comme les leurs propres. Rome, sous l’empire, fit de même.
16 Car c’est un homme qui les a faits et celui qui les a formés n’avait qu’un esprit d’emprunt. En effet, il n’est pas d’homme qui puisse faire un dieu semblable à lui.
Note Sg. 15,16 : Celui qui a reçu en prêt (mutuatus est). Voir le verset 8. ― Semblable à lui-même ; c’est-à-dire vivant, intelligent comme il est lui-même.
17 Etant lui-même mortel, de ses mains criminelles il ne forme qu’une œuvre morte. Ainsi lui-même il vaut mieux que ceux qu’il adore, car il vit quelque temps, quoiqu’il soit mortel, et eux n’ont jamais vécu.
 
18 Ils adorent les (jusqu’aux) plus vils animaux, qui, comparés aux autres bêtes sans raison, sont au-dessous d’elles.
Note Sg. 15,18 : Les animaux, etc. ; ce sont les serpents, les chiens, les crocodiles, etc., adorés par les Egyptiens en particulier.
19 La vue même de ces animaux ne montre rien de bon (beau) en eux, car ils se sont souscrits (ont échappé) à la louange de Dieu et à sa bénédiction.
Note Sg. 15,19 : Rien de beau ; littéralement de bonnes choses ; mais il faut remarquer dans le style biblique le mot bon, surtout lorsqu’il est joint à un verbe qui marque l’action des yeux, exprime plus souvent la beauté que la bonté. ― Ils ont échappé, etc. Ils n’ont pas été l’objet des louanges et des bénédictions de Dieu comme les premiers animaux le furent après leur création (voir Genèse, 1, 21-22) ; ils ont été plutôt maudits, comme le serpent dont le démon s’était servi pour tenter Eve (voir Genèse, 3, 14).

Chapitre 16

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Chap. : 
La manière dont Dieu traite ses amis et ses ennemis.
Plaies dont il frappe les Egyptiens ; bienfaits qu’il répand sur les Hébreux.
1 C’est pourquoi ils ont été tourmentés comme ils le méritaient par des êtres semblables à ceux-là, et ils ont été exterminés par une multitude de bêtes.
Note Sg. 16,1 : A Cause de ces animaux, etc. Comparer à Sagesse, 12, 25 et Exode, 8, vv. 2-3, 16, 21 ; 10, vv. 4-6, 12-15. ― Ils ; les Egyptiens. ― Par une multitude de bêtes, grenouilles, mouches, sauterelles des plaies d’Egypte.
2 Mais, au lieu de ces tourments, vous avez eu des faveurs pour (bien traité) votre peuple, et vous lui avez donné la nourriture délicieuse qu’il désirait, les cailles que vous lui aviez préparées comme un mets d’un goût nouveau ;
Note Sg. 16,2 : Des cailles. Comparer à Exode, 16, 13 ; Nombres, 11, 31.
3 de sorte que les uns, quoique pressés de manger, virent se changer en aversion même leur appétit nécessaire, à cause de ce que (des animaux) vous leur montriez et que vous envoyiez contre eux, tandis que les autres, après n’avoir été dans le besoin que peu de temps, goûtèrent une nourriture nouvelle.
Note Sg. 16,3 : Ceux-là ; les Egyptiens. ― A cause, etc. A cause des animaux impurs et dégoûtants que Dieu leur avait envoyés (voir Exode, 8, 3), les Egyptiens avaient en aversion même les viandes les plus nécessaires. ― Ceux-ci ; les Hébreux.
 
4 Car il fallait qu’une ruine inévitable fondît sur les premiers, qui exerçaient la tyrannie (sur votre peuple), et que vous fissiez seulement voir aux autres de quelle manière vous exterminiez leurs ennemis. 5 Il est vrai que la fureur des bêtes cruelles attaqua aussi vos enfants, et que la morsure des serpents venimeux les fit périr (ils étaient exterminés).
Note Sg. 16,5 : Astucieux (perversorum), rusés (voir Genèse, 3, 1) ; ou bien tortueux, ce qui est la signification propre du grec skotiôn employé ici par les Septante. ― Ils étaient exterminés, les Israélites, par les serpents brûlants, voir Nombres, 21, 6.
6 Mais votre colère ne dura pas toujours ; ils ne furent que peu de temps dans le trouble, en vue de leur correction (pour avertissement), et ils eurent un signe de salut, pour leur rappeler les commandements de votre loi.
Note Sg. 16,6-7 : Un signe de salut ; c’est-à-dire le serpent d’airain, figure de Jésus-Christ notre Sauveur en croix. Voir Nombres, 21, 8-9 ; Jean, 3, 14-15.
7 Car celui qui se retournait de ce côté (vers ce signe) n’était pas guéri par ce qu’il voyait, mais par vous, qui êtes le sauveur de tous.
 
8 En cela vous avez montré à nos ennemis que c’est vous qui délivrez de tout mal. 9 Car, pour eux, ils furent tués par la morsure des sauterelles et des mouches, sans trouver de remède pour sauver leur vie, car ils méritaient de périr ainsi.
Note Sg. 16,9 : Voir Exode, 8, 24 ; 10, 4 ; Apocalypse, 9, 7. ― Leur âme ; hébraïsme conservé aussi par les Septante pour leur vie. ― Les sauterelles ravagèrent toute l’Egypte pour punir ses habitants qui ne voulaient pas laisser partir les Hébreux, voir Exode, 10, 5-15. Sur la plaie des mouches, voir Psaumes, note 104.31.
10 Quant à vos enfants, les dents mêmes empoisonnées des dragons ne purent les vaincre, parce que votre miséricorde était là pour les guérir.
Note Sg. 16,10 : Des dragons ; des serpents brûlants. Tandis que les Egyptiens périrent, verset 9, par des animaux qui généralement ne tuent pas, les Israélites sont sauvés même des serpents venimeux. Pharaon appelle la plaie des sauterelles « cette mort », voir Exode, 10, 17 ; cependant Moïse ne dit pas expressément que ni les mouches ni les sauterelles aient fait mourir les Egyptiens. Il est certain d’ailleurs qu’il y a des mouches dont la piqûre est mortelle.
11 Ils étaient éprouvés, afin qu’ils se souvinssent de vos préceptes, et ils étaient promptement sauvés (guéris), de peur que, tombant dans un profond oubli de votre loi, ils ne missent un obstacle à votre secours.
Note Sg. 16,11 : Ils étaient éprouvé (examinabantur) ; selon le grec, ils étaient piqués.
12 Aussi n’est-ce pas une herbe, ni un émollient qui les a guéris, mais votre parole, ô Seigneur, qui guérit toutes choses. 13 Car c’est vous, Seigneur, qui avez la puissance de la vie et de la mort, et qui menez aux portes de la mort et qui en ramenez. 14 Mais quand l’homme a tué par malice, et que l’esprit a quitté le corps, il ne l’y fera pas revenir, et il ne rappellera pas l’âme lorsqu’elle se sera retirée.
Note Sg. 16,14 : Et ce n’est pas un homme. C’est en effet, le mot homme, exprimé au commencement du verset, qui est le nominatif du verbe rappellera (revocabit). ― Qui s’est retiré ; ou qui a été reçu dans l’autre vie.
 
15 Il est impossible d’échapper à votre main.
 
16 C’est pourquoi, lorsque les impies ont prétendu ne pas vous connaître, ils ont été flagellés (frappés) par la force de votre bras, ils ont été tourmentés par des pluies extraordinaires (de nouvelles eaux), par des grêles et des orages (pluies), et consumés par le feu.
Note Sg. 16,16 : Voir Exode, 9, 23. ― De nouvelles eaux ; des pluies, des orages inaccoutumés : allusion à la septième plaie, voir Exode, 9, 22-25. Il ne pleut presque jamais en Egypte.
17 Ce qui était le plus admirable, c’est que le feu brûlait davantage dans l’eau, qui éteint tout, car l’univers est le vengeur des justes.
Note Sg. 16,17 : Dans l’eau le feu avait plus de force ; les éclairs et les tonnerres étaient plus terribles au milieu de la pluie d’orage, ce qui remplissait d’étonnement les Egyptiens, qui voient si rarement des orages.
18 Parfois le feu s’adoucissait, pour ne pas brûler les animaux qui avaient été envoyés contre les impies ; afin qu’à cette vue ils reconnussent que c’était par un jugement de Dieu qu’ils souffraient ces maux.
Note Sg. 16,18 : Ce verset se rapporte à des faits qui ne sont pas consignés dans l’Exode. Cornelius a Lapide et d’autres commentateurs croient que le feu dont parle ici l’auteur sacré désigne des feux qu’allumaient, mais en vain, les Egyptiens pour se délivrer des insectes envoyés contre eux pour les punir.
19 Parfois aussi ce feu, surpassant ses propres forces, redoublait d’ardeur au milieu des eaux, pour détruire ce qu’avait produit une terre impie (la nation d’une terre inique).
 
20 Vous avez au contraire nourri votre peuple de la nourriture des anges, et vous leur avez donné du ciel un pain préparé sans travail, ayant en lui toutes les douceurs et tous les goûts exquis (ce qui est agréable à tous les goûts).
Note Sg. 16,20 : Un pain venant du ciel (panem de cœlo). Le mot pain, nous l’avons déjà remarqué, se prend très souvent dans l’Ecriture pour nourriture en général. Il s’applique ici, dans le sens propre, à la manne et aux cailles que Dieu envoya aux Israélites dans le désert ; et, dans le sens spirituel, il est la figure de la sainte Eucharistie. Comparer à Exode, 16, verset 14 et suivants ; Nombres, 11, verset 7 et suivants ; Psaumes, 77, versets 23 et suivants ; Jean, 6, verset 31 et suivants.
21 Car la substance créée par vous montrait la douceur que vous avez envers vos enfants, puisque, s’accommodant à la volonté de chacun d’eux, elle se changeait en tout ce qu’il voulait.
Note Sg. 16,21 : Cette nourriture qui venait de vous ; littéralement votre substance (substantia tua) ; c’est-à-dire la manne et les cailles. Voir le verset précédent.
22 La neige et la glace soutenaient, sans se fondre, la violence du feu, et vos enfants savaient que les fruits de leurs ennemis étaient détruits par un feu qui brûlait dans la grêle, et qui étincelait dans la pluie,
Note Sg. 16,22 : Voir Exode, 9, 24. ― La neige et la glace ; nom donné à la manne, à cause de sa ressemblance avec la gelée blanche, voir Exode, 16, 14.
23 mais qui oublia ensuite sa propre force pour la nourriture des justes. 24 Car la créature, qui vous est soumise comme à son Créateur, devient violente pour tourmenter les méchants, et s’adoucit pour contribuer au bien de ceux qui se confient en vous. 25 C’est pourquoi, se transformant alors en toutes sortes de goûts, elle obéissait à votre grâce, qui est la nourricière de tous, selon la volonté de ceux qui vous exprimaient leurs désirs ; 26 afin que vos enfants, que vous aimiez, Seigneur, connussent que ce ne sont pas les fruits naturels qui nourrissent les hommes, mais que (c’est) votre parole (qui) conserve ceux qui croient en vous.
Note Sg. 16,26 : Voir Deutéronome, 8, 3 ; Matthieu, 4, 4.
27 Car ce qui ne pouvait être consumé par le feu se fondait aussitôt par la chaleur du moindre rayon de soleil, 28 pour faire savoir à tous qu’il faut prévenir le soleil pour vous bénir, et vous adorer dès le point du jour.
Note Sg. 16,28 : Pour vous bénir ; c’est-à-dire pour vous rendre grâces ; c’est le sens du grec ; littéralement pour votre bénédiction (in benedictionem), que d’autres interprètent par : Pour recevoir votre bénédiction ; les Israélites, en effet, recueillirent la manne, bénédiction ou bienfait de Dieu.
29 Car l’espérance de l’ingrat fondra comme la glace de l’hiver, et s’écoulera (périra entièrement) comme une eau inutile.

Chapitre 17

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Chap. : 
Jugements de Dieu.
Ténèbres de l’Egypte et frayeur des Egyptiens, tandis que le reste du monde jouissait de la lumière et vaquait librement à ses travaux.
1 Vos jugements sont grands, Seigneur, et vos paroles sont ineffables (inexprimables). C’est pourquoi les âmes sans instruction (science) se sont égarées.
Note Sg. 17,1 : Inexprimables (inenarrabilia) ; ou difficiles à exposer, à expliquer, comme porte le texte grec. ― Les âmes sans science ; littéralement indisciplinées (indisciplinatæ) ; mais il faut se rappeler que dans l’Ecriture, et surtout dans les Livres sapientiaux, le mot disciplina s’emploie fréquemment pour science ; aussi le grec porte-t-il ici sans instruction, sans éducation. Or ces âmes sans science, de même que les impies, mentionnés dans le verset suivant, désignent les Egyptiens.
 
2 Car les méchants, persuadés qu’ils pourraient dominer la nation sainte, (ont été) liés par les chaînes des ténèbres et d’une longue nuit ; et enfermés sous leurs toits, ils sont restés couchés (ont été abattus), se soustrayant à votre (éternelle) Providence(, qui ne cesse jamais d’agir).
Note Sg. 17,2 : Voir Exode, 10, 23. ― Fuyant (fugitivi), etc. ; allusion aux esclaves fugitifs, que leurs maîtres chargent de chaînes et enferment dans un sombre cachot. ― Description de la neuvième plaie d’Egypte, celle des ténèbres (du chapitre 17, verset 1 au chapitre 18, verset 4). Elle fut produite par le vent appelé khamsin, qui obscurcit l’air et le remplit d’une poussière impalpable qui pénètre partout. Les Egyptiens fuient la tempête en s’enfermant sous leurs toits.
3 S’imaginant qu’ils demeuraient cachés dans l’obscurité de leurs péchés (secrets), ils ont été dispersés sous le voile ténébreux de l’oubli, et, saisis d’un horrible effroi, ils ont été frappés d’un profond étonnement.
Note Sg. 17,3 : Saisis d’un horrible effroi. Les tempêtes de khamsin, surtout quand elles sont portées à un degré extraordinaire, comme dans le miracle de la neuvième plaie, produisent un grand malaise et par conséquent une grande terreur.
4 Car la caverne où ils s’étaient retirés ne les défendait pas de la crainte ; en effet, le bruit qui descendait les effrayait, et ils voyaient paraître des spectres affreux (lugubres) qui les remplissaient d’épouvante.
Note Sg. 17,4 : Des spectres lugubres apparaissent aux Egyptiens enfiévrés par la tempête.
5 Et il n’y avait pas de feu assez ardent pour leur fournir de la lumière, et les flammes brillantes (pures) des étoiles (astres) ne pouvaient éclairer cette nuit horrible.
Note Sg. 17,5 : Aucun feu ardent ne pouvait leur donner la lumière du soleil, complètement voilé par le sable impalpable qui remplit l’atmosphère dans les tempêtes de khamsin.
6 (Mais) Ils voyaient apparaître une lueur (un feu) soudain(e), pleins d’effroi, et épouvantés par ces fantômes qu’ils ne faisaient qu’entrevoir, ils croyaient ces apparitions encore plus terribles (ils estimaient pires les choses qu’ils voyaient clairement).
Note Sg. 17,6 : Un feu subit, etc. Ce feu subit qui passait comme un éclair, leur permettait d’entrevoir les objets, mais non de les remarquer à loisir et distinctement. C’est cette vue subite et interrompue qui au lieu de les rassurer augmentait leur terreur, et par là même leur faisait juger les choses plus affreuses et plus terribles qu’elles ne l’étaient réellement. ― Il leur apparaissait un feu subit. Au lieu de subit, le texte original porte : « un bûcher qui s’allume de lui-même, » expression qui exprime très bien l’état de l’atmosphère embrasée par le khamsin. Elle est rougeâtre comme les lueurs d’un incendie.
7 Le recours à l’art des magiciens ne fut qu’une dérision, et la sagesse dont ils faisaient gloire fut convaincue honteusement de fausseté.
Note Sg. 17,7 : Voir Exode, 7, 22 ; 8, 7.
8 Car ceux qui promettaient de bannir les craintes et les troubles de l’âme languissante languissaient eux-mêmes ridiculement, pleins d’épouvante. 9 Car alors même que rien de terrible (du côté des spectres) ne les troublait, terrifiés par le passage des bêtes et par le sifflement des serpents, ils mouraient de peur, et ils refusaient de voir l’air auquel on ne pouvait échapper en aucune manière.
Note Sg. 17,9 : L’air…, ils refusaient de le voir. C’est en effet dans l’air qu’est le fléau.
10 Car, comme la méchanceté est timide, elle se condamne par son propre témoignage ; troublée par la conscience, elle s’attend toujours à de grands maux (se représente toujours d’avance les choses terribles).
Note Sg. 17,10 : Troublée (turbala) ; se rapporte à méchanceté qui précède. ― Par la conscience (conscientia). C’est le sens formel des Septante. La Vulgate étant amphibologique, nous avons cru devoir l’interpréter par le texte grec, contrairement à Bible catholique anglaise, à celle de Scio (en espagnol), à celle d’Allioli et à celle de Loch et Reischl (en allemand).
 
11 En effet, la crainte n’est autre chose que le trouble de l’âme qui se croit abandonnée de tout secours.
Note Sg. 17,11 : L’abandon, etc. ; le manque, la privation des secours que la pensée peut offrir.
12 Et moins elle attend (moins de secours) du dedans d’elle-même, plus elle grossit, sans les bien connaître, les sujets qu’elle a de se tourmenter.
Note Sg. 17,12 : La cause inconnue ; littéralement l’ignorance de la cause.
13 Pour eux, pendant cette nuit tout à fait impuissante, sortie du plus profond abîme des enfers, dormant le même sommeil,
Note Sg. 17,13 : Impuissante. Cette nuit est ainsi appelée, soit parce qu’elle mettait les Egyptiens dans l’impuissance d’agir, soit parce qu’elle ne pouvait être ni évitée, ni éclairée.
 
14 ils étaient tantôt troublés par la crainte des spectres, et tantôt abattus parce que le cœur leur manquait, car un effroi (une crainte) soudain(e) et inattendu(e) s’était emparé(e) d’eux.
Note Sg. 17,14 : Par l’abandon de leur âme ; dans le grec par la trahison de l’âme ; c’est-à-dire que leur âme effrayée elle-même les abandonnait.
15 Si quelqu’un d’eux était tombé, il demeurait enfermé sans chaînes dans cette sorte de prison (de ténèbres).
Note Sg. 17,15 : Sans chaînes autres qui le retinssent que l’obscurité même qui les environnait de toutes parts. Comparer au verset 17. ― Quand le khamsin est déchaîné avec violence, l’indigène se couche dans son manteau et ne bouge plus, pour échapper autant que possible à la poussière impalpable et brûlante qui pénètre partout.
16 Que l’homme ainsi surpris fût un laboureur, ou un berger, ou un ouvrier occupé aux travaux des champs (cultivateur), il était soumis à une nécessité inévitable ;
Note Sg. 17,16 : Une nécessité inévitable ; celle de ne pouvoir quitter le lieu où il avait été surpris par les ténèbres et la frayeur.
17 car ils étaient tous liés par une même chaîne de ténèbres. (Ou) Le vent qui sifflait, (ou) le suave concert (la voix douce) des oiseaux parmi les branches touffues des arbres, (ou) la violence de l’eau qui courait avec impétuosité, 18 (ou) le grand bruit des pierres qui se précipitaient, les mouvements invisibles des animaux qui jouaient ensemble, (ou) la voix puissante des bêtes qui hurlaient, ou l’écho qui retentissait du creux des montagnes, tout les faisait mourir d’effroi.
Note Sg. 17,18 : Sans être aperçus. Ils entendaient le hurlement des animaux, mais ils ne les voyaient pas.
19 Car tout l’univers était éclairé par une lumière limpide, et s’occupait de ses travaux sans obstacle.
 
20 Sur eux seuls pesait une nuit profonde, image des ténèbres qui leur étaient réservées, et ils étaient plus insupportables à eux-mêmes que les ténèbres.
Note Sg. 17,20 : Image, etc. L’écrivain sacré fait allusion au malheur éternel qui attendait les Egyptiens après leur mort, sous l’image d’une nuit profonde. C’est ainsi que l’enfer et la damnation nous sont représentés dans l’Evangile et dans les écrits des Apôtres. Voir Matthieu, 8, 12 ; 22, 13 ; 2 Pierre, 2, 17 ; Jude, 1, 13, etc.

Chapitre 18

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Chap. : 
Les Egyptiens sont dans les ténèbres, tandis que les Israélites jouissent de la lumière.
Ces derniers sont ensuite guidés par une colonne de feu.
Les premiers-nés de l’Egypte sont exterminés sans réserve ; la plaie de la mort qui frappe les Hébreux dans le désert est bientôt arrêtée.
1 Cependant, Seigneur, une grande lumière éclairait vos saints, et les Egyptiens (ils, note) entendaient leur voix, mais ne voyaient pas leur visage. Pour eux, ils vous glorifiaient de ce qu’ils ne souffraient pas les mêmes peines ;
Note Sg. 18,1 : Voir Exode, 10, 23. ― Ils entendaient, etc. Cela est dit des Hébreux, suivant les uns, et des Egyptiens, selon les autres. Ces derniers se fondent principalement sur quelques exemplaires qui ajoutent le mot inimici ou ennemis.
2 et après avoir été maltraités auparavant, ils vous rendaient grâces maintenant qu’on avait cessé de leur nuire, et ils vous priaient de continuer à faire cette différence entre eux et leurs ennemis (existât toujours). 3 C’est pourquoi ils eurent une colonne ardente de feu pour guide dans un chemin inconnu, et vous leur avez donné (ainsi) un soleil qui, sans les incommoder, les accompagnait heureusement (sans préjudice de votre bonne hospitalité).
Note Sg. 18,3 : Voir Exode, 14, 24 ; Psaumes, 77, 14 ; 104, 39. ― Vous leur avez donné, etc. La colonne de feu leur servait de soleil. ― De votre bonne hospitalité (boni hospitii) ; c’est-à-dire le désert, où le Seigneur traita si bien les Israélites, en leur donnant, outre les colonnes de feu et de nuée, la manne, les cailles, etc.
4 Quant aux autres, ils méritaient bien d’être privés de lumière, et d’endurer une prison de ténèbres, eux qui tenaient enfermés vos fils, par qui la lumière incorruptible de votre loi commençait à être donnée au monde.
Note Sg. 18,4 : Une prison de ténèbres ; la plaie des ténèbres tenant les Egyptiens comme prisonniers dans les lieux où elle les avait surpris. Voir plus haut, Sagesse, 17, 16-17.
 
5 Ils avaient résolu de faire mourir les enfants des justes ; l’un de ces enfants, qui avait été exposé, fut sauvé pour leur punition, et vous avez enlevé un grand nombre de leurs (propres) enfants, et vous les avez perdus eux-mêmes dans l’abîme des eaux.
Note Sg. 18,5-22 : Dixième plaie : l’ange exterminateur fait mourir les premiers-nés des Egyptiens.
Note Sg. 18,5 : Voir Exode, 1, 16 ; 2, 3 ; 14, 27. ― Une eau puissante (aqua valida) ; la mer Rouge.
 
6 Cette nuit avait été connue d’avance par nos pères, afin que, sachant parfaitement à quelles promesses ils avaient cru, ils en demeurassent plus assurés.
Note Sg. 18,6 : Cette nuit, etc. Moïse avait prédit aux Israélites ce qui leur arriverait la nuit de leur sortie d’Egypte, et pendant laquelle les premiers-nés de l’Egypte furent tués par l’ange exterminateur. Comparer à Exode, chapitre 11 et 12. ― A quels serments, etc. Dieu avait promis par serment aux anciens Hébreux qu’il les retirerait de l’Egypte, et qu’il leur donnerait en possession la terre de Chanaan.
7 Ainsi votre peuple contempla (apprit, à la vérité,) le salut des justes et la ruine (l’extermination) des impies. 8 Car, de même que vous avez châtié nos adversaires, ainsi vous nous avez glorifiés en nous unissant (appelant) à vous. 9 Cependant les justes enfants des bons offraient leur sacrifice en secret, et ils établissaient d’un commun accord cette loi de justice, qu’ils participeraient également aux biens et aux maux, et ils chantaient déjà les cantiques de louanges (qu’ils avaient reçu) de leurs pères. 10 Mais en même temps retentissaient les voix confuses des ennemis, et l’on entendait des cris lamentables au sujet des enfants que l’on pleurait. 11 (Or) L’esclave était puni de la même peine que le maître, et l’homme du peuple souffrait les mêmes choses que le roi.
Note Sg. 18,11 : Voir Exode, 12, 29.
12 Ainsi donc, tous avaient semblablement des morts sans nombre, frappés de la même mort. Les vivants ne suffisaient pas aux sépultures (pour ensevelir), parce qu’en un instant (moment) la partie la plus noble (illustre) de la nation avait été exterminée.
Note Sg. 18,12 : Genre ; sorte, manière ; littéralement nom (nomine), qui, même dans les écrivains profanes, réunit ces diverses significations.
13 Ils n’avaient cru à rien (aucun prodige précédent), à cause des magiciens ; mais, aussitôt après l’extermination des premiers-nés, ils confessèrent que c’était le peuple de Dieu.
Note Sg. 18,13 : Aucun. Comme nous l’avons déjà remarqué, le mot tout, avec une négation, signifie en hébreu nul, pas un ; hébraïsme qui est passé dans les Septante et la Vulgate. ― Que c’était, etc. ; que les Hébreux étaient le peuple de Dieu.
 
14 Car tandis que tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, 15 votre parole toute-puissante s’élança du ciel, du trône royal, comme un guerrier impitoyable, sur cette terre destinée à la perdition (d’extermination) ; 16 comme un glaive tranchant, elle portait votre irrévocable arrêt (fatal), elle était là, remplissant tout de meurtre (mort), et, se tenant sur la terre, elle atteignait jusqu’au ciel.
Note Sg. 18,16 : Fatal ; littéralement non dissimulé, non feint (insimulatum). ― Se tenant ferme ; ou dans l’attitude d’un combattant, vraie signification du latin stans.
17 Ils furent aussitôt troublés par des songes et des visions horribles (mauvaises), et des frayeurs inattendues les saisirent. 18 Renversés de côté et d’autre, à demi-morts, ils déclaraient le motif pour lequel ils mouraient (souffraient des maux).
Note Sg. 18,18 : Jetés çà et là ; littéralement un autre jeté là ; ce qui est mis par abréviation pour : Un jeté ici, un autre là.
19 Car les visions qui les troublaient les en avaient avertis (d’avance), de peur qu’ils ne périssent sans savoir la cause des maux qu’ils souffraient.
 
20 (A la vérité) L’épreuve de la mort frappa aussi alors les justes, et le peuple ressentit une vive secousse dans le désert ; mais votre colère ne dura pas longtemps.
Note Sg. 18,20 : L’auteur fait ici allusion à ce qui arriva aux Israélites dans le désert, après la révolte de Coré, de Dathan et d’Abiron. Voir Nombres, 16, verset 46 et suivants.
21 Car un homme irrépréhensible (sans reproche, note) se hâta d’intercéder pour le peuple ; il vous opposa le bouclier de son ministère, et, vous adressant sa prière et sa supplication avec l’encens, il résista à votre (la) colère et fit cesser le fléau, montrant qu’il était votre serviteur.
Note Sg. 18,21 : Voir Nombres, 16, 46. ― Un homme ; Aaron le grand-prêtre. ― Sans reproche (sine querela) ; dans la circonstance actuelle. Voir le verset 20. L’auteur ne rappelle pas la faute d’Aaron lorsqu’il permit au peuple d’adorer le veau d’or, parce que cette ancienne faute avait été effacée longtemps auparavant.
22 Il ne domina pas le trouble par la force du corps, ni par la puissance des armes ; mais il arrêta l’exterminateur par sa parole, en alléguant les serments faits aux patriarches (à nos pères) et l’alliance (jurée avec eux).
Note Sg. 18,22 : Celui qui le faisait souffrir ; l’ange exterminateur (voir verset 25). Aaron a dû, en effet, beaucoup souffrir en voyant exterminer son peuple. ― Les serments faits à nos pères ; c’est le vrai sens du latin juramenta patrum, par hébraïsme.
23 Il y avait déjà des monceaux de morts, tombés les uns sur les autres, lorsqu’il s’interposa, arrêta la vengeance, et coupa la route qui conduisait aux (sur)vivants.
Note Sg. 18,23 : Lui coupa la le chemin ; littéralement divisa, partagea le chemin ; en se posant entre le feu, qui avait déjà dévoré beaucoup d’Israélites, et ceux qui vivaient encore.
24 Car le monde entier était représenté par la longue robe qu’il portait ; les noms glorieux (grandeurs) des ancêtres étaient gravés sur les quatre rangs de pierres, et votre magnificence était gravée sur le diadème de sa tête.
Note Sg. 18,24 : Voir Exode, 28, 6. ― Dans la longue robe, etc. Cette robe du grand prêtre était de fin lin, bleu de ciel, et au bord de laquelle pendaient des sonnettes d’or entremêlées de grenades couleur de pourpre. Or la couleur bleue représentait le ciel et l’air ; la toile de lin, la terre ; l’or, le feu et les grenades, la mer. ― Les grandeurs ; les Septante disent les gloires, ce sont les noms des douze patriarches, fils de Jacob (voir Exode, 28, verset 17 et suivants). ― Votre magnificence, etc. Le grand-prêtre portait écrit sur une lame d’or qui ceignait son front : « La sainteté est au Seigneur » (voir Exode, 28, 36-38.).
25 (Or) L’exterminateur céda devant ces choses, et il en fut effrayé ; car l’expérience qu’on avait faite de votre colère suffisait.

Chapitre 19

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Chap. : 
Les Egyptiens engloutis dans la mer en poursuivant les Hébreux, qui y trouvent un passage libre.
Parallèle des jugements de Dieu sur Sodome et sur l’Egypte.
Les éléments employés à l’exécution des jugements du Seigneur.
1 Quant aux impies, la colère de Dieu fondit sur eux sans miséricorde et y demeura jusqu’à la fin, parce qu’il prévoyait (savait d’avance) ce qui devait leur arriver ;
Note Sg. 19,1 : Aux impies ; c’est-à-dire aux Egyptiens.
2 car après avoir permis aux Israélites de s’en aller, et les avoir renvoyés avec un grand empressement, ils en eurent du regret, et se mirent à leur poursuite. 3 Tandis qu’ils avaient encore le deuil, (pour ainsi dire,) entre les mains, et qu’ils pleuraient aux tombeaux de leurs morts, ils conçurent follement une autre pensée, et ils se mirent à poursuivre comme des fugitifs ceux qu’ils avaient renvoyés avec des supplications.
Note Sg. 19,3 : Au milieu d’eux ; littéralement entre les mains ; c’est-à-dire que leur deuil était tout récent. Comparer à Exode, 14, 5.
4 Car une juste nécessité les conduisait à cette fin, et ils perdaient le souvenir de ce qui leur était arrivé, afin que la punition mît le comble à ce qui manquait à leurs supplices, 5 et que (en même temps) votre peuple passât merveilleusement, alors qu’ils trouvaient eux-mêmes un nouveau genre de (une nouvelle) mort.
Note Sg. 19,5 : Eux ; c’est-à-dire les Egyptiens. ― Nouvelle ; d’un genre tout nouveau, extraordinaire, ou, selon le grec, étrange, inouïe. C’est la submersion des Egyptiens par la mer Rouge.
 
6 Toutes les créatures prenaient comme à l’origine, chacune en son genre, une nouvelle forme, obéissant à vos ordres, afin que vos serviteurs (enfants) n’éprouvassent aucun mal.
Note Sg. 19,6 : Toute créature, etc. On aurait cru voir une nouvelle création, tant les éléments paraissaient nouveaux et extraordinaires dans leurs effets. Le feu ne brûlait plus, ou brûlait dans l’eau, l’eau devenait solide, la mer s’ouvrait, etc.
7 En effet, une nuée couvrait leur camp de son ombre, et là où l’eau était auparavant, apparut la terre sèche (aride) ; il y eut un libre passage au milieu de la mer Rouge, et un champ couvert d’herbes dans ses profonds abîmes (de végétation du plus profond de l’abîme).
Note Sg. 19,7 : Un champ, etc. Quelques-uns regardaient comme une hyperbole sans réalité ce qui est dit ici ; mais d’autres croient, avec plus de probabilité, que ces expressions sont exactement vraies et justifiées par la nature même du fond de la mer Rouge, qui, selon le témoignage du P. Sicard, qui a visité ces lieux, comme nous l’avons déjà fait remarquer ailleurs, est un terrain sablonneux, parsemé d’herbes, et ne différant en rien du terrain des déserts d’alentour. Voir la Sainte Bible en latin et en français, etc., t. 1, p. 268, Paris, 1834.
8 Là passa tout le peuple que vous protégiez de votre main, et il contempla (voyant) vos merveilles et vos prodiges. 9 Ils se réjouirent (ont recueilli une nourriture abondante) comme des coursiers dans de gras pâturages (chevaux au pacage), et ils bondirent comme des agneaux, en vous glorifiant, vous, Seigneur, qui les aviez délivrés.
Note Sg. 19,9 : Comme des chevaux. C’est une allusion à la joie qu’éprouvèrent les Israélites, lorsque Dieu leur envoya la manne dans le désert. ― Vous glorifiant, etc. ; autre allusion au cantique d’action de grâces chanté par les Hébreux après le passage de la mer Rouge, voir Exode, chapitre 15.
10 (Car) Ils se rappelaient encore ce qui était arrivé au lieu de leur exil, comment la terre, au lieu d’autres animaux, n’avait produit que des mouches, et comment le fleuve, au lieu de poissons, avait vomi une multitude de grenouilles.
 
11 En dernier lieu, ils virent une nouvelle sorte d’oiseaux, lorsque, entraînés par la convoitise, ils demandèrent une nourriture exquise.
Note Sg. 19,11 : Mais en dernier lieu, etc. Comparer, pour l’intensité de ce verset, à Sagesse, 16, 2 ; Exode, 16, 13 ; Nombres, 11, 31. ― Une nourriture excellente ; littéralement une nourriture d’épulon (epulonis), mot désignant chez les Latins le prêtre qui présidait aux festins des sacrifices, et signifiant aussi convive. Le texte grec porte des aliments de délices. ― Une nouvelle race d’oiseaux, les cailles.
12 Pour satisfaire leur désir, les cailles se levèrent pour eux du côté de la mer, et le châtiment ne tomba pas sur les pécheurs sans qu’ils eussent été avertis par de violents tonnerres ; car ils souffraient justement ce que leurs crimes avaient mérité.
Note Sg. 19,12 : Non sans des indices. Dieu, par les foudres et le feu du ciel tombés sur Sodome, avait longtemps auparavant fait connaître aux Egyptiens les malheurs qui les menaçaient, puisqu’ils imitaient et même surpassaient les habitants de Sodome par leur inhumanité envers les étrangers, comme le prouvent les versets suivants.
 
13 En effet, ils avaient été inhospitaliers d’une manière plus détestable que d’autres : ceux-là n’avaient pas voulu recevoir des étrangers inconnus ; mais ceux-ci avaient réduit en servitude des hôtes bienfaisants.
Note Sg. 19,13 : Ils ont exercé ; c’est-à-dire les Egyptiens. ― Les uns, etc. ; les habitants de Sodome refusaient l’hospitalité à des inconnus, tels que les anges envoyés à Lot (voir Genèse, chapitre 19). ― Les autres, etc. ; les Egyptiens opprimaient injustement les Hébreux qui ne leur avaient fait que du bien (bonos hospites).
14 Bien plus, ceux-là avaient été punis pour avoir reçu à contrecœur des étrangers ;
Note Sg. 19,14 : Et non seulement, etc. Les habitants de Sodome, en donnant l’hospitalité à des inconnus, ne les reçurent qu’à contrecœur, malgré eux (inviti), ou, suivant le texte grec, en ennemis (apechthôs).
15 mais ceux-ci, après avoir recueilli avec joie des hommes qui jouissaient des mêmes droits qu’eux, les tourmentaient très cruellement.
Note Sg. 19,15 : Reçus avec allégresse. Comparer à Genèse, 45, 18-20. ― Ceux-ci, les Egyptiens.
16 Aussi furent-ils frappés d’aveuglement, comme les premiers l’avaient été à la porte du juste, lorsque, couverts de ténèbres soudaines, ils cherchaient chacun la porte de leur maison.
Note Sg. 19,16 : Voir Genèse, 19, 11. ― Ils ont été frappés d’aveuglement. Le Sage veut parler des ténèbres de l’Egypte qui durèrent trois jours, dont il a déjà fait mention (voir Sagesse, chapitre 17), et qu’il rappelle ici dans ce verset même. ― Comme ceux-là ; les Sodomites. A la porte du juste ; de Lot. ― Lorsque ayant été, etc. Toute cette dernière partie du verset se rapporte aux Egyptiens dont l’aveuglement ou l’impuissance de voir venait des ténèbres répandues sur l’Egypte, tandis que celui des Sodomites avait une autre cause, que l’Ecriture ne nous fait pas connaître (voir Genèse, 19, 11) ; de sorte que nous ignorons en quoi consistait précisément cet aveuglement. Beaucoup d’interprètes pensent que c’était une sorte de vertige ou d’éblouissement.
17 Lorsque les éléments changent d’ordre entre eux, il arrive comme dans un instrument de musique (psaltérion) où la qualité des sons est transformée, sans que rien perde l’harmonie qui lui est propre (retient son propre son) ; c’est ce qu’on peut voir clairement par ce qui arriva alors.
Note Sg. 19,17 : Ce verset dans la Vulgate échappe à toute analyse. Ce qui a fait dire à Bossuet qu’il y a des choses qui manquent ou qui ne sont pas à leur place. Le savant interprète trouve aussi que le grec lui-même présente des difficultés. Pour nous, nous avons cherché à donner le sens le plus simple et le plus naturel, en combinant les deux textes. ― Lorsque les éléments, etc. Les éléments ont réellement changé de fonctions ou de propriétés entre eux, quand, par exemple, l’eau n’a pas éteint le feu ; quand le feu lui-même n’a détruit ni la neige, ni la grêle ; quand l’eau s’est arrêtée et est devenue solide comme un mur. Or tout cela s’est fait sans que les lois générales de la nature aient été troublées dans leur harmonie générale.
 
18 Car les animaux terrestres devenaient aquatiques, et tous ceux qui nage(aie)nt passaient sur la terre.
Note Sg. 19,18 : Les animaux, etc. Les troupeaux des Hébreux passèrent à travers la mer Rouge, tandis que les grenouilles couvrirent l’Egypte comme des troupeaux, se répandant sur toute la terre sèche et jusque dans les maisons.
19 Le feu surpassait dans l’eau sa propre puissance (vertu), et l’eau oubliait sa vertu d’éteindre.
Note Sg. 19,19 : Le feu surpassait, etc. Comparer à Sagesse, 16, 17-19.
20 D’un autre côté, les flammes épargnaient la chair fragile des animaux (sujets à la corruption) répandus en tous lieux, et elles ne faisaient pas fondre ce mets délicieux, qui néanmoins fondait aussi aisément que la glace. Car en toutes choses vous avez glorifié votre peuple, Seigneur ; vous l’avez honoré et vous ne l’avez pas méprisé, l’assistant en tout temps et en tout lieu.
Note Sg. 19,20 : Les flammes, etc. Comparer à Sagesse, 16, 18. ― Elles ne faisaient pas fondre, etc. Comparer à Sagesse, 16, 27. ― Vous tenant, etc. ; l’assistant, le protégeant.

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.