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Livre de la Genèse
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Livre de la Genèse

Chapitre 1

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Chap. : 
Création du monde.
Dieu soumet toutes les créatures à l’homme.
Genèse 1, 1-18 : Dieu crée la lumière - Gravure de Gustave Doré
Genèse 1, 1-18 : Dieu crée la lumière - Gravure de Gustave Doré
1 Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
Note Gn. 1,1 : Voir Psaumes, 32, 6 ; 135, 5 ; Ecclésiastique, 18, 1 ; Actes des Apôtres, 14, 14 ; 17, 24. ― Au commencement ; c’est-à-dire rien n’existant encore que Dieu seul. ― Voir à la fin du volume la note 1 sur la cosmogonie mosaïque.
 
2 Et la terre était informe et nue, et les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux.
 
3 Or Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut.
Note Gn. 1,3 : Voir Hébreux, 11, 3. ― Littéralement : Que lumière soit, et lumière fut. Par lumière, il faut entendre ici le fluide lumineux dont les astres sont devenus les moteurs.
4 Et Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière d’avec les ténèbres. 5 Et Dieu donna à la lumière le nom de Jour, et aux ténèbres le nom de Nuit ; et du soir et du matin se fit le premier jour.
 
6 Dieu dit aussi : Que le firmament soit fait au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux.
Note Gn. 1,6-7 : Le mot firmament de la Vulgate, aussi bien que l’hébreu expansion, étendue signifie l’atmosphère, qui non seulement divise les eaux des nuées que les vapeurs y forment, de celles de la terre, mais qui pesant sur les eaux des mers, les maintient et les affermit dans leur état liquide et dans leurs limites.
7 Et Dieu fit le firmament ; et il sépara les eaux qui étaient sous le firmament d’avec celles qui étaient au-dessus du firmament. Et cela se fit ainsi.
Note Gn. 1,7 : Voir Psaumes, 13, 5 ; 148, 4 ; Jérémie, 10, 12 ; 51, 15.
8 Et Dieu donna au firmament le nom de Ciel ; et du soir et du matin se fit le second jour.
 
9 Dieu dit encore : Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu, et que l’élément aride paraisse. Et cela se fit ainsi. 10 Et Dieu donna à l’élément aride le nom de Terre, et il appela Mers toutes les eaux rassemblées. Et il vit que tout cela était bon.
Note Gn. 1,10 : Voir Job, 38, 4 ; Psaumes, 32, 7 ; 88, 12 ; 135, 6.
 
11 Dieu dit encore : Que la terre produise de l’herbe verte qui porte de la graine, et des arbres fruitiers qui portent du fruit chacun selon son espèce, et qui renferment leur semence en eux-mêmes, pour se reproduire sur la terre. Et cela se fit ainsi.
Note Gn. 1,11 : Faisant du fruit ; portant déjà du fruit, chargés de leurs fruits. ― Selon leur espèce : littéralement Selon son genre. Ces deux mots sont souvent confondus dans la Vulgate ; le texte hébreu porte partout le même terme, que l’on rend généralement par espèce.
12 La terreproduisit donc de l’herbe verte qui portait de la graine selon son espèce, et des arbres fruitiers qui renfermaient leur semence en eux-mêmes, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon.
 
13 Et du soir et du matin se fit le (un) troisième jour.
 
14 Dieu dit aussi : Que des corps de lumière (luminaires) soient faits dans le firmament du ciel, afin qu’ils séparent le jour d’avec la nuit, et qu’ils servent de signes pour marquer les temps, les jours et les années ;
Note Gn. 1,14 : Voir Psaumes, 135, 7. ― Le soleil et la lune ne sont pas, il est vrai, les deux plus grands astres, bien qu’ils nous paraissent tels ; mais ils sont les deux plus grands luminaires, puisque, de tous les globes célestes, ce sont ceux qui répandent le plus de lumière.
15 qu’ils luisent dans le firmament du ciel, et qu’ils éclairent la terre. Et cela fut fait ainsi. 16 Dieu fit donc deux grands corps lumineux (luminaires), l’un plus grand pour présider le jour, et l’autre moindre pour présider à la nuit : Il fit aussi les étoiles.
Note Gn. 1,16 : Dieu fit deux grands luminaires. « Le soleil et la lune ne son pas les deux plus grands corps célestes ; ils sont néanmoins les deux plus grands luminaires (relativement à nous), puisque ce sont ceux de tous les astres qui répandent le plus de lumière sur la terre. » ― Pour présider au jour. « Moïse dit que le soleil est destiné à présider au jour, comme la lune et les étoiles sont destinées à éclairer la nuit, afin d’ôter aux Israélites la tentation d’accorder ces corps inanimés (comme le faisaient les peuples voisins), voir Deutéronome, 4, 19. » (DUCLOT.)
17 Et il les mit dans le firmament du ciel pour luire sur la terre, 18 pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon.
 
19 Et du soir et du matin se fit le (un) quatrième jour.
 
20 Dieu dit encore : Que les eaux produisent des animaux vivants qui nagent dans l’eau, et des oiseaux qui volent sur la terre sous le firmament du ciel.
Note Gn. 1,20 : Les Hébreux appelaient les poissons reptiles, parce qu’ils n’ont généralement point de pieds et qu’ils se traînent sur leur ventre. ― D’une âme vivante ; c’est-à-dire doués du principe vital, animés.
21 Dieu créa donc les grands poissons, et tous les animaux qui ont la vie et le mouvement, que les eaux produisirent chacun selon son espèce ; et il créa aussi tous les oiseaux (volatiles) selon leur espèce. Et il vit que cela était bon. 22 Et il les bénit, en disant : Croissez et multipliez-vous, et remplissez les eaux de la mer ; et que les oiseaux se multiplient sur la terre.
 
23 Et du soir et du matin se fit le (un) cinquième jour.
 
24 Dieu dit aussi : Que la terre produise des animaux (âmes) vivants chacun selon son espèce, les animaux domestiques, les reptiles et les bêtes sauvages de la terre selon leurs espèces. Et cela se fit ainsi. 25 Dieu fit donc les bêtes sauvages de la terre selon leurs espèces, les animaux domestiques et tous les reptiles, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon.
 
26 Il dit ensuite : Faisons l’homme (un) à notre image et à notre ressemblance, et qu’il commande aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, aux bêtes, à toute la terre, et à tous les reptiles qui se remuent (meuvent) sous le ciel.
Note Gn. 1,26 : Voir Genèse, 5, 1 ; 9, 6 ; 1 Corinthiens, 11, 7 ; Colossiens, 3, 10. ― Faisons marque évidemment la pluralité des personnes en Dieu. ― A notre image, etc. L’homme est fait à l’image de Dieu en ce qu’il est doué d’une âme immatérielle, immortelle, intelligente, libre, capable de sagesse, de vertu et de béatitude, c’est-à-dire, de voir Dieu et d’en jouir. ― « Dieu, dit Bossuet, a formé les autres animaux en cette sorte : Que la terre, que les eaux produisent les plantes et les animaux, et c’est ainsi qu’ils ont reçu l’être et la vie. Mais Dieu, après avoir mis en ses mains toutes puissantes la boue dont le corps humain a été formé, il n’est pas dit qu’il en ait tiré son âme, mais il est dit qu’il inspira sur sa face un souffle de vie, et c’est ainsi qu’il a été fait une âme vivante. Dieu fait sortir chaque chose de ses principes : il produit de la terre les herbages et les arbres avec les animaux, qui n’ont d’autre vie qu’une vie terrestre et purement animale : mais l’âme de l’homme est tirée d’un autre principe, qui est Dieu. C’est ce que veut dire ce souffle de vie, que Dieu tire de sa bouche pour en animer l’homme : ce qui est fait à la ressemblance de Dieu ne sort point des choses matérielles ; et cette image n’est point cachée dans ces bas éléments pour en sortir, comme fait une statue de marbre ou de bois. L’homme a deux principes : selon le corps, il vient de la terre ; selon l’âme, il vient de Dieu seul ; et c’est pourquoi, dit Salomon, pendant que le corps retourne à la terre d’où il a été tiré, l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné. »
27 Dieu créa donc l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu, et il les créa mâle et femelle.
Note Gn. 1,27 : Voir Sagesse, 2, 23 ; Ecclésiastique, 17, 1 ; Matthieu, 19, 4.
28 Et Dieu les bénit, et il leur dit : Croissez et multipliez-vous, remplissez la terre, et assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux (volatiles) du ciel et sur tous les animaux qui se remuent sur la terre.
Note Gn. 1,28 : Voir Genèse, 8, 17 ; 9, 1. ― Remplissez la terre, parce que la terre est faite pour l’homme. La terre « tient dignement son rang [au milieu des astres] par la suprême harmonie de toutes ses parties et de tous ses mouvements ; planète aux allures rythmiques, elle est en petit le représentant des mondes. Carl Ritter caractérisait la terre comme étant la planète du juste milieu. La plasticité du globe terrestre offrait, disait-il, plus d’harmonie que celle des autres planètes ; les aspérités qui en hérissent la surface sont moins accentuées que celles qui existent sur Vénus et sur la lune. N’étant ni trop voisine ni trop éloignée du soleil, la terre n’est exposée qu’à une chaleur modérée ; elle n’a qu’un seul satellite, pendant que d’autres planètes en ont jusqu’à 8 ou n’en ont pas du tout. Elle représente en toutes choses une sorte de terme moyen également éloigné de tous les extrêmes et cet équilibre admirable des conditions d’existence de la terre semble indiquer un développement individuel qui s’est harmonisé d’une manière définitive avec le système solaire tout entier et qui fait de la terre le séjour prédestiné de l’homme. » (RADAU.)
29 Dieu dit encore : Je vous ai donné toutes les herbes qui portent leur graine sur la terre, et tous les arbres (toutes les plantes) qui renferment en eux-mêmes leur semence chacun selon son espèce, afin qu’ils vous servent de nourriture,
Note Gn. 1,29 : Voir Genèse, 9, 3.
30 et à tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se remue sur la terre, et qui est vivant et animé (en une âme vivante), afin qu’ils aient de quoi se nourrir. Et cela se fit ainsi. 31 Et Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites ; et elles étaient tout à fait (très) bonnes. Et du soir et du matin se fit le sixième jour.
Note Gn. 1,31 : Voir Ecclésiastique, 39, 21 ; Marc, 7, 37.

Chapitre 2

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Chap. : 
Repos du septième jour.
Description du Paradis.
Création d’Eve.
Institution du mariage.
1 Le ciel et la terre furent donc achevés avec tous leurs ornements. 2 Dieu accomplit le septième jour l’ouvrage qu’il avait fait, et il se reposa le septième jour, après avoir achevé tous ses ouvrages.
Note Gn. 2,2 : Voir Exode, 20, 11 ; 31, 17 ; Deutéronome, 5, 14 ; Hébreux, 4, 4.
3 Et il bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’il avait cessé en ce jour de produire tous les ouvrages qu’il avait créés (et faits).
Note Gn. 2,3 : Qu’il avait créé et fait, littéralement, qu’il avait créé pour faire ; c’est-à-dire pour le façonner et le disposer.
 
4 Voici (Telles furent) les générations (origines) du ciel et de la terre, quand ils furent créés, au jour que le Seigneur Dieu fit le ciel et la terre.
 
5 Et aucun arbrisseau des champs n’était encore sorti de la terre, et aucune herbe de la campagne n’avait encore poussé ; car le Seigneur Dieu n’avait point encore fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour la cultiver. 6 Mais il s’élevait de la terre une fontaine (source) qui en arrosait toute la surface. 7 Le Seigneur Dieu forma donc l’homme du limon de la terre ; il souffla sur son visage un souffle de vie, et l’homme devint vivant et animé.
Note Gn. 2,7 : Voir 1 Corinthiens, 15, 45. ― Le Seigneur Dieu forma donc l’homme, Adam, du limon de la terre. Le nom d’Adam, qui signifie rouge, paraît rappeler l’origine terrestre de son corps, la terre rouge, en hébreu adâmâh, d’où il fut tiré.
 
8 Or le Seigneur Dieu avait planté dès le commencement un jardin délicieux (de délices), dans lequel il mit l’homme qu’il avait formé. 9 Le Seigneur Dieu avait aussi produit (fit sortir) de la terre toutes sortes d’arbres beaux à la vue, et dont le fruit était agréable au goût ; et (aussi) l’arbre de vie au milieu du paradis, avec l’arbre de la science du bien et du mal.
Note Gn. 2,9 : L’arbre de vie et l’arbre de la science du bien et du mal. Voir note 2.17.
10 De ce lieu de délices il sortait, pour arroser le paradis, un fleuve qui de là se divise en quatre branches (canaux). 11 L’un s’appelle Phison, et c’est celui qui court tout autour du pays de Hévilath, où (il) vient (de) l’or.
Note Gn. 2,11 : Voir Ecclésiastique, 24, 35.
12 Et l’or de cette terre est très bon. C’est là aussi que se trouve le bdellium et la pierre d’onyx. 13 Le second fleuve s’appelle Géhon, et c’est celui qui coule tout autour du pays d’Ethiopie.
Note Gn. 2,13 : Ethiopie, pays de Cousch, en Asie, non en Afrique.
14 Le troisième fleuve s’appelle le Tigre, qui se répand vers les Assyriens. Et l’Euphrate est le quatrième de ces fleuves.
 
Genèse 2, 15-25 : Formation d'Eve - Gravure de Gustave Doré
Genèse 2, 15-25 : Formation d'Eve - Gravure de Gustave Doré
15 Le Seigneur Dieu prit donc l’homme, et le mit dans le paradis (jardin) de délices, afin qu’il le cultivât et qu’il le gardât.
Note Gn. 2,15 : Voir la note à la fin du volume la note 4 sur le Paradis Terrestre.
16 Il lui fit aussi ce commandement, et lui dit : Mange de tous les fruits des arbres du paradis.
Note Gn. 2,16 : Et il lui commanda, etc. « Le Seigneur, dit saint Jean Chrysostome, pour faire connaître l’homme dès le commencement que celui qui avait créé toutes choses était aussi son créateur, lui imposa un commandement facile à observer… Il lui défendit de manger du fruit d’un seul arbre et le menaça, en cas de désobéissance, d’un grave châtiment pour le forcer à reconnaître qu’il avait un maître à la libéralité duquel il devait tous les biens dont il jouissait. »
17 Mais ne mange point du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal. Car au même temps que tu en mangeras, tu mourras très certainement (de mort, note).
Note Gn. 2,17 : Tu mourras de mort ; hébraïsme pour tu mourras sans rémission, inévitablement. Le sens est : Tu deviendras nécessairement sujet à la mort, mortel, d’immortel que tu es par nature. ― L’arbre de la science du bien et du mal, d’après la doctrine des saints Pères, fut ainsi appelé bien plus en raison du précepte dont il fut l’objet qu’en raison de ses propriétés naturelles. « Cet arbre est ainsi nommé, dit saint Jean Chrysostome, non pas parce qu’il a donné à l’homme la science du bien et du mal, mais parce qu’il a été l’instrument de sa désobéissance et qu’il a introduit ainsi la connaissance et la honte du péché… L’Ecriture appelle cet arbre l’arbre de la science du bien et du mal parce qu’il devait être pour l’homme une occasion de péché ou de mérite. » Ce qui est dit de l’arbre de la science du bien et du mal s’applique également à l’arbre de vie.
 
18 Le Seigneur Dieu dit aussi : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; faisons-lui une aide semblable à lui. 19 Le Seigneur Dieu ayant donc formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin qu’il vît comment il les appellerait. Et le nom qu’Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable. 20 Adam appela tous les animaux d’un nom qui leur était propre, tant les oiseaux du ciel que les bêtes de la terre. Mais il ne se trouvait point d’aide pour Adam qui lui fût semblable. 21 Le Seigneur Dieu envoya donc à Adam un profond sommeil ; et lorsqu’il était endormi, il tira une de ses côtes, et mit de la chair à la place. 22 Et le Seigneur Dieu forma la (une) femme de la côte qu’il avait tirée d’Adam, et il l’amena à Adam. 23 Alors Adam dit : Voilà maintenant l’os de mes os, et la chair de ma chair. Celle-ci s’appellera d’un nom qui marque l’homme (femme), parce qu’elle a été prise de l’homme (d’un).
Note Gn. 2,23 : Voir 1 Corinthiens, 11, 9. ― En remontant à l’étymologie des mots français homme et femme, on y découvre la ressemblance qui existe en hébreu entre isch, vir, et son féminin ischschâ, rendu dans la Vulgate par virago. Les anciens Latins, en effet, disaient hemo au lieu de homo. Or la lettre h n’est qu’une aspiration qu’on a souvent transcrite par un f. Dans plusieurs provinces du midi, où le patois renferme une multitude d’expressions et même de locutions latines, on prononce le mot femme, hemme, en aspirant fortement la lettre h.
24 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair.
Note Gn. 2,24 : Voir Matthieu, 19, 5 ; Marc, 10, 7 ; Ephésiens, 5, 31 ; 1 Corinthiens, 6, 16.
 
25 Or Adam et sa femme étaient nus tous deux, et ils ne rougissaient point.

Chapitre 3

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Chap. : 
Tentation d’Eve par le serpent.
Le péché et sa punition.
1 Or (Mais) le serpent était le plus rusé de tous les animaux que le Seigneur Dieu avait formés sur la terre. Et il dit à la femme : Pourquoi Dieu vous a-t-il commandé de ne manger du fruit d’aucun des arbres du paradis ?
Note Gn. 3,1 : Par le serpent, il faut entendre dans tout le récit le démon qui a pris la forme de ce reptile. ― « Osons le dire, tout a ici en apparence un air fabuleux, dit Bossuet. Un serpent parle, une femme écoute ; un homme si parfait et si éclairé se laisse entraîner à une tentation grossière ; tout le genre humain tombe avec lui dans le péché et dans la mort : tout cela paraît insensé. Mais c’est ici que commence la vérité de cette sublime sentence de saint Paul : Ce qui est en Dieu une folie apparente est plus sage que la sagesse des hommesNe regardons pas [la finesse du serpent] comme la finesse d’un animal sans raison, mais comme la finesse du diable, qui, par une permission divine, était entré dans le corps de cet animal. Comme Dieu paraissait à l’homme sous une forme sensible, il en était de même des anges… Il était juste, l’homme étant composé de corps et d’âme, que Dieu se fit connaître à lui selon l’un et l’autre, selon le sens comme selon l’esprit. Il en était de même des anges qui conversaient avec l’homme, en telle forme que Dieu permettait et sous la figure des animaux. Eve ne fut donc point surprise d’entendre parler un serpent, comme elle ne le fut pas de voir Dieu même paraître sous une forme sensible. » ― Pourquoi ? « Le tentateur procède par interrogation et tâche d’abord de produire un doute. La première faute d’Eve, c’est de l’avoir écouté et d’être entrée avec lui en raisonnement. La première faute de ceux qui errent, c’est de douter. » (BOSSUET.)
 
2 La femme lui répondit : Nous mangeons du fruit des arbres qui sont dans le paradis ;
Note Gn. 3,2 : Nous mangeons, etc. « Telle fut la réponse d’Eve, où il n’y a rien que de véritable, puisqu’elle ne fait que répéter le commandement du Seigneur. Il ne s’agit donc pas de bien répondre ou de dire de bonnes choses, mais de les dire à propos. Eve eut dû ne point parler du tout au tentateur, qui lui venait demander des raisons d’un commandement où il n’y avait qu’à obéir et non point à raisonner. » (BOSSUET.)
3 mais pour ce qui est du fruit de l’arbre qui est au milieu du paradis, Dieu nous a demandé de n’en point manger, et de n’y point toucher, de peur que nous ne mourions. 4 Le serpent repartit à la femme : Certainement vous ne mourrez point (pas de mort).
Note Gn. 3,4 : Voir 2 Corinthiens, 11, 3. ― Vous ne mourrez pas de mort. Voir note 2.17. ― Le serpent « vit qu’Eve était éblouie de la nouveauté et que déjà elle entrait dans le doute qu’il lui voulait suggérer, il ne garde plus de mesures ; il flatte l’orgueil, il pique et excite la curiosité. L’orgueil entra avec ces paroles : Vous serez comme des dieux. Celles-ci : Vous saurez le bien et le mal, excitèrent la curiosité. » (BOSSUET.)
5 Mais c’est que Dieu sait qu’aussitôt que vous aurez mangé de ce fruit, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
 
6 La femme considéra (vit) donc que le fruit de cet arbre était bon à manger, qu’il était beau à la vue, et agréable à contempler (d’un aspect qui excitait le désir). Et en ayant pris, elle en mangea, et elle en donna à son mari, qui en mangea aussi.
Note Gn. 3,6 : Voir Ecclésiastique, 25, 33 ; 1 Timothée, 2, 14. ― La femme vit« Eve commence à regarder ce fruit défendu et c’est un commencement de désobéissance. C’est vouloir être réduite que de se rendre attentive à la beauté et au goût qui lui avait été interdit. La voilà donc occupée des beautés de cet objet défendu et comme convaincue que Dieu était trop sévère de leur défendre l’usage d’une chose si belle, sans songer que le péché ne consiste pas à user des choses mauvaises par leur nature, puisque Dieu n’en avait point fait ni n’en pouvait faire de telles, mais à mal user des bonnes. Ces regards attentifs sur l’agrément et sur le bon goût de ce beau fruit firent entrer jusque dans la moelle des os l’amour du plaisir des sens. » ― Et en donna à son mari. « Le serpent ne poussa pas plus loin la tentation du dehors, et content d’avoir bien instruit et persuadé son ambassadeur, il laissa faire le reste à Eve séduite. Il lui avait parlé non seulement pour elle, mais encore pour son mari. Le démon ne se trompa pas en croyant que sa parole portée par Eve à Adam aurait plus d’effet que s’il la lui eût portée lui-même. (Adam) céda plutôt à Eve par complaisance que convaincu par ses raisons. Il ne voulut point contrister cette seule et chère compagne. A la fin il donna dans la séduction. » (BOSSUET.)
 
7 En même temps (effet) leurs yeux furent ouverts à tous deux ; ils reconnurent qu’ils étaient nus, et ils entrelacèrent des feuilles de figuier, et s’en firent des ceintures. 8 Et ayant entendu la voix du Seigneur Dieu qui se promenait dans le paradis à la brise du soir, ils se retirèrent au milieu des arbres du paradis, pour se cacher de devant sa face.
 
Genèse 3, 9-24 : Adam et Eve chassés - Gravure de Gustave Doré
Genèse 3, 9-24 : Adam et Eve chassés - Gravure de Gustave Doré
9 Alors le Seigneur Dieu appela Adam, et lui dit : Où es-tu ? 10 Adam lui répondit : J’ai entendu votre voix dans le paradis, et j’ai eu peur, parce que j’étais nu ; c’est pourquoi je me suis caché.
 
11 Le Seigneur lui repartit : Et d’où as-tu su que tu étais nu, sinon de ce que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? 12 Adam lui répondit : La femme que vous m’avez donnée pour compagne m’a présenté du fruit de cet arbre, et j’en ai mangé.
 
13 Le Seigneur dit a la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? Elle répondit : Le serpent m’a trompée ; et j’ai mangé.
 
14 Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes de la terre : tu ramperas sur le ventre, et tu mangeras (de) la terre tous les jours de ta vie.
Note Gn. 3,14-15 : Le serpent est celui des animaux que l’homme a le plus en horreur, et qu’il désire le plus de détruire. Le démon ayant élevé le serpent au-dessus de sa condition naturelle en l’embellissant par ses prestiges, en lui donnant une attitude plus noble, Dieu lui ôte ses qualités, et le réduit à la condition de ramper sur le ventre. ― Le serpent se nourrit de semences et d’insectes qui se trouvent dans la terre. ― La malédiction que Dieu prononce ici regarde tout à la fois et le serpent et le démon. Cette femme qui doit briser la tête du serpent est la très sainte Vierge, qui ruina l’empire du démon en donnant naissance à Jésus-Christ.
15 Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race (postérité) et la sienne. Elle te brisera la tête, et tu tâcheras de la mordre par (lui tendras des embûches au) le talon. 16 Dieu dit aussi à la femme : Je multiplierai tes maux (fatigues, notes) et tes grossesses. Tu enfanteras dans la douleur : tu seras sous la puissance de ton mari, et il te dominera.
Note Gn. 3,16 : Voir 1 Corinthiens, 14, 34. ― Tes fatigues ; c’est-à-dire les incommodités qu’éprouve une femme enceinte, comme le malaise, les langueurs, les dégoûts, etc. ― Tes grossesses ; ou plutôt, les douleurs, les tourments de la grossesse.
 
17 Il dit ensuite à Adam : Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger, la terre sera maudite à cause de ce que tu as fait, et c’est à force de travail que tu en tireras de quoi te nourrir pendant toute ta vie. 18 Elle te produira des épines et des ronces, et tu te nourriras de l’herbe de la terre. 19 Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, jusqu’à ce que tu retournes en la terre d’où tu as été tiré ; car tu es poussière et tu retourneras en poussière.
Note Gn. 3,19 : Le pain est mis souvent dans l’Ecriture pour la nourriture en général. ― « La souffrance infligée comme châtiment à la femme et le travail que doit subir Adam satisfont à la règle de la justice. En elle-même, la loi du travail n’est point une loi de douleur et de souffrance ; c’est le péché, c’est la chute d’Adam qui fait ajouter la peine au travail, la sueur au pain que l’homme doit manger. » (A. PELLISSIER.)
 
20 Et Adam donna à sa femme le nom d’Eve, parce qu’elle était la mère de tous les vivants.
 
21 Le Seigneur Dieu fit aussi à Adam et à sa femme des habits (tuniques) de peaux, dont il les revêtit.
 
22 Et il dit : Voilà (qu’) Adam devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal. Empêchons donc maintenant qu’il ne porte sa main à l’arbre de vie, qu’il ne prenne aussi de son fruit, et qu’en mangeant il ne vive éternellement.
Note Gn. 3,22 : Comme l’un de nous. Comparer à Genèse, 1, 26.
23 Le Seigneur Dieu le fit sortir ensuite du jardin délicieux (de délices), pour travailler à la culture de la terre dont il avait été tiré. 24 Et l’en ayant chassé, il mit devant le jardin de délices des (les) Chérubins qui faisaient étinceler une épée de feu, pour garder le chemin qui conduisait à l’arbre de vie.

Chapitre 4

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Chap. : 
Caïn et Abel ; leurs sacrifices.
Caïn tue Abel.
Descendants de Caïn.
Seth, fils d’Adam.
Enos, fils de Seth.
Genèse 4, 1-7 : Caïn et Abel offrant leur sacrifice - Gravure de Gustave Doré
Genèse 4, 1-7 : Caïn et Abel offrant leur sacrifice - Gravure de Gustave Doré
1 Or Adam connut Eve sa femme, et elle conçut et enfanta Caïn, en disant : Je possède un homme par la grâce de Dieu. 2 Elle enfanta de nouveau, et mit au monde son frère Abel. Or Abel fut pasteur de brebis, et Caïn agriculteur (laboureur).
Note Gn. 4,2 : Le nom d’Abel, qui s’est conservé en assyrien sous la forme habal, signifie fils.
 
3 Or il arriva, longtemps après, que Caïn offrit au Seigneur des fruits de la terre en sacrifice (présent). 4 Abel offrit aussi des premiers-nés de son troupeau, et de leur graisse (des plus gras). Et le Seigneur regarda (favorablement) Abel et ses présents.
Note Gn. 4,4 : Voir Hébreux, 11, 4.
Note Gn. 4,4-5 : C’est la foi et la piété sincère d’Abel qui le rendirent, lui et ses dons, agréables à Dieu ; et c’est sans doute par le manque de ces sentiments que Caïn n’eut pas le même bonheur.
5 Mais il ne regarda point Caïn, ni ce qu’il lui avait offert. C’est pourquoi Caïn entra dans une très grande colère, et son visage en fut tout abattu. 6 Et le Seigneur lui dit : Pourquoi es-tu en colère, et pourquoi ton visage est-il abattu ? 7 Si tu fais bien, n’en seras-tu pas récompensé ? Et si tu fais mal, le péché ne sera-t-il pas aussitôt à ta porte ? Mais la concupiscence (qui t’entraîne vers lui) sera sous toi, et tu la domineras.
 
Genèse 4, 8-16 : Meurtre d'Abel - Gravure de Gustave Doré
Genèse 4, 8-16 : Meurtre d'Abel - Gravure de Gustave Doré
8 Or Caïn dit à son frère Abel : Sortons dehors. Et lorsqu’ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua.
Note Gn. 4,8 : Voir Sagesse, 10, 3 ; Matthieu, 23, 35 ; 1 Jean, 3, 12 ; Jude, 1, 11.
 
9 Le Seigneur dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il lui répondit : Je ne sais. Suis-je le gardien de mon frère (, moi) ? 10 Le Seigneur lui repartit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. 11 Tu seras donc maintenant maudit sur la terre, qui a ouvert sa bouche, et qui a reçu de ta main le sang de ton frère. 12 Quand tu l’auras cultivée, elle ne te rendra pas son fruit. Tu seras fugitif et vagabond sur la terre. 13 Caïn répondit au Seigneur : Mon iniquité est trop grande pour que j’en obtienne le pardon. 14 Vous me chassez aujourd’hui de dessus la terre, et je m’irai cacher de devant votre face. Je serai fugitif et vagabond sur la terre. Quiconque donc me trouvera, me tuera. 15 Le Seigneur lui répondit : Non, cela ne sera pas ; mais quiconque tuera Caïn en sera puni sept fois. Et le Seigneur mit un signe sur Caïn, afin que ceux qui le trouveraient ne le tuassent point.
Note Gn. 4,15 : Un signe. On ignore en quoi il consistait.
 
16 Caïn, s’étant retiré de devant la face du Seigneur, fut vagabond sur la terre, et il habita vers la région orientale d’Eden.
Note Gn. 4,16 : Dans le paysLe texte original appelle ce pays la terre de Nod, mais la situation en est inconnue.
 
17 Et ayant connu sa femme, elle conçut et enfanta Hénoch. Et il bâtit une ville qu’il appela Hénoch, du nom de son fils.
 
18 Or Hénoch engendra Irad, et Irad engendra Maviaël, et Maviaël engendra Mathusaël, et Mathusaël engendra Lamech,
 
19 qui eut deux femmes, dont l’une s’appelait Ada, et l’autre Sella. 20 Ada enfanta Jabel, qui fut père de ceux qui demeurent dans des tentes, et des pasteurs.
Note Gn. 4,20 : Abel paissait aussi ses troupeaux (verset 2) ; mais Jabel fut le premier qui fit profession particulière de conduire des troupeaux.
21 Son frère s’appelait Jubal : et il fut le père de ceux qui jouent de la harpe et de l’orgue. 22 Sella enfanta aussi Tubalcaïn, qui eut l’art de travailler avec le marteau, et qui fut habile en toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer. Noëma était (fut) la sœur de Tubalcaïn.
Note Gn. 4,22 : Toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer. Conformément à ce qui est dit ici, l’archéologie nous montre en Asie le berceau des arts métallurgiques.
 
23 Or Lamech dit à ses femmes Ada et Sella : Femmes de Lamech, entendez ma voix, écoutez ce que je vais dire : J’ai tué un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure.
Note Gn. 4,23 : Le pronom personnel étant susceptible en hébreu du sens passif aussi bien que du sens actif, ma blessure, ma meurtrissure peuvent signifier indistinctement la blessure, la meurtrissure que j’ai faite ou que j’ai reçue.
 
24 On vengera sept fois la mort de Caïn, et celle de Lamech soixante-dix (septante) fois sept fois.
 
25 Adam connut encore sa femme, et elle enfanta un fils, qu’elle appela Seth, en disant : Le Seigneur m’a donné un autre fils au lieu d’Abel, que Caïn a tué.
 
26 Il naquit aussi à Seth un fils, qu’il appela Enos. C’est lui qui commença d’invoquer le nom du Seigneur.

Chapitre 5

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Chap. : 
Généalogie de Noé, remontant jusqu’à Adam, par les descendants de Seth.
1 Voici le livre des (de la) générations d’Adam. Au jour que Dieu créa l’homme, Dieu le fit à sa ressemblance.
Note Gn. 5,1 : Voir Genèse, 1, 27 ; 9, 6 ; Sagesse, 2, 23 ; Ecclésiastique, 17, 1.
 
2 Il les créa mâle et femelle, et il les bénit, et il leur donna le nom d’Adam au jour qu’ils (où ils) furent créés.
Note Gn. 5,2 : Adam ; c’est-à-dire tiré de la terre.
 
3 Adam, ayant vécu cent trente ans, engendra un fils à son image et à sa ressemblance, et il le nomma Seth. 4 Après qu’Adam eut engendré Seth, il vécut huit cents ans, et il engendra des fils et des filles.
Note Gn. 5,4 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 1.
5 Et tout le temps de la vie d’Adam fut de neuf cent trente ans, et il mourut.
Note Gn. 5,5 : La longue vie d’Adam ainsi que celle de tous les patriarches qui ont existé avant le déluge se trouve confirmée par Manéthon et Bérose. Les Grecs supposent aussi comme incontestable, que les premiers hommes vivaient incomparablement plus longtemps que nous. Enfin la longueur des règnes que les histoires des indiens, des Chinois et des Persans assignent à leurs premiers rois, dépose également en faveur de la longévité des patriarches.
 
6 Seth aussi, ayant vécu cent cinq ans, engendra Enos. 7 Et après que Seth eut engendré Enos, il vécut huit cent sept ans, et il engendra des fils et des filles. 8 Et tout le temps de la vie de Seth fut de neuf cent douze ans, et il mourut.
 
9 Enos, ayant vécu quatre-vingt-dix ans, engendra Caïnan. 10 Depuis la naissance de Caïnan il vécut huit cent quinze ans, et il engendra des fils et des filles. 11 Et tout le temps de la vie d’Enos fut de neuf cent cinq ans, et il mourut.
 
12 Caïnan aussi, ayant vécu soixante-dix ans, engendra Malaléel. 13 Après avoir engendré Malaléel, il vécut huit cent quarante ans, et il engendra des fils et des filles. 14 Et tout le temps de la vie de Caïnan fut de neuf cent dix ans, et il mourut.
 
15 Malaléel, ayant vécu soixante-cinq ans, engendra Jared. 16 Après avoir engendré Jared, il vécut huit cent trente ans, et il engendra des fils et des filles. 17 Et tout le temps de la vie de Malaléel fut de huit cent quatre-vingt-quinze ans, et il mourut.
 
18 Jared, ayant vécu cent soixante-deux ans, engendra Hénoch. 19 Après avoir engendré Hénoch, il vécut huit cents ans, et il engendra des fils et des filles. 20 Et tout le temps de la vie de Jared fut de neuf cent soixante-deux ans, et il mourut.
 
21 Or Hénoch, ayant vécut soixante-cinq ans, engendra Mathusala. 22 Hénoch marcha avec Dieu ; et après avoir engendré Mathusala, il vécut trois cents ans, et il engendra des fils et des filles.
Note Gn. 5,22 ; 5.24 : Marcher avec Dieu, hébraïsme, pour : se conduire d’une manière irréprochable, parfaitement conforme à la volonté divine.
23 Et tout le temps qu’Hénoch vécut fut de trois cent soixante-cinq ans. 24 Il marcha avec Dieu, et il ne parut plus, parce que Dieu l’enleva.
 
25 Mathusala, ayant vécu cent quatre-vingt-sept ans, engendra Lamech. 26 Après avoir engendré Lamech, il vécut sept cent quatre-vingt-deux ans, et il engendra des fils et des filles. 27 Et tout le temps de la vie de Mathusala fut de neuf cent soixante-neuf ans, et il mourut.
 
28 Lamech, ayant vécu cent quatre-vingt-deux ans, engendra un fils, 29 qu’il nomma Noé, en disant : Celui-ci nous consolera parmi nos travaux et les œuvres de nos mains, sur la (dans cette) terre que le Seigneur a maudite. 30 Lamech, après avoir engendré Noé, vécut cinq cent quatre-vingt-quinze ans, et il engendra des fils et des filles. 31 Et tout le temps de la vie de Lamech fut de sept cent soixante-dix-sept ans, et il mourut. Or Noé, ayant cinq cents ans, engendra Sem, Cham et Japheth.
Note Gn. 5,31 : Voir à la fin du volume la note 5 sur la longévité des patriarches.
 

Chapitre 6

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Chap. : 
Multiplication et corruption générale des hommes.
Prédiction du déluge.
Construction de l’arche.
1 Après que les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre et qu’ils eurent engendré des filles, 2 les enfants (fils, note) de Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent pour leurs femmes celles d’entre elles qui leur avaient plu.
Note Gn. 6,2 : On entend communément par les fils de Dieu les descendants de Seth, auxquels on donna ce nom à cause de leur piété envers Dieu, et par les filles des hommes, les filles de la race pervertie de Caïn.
3 Et Dieu dit : Mon esprit ne demeurera pas pour toujours avec l’homme, parce qu’il est chair ; et le temps de l’homme (ses jours) ne sera plus que de cent vingt ans.
Note Gn. 6,3 : Parce qu’il est chair ; c’est-à-dire qu’il se laisse emporter aux mouvements déréglés de la chair. ― Et ses jours, etc. Les hommes, à compter du moment de cette menace, n’avaient plus que cent vingt ans à vivre ; c’est-à-dire que Dieu leur accordait ce long temps pour faire pénitence.
 
4 Or il y avait des géants sur la terre en ce temps-là. Car depuis que les enfants de Dieu eurent épousé les filles des hommes, il en sortit des enfants qui furent des hommes puissants et dès longtemps (les temps anciens) fameux.
 
Genèse 6, 5-8 7, 11-18 : Le déluge - Gravure de Gustave Doré
Genèse 6, 5-8 7, 11-18 : Le déluge - Gravure de Gustave Doré
5 Mais Dieu, voyant que la malice des hommes qui vivaient sur la terre était extrême (grande), et que toutes les pensées de leur cœur étaient en tout temps appliquées au mal,
Note Gn. 6,5 : Voir Genèse, 8, 21 ; Matthieu, 15, 19.
6 il se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. Et étant touché de douleur jusqu’au fond du cœur,
Note Gn. 6,6 : Les expressions se repentir, être touché jusqu’au fond du cœur, sont ici purement métaphoriques et signifient sous les emblèmes des affections humaines, le décret par lequel Dieu avait arrêté qu’il punirait les hommes obstinés dans leurs désordres et dans leur incrédulité.
7 il dit : J’exterminerai de dessus la terre l’homme que j’ai créé ; j’exterminerai tout, depuis l’homme jusqu’aux animaux, depuis ce qui rampe sur la terre jusqu’aux oiseaux du ciel : car je me repens de les avoir faits.
 
8 Mais Noé trouva grâce devant le Seigneur.
 
9 Voici les générations de Noé. Noé fut un homme juste et parfait au milieu des hommes de son temps : il marcha avec Dieu.
Note Gn. 6,9 : Voir Ecclésiastique, 44, 17. ― Il marcha avec Dieu. Voir Genèse, 5, vv. 22, 24.
 
10 Et il engendra trois fils, Sem, Cham et Japheth.
 
11 Or la terre était corrompue devant Dieu, et remplie d’iniquité. 12 Dieu voyant donc cette corruption de la terre (car la vie que tous les hommes y menaient était toute (car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre) corrompue),
Note Gn. 6,12-13 : Toute chair ; hébraïsme, pour tous les hommes. Comparer à Isaïe, 40, 5.
 
13 il dit à Noé : J’ai résolu de faire périr tous les hommes (toute chair). Ils ont rempli toute la terre d’iniquité, et je les exterminerai avec la terre. 14 Fais-toi une arche de pièces de bois aplanies. Tu y feras de petites chambres (compartiments), et tu l’enduiras de bitume au dedans et au dehors. 15 Voici la forme que tu lui donneras. Sa longueur sera de trois cents coudées, sa largeur de cinquante, et sa hauteur de trente.
Note Gn. 6,15 : Trois cents coudées, environ 150 mètres ; cinquante coudées, environ 25 mètres ; trente coudées, environ 15 mètres, d’après la valeur de la coudée dans les derniers temps de l’histoire juive.
16 Tu feras à l’arche une fenêtre. Le comble qui la couvrira sera haut d’une coudée ; et tu mettras la porte de l’arche au côté ; tu feras un étage tout en bas, un (second) (au milieu), et un troisième. 17 Je m’en vais répandre les eaux du déluge sur la terre, pour faire mourir toute chair qui respire, et qui est vivante sous le ciel. Tout ce qui est sur la terre sera consumé. 18 J’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, ta femme, et les femmes de tes fils avec toi. 19 Tu feras aussi entrer dans l’arche deux de chaque espèce de tous les animaux, un mâle et une femelle, afin qu’ils vivent avec toi.
 
20 De chaque espèce des oiseaux tu en prendras deux ; de chaque espèce des animaux terrestres (quadrupèdes), deux ; de chaque espèce de ce qui rampe sur la terre, deux. Deux de toute espèce entreront avec toi dans l’arche, afin qu’ils puissent vivre. 21 Tu prendrez aussi avec toi de tout ce qui se peut manger, et tu le porteras dans l’arche, pour servir à ta nourriture et à celle de tous les animaux.
 
22 Noé accomplit donc tout ce que Dieu lui avait commandé.

Chapitre 7

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Chap. : 
Noé entre dans l’arche avec sa famille.
Il y fait entrer les animaux.
Le déluge.
1 Le Seigneur dit ensuite à Noé : Entre dans l’arche, toi et toute ta maison ; parce qu’entre tous ceux qui vivent aujourd’hui sur la terre j’ai reconnu que tu étais juste devant moi.
Note Gn. 7,1 : Voir Hébreux, 11, 7 ; 2 Pierre, 2, 5.
2 Prends sept par sept de tous les animaux purs, le mâle et sa femelle, et un (deux) couple d’animaux impurs, un mâle et une femelle.
Note Gn. 7,2 : Selon la plupart des interprètes, dès avant le déluge, on distinguait les animaux que l’on offrait en sacrifice de ceux qu’on n’y offrait pas ; les premiers se nommaient purs et les autres impurs. Quelques-uns pensent que ces dénominations s’appliquent aussi aux animaux qui servaient à la nourriture et à ceux dont on ne mangeait pas.
3 Prends aussi sept par sept des oiseaux du ciel, un mâle et sa femelle ; afin d’en conserver la race sur la face de toute la terre. 4 Car je n’attendrai plus que sept jours, et après cela je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j’exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j’ai faites.
 
5 Noé fit donc tout ce que le Seigneur lui avait commandé.
 
6 Il avait six cents ans lorsque les eaux du déluge inondèrent toute la terre.
 
7 Noé entra dans l’arche, et avec lui ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils, pour se sauver des eaux du déluge.
Note Gn. 7,7 : Voir Matthieu, 24, 38 ; Luc, 17, 26 ; 1 Pierre, 3, 20.
8 Les animaux purs et impurs, et les oiseaux avec tout ce qui se meut sur la terre, 9 entrèrent aussi dans l’arche avec Noé, deux à deux, mâle et femelle, selon que le Seigneur l’avait commandé à Noé.
 
10 Après donc que les sept jours furent passés, les eaux du déluge se répandirent (inondèrent) sur la terre.
 
11 L’année six cent de la vie de Noé, le dix-septième jour du second mois, toutes les sources du grand abîme des eaux furent rompues, et les cataractes du ciel furent ouvertes ;
Note Gn. 7,11 : Les meilleurs chronologistes pensent qu’avant la sortie d’Egypte le second mois commençait à notre vingt-et-un octobre. Ainsi le dix-sept du second mois répondait à notre six novembre.
12 et la pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.
 
13 Aussitôt que ce jour parut, Noé entra dans l’arche avec ses fils, Sem, Cham et Japheth, sa femme, et les trois femmes de ses fils.
Note Gn. 7,13 : Ce jour-là même ; c’est-à-dire le dix-septième du second mois (verset 11). La Vulgate porte : Dans l’article (articulo) de ce jour-là ; idiotisme qui en hébreu a le sens que nous lui avons donné dans notre traduction.
14 Tous les animaux sauvages selon leur espèce y entrèrent aussi avec eux, tous les animaux domestiques selon leur espèce ; tout ce qui se meut sur la terre selon son espèce ; tout ce qui vole chacun selon son espèce ; tous les oiseaux et tout ce qui s’élève dans l’air ; 15 tous ces animaux entrèrent avec Noé dans l’arche deux à deux, mâle et femelle de toute chair vivante et animée (en laquelle est l’esprit de vie). 16 Ceux qui y entrèrent étaient donc mâles et femelles et de toute espèce, selon que Dieu l’avait commandé à Noé ; et le Seigneur l’y enferma par dehors.
 
17 Le déluge se répandit sur la terre pendant quarante jours, et les eaux, s’étant accrues, élevèrent l’arche en haut au-dessus de la terre. 18 Elles inondèrent tout, et couvrirent toute la surface de la terre ; mais l’arche était portée sur les eaux.
Genèse 7, 19-24 : Scène du déluge - Gravure de Gustave Doré
Genèse 7, 19-24 : Scène du déluge - Gravure de Gustave Doré
19 Et les eaux crûrent et grossirent prodigieusement au-dessus de la terre, et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes. 20 L’eau dépassa encore de quinze coudées le sommet des montagnes qu’elle avait couvertes.
 
21 (Ainsi) Toute chair qui se meut sur la terre en fut consumée (entièrement), tous les oiseaux, tous les animaux (domestiques), toutes les bêtes (sauvages), et tout ce (reptile) qui rampe sur la terre.
Note Gn. 7,21 : Voir Sagesse, 10, 4 ; Ecclésiastique, 39, 28 ; 1 Pierre, 3, 20.
22 Tous les hommes moururent, et généralement tout ce qui a vie et qui respire sous le ciel. 23 (C’est ainsi que Dieu détruisit) Toutes les créatures qui étaient sur la terre, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, tant celles qui rampent que celles qui volent dans l’air, tout périt : il ne demeura que Noé seul, et ceux qui étaient avec lui dans l’arche. 24 Et les eaux couvrirent toute la terre pendant cent cinquante jours.

Chapitre 8

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Chap. : 
Les eaux se retirent.
Noé sort de l’arche ; il offre un sacrifice à Dieu, et Dieu fait alliance avec lui.
Genèse 8, 1-13 : Noé envoie une colombe sur la terre - Gravure de Gustave Doré
Genèse 8, 1-13 : Noé envoie une colombe sur la terre - Gravure de Gustave Doré
1 Mais Dieu s’étant souvenu de Noé, de toutes les bêtes sauvages et de tous les animaux domestiques qui étaient avec lui dans l’arche, fit souffler un vent sur la terre, et les eaux commencèrent à diminuer. 2 Les sources de l’abîme furent fermées, aussi bien que les cataractes du ciel, et les pluies qui tombaient du ciel furent arrêtées ; 3 les eaux se retirèrent de dessus la terre, s’en allant et s’éloignant, et elles commencèrent à diminuer après cent cinquante jours. 4 Et le vingt-septième jour du septième mois, l’arche se reposa sur les montagnes d’Arménie.
Note Gn. 8,4 : Au septième mois de l’année et non du déluge. ― Sur les montagnes de l’Arménie ; d’après une tradition fort répandue, sur le mont Ararat. La cime isolée à qui on a donné spécialement ce nom, l’Agri-Dhga, a 5 350 mètres d’altitude et est située à 65 kilomètres au sud-ouest d’Erivan.
5 Cependant les eaux allaient toujours en diminuant jusqu’au dixième mois, au premier jour duquel le sommet des montagnes commença à paraître.
 
6 Quarante jours s’étant encore passés, Noé ouvrit la fenêtre qu’il avait faite dans l’arche, et laissa aller un corbeau, 7 qui étant sorti ne revint plus, jusqu’à ce que les eaux de la terre fussent séchées.
Note Gn. 8,7 : L’expression jusqu’à ce que, comme on le voit dans une foule de passages, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, ne marque pas toujours qu’une chose se soit faite après un certain temps, mais simplement qu’elle ne s’est pas faite auparavant.
8 Il envoya aussi une colombe après le corbeau, pour voir si les eaux avaient cessé de couvrir la terre. 9 Mais la colombe n’ayant pu trouver où mettre le pied, parce que la terre était toute couverte d’eau, elle revint à lui ; et Noé, étendant la main, la prit et la remit dans l’arche. 10 Il attendit encore sept autres jours, et il envoya de nouveau la colombe hors de l’arche. 11 Elle revint à lui sur le soir, portant dans son bec un rameau d’olivier, dont les feuilles étaient toutes vertes. Noé reconnut donc (compris alors) que les eaux s’étaient retirées de dessus la terre. 12 Il attendit néanmoins encore sept jours ; et il envoya la colombe, qui ne revint plus à lui.
 
13 L’an six cent un, au premier jour du premier mois, les eaux qui étaient sur la terre se retirèrent entièrement (diminuèrent). Et Noé, ouvrant le toit de l’arche, et regardant de là, vit que la surface de la terre s’était séchée. 14 Le vingt-septième jour du second mois, la terre fut toute sèche.
 
15 Alors Dieu parla à Noé, et lui dit : 16 Sors de l’arche, toi et ta femme, tes fils et les femmes de tes fils. 17 Fais-en sortir aussi tous les animaux qui y sont avec toi, de toutes sortes d’espèces, tant des oiseaux que des bêtes, et de tout ce qui rampe sur la terre ; et entrez sur la terre ; croissez-y, et vous y multipliez.
Note Gn. 8,17 : Voir Genèse, 1, vv. 22, 28 ; 9, vv. 1, 7.
18 Noé sortit donc avec ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils. 19 Toutes les bêtes sauvages sortirent aussi de l’arche, et les animaux domestiques, et tout ce qui rampe sur la terre, chacun selon son espèce.
 
20 Or Noé dressa un autel au Seigneur ; et prenant de tous les animaux et de tous les oiseaux purs, il les offrit en holocauste sur cet autel. 21 Le Seigneur en reçut une odeur qui lui fut très agréable, et il dit : Je ne répandrai plus ma malédiction sur la terre à cause des hommes ; parce que l’esprit de l’homme et toutes les pensées de son cœur sont portées au mal dès sa jeunesse. Je ne frapperai donc plus, comme j’ai fait, tout ce qui est vivant et animé.
Note Gn. 8,21 : Voir Genèse, 6, 5 ; Matthieu, 15, 19.
22 Tant que la terre durera, la semence et la moisson, le froid et le chaud, l’été et l’hiver, la nuit et le jour ne cesseront point de s’entresuivre.

Chapitre 9

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Chap. : 
Alliance de Dieu avec Noé et sa postérité.
Malédiction contre Cham et Chanaan.
Bénédiction en faveur de Sem et de Japheth.
1 Alors Dieu bénit Noé et ses enfants, et il leur dit : Croissez et multipliez-vous, et remplissez la terre.
Note Gn. 9,1 : Voir Genèse, 1, vv. 22, 28 ; 8, 17.
2 Que tous les animaux de la terre et tous les oiseaux du ciel soient frappés de terreur et tremblent devant vous, avec tout ce qui se meut sur la terre. J’ai mis entre vos mains tous les poissons de la mer. 3 Nourrissez-vous de tout ce qui a vie et mouvement : je vous ai abandonné toutes ces choses, comme les légumes et les herbes de la campagne.
Note Gn. 9,3 : Voir Genèse, 1, 29.
4 J’excepte seulement la chair mêlée avec le sang, dont je vous défends de manger.
Note Gn. 9,4 : Voir Lévitique, 17, 14.
5 Car je vengerai votre sang de toutes les bêtes qui l’auront répandu, et je vengerai (demanderai compte de) la vie de l’homme, de la main de l’homme, et de la main de son frère.
Note Gn. 9,5 : En hébreu comme en arabe le mot âme se prend souvent pour vie, personne, individu.
6 Quiconque aura répandu le sang de l’homme, sera puni par l’effusion de son propre sang : car l’homme a été créé à l’image de Dieu.
Note Gn. 9,6 : Voir Matthieu, 26, 52 ; Apocalypse, 13, 10.
7 (Pour vous) Croissez donc, vous autres, et multipliez-vous, entrez sur la terre et remplissez-la.
Note Gn. 9,7 : Voir Genèse, 1, 28 ; 8, 17.
 
8 Dieu dit encore à Noé, et à ses enfants (fils) aussi bien qu’à lui : 9 Je vais faire alliance avec vous, et avec votre race (postérité) après vous, 10 et avec tous les animaux vivants qui sont avec vous, tant les oiseaux que les animaux, ou domestiques, ou de la campagne, qui sont sortis de l’arche, et avec toutes les bêtes de la terre. 11 J’établirai mon alliance avec vous ; et toute chair ne périra plus désormais par les eaux du déluge ; et il n’y aura plus à l’avenir de déluge qui extermine toute la terre.
Note Gn. 9,11 : Voir Isaïe, 54, 9.
12 Dieu dit ensuite : Voici le signe de l’alliance que j’établis pour jamais (pour des générations éternelles) entre moi, et vous, et tous les animaux vivants qui sont avec vous. 13 Je mettrai mon arc dans les nuées (nues), afin qu’il soit le signe de l’alliance que j’ai faite avec la terre.
Note Gn. 9,13 : Voir Ecclésiastique, 43, 12. ― On ne saurait conclure légitimement de ce verset que l’arc-en-ciel n’existait pas avant le déluge ; il prouve seulement que par l’institution de Dieu, ce phénomène doit être désormais un signe d’alliance qu’il fait avec les hommes.
14 Et lorsque j’aurai couvert le ciel de nuages, mon arc paraîtra dans les nuées (nues) ;
Note Gn. 9,14 : Voir à la fin du volume la note 7 sur l’arc-en-ciel.
15 et je me souviendrai de l’ (mon) alliance que j’ai faite avec vous et avec toute âme qui vit et anime la chair ; et il n’y aura plus (à l’avenir) de déluge qui fasse périr dans ses eaux toute chair qui a vie.
Note Gn. 9,15 : Voir, sur le mot chair, Genèse, 6, 12.
16 Mon arc sera dans les nuées, et en le voyant je me ressouviendrai de l’alliance éternelle qui a été faite entre Dieu et toutes les âmes vivantes qui animent toute chair qui est sur la terre. 17 Dieu dit encore à Noé : Ce sera là le signe de l’alliance que j’ai faite avec toute chair qui est sur la terre.
 
Genèse 9, 18-29 : Cham maudit par Noé - Gravure de Gustave Doré
Genèse 9, 18-29 : Cham maudit par Noé - Gravure de Gustave Doré
18 Noé avait donc trois fils qui sortirent de l’arche, Sem, Cham et Japheth. Or Cham est le père de Chanaan. 19 Ce sont là les trois fils de Noé, et c’est d’eux qu’est sortie toute la race des hommes qui sont sur la terre.
 
20 Noé s’appliquant à l’agriculture, commença à cultiver la terre, et il planta de la vigne ; 21 et ayant bu du vin, il s’enivra, et il se dépouilla (trouva nu) dans sa tente.
Note Gn. 9,21 : Ayant bu du vin. L’Arménie, où habitait alors probablement Noé, est très favorable à la culture de la vigne. Xénophon parle de l’excellent vin de ce pays. L’Asie est reconnue de tous comme la patrie de la vigne.
22 Cham, père de Chanaan, voyant que ce que la pudeur obligeait de cacher en son père était découvert, sortit dehors et le vint dire à ses frères. 23 Alors (Mais) Sem et Japheth, ayant étendu un manteau sur leurs épaules, marchèrent en arrière et couvrirent la nudité de leur père. Et comme leur visage était détourné, ils ne virent pas la nudité de leur père. 24 Noé se réveillant après cet assoupissement que le vin lui avait causé, et ayant appris de quelle sorte l’avait traité son second fils, 25 s’écria : Que Cham soit maudit ; qu’il soit à l’égard de ses frères l’esclave des esclaves.
Note Gn. 9,25 : L’esclave des esclaves; hébraïsme, pour le plus vil des esclaves. ― Noé ne voulut pas maudire Cham qui avait reçu la bénédiction de Dieu au sortir de l’arche (verset 1), mais bien Chanaan, le plus méchant de ses enfants. Noé était persuadé d’ailleurs que Cham serait plus sensible au malheur de son fils qu’il ne l’aurait été à sa propre disgrâce. ― Chanaan fut en effet l’esclave de ses frères et sentit tout le poids de la malédiction de Noé.
 
26 (Mais) Il dit encore : Que le Seigneur, le Dieu de Sem, soit béni, et que Cham soit son esclave.
Note Gn. 9,26 : Béni le Seigneur, le Dieu de Sem ! La bénédiction propre de Sem, c’est la connaissance du vrai Dieu. Sa race conserva fidèlement le culte du vrai Dieu dans la postérité d’Abraham, tandis que les descendants de Cham et de Japhet s’abandonnèrent à l’idolâtrie.
27 Que Dieu multiplie les possessions de Japheth ; et qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Cham soit son esclave.
Note Gn. 9,27 : Que Dieu donne, etc., c’est-à-dire que Dieu étende la race et les possessions de Japhet. ― « Nous voyons cette prophétie accomplie dans les Gentils. » dit saint Jean Chrysostome. Nous sommes des descendants de Japhet, qui habitons dans les tentes de Sem ; nous participons aux avantages spirituels de Sem.
 
28 Or Noé vécut encore trois cent cinquante ans depuis (après) le déluge. 29 Et tout le temps de sa vie ayant été de neuf cent cinquante ans, il mourut.

Chapitre 10

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Chap. : 
Dénombrement des fils de Noé.
Pays que chacun d’eux a possédé.
1 Voici les générations des fils de Sem, Cham et Japheth, enfants de Noé ; et (car) ces fils naquirent d’eux après le déluge.
Note Gn. 10,1 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 5.
 
2 Fils de Japheth : Gomer, Magog, Madaï, Javan, Thubal, Mosoch et Thiras. 3 Fils de Gomer : Ascenez, Riphath et Thogorma. 4 Fils de Javan : Elisa, Tharsis, Céthim et Dodanim. 5 C’est par eux que furent peuplées les îles des nations, selon la langue de chacun, selon leurs familles et leurs peuples.
Note Gn. 10,5 : C’est par eux, etc., veut dire que les descendants de Japhet, énumérés aux versets 2 à 4 se sont partagé entre eux les diverses contrées que les Hébreux appelaient les îles des nations, c’est-à-dire des idolâtres (probablement les îles et les pays séparés de la Palestine et où les Hébreux ne pouvaient aller que par mer) ; qu’ils se sont établis dans ces contrées chacun selon sa langue, ses familles, et qu’ils ont formé des nations. Remarquons que tout ceci est dit par anticipation ; car ce n’est qu’après la construction de la tour de Babel (voir Genèse, 11, 9) qu’a eu lieu la dispersion des familles et la diversité des langues.
 
6 Fils de Cham : Chus, Mesraïm, Phuth et Chanaan. 7 Fils de Chus : Saba, Hévila, Sabatha, Regma et Sabatacha. Fils de Regma : Saba et Dadan. 8 Or Chus engendra Nemrod, qui commença à être puissant sur la terre. 9 Il fut un violent (fort) chasseur devant le Seigneur. De là est venu ce proverbe : Violent (fort) chasseur devant le Seigneur, comme Nemrod.
Note Gn. 10,9 : Devant le Seigneur ; aux yeux du Seigneur ; c’est-à-dire que le Seigneur lui-même le tenait pour fort chasseur.
10 Le début de son royaume fut Babylone, et Arach, et Achad, et Chalanné dans la terre de Sennaar.
Note Gn. 10,10 : Arach ou Erech et Orchoé, aujourd’hui Warka, sur la rive occidentale du bas Euphrate, au sud-est de Babylone.
11 De ce même pays il alla en Assyrie (sortit Assur), et il bâtit Ninive et les rues de cette ville, et Chalé.
Note Gn. 10,11 : Ninive, capitale de l’Assyrie, sur le Tigre.
12 Il bâtit aussi la grande ville de Résen, entre Ninive et Chalé. 13 Et Mesraïm engendra Ludim et Anamim, Laabim et Nephthuim, 14 Phétrusim et Chasluim, d’où sont sortis les Philistins, et les Caphtorins. 15 Chanaan engendra Sidon, qui fut son fils aîné, l’Héthéen, 16 le Jébuséen, l’Amorrhéen, le Gergéséen ; 17 l’Hévéen, l’Aracéen, le Sinéen, 18 l’Aradien, le Samaréen et l’Amathéen ; et c’est par eux que les peuples des Chananéens se sont répandus depuis en divers endroits. 19 Les limites de Chanaan furent depuis Sidon, en venant à Gérara, jusqu’à Gaza, et du côté de Sodome, de Gomorrhe, d’Adama, et de Séboïm, jusqu’à Lésa. 20 Ce sont là les fils de Cham selon leurs alliances, leurs langues, leurs familles, leurs pays et leurs nations.
 
21 Il naquit aussi des fils de Sem, qui fut le père de tous les enfants d’Héber, et le frère aîné de Japheth. 22 Fils de Sem : Elam, Assur, Arphaxad, Lud et Aram.
Note Gn. 10,22 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 17.
23 Fils d’Aram : Us, Hul, Géther et Mes. 24 Or Arphaxad engendra Salé, dont est né Héber. 25 Héber eut deux fils : l’un s’appela Phaleg, parce que de son temps la terre fut divisée ; et son frère s’appelait Jectan. 26 Jectan engendra Elmodad, Saleph, Asarmoth et Jaré, 27 Aduram, Uzal, Décla, 28 Ebal, Abimaël, Saba, 29 Ophir, Hévila et Jobab. Tous ceux-là furent enfants (fils) de Jectan. 30 Le pays où ils demeurèrent s’étendait depuis la sortie de Messa jusqu’à Séphar, qui est une montagne du côté de l’orient. 31 Ce sont les fils de Sem selon leurs familles, leurs langues, leurs régions (pays) et leurs peuples.
 
32 Ce sont là les familles des enfants de Noé, selon leurs peuples et leurs nations. Et c’est de ces familles que se sont formés tous les peuples de la terre après le déluge.
Note Gn. 10,32 : C’est par elles, etc. Comparer au verset 5. ― Voir à la fin du volume la note 8 sur la table ethnographique.

Chapitre 11

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Chap. : 
Construction de la tour de Babel.
Confusion des langues.
Postérité de Sem.
Genèse 11, 1-9 : La tour de Babel - Gravure de Gustave Doré
Genèse 11, 1-9 : La tour de Babel - Gravure de Gustave Doré
1 La terre n’avait alors qu’une seule langue et qu’une même manière de parler. 2 Et comme ils étaient partis du côté de l’orient, ayant trouvé une plaine dans le pays de Sennaar, ils y habitèrent ;
Note Gn. 11,2 : Voir Sagesse, 10, 5. ― Dans la terre de Sennaar, en Babylonie.
3 et ils se dirent l’un à l’autre : Venez, faisons des briques, et cuisons-les au feu. Ils se servirent donc de briques comme de pierres, et de bitume comme de ciment. 4 Ils s’entre-dirent encore : Venez, faisons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel ; et rendons notre nom célèbre avant que nous nous dispersions en toute la terre. 5 (Mais) Or le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les enfants d’Adam ; 6 et il dit : Ils ne font tous maintenant qu’un peuple, et ils ont tous le même langage ; et, ayant commencé à faire cet ouvrage, ils ne quitteront point leur dessein qu’ils ne l’aient achevé entièrement. 7 Venez donc, descendons en ce lieu, et confondons (tellement) leur langage, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. 8 C’est en cette manière que le Seigneur les dispersa de ce lieu dans tous les pays du monde, et qu’ils cessèrent de bâtir la ville. 9 C’est aussi pour cette raison que cette ville fut appelée Babel, parce que c’est là que fut confondu le langage de toute la terre. Et le Seigneur les dispersa ensuite dans toutes les régions.
Note Gn. 11,9 : Babel. Probablement sur l’emplacement du Birs-Nimroud actuel, sur les ruines de l’ancienne Babylone, capitale de la Babylonie.
 
10 Voici les générations de Sem. Sem avait cent ans lorsqu’il engendra Arphaxad, deux ans après le déluge ;
Note Gn. 11,10 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 17.
 
11 et Sem, après avoir engendré Arphaxad, vécut cinq cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
12 Arphaxad ayant vécu trente-cinq ans, engendra Salé ; 13 et Arphaxad, après avoir engendré Salé, vécut trois cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
14 Salé ayant vécu trente ans, engendra Héber ; 15 et Salé, après avoir engendré Héber, vécut quatre cent trois ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
16 Héber ayant vécu trente-quatre ans, engendra Phaleg ; 17 et Héber, après avoir engendré Phaleg, vécut quatre cent trente ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
18 Phaleg ayant vécu trente ans, engendra Reü ; 19 et Phaleg, après avoir engendré Reü, vécu deux cent neuf ans ; et il engendra des fils et des filles.
Note Gn. 11,19 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 19.
 
20 Reü ayant vécu trente-deux ans, engendra Sarug ; 21 et Reü, après avoir engendré Sarug, vécu deux cent sept ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
22 Sarug ayant vécu trente ans, engendra Nachor ; 23 et Sarug, après avoir engendré Nachor, vécut deux cents ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
24 Nachor ayant vécu vingt-neuf ans, engendra Tharé ; 25 et Nachor, après avoir engendré Tharé, vécut cent dix-neuf ans ; et il engendra des fils et des filles.
 
26 Tharé ayant vécu soixante-dix ans, engendra Abram, Nachor et Aran.
Note Gn. 11,26 : Voir Josué, 24, 2 ; 1 Paralipomènes, 1, 26.
 
27 Voici les générations de Tharé. Tharé engendra Abram, Nachor et Aran. Or Aran engendra Lot ;
 
28 et Aran mourut avant son père Tharé au pays où il était né, à Ur en Chaldée (des Chaldéens).
Note Gn. 11,28 : Ur des Chaldéens, aujourd’hui Mugheir, dans l’ancienne Chaldée, à peu près à moitié distance entre Babylone et l’embouchure de l’Euphrate dans le golfe persique. Ur était une ville considérable, où l’on cultivait les sciences et les arts et la littérature et où l’on adorait principalement la Lune sous le nom de dieu Sin.
 
29 Or Abram et Nachor prirent des femmes. La femme d’Abram s’appelait Saraï, et celle de Nachor s’appelait Melcha, fille d’Aran, qui fut père de Melcha et père de Jescha. 30 Or Saraï était stérile, et elle n’avait point d’enfants.
 
31 Tharé ayant donc pris Abram son fils, Lot son petit-fils, fils d’Aran (et le fils de son fils), et Saraï sa belle-fille, femme d’Abram son fils, les fit sortir d’Ur en Chaldée, pour aller avec lui dans le pays de Chanaan ; et étant venus jusques à Haran, ils y habitèrent.
Note Gn. 11,31 : Voir Josué, 24, 2 ; 2 Esdras, 9, 7 ; Judith, 5, 7 ; Actes des Apôtres, 7, 2.
Note Gn. 11,31-32 : Haran est la même ville que Charan, dont parle saint Etienne dans Actes des Apôtres, 7, vv. 2, 4. ― Haran est situé au point d’intersection où se croisent les routes qui conduisent les caravanes aux gués de l’Euphrate d’une part, aux gués du Tigre de l’autre, sur le Bililk, affluent de l’Euphrate, dans une plaine qui était autrefois arrosée par de nombreux canaux.
 
32 Et Tharé, après avoir vécu deux cent cinq ans, mourut à Haran.

Chapitre 12

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Chap. : 
Vocation d’Abram, et promesse qui lui est faite.
Son entrée en Egypte.
1 Or (Mais) le Seigneur dit à Abram : Sors de ton pays, de ta parenté, et de la maison de ton père, et viens en (dans) la terre que je te montrerai.
Note Gn. 12,1 : Voir Actes Apôtres, 7, 3.
2 Je ferai sortir de toi un grand peuple ; je te bénirai ; je rendrai ton nom célèbre, et tu seras béni. 3 Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et tous les peuples de la terre seront bénis en toi.
Note Gn. 12,3 : Voir Genèse, 18, 18 ; 22, 18 ; Galates, 3, 8.
 
4 Abram sortit donc comme le Seigneur le lui avait commandé, et Lot alla avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Haran.
Note Gn. 12,4 : Voir Hébreux, 11, 8.
5 Il prit avec lui Saraï sa femme, et Lot, fils de son frère, tout le bien qu’ils possédaient, avec toutes les personnes dont ils avaient augmenté leur famille (âmes qu’il avait acquises) à Haran, et ils sortirent pour aller dans le pays de Chanaan. Lorsqu’ils y furent arrivés,
Note Gn. 12,5 : Les âmes ; pour les personnes, les individus. Comparer à Genèse, 9, 5.
 
6 Abram passa au travers du pays jusqu’au lieu appelé Sichem, et jusqu’à la vallée illustre. Les Chananéens occupaient alors ce pays-là.
Note Gn. 12,6 : La vallée illustre, en hébreu Moré, la vallée située entre le mont Hébal et le mont Garizim, au cœur même de la Palestine. ― Sichem est le site le plus beau de la Palestine centrale, le mieux arrosé de tout le pays ; on n’y compte pas moins de 27 sources. Les oliviers qui croissent rendent le paysage perpétuellement vert.
7 Or le Seigneur apparut à Abram, et lui dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. Abram dressa en ce lieu-là un autel au Seigneur, qui lui était apparu.
Note Gn. 12,7 : Voir Genèse, 13, 15 ; 15, 18 ; 26, 4 ; Deutéronome, 34, 4.
8 Etant passé de là vers une montagne qui est à l’orient de Béthel, il y tendit (dressa) sa tente, ayant Béthel à l’occident, et Haï à l’orient. Il dressa encore en ce lieu-là un autel au Seigneur, et il invoqua son nom.
Note Gn. 12,8 : A l’orient de Béthel. Béthel est sur la grande route qui conduit du nord-est au sud-ouest de la Palestine. Abram s’arrêta sur la montagne située au levant. De là il put jouir du spectacle de la Terre-Sainte presque entière : à l’est, au premier plan, la chaîne dentelée des collines de Jéricho ; dans le lointain, les montagnes de Moab ; entre les deux, la large vallée du Jourdain ; au sud et à l’ouest, l’œil domine les sombres collines de la Judée ; au loin, la chaîne méridionale sur une pente de laquelle est Hébron ; vers le nord, les collines qui séparent la Judée des riches plaines de Samarie.
9 Abram alla (encore plus loin), marchant toujours et s’avançant vers le midi.
 
10 Mais la famine étant survenue en ce pays-là, Abram descendit en Egypte pour y passer quelque temps, parce que la famine était grande dans le pays qu’il quittait. 11 Lorsqu’il était prêt d’entrer en Egypte, il dit à Saraï sa femme : Je sais que tu es belle ; 12 et que quand les Egyptiens t’auront vue, ils diront : C’est la femme de cet homme-là ; et ils me tueront, et te réserveront (conserveront). 13 Dis donc, je te supplie, que tu es ma sœur ; afin que ces gens-ci me traitent favorablement à cause de toi, et qu’ils me conversent la vie (mon âme vive) en ta considération.
Note Gn. 12,13 : Voir Genèse, 20, 11. ― Sara était véritablement sœur d’Abraham, étant fille du même père que lui. Voir Genèse, 20, 12. D’ailleurs le mot hébreu traduit par sœur signifie également cousine, nièce, et en général proche parente. ― Et que mon âme vive ; c’est-à-dire, et que je puisse ainsi sauver ma vie.
14 Abram étant entré ensuite en Egypte, les Egyptiens virent que cette femme était très belle. 15 Et les princes du pays en ayant donné avis au Pharaon, et l’ayant fort louée devant lui, elle fut enlevée et menée au palais (dans la maison) du Pharaon.
Note Gn. 12,15 : Pharaon n’est pas un nom propre, mais un titre. On ignore quel est le pharaon qui régnait en Egypte à l’époque d’Abraham.
16 Ils en usèrent bien à l’égard d’Abram à cause d’elle ; et il reçut des brebis et des bœufs, et des ânes, et des serviteurs, et des servantes, et des ânesses, et des chameaux. 17 Mais le Seigneur frappa de très grandes plaies le Pharaon et sa maison, à cause de Saraï femme d’Abram. 18 Et (Alors) le Pharaon ayant fait venir Abram, lui dit : Pourquoi as-tu agi avec moi de cette sorte ? Que ne m’as-tu averti qu’elle était ta femme ? 19 D’où vient que tu as dit qu’elle était ta sœur, pour me donner lieu de la prendre pour ma femme ? Voilà donc maintenant ta femme ; prends-la, et va-t’en. 20 Et le Pharaon ayant donné ordre à ses gens de prendre soin d’Abram, ils le conduisirent jusque hors de l’Egypte avec sa femme, et tout ce qu’il possédait.

Chapitre 13

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Chap. : 
Abram retourne d’Egypte dans la terre de Chanaan.
Lot se sépare de lui.
Abram reçoit de nouvelles assurances de la protection de Dieu.
Genèse 13, 1-12 : Abraham se rend dans la terre de Canaan - Gravure de Gustave Doré
Genèse 13, 1-12 : Abraham se rend dans la terre de Canaan - Gravure de Gustave Doré
1 Abram étant donc sorti de l’Egypte avec sa femme et tout ce qu’il possédait, et Lot avec lui, alla du côté du midi.
Note Gn. 13,1 : Vers la région australe, dans la Palestine du sud.
2 Il (Or Abram) était très riche, et il avait beaucoup d’or et d’argent. 3 Il revint par le même chemin qu’il était venu du midi à Béthel, jusqu’au lieu où il avait auparavant dressé sa tente, entre Béthel et Haï,
Note Gn. 13,3 : Béthel. Voir Genèse, note 12.8.
4 où était l’autel qu’il avait bâti ; et il invoqua (en ce lieu) le nom du Seigneur.
Note Gn. 13,4 : Voir Genèse, 12, 7.
 
5 Or Lot, qui était avec Abram, avait aussi des troupeaux de brebis, des troupeaux de bœufs et des tentes. 6 Le pays ne leur suffisait pas pour pouvoir demeurer l’un avec l’autre, parce que leurs biens étaient fort grands, et ils ne pouvaient subsister (habiter) ensemble.
Note Gn. 13,6 : Voir Genèse, 36, 7.
7 C’est pourquoi (De là) il s’excita une querelle entre les pasteurs d’Abram et ceux de Lot. (Or) En ce temps-là les Chananéens et les Phéréséens habitaient en cette terre. 8 Abram dit donc à Lot : Qu’il n’y ait point, je te prie, de dispute entre toi et moi, ni entre mes pasteurs et les tiens, parce que nous sommes frères. 9 Voici que tu as devant vous toute la contrée. Retire-toi, je te prie, d’auprès de moi. Si tu vas à la gauche, je prendrai la droite ; si tu choisis la droite, j’irai à gauche. 10 Lot élevant donc les yeux, considéra (vit) tout le pays situé le long du Jourdain, et qui, avant que Dieu détruisit Sodome et Gomorrhe, était un pays tout arrosé d’eau, comme un paradis de Dieu, et comme l’Egypte quand on vient à Ségor.
Note Gn. 13,10 : Sodome et Gomorrhe étaient probablement au sud de la mer Morte, dans une partie qui fut submergée à l’époque de la catastrophe de ces deux villes. ― Ségor était sans doute la première ville égyptienne qu’on rencontrait sur la frontière en allant du pays de Chanaan dans la vallée du Nil. ― Sur le Jourdain, voir l’introduction au livre de Josué.
11 Et il fit choix de la région qui entoure le Jourdain et il se retira de l’orient. Ainsi les deux frères se séparèrent l’un de l’autre. 12 Abram demeura dans la terre de Chanaan, et Lot dans les villes aux environs du Jourdain ; et il habita dans Sodome. 13 Or les habitants de Sodome étaient devant le Seigneur des hommes perdus de vices (très méchants (mauvais)) ; et leur corruption était montée à son comble (de très grands pécheurs devant le Seigneur).
 
14 Le Seigneur dit donc à Abram, après que Lot se fut séparé d’avec lui : Lève tes yeux, et regarde du lieu où tu es, au septentrion (à l’aquilon) et au midi, à l’orient et à l’occident.
Note Gn. 13,14 : Voir Genèse, 12, 7 ; 15, 18 ; 26, 4 ; Deutéronome, 34, 4.
15 Tout ce pays que tu vois, je te le donnerai, et à ta postérité pour jamais.
Note Gn. 13,15 : Cette promesse de Dieu conférait à Abraham un droit authentique sur tout le pays de Chanaan. Quant à sa postérité, elle ne devait occuper ce pays qu’autant qu’elle serait fidèle, comme lui, à Dieu et à la religion. Cette condition se trouve clairement exprimée par l’Ecriture elle-même. Voir en effet Lévitique, 18, vv. 26, 28 ; Deutéronome, 4, 25-26 ; Isaïe, 48, 18-19. ― Si l’on prend à la lettre l’expression pour toujours, il ne faut pas oublier que la terre de Chanaan n’est ici que la figure de la Chanaan céleste, que doivent posséder éternellement les vrais enfants d’Abraham, qui auront imité sa foi et sa vertu. ― Du reste, dans l’Ecriture, pour toujours signifie souvent seulement pour longtemps.
16 Je multiplierai ta race comme la poussière de la terre. Si quelqu’un d’entre les hommes peut compter la poussière de la terre, il pourra compter aussi la suite de tes descendants. 17 Lève-toi, et parcours toute l’étendue de cette terre dans sa longueur et dans sa largeur, parce que je te la donnerai.
 
18 Abram levant donc sa tente, vint demeurer près de la vallée de Mambré, qui est vers Hébron ; et il dressa là un autel au Seigneur.
Note Gn. 13,18 : Hébron est située sur le versant de trois montagnes et dans une vallée, à une hauteur de 850 mètres environ au-dessus de la Méditerranée, au milieu des montagnes de Juda, dans la Palestine méridionale. C’est l’une des plus anciennes villes de la terre de Chanaan ; elle s’appelait aussi Cariath-Arbé. La vallée au fond de laquelle est l’Hébron actuelle se dirige du nord au sud. Les coteaux sont encore aujourd’hui couverts de vignes qui produisent les plus beaux raisins de la terre de Juda. On y voit aussi des bosquets d’oliviers. Le tombeau des patriarches est à l’extrémité d’Hébron.

Chapitre 14

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Chap. : 
Guerre de Chodorlahomor contre les rois de la Pentapole.
Abram délivre Lot.
Melchisédech bénit Abram.
1 En ce temps-là, Amraphel roi de Sennaar, Arioch roi de Pont, Chodorlahomor roi des Elamites, et Thadal roi des Nations,
Note Gn. 14,1 : Sennaar, la Babylonie. ― Pont, en hébreu Ellassar, en Babylonie. ― Chodorlahomor, signifie probablement serviteur du dieu Lagamar ; il était roi d’Elam et conquérant. ― Roi des nations, en hébreu Goïm, des nomades ou du pays de Guti dont le site est incertain.
2 firent la guerre contre Bara roi de Sodome, contre Bersa roi de Gomorrhe, contre Sennaab roi d’Adama, contre Séméber roi de Séboïm, et contre le roi de Bala, c’est-à-dire de Ségor.
Note Gn. 14,2 : Bala, la même que Ségor, autre que le Ségor mentionné dans Genèse, 13, 10, probablement sur la côte orientale de la mer Morte, l’une des cinq villes de Siddim. Elle appartint à Moab du temps des prophètes, aux Arabes après la captivité et à Arétas du temps des Apôtres.
 
3 Tous ces rois s’assemblèrent dans la vallée des Bois, qui est maintenant la mer salée. 4 Ils avaient été assujettis à Chodorlahomor pendant douze ans, et la treizième année ils se retirèrent de sa domination.
 
5 Ainsi l’an quatorzième, Chodorlahomor vint avec les rois qui s’étaient joints à lui, et ils défirent les Raphaïtes dans Astaroth-Carnaïm, les Zuzites qui étaient avec eux, les Emites dans Savé-Cariathaïm,
Note Gn. 14,5 : Astaroth-Carnaïm, consacrée à Astarté, la déesse de la lune aux deux cornes ou au croissant, était située à l’est et non loin de la mer Morte. Dans les livres des Machabées, elle est appelée Carnaïm et Carnion. ― Savé-Cariatharim était à l’est du Jourdain, mais sa position est inconnue.
6 et les Chorréens dans les montagnes de Séir, jusqu’aux campagnes de Pharan, qui est dans la solitude (le désert).
Note Gn. 14,6 : Les Chorréens tiraient probablement leur nom du mot Khor, trou, caverne, parce qu’ils habitaient des cavernes. On voit encore par centaines dans les environs de Pétra les cavernes qu’ils ont habitées ; quelques-unes sont encore habitées aujourd’hui. ― Séir, l’Idumée.
7 Etant retournés, ils vinrent à la fontaine de Misphat, qui est le même lieu que Cadès ; et ils ravagèrent tout le pays des Amalécites, et défirent les Amorrhéens (qui habitaient) dans Asason-Thamar.
Note Gn. 14,7 : Misphat, le même lieu que Cadès. Voir Nombres, 20, 1. ― Asason-Thamar, appelée aussi Engaddi, dans le désert de Juda, à l’ouest de la mer Morte.
8 Alors le roi de Sodome, le roi de Gomorrhe, le roi d’Adama, le roi de Séboïm, et le roi de Bala, qui est la même que Ségor, se mirent en campagne (partirent), et rangèrent leurs troupes en bataille dans la vallée des Bois contre ces princes (eux) ; 9 c’est-à-dire, contre Chodorlahomor roi des Elamites, Thadal roi des Nations, Amraphel roi de Sennaar, et Arioch roi de Pont : quatre rois contre cinq. 10 (Or) Il y avait beaucoup de puits de bitume dans cette vallée des Bois. Le roi de Sodome et le roi de Gomorrhe furent mis en fuite, et ils périrent là (y tombèrent, ne sont pas morts) ; et ceux qui échappèrent s’enfuirent sur la montagne. 11 Les vainqueurs ayant pris toutes les richesses et les vivres de Sodome et de Gomorrhe, se retirèrent ;
Note Gn. 14,11 : Et ils enlevèrent, etc. ; c’est-à-dire quatre rois vainqueurs enlevèrent, etc.
12 et ils emmenèrent aussi Lot, fils du frère d’Abram, qui demeurait dans Sodome, et tout ce qui était à lui.
 
13 Et voici qu’un homme qui s’était échappé vint avertir Abram (l’Hébreu), qui demeurait dans la vallée de Mambré l’Amorrhéen, frère d’Escol et frère d’Aner, qui tous trois avaient fait alliance avec Abram. 14 Abram ayant su que Lot son frère avait été pris, choisit les plus braves (agiles) de ses serviteurs, au nombre de trois cent dix-huit, et poursuivit ces rois jusqu’à Dan.
Note Gn. 14,14 ; 14.16 : Lot, son frère, hébraïsme, pour son neveu, son proche parent. Comparer à Genèse, 12, 13. ― Dan, au nord de la Palestine.
15 Ayant formé plusieurs corps de ses gens et de ses alliés, il fondit sur les ennemis durant la nuit, les défit, et les poursuivit jusqu’à Hoba, qui est à la gauche de Damas.
Note Gn. 14,15 : Damas, capitale de la Syrie, abondamment arrosée, et touteentourée de verdure, au milieu du désert.
16 Et il ramena avec lui tout le butin qu’ils avaient pris, Lot son frère avec ce qui était à lui, les femmes et tout le peuple.
 
17 Et (Mais) le roi de Sodome sortit au-devant de lui, lorsqu’il revenait après la défaite de Chodorlahomor et des autres rois qui étaient avec lui, dans la vallée de Savé, appelée aussi la vallée du Roi.
 
18 Et (Mais) Melchisédech, roi de Salem, offrant du pain et du vin, parce qu’il était prêtre du Dieu très haut,
Note Gn. 14,18 : Voir Hébreux, 7, 1. ― Cette oblation du pain et du vin faite par Melchisédech est une figure sensible du sacrifice de nos autels. ― Par son double caractère de roi et de pontife, Melchisédech représente le Messie, et il a mérité de donner son nom au sacerdoce de la loi nouvelle, selon l’ordre de Melchisédech. Voir Psaumes, 109, 4 ; Hébreux, 6, 20.
19 bénit Abram, en disant : Qu’Abram soit béni du (par le) Dieu très haut, qui a créé le ciel et la terre ; 20 et que le Dieu très haut soit béni, lui qui par sa protection t’a mis tes ennemis entre les mains. Alors (Et) Abram lui donna la dîme de tout ce qu’il avait pris.
 
21 Or (Mais) le roi de Sodome dit à Abram : Donne-moi les personnes (âmes), et prends le reste pour toi.
Note Gn. 14,21 : Les âmes ; c’est-à-dire les personnes. Comparer à Genèse, 12, 5.
22 Abram lui répondit : Je lève la main (et je jure par) (vers) le Seigneur le Dieu très haut, possesseur du ciel et de la terre, 23 que je ne recevrai rien de tout ce qui est à toi, depuis le moindre fil jusqu’à une courroie de sandale ; afin que tu ne puisses pas dire : J’ai enrichi Abram. 24 J’accepte (excepte) seulement ce que mes gens ont pris pour leur nourriture (mangé), et ce qui est dû à ceux qui sont venus avec moi, Aner, Escol et Mambré, qui pourront prendre leur part du butin.

Chapitre 15

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Chap. : 
Dieu promet un fils à Abram.
Alliance de Dieu avec Abram.
1 Après cela, le Seigneur parla à Abram dans une vision, et lui dit : Ne crains point, Abram ; je suis ton protecteur, et ta récompense infiniment grande. 2 Abram lui répondit : Seigneur Dieu, que me donnerez-vous ? Je mourrai sans enfants ; et le fils héritier de ma maison est cet Eliézer de Damas. 3 Pour moi, ajouta-t-il, vous ne m’avez point donné d’enfants : ainsi mon esclave (né dans ma maison) sera mon héritier. 4 Le Seigneur lui répondit aussitôt : Ce n’est pas celui-là qui sera ton héritier ; mais tu auras pour héritier celui qui naîtra de ton sein (tes entrailles). 5 Et après l’avoir fait sortir dehors, il lui dit : Lève les yeux au ciel, et compte les étoiles, si tu peux. C’est ainsi, ajouta-t-il, que sera ta race.
Note Gn. 15,5 : Voir Romains, 4, 18.
6 Abram crut à Dieu, et sa foi (ce) lui fut imputée à justice.
Note Gn. 15,6 : Voir Romains, 4, 3 ; Galates, 3, 6 ; Jacques, 2, 23.
 
7 Dieu lui dit encore : Je suis le Seigneur qui t’ai tiré d’Ur en Chaldée, pour te donner cette terre, afin que tu la possèdes. 8 (Mais) Abram lui répondit : Seigneur Dieu, comment puis-je connaître que je dois la posséder ?
Note Gn. 15,8 : Abraham ne doute pas des promesses divines ; il demande seulement à Dieu de lui faire connaître la manière de les exécuter.
9 Le Seigneur lui répliqua : Prends une vache (génisse) de trois ans, une chèvre de trois ans, et un bélier qui soit aussi de trois ans, avec une tourterelle et une colombe. 10 Abram prenant donc tous ces animaux, les divisa par la moitié, et mit les deux parties qu’il avait coupées vis-à-vis l’une de l’autre ; mais il ne divisa point la tourterelle, ni la colombe.
Note Gn. 15,10 : Voir Jérémie, 34, 18.
11 Or les oiseaux venaient fondre sur ces bêtes mortes, et Abram les en chassait.
 
12 Or, lorsque le soleil se couchait, Abram fut surpris d’un profond sommeil, et il tomba dans un horrible effroi, se trouvant comme tout enveloppé de ténèbres. 13 Alors il lui fut dit : Sachez dès maintenant que ta postérité demeurera dans une terre étrangère, et qu’elle sera réduite en servitude, et accablée de maux pendant quatre cents ans.
Note Gn. 15,13 : Voir Actes des Apôtres, 7, 6. ― Qu’on les réduira ; c’est-à-dire tes descendants ; mot représenté par la postérité.
14 Mais j’exercerai mes jugements sur le peuple auquel ils seront assujettis, et ils sortiront ensuite de ce pays-là avec de grandes richesses. 15 Pour toi, tu iras en paix avec tes pères, mourant dans une heureuse vieillesse.
Note Gn. 15,15 : Tu iras… vers tes pères. La mort, d’après les idées des Hébreux, mettait fin au pèlerinage terrestre ; mourir, c’était retourner à ses pères, se réunir à son peuple. Ces locutions remarquables, qui se lisent dans tous les livres de la Bible hébraïque et surtout dans le Pentateuque, « expriment plus qu’une inhumation ordinaire, dit M. Franz Delitzsch. De même que lorsqu’il est dit que les patriarches meurent rassasié de jours, on indique par là non seulement le dégoût des misères de cette vie, mais aussi les aspirations à une vie meilleure, de même la réunion avec les ancêtres n’est pas seulement la réunion des corps, mais aussi la réunion des personnes. »
16 Mais (Ainsi) tes descendants viendront en ce pays-ci après la quatrième génération ; car la mesure des iniquités des Amorrhéens n’est pas encore remplie présentement.
Note Gn. 15,16 : Des Amorrhéens, peuple chananéen qui, avant la conquête de la Palestine par les Israélites, occupait les montagnes de Juda à l’ouest de la mer Morte, et le royaume de Basan avec celui de Séhon à l’est du Jourdain.
17 Lors donc que le soleil fut couché, il se forma une obscurité ténébreuse ; il parut un four d’où sortait une grande fumée, et une lampe ardente qui passait au travers de ces bêtes divisées.
 
18 En ce jour-là, le Seigneur fit alliance avec Abram, en lui disant : Je donnerai ce pays à ta race, depuis le fleuve d’Egypte, jusqu’au grand fleuve d’Euphrate ;
Note Gn. 15,18 : Voir Genèse, 12, 7 ; 13, 15 ; 26, 4 ; Deutéronome, 34, 4 ; 3 Rois, 4, 21 ; 2 Paralipomènes, 9, 26. ― Depuis le fleuve d’Egypte, le torrent qui sépare l’Asie de l’Afrique, l’ouadi el-Arisch. ― Jusqu’au grand fleuve d’Euphrate. L’Euphrate, un des plus grands fleuves de l’Asie occidentale, prend sa source dans l’Arménie, passe à Babylone et se mêle ensuite au Tigre avant de se jeter dans le golfe Persique. Son eau est bourbeuse, mais a un goût agréable, quand elle est purifiée. L’Euphrate est souvent appelé simplement dans l’Ecriture « le grand fleuve, » sans l’addition du nom propre.
19 (tout ce que possèdent) les Cinéens, les Cénéséens, les Cedmonéens,
Note Gn. 15,19 : Les Cinéens, tribu qui habitait au sud-est de Chanaan. Du temps de Saül, ils étaient mêlés aux Amalécites. D’autres vivaient en nomades au nord de la Palestine, à l’époque des Juges. Quelques-uns habitaient dans des villes.
20 les Héthéens, les Phéréséens, les Raphaïtes (aussi), 21 les Amorrhéens, les Chananéens, les Gergéséens et les Jébuséens.

Chapitre 16

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Chap. : 
Abram épouse Agar.
Fuite d’Agar.
Naissance d’Ismaël.
1 Or (Cependant) Saraï, femme d’Abram, ne lui avait point encore donné d’enfants ; mais, ayant une servante égyptienne nommée Agar, 2 elle dit à son mari : Vous savez que le Seigneur m’a mise hors d’état d’avoir des enfants ; prenez donc ma servante, afin que je voie si j’aurai au moins des enfants par elle. Et Abram s’étant rendu à sa prière,
Note Gn. 16,2 : Quoique contraire à l’institution primitive du mariage, (voir Genèse, 2, 24), la pluralité des femmes, en vertu d’une dispensation particulière de Dieu, fut permise aux patriarches ; et il semble qu’elle a duré pendant la législation mosaïque : mais Jésus-Christ a ramené le mariage à sa première institution (voir Matthieu, chapitre 19).
3 Saraï prit sa servante Agar, qui était Egyptienne, et la donna pour femme à son mari, dix ans après qu’ils eurent commencé à demeurer au pays de Chanaan.
 
4 Abram en usa selon le désir de Saraï. Mais Agar, voyant qu’elle avait conçu, commença à mépriser sa maîtresse. 5 Alors Saraï dit à Abram : Tu agis avec moi injustement. Je t’ai donné ma servante pour être ta femme ; et voyant qu’elle est devenue grosse (a conçu), elle me méprise. Que le Seigneur soit juge entre toi et moi. 6 Abram lui répondit : Ta servante est entre tes mains ; uses-en avec elle comme il te plaira. Saraï l’ayant donc châtiée, Agar s’enfuit.
 
7 Et (Mais) l’Ange du Seigneur, la trouvant dans le désert auprès de la fontaine qui est le long du chemin de Sur, dans la solitude (au désert),
Note Gn. 16,7 : Le chemin de Sur. Voir Exode, note 15.22.
8 lui dit : Agar, servante de Saraï, d’où viens-tu ? et où vas-tu ? Elle répondit : Je fuis devant Saraï ma maîtresse. 9 L’Ange du Seigneur lui repartit : Retourne à ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. 10 Et il ajouta : Je multiplierai ta postérité, de telle sorte qu’elle sera innombrable (par la multitude).
Note Gn. 16,10 : Multipliant, je multiplierai; hébraïsme, pour je multiplierai à l’infini.
11 Et continuant, il lui dit : Tu as conçu ; tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras Ismaël ; parce que le Seigneur a entendu (le cri de) ton affliction.
Note Gn. 16,11 : Ismaël signifie Dieu a entendu ou exaucé.
12 Ce sera un homme fier et sauvage (farouche) ; il lèvera la main contre tous, et tous lèveront la main contre lui ; et il dressera ses pavillons vis-à-vis de tous ses frères. 13 Alors Agar invoqua (appela) le nom du Seigneur qui lui parlait, et elle dit : Vous êtes le Dieu qui m’avez vue. Car il est certain, ajouta-t-elle, que j’ai vu ici par derrière celui qui me voit. 14 C’est pourquoi elle appela ce puits : Le Puits de celui qui est vivant et qui me voit. C’est le puits qui est entre Cadès et Barad.
Note Gn. 16,14 : Voir Genèse, 24, 62. ― Barad, sur la route de Bersabée en Egypte, était probablement au nord du Djebel Helâl ; Cadès à l’est ; le Puits du Vivant est vraisemblablement l’Aïn Mouwailich actuel.
 
15 Agar enfanta ensuite un fils à Abram, qui le nomma Ismaël. 16 Abram avait quatre-vingt-six ans lorsqu’Agar lui enfanta Ismaël.

Chapitre 17

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Chap. : 
Dieu apparaît à Abraham ; il change son nom et celui de Saraï.
Institution de la Circoncision.
Promesse de la naissance d’Isaac.
1 Abram entrant déjà dans sa quatre-vingt-dix-neuvième année, le Seigneur lui apparut, et lui dit : Je suis le Dieu tout-puissant ; marche devant moi, et sois parfait. 2 Je ferai alliance avec toi, et je multiplierai ta race jusqu’à l’infini (prodigieusement). 3 Abram se prosterna le visage à terre. 4 Et Dieu lui dit : C’est moi (qui te parle) ; je ferai alliance avec toi, et tu seras le père de nations nombreuses.
Note Gn. 17,4 : Voir Ecclésiastique, 44, 20 ; Romains, 4, 17.
5 Tu ne t’appelleras plus Abram, mais tu t’appelleras Abraham ; parce que je t’ai établi pour être le père d’une multitude de nations.
Note Gn. 17,5 : Abram veut dire père d’élévation, et Abraham, père de multitude.
6 Je ferai croître ta race à l’infini (prodigieusement) ; je te rendrai chef de nations, et des rois sortiront de toi.
Note Gn. 17,6 : Saint Paul montre que ces promesses regardent proprement les enfants d’Abraham, selon l’esprit, qui imitent la foi et l’obéissance dupatriarche. Voir Romains, 4, 11-12 ; 9, 7-8 ; Galates, 3 verset 14 et suivants.
7 (Ainsi) J’affermirai mon alliance avec toi, et après toi avec ta race (postérité) dans la suite de leurs générations, par un pacte éternel : afin que je sois ton Dieu, et le Dieu de ta postérité après toi. 8 (Et) Je te donnerai, à toi et à ta race, la terre où tu demeures maintenant comme étranger (de ton pèlerinage) ; tout le pays de Chanaan, comme une possession perpétuelle ; et je serai le Dieu de tes descendants.
 
9 Dieu dit encore à Abraham : Tu garderas donc aussi mon alliance, et ta postérité la gardera après toi de race en race.
Note Gn. 17,9 : Voir Actes des Apôtres, 7, 8.
10 Voici le pacte que je fais avec toi, afin que tu l’observes, et ta postérité après toi : Tous les mâles d’entre vous seront circoncis.
Note Gn. 17,10 : La circoncision, qui devait distinguer extérieurement le peuple juif de tous les autres peuples, était aussi la figure du baptême, qui devait nous purifier du péché originel et nous faire entrer ainsi dans la seconde alliance représentée par cette première que Dieu a faite avec Abraham. Cette circoncision était encore une figure d’une autre circoncision intérieure et spirituelle ; c’est-à-dire la répression de tous les plaisirs déréglés et de toutes les passions.
11 Vous circoncirez votre chair, afin que ce soit la marque de l’alliance que je fais avec vous.
Note Gn. 17,11 : Voir Lévitique, 12,3 ; Luc, 2, 21 ; Romains, 4, 11.
12 L’enfant de huit jours sera circoncis parmi vous ; et, dans la suite de toutes les générations, tous les enfants mâles, tant les esclaves qui seront nés dans votre maison que tous ceux que vous aurez achetés, et qui ne seront point de votre race, seront circoncis. 13 Ce pacte sera marqué dans votre chair, comme le signe d’une alliance éternelle. 14 Tout mâle dont la chair n’aura point été circoncise sera exterminé du milieu de son peuple, parce qu’il aura violé (rendu vaine) mon alliance.
 
15 Dieu dit encore à Abraham : Tu n’appelleras plus ta femme Saraï, mais Sara.
Note Gn. 17,15 : Saraï signifie noble, princesse, et Sara, féconde.
16 Je la bénirai, et je te donnerai un fils né d’elle, que je bénirai aussi : il sera un chef de nations ; et des rois de divers peuples sortiront de lui. 17 Abraham se prosterna le visage contre terre, et il rit en disant au fond de son cœur : (Pensez-vous qu’) Un homme de cent ans aurait-il donc bien un fils ? et Sara enfanterait-elle à quatre-vingt-dix ans ? 18 Et il dit à Dieu : Faites-moi la grâce qu’Ismaël vive (devant vous) ! 19 Dieu dit encore à Abraham : Sara ta femme t’enfantera un fils que tu nommeras Isaac, et je ferai un pacte avec lui, et avec sa race après lui, afin que mon alliance avec eux soit éternelle.
Note Gn. 17,19 : Voir Genèse, 18, 10 ; 21, 2.
20 Je t’ai aussi exaucé touchant Ismaël. Je le bénirai, et je lui donnerai une postérité très grande et très nombreuse. Douze princes sortiront de lui, et je le rendrai le chef d’un grand peuple. 21 Mais l’alliance que je fais avec toi s’établira dans Isaac, que Sara t’enfantera dans un an, au temps actuel.
 
22 L’entretien de Dieu avec Abraham étant fini, Dieu se retira.
 
23 Alors Abraham prit Ismaël son fils, et tous les esclaves nés dans sa maison, tous ceux qu’il avait achetés, (et généralement) tous les mâles qui étaient parmi ses serviteurs, et il les circoncit tous aussitôt en ce même jour, selon que Dieu le lui avait commandé. 24 Abraham avait quatre-vingt-dix-neuf ans lorsqu’il se circoncit lui-même. 25 Et Ismaël avait treize ans accomplis, lorsqu’il reçut la circoncision. 26 Abraham et son fils Ismaël furent circoncis en un (le) même jour. 27 Et en ce même jour encore furent (pareillement) circoncis tous les mâles de sa maison, tant les esclaves nés chez lui, que ceux qu’il avait achetés, et qui étaient nés en des pays étrangers.

Chapitre 18

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Chap. : 
Apparition de trois anges à Abraham.
Promesse de la naissance d’Isaac.
Prédiction de la destruction de Sodome et de Gomorrhe.
Genèse 18, 1-11 : Abraham reçoit la visite de trois anges - Gravure de Gustave Doré
Genèse 18, 1-11 : Abraham reçoit la visite de trois anges - Gravure de Gustave Doré
1 (Or) Le Seigneur apparut à Abraham en (dans) la vallée de Mambré, lorsqu’il était assis à la porte de sa tente dans la (plus) grande chaleur du jour.
Note Gn. 18,1 : Voir Hébreux, 13, 2.
2 Abraham ayant levé les yeux, trois hommes lui apparurent, debout près de lui. Aussitôt qu’il les eut aperçus, il courut de la porte de sa tente au-devant d’eux, et se prosterna en terre.
Note Gn. 18,2 : Trois hommes ; c’est-à-dire, comme le prouve tout le récit lui-même, Dieu et deux anges sous une forme humaine. ― Et il se prosterna ; littéralement : Et il adora. Le verbe adorer se prend souvent dans l’Ecriture pour marquer l’action simple de s’incliner, de se prosterner. Comparer à Hébreux, 11, 21. L’acte d’extérieur d’adoration qu’on rendait à Dieu n’était pas différent de l’hommage de respect qu’on rendait aux hommes, le sentiment intérieur pouvait les distinguer.
3 Et il dit : Seigneur, si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, ne passe pas devant ton serviteur sans t’arrêter.
Note Gn. 18,3 : A tes yeux, etc. Abraham parle ici au singulier, parce qu’il n’adresse la parole qu’à celui des trois personnages qui lui a paru le principal.
4 Je vous apporterai un peu d’eau pour laver vos pieds, et vous vous reposerez sous cet arbre ; 5 je vous servirai (aussi) un peu de pain pour reprendre vos forces ; et vous continuerez ensuite votre chemin : car c’est pour cela que vous êtes venus vers votre serviteur. Ils lui répondirent : Fais ce que tu as dit.
 
6 Abraham entra promptement dans sa tente, et dit à Sara : Pétris vite trois mesures de farine, et fais cuire des pains sous la cendre. 7 Il courut en même temps à son troupeau, et il y prit un veau très tendre et excellent qu’il donna à un serviteur, qui se hâta de le faire cuire. 8 Ayant pris ensuite du beurre et du lait, avec le veau qu’il avait fait cuire, il le servit devant eux ; et lui, cependant, se tenait debout auprès d’eux sous l’arbre.
 
9 Après qu’ils eurent mangé, ils lui dirent : Où est Sara ta femme ? Il leur répondit : Elle est dans la tente. 10 L’un d’eux dit à Abraham : Je reviendrai te voir dans un an, en ce même temps, et Sara ta femme aura un fils. Ce que Sara ayant entendu, elle se mit à rire derrière la porte de la tente.
Note Gn. 18,10 : Voir Genèse, 17, 19 ; 21, 1 ; Romains, 9, 9.
11 Car ils étaient vieux tous deux et fort avancés en âge ; et ce qui arrive d’ordinaire aux femmes avait cessé à Sara. 12 Elle rit donc secrètement, disant en elle-même : Après que je suis devenue vieille, et que mon seigneur est vieux aussi, penserais-je à user du mariage (au plaisir) ?
Note Gn. 18,12 : Voir 1 Pierre, 3, 6.
13 Mais le Seigneur dit à Abraham : Pourquoi Sara a-t-elle ri, en disant : Serait-il bien vrai que je puisse avoir un enfant, étant vieille comme je suis ? 14 Y a-t-il rien de difficile à Dieu ? Je reviendrai auprès de toi, comme je te l’ai promis, dans un an, en ce même temps (toi vivant encore), et Sara aura un fils. 15 Je n’ai point ri, répondit Sara ; et elle le nia, parce qu’elle était tout épouvantée (saisie de crainte). Non, dit le Seigneur, cela n’est pas ainsi ; car tu as ri.
 
16 Ces hommes s’étant donc levés de ce lieu, ils tournèrent les yeux vers Sodome, et Abraham allait avec eux, les reconduisant.
 
17 Alors le Seigneur dit : Pourrais-je cacher à Abraham ce que je dois (vais) faire, 18 puisqu’il doit être le chef d’un peuple très grand et très puissant, et que toutes les nations de la terre seront (doivent être) bénies en lui ?
Note Gn. 18,18 : Voir Genèse, 12, 3 ; 22, 18.
19 Car je sais qu’il ordonnera à ses enfants, et à toute sa maison après lui, de garder la voie du Seigneur, et d’agir selon l’équité et la justice : afin que le Seigneur accomplisse en faveur d’Abraham tout ce qu’il lui a promis (dit). 20 Le Seigneur ajouta ensuite : Le cri (La clameur) de Sodome et de Gomorrhe s’augmente de plus en plus, et leur péché est monté jusqu’à son comble (s’est aggravé outre mesure). 21 Je descendrai donc, et je verrai si leurs œuvres répondent à ce cri (la clameur) qui est venu jusqu’à moi, pour savoir si cela est ainsi, ou si cela n’est pas (que je le sache).
 
22 Alors deux de ces hommes (Et ils) partirent de là, et s’en allèrent à Sodome : mais Abraham demeura encore devant le Seigneur.
Note Gn. 18,22 : Et ils partirent. Les deux anges qui accompagnaient Dieu vont à Sodome ; mais Dieu, toujours sous la figure d’un homme, demeure seul avec Abraham.
23 Et s’approchant, il lui dit : Perdrez-vous le juste avec l’impie ? 24 S’il y a cinquante justes dans cette ville, périront-ils avec tous les autres ? Et ne pardonnerez-vous pas plutôt à la ville à cause de cinquante justes, s’il s’y en trouvait autant ? 25 Non, sans doute, vous êtes bien éloigné d’agir de la sorte, de perdre le juste avec l’impie, et de confondre les bons avec les méchants. Cette conduite ne vous convient en aucune sorte ; et jugeant, comme vous faites, toute la terre, vous ne pourrez exercer un tel jugement. 26 Le Seigneur lui répondit : Si je trouve dans (l’enceinte de) Sodome cinquante justes, je pardonnerai à cause d’eux à toute la ville (inverser).
 
27 Abraham dit ensuite : Puisque j’ai commencé, je parlerai encore à mon Seigneur, quoique je ne sois que poussière et que cendre. 28 S’il s’en fallait cinq qu’il y eût cinquante justes, perdriez-vous toute la ville, parce qu’il n’y en aurait que quarante-cinq ? Le Seigneur lui dit : Je ne perdrai point la ville, s’il s’y trouve quarante-cinq justes.
 
29 Abraham lui dit encore : Mais s’il y avait quarante justes, que ferez-vous ? Je ne détruirai point la ville, si j’y trouve quarante justes. 30 Je vous prie, Seigneur, dit Abraham, de ne pas trouver mauvais si je parle encore. Si vous trouvez dans cette ville trente justes, que ferez-vous ? Si j’y en trouve trente, dit le Seigneur, je ne la perdrai point.
 
31 Puisque j’ai commencé, reprit Abraham, je parlerai encore à mon Seigneur : Et si vous en trouviez vingt ? Dieu lui dit : Je ne la perdrai point non plus s’il y en a vingt.
 
32 Seigneur, ajouta Abraham, ne vous fâchez pas, je vous supplie, si je parle encore une fois. Et si vous trouvez dix justes dans cette ville ? Je ne la perdrai point, dit-il, s’il y a dix justes.
 
33 Après que le Seigneur eut cessé de parler à Abraham, il se retira ; et Abraham retourna chez lui.

Chapitre 19

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Chap. : 
Lot reçoit les anges à Sodome ; il se sauve à Ségor.
Destruction de Sodome et de Gomorrhe.
Inceste des filles de lot.
1 (Cependant) Sur le soir deux anges vinrent à Sodome, lorsque (et) Lot était assis à la porte de la ville. Les ayant vus, il se leva, alla au-devant d’eux, et se prosterna jusqu’en terre.
Note Gn. 19,1 : Voir Hébreux, 13, 2. ― Et il se prosterna ; littéralement : Et il adora. Voir Genèse, 18, 2. ― A Sodome. Voir Genèse, note 13.10.
2 Puis il leur dit : Venez, je vous prie (conjure), mes seigneurs, dans la maison de votre serviteur, et demeurez-y. Vous y laverez vos pieds, et demain vous continuerez votre chemin. Ils lui répondirent : Nous n’irons point chez vous, mais nous demeurerons dans la rue (sur la place). 3 (Mais) Il les pressa de nouveau avec grande instance, et les força de venir chez lui. Après qu’ils furent entrés en sa maison, il leur fit un festin ; il fit cuire des pains sans levain (azymes), et ils mangèrent.
Note Gn. 19,3 : Des azymes ; c’est-à-dire des pains ou des gâteaux faits sans levain.
 
4 Mais avant qu’ils se fussent retirés pour se coucher, la maison fut assiégée par les habitants de cette ville, depuis les enfants jusqu’au vieillard ; tout le peuple s’y trouva. 5 Alors ayant appelé Lot, ils lui dirent : Où sont ces hommes qui sont entrés ce soir (cette nuit) chez toi ? Fais-les sortir, afin que nous les connaissions. 6 Lot sortit de sa maison ; et, ayant fermé la porte derrière lui, il leur dit : 7 Ne songez point, je vous prie, mes frères, ne songez point à commettre un si grand mal. 8 J’ai deux filles qui sont encore vierges ; je vous les amènerai : usez-en comme il vous plaira, pourvu que vous ne fassiez point de mal à ces hommes-là, parce qu’ils sont entrés à l’ombre de mon toit.
Note Gn. 19,8 : La proposition de Lot est en elle-même très coupable, mais le trouble et l’embarras où il se trouvait, et la charité qui le portait à défendre avec tant d’ardeur les devoirs sacrés de l’hospitalité, diminuent de beaucoup la gravité de son péché.
9 Mais ils lui répondirent : Retire-toi. Et ils ajoutèrent : Tu es venu ici comme un étranger parmi nous, est-ce afin d’être notre juge ? Nous te traiterons donc toi-même encore plus mal qu’eux. Et ils se jetèrent sur (faisaient à) Lot avec (la plus) grande violence. Lorsqu’ils étaient déjà sur le point de rompre les portes,
Note Gn. 19,9 : Voir 2 Pierre, 2, 8.
10 ces deux hommes qui étaient au dedans, prirent Lot par la main, et l’ayant fait entrer dans la maison, ils en fermèrent la porte 11 et frappèrent d’aveuglement tous ceux qui étaient au dehors, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, de sorte qu’ils ne purent plus trouver la porte de la maison.
Note Gn. 19,11 : Voir Sagesse, 19, 16.
 
Genèse 19, 12-26 : La fuite de Lot - Gravure de Gustave Doré
Genèse 19, 12-26 : La fuite de Lot - Gravure de Gustave Doré
12 Ils dirent ensuite à Lot : As-tu ici quelqu’un de tes proches, un gendre, ou des fils, ou des filles ? Fais sortir de cette ville tous ceux qui t’appartiennent ; 13 car nous allons détruire ce lieu, parce que le cri (la clameur) des abominations de ces peuples s’est élevé(e) de plus en plus devant le Seigneur, et il nous a envoyés pour les perdre. 14 Lot étant donc sorti, parla à ses gendres qui devaient épouser ses filles, et il leur dit : Sortez promptement de ce lieu, car le Seigneur va détruire cette ville. Mais ils s’imaginèrent qu’il disait cela en se moquant.
 
15 A la pointe du jour, les anges pressaient fort Lot de sortir, en lui disant : Lève-toi, et emmène ta femme et tes deux filles, de peur que tu ne périsses aussi toi-même dans la ruine (le châtiment) de cette ville. 16 Voyant qu’il différait toujours, ils le prirent par la main, car le Seigneur voulait le sauver, et ils prirent de même sa femme et ses deux filles.
 
17 (Et) L’ayant ainsi fait sortir de la maison, ils le conduisirent hors de la ville, et ils lui parlèrent de cette sorte : Sauve ta vie (ton âme) ; ne regarde point derrière toi, et ne t’arrêtez point dans tout le pays d’alentour ; mais sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses aussi toi-même avec les autres.
Note Gn. 19,17 : Voir Sagesse, 10, 6. ― Ton âme ; c’est-à-dire ta vie, ta personne. Comparer à Genèse, 9, 5.
18 (Et) Lot leur répondit : Seigneur, 19 puisque votre serviteur a trouvé grâce devant vous, et que vous avez signalé envers lui votre grande miséricorde en me sauvant la vie (mon âme), considérez, je vous prie, que je ne puis me sauver sur la montagne, étant en danger que le malheur ne me surprenne auparavant, et que je meure. 20 Mais il y a près d’ici une ville où je puis fuir ; elle est petite, je puis m’y sauver. Vous savez qu’elle n’est pas grande, et elle me sauvera la vie (mon âme ne vivra-t-elle pas ?). 21 L’ange lui répondit : J’accorde encore cette grâce à la prière que tu me faites, de ne pas détruire la ville pour laquelle tu me parles. 22 Hâte-toi de te sauver en ce lieu-là, parce que je ne pourrai rien faire jusqu’à ce que tu y sois entré. C’est pour cette raison que cette ville fut appelé Ségor.
Note Gn. 19,22 : Voir Sagesse, 10, 6. ― Ségor, en hébreu Tsohar, signifie petit. ― Ce Ségor devait être différent de celui de Genèse, 13, 10. Voir Genèse, 14, 2.
 
23 Le soleil se levait sur la terre au (en) même temps que Lot entra dans Ségor. 24 Alors le Seigneur fit descendre du Seigneur qui est au ciel (mettre à la fin) une pluie de soufre et de feu sur Sodome et sur Gomorrhe,
Note Gn. 19,24 : Voir Deutéronome, 29, 23 ; Isaïe, 13, 19 ; Jérémie, 50, 40 ; Ezéchiel, 16, 49 ; Osée, 11, 8 ; Amos, 4, 11 ; Luc, 17, 28 ; Jude, 1, 7.
Note Gn. 19,24-26 : Pour traduire en mythes ou en faits purement naturels la destruction de Sodome et de Gomorrhe, et le changement de la femme de Lot en statue de sel, il faut non seulement s’inscrire en faux contre la tradition aussi constante qu’universelle des juifs et des chrétiens, mais encore violer les lois les plus sacrés de l’herméneutique et de l’exégèse.
25 et il perdit ces villes, et tout le pays d’alentour, et tous les habitants des cités, et tout ce qui avait quelque verdure sur la terre. 26 Or la femme de Lot regarda derrière elle, et elle fut changée en une statue de sel.
Note Gn. 19,26 : Voir Luc, 17, 32.
 
27 Or Abraham s’étant levé le matin, vint au lieu où il avait été auparavant avec le Seigneur,
Note Gn. 19,27 : Voir Genèse, 18, 1. ― Et venant ; la concision de la Vulgate rend cette addition indispensable pour el vrai sens du texte sacré.
28 et regardant Sodome et Gomorrhe, et tout le pays d’alentour, il vit des cendres enflammées qui s’élevaient de la terre comme la fumée d’une fournaise.
 
29 Lorsque Dieu détruisait les villes de ce pays-là, il se souvint d’Abraham, et délivra Lot de la ruine de ces villes où il avait demeuré.
 
30 Lot étant dans Ségor, eut peur (d’y périr,) s’il y demeurait. Il se retira donc sur la montagne avec ses deux filles, entra dans une caverne, et y demeura avec elles. 31 Alors l’aînée dit à la cadette : Notre père est vieux, et il n’est resté aucun homme sur la terre qui puisse nous épouser selon la coutume de tous les pays. 32 Donnons donc du vin à notre père, et enivrons-le, et dormons avec lui, afin que nous puissions conserver de la race de (une postérité à) notre père. 33 Elles donnèrent donc cette nuit-là du vin à boire à leur père ; et l’aînée dormit avec lui, sans qu’il sentît ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. 34 Le jour suivant l’aînée dit à la seconde : Tu sais que j’ai dormi hier avec mon père ; donnons-lui encore du vin à boire cette nuit, et tu dormiras aussi avec lui ; afin que nous conservions de la race (une postérité) de notre père. 35 (Et) Elles donnèrent donc encore cette nuit-là du vin à boire à leur père, et sa seconde fille dormit avec lui, sans qu’il sentît non plus ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva. 36 Ainsi elles conçurent toutes deux de Lot leur père. 37 L’aînée enfanta un fils, et elle le nomma Moab. C’est lui qui est le père des Moabites, qui existent encore aujourd’hui.
Note Gn. 19,37-38 : C’est le père, etc., est mis elliptiquement pour : C’est le père des Moabites, des Ammonites qui existent encore aujourd’hui.
38 La seconde enfanta aussi un fils, qu’elle appela Ammon, c’est-à-dire, le fils de mon peuple. C’est lui qui est le père des Ammonites, que nous voyons encore aujourd’hui.

Chapitre 20

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Chap. : 
Abraham se retire à Gérara.
Abimélech enlève Sara ; il la rend à Abraham.
1 Abraham étant parti de là pour aller du côté du midi, habita entre Cadès et Sur. Et étant allé à Gérara pour y demeurer quelque temps.
Note Gn. 20,1 : A Gérara, aujourd’hui Khirbet-el-Gera, au sud de Gaza. Cadès, au sud de Chanaan, dans le désert de Sin, était sur la limite de l’Idumée.
2 (Or) Il dit, parlant de Sara sa femme, qu’elle était sa sœur. Abimélech, roi de Gérara, envoya donc chez lui, et fit enlever Sara.
Note Gn. 20,2 : C’est ma sœur. Voir le verset 12 et comparer à Genèse, 12, 13.
 
3 Mais Dieu, pendant une nuit, apparut en songe à Abimélech, et lui dit : Tu seras puni de mort à cause de la femme que tu as enlevée, parce qu’elle a un mari. 4 Or Abimélech ne l’avait point touché ; et il répondit : Seigneur, punirez-vous de mort l’ignorance d’un peuple innocent ? 5 Cet homme ne m’a-t-il pas dit lui-même qu’elle était sa sœur ? et elle-même aussi ne m’a-t-elle pas dit qu’il était son frère ? J’ai fait cela dans la simplicité de mon cœur, et sans souiller la pureté de mes mains. 6 Dieu lui dit : Je sais que tu l’as fait avec un cœur simple ; c’est pour cela que je t’ai préservé afin que tu ne péchasses point contre moi, et que je ne t’ai pas permis de la toucher. 7 Rends donc présentement cette femme à son mari, parce que c’est un prophète ; et il priera pour toi, et tu vivras. Que si tu ne veux point la rendre, sache que tu seras frappé (tu mourras) de mort, toi et tout ce qui est à toi.
Note Gn. 20,7 : Tu mourras de mort ; hébraïsme, pour tu mourras infailliblement.
 
8 Abimélech se leva aussitôt lorsqu’il était encore nuit, et ayant appelé tous ses serviteurs, il leur dit tout ce qu’il avait entendu ; et ils furent tous saisis de frayeur. 9 Il manda aussi Abraham, et lui dit : Pourquoi nous as-tu traités de la sorte ? Quel mal t’avions-nous fait, pour avoir voulu nous engager moi et mon royaume dans un si grand péché ? Tu as fait assurément à notre égard ce que tu n’aurais point dû faire. 10 Et continuant encore ses plaintes, il ajouta : Qu’as-tu envisagé en agissant ainsi ? 11 Abraham lui répondit : J’ai songé et j’ai dit en moi-même : Il n’y a peut-être point de crainte de Dieu en ce pays-ci ; et ils me tueront pour avoir ma femme. 12 D’ailleurs elle est (aussi) véritablement ma sœur, étant fille de mon père, quoiqu’elle ne soit pas fille de ma mère ; et je l’ai épousée.
Note Gn. 20,12 : Voir Genèse, 12, 13.
13 Or depuis que Dieu m’a fait sortir de la maison de mon père, je lui ai dit : Tu me feras cette grâce dans tous les pays où nous irons, de dire que je suis ton frère.
Note Gn. 20,13 : Voir Genèse, 21, 23.
 
14 Abimélech donna donc à Abraham des brebis, des bœufs, des serviteurs et des servantes ; il lui rendit Sara sa femme ; 15 et il lui dit : Tu vois toute cette terre, demeure partout où il te plaira. 16 Il dit ensuite à Sara : J’ai donné mille pièces d’argent à ton frère, afin qu’en quelque lieu que tu ailles, tu aies toujours un voile sur les yeux devant tous ceux avec qui tu seras ; et souviens-toi que tu as été prise.
 
17 Abraham pria Dieu ensuite, et Dieu guérit Abimélech, sa femme et ses servantes, et elles enfantèrent ; 18 car Dieu avait frappé de stérilité toute la maison d’Abimélech, à cause de Sara femme d’Abraham.

Chapitre 21

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Chap. : 
Naissance d’Isaac.
Agar est chassée.
Alliance entre Abimélech et Abraham.
Genèse 21, 1-14 : Abraham renvoie Agar - Gravure de Gustave Doré
Genèse 21, 1-14 : Abraham renvoie Agar - Gravure de Gustave Doré
1 Or le Seigneur visita Sara ainsi qu’il l’avait promis, et il accomplit sa parole (ce qu’il avait dit).
Note Gn. 21,1 : Voir Genèse, 17, 19 ; 18, 10.
2 Et elle conçut et enfanta un fils en sa vieillesse, au temps même que Dieu lui avait prédit.
Note Gn. 21,2 : Voir Galates, 4, 23 ; Hébreux, 11, 11.
3 Abraham donna le nom d’Isaac à son fils qui lui était né de Sara ; 4 et il le circoncit le huitième jour, selon le commandement qu’il en avait reçu de Dieu,
Note Gn. 21,4 : Voir Genèse, 17, 10 ; Matthieu, 1, 2.
5 ayant alors cent ans ; car ce fut à cet âge-là qu’il devint père d’Isaac. 6 Et Sara dit alors : Dieu m’a donné un sujet de ris et de joie ; quiconque l’apprendra en rira avec moi. 7 Et elle ajouta : Qui croirait qu’on aurait jamais pu dire à Abraham que Sara nourrirait de son lait un fils, qu’elle lui aurait enfanté lorsqu’il serait déjà vieux ?
 
8 Cependant l’enfant crût, et on le sevra ; et Abraham fit un grand festin au jour qu’il fut sevré.
 
9 Mais ayant vu le fils d’Agar l’Egyptienne, qui jouait avec Isaac son fils, elle (Sara) dit à Abraham : 10 Chasse cette servante avec son fils ; car le fils de cette servante ne sera point héritier avec mon fils Isaac.
Note Gn. 21,10 : Voir Galates, 4, 30.
11 Ce discours parut dur à Abraham, à cause de son fils Ismaël. 12 Mais Dieu lui dit : Que ce que Sara t’a dit touchant ton fils et ta servante ne te paraisse point trop rude. Fais tout ce qu’elle vous dira, parce que c’est d’Isaac que sortira la race (postérité) qui doit porter ton nom.
Note Gn. 21,12 : Voir Romains, 9, 7 ; Hébreux, 11, 18.
13 Je ne laisserai pas, néanmoins, de rendre le fils de ta servante chef d’un grand peuple, parce qu’il est sorti de toi.
 
14 Abraham se leva donc dès le point du jour, prit du pain et une outre pleine d’eau, qu’il mit sur l’épaule d’Agar, et il lui donna son fils, et la renvoya. Elle, étant sortie, errait dans la solitude (le désert) de Bersabée.
Note Gn. 21,14 : Saint Paul nous découvre le sens mystérieux qui est caché dans cette conduite d’Abraham, lorsqu’il dit que Sara figurait l’Eglise, et Agar la synagogue ; Ismaël les juifs incrédules ; Isaac les fidèles circoncis ou incirconcis. Voir Romains, 9, 7-8 ; Galates, 4, verset 24 et suivants. ― Bersabée, aujourd’hui Bir es-Seba, dans l’ouadi Seba, au sud d’Hébron, sur la route d’Egypte, devint plus tard la frontière méridionale de la Palestine.
Genèse 21, 15-21 : Agar et Ismaël dans le désert - Gravure de Gustave Doré
Genèse 21, 15-21 : Agar et Ismaël dans le désert - Gravure de Gustave Doré
15 Et l’eau qui était dans l’outre ayant manqué, elle laissa son fils couché sous un des arbres qui était là, 16 s’éloigna de lui d’un trait d’arc, et s’assit vis-à-vis, en disant : Je ne verrai point mourir mon enfant ; et élevant sa voix dans le lieu où elle se tint assise, elle se mit à pleurer. 17 Or Dieu écouta la voix de l’enfant ; et un ange de Dieu appela Agar du ciel, et lui dit : Agar, que fais-tu là ? Ne crains point ; car Dieu a écouté la voix de l’enfant du lieu où il est. 18 Lève-toi, prends l’enfant, et tiens-le par la main ; car je le rendrai chef d’un grand peuple. 19 En même temps Dieu lui ouvrit les yeux ; et ayant aperçu un puits plein d’eau, elle y alla ; elle y remplit son outre, et elle donna à boire à l’enfant.
Note Gn. 21,19 : Un puits d’eau. D’après des explorations récentes, ce puits ou cette source serait dans l’ouadi Murveiléh.
20 Et elle demeura avec l’enfant (Dieu fut avec lui), qui crût et demeura dans les déserts, et qui devint un jeune homme adroit à tirer de l’arc. 21 Il habita dans le désert de Pharan, et sa mère lui fit épouser une femme du pays d’Egypte.
 
22 En ce même temps, Abimélech, accompagné de Phicol, qui commandait son armée, vint dire à Abraham : Dieu est avec toi dans tout ce que tu fais.
Note Gn. 21,22 : Phicol, titre du ministre du roi, général de ses armées.
23 Jure-moi donc par le nom de Dieu, que tu ne me feras point de mal, ni à moi, ni à mes enfants, ni à ma race ; mais que tu me traiteras, et ce pays dans lequel tu as demeuré comme étranger, avec la bonté avec laquelle je t’ai traité.
Note Gn. 21,23 : Voir Genèse, 20, 13.
24 Abraham lui répondit : Je te le jure(rai). 25 Et (Mais) il fit ses plaintes à Abimélech, de la violence avec laquelle quelques-uns de ses serviteurs lui avaient enlevé un puits. 26 Abimélech lui répondit : Je n’ai point su qui t’a fait cette injustice ; tu ne m’en as point toi-même averti, et jusqu’à ce jour je n’en ai jamais ouï parler. 27 Abraham donna donc à Abimélech des brebis et des bœufs, et ils firent alliance ensemble. 28 Et Abraham ayant mis à part sept jeunes brebis qu’il avait tirées de son troupeau, 29 Abimélech lui demanda : Que veulent dire ces (sept) jeunes brebis que tu as mises ainsi à part ? 30 Tu recevras, dit Abraham, ces sept jeunes brebis de ma main, afin qu’elles me servent de témoignage que c’est moi qui ai creusé ce puits. 31 C’est pourquoi ce lieu fut appelé Bersabée, parce qu’ils avaient juré là tous deux. 32 Et ils firent alliance auprès du puits du serment.
Note Gn. 21,32 : Pour le puits. Le texte sacré peut signifier aussi devant, près le puits.
 
33 Abimélech s’en alla ensuite avec Phicol, général de son armée ; et ils retournèrent dans le pays des Philistins. Mais Abraham planta un bois à Bersabée, et il invoqua en ce lieu-là le nom du Seigneur, le Dieu éternel.
Note Gn. 21,33 : Dans les premiers temps ces sortes de bois servaient d’oratoires destinés au culte qu’on rendait au Seigneur. Les idolâtres ont depuis recherché des lieux élevés, pour y planter les bois sacrés, qui leur servaient généralement de temples.
34 Et il demeura longtemps (comme étranger) au pays des Philistins.

Chapitre 22

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Chap. : 
Sacrifice d’Isaac.
Dieu réitère ses promesses à Abraham.
Dénombrement des enfants de Nachor, frère d’Abraham.
Genèse 22, 1-12 : Abraham et Isaac portant le bois du sacrifice - Gravure de Gustave Doré
Genèse 22, 1-12 : Abraham et Isaac portant le bois du sacrifice - Gravure de Gustave Doré
1 Après cela, Dieu tenta (éprouva) Abraham, et lui dit : Abraham, Abraham. Abraham (Et) lui répondit : Me voici.
Note Gn. 22,1 : Voir Judith, 8, 22 ; Hébreux, 11, 17.
2 Dieu ajouta : Prends Isaac, ton fils unique qui t’est si cher, et va en la terre de vision, et là tu me l’offriras en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai.
Note Gn. 22,2 : Comme maître souverain de la vie et de la mort des hommes, Dieu avait le droit d’exiger d’Abraham le sacrifice de son fils ; mais on voit par l’événement même qu’il voulait seulement éprouver et faire éclater la foi et la soumission du saint patriarche, afin de l’en récompenser d’une manière digne de sa puissance infinie ; c’est-à-dore non seulement par la conquête des Hébreux sur les Chananéens, les Moabites et les Ammonites, mais encore par celle de l’Eglise chrétienne sur tous les pays du monde qui ont été assujettis à Jésus-Christ, dont Isaac n’était que la figure. ― Sur une des montagnes, que le mont Moriah, où fut bâti plus tard le temple de Jérusalem d’après une tradition très répandue. Voir 2 Rois, note 24.16.
 
3 Abraham se leva donc avant le jour, prépara son âne, et prit avec lui deux jeunes serviteurs, et Isaac son fils ; et ayant coupé le bois qui devait servir à l’holocauste, il s’en alla au lieu où Dieu lui avait commandé d’aller.
 
4 (Mais) Le troisième jour, levant les yeux en haut, il vit le lieu de loin. 5 Et il dit à ses serviteurs : Attendez-moi ici avec l’âne ; nous ne ferons qu’aller jusque-là, mon fils et moi, et après avoir adoré, nous reviendrons aussitôt à vous.
 
6 Il prit aussi le bois pour l’holocauste, qu’il mit sur son fils Isaac ; et lui, il portait en ses mains le feu et le couteau (glaive). Et tandis qu’ils marchaient ainsi tous deux, 7 Isaac dit à son père : Mon père. Abraham lui dépondit : Mon fils, que veux-tu ? Voilà, dit Isaac, le feu et le bois : où est la victime pour l’holocauste ? 8 Abraham lui répondit : Mon fils, Dieu aura soin de fournir lui-même la victime de l’holocauste. Ils continuèrent donc à marcher ensemble,
 
9 et ils vinrent au lieu que Dieu avait montré à Abraham. Il y dressa un autel, disposa dessus le bois pour l’holocauste, lia ensuite son fils Isaac, et le mit sur le bois qu’il avait arrangé sur l’autel. 10 En même temps il étendit la main et prit le couteau (glaive) pour immoler son fils.
Note Gn. 22,10 : Voir Jacques, 2, 21.
11 Mais à l’instant l’ange du Seigneur lui cria du ciel : Abraham, Abraham. Il lui répondit : Me voici. 12 L’ange ajouta : Ne mets point la main sur l’enfant, et ne lui fais aucun mal. Je connais maintenant que tu crains Dieu, puisque pour m’obéir tu n’as point épargné ton fils unique. 13 Abraham, levant les yeux, aperçut derrière lui un bélier qui s’était embarrassé avec ses cornes dans un buisson ; et l’ayant pris, il l’offrit en holocauste au lieu de son fils. 14 Et il appela ce lieu d’un nom qui signifie : Le Seigneur voit. C’est pourquoi on dit encore aujourd’hui : Le Seigneur verra sur la montagne (inverser).
 
15 L’ange du Seigneur appela Abraham du ciel pour la seconde fois, et lui dit : 16 Je jure par moi-même, dit le Seigneur, que puisque tu as fait cette action, et que pour m’obéir tu n’as point épargné ton fils unique,
Note Gn. 22,16 : Voir Psaumes, 104, 9 ; Ecclésiastique, 44, 21 ; 1 Machabées, 2, 52 ; Luc, 1, 73 ; Hébreux, 6, vv. 13, 17.
17 je te bénirai, et je multiplierai ta race (postérité) comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le rivage de la mer. Ta postérité possédera les villes de ses ennemis ;
Note Gn. 22,17 : Les portes, etc. ; hébraïsme, pour les villes de ses ennemis.
18 et toutes les nations de la terre seront bénies dans celui qui sortira de toi (en ta postérité), parce que tu as obéi à ma voix.
Note Gn. 22,18 : Voir Genèse, 12, 3 ; 18, 18 ; 26, 4 ; Ecclésiastique, 44, 25 ; Actes des Apôtres, 3, 25. ― Cette prophétie a eu son accomplissement parfait par Jésus-Christ, qui a été la bénédiction de tous les peuples de la terre.
 
19 Abraham revint ensuite trouver ses serviteurs, et ils s’en retournèrent ensemble à Bersabée, où il demeura.
 
20 Après cela, on vint dire à Abraham que son frère Nachor avait eu de sa femme Melcha plusieurs fils, 21 Hus, son aîné ; Buz, frère de celui-ci ; Camuel, père des Syriens ; 22 Cased, Azau, Pheldas, Jedlaph, 23 et Bathuel, dont Rébecca était fille. Ce sont là les huit fils que Nachor, frère d’Abraham, eut de Melcha, sa femme. 24 Sa concubine (femme de second rang), qui s’appelait Roma, lui enfanta Tabée, Gaham, Tahas et Maacha.

Chapitre 23

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Chap. : 
Mort de Sara.
Abraham achète une caverne pour l’enterrer.
Genèse 23, 1-9 et 14-20 : Abraham ensevelit Sara - Gravure de Gustave Doré
Genèse 23, 1-9 et 14-20 : Abraham ensevelit Sara - Gravure de Gustave Doré
1 (Or) Sara, ayant vécu cent vingt-sept ans, 2 mourut dans la ville d’Arbée, qui est la même qu’Hébron, au pays (dans la terre) de Chanaan. Abraham la pleura, et en fit le deuil.
Note Gn. 23,2 : Arbée, Hébron. Voir Genèse, 13, 18.
 
3 Et s’étant levé, après s’être acquitté de ce devoir qu’on rend aux morts, il vint parler aux enfants de Heth, et il leur dit :
Note Gn. 23,3 : Les fils de Heth ; les Héthéens, descendants de Heth, fils de Chanaan. Comparer à Genèse, 10, 15.
4 Je suis parmi vous un étranger et un voyageur ; donnez-moi droit de sépulture au milieu de vous, afin que j’enterre la personne qui m’est morte. 5 Les enfants de Heth lui répondirent : 6 Seigneur, écoute-nous. Tu es parmi nous comme un (grand) prince (de Dieu) ; enterre dans nos plus beaux sépulcres la personne qui t’est morte. Nul d’entre nous ne pourra t’empêcher de mettre dans son tombeau la personne qui t’est morte.
Note Gn. 23,6 : Un prince de Dieu ; c’est-à-dire envoyé de Dieu, ou peut-être mieux, un très grand prince ; car, dans l’Ecriture, le mot Dieu est très souvent employé pour exprimer le superlatif le plus élevé.
7 Abraham, s’étant levé, adora (se prosterna devant) le peuple de ce pays-là, c’est-à-dire les enfants de Heth.
Note Gn. 23,7 ; 23.12 : Se prosterna ; littéralement adora. Voir Genèse, 18, 2.
8 Et il leur dit : Si vous avez agréable que j’enterre la personne qui m’est morte, écoutez-moi, et intercédez pour moi auprès d’Ephron fils de Séor, 9 afin qu’il me donne sa caverne double, qu’il a à l’extrémité de son champ ; qu’il me la cède devant vous pour le prix qu’elle vaut, et qu’ainsi elle soit à moi pour en faire un sépulcre.
Note Gn. 23,9 : La caverne double. Cette caverne s’appelle en hébreu Makpelah. La caverne de Makpelah a été décrite par le voyageur juif Benjamin de Tudèle qui l’a visitée au XIIe siècle. On entre dans une première grotte où l’on ne remarque rien. On descend ensuite dans une seconde qui est également vide. On pénètre enfin dans une troisième où se trouvent six tombeaux qui, d’après les inscriptions, seraient ceux d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, de Sara, de Rébecca et de Lia. Benjamin vit là aussi un grand nombre de tonneaux remplis d’ossements d’anciens Israélites qu’on y avait transportés par dévotion.
10 Or Ephron demeurait au milieu des enfants de Heth ; et il répondit à Abraham devant tous ceux qui s’assemblaient à la porte de la ville, et lui dit : 11 Non, mon seigneur, cela ne sera pas ainsi ; mais écoute plutôt ce que je vais te dire. Je te donne le champ, et la caverne qui y est, en présence des enfants de mon peuple ; enterres-y celle qui t’est morte. 12 Abraham se prosterna devant le peuple du pays. 13 Et il dit à Ephron au milieu de tous : Ecoute-moi, je te prie ; je te donnerai l’argent que vaut le champ, reçois-le, et j’y enterrerai ensuite celle qui m’est morte. 14 Ephron lui répondit : 15 Mon seigneur, écoute-moi : La terre que tu me demandes vaut quatre cents sicles d’argent. C’est son prix entre toi et moi ; mais qu’est-ce que cela ? Enterre celle qui t’est morte.
Note Gn. 23,15 : Le sicle d’argent pur valait environ 1 franc 60 centimes (en 1 900 ?).
16 Ce qu’Abraham ayant entendu, il fit peser en présence des enfants de Heth l’argent qu’Ephron lui avait demandé, c’est-à-dire quatre cents sicles d’argent en bonne monnaie, reçue de tout le monde (et ayant cours).
 
17 Ainsi, le champ qui avait été autrefois à Ephron, dans lequel il y avait une caverne double qui regarde (en face de) Mambré, fut livré à Abraham avec tous les arbres qui étaient autour 18 et lui fut assuré comme un bien qui lui devint propre, en présence des enfants (fils) de Heth, et de tous ceux qui entraient (dans l’assemblée) à la porte de la ville.
 
19 (Et ainsi) Abraham enterra donc sa femme Sara dans la caverne double du champ qui regarde Mambré, où est la ville d’Hébron, au pays de Chanaan.
Note Gn. 23,19 : Voir Genèse, 35, 27.
20 Et le champ, avec la caverne qui y était, fut assuré à Abraham par les enfants (fils) de Heth, afin qu’il le possédât comme un sépulcre qui lui appartenait légitimement.

Chapitre 24

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Chap. : 
L’intendant de la maison d’Abraham va en Mésopotamie demander une femme pour Isaac ; il obtient Rébecca.
1 Or Abraham était vieux et fort avancé en âge, et le Seigneur l’avait béni en toutes choses.
 
2 Il dit donc au plus ancien de ses serviteurs, qui avait l’intendance sur toute sa maison : Mets ta main sous ma cuisse,
Note Gn. 24,2 : Voir Genèse, 47, 29. ― Pose ta main, etc. Cette pratique, selon plusieurs Pères de l’Eglise, renferme un sens mystérieux qui est un serment fait au nom du Messie, qui devait naître d’Abraham.
3 afin que je te fasse jurer par le Seigneur, le Dieu du ciel et de la terre, que tu ne prendras aucune des filles des Chananéens parmi lesquels j’habite, pour la faire épouser à mon fils ; 4 mais que tu iras au pays où sont mes parents, afin d’y prendre une femme pour mon fils Isaac. 5 Son serviteur lui répondit : Si la fille (femme) ne veut pas venir en ce pays-ci avec moi, voulez-vous que je ramène votre fils au lieu d’où vous êtes sorti ? 6 Abraham lui répondit : Garde-toi (bien) de ramener jamais mon fils en ce pays-là. 7 Le Seigneur, le Dieu du ciel, qui m’a tiré de la maison de mon père et du pays de ma naissance, qui m’a parlé et qui m’a juré en me disant : Je donnerai ce pays à ta race (postérité), enverra lui-même son ange devant toi, afin que tu prennes une femme de ce pays-là pour mon fils.
Note Gn. 24,7 : Voir Genèse, 12, 7 ; 13, 15 ; 15, 18 ; 26, 3.
8 Que si la fille (femme) ne veut pas te suivre, tu ne seras point obligé à ton serment. Seulement ne ramène jamais mon fils en ce pays-là. 9 Ce serviteur mit donc la main sous la cuisse d’Abraham son maître, et s’engagea par serment à faire ce qu’il lui avait ordonné.
 
Genèse 24, 10-20 : Eliezer et Rébecca - Gravure de Gustave Doré
Genèse 24, 10-20 : Eliezer et Rébecca - Gravure de Gustave Doré
10 En même temps (C’est pourquoi), il prit dix chameaux du troupeau de son maître ; il porta avec lui de tous ses biens ; et s’étant mis en chemin, il alla en Mésopotamie, en la ville de Nachor.
Note Gn. 24,10 : Mésopotamie, contrée située entre le Tigre et l’Euphrate, l’Euphrate et le Chabour.
11 Etant arrivé sur le soir près d’un puits hors de la ville, au temps où les femmes avaient coutume de sortir pour puiser de l’eau, et ayant fait reposer ses chameaux, il dit : 12 Seigneur, Dieu d’Abraham, mon maître, assistez-moi aujourd’hui, je vous prie, et faites miséricorde à Abraham mon seigneur (maître). 13 Me voici près de cette fontaine (la source d’eau), et les filles des habitants de cette ville vont sortir pour puiser de l’eau. 14 Que la (jeune) fille donc à qui je dirai : Baisse ton urne (cruche), afin que je boive ; et qui me répondra : Bois, et je donnerai à boire à tes chameaux, soit celle que vous avez destinée à Isaac votre serviteur ; et je connaîtrai par là que vous aurez fait miséricorde à mon maître.
 
15 A peine avait-il achevé de parler ainsi en lui-même, qu’il vit paraître Rébecca, fille de Bathuel, fils de Melcha, femme de Nachor, frère d’Abraham, qui portait une outre (cruche) sur son épaule. 16 C’était une jeune fille très agréable (fort gracieuse), et une vierge parfaitement belle, et inconnue à tout homme : elle était déjà venue à la fontaine, et ayant rempli sa cruche, elle s’en retournait. 17 Le serviteur, allant donc au-devant d’elle, lui dit : Donne-moi un peu de l’eau que tu portes dans ton urne, afin que je boive. 18 Et elle lui répondit : Bois, mon seigneur ; et ôtant aussitôt sa cruche de dessus son épaule, et la penchant sur son bras, elle lui donna à boire. 19 Après qu’il eut bu, elle ajouta : Je m’en vais aussi tirer de l’eau pour tes chameaux, jusqu’à ce qu’ils aient tous bu. 20 Et ayant versé dans les canaux l’eau de sa cruche, elle courut au puits pour en tirer d’autre, qu’elle donna ensuite à tous les chameaux. 21 Cependant le serviteur la considérait (contemplait) sans rien dire, voulant savoir si le Seigneur avait rendu son voyage heureux, ou non.
 
22 Après donc que les chameaux eurent bu, cet homme tira des pendants d’oreille d’or, qui pesaient deux sicles, et autant de bracelets, qui en pesaient dix.
Note Gn. 24,22 : Le sicle d’or pur valait à peu près 23 francs 20 centimes (en 1 900 ?).
23 Et il lui dit : De qui es-tu fille ? Indique-le moi. Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour me (y) loger ? 24 Elle répondit : Je suis fille de Bathuel, fils de Melcha et de Nachor son mari. 25 Il y a chez nous, ajouta-t-elle, beaucoup de paille et de foin, et bien du lieu pour y demeurer. 26 Cet homme fit une profonde inclination, et adora le Seigneur, 27 en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Abraham mon maître, qui n’a pas écarté de mon maître sa miséricorde et sa vérité, et qui m’a amené dans la maison du frère de mon maître. (!)
 
28 La jeune fille courut donc à la maison de sa mère, et lui raconta tout ce qu’elle avait entendu.
 
29 Or Rébecca avait un frère nommé Laban, qui sortit aussitôt pour aller trouver cet homme près de la fontaine. 30 Et ayant déjà vu les pendants d’oreille et les bracelets aux mains de sa sœur, qui lui avait rapporté en même temps tout ce que cet homme lui avait dit, il vint à lui lorsqu’il était encore près de la fontaine (source d’eau) avec les chameaux ; 31 et il lui dit : Entre, toi qui es béni du Seigneur ; pourquoi demeure-tu dehors ? J’ai préparé la maison, et un lieu pour tes chameaux. 32 Il le fit aussitôt entrer dans le logis ; il déchargea ses chameaux, leur donna de la paille et du foin, et fit laver les pieds de cet homme, et de ceux qui étaient venus avec lui. 33 En même temps on lui servit à manger. Mais il dit : Je ne mangerai point, jusqu’à ce que je vous aie proposé (énoncé) ce que j’ai à vous dire. Parle, lui dirent-ils (Laban).
 
34 Et il dit : Je suis serviteur d’Abraham. 35 Le Seigneur a comblé mon maître de bénédictions, et l’a rendu grand. Il lui a donné des brebis, des bœufs, de l’argent, de l’or, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes. 36 (Et) Sara, la femme de mon maître, lui a enfanté un fils dans sa vieillesse, et mon maître lui a donné tout ce qu’il avait. 37 Et il m’a fait jurer devant lui en me disant : Tu ne prendras aucune des filles des Chananéens dans le pays desquels j’habite, pour la faire épouser à mon fils ; 38 mais tu iras à la maison de mon père, et tu prendras parmi ceux de ma parenté une femme pour mon fils. 39 Et je répondis à mon maître : Mais si la femme ne voulait point venir avec moi ? 40 Il me dit : Le Seigneur devant lequel je marche enverra son ange avec toi, et dirigera ta voie, afin que tu prennes pour mon fils une femme qui soit de ma famille et de la maison de mon père. 41 Que si étant arrivé chez mes parents, ils te refusent ce que tu leur demanderas, tu ne seras plus obligé à ton serment. 42 Je suis donc arrivé près de la fontaine (source d’eau), et j’ai dit : Seigneur, Dieu d’Abraham mon maître, si c’est vous qui m’avez conduit dans le chemin où j’ai marché jusqu’à présent, 43 me voici près de cette fontaine (la source d’eau). Que la jeune fille (vierge) donc qui sera sortie pour puiser de l’eau, à qui j’aurai dit : Donne-moi à boire un peu de l’eau que tu portes dans ton urne (cruche), 44 et qui me répondra : Bois, et je m’en vais en puiser aussi (ensuite) pour tes chameaux, soit celle que le Seigneur a destinée pour être la femme du fils de mon maître. 45 Lorsque je m’entretenais en moi-même de cette pensée, j’ai vu paraître Rébecca, qui venait avec son urne (cruche) qu’elle portait sur son épaule, et qui, étant descendue à la fontaine, y avait puisé de l’eau. Je lui ai dit : Donne-moi un peu à boire. 46 Elle aussitôt, ôtant son urne (cruche) de dessus son épaule, m’a dit : Bois toi-même, et je m’en vais donner aussi (ensuite) à boire à tes chameaux. J’ai donc bu ; et elle a fait boire mes chameaux. 47 Je l’ai ensuite interrogée, et je lui ai demandé : De qui es-tu fille ? Elle m’a répondu qu’elle était fille de Bathuel, fils de Nachor et de Melcha sa femme. Je lui ai donc mis ces pendants d’oreilles pour parer son visage, et lui ai mis ces bracelets aux bras. 48 Aussitôt me baissant profondément, j’ai adoré et béni le Seigneur, le Dieu d’Abraham mon maître, qui m’a conduit par le droit chemin pour prendre la fille du frère de mon maître, et la donner pour femme à son fils. 49 C’est pourquoi, si vous avez véritablement dessein d’obliger (agissez avec miséricorde et loyauté envers) mon maître, dites-le-moi. Que si vous avez résolu autre chose, faites-le-moi savoir, afin que j’aille chercher ailleurs.
 
50 Laban et Bathuel répondirent : C’est Dieu qui parle en cette rencontre ; nous ne pouvons te dire autre chose que ce qui paraît conforme à sa volonté. 51 Rébecca est entre tes mains ; prends-la, et emmène-la avec toi, afin qu’elle soit la femme du fils de ton maître, selon que le Seigneur s’en est déclaré (a parlé). 52 Le serviteur d’Abraham ayant entendu cette réponse, se prosterna contre terre, et adora le Seigneur. 53 Il tira ensuite des vases d’or et d’argent, et des vêtements dont il fit présent à Rébecca. Il donna aussi des présents à ses frères et à sa mère.
Genèse 24, 54-67 : Isaac reçoit Rébecca - Gravure de Gustave Doré
Genèse 24, 54-67 : Isaac reçoit Rébecca - Gravure de Gustave Doré
54 Ils firent ensuite le festin, ils mangèrent et burent, et demeurèrent ensemble ce jour-là. Le lendemain, le serviteur s’étant levé, le matin, leur dit : Permettez-moi d’aller retrouver mon maître.
 
55 Les frères et la mère de Rébecca lui répondirent : Que la jeune fille demeure au moins dix jours avec nous, et après elle s’en ira. 56 Je vous prie, dit le serviteur, de ne point me retenir davantage, parce que le Seigneur m’a conduit dans tout mon chemin. Permettez-moi de retrouver mon maître. 57 Ils lui dirent : Appelons la jeune fille, et sachons d’elle-même son sentiment. 58 On l’appela donc, et étant venue, ils lui demandèrent : Voulez-vous bien aller avec cet homme ? Je le veux bien (J’irai), répondit-elle. 59 Ils la laissèrent donc aller, accompagnée de sa nourrice, avec le serviteur d’Abraham et ceux qui l’avaient suivi ; 60 et souhaitant toutes sortes de prospérités à Rébecca, ils lui dirent : Tu es notre sœur, crois (puissiez-vous croître) en mille et mille générations, et que ta race (postérité) se mette en possession des villes de ses ennemis.
Note Gn. 24,60 : Les portes de ses ennemis. Voir Genèse, 22, 17.
61 (Ainsi) Rébecca et ses suivantes (servantes) montèrent sur les chameaux, et suivirent cet homme, qui s’en retourna en grande hâte vers son maître.
 
62 En ce même temps, Isaac se promenait dans le chemin qui mène au puits appelé le puits de celui qui vit et qui voit (du Vivant et du voyant), car il demeurait au pays du midi.
Note Gn. 24,62 : Voir Genèse, 16, 14. ― Dans la terre australe, dans la Palestine méridionale.
63 Il était alors sorti dans les champs pour méditer, le jour étant sur son déclin. Et ayant levé les yeux, il vit de loin venir les chameaux. 64 Rébecca, ayant aussi aperçu Isaac, descendit de dessus son chameau,
 
65 et elle dit au serviteur : Quel est cet homme qui vient le long des champs au-devant de nous ? C’est mon maître, lui dit-il. Elle prit aussitôt son voile, et se couvrit. 66 (Or) Le serviteur alla (cependant) dire à Isaac tout ce qu’il avait fait. 67 Alors Isaac la fit entrer dans la tente de Sara sa mère, et la prit pour femme ; et l’affection qu’il eut pour elle fut si grande, qu’elle tempéra la douleur que la mort de sa mère lui avait causée.

Chapitre 25

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Chap. : 
Abraham épouse Cétura.
Dénombrement des enfants nés de ce mariage.
Mort d’Abraham.
Postérité d’Ismaël ; sa mort.
Naissance d’Esaü et de Jacob.
Esaü vend son droit d’aînesse.
1 (Or) Abraham épousa une autre femme, nommée Cétura,
Note Gn. 25,1 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 32.
2 qui lui enfanta Zamran, Jecsan, Madan, Madian, Jesboc, et Sué. 3 Jecsan engendra Saba et Dadan. Les enfants de Dadan furent Assurim, Latusim, et Loomim. 4 Les enfants de Madian furent Epha, Opher, Hénoch, Abida et Eldaa. Tous ceux-ci furent enfants de Cétura.
 
5 Abraham donna à Isaac tout ce qu’il possédait. 6 Il fit des présents aux fils de ses autres femmes, et de son vivant il les sépara de son fils Isaac, les faisant aller dans le pays qui regarde l’orient.
 
7 Tout le temps de la vie d’Abraham fut de cent soixante-quinze ans. 8 Et les forces lui manquant, il mourut dans une heureuse vieillesse et un âge très avancé, étant parvenu à la plénitude de ses jours ; et il fut réuni à son peuple. 9 Isaac et Ismaël, ses fils, le portèrent en (dans) la caverne double, située dans le champ d’Ephron, fils de Séor l’Héthéen, vis-à-vis de Mambré,
Note Gn. 25,9 : Dans la caverne double. Voir Genèse, note 23.9.
10 qu’il avait acheté des enfants de Heth. C’est là qu’il fut enterré aussi bien que Sara sa femme.
 
11 Après sa mort, Dieu bénit son fils Isaac, qui demeurait près du puits nommé le puits de celui qui vit et qui voit (du Vivant et du voyant).
 
12 Voici le dénombrement des enfants (générations) d’Ismaël fils d’Abraham et d’Agar l’Egyptienne, servante de Sara ;
 
13 et voici les noms de ses enfants (fils), selon que les ont portés ceux qui sont descendus d’eux. Le premier-né d’Ismaël fut Nabaïoth. Les autres furent Cédar, Adbéel, Mabsam,
Note Gn. 25,13 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 29. ― Selon leurs noms et leurs générations ; c’est-à-dire selon les noms de leurs générations. Comparer à Genèse, 3, 16.
14 Masma, Duma, Massa, 15 Adar, Théma, Séthur, Naphis, et Cedma.
 
16 Ce sont là les enfants d’Ismaël ; et tels ont été les noms qu’ils ont donnés à leurs villages et à leurs campements (châteaux), ayant été les douze chefs (pinces) de leurs peuples (tribus).
Note Gn. 25,16 : Ce sont aussi les noms, etc. Littéralement : Et ce sont les noms de leurs châteaux et par leurs villes, ce que l’on interprète par : Et ce sont les noms qui sont passés à leurs châteaux et à leurs villes, ou bien qu’ils ont donnés à leurs châteaux et à leurs villes.
 
17 (Or) Le temps de la vie d’Ismaël fut de cent trente-sept ans ; et les forces lui manquant, il mourut, et fut réuni à son peuple. 18 Le pays où il habita fut depuis (l’) Hévila jusqu’à Sur, qui regarde l’Egypte dans la direction de (quand on entre dans) l’Assyrie ; et il mourut au milieu (en présence) de tous ses frères.
Note Gn. 25,18 : Jusqu’à Sur. Voir Exode, note 15.22 Les descendants d’Ismaël ou les Bédouins nomades habitèrent depuis l’Arabie Pétrée jusqu’à l’Euphrate et le long de la rive occidentale de l’Euphrate en remontant vers le nord jusque vis-à-vis de l’Assyrie.
 
19 Voici quelle fut aussi la postérité (les générations) d’Isaac fils d’Abraham. Abraham engendra Isaac ;
 
20 lequel ayant quarante ans, épousa Rébecca, fille de Bathuel, Syrien de Mésopotamie, et sœur de Laban. 21 (Or) Isaac pria le Seigneur pour sa femme, parce qu’elle était stérile ; et le Seigneur l’exauça, donnant à Rébecca la vertu de concevoir. 22 Mais les deux enfants (dont elle était grosse) s’entrechoquaient dans son sein ; ce qui lui fit dire : Si cela devait m’arriver, qu’était-il besoin que je conçusse ? Elle alla donc consulter le Seigneur, 23 qui lui répondit : Deux nations sont dans tes entrailles, et deux peuples sortant de ton sein se diviseront l’un contre l’autre. L’un de ces peuples surmontera l’autre peuple, et l’aîné sera assujetti au plus jeune.
Note Gn. 25,23 : Voir Romains, 9, 10.
 
24 Lorsque le temps où elle devait enfanter fut arrivé, elle se trouva mère de deux jumeaux (dans son sein). 25 Celui qui sortit le premier était roux, et tout velu comme une peau, et il fut nommé Esaü. L’autre sortit aussitôt, et il tenait de sa main le pied de son frère. C’est pourquoi il fut nommé Jacob.
Note Gn. 25,25 : Voir Osée, 12, 3 ; Matthieu, 1, 2.
26 Isaac avait soixante ans lorsque ces deux enfants lui naquirent.
 
27 Quand ils furent grands, Esaü devint habile à la chasse, et homme des champs ; mais Jacob était un homme simple, et il demeurait à la maison (sous les tentes). 28 Isaac aimait Esaü, parce qu’il mangeait de ce qu’il prenait à la chasse ; mais Rébecca aimait Jacob.
 
29 Un jour, Jacob ayant fait cuire de quoi manger, Esaü retourna des champs étant fort las ; 30 et il dit à Jacob : Donne-moi de ce mets roux, parce que je suis extrêmement las (fatigué). C’est pour cette raison qu’il fut depuis nommé Edom.
Note Gn. 25,30 : Voir Abdias, 1, 1 ; Hébreux, 12, 16.
31 Jacob lui dit : Vends-moi ton droit d’aînesse. 32 Esaü lui répondit : Je me meurs ; de quoi me servira mon droit d’aînesse ? 33 Jure-le moi donc, lui dit Jacob. Esaü le lui jura, et lui vendit son droit d’aînesse. 34 Et ainsi, ayant pris du pain et ce plat de lentilles, il mangea et but, et s’en alla, se mettant peu en peine de ce qu’il avait vendu son droit d’aînesse.

Chapitre 26

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Chap. : 
Voyage d’Isaac à Gérara ; son retour à Bersabée ; son alliance avec Abimélech.
Mariage d’Esaü.
1 Cependant il arriva une famine en ce pays-là, comme il en était arrivé une au temps d’Abraham ; et Isaac s’en alla à Gérara vers Abimélech, roi des Philistins.
Note Gn. 26,1 : Abimélech, roi des Philistins, roi de Gérara(voir Genèse, note 20.1), dans le pays qui appartint plus tard aux Philistins.
2 Et le Seigneur lui apparut et lui dit : Ne va point en Egypte, mais demeure dans le pays que je te montrerai (dirai). 3 Passes-y quelque temps comme étranger, et je serai avec toi, et je te bénirai ; car je te donnerai à toi et à ta race (postérité) tous ces pays-ci, pour accomplir le serment que j’ai fait à Abraham ton père.
Note Gn. 26,3 : Voir Genèse, 12, 7 ; 15, 18.
4 Je multiplierai tes enfants comme les étoiles du ciel ; je donnerai à ta postérité tous ces pays que tu vois, et toutes les nations de la terre seront bénies dans celui qui sortira de toi (en ta postérité) :
Note Gn. 26,4 : Voir Genèse, 12, 3 ; 18, 18 ; 28, 14. ― Et seront bénies, etc. Comparer à Genèse, 22, 18.
5 Parce qu’Abraham a obéi à ma voix, qu’il a gardé mes préceptes et mes commandements, et qu’il a observé les statuts (cérémonies) et les lois que je lui ai donné(e)s.
 
6 Isaac demeura donc à Gérara.
 
7 Et les habitants de ce(s) pays-là lui demandant qui était Rébecca, il leur répondit : C’est ma sœur. Car il avait craint de leur avouer qu’elle était sa femme, de peur qu’étant frappés de sa beauté, ils ne résolussent de le tuer.
Note Gn. 26,7 : Isaac et Rébecca descendaient l’un et l’autre de Tharé, aïeul d’Isaac et bisaïeul de Rébecca. Voir pour le mot sœur, Genèse, note 12.13.
8 Il se passa ensuite beaucoup de temps, et comme ils demeuraient toujours dans le même lieu, il arriva qu’Abimélech, roi des Philistins, regardant par une fenêtre, vit Isaac qui se jouait avec Rébecca, sa femme. 9 Et l’ayant fait venir, il lui dit : Il est visible (évident) que c’est ta femme ; pourquoi as-tu fait un mensonge, en disant qu’elle était ta sœur ? Il lui répondit : J’ai eu peur qu’on ne me fît mourir à cause d’elle. 10 Abimélech ajouta : Pourquoi nous en as-tu imposé ? Quelqu’un de nous aurait pu abuser de ta femme, et tu nous aurais fait tomber dans un grand péché. Il fit ensuite cette défense à tout son peuple : 11 Quiconque touchera la femme de cet homme, sera puni (mourra) de mort.
 
12 Isaac sema ensuite en ce pays-là, et il recueillit l’année même le centuple et le Seigneur le bénit. 13 Ainsi son bien s’augmenta beaucoup ; et tout lui profitant, il s’enrichissait et il croissait de plus en plus, jusqu’à ce qu’il devînt extrêmement puissant. 14 Car il possédait une grande multitude de brebis, de troupeaux de bœufs, de serviteurs et de servantes. Ce qui ayant excité contre lui l’envie des Philistins, 15 ils bouchèrent tous les puits que les serviteurs d’Abraham son père avaient creusés, et les remplirent de terre. 16 Et Abimélech dit lui-même à Isaac : Retire-toi d’avec nous, parce que tu es devenu beaucoup plus puissant que nous. 17 Isaac, s’étant donc retiré, vint au torrent de Gérara pour demeurer en ce lieu.
 
18 Et il fit creuser de nouveau d’autres puits, que les serviteurs d’Abraham son père avaient creusés, et que les Philistins après sa mort avaient obstrués ; et il leur donna les mêmes noms que son père leur avait donnés auparavant. 19 Ils fouillèrent aussi au fond du torrent, et ils y trouvèrent de l’eau vive. 20 Mais les pasteurs de Gérara firent encore là une querelle aux pasteurs d’Isaac, en leur disant : L’eau est à nous ; c’est pourquoi il appela ce puits Injustice (Calomnie) à cause de ce qui était arrivé.
Note Gn. 26,20-23 : Calomnie, Inimitiés, Rehoboth. En hébreu, Sitnah, Esek, Rehoboth. Rehoboth est dans l’ouadi Ruheibéh. A gauche de l’ouadi Ruheibéh, il y a une petite vallée appelée Sutnet er Ruheibéh où s’est conservé le nom de Sitnah.
21 Ils en creusèrent encore un autre ; et les pasteurs de Gérara les ayant encore querellés, il l’appela Inimitié(s). 22 Etant parti de là, il creusa un autre puits, pour lequel ils ne disputèrent point ; c’est pourquoi il lui donna le nom de Largeur (d’Etendue), en disant : Le Seigneur nous a mis maintenant au large, et nous a fait croître en biens sur la terre.
 
23 (Puis) Isaac retourna de là à Bersabée ;
Note Gn. 26,23 : Bersabée. Voir Genèse, 21, 14.
 
24 et la nuit suivante le Seigneur lui apparut, et lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham ton père ; ne crains point, parce que je suis avec toi. Je te bénirai et je multiplierai ta race (postérité) à cause d’Abraham mon serviteur. 25 Il éleva donc un autel en ce lieu-là ; et ayant invoqué le nom du Seigneur, il y dressa sa tente, et il commanda à ses serviteurs d’y creuser un puits.
 
26 Abimélech, Ochozath son favori, et Phicol, général de son armée, vinrent de Gérara le trouver en ce même lieu.
Note Gn. 26,26 : Phicol, c’est le titre du ministre du roi.
27 Et Isaac leur dit : Pourquoi venez-vous trouver un homme que vous haïssez, et que vous avez chassé d’avec vous ?
 
28 Ils lui répondirent : Nous avons vu que le Seigneur est avec toi ; c’est pourquoi nous avons résolu de faire une alliance entre nous, qui sera jurée de part et d’autre, 29 afin que tu ne nous fasses aucun tort, comme nous n’avons touché à rien qui fût à toi, ni rien fait qui te pût offenser, t’ayant laissé aller en paix, comblé de la bénédiction du Seigneur. 30 Isaac leur fit donc un festin, et après qu’ils eurent mangé et bu avec lui, 31 ils se levèrent le matin, et l’alliance fut jurée de part et d’autre. Isaac les reconduisit étant en fort bonne intelligence avec eux, et les laissa s’en retourner dans leur pays.
 
32 Le même jour, les serviteurs d’Isaac lui vinrent dire qu’ils avaient trouvé de l’eau dans le puits qu’ils avaient creusé. 33 C’est pourquoi il appela ce puits Abondance ; et le nom de Bersabée fut donné à la ville, et lui est demeuré jusqu’aujourd’hui.
Note Gn. 26,33 : Bersabée. Voir Genèse, note 21.33.
 
34 Or, Esaü ayant quarante ans, épousa Judith, fille de Béeri l’Héthéen, et Basemath, fille d’Elon du même pays ; 35 qui toutes deux s’étaient mises mal dans (avaient irrité) l’esprit d’Isaac et de Rébecca.
Note Gn. 26,35 : Voir Genèse, 27, 46.

Chapitre 27

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Chap. : 
Jacob surprend la bénédiction d’Esaü.
Menace d’Esaü contre Jacob, qui se retire en Mésopotamie.
1 Isaac étant devenu vieux, ses yeux s’obscurcirent de telle sorte qu’il ne pouvait plus voir. Il appela donc Esaü son fils aîné, et lui dit : Mon fils. Me voici, dit Esaü. 2 Son père ajouta : Tu vois que j’ai vieilli, et que j’ignore le jour de ma mort. 3 Prends tes armes, ton carquois et ton arc, et sors dehors ; et lorsque tu auras pris quelque chose à la chasse, 4 tu me l’apprêteras comme tu sais que je l’aime (les veux) ; et tu me l’apporteras afin que j’en mange, et que je te bénisse avant de mourir. 5 Rébecca entendit ces paroles ; et Esaü étant allé dans les champs pour faire ce que son père lui avait commandé,
 
6 elle dit a Jacob son fils : J’ai entendu ton père qui parlait à ton frère Esaü, et qui lui disait : 7 Apporte-moi quelque chose de ta chasse, et prépare-moi de quoi manger, afin que je te bénisse devant le Seigneur avant de mourir. 8 Suis donc maintenant, mon fils, le conseil que je vais te donner. 9 Va-t’en (cours) au troupeau, et apporte-moi deux des meilleurs chevreaux, afin que j’en prépare à ton père une sorte de mets que je sais qu’il aime ;
Note Gn. 27,9 : Deux de des meilleurs chevreaux. Voir 1 Rois, note 16.20.
10 et qu’après que tu le lui auras présenté et qu’il en aura mangé, il te bénisse avant de mourir. 11 Jacob lui répondit : Vous savez que mon frère Esaü a le corps velu, et que moi je n’ai pas de poil. 12 Si mon père vient donc à me toucher et qu’il s’en aperçoive, j’ai peur qu’il ne croie que je l’ai voulu tromper, et qu’ainsi je n’attire sur moi sa malédiction au lieu de sa bénédiction. 13 Sa mère lui répondit : Mon fils, je me charge moi-même de (sur moi soit) cette malédiction : fais seulement ce que je te conseille (seulement écoute ma voix), et va me chercher ce que je te dis. 14 Il y alla, il l’apporta, et il le donna à sa mère, qui en prépara à manger à son père comme elle savait qu’il l’aimait (les voulait). 15 Elle fit prendre ensuite à Jacob de très beaux habits d’Esaü, qu’elle gardait elle-même à la maison. 16 Et elle lui mit autour des mains la peau des chevreaux, et lui en couvrit le cou partout où il était découvert. 17 Puis elle lui donna ce qu’elle avait préparé à manger, et les pains qu’elle avait cuits. 18 Jacob porta le tout devant Isaac, et lui dit : Mon père. Je t’entends, dit Isaac. Qui es-tu, mon fils ?
Genèse 27, 19-29 : Isaac bénit Jacob - Gravure de Gustave Doré
Genèse 27, 19-29 : Isaac bénit Jacob - Gravure de Gustave Doré
19 Jacob lui répondit : Je suis Esaü votre fils aîné. J’ai fait ce que vous m’avez commandé : levez-vous, mettez-vous sur votre séant (asseyez-vous), et mangez de ma chasse afin que vous me donniez votre bénédiction (votre âme me bénisse). 20 Isaac dit encore à son fils : Mais comment as-tu pu, mon fils, en trouver si tôt ? Il lui répondit : Dieu a voulu que ce que je désirais se présentât tout d’un coup à moi. 21 Isaac dit encore : Approche-toi d’ici, mon fils, afin que je te touche, et que je reconnaisse si tu es mon fils (Esaü) ou non. 22 Jacob s’approcha de son père ; et Isaac, l’ayant tâté, dit : Pour la voix, c’est (certainement) la voix de Jacob ; mais les mains sont les mains d’Esaü. 23 Et il ne le reconnut point, parce que ses mains, étant couvertes de poil, parurent toutes semblables à celle de son aîné. Isaac, le bénissant donc, 24 lui dit : Es-tu mon fils Esaü ? Je le suis, répondit Jacob. 25 Mon fils, ajouta Isaac, apporte-moi à manger de ta chasse, afin que je te bénisse. Jacob lui en présenta ; et après qu’il en eut mangé, il lui présenta aussi du vin qu’il but.
 
26 Isaac lui dit ensuite : Approche-toi de moi, mon fils, et viens me (donne-moi un) baiser. 27 Il s’approcha donc de lui, et le baisa. Et Isaac, aussitôt qu’il eut senti la bonne odeur qui sortait de ses habits, lui dit en le bénissant : (Voici que) L’odeur qui sort de mon fils est semblable à celle d’un champ plein (de fleurs) que le Seigneur a comblé de ses bénédictions (béni).
Note Gn. 27,27 : L’odeur d’un champ. Les plantes en Orient sont très aromatiques et au printemps les champs de la Palestine sont complètement couverts de fleurs.
 
28 Que Dieu te donne une abondance de blé et de vin, de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. 29 (Et) Que les peuples te soient assujettis, et que les tribus t’adorent (se prosternent devant toi). Sois le seigneur de tes frères, et que les enfants de ta mère se courbent devant toi. Que celui qui te maudira, soit maudit lui-même ; et que celui qui te bénira, soit comblé de bénédictions.
Note Gn. 27,29 : Se prosternent devant ; littéralement : t’adorent. Voir Genèse, 18, 2.
 
30 Isaac ne faisait qu(e d)’achever ces paroles, et Jacob était à peine sorti dehors, lorsqu’Esaü entra, 31 et que, présentant à son père ce qu’il avait apprêté de sa chasse, il lui dit : Levez-vous, mon père, et mangez de la chasse de votre fils, afin que vous me donniez votre bénédiction. 32 Isaac lui dit : Qui es-tu donc ? Esaü lui répondit : Je suis Esaü votre fils aîné (premier né). 33 Isaac fut frappé d’un profond étonnement ; et, admirant (surpris) au delà de tout ce qu’on peut croire (de) ce qui était arrivé, il lui dit : Qui est donc celui qui m’a déjà apporté de ce qu’il avait pris à la chasse, et qui m’a fait manger de tout avant que tu vinsses ? (et) je lui ai donné ma bénédiction, et il sera béni. 34 Esaü, à ces paroles de son père, jeta un cri furieux ; et, étant dans une extrême consternation, il lui dit : Donnez-moi aussi votre bénédiction, mon père. 35 Isaac lui répondit : Ton frère m’est venu surprendre (frauduleusement), et il a reçu la bénédiction qui t’était due. 36 C’est avec raison, dit Esaü, qu’il a été appelé Jacob ; car voici la seconde fois qu’il m’a supplanté. Il m’a enlevé auparavant mon droit d’aînesse ; et présentement il vient encore de me dérober la bénédiction qui m’était due. Mais, mon père, ajouta Esaü, ne m’avez-vous point réservé aussi une bénédiction ?
Note Gn. 27,36 : Voir Genèse, 25, 34.
37 Isaac lui répondit : Je l’ai établi ton seigneur, et j’ai assujetti à sa domination tous ses frères. Je l’ai affermi dans la possession du blé et du vin ; et après cela, mon fils, que me reste-t-il que je puisse faire pour toi ? 38 Esaü lui repartit : N’avez-vous donc, mon père, qu’une seule bénédiction ? Je vous conjure de me bénir aussi. Il jeta ensuite de grands cris mêlés de larmes. 39 Et Isaac, en étant touché, lui dit : Ta bénédiction sera dans la graisse de la terre et dans la rosée du ciel qui vient d’en haut.
Note Gn. 27,39 : Voir Hébreux, 11, 20.
40 Tu vivras de l’épée, tu serviras ton frère, et le temps viendra que tu secoueras son joug, et que tu t’en délivreras.
 
41 Esaü haïssait donc constamment Jacob, à cause de cette bénédiction qu’il avait reçue de son père ; et il disait en lui-même : Le temps de la mort de mon père viendra, et alors je tuerai mon frère Jacob.
Note Gn. 27,41 : Voir Abdias, 1, 10.
42 Ce qui ayant été rapporté à Rébecca, elle envoya chercher son fils Jacob, et lui dit : Voilà ton frère Esaü qui menace de te tuer. 43 Mais, mon fils, crois-moi, hâte-toi de te retirer vers mon frère Laban, qui est à Haran. 44 Tu demeureras quelques jours avec lui, jusqu’à ce que la fureur de ton frère s’apaise, 45 que sa colère (son indignation) se passe, et qu’il oublie ce que tu as fait contre lui. J’enverrai ensuite, pour te faire revenir ici. Pourquoi perdrais-je mes deux enfants en un même jour ?
 
46 Rébecca dit encore à Isaac : La vie m’est devenue ennuyeuse à cause des filles de Heth qu’Esaü a épousées. Si Jacob épouse une fille de ce pays-là, je ne veux plus vivre.
Note Gn. 27,46 : Voir Genèse, 26, 35. ― Jacob va en Mésopotamie pour une double cause : d’abord pour fuir la colère de son frère Esaü, et ensuite pour y épouser une femme de sa race. Rébecca n’allègue naturellement à Isaac que cette seconde cause, en passant sous silence la première.

Chapitre 28

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Chap. : 
Jacob quitte la maison de son père pour se retirer en Mésopotamie.
Esaü épouse Mahéleth, fille d’Ismaël.
Vision de Jacob à Béthel.
1 (C’est pourquoi) Isaac, ayant donc appelé Jacob, le bénit, et lui fit ce commandement : Ne prends point, lui dit-il, une femme d’entre les filles de Chanaan ; 2 mais va en Mésopotamie de Syrie, en la maison de Bathuel, père de ta mère, et épouse une des filles de Laban ton oncle. 3 Que le Dieu tout-puissant te bénisse, qu’il (te) multiplie ta race, afin que tu sois le chef de plusieurs (d’un grand nombre de) peuples. 4 Qu’il te donne, et à ta postérité après toi, les bénédictions qu’il a promises à Abraham, et qu’il te fasse posséder la terre où tu demeureras comme étranger, qu’il a promise à ton aïeul. 5 Jacob, ayant pris ainsi congé d’Isaac, partit pour se rendre en Mésopotamie de Syrie, chez Laban, fils de Bathuel, Syrien, frère de Rébecca sa mère.
Note Gn. 28,5 : Voir Osée, 12, 12.
 
Genèse 28, 6-16 : Songe de Jacob - Gravure de Gustave Doré
Genèse 28, 6-16 : Songe de Jacob - Gravure de Gustave Doré
6 Mais Esaü, voyant que son père avait béni Jacob, et l’avait envoyé en Mésopotamie de Syrie, pour épouser une femme de ce pays-là ; qu’après lui avoir donné sa bénédiction, il lui avait fait ce commandement : Tu ne prendrez point de femme d’entre les filles de Chanaan ; 7 et que Jacob, obéissant à son père et à sa mère, était allé en Syrie ; 8 ayant vu aussi par expérience que les filles de Chanaan ne plaisaient point à son père, 9 il alla auprès d’Ismaël, et outre les femmes qu’il avait déjà, il épousa Mahéleth, fille d’Ismaël, fils d’Abraham, et sœur de Nabaïoth.
 
10 Jacob, étant donc sorti de Bersabée, allait à Haran ;
Note Gn. 28,10 : Bersabée. Voir Genèse, note 21.14 ― Vers Haran. Voir Genèse, note 11.31-32.
11 et étant venu en un certain lieu, comme il voulait s’y reposer après le coucher du soleil, il prit une des pierres qui étaient là, et la mit sous sa tête ; et il s’endormit au même lieu. 12 Alors il vit en songe une échelle, dont le pied était appuyé sur la terre, et le haut touchait au ciel ; et des anges de Dieu montaient et descendaient le long de l’échelle. 13 Il vit aussi le Seigneur appuyé sur le haut de l’échelle, qui lui dit : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Abraham ton père, et le Dieu d’Isaac. Je te donnerai et à ta race (postérité) la terre où tu dors.
Note Gn. 28,13 : Voir Genèse, 35, 1 ; 48, 3.
14 Ta postérité sera comme la poussière de la terre : tu t’étendras à l’orient et à l’occident, au septentrion et au midi ; et toutes les nations de la terre seront bénies en toi, et dans celui qui sortira de toi (en ta postérité).
Note Gn. 28,14 : Voir Genèse, 26, 4 ; Deutéronome, 12, 20 ; 19, 8. ― En toi et en ta postérité. La particule et est ici purement explicative ; le sens est donc : En toi, c’est-à-dire en ta postérité. Ce genre d’hébraïsme, outre qu’il n’est pas rare dans l’Ecriture, se trouve confirmé par deux passages (voir Genèse, 22, 18 ; 26, 4) qui contiennent la même prophétie, et dans lesquels l’expression en toi n’est pas exprimée. Quant au sens de cette prédiction divine, comparer à Genèse, 22, 18.
15 Je serai ton protecteur partout où tu iras, je te ramènerai dans ce pays, et ne te quitterai point que je n’aie accompli tout ce que j’ai dit.
 
16 Jacob, s’étant éveillé après son sommeil, dit ces paroles : Le Seigneur est vraiment en ce lieu-ci, et je ne le savais pas. 17 Et, tout effrayé, il ajouta : Que ce lieu est terrible ! C’est véritablement la maison de Dieu et la porte du ciel. 18 Jacob, se levant donc le matin, prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête, et l’érigea comme un monument, répandant de l’huile dessus.
Note Gn. 28,18 : Voir Genèse, 31, 13.
19 Il donna aussi le nom de Béthel à la ville, qui auparavant s’appelait Luza.
Note Gn. 28,19 : Béthel. Voir Genèse, note 12.8.
20 Et il fit en même temps ce vœu, en disant : Si Dieu demeure avec moi, s’il me protège dans le chemin par lequel je marche, et me donne du pain pour me nourrir, et des vêtements pour me vêtir ; 21 et si je retourne heureusement en (à) la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu ; 22 et cette pierre que j’ai dressée comme un monument s’appellera la Maison de Dieu ; et je vous offrirai, Seigneur, la dîme de tout ce que vous m’aurez donné.

Chapitre 29

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Chap. : 
Jacob sert Laban pendant sept ans pour épouser Rachel ; mais Laban lui donne Lia.
Il sert encore sept ans pour avoir Rachel.
Naissance de Ruben (,de Siméon, de Lévi et de Juda ?).
1 Jacob continua son chemin, et arriva au pays (dans la terre) de l’orient.
Note Gn. 29,1 : Dans la terre d’Orient, des fils de l’Orient, porte le texte original, ce qui désigne la terre habitée par des nomades et ici spécialement la Mésopotamie. Il y a des Arabes nomades dans les alentours de Haran.
2 Il entra dans un champ où il vit un puits, et trois troupeaux de brebis qui se reposaient auprès ; car on y menait boire les troupeaux, et l’entrée en était fermée avec une grande pierre. 3 C’était la coutume de ne lever la pierre que lorsque tous les troupeaux étaient assemblés ; et après qu’ils avaient bu, on la remettait sur l’ouverture du puits.
 
Genèse 29, 4-19 : Jacob chez Laban - Gravure de Gustave Doré
Genèse 29, 4-19 : Jacob chez Laban - Gravure de Gustave Doré
4 Jacob dit donc aux pasteurs : Mes frères, d’où êtes-vous ? Ils lui répondirent : De Haran. 5 Jacob ajouta : Ne connaissez-vous point Laban, fils de Nachor ? Ils lui dirent : Nous le connaissons. 6 Se porte-t-il bien ? dit Jacob. Ils lui répondirent : Il se porte bien ; et voici sa fille Rachel, qui vient ici avec son troupeau. 7 Jacob leur dit : Il reste encore beaucoup de jour, et il n’est pas temps de reconduire les troupeaux dans l’étable ; faites donc boire présentement les brebis, et ensuite vous les ramènerez paître. 8 Ils lui répondirent : Nous ne pouvons le faire, jusqu’à ce que tous les troupeaux soient assemblés, et que nous ayons ôté la pierre de dessus le puits, pour leur donner à boire à tous ensemble.
Note Gn. 29,8 : La pierre de l’ouverture du puits. L’orifice du puits est souvent à fleur de terre en Orient et on le bouche avec une pierre qu’il faut enlever pour puiser de l’eau.
 
9 Ils parlaient encore, lorsque Rachel arriva avec les brebis de son père ; car elle menait paître elle-même le troupeau. 10 Jacob, l’ayant vue, et sachant qu’elle était sa cousine (germaine), et que ces troupeaux étaient à Laban son oncle, ôta la pierre qui fermait le puits. 11 Et ayant fait boire son troupeau, il la baisa, et il pleura à haute voix, 12 et il lui dit qu’il était le frère de son père, et le fils de Rébecca. Rachel courut aussitôt le dire à son père, 13 qui, ayant appris que Jacob fils de sa sœur était venu, courut au-devant de lui, l’embrassa étroitement, et l’ayant baisé plusieurs fois, le mena en sa maison. Lorsqu’il eut su de lui-même le sujet de son voyage, 14 il lui dit : Tu es (de mes os et de) ma chair et mon sang. Et après qu’un mois se fut passé,
 
15 il dit à Jacob : Faut-il que tu me serves gratuitement, parce que tu es mon frère ? Dis-moi donc quelle récompense tu désires. 16 Or Laban avait deux filles, dont l’aînée s’appelait Lia, et la plus jeune Rachel. 17 Mais Lia avait les yeux chassieux ; au lieu que Rachel était belle et très agréable (avait un beau visage et un aspect gracieux). 18 Jacob, ayant donc conçu de l’affection pour elle, dit à Laban : Je te servirai sept ans pour Rachel ta seconde fille. 19 Laban lui répondit : Il vaut mieux que je te la donne qu’à un autre ; demeure avec moi. 20 Jacob le servit donc sept ans pour Rachel ; et ce temps ne lui paraissait que peu de jours, tant l’affection (l’amour) qu’il avait pour elle était grande. 21 Après cela il dit à Laban : Donne-moi ma femme, puisque le temps auquel je dois l’épouser est (déjà) accompli.
 
22 Alors Laban fit les noces, ayant invité au festin ses amis qui étaient en fort grand nombre. 23 Et le soir il fit entrer Lia sa fille auprès de Jacob,
Note Gn. 29,23-24 : Selon l’antique usage, le nouveau mari était couché dans une chambre, on lui amenait sa femme couverte d’un voile. Ainsi il fut très facile à Laban de tromper Jacob, en substituant Lia à Rachel.
24 et lui donna, pour la servir, une esclave qui s’appelait Zelpha. Jacob, l’ayant prise pour sa femme, reconnut le matin que c’était Lia ;
 
25 et il dit à son beau-père : D’où vient que tu m’as traité de cette sorte ? Ne t’ai-je pas servi pour Rachel ? Pourquoi m’as-to trompé ? 26 Laban répondit : Ce n’est pas la coutume de ce pays-ci de marier les filles les plus jeunes les premières. 27 Passe la semaine avec celle-ci ; et je te donnerai l’autre ensuite, pour le temps de sept (autres) années que tu me serviras de nouveau.
 
28 Jacob consentit à ce qu’il voulait : et au bout de sept jours il épousa Rachel, 29 à qui son père avait donné une servante nommée Bala.
 
30 Jacob ayant eu enfin celle qu’il avait souhaité d’épouser, il préféra la seconde à l’aînée dans l’affection (l’amour) qu’il lui portait, et servit encore Laban pour elle sept ans durant.
Note Gn. 29,30 : L’amour de la seconde à la première, est mis d’une manière elliptique pour : L’amour de la seconde à l’amour de la première.
 
31 Mais le Seigneur, voyant que Jacob avait du mépris pour Lia, la rendit féconde, pendant que sa sœur demeurait stérile. 32 Elle conçut donc, et elle enfanta un fils qu’elle nomma Ruben, en disant : Le Seigneur a vu mon humiliation ; mon mari m’aimera maintenant.
 
33 Elle conçut encore, et ayant enfanté un fils, elle dit : Le Seigneur, ayant connu que j’étais méprisée, m’a donné ce second fils. C’est pourquoi elle le nomma Siméon.
 
34 Elle conçut pour la troisième fois, et ayant encore enfanté un fils, elle dit : Maintenant mon mari sera plus uni à moi, puisque je lui ai donné trois fils. C’est pourquoi elle le nomma Lévi.
 
35 Elle conçut pour la quatrième fois, et elle enfanta un fils, et elle dit : Maintenant je louerai le Seigneur. C’est pourquoi elle lui donna le nom de Juda ; et elle cessa pour lors d’avoir des enfants.
Note Gn. 29,35 : Voir Matthieu, 1, 2.

Chapitre 30

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Chap. : 
Naissance de Dan, de Nephtali, de Gad, d’Aser, d’Issachar, de Dina et de Joseph.
Accord de Jacob et de Laban.
1 Rachel, voyant qu’elle était stérile, porta envie à sa sœur, et elle dit à son mari : Donne-moi des enfants, ou je mourrai. 2 Jacob lui répondit en colère : Suis-je, moi, comme Dieu ? et n’est-ce pas lui qui empêche que ton sein ne porte son fruit ? 3 Rachel ajouta : J’ai Bala, ma servante ; va à elle, afin que je reçoive entre mes bras ce qu’elle enfantera, et que j’aie des enfants d’elle.
Note Gn. 30,3 : L’usage de ces premiers temps était de recevoir les enfants naissants sur les genoux et non sur les bras. Comparer à Job, 3, 12.
4 Elle lui donna donc Bala pour femme. 5 Jacob l’ayant prise, elle conçut, et elle enfanta un fils. 6 Alors Rachel dit : Le Seigneur a jugé en ma faveur, et il a exaucé ma voix en me donnant un fils. C’est pourquoi elle le nomma Dan.
 
7 Bala conçut encore ; et ayant enfanté un second fils, 8 Rachel dit de lui : Le Seigneur m’a fait entrer en combat avec ma sœur, et la victoire m’est demeurée. C’est pourquoi elle le nomma Nephtali.
 
9 Lia, voyant qu’elle avait cessé d’avoir des enfants, donna à son mari Zelpha, sa servante, 10 qui conçut et enfanta un fils. 11 Et Lia dit : A la bonne heure ! C’est pourquoi elle le nomma Gad.
 
12 Zelpha ayant eu un second fils, 13 Lia dit : C’est pour mon bonheur ; car les femmes m’appelleront bienheureuse. C’est pourquoi elle le nomma Aser.
 
14 Or Ruben étant sorti à la campagne, lorsque l’on moissonnait le froment, trouva des mandragores, qu’il apporta à Lia sa mère, à laquelle Rachel dit : Donne-moi des mandragores de ton fils.
Note Gn. 30,14 : Mandragores, plante de la famille des solanées qui touche de près à la belladone. Elle a une longue racine fusiforme, épaisse, quelquefois divisée en deux pointes fourchues, ce qui l’a fait comparer tantôt à un homme, tantôt à une femme.
15 Mais elle lui répondit : N’est-ce pas assez que tu m’as enlevé mon mari, sans vouloir encore avoir les mandragores de mon fils ? Rachel ajouta : Je consens qu’il dorme avec toi cette nuit, pourvu que tu me donnes de ces mandragores de ton fils. 16 Lors donc que Jacob sur le soir revenait des champs, Lia alla au-devant de lui, et lui dit : Tu viendras avec moi, parce que j’ai acheté cette grâce (t’ai obtenu) en échange des mandragores de mon fils. Ainsi Jacob dormit avec elle cette nuit-là. 17 Et Dieu exauça ses prières : elle conçut, et elle enfanta un cinquième fils 18 dont elle dit : Dieu m’a récompensée, parce que j’ai donné ma servante à mon mari. Et elle lui donna le nom d’Issachar.
 
19 Lia conçut encore, et enfanta un sixième fils ; 20 et elle dit : Dieu m’a fait un excellent don ; mon mari demeurera encore cette fois avec moi, parce que je lui ai donné six fils. Et elle le nomma Zabulon.
 
21 Elle eut ensuite une fille, qu’elle nomma Dina.
 
22 Le Seigneur se souvint aussi de Rachel ; il l’exauça, et lui ôta sa stérilité. 23 Elle conçut, et elle enfanta un fils, en disant : Le Seigneur m’a tirée de l’opprobre où j’ai été. 24 Et lui donnant le nom de Joseph, elle dit : Que le Seigneur me donne encore un second fils.
 
25 Joseph étant né, Jacob dit à son beau-père : Laisse-moi aller, afin que je retourne à mon pays, et au lieu de ma naissance. 26 Donne-moi mes femmes et mes enfants pour lesquels je t’ai servi, afin que je m’en aille. Tu sais quel a été le service que je t’ai rendu. 27 Laban lui répondit : Que je trouve grâce devant toi. J’ai reconnu par expérience que Dieu m’a béni à cause de toi. 28 Juge toi-même de la récompense que tu veux que je te donne. 29 Jacob lui répondit : Tu sais de quelle manière je t’ai servi, et comment ton bien s’est accru entre mes mains. 30 Tu avais peu de choses avant que je fusse venu avec toi, et présentement te voilà devenu riche ; Dieu t’a béni aussitôt que je suis entré en ta maison. Il est donc juste que je songe aussi maintenant à établir ma maison. 31 Laban lui dit : Que te donnerai-je ? Je ne veux rien, dit Jacob ; mais si tu fais ce que je vais te demander, je continuerai à mener tes troupeaux, et à les garder. 32 Visite tous tes troupeaux et mets à part toutes les brebis dont la laine est de diverses couleurs ; tout ce qui naîtra d’un noir mêlé de blanc, ou tacheté de couleurs différentes (mouchetées et à toison tachetée ; et tout ce qui sera noirâtre, ou tacheté ou moucheté), soit dans les brebis ou dans les chèvres, sera ma récompense. 33 Et demain, quand le temps sera venu de faire cette séparation selon notre accord, mon innocence me rendra témoignage devant toi ; et tout ce qui ne sera point tacheté de diverses couleurs ou moucheté ou de noir mêlé de blanc, soit dans les brebis ou dans les chèvres, me convaincra de larcin.
Note Gn. 30,33 : Demain ; hébraïsme, pour un jour, dans l’avenir. ― Quand le temps, etc. Autrement : Et ma justice répondra pour moi devant toi. Ce genre d’inversion était fréquent chez les Hébreux. ― Quand le temps de l’accord ; c’est-à-dire quand arrivera le moment d’exécuter la convention que nous avons faite.
34 Laban lui répondit : Je trouve bon ce que tu me proposes. 35 Le même jour, Laban mit à part les chèvres, les brebis, les boucs et les béliers tachetés et de diverses couleurs. Il donna à ses enfants la garde de tout le troupeau qui n’était que d’une couleur, c’est-à-dire qui était ou tout blanc ou tout noir. 36 Et il mit l’espace de trois journées de chemin entre lui et son gendre, qui conduisait ses autres troupeaux.
 
37 Jacob, prenant donc des branches vertes de peuplier, d’amandier, de platane, en ôta une partie de l’écorce ; les endroits d’où l’écorce avait été ôtée parurent blancs, et les autres, qu’on avait laissés entiers, demeurèrent verts. Ainsi ces branches devinrent de diverses couleurs.
Note Gn. 30,37 et suivants : La multiplication prodigieuse des troupeaux tachetés de Jacob ne s’est pas faite sans le concours d’un miracle ; Jacob lui-même l’a reconnu. Voir Genèse, 31, vv. 9-10, 14, 16. Quant à l’artifice du patriarche, on ne saurait le trouver condamnable lorsqu’on considère l’injustice de Laban à son égard. Il n’est donc pas étonnant que Dieu lui-même le lui ait fait connaître (voir Genèse, 31, 10-13).
38 Il les mit ensuite dans les canaux, qu’on remplissait d’eau, afin que lorsque les troupeaux y viendraient boire, ils eussent ces branches devant les yeux, et qu’ils conçussent en les regardant. 39 Ainsi il arriva que les brebis étant en chaleur, et ayant conçu à la vue des branches, eurent des agneaux tachetés et de diverses couleurs. 40 Jacob divisa son troupeau ; et ayant mis ces branches dans les canaux, devant les yeux des béliers, ce qui était tout blanc et tout noir était à Laban, et le reste à Jacob ; ainsi les troupeaux étaient séparés. 41 Lors donc que les brebis devaient concevoir au printemps, Jacob mettait les branches dans les canaux, devant les yeux des béliers et des brebis, afin qu’elles conçussent en les regardant. 42 Mais lorsqu’elles devaient concevoir en automne, il ne les mettait point devant elles. Ainsi ce qui était conçu en automne fut pour Laban, et ce qui était conçu au printemps fut pour Jacob.
 
43 Il devint de cette sorte extrêmement riche ; et il eut de grands troupeaux, des serviteurs et des servantes, des chameaux et des ânes.

Chapitre 31

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Chap. : 
Fuite de Jacob.
Laban le poursuit.
Alliance entre eux.
1 Après cela, Jacob entendit les enfants de Laban qui s’entredisaient : Jacob a enlevé tout ce qui était à notre père, et il est devenu puissant en s’enrichissant de son bien. 2 Il remarqua aussi que Laban ne le regardait pas du même œil qu’auparavant ;
Note Gn. 31,2 ; 31.5 : Comme hier et avant-hier ; hébraïsme, pour comme auparavant.
 
3 et de plus (surtout), le Seigneur même lui dit : Retourne au pays de tes pères et vers ta famille, et je serai avec toi.
 
4 Il envoya donc chercher Rachel et Lia, et les fit venir dans le champ où il faisait paître ses troupeaux ; 5 et il leur dit : Je vois que votre père ne me regarde plus du même œil qu’autrefois ; cependant le Dieu de mon père a été avec moi. 6 Et vous savez vous-mêmes que j’ai servi votre père de toutes mes forces. 7 (Mais) Il a même usé envers moi de tromperie, en changeant dix fois ce que je devais avoir pour récompense, quoique Dieu ne lui ait pas permis de me faire tort. 8 Lorsqu’il a dit : Les agneaux tachetés seront ton salaire, toutes les brebis ont eu des agneaux tachetés. Et lorsqu’il a dit, au contraire : Tout ce qui sera blanc sera ton salaire, tout ce qui est né des troupeaux a été blanc. 9 (C’est) Ainsi (que) Dieu a ôté le bien de votre père pour me le donner.
Note Gn. 31,9 : Dieu a pris le bien de votre père et me l’a donné. La même chose est répétée au verset 16. Dans le chapitre précédent, l’acquisition des richesses de Jacob est attribuée à son savoir-faire et à son travail. Le verset 42 du présent chapitre nous montre comment tout se concilie : Si Dieu… ne m’avait protégé, peut-être m’aurais-tu renvoyé nu, mais Dieu a regardé, c’est-à-dire béni mon travail.
10 Car le temps où les brebis devaient concevoir étant venu, j’ai levé les yeux et j’ai vu en songe que les mâles qui couvraient les femelles étaient marquetés (mouchetés) et tachetés de diverses couleurs. 11 Et l’ange de Dieu m’a dit en songe : Jacob. Me voici, ai-je répondu. 12 Et il a ajouté : Lève tes yeux, et vois que tous les mâles qui couvrent les femelles sont marquetés, (mouchetés) tachetés et de couleurs différentes. Car j’ai vu tout ce que Laban t’a fait. 13 Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint la pierre et où tu m’as fait un vœu. Sors donc (promptement) de cette terre, et retourne au pays de votre naissance.
Note Gn. 31,13 : Béthel. Voir Genèse, 13, 8.
 
14 Rachel et Lia lui répondirent : Nous reste-t-il quelque chose du bien et de la part que nous devons avoir dans la maison de notre père ? 15 Ne nous a-t-il pas traitées comme des étrangères ? Ne nous a-t-il point vendues, et n’a-t-il pas mangé ce qui nous était dû (le prix de vente) ? 16 Mais Dieu a pris les richesses de notre père, et nous les a données et à nos enfants ; c’est pourquoi fais tout ce que Dieu t’a commandé.
 
17 Jacob fit donc monter (aussitôt) ses femmes et ses enfants sur des chameaux. 18 Et emmenant avec lui tout ce qu’il avait, ses troupeaux et tout ce qu’il avait acquis en Mésopotamie, il se mit en chemin pour aller auprès de (Isaac) son père, au pays de Chanaan. 19 Or Laban étant allé en ce temps-là faire tondre ses brebis, Rachel déroba les idoles de son père. 20 Et Jacob ne voulut point découvrir son projet de fuite à son beau-père. 21 Lors donc qu’il s’en fut allé avec tout ce qui était à lui, comme il avait déjà passé le fleuve et qu’il marchait vers la montagne de Galaad,
Note Gn. 31,21 : Vers la montagne de Galaad, située à l’est du Jourdain, au nord du Jaboc. Voir l’introduction au livre de Josué.
 
22 Laban fut averti, le troisième jour, que Jacob s’enfuyait. 23 Et aussitôt, ayant pris avec lui ses frères, il le poursuivit durant sept jours et le (re)joignit à la montagne de Galaad. 24 Mais Dieu lui apparut en songe et lui dit : Prends garde de ne rien dire d’offensant à Jacob. 25 Jacob avait déjà tendu sa tente sur la montagne de Galaad, et Laban, l’y ayant rejoint avec ses frères, y tendit aussi la sienne.
 
26 Et il dit à Jacob : Pourquoi as-tu agi de la sorte, en m’enlevant ainsi mes filles sans m’en rien dire, comme si c’étaient des prisonnières de guerre ? 27 Pourquoi as-tu pris le dessein de t’enfuir sans que je le susse, et ne m’as-tu point averti ? Je t’aurais reconduit avec des chants de joie, au son des tambourins et des harpes ? 28 Tu ne m’as pas même permis de donner à mes filles et à mes fils le dernier baiser. Tu n’as pas agi sagement. Et maintenant 29 je (ma main) pourrais bien te rendre le mal pour le mal ; mais le Dieu de ton père m’a dit hier : Prends bien garde de ne rien dire d’offensant à Jacob.
Note Gn. 31,29 : Voir Genèse 48, 16.
30 Tu avais peut-être envie de retourner vers tes proches, et tu souhaitais de revoir la maison de ton père ; mais pourquoi m’as-tu dérobé mes idoles (dieux) ?
 
31 Jacob lui répondit : Ce qui m’a fait partir sans t’en avoir averti, c’est que j’ai eu peur que tu ne me voulusses ravir tes filles par violence. 32 Mais pour le larcin dont tu m’accuses, je consens que quiconque sera trouvé avoir pris tes idoles soit puni de mort en présence de nos frères. Cherche partout, et emporte tout ce que tu trouveras à toi ici. En disant cela, il ne savait pas que Rachel avait dérobé ses (les) idoles. 33 Laban étant donc entré dans la tente de Jacob, de Lia et des deux servantes, ne trouva point ce qu’il cherchait. Il entra ensuite dans la tente de Rachel ; 34 mais elle, ayant caché promptement les idoles sous la litière d’un (de son) chameau, s’assit dessus ; et lorsqu’il cherchait partout dans la tente de Rachel (et qu’il ne trouvait rien) ; 35 elle lui dit : Que mon seigneur ne se fâche pas si je ne puis me lever maintenant devant lui, parce que le mal qui est ordinaire aux femmes vient de me prendre. Ainsi Rachel rendit inutile cette recherche qu’il faisait avec tant de soin.
 
36 Alors Jacob, tout ému (s’emportant), fit ce reproche à Laban : Quelle faute avais-je commise, et en quoi (quel péché) t’avais-je offensé, pour t’obliger de courir après moi avec tant de chaleur (ainsi enflammé),
Note Gn. 31,36 : T’es-tu ainsi enflammé après moi ; expression elliptique dont le sens est : Pourquoi t’es-tu ainsi enflammé en courant après moi ?
37 et de fouiller tout ce qui est à moi ? Qu’as-tu trouvé ici de toutes les choses qui étaient de ta maison ? Fais-le voir devant mes frères et devant les tiens, et qu’ils soient juges entre toi et moi. 38 Est-ce donc pour cela que j’ai passé vingt années avec toi ? Tes brebis et tes chèvres n’ont point été stériles ; je n’ai point mangé les moutons (béliers) de ton troupeau ; 39 je ne t’ai rien montré de ce qui avait été pris par les bêtes (sauvages) : je prenais sur moi tout ce qui avait été perdu et t’en tenais compte, et tu exigeais de moi tout ce qui avait été dérobé ; 40 j’étais brûlé par la chaleur pendant le jour et par le froid pendant la nuit, et le sommeil fuyait de mes yeux. 41 Je t’ai servi ainsi dans ta maison vingt ans durant, quatorze pour tes filles et six pour tes troupeaux. Tu as changé dix fois ce que je devais avoir pour récompense. 42 Si le Dieu de mon père Abraham, et le Dieu que craint Isaac, ne m’eût assisté, tu m’aurais peut-être renvoyé tout nu de chez toi. Mais Dieu a regardé mon affliction et le travail de mes mains, et il t’a arrêté cette nuit par ses menaces (des reproches).
 
43 Laban lui répondit : Mes filles et mes petits-fils, tes troupeaux et tout ce que tu vois est à moi. Que puis-je faire à mes filles et à mes petits-fils ? 44 Viens donc, et faisons une alliance qui serve de témoignage entre toi et moi.
 
45 Alors (C’est pourquoi) Jacob prit une pierre, et, en ayant dressé un monument, 46 il dit a ses frères : Apportez des pierres ; et en ayant ramassé plusieurs ensemble, ils en firent un lieu élevé et mangèrent dessus.
Note Gn. 31,46 : Par l’expression ses frères, il faut probablement entendre les personnes de sa suite, et celles qui avaient accompagné Laban.
47 Laban le nomma le Monceau du témoin, et Jacob le Monceau du témoignage, chacun selon la propriété de sa langue.
Note Gn. 31,47 : Laban parle syriaque ou araméen ; Jacob parle hébreu.
48 Et Laban dit : Ce monument sera témoin aujourd’hui entre toi et moi ; c’est pourquoi il a été nommé Galaad, c’est-à-dire le Monceau du témoin. 49 Que le Seigneur nous regarde et nous juge, lorsque nous nous serons retirés l’un de l’autre. 50 Si tu maltraites (affliges) mes filles, et si tu prends encore d’autres femmes qu’elles, nul n’est témoin de nos paroles que Dieu, qui est présent et qui nous regarde. 51 Il dit encore à Jacob : Ce monument, et cette pierre que j’ai dressée entre toi et moi 52 nous serviront de témoin ; ce monument (que ce monceau), dis-je, et cette pierre porteront témoignage si je passe au delà pour aller à toi, ou si tu passes toi-même dans le dessein de venir me faire quelque mal. 53 Que le Dieu d’Abraham, le Dieu de Nachor et le Dieu de leur père soit notre juge. Jacob jura donc par le Dieu que craignait (la crainte de son père) Isaac ;
Note Gn. 31,53 : Par la crainte ; c’est-à-dire par le Dieu, objet de la crainte.
54 et après avoir immolé des victimes sur la montagne, il invita ses parents (frères) pour manger ensemble ; et, ayant mangé, ils demeurèrent là pour y passer la nuit.
Note Gn. 31,54 : Manger du pain, dans la langue des Hébreux, signifie simplement prendre de la nourriture, faire un repas. Comparer à Genèse, 3, 19.
55 Mais Laban, se levant avant qu’il fît jour, embrassa ses fils et ses filles, les bénit et s’en retourna chez lui.

Chapitre 32

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Chap. : 
Jacob fait annoncer son retour à Esaü ; celui-ci vient au-devant de lui.
Lutte de Jacob avec un ange.
Genèse 32, 1-16 : Prière de Jacob - Gravure de Gustave Doré
Genèse 32, 1-16 : Prière de Jacob - Gravure de Gustave Doré
1 Jacob continuant son chemin, rencontra des anges de Dieu.
Note Gn. 32,1 : Voir Genèse, 48, 16.
 
2 Et, les ayant vus, il dit : Voici le camp de Dieu, et il appela ce lieu-là Mahanaïm, c’est-à-dire (le) camp.
Note Gn. 32,2 : Mahanaïm, à l’est du Jourdain, au nord du Jaboc.
3 Il envoya en même temps des gens (messagers) devant lui pour donner avis de sa venue à son frère Esaü, en la terre de Séir, au pays (dans la contrée) d’Edom ;
Note Gn. 32,3 : Séir, Edom, l’Idumée. Voir Marc, note 3.8. ― Esaü ne s’était pas encore établi définitivement en Idumée, voir plus loin, Genèse, 36, 6, mais il y vivait alors en nomade, pour y faire paître ses troupeaux, et il fit plus tard la conquête du pays.
 
4 et il leur donna cet ordre : Voici la manière dont vous parlerez à Esaü : Mon seigneur, Jacob, votre frère, vous envoie dire ceci : J’ai demeuré comme étranger chez Laban, et j’y ai été jusqu’à ce jour. 5 J’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes ; et j’envoie maintenant (un message) vers mon seigneur, afin que je trouve grâce devant lui. 6 Ceux que Jacob avait envoyés revinrent lui dire : Nous sommes allés vers votre frère Esaü, et le voici qui vient lui-même en grande hâte au-devant de vous avec quatre cents hommes.
 
7 A ces mots, Jacob eut une grande peur ; et dans la frayeur dont il fut saisi, il divisa en deux troupes tous ceux qui étaient avec lui, et aussi les troupeaux, les brebis, les bœufs et les chameaux, 8 en disant : Si Esaü vient attaquer une des troupes, l’autre qui restera sera sauvée. 9 Jacob dit ensuite : Dieu d’Abraham mon père, Dieu de mon père Isaac, Seigneur qui m’avez dit : Retourne en ton pays et au lieu de ta naissance, et je te comblerai de bienfaits ;
 
10 je suis indigne de toutes vos miséricordes, et de la vérité (fidélité) que vous avez gardée envers votre serviteur. J’ai passé ce fleuve du Jourdain n’ayant qu’un bâton, et je retourne maintenant avec ces deux troupes. 11 Délivrez-moi, je vous prie, de la main de mon frère Esaü, parce que je le crains extrêmement, de peur qu’à son arrivée il ne frappe la mère avec les enfants. 12 Vous m’avez promis de me combler de biens et de multiplier ma race (postérité) comme le sable de la mer, dont la multitude est innombrable. 13 Jacob ayant passé la nuit en ce même lieu, il sépara de tout ce qui était à lui ce qu’il avait destiné pour en faire présent à Esaü, son frère :
 
14 Deux cents chèvres, vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers ; 15 trente femelles de chameaux (pleines) avec leurs petits, quarante vaches, vingt taureaux, vingt ânesses et dix ânons. 16 (Et) Il envoya séparément chacun de ces troupeaux, qu’il fit conduire par ses serviteurs, et il dit à ses hommes : Marchez toujours devant, et qu’il y ait de l’espace entre un troupeau et l’autre. 17 Il dit à celui qui marchait le premier : Si vous rencontrez Esaü, mon frère, et qu’il vous demande : A qui êtes-vous ? ou bien : Où allez-vous ? ou : A qui sont ces bêtes que vous menez ? 18 Vous lui répondrez : Elles sont à Jacob, votre serviteur qui les envoie pour présent à mon seigneur Esaü, et il vient lui-même après nous. 19 Il donna aussi le même ordre au second, au troisième, et à tous ceux qui conduisaient les troupeaux, en leur disant : Lorsque vous rencontrerez Esaü, vous lui direz la même chose. 20 Et vous ajouterez : Jacob, votre serviteur, vient aussi lui-même après nous. Car Jacob disait (a dit) : Je l’apaiserai par les présents qui vont devant moi ; et ensuite, quand je le verrai, peut-être me regardera-t-il favorablement. 21 Les présents marchèrent donc devant Jacob, et pour lui il demeura pendant cette nuit dans son camp.
Genèse 32, 22-31 : Lutte de Jacob avec l'ange - Gravure de Gustave Doré
Genèse 32, 22-31 : Lutte de Jacob avec l'ange - Gravure de Gustave Doré
22 Et s’étant levé de fort bonne heure, il prit ses deux femmes et leurs deux servantes, avec ses onze fils, et passa le gué du Jaboc.
Note Gn. 32,22 : Le gué de Jaboc. Jaboc, sur la rive gauche du Jourdain, s’appelle aujourd’hui ouadi Zerka, le bleu, à cause de la couleur de ses eaux. Il se jette dans le Jourdain, entre le lac de Tibériade et la mer Morte, plus près de cette dernière. Il prend sa source à l’est du plateau de Galaad. Près de son embouchure, il n’est jamais à sec, et en hiver, il est souvent impossible de le passer à gué.
 
23 Après avoir fait passer tout ce qui était à lui, 24 il demeura seul en ce lieu-là. Et il parut en même temps un homme qui lutta contre lui jusqu’au matin.
Note Gn. 32,24 : Un homme ; le prophète Osée (12, 4) lui donne le nom d’ange.
 
25 Cet homme, voyant qu’il ne pouvait le surmonter, lui toucha le nerf de la cuisse, qui se sécha aussitôt. 26 Et il lui dit : Laisse-moi aller, car l’aurore commence déjà à paraître. Jacob lui répondit : Je ne vous laisserai point aller que vous ne m’ayez béni. 27 Cet homme lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Il lui répondit : Je m’appelle Jacob. 28 Et le même homme ajouta : On ne te nommera plus à l’avenir Jacob, mais Israël ; car si tu as été fort contre Dieu, combien le seras-tu davantage contre les hommes ?
Note Gn. 32,28 : On ne t’appellera plus, etc. c’est-à-dire : Tu ne t’appelleras plus seulement Jacob, tu t’appelleras aussi Israël. Ce dernier nom fut donné plus particulièrement à ses descendants, puisqu’ils ne furent connus que sous la dénomination d’Israélites.
29 Jacob lui fit ensuite cette demande : Dites-moi, je vous prie, comment vous vous appelez. Il lui répondit : Pourquoi me demandes-tu mon nom ? Et il le bénit en ce même lieu. 30 Jacob donna le nom de Phanuel à ce lieu-là, en disant : J’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.
Note Gn. 32,30 : Comme on l’a déjà remarqué plusieurs fois, par le mot âme les Hébreux entendaient souvent la personne, l’individu même. Comme c’était anciennement une opinion générale que l’on ne pouvait Dieu ou un ange sans en mourir, quelques interprètes supposent que le sens de ce passage est : J’ai vu le Seigneur, et cependant je n’en suis pas mort ; mais il est plus naturel de croire que Jacob voulait dire par là que Dieu l’avait délivré de la frayeur extrême qu’il avait de son frère Esaü, au-devant duquel il alla ensuite avec plus de confiance. ― Phanuel était probablement entre le Djébel Adjloun et le Djébel Djeloud.
31 Aussitôt qu’il eut passé ce lieu qu’il venait de nommer Phanuel, il vit le soleil qui se levait, mais il se trouva boiteux (boitait) d’une jambe. 32 C’est pour cette raison que jusqu’aujourd’hui les enfants d’Israël ne mangent point du nerf des bêtes, se souvenant de celui qui fut touché en (du nerf qui se dessécha dans) la cuisse de Jacob, et qui demeura sans mouvement.

Chapitre 33

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Chap. : 
Rencontre de Jacob et d’Esaü.
Jacob se retire à Socoth, et de là il se rend à Sichem.
Genèse 33, 1-14 : Réconciliation de Jacob et d'Ésaü - Gravure de Gustave Doré
Genèse 33, 1-14 : Réconciliation de Jacob et d'Ésaü - Gravure de Gustave Doré
1 (Mais) Jacob, levant ensuite les yeux, vit Esaü, qui s’avançait avec quatre cents hommes et il partagea (aussitôt) les enfants de Lia, de Rachel et des deux servantes. 2 Il mit à la tête les deux servantes avec leurs enfants, Lia et ses enfants au second rang, Rachel et Joseph au dernier.
 
3 Et lui s’avançant, se prosterna sept fois en terre, jusqu’à ce que son frère fût près de lui.
Note Gn. 33,3 : Se prosterna ; littéralement : adora. Voir Genèse, 18, 2.
4 Alors (C’est pourquoi) Esaü courut au-devant de son frère, l’embrassa, le serra étroitement (son cou) et le baisa en versant des larmes.
 
5 Et, ayant levé les yeux, il vit les femmes et leurs enfants, et il dit à Jacob : Qui sont ceux-là ? Sont-ils à toi ? Jacob lui répondit : Ce sont les petits enfants que Dieu a donnés à votre serviteur. 6 Et les servantes, s’approchèrent (s’approchant) avec leurs enfants, le saluèrent profondément. 7 Lia (aussi) s’approcha avec ses enfants, et, l’ayant aussi salué, Joseph et Rachel le saluèrent les derniers.
 
8 Alors Esaü lui dit : Qu’elles sont ces troupes que j’ai rencontrées ? Jacob lui répondit : Je les ai envoyées pour trouver grâce devant mon seigneur. 9 Esaü lui répondit : J’ai les biens en abondance, mon frère ; garde pour toi ce qui est à toi. 10 Jacob ajouta : Ne parlez pas ainsi, je vous prie ; mais si j’ai trouvé grâce devant vous, recevez de ma main ce petit présent. Car j’ai vu aujourd’hui votre visage comme si je voyais le visage de Dieu. Soyez-moi donc favorable, 11 et recevez ce présent (cette bénédiction) que je vous ai offert et que j’ai reçu de Dieu, qui donne toutes choses. Esaü, après ces instances de son frère, reçut avec peine ce qu’il lui donnait ;
Note Gn. 33,11 : Bénédiction. On appelait ainsi les présents, parce qu’ordinairement ils étaient accompagnés de bénédictions de la part de ceux qui les recevaient et de ceux qui les faisaient.
 
12 et il lui dit : Allons ensemble, et je t’accompagnerai dans ton chemin. 13 Jacob lui répondit : Vous savez, mon seigneur, que j’ai avec moi des enfants fort petits (bien faibles encore), et des brebis et des vaches pleines ; si je les lasse en les faisant marcher trop vite, tous mes troupeaux mourront en un même jour. 14 Que mon seigneur marche donc devant son serviteur, et je le suivrai tout doucement (peu à peu), selon que je verrai que mes petits (enfants) le pourront faire, jusqu’à ce que j’arrive chez mon seigneur, en Séir. 15 Esaü lui dit : Je te prie, qu’il demeure au moins quelques-uns des gens que j’ai avec moi pour t’accompagner dans ton chemin. Jacob lui répondit : Cela n’est pas nécessaire ; je n’ai besoin, mon seigneur, que d’une seule chose, qui est de trouver grâce devant vous. 16 Esaü s’en retourna donc le même jour en Séir, par le même chemin qu’il était venu.
 
17 Et Jacob vint à Socoth, où, ayant bâtit une maison et dressé ses tentes, il appela ce lieu-là Socoth, qui veut dire les tentes.
Note Gn. 33,17 : Socoth, sur la rive gauche et dans la vallée du Jourdain, probablement au sud du Jaboc. Cette localité appartint plus tard à la tribu de Gad.
 
18 Il passa ensuite jusqu’à Salem qui est une ville des Sichémites, dans le pays de Chanaan, et il demeura près de cette ville après son retour de Mésopotamie, qui est en Syrie.
Note Gn. 33,18 : A Salem, village près de Sichem, d’après les uns ; substantif commun, signifiant, d’après les autres, que Jacob arriva sans accident à Sichem.
19 Il acheta une partie du champ dans lequel il avait dressé ses tentes, et il la paya cent agneaux aux enfants d’Hémor, père de Sichem.
Note Gn. 33,19 : Il acheta une portion du champ. Voir Jean, note 4.5-6.
20 Et, ayant dressé là un autel, il y invoqua le Dieu très fort d’Israël.

Chapitre 34

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Chap. : 
Dina, fille de Jacob, est violée par Sichem, fils d’Hémor.
Siméon et Lévi égorgent les Sichémites.
1 Alors (Or) Dina, fille de Lia, sortit pour voir les femmes du pays. 2 Et Sichem, fils d’Hémor Hévéen, prince du pays, l’ayant vue, conçut un grand amour pour elle et l’enleva, et dormit avec elle par force et par violence. 3 Son cœur (âme) demeura fortement attaché à Dina, et, la voyant triste, il tâcha de la gagner (adoucit sa tristesse) par ses caresses. 4 Il alla ensuite trouver Hémor, son père, et il lui dit : Obtiens-moi cette jeune fille pour femme. 5 Jacob ayant été averti de cette violence, lorsque ses enfants étaient absents et occupés à la conduite de leurs troupeaux, il ne parla de rien jusqu’à ce qu’ils fussent revenus.
 
6 Cependant Hémor, père de Sichem, vint pour lui parler. 7 En même temps les enfants de Jacob revinrent des champs ; et ayant appris ce qui était arrivé, ils entrèrent en une grande colère, à cause de l’action honteuse que cet homme avait commise contre Israël, en violant et traitant si outrageusement la fille de Jacob.
Note Gn. 34,7 : Contre Israël ; c’est-à-dire contre Jacob, qui vient d’être nommé Israël, voir Genèse, 32, 28.
8 Hémor leur parla donc et leur dit : Le cœur (âme) de mon fils Sichem est fortement attaché à votre fille. Donnez-la-lui, afin qu’il l’épouse. 9 Allions-nous réciproquement les uns avec les autres. Donnez-nous vos filles en mariage, et prenez aussi les nôtres. 10 Habitez avec nous ; la terre est en votre puissance ; cultivez-la, trafiquez-y et possédez-la. 11 Sichem dit aussi au père et aux frères de Dina : Que je trouve grâce devant vous, et je vous donnerai tout ce que vous désirerez. 12 Augmentez la dot ; demandez des présents, et je vous donnerai volontiers ce que vous voudrez ; donnez-moi seulement cette jeune fille, afin que je l’épouse.
 
13 Les enfants (fils) de Jacob répondirent à Sichem et à son père, avec dessein de les tromper, étant tout transportés de colère, à cause de l’outrage fait à leur sœur : 14 Nous ne pouvons faire ce que vous demandez, ni donner notre sœur à un homme incirconcis ; ce qui est une chose défendue et abominable (criminelle) parmi nous. 15 Mais nous pourrons bien faire alliance avec vous, pourvu que vous vouliez devenir semblables à nous, et que tout mâle parmi vous soit circoncis. 16 Nous vous donnerons alors nos filles en mariage, et nous prendrons les vôtres ; nous demeurerons avec vous, et nous ne serons plus qu’un peuple. 17 Que si vous ne voulez point être circoncis, nous reprendrons notre fille et nous nous retirerons.
 
18 Cette offre plut à Hémor et à Sichem, son fils ; 19 et ce jeune homme ne différa pas davantage à exécuter ce qu’on lui avait proposé, parce qu’il aimait (extrêmement) la jeune fille (avec passion). Or il était très considéré dans la maison de son père. 20 Etant donc entrés dans l’assemblée qui se tenait à la porte de la ville, ils parlèrent ainsi au peuple :
Note Gn. 34,20 : La porte de la ville était le lieu des assemblées du peuple.
21 Ces hommes sont paisibles, et ils veulent (bien) habiter avec nous. Permettons-leur de trafiquer dans cette terre et de la cultiver ; car, spacieuse et étendue comme elle est, elle a besoin de gens qui s’appliquent à la cultiver ; nous prendrons leurs filles en mariage, et nous leur donnerons les nôtres. 22 Il n’y a qu’une chose qui pourrait différer un si grand bien : C’est qu’auparavant nous devons circoncire tous les mâles parmi nous, pour nous conformer à la coutume de ce peuple. 23 Et après cela leurs biens, leurs troupeaux et tout ce qu’ils possèdent sera à nous. Donnons-leur seulement cette satisfaction, et nous demeurerons ensemble pour ne faire plus qu’un même peuple. 24 Ils donnèrent tous leur consentement, et tous les mâles furent circoncis.
 
25 Mais le troisième jour, lorsque la douleur des plaies de la circoncision est le plus violente, deux des enfants de Jacob, Siméon et Lévi, qui étaient frères de Dina, entrèrent hardiment dans la ville l’épée à la main, tuèrent tous les mâles,
Note Gn. 34,25 : Voir Genèse 49, 6.
26 et entre autres Hémor et Sichem, et ensuite ils emmenèrent de la maison de Sichem leur sœur Dina. 27 Après qu’ils furent sortis, les autres enfants de Jacob se jetèrent sur les morts, pillèrent toute la ville pour venger l’outrage fait à leur sœur, 28 prirent (ravageant) les brebis, les bœufs et les ânes, ruinèrent tout ce qui était dans les maisons et dans les champs, 29 et emmenèrent les femmes captives avec leurs petits enfants.
 
30 Après cette exécution violente (audacieux forfait commis), Jacob dit à Siméon et à Lévi : Vous m’avez (profondément) troublé, et vous m’avez rendu odieux aux Chananéens et aux Phérézéens qui habitent ce pays. Nous ne sommes que peu de monde ; et ils s’assembleront tous pour m’attaquer, et ils me perdront avec toute ma maison. 31 Ses enfants lui répondirent : Devaient-ils abuser ainsi de notre sœur comme d’une prostituée ?

Chapitre 35

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Chap. : 
Voyage de Jacob à Béthel.
Naissance de Benjamin.
Dénombrement des fils de Jacob.
Mort d’Isaac.
1 Cependant Dieu parla à Jacob et lui dit : Lève-toi, et monte à Béthel ; demeures-y, et dresse un autel au Dieu qui t’apparut lorsque tu fuyais Esaü, ton frère.
Note Gn. 35,1 : Voir Genèse, 28, 13. ― Béthel. Voir Genèse, 12, 8.
2 Alors Jacob, ayant assemblé tous ceux de sa maison, leur dit : Jetez loin de vous les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, purifiez-vous, et changez de vêtements. 3 Venez, montons à Béthel pour y dresser un autel à Dieu, qui m’a exaucé au jour de mon affliction, et qui m’a accompagné pendant mon voyage. 4 Ils lui donnèrent donc tous les dieux étrangers qu’ils avaient, et leurs pendants d’oreilles ; et Jacob les enfouit sous un térébinthe qui est derrière la ville de Sichem.
Note Gn. 35,4 : Sichem. Voir Genèse, note 12.6.
5 Et lorsqu’ils se furent mis en chemin, Dieu frappa de terreur toutes les villes voisines, et on n’osa pas les poursuivre dans leur retraite.
Note Gn. 35,5 : La terreur de Dieu; c’est-à-dire la terreur que Dieu inspira ; ou bien, la terreur la plus grande. Comparer à Genèse, 23, 6.
6 Ainsi Jacob, et tout le peuple (ses gens) qui était avec lui, vint à Luza, surnommée Béthel, qui était dans le pays de Chanaan. 7 Il y bâtit un autel et nomma ce lieu la Maison de Dieu, parce que Dieu lui était apparu en ce lieu-là lorsqu’il fuyait Esaü, son frère.
Note Gn. 35,7 : Voir Genèse, 28, 13.
 
8 En ce même temps, Débora, nourrice de Rébecca, mourut et fut enterrée sous un chêne au pied de Béthel, et ce lieu fut nommé le Chêne de(s) pleur(s).
 
9 Or (Mais) Dieu apparut encore à Jacob depuis son retour de Mésopotamie, qui est en Syrie ; (et) il le bénit, 10 et lui dit : Tu ne seras plus nommé Jacob, mais Israël sera ton nom. Et Dieu le nomma Israël.
Note Gn. 35,10 : Voir Genèse, 32, 28. ― Dieu renouvelle ici à Jacob le nom d’Israël, qu’il a déjà reçu. Comparer à Genèse, 32, 18.
11 Il lui dit encore : Je suis le Dieu tout-puissant ; crois et multiplie-toi. Tu seras le chef de nations et d’une multitude de peuples, et des rois sortiront de toi. 12 Je te donnerai, et à ta race (postérité) après toi, la terre que j’ai donnée à Abraham et à Isaac. 13 Dieu se retira ensuite. 14 Et Jacob dressa un monument de pierre au lieu où Dieu lui avait parlé ; il offrit du vin dessus et y répandit de l’huile ; 15 et il appela ce lieu Béthel.
 
16 Après qu’il fut parti de ce lieu-là, il vint au printemps sur le chemin qui mène à Ephrata, où Rachel, étant en travail, 17 et ayant grande peine à enfanter, elle se trouva en péril de sa vie. La sage-femme lui dit : Ne crains point, car tu auras encore ce fils. 18 Mais Rachel, qui sentait que la violence de la douleur la faisait mourir, étant prête d’expirer, nomma son fils Bénoni, c’est-à-dire le fils de ma douleur ; et le (mais son) père le nomma Benjamin, c’est-à-dire fils de la droite. 19 Rachel mourut donc ; et elle fut ensevelie dans le chemin qui conduit à la ville d’Ephrata, appelée depuis Bethléem.
Note Gn. 35,19 : Ephrata, c’est Bethléem. Voir Matthieu, note 2.1. On voit encore sur la route de Jérusalem à Bethléem le tombeau appelé de Rachel, qui marque probablement l’emplacement de sa sépulture, quoique le monument ne soit pas celui qu’avait élevé Jacob.
20 (Et) Jacob dressa un monument de pierre sur son sépulcre. C’est ce (le) monument (du sépulcre) de Rachel que l’on voit encore aujourd’hui.
Note Gn. 35,20 : Voir Genèse, 48, 7.
 
21 Après qu’il fut sorti de ce lieu, il dressa sa tente au-delà de la Tour du troupeau. 22 Et lorsqu’il demeurait en ce lieu-là, Ruben dormit avec Bala, qui était femme de son père, et cette action ne put lui être cachée. Or Jacob avait douze fils.
Note Gn. 35,22 : Voir Genèse, 49, 4.
 
23 Les fils de Lia étaient Ruben, l’aîné de tous, Siméon, Lévi, Juda, Issachar et Zabulon. 24 Les fils de Rachel sont Joseph et Benjamin. 25 Les fils de Bala, servante de Rachel, Dan et Nephtali. 26 Les fils de Zelpha, servante de Lia, Gad et Aser. Ce sont là les fils de Jacob, qu’il eut en Mésopotamie de Syrie.
 
27 Jacob vint ensuite trouver Isaac, son père, à Mambré, à la ville d’Arbé, appelée depuis Hébron, où Abraham et Isaac avaient demeuré comme étrangers.
Note Gn. 35,27 : Hébron. Voir Genèse, note 13.18.
 
28 Isaac avait alors cent quatre-vingt ans accomplis.
 
29 Et ses forces étant épuisées par son grand âge, il mourut. Ayant donc achevé sa carrière dans une extrême vieillesse, il fut réuni à son peuple, et ses enfants Esaü et Jacob l’ensevelirent.

Chapitre 36

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Chap. : 
Dénombrement des descendants d’Esaü.
1 Voici le dénombrement des enfants (les générations) d’Esaü, appelé aussi Edom.
 
2 Esaü épousa des femmes d’entre les filles de Chanaan : Ada, fille d’Elon, Héthéen, et Oolibama, fille d’Ana, fille de Sébéon, Hévéen.
Note Gn. 36,2 : Les femmes d’Esaü sont nommées autrement (voir Genèse, 26, 34). Il n’était pas rare chez les Hébreux de voir la même personne porter plusieurs noms.
3 Il épousa aussi Bazemath, fille d’Ismaël et sœur de Nabaïoth. 4 Ada enfanta Eliphaz ; Bazemath fut mère de Rahuel.
Note Gn. 36,4 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 35.
5 Oolibama eut pour fils Jéhus, Ihélon et Coré. Ce sont là les fils d’Esaü, qui lui naquirent au pays de Chanaan.
 
6 Or Esaü prit ses femmes, ses fils, ses filles et toutes les personnes de sa maison, son bien, ses bestiaux et tout ce qu’il possédait en la terre de Chanaan, et il s’en alla en un autre pays, loin de son frère Jacob.
Note Gn. 36,6 : Il s’en alla dans une autre contrée, dans la montagne de Séir. Voir Genèse, note 32.8.
7 Car, comme ils étaient extrêmement riches, ils ne pouvaient demeurer ensemble, et la terre où ils séjournaient ne pouvait les contenir à cause de la multitude de leurs troupeaux.
Note Gn. 36,7 : Voir Genèse, 13, 6.
8 (Ainsi) Esaü, appelé aussi Edom, habita sur la montagne de Séir.
Note Gn. 36,8 : Voir Josué, 24, 4.
 
9 Voici la postérité (les générations) d’Esaü, père d’Edom, dans la montagne de Séir.
 
10 Et voici les noms de ses enfants (fils). Eliphaz fut fils d’Ada, femme d’Esaü, et Rahuel fils de Bazemath, qui fut aussi sa femme.
Note Gn. 36,10 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 35. ― Le mot fils comprend souvent, dans l’Ecriture, les petits-fils, les descendants. ― Sa femme, c’est-à-dire la femme d’Esaü.
11 Les fils d’Eliphaz furent Théman, Omar, Sépho, Gatham et Cénez. 12 Eliphaz, fils d’Esaü, avait encore une femme nommée Thamna, qui lui enfanta Amalech. Ce sont là les fils d’Ada, femme d’Esaü. 13 Les fils de Rahuel furent Nahath, Zara, Samma et Meza. Ce sont là les fils de Bazemath, femme d’Esaü. 14 Jéhus, Ihélon et Coré furent fils d’Oolibama, femme d’Esaü ; elle était fille d’Ana, fille de Sébéon.
 
15 Voici les princes (chef) d’entre les enfants d’Esaü, fils d’Eliphaz, fils aîné d’Esaü : le prince (chef) Théman, le prince Omar, le prince Sépho, le prince Cénez, 16 le prince Coré, le prince Gatham, le prince Amalech. Ce sont là les fils d’Eliphaz, dans le pays d’Edom, et les fils d’Ada. 17 Les enfants de Rahuel, fils d’Esaü, furent le prince Nahath, le prince Zara, le prince Samma, le prince Meza. Ce sont là les princes issus de Rahuel, au pays d’Edom ; et ce sont les fils de Bazemath, femme d’Esaü. 18 Les fils d’Oolibama, femme d’Esaü, furent le prince Jéhus, le prince Ihélon, le prince Coré. Ce sont là les princes issus d’Oolibama, fille d’Ana et femme d’Esaü. 19 Voilà les fils d’Esaü, appelé aussi Edom, et ceux d’entre eux qui ont été princes (chefs).
 
20 Les fils de Séir, Horréen, qui habitaient alors ce pays-là, sont Lotan, Sobal, Sébéon et Ana,
Note Gn. 36,20 : Voir 1 Paralipomènes, 1, 38. Horréen. C’est le mot qui a été écrit Chorréen, voir Genèse, 14, 6.
21 Dison, Eser et Disan. Ce sont là les princes (chefs) horréens, fils de Séir, dans le pays d’Edom. 22 Les fils de Lotan furent Hori et Héman ; et ce Lotan avait une sœur nommée Thamna. 23 Les fils de Sobal furent Alvan, Manahat, Ebal, Sépho et Onam. 24 Les fils de Sébéon furent Aïa et Ana. C’est cet Ana qui trouva des eaux chaudes dans le désert, lorsqu’il conduisait les ânes de Sébéon, son père. 25 Il eut un fils nommé Dison, et une fille nommée Oolibama. 26 Les fils de Dison furent Hamdan, Eséban, Jéthram et Charan. 27 Les fils d’Eser furent Balaan, Zavan et Achan. 28 Les fils de Disan furent Hus et Aram.
 
29 Voici les princes (chefs) des Horréens : le prince Lotan, le prince Sobal, le prince Sébéon, le prince Ana, 30 le prince Dison, le prince Eser, le prince Disan. Ce sont là les princes (chefs) des Horréens, qui commandèrent dans le pays de Séir.
 
31 (Mais) Les rois qui régnèrent aux pays d’Edom avant que les enfants d’Israël eussent un roi furent ceux-ci :
Note Gn. 36,31 : Avant que les enfants d’Israël eussent un roi. Comme les Israélites n’ont eu des rois que plusieurs siècles après la mort de Moïse, quelques critiques supposent que ces paroles ont été ajoutées au texte par une main postérieure. Mais cette supposition paraît peu fondée ; car, sans prétendre absolument que Moïse ait fait cette réflexion par esprit prophétique, il est incontestable qu’il n’a pas vu s’accomplir de son temps la promesse divine, faite à Abraham, à Isaac et à Jacob (voir Genèse, 17, vv. 6, 16 ; 35, 11), que des rois sortiraient de leur race. D’ailleurs n’a-t-il pas pu prendre ici le mot roi dans le sens vague et général de chef, gouverneur, comme il est pris, voir Juges, 17, 6 ; Psaumes, 118, 46, etc., et comme il lui est donné à lui-même, voir Deutéronome, 33, 5, et vouloir dire, en conséquence, que les Iduméens eurent des rois avant que les Israélites formassent un peuple et l’eussent lui-même pour chef ?
32 Béla, fils de Béor ; et sa ville s’appelait Denaba. 33 Béla étant mort, Jobab, fils de Zara, de Bosra, régna en sa place.
Note Gn. 36,33 : Bosra, ville d’Idumée (différente d’une autre Bosra située dans le pays de Moab), aujourd’hui El-Buseiréh, dans le district de Djebâl. Bosra fut pendant quelques temps la capitale de l’Idumée. On voit ses ruines à deux heures trois quarts de marche au sud de Toufiléh.
34 Après la mort de Jobab, Husam qui était du pays des Thémanites, lui succéda. 35 Celui-ci étant mort, Adad, fils de Badad, régna après lui. Ce fut lui qui défit les Madianites au pays de Moab. Sa ville s’appelait Avith. 36 Adad étant mort, Semla, qui était de Masréca, lui succéda. 37 Après la mort de Semla, Saül, qui était sur le fleuve de Rohoboth, régna en (à) sa place. 38 Saül étant mort, Balanan, fils d’Achobor, lui succéda (au royaume). 39 Après la mort de Balanan, Adar régna en sa place. Sa ville s’appelait Phaü, et sa femme se nommait Méétabel, fille de Matred, fille de Mézaab.
 
40 Voici les noms des princes (chefs) issus d’Esaü, selon leurs familles, leurs territoires et leurs noms : le prince Thamna, le prince Alva, le prince Jétheth,
Note Gn. 36,40 : Selon leurs familles, etc., c’est-à-dire selon les noms de leurs familles et de leurs demeures. Comparer à Genèse, 3, 16 et 25, 13.
41 le prince Oolibama, le prince Ela, le prince Phinon, 42 le prince Cénez, le prince Théman, le prince Mabsar, 43 le prince Magdiel et le prince Hiram. Ce sont là les princes (chefs) sortis d’Edom, qui ont habité dans les terres de son empire (le pays de leur domination). C’est là Esaü, père des Iduméens.

Chapitre 37

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Chap. : 
Jalousie des fils de Jacob contre Joseph, leur frère ; ils le vendent, et il est mené en Egypte.
Genèse 37, 1-4 et 20-28 : Joseph vendu par ses frères - Gravure de Gustave Doré
Genèse 37, 1-4 et 20-28 : Joseph vendu par ses frères - Gravure de Gustave Doré
1 (Mais) Jacob demeura dans le pays de Chanaan, où son père avait été comme étranger ;
 
2 et voici ses générations : Joseph, âgé de seize ans, et n’étant encore qu’un enfant, conduisait le troupeau de son père avec ses frères, et il était avec les enfants de Bala et de Zelpha, femmes de son père. Il accusa alors ses frères, devant son père, d’un crime énorme (détestable).
 
3 (Or) Israël aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu’il l’avait eu étant déjà vieux ; et il lui avait faire une robe de plusieurs couleurs. 4 Ses frères, voyant donc que leur père l’aimait plus que tous ses autres enfants (frères), le haïssaient et ne pouvaient lui parler avec douceur.
 
5 Il arriva aussi que Joseph rapporta à ses frères un songe qu’il avait eu, qui fut encore la semence d’une plus grande haine. 6 Car il leur dit : Ecoutez le songe que j’ai eu. 7 Il me semblait que je liais (nous) des gerbes dans la campagne, que ma gerbe se leva et se tint debout, et que les vôtres, entourant la mienne, l’adoraient. 8 Ses frères lui répondirent : Est-ce que tu seras notre roi, et (ou) serons-nous soumis à ta puissance ? Ces songes et ses entretiens allumèrent donc encore davantage l’envie et la haine qu’ils avaient contre lui.
 
9 Il eut encore un autre songe, qu’il raconta à ses frères, en leur disant : J’ai vu en songe que (comme) le soleil et la lune, et onze étoiles m’adoraient. 10 Lorsqu’il eut rapporté ce songe à son père et à ses frères, son père lui en fit réprimande, et il lui dit : Que voudrait dire ce songe que tu as eu ? Est-ce que ta mère, tes frères et moi nous t’adorerons sur la terre ? 11 Ainsi ses frères étaient transportés d’envie contre lui ; mais son père considérait tout cela en silence.
 
12 Il arriva alors que les frères de Joseph s’arrêtèrent à Sichem, où ils faisaient paître les troupeaux de leur père.
Note Gn. 37,12 : A Sichem. Voir Genèse, note 12.6.
13 Et Israël dit à Joseph : Tes frères font paître nos brebis dans le pays de Sichem ; viens, et je t’enverrai vers eux. 14 Je suis tout prêt, lui dit Joseph. Jacob ajouta : Va, et vois si tes frères se portent bien et si les troupeaux sont en bon état, et tu me rapporteras ce qui se passe. Ayant donc été envoyé de la vallée d’Hébron, il vint à Sichem ;
Note Gn. 37,14 : De la vallée d’Hébron. Voir Genèse, 13, 18.
15 et un homme, l’ayant trouvé errant dans la campagne, lui demanda ce qu’il cherchait. 16 Il lui répondit : Je cherche mes frères ; je vous prie de me dire où ils font paître leurs troupeaux. 17 Cet homme lui répondit : Ils se sont retirés de ce lieu, et j’ai entendu qu’ils se disaient : Allons vers Dothaïn. Joseph alla donc après ses frères, et il les trouva à Dothaïn.
Note Gn. 37,17 : Dothaïn, au sud d’Engannim, aujourd’hui Djénin, au sortir de la plaine d’Esdrelon, sur la route qui mène de Damas dans la Palestine du Sud et en Egypte.
 
18 Lorsqu’ils l’eurent aperçu de loin, avant qu’il se fût approché d’eux, ils résolurent de le tuer ; 19 et ils se disaient l’un à l’autre : Voici notre (le) songeur qui vient. 20 Allons, tuons-le et jetons-le dans une vieille citerne ; nous dirons qu’une bête sauvage l’a dévoré, et après cela on verra à quoi ses songes lui auront servi.
Note Gn. 37,20 : Dans une vieille citerne. Il y a à Dothaïn de nombreuses citernes taillées dans le roc, et comme elles ont la forme d’une bouteille avec un orifice étroit, il était impossible à celui qui y était emprisonné d’en sortir.
21 Ruben, les ayant entendus parler ainsi, tâchait de le tirer d’entre leurs mains, et il leur disait : 22 Ne le tuez point (son âme) et ne répandez point son sang, mais jetez-le dans cette citerne qui est au désert, et conservez vos mains pures. Il disait cela dans le dessein de le tirer de leurs mains et de le rendre à son père.
Note Gn. 37,22 : Voir Genèse, 42, 22. Son âme ; c’est-à-dire lui. Voir Genèse, 18, 2.
23 Aussitôt donc que Joseph fut arrivé près de ses frères, ils lui ôtèrent sa robe de plusieurs couleurs, qui le couvrait jusqu’en bas ; 24 et ils le jetèrent dans cette (la) vieille citerne, qui était sans eau. 25 S’étant ensuite assis pour manger, ils virent des Ismaélites qui passaient, et qui, venant de Galaad, portaient sur leurs chameaux des parfums (aromates), de la résine et de la myrrhe (stacté), et s’en allaient en Egypte.
Note Gn. 37,25 : Voir, pour l’expression de manger du pain, Genèse, 31, 54. ― Tous les orientaux recherchent beaucoup les parfums, mais en Egypte on en faisait une consommation plus grande encore qu’ailleurs pour embaumer les morts.
 
26 Alors Juda dit à ses frères : Que nous servira de tuer notre frère et d’avoir caché sa mort ? 27 Il vaut mieux le vendre à ces Ismaélites et ne point souiller nos mains, car il est notre frère et notre chair. Ses frères consentirent à ce qu’il disait. 28 L’ayant donc tiré de la citerne, et voyant ces marchands madianites qui passaient, ils le vendirent vingt pièces d’argent aux Ismaélites, qui le menèrent en Egypte.
Note Gn. 37,28 : Voir Sagesse, 10, 13. ― Des marchands madianites. Comme dans le texte hébreu cette expression ne porte pas l’article déterminatif, beaucoup d’interprètes supposent que ces Madianites faisaient partie de la caravane d’Ismaélites dont il est parlé aux versets 25 et 27.
 
29 Ruben étant retourné à la citerne, et n’y ayant point trouvé l’enfant, 30 déchira ses vêtements et vint dire à ses frères : L’enfant ne paraît plus ; et que deviendrai-je ? 31 Après cela ils prirent la robe de Joseph, et l’ayant trempée dans le sang d’un chevreau qu’ils avaient tué, 32 ils l’envoyèrent à son père, lui faisant dire par ceux qui la lui portaient : Voici une robe que nous avons trouvée ; vois si c’est celle de ton fils, ou non. 33 Le père l’ayant reconnue, dit : C’est la robe de mon fils ; une bête cruelle l’a dévoré, une bête a dévoré Joseph. 34 Et ayant déchiré ses vêtements, il se couvrit d’un cilice, pleurant son fils fort longtemps. 35 Alors tous ses enfants s’assemblèrent pour tâcher de soulager leur père dans sa douleur ; mais il ne voulut point recevoir de consolation, et il leur dit : Je pleurerai toujours, jusqu’à ce que je descende avec mon fils au séjour des morts (en enfer, note). Ainsi il continua toujours de pleurer.
Note Gn. 37,35 : Par le mot enfer (hébreu scheôl), il faut entendre, non le sépulcre, le tombeau (hébreu kéber), mais ce lieu souterrain que les Hébreux regardaient comme le séjour des âmes après la mort. Ainsi ce passage fournit une preuve sans réplique de la croyance des Juifs à la survivance des âmes. ― Une foule passages très clairs établissent que pour les Hébreux le scheôl était réellement le lieu où se rendaient les âmes après la mort, et que, dans ce séjour, elles n’étaient point privées de sentiment et de vie. D’après les données que nous fournissent les Livres saints, on « descend » dans cette demeure au terme de la vie présente. On y entre, d’après la description poétique qui nous en faite en divers endroits, par une « porte, » qui en est appelée aussi « la bouche » et qui peut « s’élargir sans mesure. » On pénètre ainsi dans un lieu « très profond, obscur et ténébreux. » Cependant le regard de Dieu peut le sonder. Toutes les âmes arrivent dans le séjour des morts : c’est le lieu de réunion assigné à tous les hommes, « la maison destinée à tous les vivants. » Le scheôl désigne tantôt le lieu de la réunion des morts en général, tantôt le séjour des bons et tantôt le séjour des méchants, ou plutôt, tous les morts y descendent. Il est clair d’ailleurs que le nom de scheôl donné indistinctement a séjour des bons et au séjour des méchants, dans l’Ancien Testament, n’implique en aucune façon qu’ils aient été confondus ensemble, encore moins qu’ils aient enduré les mêmes tourments. Mais il est certain que les âmes des justes qui étaient dans les limbes ne pouvaient pas y acquérir de mérites et n’y jouissaient point de la vision béatifique. C’est pourquoi il est dit plusieurs fois qu’on ne peut glorifier Dieu dans ce séjour des morts.
 
36 Cependant les Madianites vendirent Joseph en Egypte à Putiphar, eunuque du Pharaon, et général de ses troupes (chef des soldats).
Note Gn. 37,36 : Putiphar, signifie consacré à Ra, le soleil adoré comme Dieu par les Egyptiens.

Chapitre 38

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Chap. : 
Juda marie successivement deux de ses fils à Thamar.
Naissance de Pharès et de Zara.
1 En ce même temps, Juda quitta ses frères et vint chez un homme d’Odollam, qui s’appelait Hiras.
Note Gn. 38,1 : Odollam ou Adullam, ville qui appartint plus tard à la tribu de Juda et dans le voisinage de laquelle il y a de nombreuses cavernes.
2 Et ayant vu en ce lieu la fille d’un Chananéen, nommé Sué, il l’épousa et vécut avec elle.
Note Gn. 38,2 : Voir 1 Paralipomènes, 2, 3.
3 Elle conçut et enfanta un fils, qui fut nommé Her. 4 Ayant conçu une seconde fois, elle eut encore un fils, qu’elle nomma Onan.
Note Gn. 38,4 : Voir Nombres, 26, 19.
5 Et elle enfanta encore un troisième qu’elle nomma Séla, après lequel elle cessa d’avoir des enfants.
 
6 Juda fit épouser à Her, son fils aîné, une fille nommée Thamar. 7 Ce Her, fils aîné de Juda, fut un très méchant homme (devant le Seigneur), et le Seigneur le frappa de mort.
Note Gn. 38,7 : Voir Nombres, 26, 19.
8 Juda dit donc à Onan, son second fils : Epouse la femme de ton frère et vis avec elle, afin que tu suscites des enfants à ton frère. 9 Onan, voyant la femme de son frère, et sachant que les enfants qui naîtraient d’elle ne seraient pas à lui, empêchait qu’elle ne devînt mère, de peur que ses enfants ne portassent le nom de son frère.
Note Gn. 38,9 : Du nom de son frère. Le premier-né portait le nom du frère qui était mort sans enfants ; mais les autres enfants portaient celui du frère vivant qui était leur père naturel.
10 C’est pourquoi le Seigneur le frappa de mort, parce qu’il faisait une chose détestable. 11 Juda dit donc à Thamar, sa belle-fille : Demeurez veuve dans la maison de votre père, jusqu’à mon fils Séla devienne grand ; car il avait peur que Séla ne mourût aussi, comme ses autres frères. Ainsi Thamar retourna demeurer dans la maison de son père.
 
12 Beaucoup de temps s’étant passé, la fille de Sué, femme de Juda, mourut. Juda, après l’avoir pleurée et s’être consolé de cette perte, alla à Thamnas avec Hiras d’Odollam, le pasteur de ses troupeaux, pour voir ceux qui tondaient ses brebis. 13 Thamar ayant été avertie que Juda, son beau-père, allait à Thamnas pour faire tondre ses brebis,
Note Gn. 38,13 : Thamnas ou Thamna, dans les montagnes appelées plus tard montagnes de Juda.
14 quitta ses habits de veuve, se couvrit d’un grand voile, et, s’étant déguisée, s’assit dans un carrefour, sur le chemin de Thamnas ; parce que Séla étant en âge d’être marié, Juda ne le lui avait point fait épouser. 15 Juda l’ayant vue, s’imagina que c’était une femme de mauvaise vie ; car elle s’était couvert le visage, de peur d’être reconnue. 16 Et l’abordant, il lui dit : Laisse-moi m’approcher de toi ; car il ne savait pas que ce fût sa belle-fille. Elle lui répondit : Que me donneras-tu pour ce que tu me demandes ? 17 Je t’enverrai, dit-il, un chevreau de mon troupeau. Elle repartit : Je consentirai à ce que tu veux, pourvu que tu me donnes un gage, en attendant que tu m’envoies ce que tu me promets.
Note Gn. 38,17 : Un chevreau. Voir 1 Rois, note 16.20.
18 Que veux-tu que je te donne pour gage ? lui dit Juda. Elle lui répondit : Donne-moi ton anneau, ton bracelet et le bâton que tu tiens à la main. Ainsi elle conçut de lui, 19 et s’en allant aussitôt, et ayant quitté le costume qu’elle avait pris, elle se revêtit de ses habits de veuve.
 
20 Juda envoya ensuite le chevreau par son pasteur d’Odollam, afin qu’il retirât le gage qu’il avait donné à cette femme. Mais, ne l’ayant point trouvée, 21 il demanda aux habitants de ce lieu : Où est une (cette) femme qui était assise dans ce carrefour ? Tous lui répondirent : Il n’y a pas eu en cet endroit de femme débauchée (de mauvaise vie). 22 Il retourna auprès de Juda et lui dit : Je ne l’ai point trouvée ; et même les habitants de ce lieu m’ont dit que jamais femme de mauvaise vie ne s’était assise en cet endroit. 23 Juda dit : Qu’elle garde ce qu’elle a ; elle ne peut pas au moins m’accuser d’avoir manqué à ma parole. J’ai envoyé le chevreau que je lui avais promis, et tu ne l’as point trouvée.
 
24 Mais trois mois après, on vint dire à Juda : Thamar, ta belle-fille, est tombée en fornication, car on commence à s’apercevoir qu’elle est grosse. Juda répondit : Qu’on la produise en public, afin qu’elle soit brûlée. 25 Et lorsqu’on la menait au supplice, elle envoya dire à son beau-père : J’ai conçu de celui à qui sont ces gages. Vois à qui est cet anneau, ce bracelet et ce bâton. 26 Juda, ayant reconnu ce qu’il lui avait donné, dit : Elle a moins de tort que moi, puisque je ne l’ai pas donnée pour épouse à Séla, mon fils. Et il ne la connut plus depuis.
 
27 Comme elle fut sur le point d’enfanter, il parut qu’il y avait deux jumeaux dans son sein. Et lorsque ces enfants étaient prêts à sortir, l’un des deux passa sa main, à laquelle la sage-femme lia un ruban écarlate, en disant :
Note Gn. 38,27 : Voir Matthieu, 1, 3.
28 Celui-ci sortira le premier. 29 Mais cet enfant ayant retiré sa main, l’autre sortit. Alors la sage-femme dit : Pourquoi le mur s’est-il divisé à cause de toi ? C’est pourquoi il fut nommé Pharès. 30 Son frère, qui avait le ruban écarlate à la main, sortit ensuite, et on le nomma Zara.
Note Gn. 38,30 : Voir 1 Paralipomènes, 2, 4.

Chapitre 39

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Chap. : 
Joseph mérite la confiance de son maître Putiphar ; mais il est accusé par sa femme et mis en prison.
1 Joseph ayant donc été mené en Egypte, Putiphar, Egyptien, eunuque du Pharaon et général de ses troupes, l’acheta des Ismaélites, qui l’y avaient conduit. 2 Le Seigneur était avec lui, et tout lui réussissait heureusement. Il demeurait dans la maison de son maître, 3 qui savait très bien que le Seigneur était avec lui, et qu’il le favorisait et le bénissait en toutes ses actions. 4 Joseph, ayant donc trouvé grâce devant son maître, se donna tout entier à son service ; et ayant reçu de lui l’autorité sur toute sa maison, il la gouvernait avec tout ce qui lui avait été mis entre les mains. 5 Le Seigneur bénit la maison de l’Egyptien à cause de Joseph, et il multiplia tout son bien, tant à la ville qu’à la campagne (champs) ; 6 en sorte que Putiphar n’avait (et il ne connaissait, note) d’autre soin que de se mettre à table et de manger. Or Joseph était beau de visage et très agréable.
Note Gn. 39,6 : Et il connaissait, etc. Les uns rapportent ces paroles à Joseph, les autres avec plus de probabilité à l’Egyptien, dont il vient d’être dit immédiatement que Dieu l’avait comblé de richesses. Dans cette opinion le sens de la phrase est, ou que Putiphar avait tellement mis sa confiance en Joseph, qu’il n’avait point de souci, si ce n’est de vivre à son aise, et qu’il ne lui demandait d’autre compte que celui de sa dépense ordinaire, ou plutôt qu’il était devenu si riche qu’il ne connaissait nullement sa fortune, et que d’ailleurs il s’en reposait sur Joseph au point de n’avoir d’autre soin que de se mettre à table et de manger.
 
7 (C’est pourquoi) Longtemps après, sa maîtresse jeta les yeux sur lui et lui dit : Dors avec moi. 8 Mais Joseph, ayant horreur de consentir à une action si criminelle, lui dit : Vous voyez que mon maître m’a confié toutes choses, qu’il ne sait pas même ce qu’il a dans sa maison ; 9 qu’il n’y a rien qui ne soit en mon pouvoir, et que m’ayant mis tout entre les mains, il ne s’est réservé que vous seule, qui êtes sa femme. Comment donc pourrais-je commettre un si grand crime, et pécher contre mon Dieu ? 10 Cette femme continua durant plusieurs jours à solliciter Joseph par de semblables paroles, et lui à résister à son infâme désir. 11 Or il arriva un jour que Joseph étant entré dans la maison, et y remplissant quelque fonction sans que personne fût présent, 12 sa maîtresse le prit par son manteau et lui dit : Dors avec moi. Alors Joseph, lui laissant le manteau entre les mains, s’enfuit et sortit au dehors. 13 Cette femme, voyant le manteau entre ses mains, et se voyant elle-même méprisée, 14 appela les gens de sa maison et leur dit : Voyez, il nous a amené ici cet Hébreu pour nous insulter. Il est venu à moi dans le dessein de me séduire (corrompre) ; mais je me suis mise à crier, 15 et lorsqu’il a entendu ma voix, il m’a laissé son manteau, que je tenais, et s’est enfui dehors. 16 Lorsque son mari fut de retour à la maison, elle lui montra ce manteau, qu’elle avait retenu comme une preuve de sa fidélité, 17 et lui dit : Cet esclave hébreu que vous nous avez amené est venu pour me faire violence (m’insulter) ; 18 et m’ayant entendu crier, il m’a laissé son manteau, que je tenais, et s’est enfui dehors. 19 Le maître, trop crédule aux accusations de sa femme, entra, à ces paroles, dans une grande colère, 20 et il fit mettre Joseph dans la prison où l’on gardait ceux que le roi faisait arrêter. Il était donc renfermé en ce lieu-là.
Note Gn. 39,20 : Voir Psaumes, 104, 18. Dans la prison de Memphis ou plutôt de Tanis, capitale des rois pasteurs, rois d’origine étrangère qui étaient alors maîtres de l’Egypte septentrionale.
 
21 Mais le Seigneur fut avec Joseph ; il en eut compassion, et il lui fit trouver grâce devant le gouverneur (chef) de la prison, 22 qui lui remit le soin de tous ceux qui y étaient enfermés. Il ne se faisait rien que par son ordre. 23 Et le gouverneur, lui ayant tout confié, ne prenait connaissance de quoi que ce soit, parce que le Seigneur était avec Joseph et qu’il le faisait réussir en toutes choses.

Chapitre 40

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Chap. : 
Le grand échanson et le grand panetier du roi d’Egypte sont mis en prison.
Joseph explique leurs songes.
1 Il arriva ensuite que deux eunuques du roi d’Egypte, son grand échanson et son grand panetier, offensèrent leur maître. 2 Et le Pharaon étant irrité contre ces deux officiers (eux), dont l’un commandait à ses échansons et l’autre à ses panetiers, 3 les fit mettre dans la prison du général de ses troupes, où Joseph était prisonnier. 4 (Mais) Le gouverneur de la prison les remit entre les mains de Joseph, qui les servait et avait soin d’eux. Quelque temps s’étant passé, pendant lequel ils demeuraient toujours prisonniers,
 
5 ils eurent tous deux, en une même nuit, un songe qui pouvait recevoir une interprétation distincte (se rapportait à eux.). 6 Joseph entra le matin auprès d’eux, et les ayant vus tristes, 7 il leur en demanda le sujet, et leur dit : D’où vient que vous avez le visage plus abattu aujourd’hui qu’à l’ordinaire ? 8 Ils lui répondirent : Nous avons eu un songe, et nous n’avons personne pour nous l’expliquer. Joseph leur dit : N’est-ce pas à Dieu qu’appartient l’interprétation des songes ? Dites-moi ce que vous avez vu.
 
9 Le grand échanson lui rapporta le premier son songe en ces termes : Je voyais devant moi un cep de vigne,
Note Gn. 40,9 : Les incrédules ont prétendu que d’après Hérodote et Plutarque les Egyptiens n’avaient pas de vignes ; mais le premier dit au commencement de son histoire que les habitants de Thèbes se vantaient d’avoir été les premiers à connaître la vigne ; et ce dernier avoue que les rois, au moins avant Psamméticus, buvaient du vin. Diodore de Sicile dit aussi, d’après l’autorité des Egyptiens eux-mêmes, que leurs rois faisaient usage du vin. ― Les monuments égyptiens attestent que la vigne et le vin étaient très communs en Egypte à l’époque de Joseph.
10 sur lequel il y avait trois sarments qui poussaient peu à peu, d’abord des boutons, ensuite des fleurs, et à la fin des raisins mûrs ; 11 et ayant dans la main la coupe du Pharaon, j’ai pris ces grappes de raisins, je les ai pressées dans la coupe que je tenais, et j’en ai donné à boire au roi.
Note Gn. 40,11 : Les textes hiéroglyphiques disent qu’on exprimait le jus des raisins dans les coupes.
12 Joseph lui dit : Voici l’interprétation de ton songe : Les trois sarments de la vigne marquent trois jours, 13 après lesquels (le) Pharaon se souviendra de tes services ; il te rétablira dans ta première charge, et tu lui présenteras à boire selon que tu avais coutume de le faire auparavant d’après tes fonctions. 14 Seulement souviens-toi de moi quand ce bonheur te sera arrivé, et rends-moi le bon office de supplier le Pharaon qu’il daigne me tirer de la prison où je suis ; 15 parce que j’ai été enlevé par fraude et par violence du pays des Hébreux, et que l’on m’a renfermé (j’ai été jeté ici dans la fosse) malgré mon innocence.
 
16 Le grand panetier, voyant qu’il avait interprété ce songe si sagement, lui dit : J’ai eu aussi un songe. Je portais sur ma tête trois corbeilles de farine, 17 et dans celle qui était au-dessus des autres, il y avait de tous les mets que peut apprêter l’art du pâtissier, et les oiseaux en venaient manger. 18 Joseph lui répondit : Voici l’interprétation de ton songe. Les trois corbeilles signifient qu’il se passera encore trois jours, 19 après lesquels le Pharaon te fera couper la tête, et te fera ensuite attacher à un gibet, où les oiseaux déchireront ta chair.
 
20 Le troisième jour suivant (d’après) étant celui de la naissance du Pharaon, il fit un grand festin à ses serviteurs, pendant lequel il se souvint du grand échanson et du grand panetier. 21 (Or) Il rétablit l’un dans sa charge, afin qu’il continuât de lui présenter la coupe, 22 et il fit attacher l’autre à un gibet, ce qui vérifia l’interprétation que Joseph avait donnée à leurs songes.
 
23 Cependant le grand échanson, se voyant rentré en faveur après sa disgrâce, ne se souvint plus de son interprète.

Chapitre 41

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Chap. : 
Songes de Pharaon expliqués par Joseph.
Elévation de Joseph.
Naissance de Manassé et d’Ephraïm.
Stérilité en Egypte.
1 Deux ans après, le Pharaon eut un songe. Il lui semblait qu’il était sur le bord du fleuve,
Note Gn. 41,1 : Pharaon est probablement le roi pasteur Atapi II, le plus célèbre des rois pasteurs qui s’étaient emparés de l’Egypte depuis longtemps et qui étaient d’origine sémitique comme Joseph. ― Sur le bord du fleuve du Nil, le fleuve unique de l’Egypte, auquel ce pays doit toute sa fertilité et sa richesse.
2 d’où sortaient sept vaches fort belles et extrêmement grasses, qui paissaient dans les marécages ;
Note Gn. 41,2 : Sept vaches. La vache était consacrée à la déesse égyptienne Hathor, et celle-ci est souvent représentée accompagnée de sept vaches.
3 qu’ensuite il en sortit sept autres toutes défigurées (hideuses) et extraordinairement maigres, qui paissaient sur le bord du même fleuve, en des lieux pleins d’herbes ; 4 et que celles-ci dévorèrent les premières, qui étaient si grasses et si belles. Le Pharaon, s’étant éveillé,
 
5 se rendormit, et il eut un second songe. Il vit sept épis pleins de grains et très beaux, qui sortaient d’une même tige. 6 Il en vit aussi paraître sept autres fort maigres, qu’un vent brûlant avait desséchés ; 7 et ceux-ci dévorèrent les premiers, qui étaient si beaux. Le Pharaon, s’étant éveillé
 
8 le matin, fut saisi de frayeur ; et ayant envoyé chercher tous les devins et tous les sages d’Egypte, il leur raconta son songe, sans qu’il s’en trouvât un seul qui pût l’interpréter. 9 (Alors) Le grand échanson, s’étant enfin souvenu de Joseph, dit au roi : Je confesse ma faute. 10 Lorsque le roi, irrité contre ses serviteurs, commanda que je fusse mis avec le grand panetier dans la prison du général de ses troupes, 11 nous eûmes tous deux en une même nuit un songe, qui nous prédisait ce qui nous arriva ensuite. 12 Il y avait alors en cette prison un jeune Hébreux, serviteur du même général de l’armée ; nous lui avons raconté chacun notre songe, 13 et il nous dit tout ce que l’événement confirma depuis ; car je fus rétabli dans ma charge, et le grand panetier fut pendu à un gibet (une croix).
 
14 Aussitôt Joseph fut tiré de la prison par ordre du roi ; on le rasa, on lui fit changer de vêtements et on le présenta au prince (lui).
Note Gn. 41,14 : Les Egyptiens ne laissaient jamais croître leurs cheveux et leur barbe, excepté pendant le deuil et dans l’affliction ; et ils portaient toujours des habits de lin très propres. Ainsi on n’aurait pas osé présenter Joseph au roi avant de l’avoir tondu et rasé, et de l’avoir dépouillé de ses habits pour lui en donner de convenables. Voir Hérodote, livre II, chapitres 36 et 37.
15 Le Pharaon lui dit : J’ai eu des songes ; je ne trouve personne qui les interprète, et l’on m’a dit que tu avais une grande sagesse pour les expliquer. 16 Joseph lui répondit : Ce sera Dieu, et non pas moi, qui rendra au Pharaon une réponse favorable.
 
Genèse 41, 17-33 : Joseph explique les songes du Pharaon - Gravure de Gustave Doré
Genèse 41, 17-33 : Joseph explique les songes du Pharaon - Gravure de Gustave Doré
17 Le Pharaon lui raconta donc ce qu’il avait vu. Il me semblait, dit-il, que j’étais sur le bord du fleuve, 18 d’où sortaient sept vaches fort belles et extrêmement grasses, qui paissaient l’herbe dans des marécages ; 19 et qu’ensuite il en sortit sept autres, si défigurées et si prodigieusement maigres, que je n’en ai jamais vu de telles en (dans la terre d’) Egypte. 20 Ces dernières dévorèrent et consommèrent les premières, 21 sans qu’elles parussent en aucune sorte en être rassasiées ; mais elles demeurèrent aussi maigres et aussi affreuses qu’elles étaient auparavant. M’étant éveillé, je me rendormis, 22 et j’eus un second songe. Je vis sept épis pleins de grains et très beaux qui sortaient d’une même tige. 23 Il en parut en même temps sept autres fort maigres, qu’un vent brûlant avait desséchés (qui s’élevaient d’un chaume). 24 Et ces derniers dévorèrent les premiers, qui étaient si beaux. J’ai dit mon songe à tous les devins, et je n’en trouve point qui me l’explique.
 
25 Joseph répondit : Les deux songes du roi signifient la même chose : Dieu a montré au Pharaon ce qu’il fera dans la suite. 26 Les sept vaches si belles et les sept épis si pleins de grains, que le roi a vus en songe, marquent la même chose, et signifient sept années d’abondance. 27 (Pareillement,) Les sept vaches maigres et défaites (décharnées), qui sont sorties du fleuve après les premières, et les sept épis maigres et frappés d’un vent brûlant, marquent sept autres années d’une famine qui doit arriver. 28 Et cela s’accomplira de cette sorte : 29 Il viendra d’abord, dans toute l’Egypte, sept années d’une (grande) fertilité extraordinaire, 30 qui seront suivies de sept autres d’une si grande stérilité, qu’elle fera oublier toute l’abondance qui l’aura précédée : car la famine consumera toute la terre ; 31 et cette fertilité si extraordinaire sera comme absorbée par l’extrême indigence qui la suivra. 32 Quant au second songe que vous avez eu, et qui signifie la même chose, c’est une marque que cette parole de Dieu sera ferme, qu’elle s’accomplira infailliblement et bientôt (promptement). 33 Il est donc de la prudence du roi de choisir un homme sage et habile, à qui il donne le commandement sur toute l’Egypte ; 34 afin qu’il établisse des officiers dans toutes les provinces, et que, pendant les sept années de fertilité qui vont venir, ils amassent dans les greniers publics la cinquième partie des fruits de la terre, 35 de sorte que tout le blé se serre et se garde dans les villes, sous l’autorité du roi ; 36 et qu’ainsi il soit réservé pour les sept années de la famine qui doit accabler l’Egypte, et que ce pays ne soit pas consumé par la faim.
 
37 Ce conseil plut au Pharaon et à tous ses ministres ; 38 et il leur dit : Où pourrions-nous trouver un homme comme celui-ci, qui fût aussi rempli de l’esprit de Dieu ? 39 Il dit donc à Joseph : Puisque Dieu t’a fait voir tout ce que tu nous as dit, où pourrai-je trouver quelqu’un plus sage que toi, ou même semblable à toi ? 40 C’est toi qui auras l’autorité sur ma maison. Quand tu ouvriras la bouche pour commander, tout le peuple t’obéira, et je n’aurai au-dessus de toi que le trône et la qualité de roi.
Note Gn. 41,40 : Voir Psaumes, 104, 21 ; 1 Machabées, 2, 53 ; Actes des Apôtres, 7, 10.
41 Le Pharaon dit encore à Joseph : Je t’établis aujourd’hui pour commander à toute l’Egypte. 42 En même temps il ôta son anneau de sa main et le mit en celle de Joseph ; il le fit revêtir d’une robe de fin lin, et lui mit au cou un collier d’or.
Note Gn. 41,42 : Un collier d’or. C’était une espèce de décoration que les rois d’Egypte accordaient aux hommes de mérite. Il était souvent à plusieurs rangs. On le voit au cou de presque tous les personnages égyptiens dont nous avons les statues ou les bas-reliefs.
43 Il le fit ensuite monter sur l’un de ses chars, qui était le second après le sien, et fit crier par un héraut que tout le monde fléchît le genou devant lui, et que tous reconnussent qu’il avait été établi pour commander à toute l’Egypte. 44 Le roi dit encore à Joseph : Je suis le Pharaon ; nul ne remuera ni le pied ni la main dans toute l’Egypte que par ton commandement.
 
45 Il changea aussi son nom, et il l’appela, en langue égyptienne, le Sauveur du monde. Et il lui fit épouser Aseneth, fille de Putiphar, prêtre d’Héliopolis. Après cela Joseph alla visiter l’Egypte
Note Gn. 41,45 : Héliopolis ou On, près du village actuel de Matariéh, non loin du Caire.
46 ((Or) Il avait trente ans lorsqu’il parut devant le Pharaon), et il fit le tour de toutes les provinces d’Egypte.
 
47 Les sept années de fertilité vinrent donc ; et le blé, ayant été mis en gerbes, fut serré ensuite dans les greniers de l’Egypte. 48 On mit aussi en réserve dans toutes les villes cette grande abondance de grains. 49 Car il y eut une si grande quantité de froment, qu’elle égalait le sable de la mer et qu’elle ne pouvait pas même se mesurer.
 
50 Avant que la famine vînt, Joseph eut deux enfants de sa femme Aséneth, fille de Putiphar, prêtre d’Héliopolis.
Note Gn. 41,50 : Voir Genèse, 46, 20 ; 48, 5.
51 Il nomma l’aîné Manassé, en disant : Dieu m’a fait oublier tous mes travaux (peines) et la maison de mon père. 52 Il nomma le second Ephraïm, en disant : Dieu m’a fait croître dans la terre de ma pauvreté.
 
53 Ces sept années de la fertilité d’Egypte étant donc passées, 54 les sept années de stérilité vinrent ensuite, selon la prédiction de Joseph ; une grande famine survint dans tout le monde, mais il y avait du blé dans toute l’Egypte. 55 Quand le peuple de ce pays fut aussi pressé de la famine, il cria vers le Pharaon et lui demanda de quoi vivre. Mais il leur dit : Allez à Joseph, et faites tout ce qu’il vous dira. 56 Cependant la famine croissait tous les jours dans toute la terre ; et Joseph, ouvrant tous les greniers, vendait du blé aux Egyptiens, parce qu’ils étaient tourmentés eux-mêmes de la famine. 57 Et on venait de toutes les provinces en Egypte pour acheter de quoi vivre, et pour trouver quelque soulagement dans la rigueur de cette famine.

Chapitre 42

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Chap. : 
Arrivée des frères de Joseph en Egypte.
Joseph fait arrêter Siméon, et ne renvoie les autres qu’à condition qu’ils amèneront (amènent) Benjamin.
1 Cependant Jacob, ayant entendu dire qu’on vendait du blé en Egypte, dit à ses enfants (fils) : Pourquoi cette négligence (êtes-vous si négligents) ? 2 J’ai appris qu’on vend du blé en Egypte ; allez-y acheter ce qui nous est nécessaire, afin que nous puissions vivre et que nous ne mourions pas de faim. 3 (Ainsi) Les dix frères de Joseph allèrent donc en Egypte pour y acheter du blé. 4 Jacob retint Benjamin avec lui, ayant dit à ses frères qu’il craignait qu’il ne lui arrivât quelque accident en chemin. 5 Ils entrèrent dans l’Egypte avec les autres qui y allaient pour y acheter du blé ; car la famine était dans le pays de Chanaan.
 
6 Or Joseph commandait dans toute l’Egypte, et le blé ne se vendait aux peuples que par son ordre (sa volonté). Ses frères s’étant prosternés devant lui,
Note Gn. 42,6 : Se furent prosternés, etc. ; littéralement : l’eurent adoré. Voir Genèse, 18, 2.
7 il les reconnut ; et, leur parlant assez rudement, comme à des étrangers, il leur dit : D’où venez-vous ? Ils lui répondirent : Du pays de Chanaan, pour acheter ici de quoi vivre. 8 Et quoi qu’il (re)connût bien ses frères, il ne fut néanmoins pas reconnu d’eux.
 
9 Alors, se souvenant des songes qu’il avait eus autrefois, il leur dit : Vous êtes des espions, et vous êtes venus ici pour considérer les endroits les plus faibles de l’Egypte. 10 Ils répondirent : Seigneur, cela n’est pas ainsi ; mais vos serviteurs sont venus ici pour acheter du blé (des vivres). 11 Nous sommes tous fils d’un même homme ; nous venons avec des pensées de paix, et vos serviteurs n’ont aucun mauvais dessein. 12 Il leur répondit : Non, cela n’est pas ; mais vous êtes venus pour remarquer ce qu’il y a de moins fortifié dans l’Egypte. 13 Ils lui dirent : Nous sommes douze frères, tous enfants d’un même homme du pays de Chanaan, et vos serviteurs. Le dernier est avec notre père, et l’autre n’est plus. 14 Voilà, dit Joseph, ce que je disais : vous êtes des espions. 15 Je m’en vais éprouver si vous dites la vérité. Vive le (par la vie de) Pharaon ! vous ne sortirez point d’ici jusqu’à ce que le dernier de vos frères y soit venu. 16 Envoyez l’un de vous pour l’amener ; pendant ce temps, vous demeurerez en prison jusqu’à ce que j’aie reconnu si ce que vous dites est vrai ou faux ; autrement, vive le (par la vie de) Pharaon ! vous êtes des espions. 17 Il les fit donc mettre en prison pour trois jours.
 
18 Et (Mais) le troisième jour, il les fit sortir de prison et il leur dit : Faites ce que je vous dis, et vous vivrez ; car je crains Dieu. 19 Si vous venez ici dans un esprit de paix, que l’un de vos frères demeure enchaîné dans la prison ; pour vous, allez-vous-en, emportez dans votre pays le blé que vous avez acheté, 20 et (mais) amenez-moi le dernier de vos frères, afin que je puisse reconnaître si ce que vous dites est véritable, et que vous ne mouriez point. Ils firent ce qu’il leur avait ordonné.
Note Gn. 42,20 : Voir Genèse, 43, 5.
 
21 Et ils se disaient l’un à l’autre : C’est justement que nous souffrons tout cela, parce que nous avons péché contre notre frère, et que, voyant l’angoisse de son âme lorsqu’il nous implorait, nous ne l’avons pas écouté ; c’est pour cela que nous sommes tombés dans cette affliction. 22 Ruben, l’un d’entre eux, leur disait : Ne vous ai-je pas dit : Ne commettez pas un si grand crime (péchez pas) contre cet enfant ? et vous ne m’avez point écouté. C’est son sang maintenant que Dieu (qu’on) nous redemande.
Note Gn. 42,22 : Voir Genèse, 37, 22.
23 Ils ne savaient pas que Joseph les comprenait, parce qu’il leur parlait par un interprète. 24 Mais il s’éloigna quelques instants, et il pleura. Et étant revenu, il leur parla de nouveau.
 
25 Il fit prendre Siméon et le fit lier devant eux, et il commanda à ses officiers de remplir leurs sacs de blé, et de remettre l’argent de chacun dans son sac, en y ajoutant encore des vivres pour se nourrir pendant le chemin ; ce qui fut exécuté aussitôt. 26 (Ainsi) Les frères de Joseph s’en allèrent donc, emportant leur blé sur leurs ânes. 27 Et (Or) l’un d’eux ayant ouvert son sac dans l’hôtellerie, pour donner à manger à son âne (sa bête), vit son argent à l’entrée du sac ; 28 et il dit à ses frères : On m’a rendu mon argent ; le voici dans mon sac. Ils furent tous saisis d’étonnement et de trouble, et ils s’entredisaient : Quelle est cette conduite de Dieu sur nous ?
 
29 Lorsqu’ils furent arrivés chez Jacob, leur père, au pays de Chanaan, ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé, en disant : 30 Le seigneur (maître) de ce pays-là nous a parlé durement, et il nous a pris pour des espions qui venaient observer le royaume. 31 Nous lui avons répondu : Nous sommes des gens paisibles, et très éloignés d’avoir aucun mauvais dessein. 32 Nous étions douze frères, enfants d’un même père. L’un n’est plus, le plus jeune est avec notre père au pays de Chanaan. 33 Il nous a répondu : Je veux éprouver s’il est vrai que vous n’ayez que des pensées de paix. Laissez-moi donc ici l’un de vos frères ; prenez le blé qui vous est nécessaire pour vos maisons, et allez-vous-en ; 34 et amenez-moi le plus jeune de vos frères, afin que je sache que vous n’êtes point des espions, que vous puissiez ensuite emmener avec vous celui que je retiens prisonnier, et qu’il vous soit permis à l’avenir d’acheter ici ce que vous voudrez.
 
35 Cela dit, comme ils versaient leur blé, ils trouvèrent chacun leur argent lié à l’entrée du sac, et ils en furent tous épouvantés.
 
36 Alors Jacob, leur père, leur dit : Vous m’avez réduit à être sans enfants ; Joseph n’est plus, Siméon est en prison, et vous voulez m’enlever Benjamin. Tous ces maux sont retombés sur moi. 37 Ruben lui répondit : Faites mourir mes deux enfants, si je ne vous le ramène pas. Confiez-le-moi, et je vous le rendrai. 38 Non, dit Jacob, mon fils n’ira point avec vous. Son frère est mort, et il est demeuré seul (lui seul est resté). S’il lui arrive quelque malheur au pays où vous allez, vous accablerez ma vieillesse (mes cheveux blancs) d’une douleur qui m’emportera au tombeau.
Note Gn. 42,38 : Les enfers. Voir, pour le vrai sens de ce mot, Genèse, 37, 35.

Chapitre 43

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Chap. : 
Retour des frères de Joseph en Egypte avec Benjamin.
Joseph leur fait un festin.
1 Cependant la famine désolait extraordinairement tout le pays (pesait violemment sur toute la terre) ; 2 et le blé (les vivres) que les enfants de Jacob avaient apporté d’Egypte étant consommé, Jacob leur dit : Retournez en Egypte, et achetez-nous un peu de blé (des provisions). 3 Juda lui répondit : Celui qui commande là-bas nous a déclaré sa volonté avec serment, en disant : Vous ne verrez point mon visage, à moins que vous n’ameniez avec vous le plus jeune de vos frères. 4 Si donc vous voulez l’envoyer avec nous, nous irons ensemble, et nous achèterons ce qui vous est nécessaire. 5 (Mais) Si vous ne le voulez pas, nous n’irons point ; car cet homme, comme nous vous l’avons dit plusieurs fois, nous a déclaré que nous ne verrions pas son visage si nous n’avions avec nous notre jeune frère.
Note Gn. 43,5 : Voir Genèse, 42, 20.
6 Israël leur dit : C’est pour mon malheur que vous lui avez appris que vous aviez encore un autre frère. 7 Mais ils lui répondirent : Il nous demanda par ordre toute la suite de notre famille : si notre père vivait, si nous avions un autre frère ; et nous lui avons répondu conformément à ce qu’il nous avait demandé. Pouvions-nous deviner qu’il nous dirait : Amenez avec vous votre frère ? 8 Juda dit encore à son père : Envoyez l’enfant avec moi, afin que nous puissions partir et avoir de quoi vivre, et que nous ne mourions pas, nous et nos petits enfants. 9 Je me charge de cet enfant, et c’est à moi que vous en demanderez compte. Si je ne vous le ramène pas, et si je ne vous le rends pas, je consens que vous ne me pardonniez jamais cette faute.
Note Gn. 43,9 : Voir Genèse, 44, 32.
10 Si nous n’avions point tant différé, nous serions déjà revenus une seconde fois.
 
11 Israël, leur père, leur dit donc : Si c’est une nécessité absolue (le faut ainsi), faites ce que vous voudrez. Prenez avec vous des plus excellents fruits de ce pays-ci (dans vos vases), pour en faire présent à celui qui commande : un peu de résine, de miel, de storax, de myrrhe (stacté), de térébenthine et d’amandes.
Note Gn. 43,11 : Les parfums étaient très estimés et très recherchés en Egypte. Voir Genèse, 37, 25.
12 Portez aussi deux fois autant d’argent qu’au premier voyage, et reportez celui que vous avez trouvé dans vos sacs, de peur que ce ne soit une méprise. 13 Enfin menez votre frère avec vous, et allez vers cet homme. 14 Je prie mon Dieu tout-puissant de vous le rendre favorable, afin qu’il renvoie avec vous votre frère qu’il tient prisonnier, et Benjamin ; cependant (moi) je demeurerai seul, comme si j’étais sans enfants.
 
15 Ils prirent donc avec eux les présents et le double de l’argent, avec Benjamin ; et étant partis, ils arrivèrent en Egypte, où ils se présentèrent devant Joseph.
 
16 Joseph les ayant vus, et Benjamin avec eux, dit à son intendant : Fais entrer ces hommes chez moi, tue des victimes et prépare un festin, parce qu’ils mangeront à midi avec moi. 17 L’intendant exécuta ce qui lui avait été commandé, et il les fit entrer dans la maison. 18 Alors étant saisis de crainte, ils s’entredisaient : C’est à cause de cet argent que nous avons remporté dans nos sacs qu’il nous fait entrer ici, pour faire retomber sur nous ce reproche, et nous opprimer en nous réduisant en servitude, ainsi que nos ânes. 19 C’est pourquoi étant encore à la porte, ils s’approchèrent de l’intendant de Joseph. 20 Et ils lui dirent : Seigneur, nous vous supplions (prions) de nous écouter. Nous sommes déjà venus une fois acheter du blé,
Note Gn. 43,20 : Voir Genèse, 42, 3.
21 et après l’avoir acheté, lorsque nous fûmes arrivés à l’hôtellerie, en ouvrant nos sacs, nous y trouvâmes notre argent que nous vous rapportons maintenant au même poids. 22 Et nous vous en rapportons encore d’autre, pour acheter ce qui nous est nécessaire ; mais nous ne savons en aucune manière qui a pu remettre cet argent dans nos sacs. 23 L’intendant leur répondit : Ayez l’esprit en repos ; ne craignez point. Votre Dieu et le Dieu de votre père vous a donné des trésors dans vos sacs ; car pour moi j’ai reçu l’argent que vous m’avez donné, et j’en suis content. Il fit sortir aussi Siméon de la prison, et il le leur amena. 24 Après les avoir fait entrer dans la maison, il leur apporta de l’eau ; ils se lavèrent les pieds, et il donna à manger à leurs ânes. 25 Cependant ils tinrent leurs présents tout prêts, attendant que Joseph entrât à midi, parce qu’on leur avait dit qu’ils devaient manger (du pain) en ce lieu-là.
Note Gn. 43,25 : Manger du pain. Voir, pour le sens de cette expression, Genèse, 31, 54.
 
26 Joseph étant donc entré dans sa maison, ils lui offrirent leurs présents, qu’ils tenaient en leurs mains, et ils le saluèrent en se baissant jusqu’à terre.
Note Gn. 43,26 ; 43.28 : Ils se prosternèrent. Voir Genèse, 18, 2.
27 Il les salua aussi, en leur faisant bon visage, et il leur demanda : Votre père, ce vieillard dont vous m’aviez parlé, vit-il encore ? Se porte-t-il bien ? 28 Ils lui répondirent : Notre père, votre serviteur, est encore en vie, et il se porte bien ; et se baissant profondément, (ils le saluèrent). 29 (Or) Joseph, levant les yeux, vit Benjamin, son frère, fils de Rachel, sa mère, et il lui dit : Est-ce là le plus jeune de vos frères, dont vous m’aviez parlé ? Mon fils, ajouta-t-il, je prie Dieu qu’il vous soit toujours favorable. 30 Et il se hâta de sortir, parce que ses entrailles avaient été émues en voyant son frère, et qu’il ne pouvait plus retenir ses larmes. Passant donc dans une autre (sa) chambre, il pleura. 31 Et après s’être lavé le visage, il revint, se faisant violence (retint), et il dit : Servez à manger.
Note Gn. 43,31 : Servez des pains ; c’est-à-dire préparez un repas. Comparer à Genèse, 3, 19 ; 31, 54.
 
32 On servit Joseph à part, et ses frères à part, et les Egyptiens qui mangeaient avec lui furent aussi servis à part (car il n’est pas permis aux Egyptiens de manger avec les Hébreux, et ils croient qu’un festin (repas) de cette sorte serait profane). 33 Ils s’assirent donc en présence de Joseph, l’aîné le premier selon son rang, et le plus jeune selon son âge. Et ils furent extrêmement surpris, 34 en voyant les parts qu’il leur avait données ; la part la plus grande vint à Benjamin, elle était cinq fois plus grande que celle des autres. Ils burent ainsi avec Joseph, et ils firent grande chère (avec lui).
Note Gn. 43,34 : Firent grande chère, ou se réjouirent. Le verbe inebriare du texte est susceptible de ces deux significations.

Chapitre 44

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Chap. : 
Joseph fait mettre sa coupe dans sac de Benjamin.
Il traite ses frères comme des voleurs.
Juda s’offre à demeurer esclave à la place de Benjamin.
1 Or Joseph donna des ordres à l’intendant de sa maison, et lui dit : Mets dans leurs sacs autant de blé qu’ils en pourront tenir, et l’argent de chacun à l’entrée du sac ; 2 et (mais) mets ma coupe d’argent à l’entrée du sac du plus jeune, avec l’argent qu’il a donné pour le blé. Cet ordre fut donc exécuté.
 
3 Et le lendemain matin, on les laissa aller avec leurs ânes. 4 Lorsqu’ils furent sortis de la ville, comme ils n’avaient fait encore que peu de chemin, Joseph appela l’intendant de sa maison et lui dit : Cours vite après ces hommes, arrête-les et dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? 5 La coupe que vous avez dérobée est celle dans laquelle boit mon maître, et dont il se sert pour deviner. Vous avez fait une très méchante action.
Note Gn. 44,5 ; 44.15 : L’usage de deviner par la coupe était commun aux peuples de l’Orient et surtout aux Egyptiens (voir saint Augustin, de Civit. Dei, livre VII, chapitre 57). La traduction de la Vulgate, qui paraît la plus conforme au texte hébreu et qui est aussi celle des Septante, n’autorise cependant point à croire que Joseph se soit livré à des sortilèges ; car, comme le remarque saint Thomas (2. 2, quæst. 195, art. 7), Joseph et son intendant ont pu tenir le langage que Moïse leur prête, parce que les Egyptiens regardaient et proclamaient Joseph comme très habile dans l’art de la divination.
6 L’intendant fit ce qui lui avait été commandé, et, les ayant arrêtés, il leur dit tout ce qui lui avait été prescrit. 7 Ils lui répondirent : Pourquoi mon seigneur parle-t-il ainsi à ses serviteurs et les croit-il capables d’une action si honteuse ? 8 Nous vous avons rapporté du pays de Chanaan l’argent que nous avions trouvé à l’entrée de nos sacs. Comment donc se pourrait-il faire que nous eussions dérobé de la maison de votre maître de l’or ou de l’argent ? 9 Que celui de vos serviteurs, quel qu’il puisse être, auprès de qui l’on trouvera ce que vous cherchez, soit mis à mort, et nous serons esclaves de mon seigneur. 10 Il leur dit : Que ce que vous prononcez soit exécuté. Quiconque se trouvera avoir pris ce que je cherche sera mon esclave, et vous en serez innocents. 11 Ils déchargèrent donc aussitôt leurs sacs à terre, et chacun ouvrit le sien. 12 L’intendant les ayant fouillés, en commençant depuis le plus grand jusqu’au plus petit, trouva la coupe dans le sac de Benjamin.
 
13 Alors ayant déchiré leurs vêtements et rechargés leurs ânes, ils revinrent à la ville. 14 Juda se présenta le premier avec ses frères devant Joseph, qui n’était pas encore sorti du lieu où il était ; et ils se prosternèrent tous ensemble à terre devant lui. 15 Joseph leur dit : Pourquoi avez-vous agi ainsi ? Ignorez-vous qu’il n’y a personne qui m’égale dans la science de deviner les choses cachées ? 16 Juda lui dit : Que répondrons-nous à mon seigneur ? que lui dirons-nous, et que pouvons-nous lui représenter avec quelque ombre de justice pour notre défense ? Dieu a trouvé l’iniquité de vos serviteurs. Nous sommes tous les esclaves de mon seigneur, nous et celui à qui on a trouvé la coupe. 17 Joseph répondit : Dieu me garde d’agir de la sorte. (!) Que celui qui a pris ma coupe soit mon esclave ; et pour vous, allez en liberté retrouver votre père.
 
18 (Mais) Juda, s’approchant alors plus près de Joseph, lui dit avec assurance : Mon seigneur, permettez, je vous prie, à votre serviteur, de vous adresser la parole, et ne vous irritez pas contre votre esclave ; car après le Pharaon, c’est vous qui êtes 19 mon seigneur. Vous avez demandé d’abord à vos serviteurs : Avez-vous encore votre père ou quelque autre frère ?
Note Gn. 44,19 : Voir Genèse, 42, 13.
20 Et nous vous avons répondu, mon seigneur : Nous avons un père qui est âgé, et un jeune frère qu’il a eu dans sa vieillesse, dont le frère qui était né de la même mère est mort : il ne reste plus que celui-là, et son père l’aime tendrement. 21 Vous dites alors à vos serviteurs : Amenez-le-moi pour que mes yeux le contemplent. 22 Mais nous vous répondîmes, mon seigneur : Cet enfant ne peut quitter son père ; car, s’il le quitte, il le fera mourir. 23 Vous dîtes à vos serviteurs : Si le dernier de vos frères ne vient avec vous, vous ne verrez plus mon visage.
Note Gn. 44,23 : Voir Genèse, 43, vv. 3, 5.
24 Lors donc que nous fûmes retournés vers notre père, votre serviteur, nous lui rapportâmes tout ce que vous aviez dit, mon seigneur. 25 Et notre père nous ayant dit : Retournez en Egypte pour nous acheter un peu de blé, 26 nous lui répondîmes : Nous ne pouvons y aller seuls. Si notre jeune frère vient avec nous, nous irons ensemble ; mais à moins qu’il ne vienne, nous n’osons nous présenter devant celui qui commande en ce pays-là. 27 Il nous répondit : Vous savez que j’ai eu deux fils de Rachel ma femme. 28 L’un d’eux étant allé aux champs, vous m’avez dit qu’une bête l’avait dévoré, et il ne paraît plus jusqu’à cette heure.
Note Gn. 44,28 : Voir Genèse, 37, vv. 20, 33. ― Est sorti ; l’hébreu ajoute d’avec moi.
29 Si vous emmenez encore celui-ci, et qu’il lui arrive quelque accident en chemin, vous accablerez ma vieillesse (mes cheveux blancs) d’une affliction qui la conduira au tombeau.
Note Gn. 44,29 ; 44.31 : Les enfers. Voir, pour le vrai sens de ce mot, Genèse, 37, 35.
30 Si je me présente donc à mon père, votre serviteur, et que l’enfant n’y soit pas, comme sa vie (son âme) dépend de celle de son fils, 31 lorsqu’il verra qu’il n’est point avec nous, il mourra, et vos serviteurs accableront sa vieillesse (ses cheveux blancs) d’une douleur qui le mènera au tombeau (dans les enfers). 32 Que ce soit donc plutôt moi qui sois votre esclave, puisque je me suis rendu caution de cet enfant, et que j’en ai répondu à mon père, en lui disant : Si je ne le ramène, je veux bien (serai coupable) que mon père m’impute cette faute, et qu’il ne me la pardonne jamais.
Note Gn. 44,32 : Voir Genèse, 43, 9.
33 Ainsi je demeurerai votre esclave, et servirai mon seigneur à la place de l’enfant, afin qu’il retourne avec ses frères. 34 Car je ne puis pas retourner vers mon père sans que l’enfant soit avec nous, de peur que je ne sois moi-même témoin de l’extrême affliction (du malheur) qui accablera notre père.

Chapitre 45

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Chap. : 
Joseph se fait connaître à ses frères.
Ceux-ci s’en retournent vers Jacob chargés de présents.
Genèse 45, 1-9 : Joseph reconnu par ses frères - Gravure de Gustave Doré
Genèse 45, 1-9 : Joseph reconnu par ses frères - Gravure de Gustave Doré
1 Joseph ne pouvait plus se contenir devant tous ceux qui l’entouraient ; il commanda donc que l’on fît sortir tout le monde, afin que nul étranger ne fût présent lorsqu’il se ferait reconnaître de ses frères. 2 Il éleva la voix en pleurant, et il fut entendu des Egyptiens et de toute la maison du Pharaon.
 
3 Et il dit à ses frères : Je suis Joseph. Mon père vit-il encore ? Mais ses frères ne purent lui répondre, tant ils étaient saisis de frayeur. 4 Il leur dit avec bonté (douceur) : Approchez-vous de moi. Et (Lorsqu’) ils s’approchèrent (bien près,). Il ajouta : Je suis Joseph votre frère, que vous avez vendu pour être conduit en Egypte.
Note Gn. 45,4 : Voir Actes des Apôtres, 7, 13.
5 Ne craignez point, et ne vous affligez pas de ce que vous m’avez vendu pour être conduit en ce pays ; car Dieu m’a envoyé en Egypte avant vous pour votre salut.
Note Gn. 45,5 : Voir Genèse, 50, 20.
6 (Car) Il y a déjà deux ans que la famine a commencé dans cette contrée (sur la terre), et il en reste encore cinq, pendant lesquels on ne pourra ni labourer ni recueillir (moissonner). 7 Dieu m’a (donc) fait venir ici avant vous pour vous conserver la vie, et afin que vous puissiez avoir des vivres pour subsister. 8 Ce n’est point par votre conseil que j’ai été envoyé ici, mais par la volonté de Dieu, qui m’a rendu comme le père du Pharaon, le maître de sa maison, et le prince de toute l’Egypte. 9 Hâtez-vous d’aller trouver mon père, et dites-lui : Voici ce que vous mande votre fils Joseph : Dieu m’a établi seigneur de toute l’Egypte. Venez me trouver, ne différez point ; 10 vous demeurerez dans la terre de Gessen ; vous serez près de moi, vous et vos enfants, et les enfants de vos enfants, vos brebis, vos troupeaux de bœufs (de gros bétail) et tout ce que vous possédez.
Note Gn. 45,10 : La terre de Gessen était située entre l’isthme de Suez et la branche tanitique du nil. Du temps de Joseph, elle ne formait pas encore ce qu’on appelle un nome égyptien, mais elle était comme en dehors des divisions administratives, dans une région propre à nourrir des troupeaux.
11 Et je vous nourrirai là, parce qu’il reste encore cinq années de famine ; de peur qu’autrement vous ne périssiez avec toute votre famille et tout ce qui est à vous. 12 Vous voyez de vos yeux, vous et mon frère Benjamin, que c’est moi-même qui vous parle de ma propre bouche. 13 Annoncez à mon père quelle est ma gloire, et tout ce que vous avez vu dans l’Egypte. Hâtez-vous de me l’amener.
 
14 Et s’étant jeté au cou de Benjamin son frère, pour l’embrasser, il pleura, et Benjamin pleura aussi en le tenant embrassé. 15 Joseph embrassa aussi tous ses frères ; il pleura sur chacun d’eux ; et après cela ils se rassurèrent pour (osèrent) lui parler.
 
16 Aussitôt le bruit se répandit dans toute la cour du roi que les frères de Joseph étaient venus, et le Pharaon s’en réjouit avec toute sa maison. 17 Et il dit à Joseph : Dis à tes frères : Chargez vos ânes (bêtes) de blé, retournez en Chanaan ; 18 et amenez de là votre père avec toute votre famille, et venez me trouver. Je vous donnerai tous les biens de l’Egypte, et vous serez nourris de ce qu’il y a de meilleur dans ce pays.
Note Gn. 45,18 : De la moelle, hébreu de la graisse ; c’est-à-dire des meilleures productions.
19 Ordonne-leur aussi d’emmener des chariots (chars) de l’Egypte, pour faire venir leurs femmes avec leurs petits enfants, et dis-leur : Amenez votre père, et hâtez-vous de venir le plus tôt que vous pourrez, 20 sans rien laisser (note) de ce qui est dans vos maisons, parce que toutes les richesses de l’Egypte seront à vous.
Note Gn. 45,20 : Ne laissez rien, etc. Le vrai sens paraît être, conformément au texte hébreu et à ce qui suit immédiatement : Ne laissez rien avec regret, n’ayez aucun souci de laisser, etc.
 
21 Les enfants d’Israël firent ce qui leur avait été ordonné. Et Joseph leur fit donner des chariots, selon l’ordre qu’il en avait reçu du Pharaon, et des vivres pour le chemin. 22 Il commanda aussi que l’on donnât deux robes à chacun de ses frères ; mais il en donna cinq des plus belles à Benjamin, et trois cents pièces d’argent.
Note Gn. 45,22 : Trois cents pièces d’argent ; c’est-à-dire trois cents sicles. Le sicle d’argent pur valait environ 1 franc 66 centimes (en 1 900 ?).
23 Il envoya autant d’argent et de robes pour son père, avec dix ânes chargés de tout ce qu’il y avait de plus précieux dans l’Egypte, et autant d’ânesses qui portaient du blé et du pain pour le chemin.
Genèse 45, 24-28 et 46, 1-7 : Jacob se rend en Egypte - Gravure de Gustave Doré
Genèse 45, 24-28 et 46, 1-7 : Jacob se rend en Egypte - Gravure de Gustave Doré
24 Il renvoya donc ses frères, et il leur dit au départ : Ne vous querellez point le long du chemin.
 
25 Ils vinrent donc de l’Egypte au pays de Chanaan, vers Jacob leur père, 26 et ils lui dirent cette nouvelle (portèrent le message) : Votre fils Joseph est vivant, et il gouverne tout le pays d’Egypte. Ce que Jacob ayant entendu, il se réveilla comme d’un profond sommeil, et cependant il ne pouvait croire ce qu’ils lui disaient. 27 Ses enfants insistaient (Eux), au contraire, en lui rapportant comment toute la chose s’était passée. Enfin, ayant vu les chariots (chars) et tout ce que Joseph lui envoyait, il reprit ses esprits ; 28 et il dit : Je n’ai plus rien à souhaiter, puisque (si) mon fils Joseph vit encore. J’irai, et je le verrai avant de mourir.

Chapitre 46

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Chap. : 
Jacob vient en Egypte ; dénombrement de ses enfants.
Entrevue de Jacob et de Joseph.
1 Israël partit donc avec tout ce qu’il avait, et vint au Puits du Serment ; et ayant immolé en ce lieu des victimes au Dieu de son père Isaac,
Note Gn. 46,1 : Au Puits du Serment, à Bersabée. Voir Genèse, note 21, 33.
2 il l’entendit dans une vision, pendant la nuit, qui l’appelait, et qui lui disait : Jacob, Jacob. Il lui répondit : Me voici. 3 Et Dieu ajouta : Je suis le Dieu très puissant (fort) de ton père, ne crains point ; va en Egypte, parce que je t’y rendrai le chef d’un grand peuple. 4 J’irai là (moi-même) avec toi, et je t’en ramènerai lorsque tu en reviendras, Joseph aussi te fermera les (posera ses mains sur tes, note) yeux de ses mains.
Note Gn. 46,4 : Posera ses mains sur tes yeux ; les fermera. La coutume de fermer les yeux aux personnes décédées est très ancienne chez les Grecs eux-mêmes. C’étaient ordinairement les proches ou les amis les plus chers qui rendaient ce dernier devoir.
 
5 Jacob étant donc parti du Puits du Serment, ses enfants (fils) l’amenèrent avec ses petits-enfants et leurs femmes, dans les chariots que le Pharaon avait envoyés pour porter ce vieillard,
Note Gn. 46,5 : Voir Actes des Apôtres, 7, 15.
6 avec tout ce qu’il possédait au pays de Chanaan ; et il arriva en Egypte avec toute sa race (lignée),
Note Gn. 46,6 : Voir Josué, 24, 4 ; Psaumes, 104, 23 ; Isaïe, 52, 4.
7 ses fils, ses petits-fils, ses filles, et tout ce qui était né de lui.
 
8 Or voici les noms des enfants d’Israël qui entrèrent dans l’Egypte, lorsqu’il y vint avec toute sa race (ses enfants). Son fils aîné était Ruben.
Note Gn. 46,8 : Voir Exode, 1, 2 ; 6, 14 ; Nombres, 26, 5 ; 1 Paralipomènes, 5, vv. 1, 3.
9 Les fils de Ruben étaient Hénoch, Phallu, Hesron et Charmi. 10 Les fils de Siméon étaient Jamuel, Jamin, Ahod, Jachin, Sohar, et Saül, fils d’une femme de Chanaan.
Note Gn. 46,10 : Voir Exode, 6, 15 ; 1 Paralipomènes, 4, 24.
11 Les fils de Lévi étaient Gerson, Caath et Mérari.
Note Gn. 46,11 : Voir 1 Paralipomènes, 6, 1.
12 Les fils de Juda : Her, Onan, Séla, Pharès et Zara. Her et Onan moururent dans le pays de Chanaan. Les fils de Pharès étaient Hesron et Hamul.
Note Gn. 46,12 : Voir 1 Paralipomènes, 2, 3 ; 4, 21.
13 Les fils d’Issachar : Thola, Phua, Job et Semron.
Note Gn. 46,13 : Voir 1 Paralipomènes, 7, 1.
14 Les fils de Zabulon : Sared, Elon et Jahélel. 15 Ce sont là les fils de Lia qu’elle eut en Mésopotamie de Syrie, outre sa fille Dina. (Toutes les âmes de, note) Ses fils et ses filles étaient en tout trente-trois personnes.
Note Gn. 46,15 : Toutes les âmes de ses fils ; c’est-à-dire, tous ses fils, etc. Comparer à Genèse, 9, 5.
 
16 Les fils de Gad étaient Séphion, Haggi, Suni, Esébon, Héri, Arodi et Aréli. 17 Les fils d’Aser : Jamné, Jésua, Jessui, Béria, et (aussi) Sara leur sœur. Les fils de Béria étaient Héber et Melchiel.
Note Gn. 46,17 : Voir 1 Paralipomènes, 7, 30.
18 Ce sont là les fils de Zelpha, que Laban avait donnée à Lia sa fille ; elle les enfanta à Jacob ; en tout seize personnes (âmes).
 
19 Les fils de Rachel, femme de Jacob, étaient Joseph et Benjamin. 20 Joseph, étant en Egypte, eut deux fils de sa femme Aseneth, fille de Putiphar, prêtre d’Héliopolis : Manassé et Ephraïm.
Note Gn. 46,20 : Voir Genèse, 41, 50.
21 Les fils de Benjamin étaient Béla, Béchor, Asbel, Géra, Naaman, Echi, Ros, Mophim, Ophim, et Ared.
Note Gn. 46,21 : Voir 1 Paralipomènes, 7, 6 ; 8, 1.
22 Ce sont là les fils que Jacob eut de Rachel, qui font en tout quatorze personnes (âmes).
 
23 Dan n’eut qu’un fils, Husim.
Note Gn. 46,23 : Dans les généalogies, les Hébreux employaient quelquefois le pluriel pour le singulier. On trouve des exemples de cet idiotisme dans les anciens auteurs latins, soit orateurs, soit poètes, soit historiens.
24 Les fils de Nephtali étaient Jasiel, Guni, Jéser et Sallem. 25 Ce sont là les fils de Bala, que Laban avait donnée à Rachel sa fille ; elle les enfanta à Jacob ; en tout sept personnes (âmes).
 
26 Tous ceux (Toutes les âmes) qui vinrent en Egypte avec Jacob, et qui étaient sortis de lui, sans compter les femmes de ses fils, étaient en tout soixante-six personnes.
Note Gn. 46,26-27 : Les soixante-dix comptés au verset 27, renferment,outre les soixante-six indiqués au verset 26, Jacob, Joseph et ses deux fils.
27 Il y faut joindre les deux enfants de Joseph qui lui étaient nés en Egypte. Ainsi toutes les personnes (âmes) de la maison de Jacob qui vinrent en Egypte furent au nombre de soixante-dix.
Note Gn. 46,27 : Voir Deutéronome, 10, 22.
 
28 Or Jacob envoya Juda devant lui vers Joseph pour l’avertir de sa venue, afin qu’il vînt au-devant de lui en la terre de Gessen. 29 Quand Jacob y fut arrivé, Joseph fit atteler son char, et vint au même lieu au-devant de son père ; et le voyant, il se jeta à son cou, et l’embrassa en pleurant. 30 Jacob dit à Joseph : Je mourrai maintenant avec joie, puisque j’ai vu votre visage, et que je vous laisse (vivant) après moi.
 
31 Joseph dit à ses frères et à toute la maison de son père : Je m’en vais dire au (à) Pharaon que mes frères et tous ceux de la maison de mon père sont venus me trouver de la terre de Chanaan où ils demeuraient ; 32 que ce sont des (hommes) pasteurs de brebis, qui s’occupent (avec soin) à nourrir des troupeaux, et qu’ils ont amené avec eux leurs brebis, leurs bœufs et tout ce qu’ils pouvaient avoir. 33 Et lorsque le Pharaon (il) vous fera venir, et vous demandera : Quelle est votre occupation ? 34 Vous lui répondrez : Vos serviteurs sont (des hommes) pasteurs depuis leur enfance jusqu’à présent, et nos pères l’ont toujours été comme nous. (Or) Vous direz cela pour pouvoir demeurer dans la terre de Gessen, parce que les Egyptiens ont en abomination tous les pasteurs de brebis.

Chapitre 47

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Chap. : 
Jacob arrive avec sa famille en Egypte.
Pharaon leur donne la terre de Gessen.
Maladie de Jacob.
1 Joseph, étant donc allé trouver (le) Pharaon, (il) lui dit : Mon père et mes frères sont venus du pays de Chanaan avec leurs brebis, leurs troupeaux, et tout ce qu’ils possèdent, et ils se sont arrêtés en (dans) la terre de Gessen. 2 Il présenta aussi au roi (les) cinq (derniers) de ses frères ; 3 et le roi leur ayant demandé : A quoi vous occupez-vous ? Ils lui répondirent : Vos serviteurs sont pasteurs de brebis, comme l’ont été nos pères. 4 Nous sommes venus (comme étrangers) (passer quelque temps) dans vos terres, parce que la famine est si grande dans le pays de Chanaan, qu’il n’y a plus d’herbe pour les troupeaux de vos serviteurs. Et nous vous supplions d’agréer (prions d’ordonner) que vos serviteurs demeurent dans la terre de Gessen. 5 Le roi dit donc à Joseph : Ton père et tes frères sont venus te trouver. 6 Tu peux choisir dans toute l’Egypte ; fais-les demeurer dans l’endroit du pays qui te paraîtra le meilleur, et donne-leur la terre de Gessen. Que si tu connais (sais) qu’il y ait parmi eux des hommes habiles, donne-leur l’intendance sur mes troupeaux.
 
7 Joseph introduisit ensuite son père devant le roi, et il le lui présenta. Jacob salua le Pharaon, et le bénit. 8 Le roi lui ayant demandé quel âge il avait, 9 il lui répondit : Les jours de ma pérégrination sont de cent trente ans ; ils ont été peu nombreux (courts) et mauvais, et ils n’ont point atteint ceux de la pérégrination de mes pères.
Note Gn. 47,9 : Leur pèlerinage. « Il appelait un pèlerinage sa vie errante sur la terre, parce qu’il avait le sentiment de la patrie d’au-delà. ― Ceux qui tiennent ce langage, dit saint Paul, indiquent qu’ils cherchent la patrie, car s’ils avaient pensé seulement à celle d’où ils étaient sortis, ils avaient certainement le temps d’y retourner, mais ils en désiraient une meilleure, c’est-à-dire céleste. Voir Hébreux, 11, 16. » (FRANZ DELITZSCH.)
10 Et après avoir souhaité toute sorte de bonheur au roi, il se retira.
 
11 (Or) Joseph, selon le commandement du Pharaon, mit son père et ses frères en possession de Ramessès, dans le pays le plus fertile de l’Egypte.
Note Gn. 47,11 : Ramessès. La terre de Gessen est appelée ici par anticipation Ramessès, nom sous lequel elle fut aussi connue plus tard, lorsque les Hébreux y eurent bâti la ville de ce nom, du temps de Ramsès II, leur persécuteur. Voir Exode, 1, 11.
12 Et il les nourrissait avec toute la maison de son père, donnant à chacun ce qui lui était nécessaire pour vivre.
 
13 Car le pain manquait dans tout le pays, et la famine affligeait toute la terre, mais principalement l’Egypte et le pays de Chanaan. 14 Joseph, ayant amassé tout l’argent qu’il avait reçu des Egyptiens et des Chananéens pour le blé qu’il leur avait vendu, le porta au trésor du roi.
 
15 Et lorsqu’il ne resta plus d’argent à personne pour en acheter, tout le peuple de l’Egypte vint dire à Joseph : Donnez-nous du pain. Pourquoi nous laissez-vous mourir faute d’argent ? 16 Joseph leur répondit : Si vous n’avez plus d’argent, amenez vos troupeaux, et je vous donnerai du blé en échange. 17 Ils lui amenèrent donc leurs troupeaux, et il leur donna du blé pour le prix de leurs chevaux, de leurs brebis, de leurs bœufs et de leurs ânes ; et il les nourrit cette année-là pour les troupeaux qu’il reçut d’eux en échange.
 
18 Ils revinrent l’année d’après, et ils lui dirent : Nous ne vous cacherons point, mon seigneur, que l’argent nous ayant manqué d’abord, nous n’avons également plus de troupeaux. Et vous n’ignorez pas qu’excepté nos corps et nos terres nous n’avons rien. 19 Pourquoi donc mourrons-nous sous vos yeux ? Nous nous donnons à vous, nous et nos terres : achetez-nous pour être les esclaves du roi, et donnez-nous de quoi semer, de peur que la terre ne demeure en friche, si vous laissez périr ceux qui peuvent la cultiver. 20 Ainsi Joseph acheta toutes les terres de l’Egypte, chacun vendant tout ce qu’il possédait, à cause de l’extrémité de la famine : et il acquit de cette sorte au Pharaon toute l’Egypte, 21 avec tous les peuples, depuis une extrémité du royaume jusqu’à l’autre. 22 Excepté les seules terres des prêtres, qui leur avaient été données par le roi : car on leur fournissait une certaine quantité de blé des greniers publics ; c’est pourquoi ils ne furent point obligés de vendre leurs terres. 23 Après cela Joseph dit au peuple : Vous voyez que vous êtes au Pharaon, vous et toutes vos terres. Je vais donc vous donner de quoi semer, et vous ensemencerez vos champs, 24 afin que vous puissiez recueillir des grains. Vous en donnerez la cinquième partie au roi ; et je vous abandonne les quatre autres pour semer les terres, et pour nourrir vos familles et vos enfants. 25 Ils lui répondirent : Notre salut est entre vos mains. Regardez-nous seulement, mon seigneur, d’un œil favorable, et nous servirons le roi avec joie. 26 Depuis ce temps-là jusqu’à ce jour, on paye aux rois dans toute l’Egypte la cinquième partie du revenu des terres, et cela est comme passé en loi ; excepté la terre des prêtres, qui est demeurée exempte de cette sujétion.
 
27 Israël demeura donc en Egypte, c’est-à-dire dans la terre de Gessen, dont il jouit comme de son bien propre, et où sa famille s’accrut et se multiplia extraordinairement.
 
28 Il y vécut dix-sept ans, et tout le temps de sa vie fut de cent quarante-sept ans. 29 (Et) Comme il vit que le jour de sa mort approchait, il appela son fils Joseph, et lui dit : Si j’ai trouvé grâce devant toi, mets ta main sous ma cuisse, et donne-moi cette marque de bonté, de me promettre avec vérité que tu ne m’enterreras point en Egypte ;
Note Gn. 47,29 : Mets ta main sous ma cuisse. Voir Genèse, note 24.2.
30 mais que je reposerai avec mes pères, que tu me transporteras hors de ce pays, et me mettras dans le sépulcre de mes ancêtres. Joseph lui répondit : Je ferai ce que vous me commandez. 31 Jure-le-moi donc, dit Jacob. Et pendant que Joseph jurait, Israël adora Dieu, se tournant vers le chevet de son lit.

Chapitre 48

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Chap. : 
Jacob bénit Ephraïm et Manassé ; il laisse à Joseph le champ voisin de Sichem.
1 Après cela on vint dire un jour à Joseph que son père était malade ; alors prenant avec lui ses deux fils Manassé et Ephraïm, il l’alla voir. 2 On dit donc à Jacob : Voici votre fils Joseph qui vient vous voir. Jacob, reprenant ses forces, se mit sur son séant dans son lit.
 
3 Et il dit à Joseph lorsqu’il fut entré : Le Dieu tout-puissant m’a apparu à Luza, qui est au pays de Chanaan ; et m’ayant béni,
Note Gn. 48,3 : Voir Genèse, 28, 13.
4 il m’a dit : Je ferai croître et multiplier beaucoup ta race ; je te rendrai le chef d’une multitude de peuples, et je te donnerai cette terre, et à ta race (postérité) après toi, afin que tu la possèdes à jamais. 5 C’est pourquoi tes deux fils Ephraïm et Manassé, que tu as eus en Egypte avant que je vinsse ici auprès de toi, seront à moi, et ils seront mis au nombre de mes enfants, comme Ruben et Siméon.
Note Gn. 48,5 : Voir Genèse, 41, 50 ; Josué, 13, vv. 7, 29.
6 Mais les autres que tu auras après eux seront à toi, et ils porteront le nom de leurs frères dans les terres qu’ils posséderont. 7 Car lorsque je revenais de Mésopotamie je perdis Rachel, qui mourut en chemin, au pays de Chanaan : c’était au printemps, à l’entrée d’Ephrata, et je l’enterrai sur le chemin d’Ephrata, qui s’appelle aussi Bethléhem.
 
8 Alors Jacob, voyant les fils de Joseph, lui demanda : Qui sont ceux-ci ? 9 Joseph lui répondit : Ce sont mes enfants (fils), que Dieu m’a donnés dans ce pays. Approche-les de moi, dit Jacob, afin que je les bénisse. 10 Car les yeux d’Israël s’étaient obscurcis à cause de sa grande vieillesse, et il ne pouvait bien voir. Les ayant donc fait approcher de lui, il les embrassa et les baisa ; 11 et il dit à son fils : Dieu m’a voulu donner la joie de te voir, et il y ajoute encore celle de voir tes enfants (ta postérité). 12 Joseph, les ayant retirés d’entre les bras de son père, (adora) en se prosternant à (incliné vers la) terre. 13 Et (Puis) ayant mis Ephraïm à sa droite, c’est-à-dire à la gauche d’Israël, et Manassé à sa gauche, c’est-à-dire à la droite de son père, il les approcha tous deux de Jacob ; 14 lequel, étendant sa main droite, la mit sur la tête d’Ephraïm, qui était le plus jeune, et mit sa main gauche sur la tête de Manassé, qui était l’aîné, changeant ainsi ses deux mains de place. 15 Et bénissant les enfants de Joseph, il dit : Que le Dieu en la présence de qui ont marché mes pères Abraham et Isaac, le Dieu qui me nourrit depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour ;
Note Gn. 48,15 : Voir Hébreux, 11, 21.
16 que l’ange qui m’a délivré de tous maux, bénisse ces enfants ; qu’ils portent mon nom, et les noms de mes pères Abraham et Isaac, et qu’ils se multiplient de plus en plus sur la terre.
Note Gn. 48,16 : Voir Genèse, 31, 29 ; 32, 2 ; Matthieu, 18, 10. ― Que mon nom, etc., c’est-à-dire qu’ils portent mon nom.
 
17 Mais Joseph, voyant que son père avait mis sa main droite sur la tête d’Ephraïm, en eut de la (une grande) peine ; et prenant la main de son père, il tâcha de la lever de dessus la tête d’Ephraïm, pour la mettre sur la tête de Manassé,
Note Gn. 48,17 : La tribu d’Ephraïm fut toujours une des plus nombreuses et des plus puissantes d’Israël. Les anciens Pères remarquent que cette préférence du puîné à l’aîné figure les avantages des chrétiens sur les juifs.
18 en disant à son père : Vos mains ne sont pas bien, mon père, car celui-ci est l’aîné. Mettez votre main droite sur sa tête. 19 Mais, refusant de le faire, il lui dit : Je le sais, mon fils, je le sais ; lui aussi sera chef de peuples, et sa race (il) se multipliera ; mais son frère, qui est plus jeune, sera plus grand que lui, et sa postérité se multipliera dans les nations. 20 Jacob les bénit donc alors, et dit : Israël sera béni en vous, et on dira : Que Dieu vous bénisse comme Ephraïm et Manassé. Ainsi il mit Ephraïm avant Manassé.
 
21 Il dit ensuite à Joseph son fils : Vous voyez que je vais mourir, Dieu sera avec vous, et il vous ramènera au pays de vos pères. 22 Je te donne de plus qu’à tes frères cette part de mon bien que j’ai gagnée sur les Amorrhéens avec mon épée et mon arc.
Note Gn. 48,22 : Voir Josué, 15, 7 ; 16, 1 ; 24, 8. ― De l’Amorrhéen. Voir Genèse, 15, 16.

Chapitre 49

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Chap. : 
Dernières paroles de Jacob.
Il prédit à chacun de ses fils ce qui doit lui arriver.
Il meurt.
1 Or Jacob appela ses enfants, et leur dit : Assemblez-vous tous, afin que je vous annonce ce qui doit vous arriver dans les derniers temps.
Note Gn. 49,1 : Voir Deutéronome 33, 6. ― Afin que je vous annonce, etc., prouve que les bénédictions de Jacob sont aussi des prophéties, et qu’il bénit ses enfants non seulement comme père, mais aussi comme prophète. ― Les jours derniers. Cette expression marque dans l’Ecriture des temps futurs, tantôt plus, tantôt moins éloignés.
 
2 Venez tous ensemble, et écoutez, enfants de Jacob, écoutez Israël votre père.
 
3 Ruben, mon premier-né, ma force, et la principale cause (le principe) de ma douleur : tu devais être le plus favorisé dans les (premier en) dons, et le plus grand en autorité.
Note Gn. 49,3 : Plus grand en puissance. Allusion à son droit d’aînesse.
4 Mais tu t’es répandu comme l’eau. Puisses-tu ne point croître, parce que tu es monté sur le lit de ton père, et que tu as souillé sa couche.
Note Gn. 49,4 : Voir 1 Paralipomènes, 5, 1. ― Parce que tu es monté, etc. Comparer à Genèse, 35, 22. ― Tu t’es répandu comme l’eau. Ruben ne jouit pas, en effet, de ses droits d’aînesse. La principauté et la dignité messianique, le sacerdoce et la double portion d’héritage qui étaient les privilèges de l’aîné furent transférés à Juda, Lévi et Joseph. Dathan et Abiron, qui furent ses descendants, cherchèrent en vain à les faire prévaloir, voir Nombres, 16,1. Sa tribu fut sans importance.
 
5 Siméon et Lévi sont frères, instruments d’un carnage plein d’injustice (d’iniquité dans le combat).
Note Gn. 49,5 : Sont frères ; c’est-à-dire, selon l’hébreu, ils sont bien ressemblants. Comparer à Genèse, 34, 30.
6 A Dieu ne plaise que mon âme ait aucune part à leurs conseils, et que ma gloire soit ternie en me liant avec eux ; parce qu’ils ont signalé leur fureur en tuant des hommes (un homme), et leur volonté criminelle en renversant une ville (un mur).
Note Gn. 49,6 : Voir Genèse, 34, 25. ― Homme et mur sont ici des noms collectifs, pour des hommes, des murs.
7 Que leur fureur soit maudite, parce qu’elle est opiniâtre, et que leur colère soit en exécration, parce qu’elle est dure (implacable). Je les diviserai dans Jacob, et je les disperserai dans Israël.
Note Gn. 49,7 : Voir Josué, 19, 1. ― Je les diviserai dans Jacob. Lévi et Siméon furent effectivement séparés en Israël. Lévi n’eut aucune part dans le partage de la Terre Promise, il ne posséda que 48 villes dispersées. Siméon ne prospéra pas ; il ne reçut point de territoire à part, mais seulement l’aride Négeb, au sud de la Palestine et quelques villes disséminées dans la tribu de Juda.
 
8 Juda, tes frères te loueront, ta main sera sur le cou de tes ennemis ; les enfants de ton père se prosterneront devant toi.
Note Gn. 49,8 : La première partie de cette prophétie se rapporte à la tribu de Juda, mais la dernière à Jésus-Christ, qui descendait de Juda selon la chair. ― Tes frères te loueront ; Juda signifie louer. Jacob prend le nom de Juda, de même qu’il va le faire de celui de la plupart de ses frères, comme une sorte de présage de sa destinée future.
9 Juda est un jeune lion. Tu t’es levé, mon fils, pour ravir la proie. En te reposant, tu t’es couché comme un lion et une lionne ; qui osera le réveiller ?
Note Gn. 49,9 : Voir 1 Paralipomènes, 5, 2.
10 Le sceptre ne sera point ôté de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu’à ce que soit venu celui qui doit être envoyé ; et c’est lui qui sera l’attente des nations.
Note Gn. 49,10 : Voir Matthieu, 2, 6 ; Jean, 1, 45. ― Cette prophétie reçut son accomplissement au temps de Jésus-Christ, qui parut au moment où les Juifs venaient de perdre l’autorité souveraine, et qui prouva par ses miracles qu’il était le Messie que Dieu devait envoyer et que les nations avaient attendu.
11 Il liera son ânon à la vigne, il liera, ô mon fils, son ânesse à la vigne. Il lavera sa robe dans le vin, et son manteau dans le sang des raisins.
Note Gn. 49,11 : Il liera à la vigne, etc. Un des traits les plus caractéristiques de la tribu de Juda furent ses vignobles. A Hébron, à Engaddi, à Bethléhem surtout, plus que partout ailleurs en Palestine, les flancs des collines sont tapissés de vignes avec leurs tours de garde et leurs murs soutenant les terrasses. L’âne sert à transporter les raisins.
12 Ses yeux sont plus beaux que le vin, et ses dents plus blanches que le lait.
 
13 Zabulon habitera sur le rivage de la mer et près du port des navires, et il s’étendra jusqu’à Sidon.
Note Gn. 49,13 : Zabulon eut pour territoire le pays situé entre la mer Méditerranée, Sion ou la Phénicie et le lac de Génésareth.
 
14 Issachar, comme un âne robuste, se tient couché dans son étable.
Note Gn. 49,14-15 : Issachar, satisfait de la richesse de son territoire où est enclavée une partie de la plaine fertile d’Esdrelon, se rendit tributaire des étrangers pour ne pas troubler son repos.
15 Et voyant que le repos est bon et que la (sa) terre est excellente, il a baissé l’épaule (soumis son épaule aux) sous les fardeaux, et il s’est assujetti à payer les tributs.
 
16 Dan gouvernera son peuple aussi bien que les autres tribus d’Israël.
Note Gn. 49,16 : Dan jugera, etc. Jacob fait allusion au nom de Dan, qui signifie juge. Il veut donc dire que si une autre tribu fournit des juges, des gouverneurs au peuple d’Israël, celle de Dan aura aussi ce privilège, quoiqu’elle ne soit pas considérable par sa grandeur, et que Dan lui-même doive le jour à une des servantes de son père. Il est certain que Samson, qui fut un des Juges d’Israël, appartenait à la tribu de Dan.
17 Que Dan devienne comme un serpent dans le chemin, et comme un céraste dans le sentier, qui mord le pied du cheval, afin que celui qui le monte tombe à la renverse.
Note Gn. 49,17 : Un céraste. Le céraste est un serpent à cornes, couleur de terre, qui se cache dans les ornières, de sorte qu’il peut mordre facilement les passants. Le sens est que Dan suppléera par la ruse à ce qui lui manquera en force. C’est en effet par surprise qu’il s’empara de Laïs, voir Juges, 18, 28-29.
 
18 Seigneur, j’attendrai votre salut.
Note Gn. 49,18 : Votre salut ; c’est-à-dire votre Messie.
 
19 Gad combattra tout armé à la tête d’Israël, et il retournera ensuite couvert de ses armes (en arrière).
Note Gn. 49,19 : Devant lui ; pour devant Dan. ― En arrière ; placé sur la frontière, exposé aux incursions de l’ennemi, il saura se défendre.
 
20 Le pain d’Aser sera excellent (gras), et les rois y trouveront leurs délices.
Note Gn. 49,20 : Gras est son pain. Le territoire d’Aser, qui longeait la Phénicie en partant du Carmel, était très fertile, et particulièrement riche en froment et en huile. La plaine d’Acre, qui lui appartenait, est peut-être celle qui produit la plus riche végétation de la Palestine et le plus beau blé.
 
21 Nephtali sera comme un cerf qui s’échappe, et la grâce sera répandue sur ses paroles.
Note Gn. 49,21 : Barac de la tribu de Nephtali, timide dans le principe comme le cerf, se signala ensuite par sa valeur en poursuivant les Chananéens avec la vitesse du cerf, et après la victoire remportée sur eux, il chanta avec Debbora un cantique qui étincelle en beauté de tout genre (voir Juges, chapitres 4 et 5). ― Le cerf ou la gazelle est dans l’Ecriture l’emblème du guerrier rusé et agile.
 
22 Joseph croîtra et se multipliera (de plus en plus). Il est agréable à contempler ; ses rameaux courent (les jeunes filles ont couru) le long de la muraille.
Note Gn. 49,22 : Voir 1 Paralipomènes, 5, 1.
23 Mais ceux qui étaient armés de dards l’ont exaspéré, l’ont querellé, et lui ont porté envie. 24 Il a mis son arc et sa confiance dans le (Très) Fort, et les chaînes de ses mains et de ses bras ont été rompues par la main du (Tout-)Puissant de Jacob. De là (il) est sorti le pasteur et le rocher d’Israël. 25 Le Dieu de ton père sera ton protecteur, et le Tout-Puissant te comblera des bénédictions du haut du ciel, des bénédictions de l’abîme des eaux d’en bas, des bénédictions (du lait) des mamelles et du fruit des entrailles.
Note Gn. 49,25 : Des bénédictions célestes d’en haut, des bénédictions de l’abîme qui est en bas. Sichem (voir Genèse, note 12.6) fut le centre des possessions des enfants de Joseph. La plaine à l’extrémité de laquelle était bâtie Sichem, la plus large et la plus belle dans les montagnes d’Ephraïm, était un petit grenier d’abondance, rempli de blé, et réalisant pleinement ces bénédictions.
26 Les bénédictions que te donne ton père surpassent (seront fortifiées par) celles qu’il a reçues de ses pères ; et elles dureront, jusqu’à ce que le désir des collines éternelles soit accompli. Que ces bénédictions se répandent sur la tête de Joseph, et sur le haut de la tête de celui qui est (un) nazaréen entre ses frères.
Note Gn. 49,26 : Les bénédictions de ton père, etc. ; c’est-à-dire aux bénédictions que je te donne se joindront les bénédictions que j’ai reçues de mes pères. D’autres traduisent d’après l’hébreu : Les bénédictions de ton père surpassent ou surpasseront les bénédictions de ses pères. La Vulgate, comme le texte hébreu, met le prétérit au lieu du futur, parce que, dans les prédictions et les promesses prophétiques, les choses qu’on prédit et qu’on promet sont envisagées comme déjà accomplies. ― Nazaréen ; c’est-à-dire séparé, éloigné de son père, de sa maison ; selon d’autres, consacré à Dieu ; selon d’autres enfin, couronné dans la maison de Pharaon. Dans la cour des rois d’Orient, le premier officier se nomme nazir, ou officier de la couronne.
 
27 Benjamin sera un loup ravissant ; il dévorera la proie le matin, et le soir il partagera les dépouilles.
Note Gn. 49,27 : Le soir, il partagera les dépouilles. Quoique la tribu de Benjamin fût une des plus petites, elle compta néanmoins parmi les plus fortes, parce qu’elle était la maîtresse des défilés qui, de son territoire, donnent accès dans les plaines adjacentes. Saint Paul qui conquit tant de nations à l’Eglise était Benjamite.
 
28 Ce sont là les chefs des douze tribus d’Israël. Leur père leur parla en ces termes, et il bénit chacun d’eux (les uns après les autres) en leur donnant les bénédictions qui leur étaient propres.
 
29 Il leur donna aussi cet ordre, et il leur dit : Je vais être réuni à mon peuple ; ensevelissez-moi avec mes pères dans la caverne double qui est dans le champ d’Ephron Héthéen,
Note Gn. 49,29 : Dans la caverne double. Voir Genèse, note 23.9.
30 laquelle est en face de Mambré, au pays de Chanaan, et qu’Abraham acheta d’Ephron Héthéen, avec tout le champ où elle est, pour y avoir son sépulcre.
Note Gn. 49,30 : Voir Genèse, 23, 17.
31 C’est là qu’il a été enseveli avec Sara sa femme. C’est là qu’aussi Isaac a été enseveli avec Rébecca sa femme, et que Lia est pareillement ensevelie. 32 Après avoir achevé de donner ces ordres et ces instructions à ses enfants, il joignit ses pieds sur son lit, et mourut ; et il fut réuni à son peuple.
 

Chapitre 50

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Chap. : 
Obsèques de Jacob.
Mort de Joseph.
1 Joseph, voyant son père mort, se jeta sur son visage, et le baisa en pleurant. 2 Il commanda aux médecins qu’il avait à son service d’embaumer le corps de son père. 3 Et ils exécutèrent l’ordre qu’il leur avait donné ; ce qui dura quarante jours, parce que c’était la coutume d’employer ce temps pour embaumer les morts. Et l’Egypte pleura Jacob soixante-dix jours.
 
4 Le temps du deuil étant passé, Joseph dit aux officiers du Pharaon : Si j’ai trouvé grâce devant vous, je vous prie de représenter au roi 5 que mon père m’a dit : Tu vois que je me meurs ; promets-moi sous le serment que tu m’enseveliras dans mon sépulcre que je me suis préparé au pays de Chanaan. J’irai donc ensevelir mon père, et je reviendrai (aussitôt).
Note Gn. 50,5 : Voir Genèse, 47, 29.
6 Le Pharaon lui dit : Va, et ensevelis ton père selon qu’il t’y a engagé par serment.
 
7 Et lorsque Joseph y alla, les premiers officiers (tous les anciens) de la maison du Pharaon, et les plus grands (tous les anciens) de l’Egypte l’y accompagnèrent tous
Note Gn. 50,7 : Les anciens, etc. (Vulg. senes, majores natu) ; c’est-à-dire les grands officiers de la cour de Pharaon, et les premiers personnages, les principaux de l’Egypte.
8 avec la maison de Joseph et tous ses frères qui le suivirent, laissant au pays de Gessen leurs petits enfants et tous leurs troupeaux. 9 Il y eut aussi des chariots et des cavaliers (chars et des esclaves) qui le suivirent ; et il se trouva là une grande multitude de personnes. 10 Lorsqu’ils furent venus à l’aire d’Atad, qui est située au-delà du Jourdain, ils y célébrèrent les funérailles pendant sept jours avec beaucoup de pleurs et de grands cris (un deuil grand et solennel).
Note Gn. 50,10 : L’aire d’Atad, dont la situation est inconnue, était à l’est du Jourdain, d’après les uns, à l’ouest d’après les autres.
11 Ce que les habitants du pays de Chanaan ayant vu, ils dirent : Voilà un grand deuil parmi les Egyptiens. C’est pourquoi ils nommèrent ce lieu le Deuil d’Egypte.
Note Gn. 50,11 : Deuil de l’Egypte, en hébreu : Abel-Misraïm.
 
12 Les enfants (fils) de Jacob accomplirent donc ce qu’il leur avait commandé ; 13 et l’ayant porté au pays de Chanaan, ils l’ensevelirent dans la caverne double qu’Abraham avait achetée d’Ephron l’Héthéen, avec le champ qui regarde Mambré, pour en faire le lieu de son sépulcre.
Note Gn. 50,13 : Voir Actes des Apôtres, 7, 16 ; 23, 16. ― Dans la caverne double, à Makpelah. Voir Genèse, note 23.9.
 
14 Aussitôt que Joseph eut enseveli son père, il retourna en Egypte avec ses frères et toute sa suite.
 
15 Après la mort de Jacob, les frères de Joseph eurent peur, et ils s’entredirent : Joseph pourrait bien maintenant se souvenir de l’injure qu’il a soufferte, nous rendre tout le mal que nous lui avons fait. 16 Ils lui envoyèrent donc dire : Votre père, avant de mourir, nous a commandé 17 De vous dire de sa part : Je te conjure d’oublier le crime de tes frères, et cette (noire) malice dont ils ont usé contre toi. Nous vous conjurons aussi de pardonner cette iniquité aux serviteurs du Dieu de votre père. Joseph pleura en entendant ces paroles. 18 Et ses frères, étant venus le trouver, se prosternèrent devant lui, et lui dirent : Nous sommes vos serviteurs. 19 Il leur répondit : Ne craignez point ; pouvons-nous résister à la volonté de Dieu ? 20 Vous avez eu le dessein de me faire du mal ; mais Dieu a changé ce mal en bien, afin de m’élever comme vous voyez maintenant, et de sauver plusieurs (beaucoup de) peuples.
Note Gn. 50,20 : Voir Genèse, 45, 5.
21 Ne craignez point ; je vous nourrirai, vous et vos (petits) enfants. Et il les consola en leur parlant avec beaucoup de douceur et de tendresse.
Note Gn. 50,21 : Voir Genèse, 47, 12.
 
22 Il demeura (donc) dans l’Egypte avec toute la maison de son père, et il vécut cent dix ans. Il vit les enfants d’Ephraïm jusqu’à la troisième génération. Machir, fils de Manassé, eut aussi des enfants, qui naquirent sur les genoux de Joseph.
Note Gn. 50,22 : Voir Nombres, 32, 39. ― Naquirent sur les genoux de Joseph. Voir Genèse, 30, 3.
23 Joseph dit ensuite à ses frères : Dieu vous visitera après ma mort, et il vous fera passer de cette terre à celle qu’il avait juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob.
Note Gn. 50,23 : Voir Hébreux, 11, 12.
 
24 Et il exigea d’eux une promesse sous le sceau du serment, et il leur dit : Dieu vous visitera ; transportez mes os avec vous hors de ce lieu.
Note Gn. 50,24 : Voir Exode, 13, 19 ; Josué, 24, 32. ― Emportez mes os. Ce commandement fut exécuté. Voir Josué, note 24.32.
25 Il mourut ensuite âgé de cent dix ans accomplis ; et son corps, ayant été embaumé, fut mis dans un cercueil en Egypte.
 

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.