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Actes des Apôtres
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Actes des Apôtres

Chapitre 1

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Chap. : 
Prologue de saint Luc.
Ascension de Jésus-Christ.
Retour des Apôtres à Jérusalem.
Saint Mathias est élu à la place de Judas.
Actes 1, 1-9 : L'Ascension - Gravure de Gustave Doré
Actes 1, 1-9 : L'Ascension - Gravure de Gustave Doré
1 Dans mon premier livre, ô Théophile, j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement,
Note Act. 1,1 : Mon premier récit ; c'est-à-dire l'Evangile que j'ai composé. ― Théophile. C'est le même à qui saint Luc avait déjà dédié son Evangile. Voir Luc, 1, 3.
2 jusqu'au jour où après avoir donné ses ordres, par l'Esprit-Saint, aux Apôtres qu'il avait choisis, il fut enlevé au ciel.
Note Act. 1,2 : Par l'Esprit-Saint, qui disposait les Apôtres à recevoir les instructions de Jésus.
 
3 Il s'était aussi montré à eux vivant, après sa passion, par des preuves nombreuses, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu.
 
4 Comme il mangeait avec eux, il leur ordonna de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père, que vous avez, dit-il, entendue de ma bouche ;
Note Act. 1,4 : Voir Matthieu, 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; 24, 49 ; Jean, 1, 26 ; 14, 26.
5 car Jean a baptisé dans l'eau, mais vous, vous serez baptisés dans l'Esprit-Saint dans peu de jours. 6 Ceux donc qui se trouvèrent réunis l'interrogèrent en disant : Seigneur, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d'Israël ?
Note Act. 1,6 : Voir Matthieu, 10, 23 ; 16, 28 ; Marc, 13, 32. ― Rétablissement d'Israël annoncé par les Prophètes. Voir références dans Luc, note 21.24. Pendant quarante jours, le Christ leur parla du royaume de Dieu (verset 3), et à la question des Apôtres (quand ?, verset 6), Jésus-Christ ne leur répond pas qu'ils sont dans l'erreur d'attendre ce rétablissement terrestre mais simplement que ce n'est pas à eux de connaître les temps et les moments (verset 7).
7 Il leur répondit : Ce n'est point à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ; 8 mais vous recevrez la force (vertu) du Saint-Esprit qui descendra sur vous ; et vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.
Note Act. 1,8 : Voir Actes des Apôtres, 2, 2 ; Luc, 24, 48. ― La Judée proprement dite comprenait la Palestine méridionale ; la Samarie était située entre la Judée et la Galilée.
 
9 Après qu'il eut dit ces paroles, sous leurs regards il fut élevé, et une nuée le déroba à leurs yeux.
Note Act. 1,9 : Il s'éleva sur le mont des Oliviers.
10 Et comme ils contemplaient attentivement le ciel pendant qu'il s'en allait, voici que deux hommes se présentèrent à eux en vêtements blancs,
Note Act. 1,10 : Deux hommes ; c'est-à-dire deux anges sous une forme humaine.
11 et dirent : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous l'avez vu aller au ciel.
 
12 Alors ils revinrent à Jérusalem, de la montagne appelée des Oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance du chemin d'un jour de sabbat.
Note Act. 1,12 : Une journée de sabbat signifie ici la distance de deux mille pas de chemin, distance que ne pouvait pas dépasser les Juifs, le jour du sabbat. ― La montagne qu'on appelle des Oliviers. Voir Matthieu, 21, 1.
13 Lorsqu'ils furent rentrés, ils montèrent dans la chambre haute (le cénacle, note) où demeuraient Pierre et Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, et Simon le Zélote, et Jude, frère de Jacques.
Note Act. 1,13 : Le cénacle était une chambre haute où l'on se retirait pour prier, où l'on recevait les étrangers, etc. C'était la pièce principale dans les maisons juives ; c'est là qu'on se réunissait pour les repas, les entretiens. L'article suppose un cénacle connu, peut-être celui où Jésus fit la dernière cène avec ses Apôtres. ― Le mot cénacle est la traduction du grec hyperôon, sur lequel on peut voir Marc, note 2.4.
14 Eux tous persévéraient d'un commun accord dans la prière avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et ses frères.
Note Act. 1,14 : Ses frères. Comparer à Matthieu, 12, 46.
 
15 En ces jours-là, Pierre, se levant au milieu des frères, qui étaient rassemblés au nombre d'environ cent vingt, leur dit : 16 Mes frères, il fallait que s'accomplît ce que le Saint-Esprit a prédit dans l'Ecriture, par la bouche de David, au sujet de Judas, qui a été le guide de ceux qui ont arrêté Jésus.
Note Act. 1,16 : Voir Psaumes, 40, 10 ; Jean, 13, 18.
17 Il était compté parmi nous, et il avait reçu sa part de notre ministère. 18 Cet homme, après avoir acquis un champ avec le salaire du crime, se pendit et se brisa par le milieu, et toutes ses entrailles se répandirent.
Note Act. 1,18 : Voir Matthieu, 27, 7.
19 Le fait a été si connu de tous les habitants de Jérusalem, que ce champ a été nommé dans leur langue Haceldama, c'est-à-dire, champ du sang.
Note Act. 1,19 : Haceldama. On montre ce champ, d'après une tradition ancienne, au sud-est de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom. Il est situé au milieu d'anciens tombeaux.
20 Car il est écrit dans le livre des Psaumes : Que leur demeure devienne déserte et qu'il n'y ait personne qui l'habite, et qu'un autre reçoive son ministère.
Note Act. 1,20 : Voir Psaumes, 68, 26 ; 108, 8. ― Cette application des Psaumes a d'autant plus de force que saint Pierre la faisait en parlant à des Juifs qui admettaient le sens allégorique.
21 Il faut donc que, parmi les hommes qui ont été en notre compagnie pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous,
Note Act. 1,21 : A vécu parmi nous ; littéralement Est entré et sorti avec nous. Par l'entrer et le sortir, les Hébreux comprenaient toutes les actions, l'ensemble de la vie et de la conduite.
22 à commencer depuis le baptême de Jean, jusqu'au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection.
 
23 Ils en présentèrent deux : Joseph appelé Barsabas, surnommé le Juste, et Mathias.
Note Act. 1,23 : Joseph… Barsabas ou fils de Sabas. Eusèbe dit qu'il était du nombre des soixante-douze disciples. ― Mathias, devenu apôtre à la place de Judas, alla prêcher l'Evangile en Ethiopie et y souffrit le martyre.
24 Et se mettant en prière, ils dirent : Seigneur, vous qui connaissez les cœurs de tous, montrez lequel de ces deux vous avez choisi 25 pour occuper la part du ministère et de l'apostolat que Judas a quitté par son crime, pour s'en aller dans son lieu. 26 Alors ils tirèrent au sort ; et le sort tomba sur Mathias, qui fut mis au rang des onze Apôtres.

Chapitre 2

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Chap. : 
Descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte.
Don des langues.
Première prédication de saint Pierre.
Trois mille hommes convertis.
Vie des premiers fidèles.
Actes 2, 1-7 : La Pentecôte - Gravure de Gustave Doré
Actes 2, 1-7 : La Pentecôte - Gravure de Gustave Doré
1 Lorsque le jour de la Pentecôte fut arrivé, ils étaient tous ensemble dans un même lieu.
Note Act. 2,1 : Pentecôte est un mot grec qui signifie cinquantième, parce que la fête que nous appelons ainsi se célèbre le cinquantième jour après Pâques. C'était la seconde grande fête juive et elle avait pour objet de remercier Dieu à la fin de la moisson du bienfait de la récolte.
2 Tout à coup il se produisit, venant du ciel, un bruit comme celui d'un vent impétueux (qui arrive), et il remplit toute la maison où ils étaient assis.
Note Act. 2,2 : Toute la maison. On croit communément que les Apôtres étaient dans le cénacle.
3 Et ils virent paraître des langues séparées les unes des autres (qui se séparèrent), qui étaient comme de feu, et qui se posèrent sur chacun d'eux. 4 Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l'Esprit-Saint leur donnait de s'exprimer.
Note Act. 2,4 : Voir Matthieu, 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 7, 39 ; Actes des Apôtres, 1, 8 ; 11, 16 ; 19, 6.
 
5 Or il y avait à Jérusalem des Juifs pieux qui y séjournaient, de toutes les nations qui sont sous le ciel. 6 Après que ce bruit se fut fait entendre, ils accoururent en foule, et ils furent stupéfaits, parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. 7 Ils étaient tous hors d'eux-mêmes ; et dans leur étonnement ils disaient : Tous ces hommes qui parlent ne sont-ils pas Galiléens ? 8 Comment donc chacun de nous les entend-il parler la langue de son pays ? 9 Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée et la Cappadoce, le Pont et l'Asie,
Note Act. 2,9 : Les quinze peuples énumérés ici et versets 10-11 doivent s'entendre des Juifs habitant au milieu d'eux. Les premiers nommés sont à l'est de la Judée ; de là saint Luc passe au nord, puis au sud et enfin à l'ouest. ― Parthes. La Parthie était une province d'Asie, bornée à l'est par l'Ariane, au nord par l'Hyrcanie, à l'ouest par la Médie et au sud par les déserts de la Carmanie. ― Mèdes. La Médie, située aussi en Asie et confinant à l'est à la Parthie, était de plus limitrophe, de ce côté, de l'Hyrcanie et de la Susiane ; au nord elle était limitée par la mer Caspienne, à l'ouest par la Syrie et la grande Arménie et au sud par la Perse. Elle avait pour capitale Ecbatane. ― La Mésopotamie est la région de l'Asie située entre les deux fleuves de l'Euphrate et du Tigre, d'où son nom qui signifie en grec : au milieu des fleuves. Les Juifs y étaient très nombreux. ― La Cappadoce, dans l'Asie Mineure, était bornée, dans l'empire romain, à l'est par la petite Arménie, au nord par le Pont, à l'ouest par la Galatie et la Lycaonie, au sud par la Cilicie et la Commagène. ― Le Pont, aussi en Asie Mineure, avait pour frontières à l'est la petite Arménie ; au nord, le Pont-Euxin ; à l'ouest, la Paphlagonie et la Galatie ; au sud, la Cappadoce et la petite Arménie. ― L'Asie. Ce nom, dans la division administrative de l'empire romain, désignait l'Asie proconsulaire, c'est-à-dire la Mysie, la Lydie, la Carie et la Phrygie et comprenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale. La Phrygie est nommée séparément dans le verset 10 à cause de son importance.
10 la Phrygie et la Pamphylie, l'Egypte et le territoire de la Libye qui est près de Cyrène, les étrangers résidant à Rome,
Note Act. 2,10 : La Phrygie avait pour limites à l'est et au nord la Galatie ; au sud-est, la Lycaonie ; au nord-ouest, la Pisidie ; à l'ouest, la Lydie et la Mysie ; au nord-ouest et au nord, la Bythinie. Les villes phrygiennes mentionnées dans les Actes des Apôtres sont Laodicée, Hiérapolis et Colosses. ― La Pamphylie était au sud de la Pisidie, à l'ouest de la Cilicie, au nord de la mer Méditerranée et à l'est de la Lycie et de la Phrygie mineure. ― Les contrées de la Libye voisine de Cyrène. La Libye, vaste région de l'Afrique septentrionale, à l'ouest de l'Egypte, renfermait la Cyrénaïque, qui tirait son nom de la ville de Cyrène et où les Juifs étaient très nombreux. Cyrène était à onze milles romains de la Méditerranée. Les Juifs y avaient été établis par Ptolémée I, roi d'Egypte.
11 Juifs ou (et) prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler en nos langues des merveilles de Dieu.
Note Act. 2,11 : Prosélytes ; gentils convertis au judaïsme. ― Juifs et prosélytes. Ces mots s'appliquent aux deux classes d'étrangers venus de Rome, les uns étant juifs d'origine, les autres païens de naissance. ― Crétois, habitants de l'île de Crète, dans l'archipel, aujourd'hui Candie. ― Arabes, habitants de la péninsule de l'Arabie. Parmi les auditeurs des Apôtres, les Parthes, les Mèdes et les Elamites devaient parler des dialectes de la langue persane ; l'araméen était la langue de la Mésopotamie, analogue à celle de la Judée ; l'arabe était l'idiome de l'Arabie ; les habitants de la Cappadoce, du Pont, de la province d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Egypte, de la Cyrénaïque et de la Crète parlaient grec ; ceux de Rome latin et grec.
12 Ils étaient tous hors d'eux-mêmes, et dans leur étonnement ils se disaient les uns aux autres : Que veut dire ceci ? 13 Mais d'autres disaient en se moquant : Ils sont pleins de vin nouveau (doux).
 
Actes 2, 14-24 : Les apôtres prêchant l'Evangile - Gravure de Gustave Doré
Actes 2, 14-24 : Les apôtres prêchant l'Evangile - Gravure de Gustave Doré
14 Alors Pierre, se présentant avec les onze, éleva la voix et leur dit : Hommes Juifs (de Judée), et vous tous qui séjournez à Jérusalem, sachez bien ceci, et prêtez l'oreille à mes paroles.
Note Act. 2,14 : Hommes de Judée :Juifs de naissance.
15 Ces hommes ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car il n'est que la troisième heure du jour.
Note Act. 2,15 : La troisième heure du jour ; c'est-à-dire neuf heures du matin. Aux jours de fêtes, les Juifs ne mangeaient qu'après les prières du matin finies, vers midi.
16 Mais il arrive ce qui a été dit par le prophète Joël : 17 Il arrivera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes.
Note Act. 2,17 : Voir Isaïe, 44, 3 ; Joël, 2, 28. ― Sur toute chair. Voir Matthieu, 24, 22.
18 Oui, sur mes serviteurs et sur mes servantes, en ces jours-là je répandrai de mon Esprit, et ils prophétiseront. 19 Et je ferai paraître des prodiges dans le ciel, et des miracles en bas sur la terre ; du sang, du feu, et une vapeur de fumée. 20 Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le grand et glorieux (manifeste) jour du Seigneur.
Note Act. 2,20 : Le soleil s'obscurcira, la lune deviendra couleur de sang : images de grandes calamités. ― Grand et manifeste… Grand et terrible : c'est le sens de l'hébreu. En grec : éclatant, glorieux.
21 Et alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Note Act. 2,21 : Voir Joël, 2, 32 ; Romains, 10, 13.
22 Hommes Israélites, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, cet homme approuvé de Dieu parmi vous par les actes de puissance, les prodiges et les miracles que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ; 23 cet homme vous ayant été livré selon le dessein arrêté et la prescience de Dieu, vous l'avez affligé et fait mourir par les mains des méchants.
Note Act. 2,23 : Dieu a livré son Fils, et son Fils s'est livré lui-même à cause de son amour pour nous. Ainsi le sacrifice de Jésus-Christ livré pour nous a été saint, et la décision de Dieu même. Mais ceux qui le trahirent et le crucifièrent commirent un grand crime, suivant en cela leur propre malice et l'instigation du démon, et non la volonté et l'ordre de Dieu, qui n'était nullement l'auteur de leur perversité, bien qu'il le permît, parce qu'il pouvait, comme il le fit réellement, en tirer un si grand bien, c'est-à-dire notre salut. ― Livré par Judas. ― Des méchants, des impies et des païens (Pilate et les Romains) : Pierre ménage les Juifs, qu'il veut gagner à Jésus-Christ.
24 Dieu l'a ressuscité, en dissipant les douleurs du séjour des morts, parce qu'il était impossible qu'il y fût retenu. 25 Car David dit de lui : Je voyais toujours le Seigneur devant moi, parce qu'il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé.
Note Act. 2,25 : Voir Psaumes, 15, 8.
26 C'est pourquoi mon cœur s'est réjoui, et ma langue a été dans l'allégresse, et ma chair même reposera avec espérance, 27 car vous ne laisserez pas mon âme dans le séjour des morts, et vous ne permettrez pas que votre Saint voie la corruption.
Note Act. 2,27 : Dans l'enfer ; c'est-à-dire dans les limbes, et nullement dans le tombeau, comme quelques-uns le prétendent. ― Voie la corruption ; hébraïsme, pour éprouve la corruption.
28 Vous m'avez fait connaître le chemin de la vie, et vous me remplirez de joie en me montrant votre visage. 29 Mes frères, qu'il me soit permis de vous dire hardiment, au sujet du patriarche David, qui est mort, qu'il a été enseveli, et que son sépulcre est parmi nous jusqu'à ce jour.
Note Act. 2,29 : Voir 1 Rois, 2, 10. ― Au milieu de nous, dans Jérusalem.
30 Mais comme il était prophète, et qu'il savait que Dieu lui avait juré, sous la foi du serment, de faire asseoir sur son trône un fils issu de lui,
Note Act. 2,30 : Voir Psaumes, 131, 91.
31 c'est la résurrection du Christ qu'il a prévue, lorsqu'il a dit qu'il n'a pas été laissé dans le séjour des morts, et que sa chair n'a pas vu la corruption.
Note Act. 2,31 : Voir Psaumes, 15, 10 ; Actes des Apôtres, 13, 35.
32 C'est ce Jésus que Dieu a ressuscité ; nous en sommes tous témoins. 33 Après donc qu'il a été élevé par la droite de Dieu, et qu'il a reçu du Père la promesse de l'Esprit-Saint, il a répandu cet Esprit, que vous voyez et entendez (vous-mêmes). 34 Car David n'est pas monté au ciel ; mais il a dit lui-même : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite,
Note Act. 2,34 : Voir Psaumes, 109, 1.
35 jusqu'à ce que j'aie fait de tes ennemis l'escabeau de tes pieds.
Note Act. 2,35 : L'escabeau de vos pieds. Voir Matthieu, 22, 44.
36 Que toute la maison d'Israël sache donc très certainement que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié.
 
37 Ayant entendu ces paroles, ils eurent le cœur touché de componction, et ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : Hommes et frères, que ferons-nous ? 38 Pierre leur répondit : Faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour la rémission de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.
Note Act. 2,38 : Soit baptisé au nom de Jésus-Christ ; c'est-à-dire du baptême de Jésus-Christ et non de celui de saint Jean-Baptiste ; du baptême qui, tirant sa vertu de Jésus-Christ, remet les péchés par lui-même. Ainsi ce texte ne prouve nullement que dans la primitive Eglise on baptisât seulement en invoquant le nom de Jésus-Christ, sans faire mention des autres personnes de la Trinité.
39 Car c'est pour vous qu'est la promesse, et pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. 40 Par beaucoup d'autres paroles il les conjurait et les exhortait, en disant : Sauvez-vous du milieu de cette génération perverse. 41 Ceux donc qui reçurent sa parole furent baptisés ; et, ce jour-là, trois mille personnes environ se joignirent aux disciples.
 
42 Ils persévéraient dans la doctrine des Apôtres, dans la communion de la fraction du pain, et dans les prières. 43 La crainte était dans toutes les âmes ; en outre, beaucoup de prodiges et de miracles étaient opérés par les Apôtres à Jérusalem ; et il y avait en tous une grande crainte (frayeur). 44 Tous ceux qui croyaient vivaient ensemble, et ils possédaient tout en commun.
Note Act. 2,44 : Tout en commun : cette communauté de bien n'exista que dans l'Eglise naissante de Jérusalem, et encore n'était-t-elle pas aussi absolue que ces mots semblent l'indiquer (voir Actes des Apôtres, 4, 32).
45 Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. 46 Chaque jour aussi ils étaient assidus tous ensemble dans le temple, et rompant le pain dans les maisons, ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur, 47 louant Dieu, et ayant la faveur de tout le peuple. Et le Seigneur augmentait chaque jour l'assemblée (le nombre) de ceux qui devaient être sauvés.

Chapitre 3

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Chap. : 
Boiteux guéri à la porte du temple par saint Pierre au nom de Jésus-Christ.
Seconde prédication de saint Pierre.
Actes 3, 1-11 : Saint Pierre et Saint Jean guérissant un boiteux - Gravure de Gustave Doré
Actes 3, 1-11 : Saint Pierre et Saint Jean guérissant un boiteux - Gravure de Gustave Doré
1 Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de la neuvième heure.
Note Act. 3,1 : La neuvième heure commençait à trois heures de l'après-midi, et finissait au coucher du soleil. Les Juifs priaient trois fois par jour, le matin, à midi et le soir.
2 Et il y avait un homme, boiteux dès le sein de sa mère, qu'on portait et qu'on plaçait chaque jour à la porte du temple qu'on appelle la Belle, pour qu'il demandât l'aumône (à ceux qui entraient dans le temple).
Note Act. 3,2 : La porte du temple appelée la Belle, parce qu'elle était plus belle que les autres. Josèphe nous apprend qu'elle était en airain de Corinthe, couvert d'or et d'argent. Elle était dans l'enceinte orientale du temple et conduisait au parvis des Gentils dans la vallée du Cédron.
3 Cet homme, ayant vu Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, les priait, pour recevoir une aumône. 4 Pierre, avec Jean, fixa les yeux sur lui, et dit : Regarde-nous. 5 Il les regardait donc attentivement, espérant qu'il allait recevoir quelque chose d'eux. 6 Mais Pierre dit : Je n'ai ni or ni argent ; mais ce que j'ai, je te le donne. Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche. 7 Et l'ayant pris par la main droite, il le souleva ; et aussitôt ses jambes et ses (les plantes de ses) pieds furent affermis. 8 D'un bond, il fut debout, et il se mit à marcher ; et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu.
Note Act. 3,8 : S'élançant, sautant…; comparer à Isaïe, 35, 6 : « Le boiteux bondira comme le cerf, et la langue des muets sera déliée. »
9 Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. 10 Et reconnaissant que c'était celui-là même qui se tenait à la Belle porte du temple pour demander l'aumône, ils furent remplis de stupeur et d'étonnement de ce qui lui était arrivé. 11 Et comme il tenait par la main Pierre et Jean, tout le peuple courut à eux, au portique appelé de Salomon.
Note Act. 3,11 : Au portique appelé de Salomon. Ainsi appelé parce qu'il était resté debout après la ruine du temple salomonien sous Nabuchodonosor ; il était situé à l'est du temple. Voir Jean, 10, 23.
 
12 Voyant cela, Pierre dit au peuple : Hommes Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de cela ? Ou pourquoi nous regardez-vous, comme si c'était par notre vertu ou par notre puissance que nous eussions fait marcher cet homme ? 13 Le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son Fils Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, quand il jugeait qu'il fallait le relâcher. 14 Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous accordât la grâce d'un meurtrier ;
Note Act. 3,14 : Voir Matthieu, 27, 20 ; Marc, 15, 11 ; Luc, 23, 18 ; Jean, 18, 40. ― Un meurtrier, Barabbas. Voir Matthieu, 27, 16.
15 et vous avez fait mourir l'auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d'entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. 16 C'est à cause de la foi en son nom que ce nom a raffermi cet homme, que vous voyez et connaissez ; et la foi qui vient de lui a opéré en présence de vous tous cette parfaite guérison.
Note Act. 3,16 : Que son nom ; locution biblique : le nom du Christ, pour le Christ lui-même ; comme dans l'Ancien Testament le nom de Jéhovah pour Jéhovah lui-même.
 
17 Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance, aussi bien que vos chefs. 18 Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que son Christ devait souffrir, l'a ainsi accompli. 19 Faites donc pénitence, et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés, 20 lorsque seront venus des temps de rafraîchissement de la part du Seigneur, et qu'il aura envoyé celui qui vous a été annoncé, Jésus-Christ ;
Note Act. 3,20-21 : « Les temps de rafraîchissement sont identiques avec les jours du rétablissement de toutes choses (verset 21), qui viendront après le second avènement du Messie. Au jugement [des Nations], le Messie expulsera de son royaume tout péché et toute souillure ; il y aura alors un ciel nouveau et une terre nouvelle (voir Apocalypse, 21, 1-5), et toutes choses seront ramenées à l'état primitif, antérieur à la chute (comparer à Romains, 13, verset 19 et suivants) ; alors se lèvera pour les justes et le fidèles le jour du grand sabbat, le temps du repos et du rafraîchissement, après les jours du combat et de la tribulation. Mais la venue de ces temps heureux dépend de la conversion des hommes : elle est d'autant plus prochaine que les hommes seront plus tôt convertis (comparer à 2 Pierre, 3, 9). ― De la part du Seigneur ; littéralement devant la face du Seigneur. » (CRAMPON, 1 885) Voir Luc, 17, 21.
21 mais il faut que le ciel le reçoive jusqu'au temps du rétablissement de toutes choses, dont Dieu a parlé depuis longtemps (le commencement du monde) par la bouche de ses saints prophètes. 22 Moïse a dit : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi ; vous l'écouterez en tout ce qu'il vous dira.
Note Act. 3,22 : Voir Deutéronome, 18, 15.
23 Et voici : quiconque n'écoutera pas ce prophète sera exterminé du milieu du peuple. 24 Tous les prophètes qui ont parlé à partir de Samuel et après lui ont annoncé ces jours-là.
Note Act. 3,24 : Samuel, le dernier juge d'Israël, fut le fondateur des écoles de prophètes et prophète lui-même.
25 Vous êtes les fils des prophètes et de l'alliance que Dieu a établie avec nos pères, en disant à Abraham : En ta race (postérité) seront bénies toutes les familles de la terre.
Note Act. 3,25 : Voir Genèse, 12, 3.
26 C'est pour vous premièrement que Dieu a suscité son Fils, et il l'a envoyé pour vous bénir, afin que chacun se convertisse de son iniquité.

Chapitre 4

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Chap. : 
Pierre et Jean mis en prison.
Accroissement du nombre des fidèles.
Les deux apôtres comparaissent devant le Conseil des Juifs.
Discours de Pierre.
Silence imposé aux apôtres.
Réponse de Pierre.
Prière de l’Eglise assemblée.
Nouvelle effusion du Saint-Esprit.
Union des fidèles.
Barnabé vend son bien.
1 Tandis qu'ils parlaient au peuple, survinrent les prêtres, le capitaine (magistrat) du temple et les sadducéens,
Note Act. 4,1 : Et le magistrat du temple. Voir Luc, 22, 4.
2 ennuyés (courroucés) de ce qu'ils enseignaient le peuple et annonçaient en Jésus la résurrection des morts ; 3 et ayant jeté les mains sur eux, ils les mirent en prison jusqu'au lendemain, car il était déjà tard. 4 Cependant, beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent ; et le nombre des hommes furent de cinq mille.
 
5 Mais (Or) il arriva, le lendemain, que les chefs du peuple, les anciens et les scribes s'assemblèrent à Jérusalem,
Note Act. 4,5 : Les anciens, les membres du Sanhédrin. ― Les scribes. Voir Matthieu, 2, 4.
6 avec Anne le grand prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre, et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale.
Note Act. 4,6 : Anne. Voir Luc, 3, 2. ― Caïphe, voir Matthieu, 26, 3. ― Jean, Alexandre sont deux membres d'ailleurs inconnus du Sanhédrin.
7 Et faisant comparaître les apôtres au milieu d'eux, ils leur demandèrent : Par quelle puissance, ou au nom de qui avez-vous fait cela ? 8 Alors, Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : Princes du peuple et anciens, écoutez. 9 Puisque aujourd'hui nous sommes jugés pour avoir fait du bien à un homme infirme, et qu'on nous demande comment (à cause de celui en qui) il a été guéri, 10 qu'il soit connu de vous tous, et de tout le peuple d'Israël, que c'est par le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts ; c'est par lui que cet homme se tient guéri (debout et sain) devant vous. 11 C'est lui qui est la pierre rejetée par vous les constructeurs, et qui est devenu la pierre de l'angle,
Note Act. 4,11 : Voir Psaumes, 117, 22 ; Isaïe, 28, 16 ; Matthieu, 21, 42 ; Marc, 12, 10 ; Luc, 20, 17 ; Romains, 9, 33 ; 1 Pierre, 2, 7.
12 et il n'y a de salut en aucun autre : car aucun autre nom sous le ciel n'a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.
Note Act. 4,12 : Dans l'Ecriture, le nom est souvent mis pour la personne.
 
13 Voyant la constance de Pierre et de Jean, et ayant appris que c'étaient des hommes sans instruction, et du commun du peuple, ils étaient dans l'étonnement ; ils savaient d'ailleurs qu'ils avaient été avec Jésus ; 14 et voyant debout avec eux l'homme qui avait été guéri, ils n'avaient rien à répliquer. 15 Ils leur ordonnèrent donc de sortir de l'assemblée, et ils délibéraient entre eux,
Note Act. 4,15 : Du Conseil, du Sanhédrin. Voir Matthieu, 26, 59.
16 en disant : Que ferons-nous à ces hommes ? car ils ont fait un miracle connu de tous les habitants de Jérusalem ; cela est manifeste, et nous ne pouvons pas le nier. 17 Mais, afin que cela ne soit pas divulgué davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler à l'avenir en ce nom-là à qui que ce soit. 18 Et les ayant rappelés, ils leur défendirent absolument de parler et d'enseigner au nom de Jésus. 19 Mais Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s'il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu ; 20 car nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu. 21 Ils les relâchèrent néanmoins, après les avoir menacés, ne trouvant aucun moyen de les punir, à cause du peuple, parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé. 22 En effet, l'homme en qui avait été opéré ce miracle de guérison avait plus de quarante ans.
 
23 Après qu'on les eut relâchés, ils vinrent auprès des leurs et leur racontèrent tout ce que les princes des prêtres et les anciens leur avaient dit. 24 Lorsqu'ils l'eurent entendu, ils élevèrent unanimement leur voix vers Dieu, et ils dirent : Seigneur, c'est vous qui avez fait le ciel et la terre, la mer, et tout ce qu'ils contiennent ; 25 vous qui avez dit par l'Esprit-Saint, par la bouche de notre père David, votre serviteur : Pourquoi les nations ont-elles frémi, et les peuples ont-ils formé de vains projets ?
Note Act. 4,25 : Voir Psaumes, 2, 1.
26 Les rois de la terre se sont soulevés, et les princes se sont ligués ensemble contre le Seigneur et contre son Christ. 27 Car Hérode et Ponce Pilate se sont vraiment ligués dans cette ville avec les gentils et le peuple d'Israël, contre votre saint serviteur (Fils) Jésus, que vous avez oint,
Note Act. 4,27 : Hérode Antipas, tétrarque de Galilée. Voir Matthieu, 14, 1. ― Ponce Pilate. Voir Matthieu, 27, 2. Hérode, qui tourna Jésus en dérision, et Pilate, qui le condamna, répondent aux rois de la terre du verset 26.
28 pour faire ce que votre main et votre conseil avaient décrété de laisser faire. 29 Et maintenant, Seigneur, regardez leurs menaces, et donnez à vos serviteurs d'annoncer votre parole en toute confiance, 30 en étendant votre main pour opérer des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de votre saint Fils Jésus.
 
31 Lorsqu'ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; ils furent tous remplis de l'Esprit-Saint, et ils annonçaient la parole de Dieu avec confiance.
Note Act. 4,31 : Trembla : ce fut un ébranlement local, semblable à celui de la Pentecôte, et comme lui accompagné d'une effusion de l'Esprit-Saint, qui remplit les disciples d'une nouvelle ardeur ; ce fut un amen divin répondu d'en haut à leur prière.
 
32 Or la multitude des croyants n'avait qu'un cœur et qu'une âme, et aucun ne disait de ce qu'il possédait que c'était à lui ; mais toutes choses étaient communes entre eux. 33 Les Apôtres rendaient témoignage avec une grande force à la résurrection de Jésus-Christ Notre-Seigneur, et une grâce était en eux tous. 34 Car il n'y avait aucun pauvre parmi eux : tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu, 35 et le mettaient aux pieds des Apôtres ; on le distribuait ensuite à chacun, selon ses besoins.
 
36 C'est ainsi que Joseph, surnommé Barnabé par les Apôtres (c'est-à-dire, fils de consolation), lévite, originaire de la Chypre,
Note Act. 4,36 : Joseph surnommé Barnabé, qui devait jouer un rôle important dans la prédication de l'Evangile aux Gentils, ne nous est connu qu'à partir de cet épisode de sa vie. On ignore s'il avait été un des disciples de Notre Seigneur pendant sa vie mortelle. On a supposé, mais sans preuves, qu'il avait été condisciple de saint Paul à l'époque de Gamaliel. Ce qui est certain, c'est qu'il fut longtemps le compagnon du grand Apôtre. Les Actes des Apôtres nous font connaître le reste de sa vie jusqu'au moment où il se rend en Chypre sa patrie, avec Jean Marc, son neveu, qu'on croit être le même que l'Evangéliste saint Marc.
37 ayant un champ, le vendit, et en apporta le prix, qu'il mit aux pieds des Apôtres.

Chapitre 5

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Chap. : 
Ananie et Saphire frappés de mort en punition de leur mensonge.
Miracles des Apôtres.
Les Apôtres sont emprisonnés, délivrés par un ange, puis amenés devant le Conseil.
Discours de Pierre.
Conseil de Gamaliel.
Les Apôtres pleins de joie d’avoir souffert des opprobres pour Jésus-Christ.
1 Mais un homme nommé Ananie, avec Saphire sa femme, vendit un champ, 2 et frauda sur le prix du champ, d'accord avec sa femme ; et en apportant une partie, il la mit aux pieds des Apôtres.
Note Act. 5,2 : Ananie, comme on le voit au verset 4, était absolument maître de son argent, et il n'aurait point péché en le gardant chez lui ; mais ce qui l'a rendu coupable d'un crime que Dieu lui-même a jugé digne de mort, c'est d'avoir retenu par avarice une partie de cet argent, en voulant néanmoins se donner en public le mérite de l'avoir tout offert, et ne craignant pas pour cela de mentir à Dieu et aux hommes.
3 Mais Pierre dit : Ananie, pourquoi Satan a-t-il tenté ton cœur, pour te faire mentir à l'Esprit-Saint, et frauder sur le prix du champ ?
Actes 5, 4-5 : La mort d'Ananie - Gravure de Gustave Doré
Actes 5, 4-5 : La mort d'Ananie - Gravure de Gustave Doré
4 Si tu l'avais gardé, ne demeurait-il pas à toi ? et une fois vendu, n'était-il pas encore en ton pouvoir ? Pourquoi as-tu mis une pareille chose dans ton cœur ? Ce n'est pas aux hommes que tu as menti, mais à Dieu.
Note Act. 5,4 : N'était-il pas encore en ta puissance, par le prix que tu en avais retiré, et qu'il dépendait de toi de garder ?
5 Ananie, ayant entendu ces paroles, tomba et expira. Et une grande crainte saisit tous ceux qui l'apprirent. 6 Cependant les plus jeunes, s'étant avancés, l'enlevèrent, l'emportèrent et l'ensevelirent.
Note Act. 5,6 : Ils l'ensevelirent. En Palestine, on enterrait les morts immédiatement après le décès.
 
7 Or il arriva, environ trois heures après, que sa femme, ne sachant pas ce qui s'était passé, entra. 8 Et Pierre lui dit : Dis-moi, femme, est-ce à tel (ce) prix que vous avez vendu votre champ ? Elle répondit : Oui, à tel (ce -là) prix. 9 Alors Pierre lui dit : Pourquoi vous êtes-vous concertés pour tenter l'Esprit (-Saint) du Seigneur ? Voici que les pieds de ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils vont t'emporter. 10 A l'instant même elle tomba à ses pieds, et expira. Les jeunes gens en entrant la trouvèrent morte ; et ils l'emportèrent, et l'ensevelirent auprès de son mari. 11 Une grande frayeur se répandit dans toute l'Eglise, et sur tous ceux qui apprirent ces choses.
Note Act. 5,11 : L'Eglise : c'est la première fois que ce mot paraît dans les Actes des Apôtres avec la signification de société de tous les Fidèles.
 
12 Cependant, par les mains des Apôtres il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple ; et ils se tenaient tous ensemble dans le portique de Salomon.
Note Act. 5,12 : Par les mains des Apôtres. Les Hébreux se servaient des mots main, mains pour exprimer les idées de moyen, d'instrument, d'entremise. Dans le portique de Salomon. Voir Jean, 10, 23.
13 Aucun des autres n'osait se joindre à eux ; mais le peuple faisait d'eux de grands éloges. 14 Et la multitude de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s'augmentait de plus en plus ; 15 au point qu'on apportait les malades dans les rues, et qu'on les mettait sur des lits et des grabats, afin que, Pierre venant à passer, son ombre au moins couvrît quelqu'un d'eux, et qu'ils fussent délivrés de leurs infirmités. 16 Une foule nombreuse accourait aussi à Jérusalem des villes voisines, amenant des malades, et ceux que tourmentaient des esprits impurs ; et ils étaient tous guéris.
 
17 Alors le prince des prêtres et tous ceux qui étaient avec lui (c'était la secte des Sadducéens), s'élevèrent, remplis de jalousie ;
Note Act. 5,17 : De la secte des sadducéens. Voir Matthieu, note 3.7.
18 et ils jetèrent les mains sur les Apôtres, et les mirent dans la prison publique. 19 Mais pendant la nuit un ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison, et, les faisant sortir, leur dit : 20 Allez, et vous tenant dans le temple, annoncez au peuple toutes ces (les) paroles de (cette) vie.
Note Act. 5,20 : L'expression cette vie peut désigner, ou la vie éternelle que les Apôtres prêchaient habituellement dans leurs discours, ou la vie nouvelle, c'est-à-dire la nouvelle religion, le christianisme.
21 Ce qu'ayant entendu, ils entrèrent dans le temple dès le point du jour, et ils enseignaient. Cependant le prince des prêtres et ceux qui étaient avec lui étant arrivés, ils convoquèrent le Conseil et tous les anciens du peuple d'Israël, et ils envoyèrent à la prison, afin qu'on amenât les Apôtres.
Note Act. 5,21 ; 5.27 ; 5.34 ; 5.41 : Le Conseil, le Sanhédrin. ― Tous les anciens des enfants d'Israël, tous les membres du Sanhédrin. Voir Matthieu, 26, 59.
 
22 Les agents (archers), y étant allés, ouvrirent la prison ; et ne les ayant pas trouvés, ils revinrent l'annoncer, 23 disant : Nous avons trouvé la prison fermée avec grand soin, et les gardes debout devant les portes ; mais, ayant ouvert, nous n'avons trouvé personne à l'intérieur. 24 Lorsqu'ils eurent entendu ces paroles, le capitaine (magistrat) du temple et les princes des prêtres étaient perplexes au sujet des Apôtres et de l'issue de cette affaire.
Note Act. 5,24 : Le magistrat du temple. Voir Luc, 22, 4.
25 Mais quelqu'un, survenant, leur dit : Voici, les hommes que vous avez mis en prison se tiennent dans le temple, et enseignent le peuple. 26 Alors le capitaine (magistrat) s'y rendit avec ses agents (archers), et les amena sans violence ; car ils craignaient d'être lapidés par le peuple. 27 Lorsqu'ils les eurent amenés, ils les introduisirent devant le Conseil ; et le grand (prince des) prêtre les interrogea, 28 en disant : Nous vous avons expressément défendu d'enseigner en ce nom-là. Et voici que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme.
Note Act. 5,28 : Nous vous avons défendu absolument ; littéralementEn défendant nous vous avons défendu ; hébraïsme, dont le but est de donner de la force et de l'énergie au discours.
29 Mais Pierre et les Apôtres répondirent : Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. 30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir en le pendant au bois.
Note Act. 5,30 : A un bois, au bois : c'était, d'après la Loi, le supplice des grands criminels, et celui qui le subissait était « maudit de Dieu » (voir Deutéronome, 21, 23). Pierre choisit à dessein une expression qui rappelle toutes ces idées.
31 C'est lui que Dieu a élevé par sa droite comme prince et Sauveur, pour donner à Israël la pénitence et la rémission des péchés. 32 Et nous, nous sommes témoins de ces choses, ainsi que l'Esprit-Saint, que Dieu a donné à tous ceux qui lui obéissent.
 
33 Lorsqu'ils eurent entendu ces paroles, ils étaient exaspérés, et ils voulaient les mettre à mort. 34 Mais un pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi, honoré de tout le peuple, se levant dans le Conseil, ordonna qu'on fit sortir un instant les Apôtres ;
Note Act. 5,34 : Gamaliel, pharisien, docteur de la loi, avait été le maître de saint Paul. On croit généralement qu'il est le même que le docteur de ce nom si célèbre dans le Talmud. Il était fils de Rabbi Siméon et petit-fils de Hillel, l'un des docteurs de la loi les plus renommés. Il fut président du Sanhédrin sous Tibère, Caligula et Claude. D'après la tradition, il se convertit au christianisme et mourut dix-huit ans avant la prise de Jérusalem par Titus.
35 puis il dit : Hommes Israélites, prenez garde à ce que vous allez faire à ces hommes. 36 Car il y a quelques temps s'est levé Théodas, qui prétendait être quelque chose (quelqu’un), et quatre cents hommes environ s'attachèrent à lui ; il fut tué, et tous ceux qui croyaient en lui furent dispersés et réduits à néant.
Note Act. 5,36 : Quelqu'un de grand, un personnage important, comme il est dit dans Actes des Apôtres, 8, 9. ― Théodas. Josèphe parle d'un Théodas qui se révolta aussi contre les Romains, mais ce ne peut être celui qui est mentionné par saint Luc, parce que celui dont l'historien juif nous a conservé le souvenir ne se souleva contre la domination étrangère que dix à douze ans au moins après le discours de Gamaliel, c'est-à-dire vers l'an 44 ou 45, sous l'empereur Claude. De plus, d'après les Actes des Apôtres, Théodas vivant Judas le Galiléen, dont l'insurrection éclata vers l'an 6 ou 7 de notre ère ; il faut donc placer sa révolte à la fin du règne d'Hérode-le-Grand. L'année même de la mort de ce roi fut agitée par beaucoup de troubles et il s'éleva de divers côtés des chefs fanatiques dont la plupart ne sont pas nommés par Josèphe. Parmi ces insurgés indiqués seulement d'une manière vague pouvait se trouver le Théodas des Actes des Apôtres. Ce nom était assez commun en Palestine.
37 Après lui se leva Judas de Galilée, au temps du dénombrement, et il attira le peuple à sa suite ; mais il périt aussi, et tous ceux qui s'étaient attachés à lui furent dispersés.
Note Act. 5,37 : Judas le Galiléen ou le Gaulonite, qui se révolta contre les Romains « aux jours du dénombrement » de Quirinus, l'an 6 de notre ère, était, d'après les renseignements que nous fournit Josèphe dans ses Antiquités hébraïques, un Gaulonite, originaire de Gamala. Il reçut le surnom de Galiléen, sans doute parce que son insurrection éclata en Galilée. Il avait pris pour mot d'ordre : « Nous n'avons pas d'autre Seigneur ni d'autre maître que Dieu. » Judas périt et ses sectateurs se dispersèrent. Josèphe le considère, avec le pharisien Sadoc, comme le fondateur d'une nouvelle secte, celles des Gaulonites, qui vint s'ajouter à celles des Pharisiens, des Sadducéens et des Esséniens. Les Gaulonites peuvent être considérés comme les précurseurs ou les ancêtres des Zélotes qui dominèrent à Jérusalem pendant le siège de cette ville par Titus.
38 Et maintenant je vous dis : Retirez-vous de ces hommes, et laissez-les aller ; car si ce conseil ou cette œuvre vient des hommes, elle (se) dissoudra ; 39 mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas la dissoudre, et vous risquez de combattre contre Dieu même. Ils se rendirent à son avis ;
 
40 et ayant rappeler les Apôtres, ils leur défendirent absolument, après les avoir flagellés, de parler au nom de Jésus ; puis ils les relâchèrent.
Note Act. 5,40 : Déchirer de coups. Voir, sur cette expression, Matthieu, 21, 35.
41 Et eux, ils s'en allaient joyeux de devant le Conseil, parce qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir des outrages pour le nom de Jésus. 42 Et tous les jours ils ne cessaient point d'enseigner dans le temple et dans les maisons, et d'annoncer le Christ Jésus.

Chapitre 6

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Chap. : 
Murmures des Juifs grecs.
Election des sept diacres.
Etienne, plein de foi, fait des miracles.
Il est accusé faussement.
1 En ce temps-là, le nombre des disciples croissant, il s'éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux, de ce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution quotidienne.
Note Act. 6,1 : Le mot Grecs désigne ici les Juifs qui étant nés parmi les Grecs, venus des provinces et établis à Jérusalem, ne parlaient que la langue grecque. Les Hébreux étaient des Juifs nés en Palestine et parlant la langue nationale.Les veuves avaient d'autant plus besoin d'être assistées que, suivant la loi, elles ne pouvaient hériter.
2 Alors les douze, ayant convoqué la multitude des disciples, dirent : Il n'est pas juste que nous abandonnions la parole de Dieu, pour faire le service des tables.
Note Act. 6,2 : Au service des tables, à ce qui est nécessaire pour la vie corporelle, acquisition, préparation et distribution des aliments.
3 Choisissez donc parmi vous, frères, sept hommes de bon renom, pleins de l'Esprit-Saint et de sagesse, que nous préposions à cette œuvre. 4 Pour nous, nous nous appliquerons entièrement à la prière et au ministère de la parole. 5 Ce discours plut à toute la multitude ; et on élut Etienne, homme plein de foi et de l'Esprit-Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d'Antioche.
Note Act. 6,5 : Prosélyte. Comparer à Actes des Apôtres, 2, 11. ― Etienne. Son nom, en grec, Stéphanos, signifie couronne. On croit que c'était un des soixante-douze disciples. Son histoire est racontée dans le chapitre 7 des Actes des Apôtres. ― Philippe était marié et avait quatre filles qui furent douées du don de prophétie (voir Actes des Apôtres, 21, 8-9). Il fut un des disciples les plus zélés pour la propagation du christianisme (voir Actes des Apôtres, 8, 5-17 ; 26-40). On croit qu'il mourut à Césarée. ― Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte d'Antioche, ne nous sont authentiquement connus que de nom par ce passage. Une tradition rapporte que Prochore fut sacré par saint Pierre comme évêque de Nicomédie. ― Le pseudo-Hippolyte dit que Nicanor était un des soixante-douze disciples et qu'il mourut vers le même temps que saint Etienne. ― Timon, d'après un écrit attribué à Dorothée de Tyr, était aussi un des soixante-douze disciples ; il devint évêque de Bostra et consomma son martyre par le supplice du feu.Parménas subit, à ce qu'on croit, le martyre à Philippes sous le règne de Trajan. ― Enfin Nicolas était d'origine païenne, puisqu'il est qualifié de prosélyte. D'après plusieurs, il fut infidèle à sa vocation et devint le chef de la secte des Nicolaïtes, dont parle saint Jean dans l'Apocalypse, 2, vv. 6, 15. Les Nicolaïtes le regardaient en effet comme leur père ; mais il n'est pas certain que leur opinion fût fondée. ― Les noms des sept diacres sont tous grecs, ce qui semble indiquer que les six premiers étaient des Juifs hellénistes, le septième étant d'origine grecque.
6 On les présenta aux Apôtres, qui leur imposèrent les mains en priant.
 
7 Cependant la parole du Seigneur se répandait de plus en plus, et le nombre des disciples augmentait beaucoup dans Jérusalem. Une foule considérable de prêtres obéissait aussi à la foi.
 
8 Or Etienne, plein de grâce et de force, faisait de grands prodiges et de grands miracles parmi le peuple. 9 Mais quelques-uns de la synagogue dite des Affranchis, des Cyrénéens, des Alexandrins, et de ceux qui étaient de Cilicie et d'Asie, se levèrent contre Etienne, et disputaient avec lui ;
Note Act. 6,9 : Sur les synagogues, voir Matthieu, 4, 23. D'après les Rabbins, il y avait à Jérusalem quatre cent vingts synagogues. Saint Luc énumère ici plusieurs d'entre elles. ― On appelait Affranchis ceux qui d'esclaves étaient devenus libres. La synagogue des Affranchis avait été probablement construite par les Juifs que Pompée avait autrefois faits prisonniers de guerre et qui avaient recouvré ensuite leur liberté. Ils s'étaient fixés pour la plupart à Rome, mais ils avaient fait élever à leurs frais une synagogue à Jérusalem, afin de pouvoir s'y réunir quand ils allaient en pèlerinage dans la ville sainte. ― Celle des Cyrénéens, des Juifs de Cyrène en Afrique. Voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― Des Alexandrins, d'Alexandrie, ville d'Egypte où les Juifs étaient très nombreux. ― De Cilicie, province de l'Asie Mineure, bornée au nord par la Cappadoce, la Lycaonie et l'Isaurie, à l'ouest par la Pamphilie, au sud par la Méditerranée, à l'est par la Syrie. Saint Paul, étant Cilicien d'origine, devait fréquenter la synagogue de Cilicie. ― D'Asie, de la province proconsulaire de ce nom. Voir Actes des Apôtres, 2, 9.
10 et ils ne pouvaient résister à la sagesse, et à l'Esprit (-Saint) qui parlait en lui. 11 Alors ils subornèrent des hommes, pour dire qu'ils lui avaient entendu proférer des paroles de blasphème contre Moïse et contre Dieu. 12 Ils soulevèrent donc le peuple, les anciens et les scribes ; et se jetant sur lui, ils l'entraînèrent et l'amenèrent au Conseil.
Note Act. 6,12 et suivants. : Les incrédules prétendent que le récit du martyre de saint Etienne renferme des circonstances qui révèlent dans l'historien une profonde ignorance. ― Les anciens, les membres du Sanhédrin. ― Au Conseil, au Sanhédrin. Voir Matthieu, 26, 59.
13 Là ils produisirent de faux témoins, qui disaient : Cet homme ne cesse pas de proférer des paroles contre le lieu saint et la loi ; 14 car nous lui avons entendu dire : Ce Jésus de Nazareth détruira ce lieu, et changera les traditions que Moïse nous a léguées. 15 Fixant les yeux sur lui, tous ceux qui siégeaient dans le Conseil virent son visage comme le visage d'un ange.
Note Act. 6,15 : Dans le Conseil, dans le Sanhédrin.

Chapitre 7

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Chap. : 
Discours de saint Etienne devant le Conseil des Juifs.
Il leur reproche leurs infidélités.
Il est emmené hors de la ville et lapidé.
Sa charité pour ses ennemis.
Saul consent à sa mort.
1 Alors le prince des prêtres (lui) dit : Les choses sont-elles ainsi ? 2 Il répondit : Mes frères et mes pères, écoutez : Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu'il était en Mésopotamie, avant qu'il demeurât à Charan,
Note Act. 7,2 : Mésopotamie. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― Charan ou Haran, ville de Mésopotamie, dont le site a été identifié sur le Balîkh, affluent de l'Euphrate, à proximité de l'actuel village turc qui perpétue son nom : Eski-Harrân, au sud-est d'Ourfa (l'Edesse des Séleucides et encore des croisés).
3 et lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté, et viens dans la terre que je te montrerai.
Note Act. 7,3 : Voir Genèse, 12, 1.
4 Alors il sortit du pays des Chaldéens, et il habita à Charan ; et de là, après que son père fut mort, Dieu le transféra dans ce pays, que vous habitez maintenant ;
Note Act. 7,4 : Après la mort de son père : ici encore Etienne suit une ancienne tradition qui, pour relever la piété filiale d'Abraham, suppose qu'il ne quitta pas son vieux père.
5 et il ne lui donna là aucun héritage, pas même où poser le pied ; mais il lui promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, alors qu'il n'avait pas encore de fils. 6 Et Dieu lui dit que sa postérité demeurerait dans une terre étrangère, et qu'on la réduirait en servitude et qu'on la maltraiterait pendant quatre cents ans.
Note Act. 7,6 : Voir Genèse, 15, 13. ― Où elle, etc. Au lieu de ce féminin singulier il y a dans le texte sacré le masculin pluriel, parce que le substantif postérité, auquel ce pronom se rapporte, représente le mot descendants.
7 Mais la nation qui les aura asservis, c'est moi qui la jugerai, dit le Seigneur ; et ils sortiront ensuite et me serviront dans ce lieu-ci.
Note Act. 7,7 : Dit le Seigneur. Voir Genèse, 15, 13-14. ― Elle sortira ; c'est-à-dire la postérité d'Abraham dont il est question au verset précédent.
8 Puis Dieu fit avec lui l'alliance de la circoncision ; et ainsi Abraham engendra Isaac et le circoncit le huitième jour. Isaac engendra Jacob, et Jacob les douze patriarches.
Note Act. 7,8 : Voir Genèse, 17, 10 ; 21, vv. 2, 4 ; 25, 25 ; 29, 32 ; 35, 22. ― L'alliance de la circoncision consistait en ceci : Jéhovah promettait à Abraham de bénir sa postérité et de lui donner la terre de Chanaan ; Abraham s'engageait, lui et sa postérité, à servir Jéhovah, seul vrai Dieu, et à porter en sa chair, par la circoncision, un signe extérieur de cet engagement.
 
9 Les patriarches, jaloux de Joseph, le vendirent pour qu'il fût mené en Egypte ; mais Dieu était avec lui,
Note Act. 7,9 : Voir Genèse, 37, 28.
10 et il le délivra de toutes ses tribulations ; il lui donna grâce et sagesse devant le pharaon, roi d'Egypte, qui l'établit intendant sur l'Egypte et sur toute sa maison.
Note Act. 7,10 : Voir Genèse, 41, 37.
11 Cependant il survint une famine dans toute l'Egypte et en Chanaan, et une grande tribulation ; et nos pères ne trouvaient pas de vivres. 12 Mais Jacob, ayant appris qu'il y avait du blé en Egypte, y envoya nos pères une première fois ;
Note Act. 7,12 : Voir Genèse, 42, 2.
13 et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et son origine fut révélée au pharaon.
Note Act. 7,13 : Voir Genèse, 45, 3.
14 Alors Joseph envoya chercher Jacob son père, et toute sa famille, en tout soixante-quinze personnes. 15 Et Jacob descendit en Egypte, où il mourut, et nos pères aussi.
Note Act. 7,15 : Voir Genèse, 46, 5 ; 49, 32.
16 Ils furent transportés à Sichem, et déposés dans le sépulcre qu'Abraham avait acheté à prix d'argent des fils d'Hémor, fils de Sichem.
Note Act. 7,16 : Voir Genèse, 23, 16 ; 50, vv. 5, 13 ; Josué, 24, 32. ― A Sichem, aujourd'hui Naplouse, dans les montagnes d'Ephraïm, dans une vallée bien arrosée, au pied du mont Garizim.
 
17 Mais comme le temps de la promesse que Dieu avait faite à Abraham approchait, le peuple s'accrut et se multiplia en Egypte,
Note Act. 7,17 : Voir Exode, 1, 7.
18 jusqu'au temps où s'éleva en Egypte un autre roi, qui n'avait pas connu Joseph.
Note Act. 7,18 : Un autre roi qui ne connaissait pas Joseph. Les pharaons qui régnaient dans le pays de Gessen du temps de Moïse étaient d'origine égyptienne, tandis que les rois qui étaient maîtres du Delta du temps de Joseph étaient des conquérants d'origine sémitique comme les Hébreux.
19 Ce prince, employant la ruse contre notre nation, affligea nos pères jusqu'à faire exposer leurs enfants, pour qu'ils ne vécussent pas. 20 En ce temps-là naquit Moïse, qui fut agréable à Dieu. Il fut nourri trois mois dans la maison de son père ;
Note Act. 7,20 : Voir Exode, 2, 2 ; Hébreux, 11, 23.
21 et, lorsqu'il eut été exposé, la fille du pharaon le recueillit, et le nourrit comme son fils. 22 Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Egyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres. 23 Mais quand il eut quarante ans accomplis, il lui monta au cœur le désir de visiter ses frères, les enfants d'Israël. 24 Et ayant vu l'un d'eux qui subissait une injure, il prit sa défense et vengea celui qui souffrait l'injure, en frappant l'Egyptien.
Note Act. 7,24 : Voir Exode, 2, 12.
25 Il pensait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait le salut par sa main ; mais ils ne le comprirent pas.
Note Act. 7,25 : Par sa main. Voir, pour cette locution, Actes des Apôtres, 5, 12.
26 Le lendemain, il se montra à quelques-uns qui se querellaient, et il les exhortait à la paix, en disant : Hommes, vous êtes frères ; pourquoi vous nuisez-vous l'un à l'autre ?
Note Act. 7,26 : Voir Exode, 2, 13.
27 Mais celui qui faisait injure à son prochain le repoussa, en disant : Qui t'a établi prince et juge sur nous ? 28 Est-ce que tu veux me tuer, comme tu as tué hier l'Egyptien ? 29 Moïse s'enfuit à cette parole, et il demeura comme étranger dans le pays de Madian, où il engendra deux fils.
Note Act. 7,29 : Dans la terre de Madian, dans la presqu'île du Sinaï où les Madianites menaient la vie nomade.
 
30 Quarante ans après, un ange lui apparut dans le désert du Mont Sina, dans la flamme d'un buisson en feu.
Note Act. 7,30 : Voir Exode, 3, 2. ― De la montagne de Sina, le mont Sinaï proprement dit.
31 Moïse, en le voyant, fut étonné de cette apparition ; et comme il s'approchait pour considérer, la voix du Seigneur se fit entendre à lui, disant :
 
32 Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. Et Moïse, tout tremblant, n'osait pas regarder. 33 Alors le Seigneur lui dit : Ote ta chaussure de tes pieds ; car ce lieu où tu te tiens est une terre sainte. 34 J'ai vu et considéré l'affliction de mon peuple, qui est en Egypte ; J'ai entendu leur (son) gémissement, et je suis descendu pour les délivrer. Et maintenant viens, et je t'enverrai en Egypte.
Note Act. 7,34 : J'ai vu parfaitement ; littéralement : Voyant j'ai vu, hébraïsme, voir Actes des Apôtres, 5, 28.
 
35 Ce Moïse qu'ils avaient renié, en disant : Qui t'a établi prince et juge ? Dieu l'a envoyé comme prince et rédempteur, avec l'aide de l'ange qui lui était apparu dans le buisson.
Note Act. 7,35 : Par la main ; c'est-à-dire sous la conduite. Voir Actes des Apôtres, 5, 12.
36 C'est lui qui les fit sortir, opérant des prodiges et des miracles dans le pays d'Egypte, et dans la mer Rouge, et dans le désert, durant quarante ans.
Note Act. 7,36 : Voir Exode, 7, vv. 8-11, 14.
Note Act. 7,36 ; 7.38 ; 7.42 ; 7.44 : Dans le désert du Sinaï.
37 C'est ce Moïse qui a dit aux enfants d'Israël : Dieu vous suscitera d'entre vos frères un prophète comme moi ; vous l'écouterez.
Note Act. 7,37 : Voir Deutéronome, 18, 15.
38 C'est lui qui était au milieu de l'assemblée au désert, avec l'ange qui lui parlait sur le mont Sina, et avec nos pères ; c'est lui qui a reçu des paroles de vie pour nous les donner.
Note Act. 7,38 : Voir Exode, 19, 3.
39 Nos pères ne voulurent point lui obéir ; mais ils le rejetèrent, et tournèrent leurs cœurs vers l'Egypte, 40 disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ; car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d'Egypte, nous ne savons ce qu'il est devenu.
Note Act. 7,40 : Voir Exode, 32, 1.
41 Ils firent un veau d'or en ces jours-là, et ils offrirent un sacrifice à l'idole, et ils se réjouissaient des œuvres de leurs mains. 42 Alors Dieu se retourna (détourna) et les livra au culte de l'armée du ciel, ainsi qu'il est écrit au livre des prophètes : Est-ce que vous m'avez offert des sacrifices et des victimes durant quarante ans dans le désert, maison d'Israël ?
Note Act. 7,42 : Voir Amos, 5, 25. ― La milice du ciel, les astres adorés comme des dieux.
43 Vous avez porté le tabernacle de Moloch, et l'astre de votre dieu Remphan, figures que vous avez faites pour les adorer. C'est pourquoi je vous transporterai au-delà de Babylone.
Note Act. 7,43 : Moloch, idole des Ammonites, à qui l'on offrait des victimes humaines, principalement des enfants. ― Remphan, probablement la planète Saturne divinisée.
 
44 Le tabernacle du témoignage fut avec nos pères dans le désert, comme Dieu le leur avait ordonné, parlant à Moïse pour qu'il le fît selon le modèle qu'il avait vu.
Note Act. 7,44 : Voir Exode, 25, 40.
45 Et nos pères, l'ayant reçu, l'introduisirent avec Josué dans le pays possédé par les nations que Dieu chassa devant nos pères, jusqu'aux jours de David,
Note Act. 7,45 : Voir Josué, 3, 14 ; Hébreux, 8, 9. ― Jésus ; c'est-à-dire Josué. Ces deux noms ayant la même signification, celle de Sauveur, se mettent quelquefois l'un pour l'autre. ― Jusqu'aux jours de David, s'entend, selon les uns, du temps pendant lequel le tabernacle séjourna dans le pays des nations conquises ; d'où le sens serait : Et il y demeura jusqu'aux jours de David ; et selon les autres, de l'expulsion même des nations ; en sorte qu'on doit traduire : Dans le pays des nations que Dieu chassa peu à peu devant nos pères jusqu'aux jours de David, qui acheva de purger le pays de tous les Chananéens.
46 qui trouva grâce devant Dieu, et qui demanda de trouver une demeure pour le Dieu de Jacob.
Note Act. 7,46 : Voir 1 Rois, 16, 13 ; Psaumes, 131, 5.
47 Ce fut Salomon qui lui bâtit une maison (un temple).
Note Act. 7,47 : Voir 1 Rois, 6, 1 ; 1 Paralipomènes, 17, 12.
48 Mais le Très-Haut n'habite point dans des édifices (temples) faits de main d'homme, comme dit le prophète :
Note Act. 7,48 : Voir Actes des Apôtres, 17, 24.
 
49 Le ciel est mon trône, et la terre est l'escabeau de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel est le lieu de mon repos ?
Note Act. 7,49 : Voir Isaïe, 66, 1.
50 N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ?
 
Actes 7, 51-60 : Martyre de Saint Etienne - Gravure de Gustave Doré
Actes 7, 51-60 : Martyre de Saint Etienne - Gravure de Gustave Doré
51 Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d'oreilles, toujours vous résistez à l'Esprit-Saint ; tels ont été vos pères, tels vous êtes.
Note Act. 7,51 : Incirconcis de cœur et d'oreilles ; c'est-à-dire qui n'avez pas retranché de votre cœur tous les mauvais désirs, et qui n'avez pas fermé vos oreilles à toutes sortes de mauvais discours.
52 Lequel des prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui prédisaient l'avènement du Juste, que vous venez de trahir et dont vous avez été les meurtriers ; 53 vous qui avez reçu la loi par le ministère des anges, et qui ne l'avez point gardée.
Note Act. 7,53 : Par le ministère des anges. « Ces mots difficiles sont diversement traduits. L'idée est certainement celle-ci : la présence des anges et les prodiges opérés par eux au Sinaï vous ont portés à recevoir la Loi comme divine, et cependant vous l'avez violée. Comparer à Galates, 3, 19. » (CRAMPON)
 
54 En entendant ces paroles, ils frémissaient de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient des dents contre lui. 55 Mais comme il était plein de l'Esprit-Saint, levant les yeux au ciel, il vit la gloire de Dieu, et Jésus qui était debout à la droite de Dieu ; et il dit : Voici que je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. 56 Alors, poussant de grands cris, ils se bouchèrent les oreilles, et se précipitèrent tous ensemble sur lui. 57 Et l'ayant entraîné hors de la ville, ils le lapidaient ; et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul.
Note Act. 7,57 : Saul de Tarse, depuis l'apôtre saint Paul. ― Et l'entraînant hors de la ville, au nord. C'est là que la tradition place le lieu de la lapidation de saint Etienne, et la topographie des lieux montre en effet que le premier diacre a dû consommer son martyre au nord de Jérusalem.
58 Et ils lapidaient Etienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus, recevez mon esprit. 59 Et s'étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur imputez pas ce péché. Et quand il eut dit cela, il s'endormit dans le Seigneur. Or Saul consentait à sa mort.

Chapitre 8

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Chap. : 
Persécution contre les fidèles.
Philippe prêche en Samarie.
Simon le Magicien est baptisé.
Pierre et Jean donnent le Saint-Esprit aux Samaritains.
Simon veut acheter ce pouvoir.
Eunuque de la reine d’Ethiopie baptisé par Philippe.
1 En ce même jour, il s'éleva une grande persécution contre l'Eglise qui était à Jérusalem ; et tous se dispersèrent dans les régions de la Judée et de la Samarie, excepté les Apôtres. 2 Cependant des hommes craignant Dieu prirent soin du corps d'Etienne, et firent un grand deuil sur lui. 3 Mais Saul dévastait l'Eglise ; entrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait mettre en prison.
 
4 Cependant ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, annonçant la parole de Dieu. 5 Or Philippe, étant descendu dans la ville de Samarie, leur prêchait le Christ.
Note Act. 8,5 : Dans la ville de Samarie, ville de la tribu d'Ehpraïm fondée par le roi d'Israël Amri, qui en fit sa capitale. Elle donna plus tard son nom au pays de Samarie et aux Samaritains. Détruite par les Assyriens en 721 avant Jésus-Christ, rebâtie et de nouveau renversée par Jean Hyrcan, elle fut encore relevée de ses ruines et l'empereur Auguste la donna à Hérode-le-Grand qui l'appela Sébaste (ou Auguste) en l'honneur de son bienfaiteur. C'est aujourd'hui un village sans importance appelé Sébastiéh.
6 Et les foules étaient attentives aux choses que Philippe disait, écoutant d'un commun accord, et voyant les miracles qu'il faisait. 7 Car beaucoup d'esprits impurs sortaient de ceux qu'ils possédaient, en poussant de grands cris. 8 Beaucoup de paralytiques et de boiteux furent aussi guéris.
 
9 Il y eut donc une grande joie dans cette ville. Or il y avait dans la ville un homme du nom de Simon, qui y avait exercé la magie auparavant, séduisant le peuple de Samarie, disant qu'il était quelqu'un de grand.
Note Act. 8,9 : Simon le magicien. « Le premier crime de Simon fut de vouloir acheter l'épiscopat, de prétendre trafiquer des dons de Dieu, et faire servir à ses intérêts les pouvoirs surnaturels que Dieu confère à ses ministres pour le salut des âmes. Loin de l'associer aux Apôtres, saint Pierre donna à ses successeurs l'exemple de la sévérité dont ils devaient user contre le trafic des choses saintes, en retranchant ce fourbe ambitieux de la société des fidèles et en le menaçant du sort le plus funeste ; mais ni cette menace, ni cette peine ne purent le ramener. ― Opposé en tout à Simon Pierre, Simon de Samarie se mit bientôt à dogmatiser et devint le premier des hérésiarques. Saint Justin, qui était de la même ville que lui et qui devait connaître son histoire, nous apprend plusieurs particularités de sa vie et de sa doctrine. Ce séducteur se posait en antagoniste du Messie et s'attribuait à lui-même la divinité. Il opérait des prodiges au moyen de la magie. Il publiait, sous le titre d'Exposition, un livre qui contenait le germe des rêveries gnostiques, cette généalogie d'Eons, descendant d'un principe unique et subordonnés les uns aux autres, jusqu'au dernier qui est le monde. Pour la morale, il ne reconnaissait aucune distinction de vice et de vertu, et ne voyait de vérité ni de perfection que dans la gnose qu'il opposait à la foi. Mettant d'ailleurs sa conduite en harmonie avec ses principes, il vivait d'une manière fort répréhensible. Sa secte se perpétua jusqu'au cinquième siècle. La découverte des Philosphumena a confirmé ce que saint Justin et saint Irénée nous apprennent de ses caractères et de son importance. Simon fut, aux yeux des premiers fidèles, comme l'hérésie personnifiée, le type et le père de tous les hérésiarques. » (L. BACUEZ.)
10 Tous l'écoutaient, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, et disaient : C'est lui qui est la vertu de Dieu, celle qu'on appelle la grande.
Note Act. 8,10 : Est la grande vertu ; littéralement : La vertu qui est appelée grande. Nous avons déjà fait remarquer qu'en hébreu l'expression être appelé signifie aussi simplement être.
11 Et ils l'écoutaient, parce qu'il leur avait depuis longtemps troublé l'esprit par ses sorcelleries. 12 Mais lorsqu'ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait le royaume de Dieu, ils étaient baptisés, hommes et femmes, au nom de Jésus-Christ. 13 Alors Simon lui-même crut aussi : et après qu'il eut été baptisé, il s'attacha à Philippe ; et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était dans la stupeur et l'admiration.
 
14 Quand les Apôtres, qui étaient à Jérusalem, eurent appris que les habitants de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean, 15 qui, étant venus, prièrent pour eux, afin qu'ils reçussent l'Esprit-Saint : 16 car il n'était encore descendu sur aucun d'eux, mais ils avaient été seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. 17 Alors ils leur imposaient les mains, et ils recevaient l'Esprit-Saint.
 
18 Lorsque Simon eut vu que par l'imposition des mains des Apôtres l'Esprit-Saint était donné, il leur offrit de l'argent,
Note Act. 8,18 : Il leur offrit de l'argent. C'est pour cela qu'on appelle simoniaques ceux qui achètent ou vendent à prix d'argent les choses spirituelles.
19 en disant : Donnez-moi aussi ce pouvoir, afin que tous ceux à qui j'imposerai les mains reçoivent l'Esprit-Saint. Mais Pierre lui dit : 20 Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s'acquiert avec de l'argent ! 21 Il n'y a pour toi ni part, ni héritage en cette affaire ; car ton cœur n'est pas droit devant Dieu. 22 Fais donc pénitence de cette iniquité, et prie Dieu, afin que, s'il est possible, cette pensée de ton cœur te soit pardonnée ; 23 car je vois que tu es rempli d'un fiel amer, et dans les liens de l'iniquité. 24 Simon répondit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous avez dit.
 
25 Pour eux, après avoir rendu leur témoignage et annoncé la parole du Seigneur, ils retournèrent à Jérusalem, prêchant l'Evangile en de nombreuses régions des Samaritains.
 
26 Or un ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Lève-toi et va vers le midi, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; cette route est déserte (celle qui est déserte, note).
Note Act. 8,26 : Celle qui est déserte. Il y avait deux villes de Gaza ; l'une ancienne, qui était abandonnée, et la nouvelle, bâtie plus près de la mer. ― Gaza. Pour se rendre de Jérusalem en Egypte et en Ethiopie, on passait par Gaza, ancienne ville philistine, située à la frontière sud-ouest de la Palestine, à onze milles de Jérusalem.
27 Et se levant, il partit. Et voici qu'un Ethiopien, eunuque, officier de Candace, reine d'Ethiopie, et intendant de tous ses trésors, était venu adorer à Jérusalem.
Note Act. 8,27 : Candace. Ce nom ou ce titre était porté par toutes les reines qui gouvernaient la partie de l'Ethiopie dont la capitale était Napata, comme celui de Ptolémée était porté par tous les rois grecs d'Egypte. Eusèbe raconte que le trésorier éthiopien converti par saint Philippe prêcha à son retour le christianisme en Ethiopie. ― L'eunuque de la reine Candace. « L'Ethiopie s'étendait alors dans la vallée du Nil, vers le sud. Candace était un titre dynastique, comme Arétas, Pharaon, Ptolémée, etc. L'eunuque de la reine d'Ethiopie n'était pas étranger à la religion juive ; autrement Corneille n'aurait pas été le premier Gentil baptisé ; c'était ou un Israélite d'origine, ou un prosélyte venu des [bords] du Nil à Jérusalem pour adorer le vrai Dieu, et prendre part aux solennités de son culte. On croit qu'il devint l'Apôtre de l'Ethiopie et qu'il prépara ses compatriotes à embrasser le christianisme. Quant à la voix qui se fait entendre à Philippe, aux lumières surnaturelles qui éclairent le prosélyte, à la promptitude avec laquelle l'évangéliste lui confère le baptême, à la disparition subite de celui-ci et aux consolations dont l'âme du néophyte est remplie, on peut voir dans l'histoire des saints une multitude de faits analogues. La ville de Gaza dont il est ici parlé, est celle dont Samson enleva les portes et où il fit périr un si grand nombre de Philistins. » (L. BACUEZ.)
28 Il s'en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Isaïe. 29 Alors l'Esprit dit à Philippe : Approche-toi et rejoins ce char. 30 Et Philippe, accourant, l'entendit lire le prophète Isaïe ; et il lui dit : Crois-tu comprendre ce que tu lis ? 31 Il répondit : Et comment le pourrais-je, si quelqu'un ne me dirige ? Et il pria Philippe de monter et de s'asseoir auprès de lui. 32 Or le passage de l'Ecriture qu'il lisait était celui-ci : Comme une brebis il a été mené à la boucherie, et comme un agneau muet devant celui qui le tond, il n'a point ouvert la bouche.
Note Act. 8,32 : Voir Isaïe, 53, 7.
33 Dans son abaissement (humiliation) son jugement a été aboli. Qui racontera sa génération, car sa vie sera retranchée de la terre ? 34 L'eunuque, répondant à Philippe, lui dit : Je t'en prie, de qui le prophète dit-il cela ? de lui-même ou de quelque autre ? 35 Alors Philippe, ouvrant la bouche et commençant par ce passage de l'Ecriture, lui annonça Jésus. 36 Et chemin faisant, ils rencontrèrent de l'eau ; et l'eunuque dit : Voici de l'eau ; qu'est-ce qui empêche que je sois baptisé ? 37 Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. Il répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. 38 Il fit arrêter le char, et ils descendirent tous deux dans l'eau, et Philippe baptisa l'eunuque. 39 Lorsqu'ils furent remontés hors de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus ; mais il continua son chemin, plein de joie. 40 Quant à Philippe, il se trouva dans Azot, et il annonçait l'Evangile à toutes les villes par où il passait, jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Césarée.
Note Act. 8,40 : Azot, une des cinq principales villes philistines, entre Ascalon et Jamnia, non loin de la Méditerranée, aujourd'hui petit village, appelé Esdûd. ― Césarée. Voir plus loin, Actes des Apôtres, 9, 30.

Chapitre 9

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Chap. : 
Saul persécute les fidèles.
Sa conversion, son baptême.
Il prêche à Damas, va à Jérusalem, se retire à Césarée, puis à Tarse.
Pierre guérit Enée et ressuscite Tabithe.
Actes 9, 1-8 : Saint Paul sur le chemin de Damas - Gravure de Gustave Doré
Actes 9, 1-8 : Saint Paul sur le chemin de Damas - Gravure de Gustave Doré
1 Cependant Saul, ne respirant encore que menaces et carnage contre les disciples du Seigneur, alla trouver le prince des prêtres,
Note Act. 9,1 : Voir Galates, 1, 13.
2 et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s'il trouvait des hommes ou des femmes engagés dans cette voie, il les amenât enchaînés à Jérusalem.
Note Act. 9,2 : De cette voie. Le motvoie est pris ici figurément, comme souvent ailleurs dans l'Ecriture, pour conduite, profession, religion, secte, doctrine. « Damas, à une soixante de lieues au nord-est de Jérusalem, avait été soumise par Pompée et était peut-être encore sous la domination romaine, au moment de la conversion de saint Paul ; mais bientôt après, elle tomba au pouvoir d'Arétas, roi d'Arabie, ainsi que le prouve une monnaie de cette ville, au type de ce prince. Comme la plupart des grandes cités de l'Asie Mineure et de l'empire, elle renfermait une nombreuse colonie juive, qui habitait un quartier à part, et avait non seulement des assemblées religieuses, mais ses lois, ses magistrats et sa justice propres : privilège dont les Juifs jouissent encore en plusieurs villes mahométanes. Le grand-prêtre de Jérusalem exerçait sur eux son autorité, en matière civile aussi bien que religieuse. C'est dans leurs rangs que se trouvaient ces nouveaux chrétiens, dont Saul prétendait châtier l'apostasie ; et peut-être quelques fidèles de Jérusalem étaient-ils venus y chercher un asile. L'endroit où le persécuteur fut terrassé et où il se soumit au divin maître, se trouve à cinq cent pas de la ville. Saint Augustin dit qu'il est bien connu et qu'on le montre aux voyageurs. Les chrétiens s'y rendent en procession chaque année, le 25 janvier. La rue droite traverse encore la ville dans toute sa longueur. » (L. BACUEZ.) ― Tous les voyageurs vantent à l'envi la beauté de Damas. « Je comprends, dit Lamartine, que les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre ne rappelle mieux l'Eden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve bleu qui l'arrosent, l'encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants qui réfléchissent le ciel sur la terre, la perfection du climat, tout indique au moins que Damas a été une des premières villes bâties par les enfants des hommes… Tant que la terre portera des empires, Damas sera une grande ville. »
 
3 Mais comme il était en chemin et qu'il approchait de Damas, il arriva que tout à coup une lumière du ciel brilla autour de lui.
Note Act. 9,3 : Voir Actes des Apôtres, 22, 6 ; 1 Corinthiens, 15, 8 ; 2 Corinthiens, 12, 2.
4 Et, tombant à terre, il entendit une voix qui lui dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 5 Il répondit : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il t'est dur de regimber contre l'aiguillon. 6 Alors, tremblant et stupéfait, il dit : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? 7 Le Seigneur lui dit : Lève-toi et entre dans la ville, et là on te dira ce qu'il faut que tu fasses. Or les hommes qui l'accompagnaient s'étaient arrêtés stupéfaits, entendant la voix, et ne voyant personne.
Note Act. 9,7 : Ceci semble contradictoire avec ce qui est dit dans Actes des Apôtres, 22, 9. Mais cette contradiction, qui n'est qu'apparente, s'évanouit quand on considère qu'entendre signifie tout à la fois être frappé d'un son et comprendre.
8 Saul se leva donc de terre, et ayant les yeux ouverts, il ne voyait rien. Le conduisant par la main, on le fit entrer à Damas, 9 et il y resta trois jours sans voir, et il ne mangea et ne but quoi que ce soit.
 
10 Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananie ; et le Seigneur lui dit dans une vision : Ananie. Et il répondit : Me voici, Seigneur. 11 Le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue qui est appelée Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie.
Note Act. 9,11 : La rue qu'on appelle Droite. « La rue Droite subsiste encore dans toute sa longueur ; c'est la plus grande de la ville. Elle la traverse d'une extrémité à l'autre, d'orient en occident. Ses édifices de chaque côté sont presque autant de boutiques ou de magasins dans lesquels sont étalées les plus riches marchandises soit d'Europe, soit des diverses parties de l'Asie, qu'y ont apportés les caravanes des pèlerins. » (DE GERAMB.) ― Saul de Tarse. Sur tarse, voir verset 30.
12 (Et Saul vit un homme, nommé Ananie, qui entrait et lui imposait les mains, afin qu'il recouvrât la vue.)
Note Act. 9,12 : Saul vit aussi un homme. Pendant que le Seigneur faisait entendre sa voix à Ananie, il le montrait à Saul dans une vision.
13 Mais Ananie répondit : Seigneur, j'ai entendu dire à (de) bien des personnes quels maux cet homme a faits à vos saints dans Jérusalem ;
Note Act. 9,13 : Les premiers chrétiens étaient communément appelés saints, soit parce qu'ils avaient été sanctifiés par la grâce des sacrements, soit parce que la pureté de leurs mœurs et la sainteté de leur vie les rendaient dignes de cette glorieuse dénomination.
14 et ici il a des princes des prêtres le pouvoir d'enchaîner tous ceux qui invoquent votre nom. 15 Le Seigneur lui dit : Va, car il est un instrument (vase d’élection) que je me suis choisi pour porter mon nom devant les nations, et les rois, et les fils d'Israël ; 16 et je lui montrerai combien il lui faudra souffrir pour mon nom. 17 Alors Ananie alla, et entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il dit : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t'a apparu dans le chemin par où tu venais, m'a envoyé pour que tu voies, et que tu sois rempli de l'Esprit-Saint. 18 Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue ; et s'étant levé, il fut baptisé. 19 Et lorsqu'il eut pris de la nourriture, il reprit des forces. Il demeura pendant quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas.
 
20 Et aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant qu'il est le Fils de Dieu. 21 Tous ceux qui l'écoutaient étaient frappés d'étonnement, et disaient : N'est-ce pas là celui qui persécutait à Jérusalem ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici pour les conduire enchaînés aux princes des prêtres ? 22 Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui résidaient à Damas, affirmant que Jésus est le Christ.
 
23 Lorsque des jours nombreux se furent écoulés, les Juifs tinrent conseil ensemble pour le tuer. 24 Mais leurs embûches furent connues de Saul. Ils gardaient les portes jour et nuit pour le tuer ;
Note Act. 9,24 : Voir 2 Corinthiens, 11, 32.
25 mais les disciples le prirent pendant la nuit et le descendirent par la muraille, l'ayant mis dans une corbeille.
 
26 Quand il fut venu à Jérusalem, il cherchait à se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu'il fût disciple.
Note Act. 9,26 : A Jérusalem, pour la première fois depuis sa conversion. Quoiqu'il eût reçu immédiatement de Jésus-Christ sa mission apostolique, il sentait qu'il devait se rattacher au chef visible de l'Eglise. Voir Galates, 1, 18.
27 Alors Barnabé, l'ayant pris, le conduisit aux Apôtres, et leur raconta comment le Seigneur lui était apparu sur le chemin et lui avait parlé, et comment à Damas il avait agi avec assurance au nom de Jésus.
Note Act. 9,27 : Aux Apôtres, Pierre et Jacques, qui se trouvaient alors à Jérusalem. ― Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36.
28 Il était donc avec eux à Jérusalem, allant et venant, et agissant avec assurance au nom du Seigneur.
Note Act. 9,28 : Demeurait, etc. ; littéralement : Entrait et sortait ; hébraïsme. Voir Actes des Apôtres, 1, 21.
29 Il parlait aussi aux gentils, et il disputait avec les Grecs ; mais ceux-ci cherchaient à le tuer.
Note Act. 9,29 : Les Grecs, dans le texte original : les Hellénistes, le nom désigne les Juifs qui, nés en pays étranger, parlaient la langue grecque.
30 Les frères, l'ayant su, le conduisirent à Césarée, et l'envoyèrent à Tarse.
Note Act. 9,30 : « Césarée de Palestine, qu'il faut distinguer de Césarée de Philippe, était une place forte, bâtie par Hérode, sur les bords de la mer, en l'honneur de César-Auguste, et munie d'un port de première importance. Le gouverneur romain résidait dans ses murs, avec un corps de troupe italien sur la fidélité duquel il pouvait compter. Le diacre Philippe s'y établit. Deux siècles et demi plus tard (315-340), cette ville avait pour évêque le premier historien de l'Eglise, Eusèbe, et la maison du centurion Corneille, transformée en église, était devenue un lieu de pèlerinage. » (L. BACUEZ.) ― « Césarée, l'ancienne et splendide capitale d'Hérode, n'a plus un seul habitant, raconte Lamartine. Ses murailles, relevées par saint Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes, et serviraient encore aujourd'hui de fortifications excellentes à une ville moderne. Nous franchîmes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre à peu près au milieu de l'enceinte, et nous entrâmes dans le dédale de pierres, de caveaux entrouverts, de restes d'édifices, de fragments de marbre et de porphyre dont le sol de l'ancienne ville est jonché. Nous fîmes lever trois chacals du sein des décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux ; nous cherchions la fontaine qu'on nous avait indiquée, nous la trouvâmes avec peine à l'extrémité orientale de ces ruines ; nous y campâmes. Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec un troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres ; il passa environ deux heures à puiser constamment de l'eau de la fontaine pour abreuver ses animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre après avoir bu, comme s'ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant, absolument nu, était monté sur un âne ; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu'il venait ainsi tous les jours d'environ deux lieues, conduire à l'abreuvoir les troupeaux de sa tribu établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fîmes à Césarée, dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des arts grecs et romains. » ― « Tarse, sur les bords du Cydnus, était la capitale de la Cilicie. C'était une ville libre, qui élisait ses magistrats ; mais il n'est pas certain qu'elle fût colonie romaine, ni qu'elle jouît du droit de municipe. Aussi croit-on que le titre de citoyen romain, acquis à saint Paul dès sa naissance, était un privilège de sa famille et non de sa patrie. Il est certain qu'il y avait en Asie, en particulier à Ephèse et à Sardes, des Juifs qui avaient reçu ce titre, soit pour leurs services militaires, soit pour quelque autre motif. La proximité de la mer et le voisinage de Chypre permettait à Tarse d'étendre son commerce et d’écouler les produits de son industrie. Ses écoles, que saint Paul avait pu fréquenter dans sa jeunesse, étaient célèbres en Orient et rivalisaient, dit-on, avec celles d'Athènes et d'Alexandrie. » (L. BACUEZ.)
 
31 Cependant l'Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; et elle s'établissait, marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation de l'Esprit-Saint.
 
32 Or il arriva que Pierre, en les visitant tous, vint auprès des saints qui habitaient à Lydde.
Note Act. 9,32 : Les saints. Voir verset 13. ― Lydde, bourgade de la tribu de Benjamin, appelée aussi Diospolis du temps des Romains, à peu de distance de la Méditerranée.
33 Il trouva là un homme nommé Enée, qui depuis huit ans était étendu sur un grabat ; il était paralytique. 34 Et Pierre lui dit : Enée, le Seigneur Jésus-Christ te guérit ; lève-toi, et arrange toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva. 35 Tous ceux qui habitaient à Lydde et dans Sarone le virent, et ils se convertirent au Seigneur.
Note Act. 9,35 : Sarone. C'est la plaine de Saron qui est ici désignée. Elle s'étendait de Césarée de Palestine jusqu'à Joppé. Elle était très fertile et par conséquent peuplée.
 
36 Il y avait à Joppé, parmi les disciples, une femme nommée Tabithe, mot qui se traduit par Dorcas. Elle était remplie de bonnes œuvres et des aumônes qu'elle faisait.
Note Act. 9,36 : Tabitha en syriaque, et en grec Dorcas, veut dire gazelle. Joppé, aujourd'hui Jaffa, dont le nom signifie belle, sur la Méditerranée, aux confins de la tribu de Dan et d'Ephraïm. Les princes Asmonéens avaient rétabli son port. Incorporée par Pompée à la province de Syrie, cette ville fut rendue à Hyrcan II par Jules César. Plus tard elle fut sous la domination d'Hérode-le-Grand et d'Archélaüs. Unie de nouveau à la Syrie, elle fut depuis ruinée par Cestius Gallus et par Vespasien. Il y a peu de villes qui aient été aussi souvent saccagées, brûlées et reconstruites. Au siècle dernier, elle était presque déserte, aujourd'hui elle est florissante et compte une quinzaine de mille habitants, grâce à son port, qui est le port de Jérusalem, quoiqu'il soit peu sûr et que le débarquement y soit fort difficile. Les jardins qui entourent Jaffa sont bien arrosés et d'une fertilité merveilleuse. Il y a encore des tanneries sur le bord de la mer et l'on y montre la maison de Simon le Corroyeur (voir Actes des Apôtres, 9, 43 ; 10, 6) de même que le tombeau de Tabitha.
37 Or il arriva en ces jours-là qu'étant tombée malade, elle mourut ; après qu'on l'eut lavée, on la mit dans une chambre haute.
Note Act. 9,37 : Chambre haute, hyperôon. Voir Marc, 2, 4.
38 Et comme Lydde était près de Joppé, les disciples, ayant appris que Pierre y était, lui envoyèrent deux hommes, pour lui faire cette prière : Ne tarde pas à venir auprès de nous. 39 Pierre, se levant, alla avec eux. Lorsqu'il fut arrivé, on le conduisit dans la chambre haute (le cénacle) ; et toutes les veuves l'entourèrent en pleurant, et en lui montrant les tuniques et les vêtements que leur faisait Dorcas.
Note Act. 9,39 : Dans le cénacle. Voir Actes des Apôtres, 1, 13. Dorcas avait formé une réunion de veuves pieuses, qui passaient avec elles les journées à tisser des habits pour les indigents.
40 Ayant fait sortir tout le monde, Pierre se mit à genoux et pria ; puis se tournant vers le corps, il dit : Tabithe, lève-toi. Elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle se mit sur son séant. 41 Il lui donna la main, et la leva ; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur rendit vivante. 42 Ce fait fut connu dans tout Joppé, et beaucoup crurent au Seigneur. 43 Or il arriva que Pierre demeura des jours nombreux à Joppé, chez un corroyeur nommé Simon.

Chapitre 10

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Chap. : 
Vision de Corneille.
Il envoie vers saint Pierre.
Saint Pierre va trouver Corneille et lui prêche Jésus.
Effusion du Saint-Esprit sur Corneille et sur plusieurs autres gentils : leur baptême.
1 Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centurion de la cohorte appelée l'Italienne (Italique, note),
Note Act. 10,1 : A Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30. ― Corneille. Nous ne savons guère de lui que ce nous en apprennent les Actes. Peut-être était-il de l'illustre famille romaine des Cornélius. Saint Jérôme dit qu'il bâtit une église chrétienne Césarée et la tradition le fait évêque de Scamandios. ― Centurion. Voir Matthieu, 8, 5. ― De la cohorte. Voir Matthieu, 27, 27. ― Appelée Italique, parce qu'elle se composait de soldats d'Italie, et non de soldats tirés des provinces, afin que le procurateur romain pût compter davantage sur eux. ― A cette époque, les Apôtres se demandaient si les Gentils, qui étaient impurs par leur origine, pouvaient être admis dans l'Eglise sans avoir reçu la circoncision. Une révélation divine va éclairer saint Pierre sur cette grave question.
2 religieux et craignant Dieu avec toute sa maison, faisant beaucoup d'aumônes au peuple, et priant Dieu sans cesse.
 
3 Il vit clairement dans une vision, vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu qui entra chez lui, et lui dit : Corneille.
Note Act. 10,3 : La neuvième heure. Voir Actes des Apôtres, 3, 1.
4 Et lui, le regardant, fut saisi de frayeur, et dit : Qu'y a-t-il, Seigneur ? L'ange lui répondit : Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu, et il s'en est souvenu. 5 Et maintenant envoie des hommes à Joppé, et fais venir un certain Simon, qui est surnommé Pierre. 6 Il est logé chez Simon le corroyeur, dont la maison est près de la mer ; c'est lui qui te dira ce qu'il faut que tu fasses. 7 Lorsque l'Ange qui lui parlait se fut retiré, il appela deux de ses domestiques et un soldat craignant le Seigneur, de ceux qui lui obéissaient ; 8 après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.
 
9 Le lendemain, comme ils étaient en route et qu'ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le haut de la maison, vers la sixième heure, pour prier.
Note Act. 10,9 : Sur le haut, etc. ; c'est-à-dire sur la plate-forme qui servait de toit. ― Vers la sixième heure ; c'est-à-dire vers midi.
10 Et ayant faim, il voulut manger. Mais pendant qu'on lui préparait quelque chose, il lui survint un ravissement d'esprit : 11 et il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe liée par les quatre coins, qui descendait du ciel sur la terre ; 12 à l'intérieur il y avait toutes sortes de quadrupèdes, et de reptiles de la terre, et d'oiseaux du ciel. 13 Et une voix se fit entendre à lui : Lève-toi, Pierre ; tue et mange. 14 Mais Pierre dit : Je ne le puis, Seigneur ; car je n'ai jamais rien mangé de profane et de souillé.
Note Act. 10,14 : Je n'ai jamais mangé rien d'impur. La loi de Moïse défendait aux Israélites de manger la chair d'un certain nombre d'animaux appelés pour cette raison impurs.
15 Alors la voix s'adressa à lui une seconde fois : Ce que Dieu a purifié, ne l'appelle pas profane. 16 Cela se fit par trois fois, et ensuite (aussitôt) l'objet fut retiré dans le ciel.
 
Actes 10, 17-32 : Saint Pierre dans la maison de Corneille - Gravure de Gustave Doré
Actes 10, 17-32 : Saint Pierre dans la maison de Corneille - Gravure de Gustave Doré
17 Et tandis que Pierre hésitait en lui-même sur le sens de la vision qu'il avait vue, voici que les hommes envoyés par Corneille, cherchant la maison de Simon, se présentèrent à la porte.
Note Act. 10,17 : A la porte. Le mot qu'emploie le texte grec désigne la grande porte d'entrée de la maison.
18 Et ayant appelé, ils demandèrent si c'était là que Simon, surnommé Pierre, était logé. 19 Pendant que Pierre pensait à la vision, l'Esprit lui dit : Voici trois hommes qui te demandent. 20 Lève-toi donc, descends, et va avec eux sans hésiter, car c'est moi qui les ai envoyés. 21 Pierre, étant descendu auprès de ces hommes, leur dit : Me voici, je suis celui que vous cherchez ; quel est le motif pour lequel vous êtes venus ? 22 Ils dirent : Le centurion Corneille, homme juste et craignant Dieu, auquel toute la nation juive rend témoignage, a reçu d'un ange saint l'ordre de te faire venir dans sa maison, et d'écouter tes paroles. 23 Pierre, les ayant donc fait entrer, leur donna l'hospitalité ; puis, le jour suivant, il partit avec eux, et quelques-uns des frères de Joppé l'accompagnèrent.
 
24 Le lendemain il entra dans Césarée. Or Corneille les attendait et avait réuni ses parents et ses amis les plus intimes. 25 Et il arriva que, lorsque Pierre entrait, Corneille vint au-devant de lui ; et tombant à ses pieds, il se prosterna. 26 Mais Pierre le releva, en disant : Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme. 27 Et s'entretenant avec lui, il entra, et trouva beaucoup de personnes assemblées.
 
28 Il leur dit : Vous savez que c'est une abomination pour un Juif de se lier avec un étranger, ou de s'approcher de lui ; mais Dieu m'a appris à n'appeler personne profane ou souillé.
Note Act. 10,28 : Un étranger, « expression adoucie à dessein pour dire un païen. Cette interdiction ne se trouve pas formellement dans la Loi ; elle venait de la coutume et de l'interprétation des Docteurs. » (CRAMPON)
29 C'est pourquoi je suis venu sans hésitation, lorsque j'ai été appelé. Je vous demande donc pour quel motif vous m'avez appelé.
Note Act. 10,29 : Pour quelle raison, etc. Pierre le savait déjà (verset 22) ; mais il veut s'assurer des dispositions et des sentiments intimes du Centurion.
 
30 Alors Corneille dit : Il y a quatre jours à cette heure-ci que je priais dans ma maison à la neuvième heure ; et voici qu'un homme se présenta à moi vêtu de blanc, et dit :
Note Act. 10,30 : Un homme vêtu de blanc. Les grands personnages se revêtaient d'habits blancs. Voir Luc, 23, 11. Un ange sous la figure d'un homme. Voir Actes des Apôtres, 1, 10.
 
31 Corneille, ta prière a été exaucée, et tes aumônes ont été mentionnées devant Dieu. 32 Envoie donc à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer : 33 Aussitôt donc j'ai envoyé vers toi, et tu as agi avec bonté en venant ; et maintenant nous voici tous devant toi, pour entendre tout ce qui t'a été ordonné par le Seigneur.
 
34 Alors Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception des personnes,
Note Act. 10,34 : Voir Deutéronome, 10, 17 ; 2 Paralipomènes, 19, 7 ; Job, 34, 19 ; Sagesse, 6, 8 ; Ecclésiastique, 35, 15 ; Romains, 2, 11 ; Galates, 2, 6 ; Ephésiens, 6, 9 ; Colossiens, 3, 25 ; 1 Pierre, 1, 17.
35 mais qu'en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable.
Note Act. 10,35 : Pierre proclame ici, non l'indifférence des religions, mais l'indifférence des nations pour le salut en Jésus-Christ.
36 Dieu a envoyé sa parole aux enfants d'Israël, annonçant la paix par Jésus-Christ, qui est le Seigneur de tous. 37 Vous savez ce qui s'est passé dans toute la Judée, ce qui a commencé en Galilée, après le baptême que Jean a prêché ;
Note Act. 10,37 : Voir Luc, 4, 14.
38 comment Dieu a oint de l'Esprit-Saint et de force (sa vertu) Jésus de Nazareth, qui est allé de lieu en lieu en faisant le bien, et en guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable, parce que Dieu était avec lui. 39 Et nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem, lui qu'ils ont tué en le suspendant au bois. 40 Mais Dieu l'a ressuscité le troisième jour, et a permis qu'il se manifestât, 41 non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d'avance par Dieu ; à nous, qui avons mangé et bu avec lui, après qu'il est (fut) ressuscité d'entre les morts.
Note Act. 10,41 : Préordonnés ; ce mot, qui est de Bossuet, rend plus fidèlement le texte sacré que celui de prédestiné, qui est généralement employé.
42 Et il nous a ordonné de prêcher et d'attester au peuple que c'est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts. 43 Tous les prophètes lui rendent témoignage que tous ceux qui croient en lui reçoivent par son nom la rémission des péchés.
Note Act. 10,43 : Voir Jérémie, 31, 34 ; Michée, 7, 18.
 
44 Tandis que Pierre prononçait encore ces mots, l'Esprit-Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole.
Note Act. 10,44 : « C'est le seul exemple que nous offre le Nouveau Testament de l'effusion du Saint-Esprit avant le baptême. Dieu, dans la distribution de se grâces, considère avant tout les dispositions de l'âme : il est libre pour le reste. » (CRAMPON)
45 Et les fidèles de la circoncision qui étaient venus avec Pierre furent frappés d'étonnement de ce que la grâce de l'Esprit-Saint se répandait aussi sur les Gentils. 46 Car ils les entendaient parler diverses langues et glorifier Dieu. 47 Alors Pierre dit : Est-ce-qu'on peut refuser l'eau, et empêcher de baptiser ceux qui ont reçu l'Esprit-Saint comme nous ? 48 Et il ordonna de les baptiser au nom du Seigneur Jésus-Christ. Alors ils le prièrent de rester quelques jours avec eux.
Note Act. 10,48 : Qu'ils fussent baptisés au nom, etc. Voir Actes des Apôtres, 2, 38.

Chapitre 11

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Chap. : 
Pierre repris rend raison de sa conduite.
Disciples dispersés prêchant aux Juifs, puis aux gentils.
Barnabé et Paul prêchent à Antioche.
Disciples appelés Chrétiens.
Prophétie d’Agabus.
Aumônes pour les chrétiens de Judée.
1 Les Apôtres et les frères qui étaient en Judée apprirent que les gentils aussi avaient reçu la parole de Dieu. 2 Lorsque Pierre fut remonté à Jérusalem, les fidèles de la circoncision disputaient contre lui, 3 en disant : Pourquoi es-tu entré chez des hommes incirconcis, et as-tu mangé avec eux ? 4 Mais Pierre commença à leur exposer l'ordre des faits en disant :
 
5 J'étais dans la ville de Joppé, en prière, et je vis dans un ravissement d'esprit une vision ; c'était un objet qui descendait du ciel, semblable à une grande nappe nouée aux quatre coins, et elle vint jusqu'à moi.
Note Act. 11,5 : Joppé. Voir Actes des Apôtres, 9, 36.
6 La regardant avec attention, j'y vis des quadrupèdes terrestres, des bêtes sauvages, des reptiles et des oiseaux du ciel. 7 J'entendis aussi une voix qui me disait : Lève-toi, Pierre ; tue et mange. 8 Je dis : Je ne le puis, Seigneur ; jamais rien de profane ou de souillé n'est entré dans ma bouche. 9 La voix me parla du ciel une seconde fois : Ce que Dieu a purifié, ne l'appelle pas profane (impur). 10 Cela se fit par trois fois ; puis tout fut retiré dans le ciel. 11 Et voici que trois hommes se présentèrent aussitôt dans la maison où j'étais, envoyés vers moi de Césarée. 12 Et l'Esprit me dit d'aller avec eux sans hésiter. Les six frères que voici vinrent aussi avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme. 13 Il nous raconta comment il avait vu dans sa maison un ange debout, et lui disant : Envoie à Joppé, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ; 14 il te dira des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison. 15 Quand j'eus commencé à parler, l'Esprit-Saint descendit sur eux, comme sur nous au commencement. 16 Alors je me souvins de la parole du Seigneur, quand il disait : Jean a baptisé dans l'eau ; mais vous, vous serez baptisés dans l'Esprit-Saint.
Note Act. 11,16 : Voir Matthieu, 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 1, 26 ; Actes des Apôtres, 1, 5 ; 19, 4. ― « L'effusion de l'Esprit-Saint dans les âmes est appelé par figure un baptême, évidemment supérieur au baptême d'eau. » (CRAMPON)
17 Si donc Dieu leur a donné la même grâce qu'à nous, qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir empêcher (m’opposer à) Dieu ?
 
18 Ayant entendu ces choses, ils se turent et glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc accordé aux gentils la pénitence pour qu'ils aient la vie.
 
19 Cependant ceux qui avaient été dispersés par la persécution, survenue à l'occasion d'Etienne, allèrent jusqu'en Phénicie, en Chypre et à Antioche, n'annonçant la parole à personne, si ce n'est aux Juifs seulement.
Note Act. 11,19 : En Phénicie. Au premier siècle de notre ère, la Phénicie formait une province de la Syrie, longeant la Méditerranée entre le fleuve Eleuthère et le mont Carmel. ― En Chypre, île de la Méditerranée entre la Cilicie et la Syrie. Parmi les villes de cette île, les Actes des Apôtres mentionnent Salamine et Paphos, 13, 5-6. ― Dans Antioche, capitale de la Syrie, sur l'Oronte, bâtie par Séleucus Nicanor et nommée par lui Antioche en l'honneur de son père Antiochus. Les Juifs hellénistes y étaient nombreux.
20 Mais quelques-uns d'entre eux, qui étaient de Chypre et de Cyrène, étant entrés dans Antioche, parlèrent aussi aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus.
Note Act. 11,20 : De Cyrène. Voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― Aux Grecs, les juifs hellénistes parlant grec.
21 La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de croyants se convertirent au Seigneur.
 
22 Le bruit en parvint aux oreilles de l'Eglise qui était à Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabé jusqu'à Antioche. 23 Lorsqu'il fut arrivé et qu'il eut vu la grâce de Dieu, il se réjouit, et il les exhortait tous à persévérer avec un cœur ferme dans le Seigneur ; 24 car c'était un homme bon, plein de l'Esprit-Saint et de foi. Et une foule nombreuse se joignit au Seigneur.
 
25 Barnabé se rendit ensuite à Tarse, pour chercher Saul ; l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche.
Note Act. 11,25 : Pour Tarse. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.
26 Et ils demeurèrent une année dans cette église, et ils instruisirent une foule nombreuse ; en sorte que ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés Chrétiens.
 
27 En ces jours-là, des prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche ;
Note Act. 11,27 : Des prophètes, des fidèles qui avaient reçu le charisme ou don de prophétie (voir 1 Corinthiens, 12, 10).
28 et l'un d'eux, nommé Agabus, se levant, prédit par l'Esprit(-Saint) qu'il y aurait une grande famine sur toute la terre ; elle arriva, en effet, sous Claude.
Note Act. 11,28 : Agabus, d'ailleurs inconnu, fit une autre prédiction plus tard pour annoncer l'emprisonnement de saint Paul, voir Actes des Apôtres, 21, 10. ― La famine qu'il annonça ici eut lieu vers l'an 44 et sévit cruellement en Judée, comme l'a raconté l'historient Josèphe, sous le règne de Claude, quatrième empereur romain, qui gouverna l'empire depuis l'assassinat de Caligula en 41 jusqu'en 54 où il fut empoisonné par sa femme Agrippine.
29 Et les disciples résolurent d'envoyer, chacun selon ce qu'il avait, un secours aux frères qui demeuraient en Judée. 30 Ce qu'ils firent, l'envoyant aux anciens par les mains de Barnabé et Saul.
Note Act. 11,30 : Par les mains ; c'est-à-dire sous la conduite. Voir Actes des Apôtres, 5, 12. ― Aux anciens, aux chefs de l'église, qui étaient les évêques et les prêtres. Le texte grec porte presbyteroi, mot qui signifie tout à la fois anciens et vieillards, évêques et prêtres. Le nom des prêtres vient même de là par l'intermédiaire du latin presbyteri.

Chapitre 12

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Chap. : 
Martyre de saint Jacques le Majeur.
Emprisonnement et délivrance de saint Pierre.
Hérode Agrippa meurt frappé de Dieu.
Actes 12, 1-11 : Délivrance de Saint Pierre - Gravure de Gustave Doré
Actes 12, 1-11 : Délivrance de Saint Pierre - Gravure de Gustave Doré
1 En ce même temps, le roi Hérode mit les mains sur quelques membres de l'Eglise, pour les maltraiter.
Note Act. 12,1 : Cet Hérode était surnommé Agrippa. ― Porta les mains, ou mit les mains sur ; hébraïsme qui veut dire : se mettre à, entreprendre, commencer. Le roi Hérode Agrippa I, fils d'Aristobule et de Bérénice, petit-fils d'Hérode le Grand et neveu d'Hérode Antipas, était né vers l'an 10 avant notre ère. Elevé à Rome, il y avait été mis en prison par Tibère, mais il fut mis en liberté à l'avènement de Caligula et obtint les tétrarchies de Philippe et de Lysanias avec le titre de roi. En l'an 41, Claude y ajouta la Judée et la Samarie, de sorte qu'Agrippa I fut ainsi aussi puissant qu'Hérode le Grand. Il affectait un grand zèle pour le judaïsme. Sa mort affreuse est racontée aux versets 21-23. Elle eut lieu l'an 44 ; il avait 54 ans et avait régné 7 ans.
2 Il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean.
Note Act. 12,2 : Jacques le Majeur, fils de Zébédée, le premier des Apôtres qui subit le martyre. ― Il fit mourir par le glaive Jacques le Majeur. Sur le lieu traditionnel où fut décapité le saint apôtre s'élève une église qui lui est dédiée et qui appartient aux Arméniens non unis, dans la partie sud-ouest de Jérusalem, sur le mont Sion. Saint Jacques fut le premier Apôtre qui versa son sang pour Jésus-Christ, en l'an 44, onze ans après l'Ascension, aux environs de la Pâque juive, d'après le témoignage de Clément d'Alexandrie, conservé par Eusèbe.
 
3 Et voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit arrêter Pierre. C'étaient alors les jours des azymes.
Note Act. 12,3 : Jours des azymes. Voir Matthieu, 26, 17.
4 L'ayant donc fait arrêter, il le mit en prison, et le donna à garder à quatre escouades, de quatre soldats chacune, avec l'intention de le faire comparaître devant le peuple après la Pâque.
 
5 Pierre était donc gardé dans la prison ; mais l'Eglise faisait sans interruption des prières à Dieu pour lui.
 
6 Or, la nuit même avant le jour où Hérode devait le faire comparaître, Pierre dormait entre deux soldats, lié de deux chaînes, et des gardes devant la porte gardaient la prison.
Note Act. 12,6 : « On avait appliqué à Pierre la custodia militaris des Romains. Des quatre soldats de l'escouade, deux se trouvaient dans la cellule du prisonnier : l'un était libre, et Pierre était attaché à l'autre par deux chaînes, une à chaque main. Les deux autres soldats étaient postés, l'un à la porte de la cellule, l'autre à la porte extérieure de la prison (la porte de fer), mais au dedans : c'étaient la première et la deuxième garde (verset 10). Ces précautions montrent bien l'intention d'Agrippa de condamner à mort le chef de l'Eglise. » (CRAMPON)
7 Et voici qu'un ange du Seigneur apparut, et une lumière brilla dans l'appartement ; et l'ange, touchant Pierre au côté, l'éveilla, en disant : Lève-toi vite. Et les chaînes tombèrent de ses mains. 8 Et l'ange lui dit : Mets ta ceinture, et chausse tes sandales. Il le fit. Et l'ange reprit : Enveloppe-toi de ton vêtement, et suis-moi. 9 Pierre sortit et le suivit ; et il ne savait pas que ce qui se faisait par l'ange était véritable, mais il croyait voir une vision. 10 Passant la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer qui conduit à la ville ; elle s'ouvrit d'elle-même devant eux, et étant sortis, ils s'avancèrent dans une rue ; et aussitôt l'ange le quitta.
 
11 Alors Pierre, étant revenu à lui-même, dit : Maintenant je reconnais d'une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange, et qu'il m'a arraché à la main d'Hérode et à toute l'attente du peuple juif. 12 Et réfléchissant, il vint à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où beaucoup étaient assemblés et priaient.
Note Act. 12,12 : Jean Marc, parent de Barnabé, regardé communément comme le même que saint Marc l'Evangéliste, accompagna saint Paul et saint Barnabé dans quelques-unes de leurs missions (voir Actes des Apôtres, 13, vv. 5, 13 ; 15, vv. 37, 39) Il devint plus tard secrétaire de saint Pierre.
13 Pendant qu'il frappait à la porte, une servante (jeune fille), nommée Rhode, vint pour écouter.
Note Act. 12,13 : Rhode. Ce nom signifie rose.
14 Dès qu'elle eut reconnu la voix de Pierre, dans sa joie, elle n'ouvrit pas la porte ; mais, courant à l'intérieur, elle annonça que Pierre était à la porte. 15 Ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle affirmait que la chose était ainsi. Et ils disaient : C'est son ange. 16 Cependant Pierre continuait à frapper. Lorsqu'ils eurent ouvert, ils le virent et furent saisis de stupeur. 17 Mais leur faisant de la main signe de se taire, il raconta comment le Seigneur l'avait tiré de la prison ; et il dit : Faites savoir cela à Jacques et aux frères. Et étant sorti, il s'en alla dans un autre lieu.
Note Act. 12,17 : A Jacques le Mineur, fils d'Alphée, cousin de Notre Seigneur et premier évêque de Jérusalem.
 
18 Quand il fit jour, le trouble n'était pas petit parmi les soldats, pour savoir ce que Pierre était devenu. 19 Hérode l'ayant fait chercher, et ne l'ayant pas trouvé, il fit faire le procès aux gardes, et ordonna de les mener au supplice ; puis, descendant de la Judée à Césarée, il y demeura.
Note Act. 12,19 : A Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.
 
20 Or, il était irrité contre les Tyriens et les Sidoniens. Mais d'un commun accord ils vinrent à lui, et ayant gagné Blastus, qui était chambellan du roi, ils demandaient la paix, parce que leurs contrées tiraient leur subsistance de celle du roi. 21 Au jour fixé, Hérode, revêtu d'habits royaux, s'assit sur son trône, et il les haranguait.
Note Act. 12,21 : L’historien juif Josèphe confirme en tous points le récit de saint Luc (Antiq. XIX, VII, 1-2).
22 Et le peuple acclamait : C'est la voix d'un dieu, et non d'un homme. 23 Mais aussitôt un ange du Seigneur le frappa, parce qu'il n'avait pas donné gloire à Dieu ; et dévoré de vers, il expira.
 
24 Cependant la parole du Seigneur faisait des progrès et se répandait de plus en plus.
 
25 Barnabé et Saul, leur mission remplie, revinrent de Jérusalem, ramenant avec eux Jean, surnommé Marc.
Note Act. 12,25 : Voir Actes des Apôtres, 11, 30.

Chapitre 13

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Chap. : 
Paul et Barnabé sont envoyés aux gentils.
Ils passent dans l’île de Chypre.
Le magicien Barjésu frappé d’aveuglement.
Conversion du proconsul Sergius Paulus.
Paul vient à Antioche de Pisidie, où il prêche dans la synagogue.
Les Juifs lui résistent.
Il se tourne vers les gentils.
1 Il y avait dans l'église d'Antioche des prophètes et des docteurs, parmi lesquels étaient Barnabé, Simon qu'on appelait le Noir, Lucius le Cyrénéen, Manahen, frère de lait d'Hérode le tétrarque, et Saul.
Note Act. 13,1 : Ici commence la troisième et dernière partie des Actes. Barnabé qui était sans doute à la tête de l'Eglise d'Antioche. ― Simon le Noir. En grec Suméôn, personnage inconnu. ― Lucius de Cyrène est peut-être le même qui est nommé dans Romains, 16, 21. Manahen est inconnu. ― Hérode le tétrarque. Voir Matthieu, 14, 1. Saul, saint Paul. Frère de lait : le mot grec est ainsi traduit par la Vulgate ; mais il a aussi la signification de nourri, élevé avec. On donnait alors aux enfants des grandes familles, non seulement des pédagogues ou précepteurs, mais encore d'autres enfants ou compagnons élevés avec eux. Ce dernier sens est généralement adopté par les exégètes modernes.
2 Or pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient, l'Esprit-Saint leur dit : Séparez-moi Saul et Barnabé, pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés. 3 Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir.
Note Act. 13,3 : C'est ainsi que commença la première mission de saint Paul, l'an 45 de notre ère.
 
4 Et eux, envoyés par l'Esprit-Saint, allèrent à Séleucie, et de là ils naviguèrent vers Chypre.
Note Act. 13,4 : Séleucie, ville de Syrie sur la Méditerranée, au sud et à 120 stades d'Antioche vis-à-vis de l'île de Chypre, à 40 stades au nord de l'embouchure de l'Oronte. ― Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.
5 Lorsqu'ils furent arrivés à Salamine, ils prêchaient la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs ; ils avaient aussi Jean pour les aider (dans le ministère).
Note Act. 13,5 : A Salamine. C'était une des villes principales de l'île de Chypre, sur la côte orientale, avec un bon port. Les Juifs y étaient nombreux. On voit aujourd'hui ses ruines près de la moderne Famagouste. ― Dans les synagogues. Quand un Juif étranger assistait aux offices de la synagogue, le chef de la synagogue l'invitait à parler et saint Paul ne manqua jamais, dans toute sa carrière apostolique, de saisir cette occasion d'annoncer l'Evangile. Comparer à Luc, 4, 16 et Actes des Apôtres, 13, 15.
6 Lorsqu'ils eurent parcouru toute l'île jusqu'à Paphos, ils trouvèrent un certain magicien, faux prophète, Juif, dont le nom était Barjésu ;
Note Act. 13,6 : Jusqu'à Paphos. Cette ville, port de mer, était à l'opposé de Salamine, sur la côte occidentale de l'île de Chypre. Elle servait alors de résidence au proconsul romain. L'ancienne Paphos, célèbre chez les anciens par le culte de Vénus, était à soixante stades au nord. ― Barjésu. Ce nom signifie fils de Jésus.
7 il était avec le proconsul Sergius Paulus, homme sage (prudent). Celui-ci, ayant fait venir Barnabé et Saul, désirait entendre la parole de Dieu.
Note Act. 13,7 : Sergius Paulus. « Les Actes donnent à Sergius Paulus le titre de proconsul. On sait, en effet, que la Chypre, à raison de son importance et de son étendue, formait à elle seule une province dans l'empire, et l'on voit par plusieurs médailles qu'elle avait pour gouverneur un proconsul annuel, comme toutes les provinces dont le gouvernement dépendant du Sénat. L'éloge que saint Luc fait des lumières et de la sagesse de Sergius Paulus, et l'impression que l'Evangile produisit sur son esprit, donnent lieu de croire qu'il devint un des appuis du christianisme naissant. Le Martyrologe romain le nomme au 22 mars, avec le titre d'évêque de Narbonne ; et l'église de cette ville l'a toujours regardé comme son apôtre. D'après la tradition, saint Paul l'aurait établi sur ce siège, dans le voyage qu'il fit pour se rendre en Espagne. Narbonne est bien, en effet sur la voie qui conduisait de l'Italie dans la Bétique. L'itinéraire d'Antonin, qui décrit cette voie, nomme Nice, Arles Narbonne, les monts Pyrénées, Barcelone. ― Plusieurs pensent que c'est en souvenir de la conversion de Sergius Paulus, comme signe de l'estime et de l'affection dont il honorait son généreux disciple, que l'Apôtre aurait pris le nom de Paul, à la place de celui de Saul qu'il avait porté jusque là. Mais, si cette conjoncture a quelque vraisemblance, elle n'est pas nécessaire pour l'explication du fait. L'usage des doubles noms, ou des surnoms grecs et latins, était alors commun chez les Juifs. Un certain nombre qui avaient un nom significatif, le traduisaient dans l'une de ces langues, comme Céphas qui s'appela Petrus, Silas qu'on nomma Tertius ou Silvanus, etc. D'autres, renonçant tout à fait à leur nom, en prenaient un suivant leur goût, comme Jean qui prit le nom de Marc, Jannès qui se nomma Alexandre, Onias qui s'appela Ménélaüs, Jésus qui prit celui de Juste. D'autres enfin se bornaient à changer quelque lettre ou à modifier la désinence de leur nom pour lui donner une apparence grecque ou latine. Ainsi on disait Jason au lieu de Jésus, Alcime pour Eliacim, Hégésippe au lieu de Joseph, Dosithée au lieu de Dosithai, Trypho pour Tarphon, Alphée pour Clopé, Diocletianus pour Dioclès. C'est ce qu'aura fait probablement saint Paul. Au moment d'entrer dans l'empire et de se mettre en rapport avec les Romains, il aura latinisé son nom, en l'altérant le moins possible. » (L. BACUEZ.)
8 Mais Elymas le magicien (car c'est ainsi que se traduit son nom) leur résistait, cherchant à détourner le proconsul de la foi. 9 Alors Saul, qui est aussi appelé Paul, rempli de l'Esprit-Saint, le regardant fixement, 10 dit : O homme plein de toute astuce et de toute fourberie, fils du diable, ennemi de toute justice, tu ne cesses de pervertir les voies droites du Seigneur. 11 Et maintenant voici que la main du Seigneur est sur toi ; et tu seras aveugle, ne voyant pas le soleil jusqu'à un certain temps. Aussitôt l'obscurité et les ténèbres tombèrent sur lui, et tournant de tous côtés, il cherchait quelqu'un qui lui donnât la main. 12 Alors le proconsul, ayant vu ce qui était arrivé, devint croyant, et il admirait la doctrine du Seigneur.
 
13 Paul et ceux qui étaient avec lui, s'étant embarqués à Paphos, vinrent à Perge en Pamphylie ; mais Jean, se séparant d'eux, revint à Jérusalem.
Note Act. 13,13 : A Perge, capitale de la Pamphylie, sur la rivière Cestros, à soixante stades de la Méditerranée. Dans le voisinage, sur une éminence, était un temple célèbre de Diane. ― La Pamphylie, province de l'Asie Mineure, est déjà mentionnée, voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― Jean Marc. Voir Actes des Apôtres, 12, 12.
14 Pour eux, passant au-delà de Perge, ils vinrent à Antioche de Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue le jour du sabbat, ils s'assirent.
Note Act. 13,14 : Du sabbat ; littéralement, des sabbats. Le pluriel de ce mot se met quelquefois pour le singulier. ― Antioche de Pisidie était une ville de Phrygie, mais on l'appelait de Pisidie, à cause de la proximité de cette province et afin de la distinguer d'Antioche de Syrie. Comme cette dernière, elle avait été bâtie par Séleucus Nicanor qui l'avait ainsi nommée en l'honneur de son père Antiochus. C'était une ville importante. Auguste en avait fait une colonie romaine.
15 Après la lecture de la loi et des prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : Frères, si vous avez quelque exhortation à faire au peuple, parlez.
Note Act. 13,15 : Les chefs de la synagogue. Le premier archisynagogus (voir Marc, 5, 22) était assisté d'un conseil composé d'un nombre plus ou moins considérable de membres, selon l'importance des synagogues. On les appelait quelquefois Archisynagogi ou chefs de la synagogue. Ils avaient dans l'assemblée des sièges particuliers, près du coffre destiné à recevoir les Saintes Ecritures.
 
16 Alors Paul, se levant, et ayant fait signe de la main pour demander le silence, dit : Hommes d'Israël, et vous qui craignez Dieu, écoutez. 17 Le Dieu du peuple d'Israël a choisi nos pères, et il a exalté le peuple lorsqu'ils demeuraient comme étrangers dans le pays d'Egypte ; puis il les en a fait sortir à bras étendu.
Note Act. 13,17 : Voir Exode, 1, 1 ; 13, 21-22.
18 Et pendant l'espace de quarante ans, il a supporté leur conduite dans le désert.
Note Act. 13,18 : Voir Exode, 16, 3.
19 Puis ayant détruit sept nations dans le pays de Chanaan, il leur en distribua au sort le territoire,
Note Act. 13,19 : Voir Josué, 14, 2.
20 après environ quatre cent cinquante ans. Ensuite il leur donna des juges, jusqu'au prophète Samuel.
Note Act. 13,20 : Voir Juges, 3, 9.
21 Alors ils demandèrent un roi ; et Dieu leur donna Saül, fils de Cis, homme de la tribu de Benjamin, pendant quarante ans.
Note Act. 13,21 : Voir 1 Rois, 8, 5 ; 9, 16 ; 10, 1.
22 Puis l'ayant mis à l'écart, il leur suscita pour roi David, à qui il a rendu témoignage, en disant : J'ai trouvé David, fils de Jessé, homme selon mon cœur, qui fera toutes mes volontés.
Note Act. 13,22 : Voir 1 Rois, 13, 14 ; 16, 13 ; Psaumes, 88, 21.
23 C'est de sa race (postérité) que Dieu, selon sa promesse, a fait sortir un Sauveur pour Israël, Jésus ;
Note Act. 13,23 : Voir Isaïe, 11, 1.
24 Jean ayant prêché, avant sa venue, le baptême de pénitence à tout le peuple d'Israël.
Note Act. 13,24 : Voir Matthieu, 3, 1 ; Marc, 1, 4 ; Luc, 3, 3.
25 Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous pensez ; mais voici que vient après moi celui dont je ne suis pas digne de délier les sandales.
Note Act. 13,25 : Voir Matthieu, 3, 11 ; Marc, 1, 7 ; Jean, 1, 27. ― La chaussure, les sandales. Voir Marc, 6, 9.
 
26 Mes frères, fils de la race d'Abraham, et ceux qui parmi vous craignent Dieu, c'est à vous que cette parole de salut a été envoyée.
Note Act. 13,26 : La parole de ce salut ; c'est-à-dire du salut dont Jésus-Christ est l'auteur. Comparer au verset 23. Dans Actes des Apôtres, 5, 20, on a pu remarquer une construction de phrase tout à fait semblable.
27 Car les habitants de Jérusalem et leurs princes, l'ayant méconnu, ont accompli, en le condamnant, les paroles des prophètes qui sont lues chaque sabbat (ne les comprenant pas) ; 28 et ne trouvant rien en lui qui fût digne de mort, ils demandèrent à Pilate de le faire mourir.
Note Act. 13,28 : Voir Matthieu, 27, vv. 20, 23 ; Marc, 15, 13 ; Luc, 23, vv. 21, 23 ; Jean, 19, 15.
29 Et lorsqu'ils eurent consommé tout ce qui avait été écrit de lui, ils le descendirent du bois et le déposèrent dans un tombeau. 30 Mais Dieu l'a ressuscité des morts le troisième jour ; et il a été vu, durant des jours nombreux, par ceux
Note Act. 13,30 : Voir Matthieu, 28 ; Marc, 16 ; Luc, 24 ; Jean, 20.
31 qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem, et qui maintenant encore sont ses témoins devant le peuple. 32 Nous aussi, nous vous annonçons la promesse qui a été faite à nos pères ; 33 car Dieu l'a accomplie pour nos fils, en ressuscitant Jésus, ainsi qu'il est écrit dans le second psaume : Tu es mon fils ; aujourd'hui je t'ai engendré.
Note Act. 13,33 : Voir Psaumes, 2, 7.
34 Et parce qu'il l'a ressuscité d'entre les morts, pour qu'il ne retournât plus dans la corruption, il a parlé ainsi : Je tiendrai fidèlement pour vous les saintes promesses faites à David (, promesses inviolables).
Note Act. 13,34 : Voir Isaïe, 55, 3.
35 Et il dit encore ailleurs : Vous ne permettrez pas que votre Saint voie la corruption.
Note Act. 13,35 : Voir Psaumes, 15, 10. ― Voie la corruption. Comparer à Actes des Apôtres, 2, 27.
36 Car David, après avoir servi en son temps aux desseins de Dieu, s'est endormi, et a été déposé près de ses pères, et il a vu la corruption.
Note Act. 13,36 : Voir 1 Rois, 2, 10.
37 Mais celui que Dieu a ressuscité d'entre les morts n'a pas vu la corruption.
 
38 Sachez donc, mes frères, que par lui la rémission des péchés vous est annoncée ; et tout ce dont vous n'avez pu être justifiés par la loi de Moïse, 39 quiconque croit en lui est justifié par lui. 40 Prenez donc garde qu'il ne vous arrive ce qui a été dit par les prophètes : 41 Voyez, contempteurs, soyez étonnés et disparaissez ; car j'accomplis une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croirez pas si quelqu'un vous la raconte.
Note Act. 13,41 : Voir Habacuc, 1, 5.
 
42 Lorsqu'ils sortaient, on les pria de parler sur le même sujet le sabbat suivant. 43 Et quand l'assemblée fut séparée, beaucoup de Juifs et d'étrangers craignant Dieu suivirent Paul et Barnabé, qui, prenant la parole, les exhortaient à persévérer dans la grâce de Dieu.
Note Act. 13,43 : De prosélytes, gentils convertis au judaïsme.
 
44 Le sabbat suivant, presque toute la ville se réunit pour entendre la parole de Dieu. 45 Mais les Juifs, voyant cette foule, furent remplies de jalousie, et ils contredisaient, en blasphémant, ce que Paul disait.
Note Act. 13,45 : De jalousie : les Juifs s'imaginaient qu'eux seuls avaient droit au salut rapporté par le Messie. D'autres traduisent, d'une haine violente.
46 Alors Paul et Barnabé dirent hardiment : C'est à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les gentils. 47 Car le Seigneur nous l'a ainsi ordonné : Je t'ai établi pour être la lumière des nations, afin que tu sois le salut jusqu'aux extrémités de la terre.
Note Act. 13,47 : Voir Isaïe, 49, 6.
48 Entendant cela, les gentils se réjouirent, et ils glorifiaient la parole du Seigneur ; et tous ceux qui avaient été prédestinés à la vie éternelle devinrent croyants.
Note Act. 13,48 : Préordonnés. Voir sur ce mot, Actes des Apôtres, 10, 41.
 
49 Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la contrée. 50 Mais les Juifs soulevèrent les femmes pieuses et de distinction, et les principaux de la ville, et excitèrent une persécution contre Paul et Barnabé, et les chassèrent de leur territoire. 51 Mais ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de leurs pieds, vinrent à Iconium.
Note Act. 13,51 : Voir Matthieu, 10, 14 ; Marc, 6, 11 ; Luc, 9, 5. ― Iconium, aujourd'hui Konyéh, ville importante de l'Asie Mineure, chef-lieu de la province de Lycaonie, dans une plaine fertile, au pied du mont Taurus, sur la grande ligne de communication entre Ephèse et les villes de Tarse et d'Antioche de Pisidie. Elle était avantageusement placée pour servir de centre aux missions de saint Paul dans ces parages ; aussi l'y reverrons-nous encore.
52 Cependant, les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit-Saint.

Chapitre 14

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Chap. : 
Succès de la prédication de Paul et de Barnabé à Iconium.
Ils sont chassés et se réfugient à Lystre.
Paul y guérit un boiteux.
On veut leur sacrifier ; on les lapide.
Ils vont à Derbe.
Ils s’en retournent à Antioche de Syrie, en visitant les fidèles.
1 Or il arriva qu'à Iconium ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et parlèrent de telle sorte, qu'une multitude considérable de Juifs et de Grecs embrassa la foi. 2 Mais les Juifs qui restèrent incrédules soulevèrent et excitèrent à la colère l'esprit des gentils contre les frères.
Note Act. 14,2 : Contre les frères ; c'est-à-dire contre les nouveaux convertis, tant du paganisme que du judaïsme.
3 Ils demeurèrent donc longtemps, agissant avec assurance dans le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, en permettant que des miracles et des prodiges fussent faits par leurs mains.
Note Act. 14,3 : Par leurs mains. Voir Actes des Apôtres, 5, 12.
4 Cependant la population de la ville se divisa : les uns étaient pour les Juifs, et les autres pour les apôtres. 5 Mais comme il se fit un soulèvement des gentils et des Juifs, avec leurs chefs, pour les accabler d'outrages et les lapider, 6 les apôtres, l'ayant compris, se refugièrent dans les villes de Lycaonie, à Lystre et à Derbe, et dans tout le pays d'alentour, et là ils annonçaient l'Evangile.
Note Act. 14,6 : Lystre, au sud d'Iconium, au nord du mont Taurus. Le disciple de saint Paul, Timothée, était probablement originaire de Lystre. ― Derbe, au sud-est d'Iconium, à l'est de Lystre, située probablement près du passage appelé les portes de Cilicie. Ces deux villes, comme Iconium, faisaient partie de la province de Lycaonie, en Asie Mineure, bornée à l'est par la Cappadoce, au nord par la Galatie, à l'ouest par la Phrygie, et séparée au sud de la Cilicie par la chaîne du Taurus.
 
7 Or à Lystre se tenait assis un homme perclus des pieds, boiteux dès le sein de sa mère, et qui n'avait jamais marché. 8 Il entendit parler Paul, qui, fixant les yeux sur lui, et voyant qu'il avait la foi qu'il serait guéri (reformuler pour qu’il soit guéri), 9 dit d'une voix forte : Lève-toi droit sur tes pieds. Il se leva d'un saut, et il marchait.
 
10 La foule ayant vu ce que Paul avait fait éleva la voix, disant en lycaonien : Des dieux devenus semblables aux hommes sont descendus vers nous.
Note Act. 14,10 : En lycaonien, dialecte qu'on a supposé être le cappadocien, mais dont le vrai caractère est inconnu.
11 Et ils appelaient Barnabé Jupiter, et Paul Mercure, parce que c'était lui qui portait la parole.
Note Act. 14,11 : Jupiter, le maître des dieux de l'Olympe, était souvent accompagné d'après les fables grecques, de Mercure, le dieu de l'éloquence, qui parlait pour le roi des dieux. Saint Paul étant l'orateur est pris pour Mercure.
12 Même le prêtre de Jupiter, qui était à l'entrée de la ville, amenant des taureaux avec des couronnes devant les portes, voulait, aussi bien que le peuple, offrir un sacrifice.
Note Act. 14,12 : Le prêtre qui était près de la ville, qui desservait le temple de Jupiter situé dans le voisinage de la ville. ― Avec des taureaux et des couronnes. Les païens avaient coutume d'orner de couronnes les victimes qu'ils offraient aux dieux.
13 Mais les apôtres, Barnabé et Paul, l'ayant appris, déchirèrent leurs tuniques et s'élancèrent dans la foule, criant 14 et disant : Hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous aussi nous sommes mortels, des hommes semblables à vous ; et nous vous exhortons à quitter ces choses vaines pour vous convertir au Dieu vivant, qui a fait le ciel et la terre, et la mer, et tout ce qu'ils contiennent ;
Note Act. 14,14 : Voir Genèse, 1, 1 ; Psaumes, 145, 6 ; Apocalypse, 14, 7.
15 qui dans les générations passées a laissé toutes les nations marcher dans leurs propres voies. 16 Mais il ne s'est pas laissé sans témoignage, faisant du bien en dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles, remplissant nos cœurs d'aliments et de joie. 17 En disant ces paroles, c'est à peine s'ils empêchèrent la foule de leur offrir un sacrifice.
 
18 Cependant quelques Juifs survinrent d'Antioche et d'Iconium, et gagnèrent la foule ; et ayant lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, pensant qu'il était mort.
Note Act. 14,18 : D'Antioche de Pisidie. Voir Actes des Apôtres, 13, 14.
19 Mais les disciples l'ayant entouré, il se leva et rentra dans la ville ; et le jour suivant, il partit avec Barnabé pour Derbe.
 
20 Et lorsqu'ils eurent évangélisé cette ville et instruit de nombreuses personnes, ils retournèrent à Lystre, à Iconium et à Antioche, 21 affermissant les âmes des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et leur apprenant que c'est par beaucoup de tribulations qu'il faut que nous entrions dans le royaume de Dieu. 22 Lorsqu'ils eurent établi pour eux des prêtres dans chaque église, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur, auquel ils avaient cru. 23 Traversant ensuite la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie.
Note Act. 14,23 : La Pisidie, province de l'Asie Mineure, bornée à l'est par la Lycaonie et la Cilicie, au sud par la Pamphylie, à l'ouest et au nord par la Phrygie. Les Apôtres se dirigeant vers le sud, arrivent en Pamphylie, sur laquelle on peut voir Actes des Apôtres, 2, 10.
24 Et après avoir annoncé la parole du Seigneur à Perge, ils descendirent à Attalie ;
Note Act. 14,24 : A Perge, capitale de la Pamphylie. Voir Actes des Apôtres, 13, 13. ― Attalie, aujourd'hui Antali, ville et port de mer du sud-ouest de la Pamphylie, à l'embouchure du Catarrachtès. Elle portait le nom d'Attalie, parque qu'elle avait été fondée par Attale II Philadelphe, roi de Pergame (159-138 avant Jésus-Christ).
 
25 de là ils firent voile pour Antioche, d'où ils avaient été confiés à la grâce de Dieu, pour l'œuvre qu'ils avaient accomplie.
Note Act. 14,25 : Voir Actes des Apôtres, 13, 1. ― D'où on les avait commis, etc., pour : D'où on les avait envoyés, en les commettant. C'est un genre de construction elliptique très commun en hébreu. ― Pour Antioche de Syrie. Ici se termine par le retour au point de départ le premier grand voyage apostolique de saint Paul. Il avait duré cinq ans, de l'an 45 à l'an 50.
 
26 Quand ils furent arrivés, ils assemblèrent l'Eglise, et racontèrent les grandes choses que Dieu avait faites avec eux, et comment ils avaient ouvert aux gentils la porte de la foi. 27 Et ils demeurèrent assez longtemps avec les disciples.

Chapitre 15

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Chap. : 
Dispute à Antioche sur les observations légales.
Saint Paul et saint Barnabé vont à Jérusalem consulter les Apôtres.
Concile de Jérusalem.
Lettre du concile.
Jude et Silas envoyés à Antioche avec Paul et Barnabé.
Paul et Barnabé se séparent.
1 Or quelques-uns venus de Judée, enseignaient ainsi les frères : Si vous n'êtes pas circoncis selon l'usage de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés.
Note Act. 15,1 : Voir Galates, 5, 2. ― Les faits racontés dans ce chapitre se passèrent en l'an 51.
2 Une contestation très vive s'étant élevée entre Paul et Barnabé et eux, il fut résolu que Paul et Barnabé, et quelques-uns des autres, monteraient auprès des Apôtres et des prêtres à Jérusalem, pour traiter cette question. 3 Eux donc, après avoir été accompagnés par l'Eglise, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des gentils, et ils causaient une grande joie à tous les frères.
Note Act. 15,3 : Accompagnés par l'Eglise ; c'est-à-dire que l'Eglise les fit accompagner par quelques fidèles. ― La Phénicie. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.
 
4 Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l'Eglise, par les Apôtres et par les anciens, et ils annoncèrent quelles grandes choses Dieu avait faites avec eux.
Note Act. 15,4 : Les anciens, titre de dignité, les prêtres.
5 Mais quelques-uns de la secte des pharisiens, devenus croyants, se levèrent, disant : Il faut circoncire les gentils, et leur ordonner d'observer la loi de Moïse.
Note Act. 15,5 : Qu'ils fussent circoncis ; c'est-à-dire que les gentils fussent circoncis quand ils se convertissaient.
 
6 Alors les Apôtres et les anciens s'assemblèrent pour examiner cette affaire. 7 Comme il y avait une grande discussion, Pierre, se levant, leur dit : Mes frères, vous savez que depuis longtemps Dieu m'a choisi parmi nous, afin que les gentils entendissent par ma bouche la parole de l'Evangile, et qu'ils crussent.
Note Act. 15,7 : Voir Actes des Apôtres, 10, 20.
8 Et Dieu, qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant l'Esprit-Saint aussi bien qu'à nous ;
Note Act. 15,8 : Voir Actes des Apôtres, 10, 45.
9 et il n'a pas fait de différence entre nous et eux, purifiant leurs cœurs par la foi. 10 Maintenant, pourquoi tentez-vous donc Dieu, en voulant imposer sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter ? 11 Mais c'est par la grâce du Seigneur Jésus-Christ que nous croyons être sauvés, de même qu'eux.
 
12 Alors toute la multitude se tut ; et ils écoutaient Barnabé et Paul, qui racontaient quels grands miracles et prodiges Dieu avait faits par eux parmi les gentils.
 
13 Après qu'ils se furent tus, Jacques prit la parole, et dit : Mes frères, écoutez-moi.
Note Act. 15,13 : Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, cousin de Notre Seigneur.
14 Simon a raconté comment Dieu, pour la première fois, a visité les gentils, afin de choisir parmi eux un peuple consacré à son nom.
Note Act. 15,14 : Un peuple pour son nom ; c'est-à-dire pour lui ; un peuple qui lui appartenait d'une manière toute particulière. Nous avons déjà fait remarquer que dans l'Ecriture le nom se prend souvent pour la personne même. Cela a lieu surtout quand il s'agit de Dieu.
15 Et avec cela concordent les paroles des prophètes, ainsi qu'il est écrit : 16 Après ces choses je reviendrai, et je rebâtirai la tente (le tabernacle) de David, qui est tombée ; je réparerai ses ruines, et je la relèverai ;
Note Act. 15,16 : Voir Amos, 9, 11.
17 afin que le reste des hommes, et toutes les nations sur lesquelles mon nom a été invoqué, cherchent le Seigneur, dit le Seigneur qui fait ces choses.
Note Act. 15,17 : Sur lesquelles mon nom a été invoqué ; ou bien qui sont appelées de mon nom, qui portent mon nom. La phrase, en hébreu, est susceptible de ces deux sens.
18 Le Seigneur connaît son œuvre de toute éternité. 19 C'est pourquoi je juge qu'il ne faut pas inquiéter ceux d'entre les gentils qui se convertissent à Dieu, 20 mais leur écrire de s'abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des chairs (animaux) étouffées, et du sang.
Note Act. 15,20 : Les souillures des idoles signifient ici les viandes immolées aux idoles, divinités impures et abominables.
21 Car Moïse, depuis les temps anciens, a dans chaque ville des hommes qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit tous les jours de sabbat.
 
22 Alors il plut aux Apôtres et aux anciens, ainsi qu'à toute l'Eglise, de choisir quelques-uns d'entre eux, et de les envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabé : Jude, surnommé Barsabas, et Silas, hommes éminents parmi les frères ;
Note Act. 15,22 : Aux anciens, aux prêtres. ― Jude… Barsabas n'est nommé que dans ce chapitre. ― Silas, qui apparaît ici pour la première fois, devint un des compagnons de saint Paul, qu'il suivit dans sa mission en Macédoine (voir Actes des Apôtres, 15, 40 ; 17, 4). Il demeura à Bérée quand saint Paul quitta cette ville, mais il rejoignit ensuite l'Apôtre à Corinthe où il continua probablement quelque temps à prêcher l'Evangile. Silas n'est qu'une contraction de Silvanus et c'est sous ce dernier nom que saint Paul le mentionne dans ses Epîtres. Le Silvanus par lequel saint Pierre envoya sa première Epître aux Eglises de l'Asie Mineure est probablement le même.
23 et ils leur remirent cette lettre : Les Apôtres et les anciens (prêtres), leurs frères, aux frères d'entre les gentils, qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut.
Note Act. 15,23 : Par eux, littéralement : Par leurs mains, voir Actes des Apôtres, 5, 12. ― En Syrie. Voir Matthieu, 4, 24. ― En Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 5, 9.
 
24 Comme nous avons appris que quelques-uns, sortant du milieu de nous, sans aucun mandat de notre part, vous ont troublés par leurs discours et ont bouleversé vos âmes, 25 il nous a plu, après nous être réunis ensemble, de choisir et de vous envoyer des délégués avec nos très chers Barnabé et Paul, 26 ces hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ. 27 Nous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous rapporteront de vive voix les mêmes choses. 28 Car il a semblé bon à l'Esprit-Saint et à nous de ne pas vous imposer d'autre fardeau que ces choses nécessaires : 29 que vous vous absteniez des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de la fornication ; en vous gardant de ces choses, vous ferez bien. Adieu.
Note Act. 15,29 : Il était d'autant plus nécessaire de défendre expressément aux gentils la fornication, qu'elle passait généralement chez eux pour une chose permise. Quant au sang et à la chair des animaux étouffés, cette défense avait été faite aux hommes aussitôt après le déluge. Saint Jacques est d'avis qu'on la maintienne, soit pour inspirer de plus en plus aux gentils convertis l'horreur du meurtre et du sang ; soit afin que les Juifs eussent moins d'aversion pour les gentils qui embrassaient le christianisme, en les voyant d'accord avec eux sur un point qu'ils regardaient comme un des plus importants. Toutefois cette défense n'était que temporaire.
 
30 Ayant donc pris congé, ils descendirent à Antioche, et après avoir assemblé les fidèles, ils leur remirent la lettre. 31 Après l'avoir lue, ils se réjouirent de cette consolation. 32 Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, consolèrent et fortifièrent les frères par de nombreux discours.
Note Act. 15,32 : Tous ceux qui avaient le don d'interpréter les Ecritures et de parler des choses de Dieu étaient appelé prophètes, aussi bien que ceux qui étaient inspirés pour prédire l'avenir.
33 Après qu'ils furent demeurés là quelque temps, ils furent renvoyés en paix par les frères à ceux qui les avaient envoyés. 34 Cependant Silas jugea à propos de rester là, et Jude s'en alla seul à Jérusalem.
 
35 Paul et Barnabé demeuraient à Antioche, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole du Seigneur. 36 Mais après quelques jours, Paul dit à Barnabé : Retournons visiter les frères par toutes les villes où nous avons prêché la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont.
Note Act. 15,36 : Visiter. Dieu inspira ensuite à Paul un autre dessein (voir Actes des Apôtres, 16, 6-9).
37 Or Barnabé voulait prendre aussi avec lui Jean, surnommé Marc.
Note Act. 15,37 : Jean… Marc. Voir Actes des Apôtres, 12, 12.
38 Mais Paul lui représentait que celui qui les avait quittés en Pamphylie, et qui ne les avait pas accompagnés à l'ouvrage, ne devait pas être pris avec eux.
Note Act. 15,38 : En Pamphylie. Voir Actes des Apôtres, 13,13.
39 Il y eut donc entre eux un dissentiment, de sorte qu'ils se séparèrent l'un de l'autre. Barnabé, ayant pris Marc avec lui, s'embarqua pour la Chypre,
Note Act. 15,39 : Pour Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.
 
40 Et Paul, ayant choisi Silas, partit, confié à la grâce de Dieu par les frères.
Note Act. 15,40 : C'est le commencement du second voyage apostolique de saint Paul, en l'an 51.
41 Il parcourait la Syrie et la Cilicie, fortifiant les églises, et ordonnant d'observer les prescriptions des Apôtres et des anciens.
Note Act. 15,41 : La Syrie. Voir Matthieu, 4, 24. ― La Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 5, 9.

Chapitre 16

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Chap. : 
Paul prend avec lui Timothée.
Il est détourné de prêcher en Asie et en Bythinie ; mais il est appelé en Macédoine.
Il arrive à Philippes ; conversion de Lydie.
Pythonisse délivrée.
Paul et Silas, fouettés et mis en prison, convertissent le geôlier ; leur délivrance.
1 Il arriva à Derbe, puis à Lystre. Et voici qu'il y avait là un disciple, nommé Timothée, fils d'une femme juive devenue croyante et d'un père gentil.
Note Act. 16,1 : Derbe, Lystre. Voir Actes des Apôtres, 14, 6. ― Timothée. Voir l'introduction aux Epîtres pastorales.
2 Les frères qui étaient à Lystre et à Iconium rendaient de lui un témoignage favorable.
Note Act. 16,2 : Iconium. Voir Actes des Apôtres, 13, 51.
3 Paul voulut qu'il partît avec lui ; et l'ayant pris, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là ; car tous savaient que son père était gentil.
Note Act. 16,3 : Saint Paul a pu circoncire Timothée, parce que les Apôtres n'avaient pas défini que la circoncision était illicite ; ils s'étaient bornés, comme on le voit dans le chapitre précédent, à déclarer qu'elle n'était plus nécessaire.
4 En passant par les villes, ils leur recommandaient d'observer les ordonnances qui avaient été décrétées par les Apôtres et par les anciens de Jérusalem.
Note Act. 16,4 : Les anciens, les prêtres.
5 Ainsi les églises étaient affermies dans la foi, et croissaient en nombre tous les jours.
 
6 Traversant la Phrygie et le pays de Galatie, ils reçurent de l'Esprit-Saint la défense d'annoncer la parole de Dieu dans l'Asie.
Note Act. 16,6 : La Phrygie. Voir Actes des Apôtres, 2, 10. ― La Galatie. Voir Actes des Apôtres, 18, 23. ― Dans l'Asie proconsulaire qui comprenait la plus grande partie de l'Asie Mineure orientale, c'est-à-dire, outre la Phrygie, la Mysie, la Lydie et la Carie.
7 Etant venus dans la Mysie, ils se disposaient à aller en Bithynie ; mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas.
Note Act. 16,7 : En Mysie, province de l'Asie Mineure, faisant partie de l'Asie proconsulaire, entourée à l'est et en partie au nord par la mer Egée, entre la Propontide ou mer de Marmara et la Lydie, avait pour villes principales Pergame, Troas et Assos. ― En Bythinie, autre province de l'Asie Mineure bornée au nord par le Pont Euxin à l'ouest par la Propontide et la Mysie, au sud par la Phrygie et la Galatie à l'est par la Paphlagonie.
8 Après avoir traversé la Mysie, ils descendirent à Troas,
Note Act. 16,8 : Troas, ville et port de mer près de l'Hellespont, entre les promontoires de Lectum et de Sigée, au sud de l'ancienne Troie, regardée par quelques-uns comme appartenant à la Mysie inférieure. Fondée par le roi Antigone, elle avait porté d'abord le nom d'Antigonia Troas ; plus tard Lysimaque l'appela Alexandria Troas en l'honneur d'Alexandre le Grand. Elle était très florissante à l'époque romaine et Auguste en fit une colonie avec tous les privilèges attachés à ce titre. L'étendue de ses ruines atteste quelle fut son importance. Elle la devait à sa situation sur la route qui menait en Macédoine de diverses parties de l'Asie Mineure. Saint Paul arriva à Troas en l'an 52.
 
9 et pendant la nuit une vision fut montrée à Paul. Un homme de Macédoine se tenait debout, et le priait, en disant : Passe en Macédoine, et secours-nous.
Note Act. 16,9 : Macédoine, pays situé au nord de la Grèce proprement dite et borné à l'est par la Thrace, au nord par la Moesie, à l'ouest par l'Illyrie et au sud par l'Epire et la Thessalie. Ses limites ont d'ailleurs varié à diverses époques. La Macédoine fut conquise par les Romains au temps de Persée, 167 avant Jésus-Christ, et divisée peu après en quatre districts qui avaient pour chefs-lieux Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pelagonia. En 142 avant Jésus-Christ, elle devint une province proconsulaire, unique jusqu'au règne de Tibère. Sous Claude, toute la Grèce fut partagée en deux provinces sous le nom d'Achaïe et de Macédoine. Les villes macédoniennes mentionnées dans les Actes sont Néapolis, Philippes, Apollonie, Bérée, Thessalonique, Amphipolis, Apollonie. La mission de saint Paul en Macédoine eut lieu en l'an 52.
10 Dès qu'il eut vu cette vision, nous cherchâmes aussitôt à partir pour la Macédoine, étant certains que Dieu nous appelait à y prêcher l'Évangile.
 
11 Nous étant donc embarqués à Troas, nous vînmes droit à Samothrace, et le jour suivant à Néapolis,
Note Act. 16,11 : Samothrace, île de la mer Egée, au nord de Lemnos, au sud de la côte de la Thrace, appelée d'abord Dardanie et plus tard Samothrace, parce qu'elle fut occupée successivement par les Thraces et pas les Samiens. Elle était célèbre par les mystères de Cérès et de Proserpine qu'on y célébrait. ― Néapolis, ville et port de mer sur la mer Egée, avait appartenu d'abord à la Thrace, mais fut incorporée à la Macédoine par Vespasien.
12 et de là à Philippes, qui est la première ville de cette partie de la Macédoine et une colonie. Nous demeurâmes quelques jours dans cette ville.
Note Act. 16,12 : Philippes, ville de Macédoine, dans la première région de cette province, d'après la division romaine, sur la mer Egée entre le Strymon et le Nestus, sur la frontière de Thrace, à trente-trois milles romains au nord d'Amphipolis, à dix milles de Néapolis où saint Paul avait débarqué. Auguste en avait fait une colonie. Elle tirait son nom de Philippe I, roi de Macédoine.
 
13 Le jour du sabbat, nous sortîmes hors de la porte, près de la rivière (du fleuve), où paraissait être le lieu de la prière ; et nous étant assis, nous nous entretînmes avec les femmes qui s'étaient rassemblées. 14 L'une d'elles, nommée Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire, qui craignait Dieu, nous écouta ; le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu'elle fût attentive à ce que Paul disait.
Note Act. 16,14 : Lydie, était probablement une personne riche et ne résidait que temporairement à Philippes. ― Thyatire, sa patrie, célèbre par ses étoffes de pourpre, était une ville de Lydie, en Asie Mineure, colonisée par les Macédoniens, entre Sardes et Pergame, sur la rivière du Lycus.
15 Après qu'elle eut été baptisée, ainsi que sa famille, elle nous fit cette prière : Si vous m'avez jugée fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y força.
 
16 Or il arriva, comme nous allions au lieu de la prière, qu'une jeune fille qui avait un esprit de python, et procurait un grand profit à ses maîtres en devinant, vint au-devant de nous.
Note Act. 16,16 : Un esprit de python ; un esprit de magie.
17 Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut, qui vous annoncent la voie du salut. 18 Elle fit cela pendant plusieurs jours. Mais Paul importuné se retourna, et dit à l'esprit : Je t'ordonne, au nom de Jésus-Christ, de sortir d'elle. Et il sortit à l'heure même.
 
19 Mais ses maîtres, voyant que l'espérance de leur gain avait disparu, se saisirent de Paul et de Silas, et les conduisirent sur la place publique, devant les chefs,
Note Act. 16,19 : Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.
20 et les présentant aux magistrats, ils dirent : Ces hommes troublent notre ville ; ce sont des Juifs, 21 et ils annoncent un genre de vie qu'il ne nous est pas permis de recevoir ni de suivre, puisque nous sommes Romains.
Note Act. 16,21 : Nous sommes Romains, parce que Philippes était une colonie romaine.
22 Le peuple courut contre eux ; et les magistrats, ayant fait déchirer leurs tuniques, ordonnèrent qu'on les battît de verges.
Note Act. 16,22 : Voir 2 Corinthiens, 11, 25 ; Philippiens, 1, 13 ; 1 Thessaloniciens, 2, 2. ― Déchirés de verges. Voir Matthieu, 21, 35.
23 Et après qu'on leur eut donné des coups nombreux, ils les mirent en prison, en ordonnant au geôlier de les garder avec soin. 24 Lorsqu'il eut reçu cet ordre, il les mit dans une prison intérieure, et serra leurs pieds dans des ceps.
Note Act. 16,24 : Ces ceps sont deux ais de bois qui se réunissent, et qui sont percés à diverses distances, dans les trous desquels on mettait les pieds des prisonniers à plus ou moins de distance ; les prisonniers demeuraient ainsi couchés sur le dos, ayant les pieds serrés et les jambes étendues, d'une manière fort gênante.
 
25 Au milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et louaient Dieu, et ceux qui étaient dans la prison les écoutaient. 26 Tout à coup il se fit un grand tremblement de terre, de sorte que les fondements de la prison furent ébranlés ; et aussitôt toutes les portes s'ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers furent rompus. 27 Le gardien de la prison, réveillé et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée et voulait se tuer, pensant que les prisonniers s'étaient enfuis. 28 Mais Paul cria d'une voix forte : Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous ici. 29 Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra, et tout tremblant se jeta aux pieds de Paul et de Silas ; 30 et les conduisant dehors, il dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ? 31 Ils répondirent : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. 32 Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu'à tous ceux qui étaient dans sa maison. 33 Et les prenant à cette heure de la nuit, il lava leurs plaies ; et aussitôt il fut baptisé avec toute sa famille. 34 Puis les ayant conduits dans sa maison, il leur servit à manger, et se réjouit avec toute sa famille d'avoir cru en Dieu.
 
35 Lorsque le jour fut venu, les magistrats envoyèrent les licteurs, qui dirent : Laisse aller ces hommes.
Note Act. 16,35 : Les licteurs, officiers publics qui portaient des faisceaux de verges devant les magistrats romains et exécutaient leurs ordres.
36 Le gardien de la prison rapporta ces paroles à Paul : Les magistrats ont envoyé l'ordre de vous mettre en liberté ; sortez donc maintenant, et allez en paix. 37 Mais Paul dit aux licteurs : Ils nous ont fait frapper en public, sans jugement, nous citoyens romains, puis ils nous ont mis en prison, et maintenant ils nous font sortir en cachette ? Il n'en sera pas ainsi ; mais qu'ils viennent
Note Act. 16,37 : Sans jugement, nous, citoyens romains. La loi romaine protégeait avec beaucoup de soin les citoyens romains. « Beaucoup, dit Cicéron, peuvent être absous après qu'on a entendu leur cause ; personne ne peut être condamné sans avoir été entendu. C'est un crime d'enchaîner et de frapper un citoyen romain. »
38 et qu'ils nous mettent eux-mêmes en liberté. Les licteurs rapportèrent ces paroles aux magistrats. Ceux-ci eurent peur, en apprenant qu'ils étaient Romains. 39 Ils vinrent donc leur faire des excuses ; et les mettant en liberté, ils les priaient de quitter la ville. 40 Et sortant de la prison, ils entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les consolèrent et partirent.

Chapitre 17

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Chap. : 
Paul à Thessalonique ; les Juifs y soulèvent le peuple contre lui.
Il passe à Bérée ; les Juifs de Thessalonique l’y poursuivent.
Il est conduit à Athènes.
Il prêche dans l’Aréopage.
Actes 17, 1-4 : Saint Paul dans la synagogue de Thessalonique - Gravure de Gustave Doré
Actes 17, 1-4 : Saint Paul dans la synagogue de Thessalonique - Gravure de Gustave Doré
1 Après avoir traversé Amphipolis et Apollonie, ils vinrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue.
Note Act. 17,1 : Amphipolis, ville de Macédoine sur le Strymon, qui l'entourait, colonie athénienne, métropole sous les Romains de la première subdivision de la Macédoine. ― Apollonie, autre ville de Macédoine, dans le district de Mydonie, dédiée à Apollon, d'où elle tirait son nom. Elle était située entre Amphipolis et Thessalonique, à trente milles romains de la première et à trente-six milles de la seconde. ― Thessalonique, métropole de la seconde partie de la Macédoine, port de mer sur le golfe Thermaïque, ville très peuplée et très florissante au temps de saint Paul. Elle tirait son nom de Thessalonica, sœur d'Alexandre-le-Grand et femme de Cassandre, qui l'avait bâtie.
2 Selon sa coutume Paul entra auprès d'eux, et pendant trois jours de sabbat il discutait avec eux d'après les Ecritures, 3 expliquant et démontrant qu'il avait fallu que le Christ souffrît et ressuscitât d'entre les morts ; et le Christ, disait-il, c'est Jésus que je vous annonce. 4 Quelques-uns d'entre eux crurent et se joignirent à Paul et à Silas, ainsi qu'une grande multitude de prosélytes et de païens, et beaucoup de femmes de qualité.
Note Act. 17,4 : Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22.
 
5 Mais les Juifs, devenus jaloux, prirent avec eux quelques hommes méchants de la populace, et ameutant la foule, ils troublèrent la ville ; et assaillant la maison de Jason, ils cherchaient Paul et Silas pour les mener devant le peuple.
Note Act. 17,5 : Jason était probablement le parent de saint Paul mentionné dans Romains, 16, 21.
6 Mais ne les ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les magistrats de la ville, en criant : Ces hommes qui troublent la ville et qui sont venus ici, 7 Jason les a reçus, et ils agissent tous contre les décrets de César, soutenant qu'il y a un autre roi, Jésus. 8 Ils excitèrent ainsi le peuple et les magistrats de la ville qui les écoutaient. 9 Mais ayant reçu caution de Jason et des autres, ils les laissèrent aller.
 
10 Aussitôt, pendant la nuit, les frères firent partir Paul et Silas pour aller à Bérée. Lorsqu'ils y furent arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.
Note Act. 17,10 : Bérée, ville de la troisième subdivision de la Macédoine, non loin de Pella, au pied du mont Bermius. Sosipatre, qui fut un des compagnons de saint Paul, était de Bérée, s'il est le même que Sopater d'Actes des Apôtres, 20, 4, comme cela est probable.
11 Or ceux-ci étaient plus nobles de sentiments que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d'avidité, examinant tous les jours les Ecritures, pour vérifier ce qu'on leur disait. 12 Beaucoup d'entre eux crurent, ainsi que des femmes grecques de qualité, et un grand nombre d'hommes. 13 Mais quand les Juifs de Thessalonique eurent appris que la parole de Dieu était aussi prêchée par Paul à Bérée, ils y vinrent aussi, soulevant et troublant la foule. 14 Alors les frères firent aussitôt partir Paul, pour qu'il allât jusqu'à la mer ; quant à Silas et Timothée, ils demeurèrent à Bérée.
 
15 Ceux qui conduisaient Paul le menèrent jusqu'à Athènes ; et après avoir reçu de lui, pour Silas et Timothée, l'ordre de venir au plus tôt auprès de lui, ils partirent.
Note Act. 17,15 : Athènes, la célèbre ville de l'Attique, faisait partie du temps de saint Paul de la province romain d'Achaïe ; mais c'était une ville libre, jouissant à ce titre de beaucoup de privilèges et en particulier de celui de diriger elle-même ses affaires intérieures. Il y avait à Athènes quatre collines, dont trois, au nord, formaient une espèce de demi-cercle : l'Acropole, à l'est, rocher d'environ 45 mètres de hauteur ; à l'ouest, l'Aréopage ou colline de Mars (Arès), moins élevé que l'Acropole, et ensuite le Pnyx où se tenaient les assemblées du peuple. La quatrième colline, appelée le Muséum, était au sud. L'agora ou place publique (verset 17) qui servait de lieu de réunion et de marché était dans la vallée entre les quatre éminences. Saint Paul fut pris de l'agora pour être conduit sur la colline de l'Aréopage (verset 19) où le grand tribunal auquel la colline donnait son nom tenait ses séances. Saint Paul est conduit sur la colline de l'Aréopage (non devant le tribunal pour y être jugé) afin d'exposer sa doctrine devant la multitude. Ces faits se passaient en l'an 53.
 
16 Pendant que Paul les attendait à Athènes, son esprit était surexcité en lui-même, en voyant la ville livrée à l'idolâtrie. 17 Il disputait donc dans la synagogue avec les Juifs et les prosélytes, et tous les jours sur la place publique avec ceux qui s'y trouvaient.
Note Act. 17,17 : Prosélytes. Voir Actes des Apôtres, 2, 11.
18 Quelques philosophes épicuriens et stoïciens discutaient avec lui ; et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? et d'autres : Il semble annoncer de nouveaux dieux ; parce qu'il leur annonçait Jésus et la résurrection.
Note Act. 17,18 : Des dieux ; littéralement : des démons. Mais, sous le nom de démons, les Grecs entendaient des dieux à leur manière. ― Quelques philosophes épicuriens et stoïciens. Les Epicuriens (disciples d'Epicure, né à Samos (341-270 avant Jésus-Christ), mais d'origine athénienne et ayant passé la plus grande partie de sa vie à Athènes), faisaient consister le bien moral dans le plaisir et croyaient que les dieux ne s'occupaient pas des hommes. Leur doctrine était donc en opposition complète avec l'Evangile.Les Stoïciens, ainsi appelés du portique (stoa en grec) où leur fondateur Zénon (IV siècle avant Jésus-Christ) enseignait à Athènes, faisaient consister la sagesse dans la résignation et le mépris de la douleur. Leur enseignement favorisait l'orgueil et était ainsi en contradiction avec le christianisme.
19 Et l'ayant pris, ils le menèrent à l'Aréopage, en disant : Pouvons-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ? 20 Car tu apportes à nos oreilles des choses nouvelles ; nous voulons donc savoir ce qu'elles signifient. 21 Or tous les Athéniens, et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne passaient leur temps qu'à dire ou à entendre quelque chose de nouveau.
 
22 Paul, au milieu de l'Aéropage, dit : Athéniens, en toutes choses je vous vois en quelque sorte religieux à l'excès. 23 Car en passant, et en regardant vos objets sacrés, j'ai trouvé aussi un autel sur lequel il était écrit : A un (Au) Dieu inconnu. Ce que vous adorez sans le connaître, moi je vous l'annonce.
Note Act. 17,23 : Pausanias, dans sa description d'Athènes, dit que l'autel au Dieu inconnu était près de Phalère où peut-être saint Paul avait débarqué.
24 Dieu, qui a fait le monde et tout ce qu'il contient, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n'habite point dans des temples bâtis par les hommes,
Note Act. 17,24 : Voir Genèse, 1, 1 ; Actes des Apôtres, 7, 48. ― La divinité n'est point renfermée dans les temples, comme en ayant besoin pour sa demeure, ou pour d'autres usages, ainsi que les païens le croyaient. Mais, comme elle est présente en tout lieu, elle se trouve là, comme ailleurs.
25 et il n'est pas servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. 26 Il a fait naître d'un seul toute la race des hommes, pour habiter sur la face entière de la terre, ayant fixé des temps précis, et les limites de l'habitation des peuples, 27 afin qu'ils cherchent Dieu, et qu'ils tâchent de le toucher et de le trouver, quoiqu'il ne soit pas loin de chacun de nous. 28 Car c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être ; et comme quelques-uns de vos poètes l'ont dit : Nous sommes aussi de sa race.
Note Act. 17,28 : Quelques-uns de vos poètes, Aratus, poète cilicien, compatriote de saint Paul, et Cléante, disciple de Zénon. Ces deux poètes vivaient au troisième siècle avant Jésus-Christ.
29 Etant donc de la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la Divinité est semblable à de l'or, à de l'argent, ou à de la pierre, sculptés par l'art et l'industrie des hommes. 30 Mais Dieu, ne tenant pas compte de ces temps d'ignorance, annonce maintenant aux hommes qu'ils aient tous et partout à faire pénitence ; 31 parce qu'il a fixé le (un) jour où il doit juger le monde selon l'équité, par l'homme qu'il a établi, et qu'il a accrédité auprès de tous, en le ressuscitant d'entre les morts.
 
32 Mais lorsqu'ils entendirent parler de la résurrection des morts, les uns se moquèrent, et les autres dirent : Nous t'entendrons sur ce point une autre fois. 33 C'est ainsi que Paul sortit du milieu d'eux. 34 Quelques hommes cependant se joignirent à lui et devinrent croyants ; entre autres Denis, membre de l'Aéropage, une femme nommée Damaris, et d'autres avec eux.
Note Act. 17,34 : Denys l'aréopagite, c'est-à-dire juge au tribunal de l'Aréopage, selon la tradition de l'Eglise, devint le premier évêque de Paris et fut martyrisé à Montmartre. ― Damaris. La mention qui est faite ici d'elle prouve qu'elle était de haut rang. On a supposé sans preuve que c'était la femme de Denys l'Aréopagite.

Chapitre 18

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Chap. : 
Paul vient à Corinthe ; il travaille des mains avec Aquila et Priscille.
Il quitte les Juifs et instruit les gentils.
Il est accusé devant le proconsul.
Il vient à Ephèse, va à Jérusalem, revient à Antioche, parcourt la Galatie et la Phrygie.
Apollon vient à Ephèse et passe en Achaïe.
1 Après cela Paul partit d'Athènes et vint à Corinthe.
Note Act. 18,1 : A Corinthe, ville capitale de l'Achaïe propre, dans l'isthme du Péloponnèse, entre la mer Ionienne et la mer Egée. Voir l'introduction aux Epîtres aux Corinthiens. Le voyage de saint Paul à Corinthe eut lieu l'an 53 de notre ère. Il y séjourna pendant une partir de l'an 54 jusque vers la fête de Pâques.
2 Et ayant trouvé un Juif nommé Aquila, originaire du Pont, qui était venu récemment d'Italie avec Priscille sa femme (parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome), il se joignit à eux.
Note Act. 18,2 : Aquila, d'origine juive, né en Asie Mineure, dans le Pont (voir Actes des Apôtres, 2, 9), avait vécu à Rome avec sa femme Priscille jusqu'en l'an 50 ou 51 où l'empereur Claude (voir Actes des Apôtres, 11, 28) bannit tous les juifs de sa capitale, à cause des troubles qu'ils y avaient excités et qui paraissaient avoir eu pour cause la division que la prédication du christianisme amena contre les Juifs qui refusèrent de se convertir et ceux qui se convertirent. Priscille paraît avoir été une femme remarquable et avoir joué avec Aquila un rôle assez important dans les temps apostoliques. Elle s'était retirée avec son mari à Corinthe et c'est là qu'ils rencontrèrent saint Paul. On ignore s'ils étaient déjà chrétiens ou si ce fut l'Apôtre qui leur fit embrasser la religion nouvelle. Ils accompagnèrent plus tard saint Paul à Ephèse et quand le décret de bannissement de Claude fut tombé en désuétude, ils retournèrent à Rome. La tradition nous apprend qu'ils moururent l'un et l'autre martyrs. ― Priscille est le diminutif de Prisca ou Prisque et cette femme est nommée indifféremment sous l'une ou l'autre forme, conformément à un usage commun chez les Latins.
3 Et comme il était du même métier, il demeurait chez eux et travaillait : leur métier consistait à faire des tentes.
Note Act. 18,3 : Leur métier était de faire des tentes. En Orient, pour faire des voyages un peu considérables, il fallait emporter avec soi des tentes afin de s'y abriter. Saint Paul et Aquila fabriquaient de ces petites tentes. Ce métier était très commun en Cilicie, patrie de saint Paul ; on y faisait des tentes en grand nombre avec du poil de chèvre et ce tissu avait pris le nom de cilicium, du pays d'où il venait, saint Paul avait dû apprendre ce métier pendant qu'il faisait ses études, selon la coutume juive d'enseigner à chacun les moyens de gagner sa vie en cas de besoin.
4 Il discourait dans la synagogue chaque sabbat, et faisant intervenir le nom du Seigneur Jésus, il persuadait (s’efforçait de persuader) les Juifs et les Grecs.
 
5 Mais lorsque Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul se donnait tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ.
Note Act. 18,5 : Silas. Voir Actes des Apôtres, 15, 22. ― Timothée. Voir Actes des Apôtres, 16, 1. ― De Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.
6 Comme ils le contredisaient et le blasphémaient, secouant ses vêtements, il leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ; pour moi, j'en suis innocent, et désormais j'irai vers les gentils. 7 Et sortant de là, il entra chez un certain Tite Juste, qui honorait Dieu, et dont la maison était attenante à la synagogue.
Note Act. 18,7 : Tite Juste. Le nom de Tite ne se lit pas dans la plupart des manuscrits grecs. Ce Corinthien n'est point le Tite à qui saint Paul a écrit un des Epîtres pastorales.
8 Crispus, chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa famille ; et beaucoup de Corinthiens, en entendant Paul, croyaient et étaient baptisés.
Note Act. 18,8 : Voir 1 Corinthiens, 1, 14. ― Crispe, chef de la synagogue. Sur le chef de la synagogue, voir Marc, 5, 22. Crispe ou Crispus fut baptisé par saint Paul, voir 1 Corinthiens, 1, 14.
 
9 Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : Ne crains point, mais parle, et ne te tais pas ; 10 car je suis avec toi, et personne ne s'opposera à toi pour te nuire, parce que j'ai un peuple nombreux dans cette ville.
 
11 Il demeura là un an et six mois, enseignant chez eux la parole de Dieu.
 
12 Or Gallion étant proconsul d'Achaïe, les Juifs, d'un commun accord, s'élevèrent contre Paul et l'amenèrent au tribunal,
Note Act. 18,12 : Gallion. « Le proconsul au tribunal duquel on traîne l'Apôtre est Gallion († 65), frère de Sénèque le philosophe et oncle du poète Lucain. Non moins versé dans la littérature que dans l'administration, ce magistrat, d'origine obscure, avait pris le nom d'un Romain opulent, Junius Gallio, qui l'avait adopté ; et la faveur de son frère lui avait valu le proconsulat d'Achaïe. Sénèque lui dédia son traité De la Colère, en lui rendant ce témoignage, confirmé par Stace et non contredit par saint Luc, qu'il était le plus patient et le plus pacifique des hommes : Dulcis Gallio. Il eut besoin plus tard de sa patience et de sa philosophie pour supporter la disgrâce de son frère, et la sienne qui suivit de près. Saint Paul était à Corinthe depuis dix-huit mois, lorsqu'il comparut devant ce proconsul. (L. BACUEZ.) ― Proconsul d'Achaïe. L'Achaïe, dans le sens restreint, désignait la partie maritime septentrionale du Péloponnèse. Dans son sens plus étendu, celui qu'il a ici et dans tout le Nouveau Testament, l'Achaïe est la province romaine qui depuis l'an 146 avant Jésus-Christ comprenait toute la Grèce, à l'exception de la Thessalie, qui faisait partie de la province de Macédoine.
13 en disant : Celui-ci persuade aux hommes de rendre à Dieu un culte contraire à la loi. 14 Comme Paul commençait à ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs : S'il s'agissait de quelque injustice ou de quelque acte criminel, ô Juifs, je vous écouterais comme il convient ; 15 mais s'il est question de mots, de noms et de votre loi, vous y aviserez vous-mêmes, car je ne veux pas être juge de ces choses. 16 Puis il les éconduisit (renvoya) du (de son) tribunal. 17 Alors tous, se saisissant de Sosthène, chef de la synagogue, le battaient devant le tribunal ; et Gallion ne s'en mit pas en peine.
Note Act. 18,17 : Sosthène avait peut-être remplacé Crispe comme chef de la synagogue de Corinthe après la conversion de ce dernier. Saint Paul, dans sa première Epître aux Corinthiens, 1, 1, nomme un Sosthène parmi ses collaborateurs. On ignore si c'est celui dont il est question ici. Ce nom était assez commun chez les Grecs.
 
18 Paul, après être resté là des jours nombreux, prit congé des frères, et s'embarqua pour la Syrie avec Priscille et Aquila ; il s'était fait couper les cheveux à Cenchrée, car il avait fait un vœu.
Note Act. 18,18 : Voir Nombres, 6, 18 ; Actes des Apôtres, 21, 24. ― Pour la Syrie. Voir Matthieu, 4, 24. ― S'étant fait auparavant couper les cheveux…, car il avait fait un vœu, pour remercier sans doute le Seigneur du succès de sa mission apostolique. Josèphe dit que c’était de son temps une pieuse coutume parmi les Juifs de recourir à la protection divine en s'engageant à offrir un sacrifice dans le temple de Jérusalem et, trente jours auparavant, à se couper les cheveux et à s'abstenir de vin. ― A Cenchrée, un des ports de Corinthe, du côté de l'Asie, sur le golfe Salonique.
19 Il arriva à Ephèse, et il y laissa Priscille et Aquila. Pour lui, étant entré dans la synagogue, il discutait avec les Juifs.
Note Act. 18,19 : « Ephèse, ville libre de l'empire bâtie sur les bords du Caïstre, entre Milet et Smyrne, célèbre par son commerce, son temple de Diane et son zèle pour le culte de sa grande déesse, était la métropole de l'Asie proconsulaire. Au-dessous du proconsul, qui avait le gouvernement de la province, était un magistrat, nommé Scribe, ou intendant de la cité. Des dignitaires nommés Asiarques, veillaient aux fêtes religieuses et aux représentations scéniques. Les Ephésiens passionnés pour l'honneur de la déesse ne l'étaient pas moins pour le plaisir et la magie, et il était difficile de trouver ailleurs plus de fanatisme et de superstition. ― Le premier séjour de saint Paul, en cette ville, au retour de sa seconde mission, fut de courte durée ; mais l'Apôtre revint bientôt et y séjourna deux ans et quelques mois (55-58), c'est-à-dire plus longtemps qu'en aucun endroit, excepté Rome. Malgré l'opposition des Juifs, qui s'y étaient établis en grand nombre, ses travaux produisirent des fruits abondants qui s'étendirent à toute la province d'Asie. Il écrivit de là sa première Epître aux Corinthiens. Obligé de s'éloigner de l'Eglise qu'il avait fondée, il lui donna pour évêque Timothée, son disciple ; ce qui n'empêcha pas saint Jean de s'établir aussi à Ephèse après la mort de la sainte Vierge et d'exercer longtemps sur toute la contrée le pouvoir exceptionnel que lui donnait sa qualité d'apôtre. ― Le tableau si vif et si frappant que l'auteur des Actes trace de la sédition à laquelle saint Paul crut devoir céder aussi bien que de son séjour à Athènes, semble ne pouvoir venir que d'un témoin oculaire. Néanmoins il est remarquable qu'il y parle toujours à la troisième personne. Il ne recommence à se mêler au récit qu'après le passage de l'Apôtre en Grèce, à son retour par la Macédoine. » (L. BACUEZ.)
20 Comme ils le priaient de rester plus longtemps, il ne consentit pas ; 21 mais il prit congé d'eux, en disant : Je reviendrai auprès de vous, si c'est la volonté de Dieu ; et il partit d'Ephèse.
 
22 Etant descendu à Césarée, il monta à Jérusalem, et salua l'Eglise ; puis il descendit à Antioche.
Note Act. 18,22 : Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30. ― Il monta à Jérusalem. Ce voyage de saint Paul à Jérusalem était le quatrième qu'il faisait dans cette ville depuis sa conversion. ― Il descendit de Jérusalem à Antioche de Syrie et là se termina le second voyage apostolique de saint Paul, qui avait duré trois ans, de 51 à 54.
 
23 Après y être resté quelque temps, il repartit, et traversa successivement la Galatie et la Phrygie, fortifiant tous les disciples.
Note Act. 18,23 : Par ordre ; c'est-à-dire en suivant l'ordre des lieux. ― Il partit. C'est le commencement de la troisième mission de saint Paul, entreprise avec Timothée et Eraste, en 54. ― Galatie, province du centre de l'Asie Mineure. Elle tirait son nom des Gaulois qui, après avoir quitté leur patrie, s'étaient rendus en Thrace et de là au III siècle avant notre ère en Asie Mineure. En 188 avant Jésus-Christ, ils furent soumis par les Romains, mais eurent néanmoins des rois propres jusqu'en 26 avant Jésus-Christ, où leur pays fut réduit en province romaine. ― La Phrygie. Voir Actes des Apôtres, 2, 10.
 
24 Or un Juif nommé Apollo, originaire d'Alexandrie, homme éloquent, vint à Ephèse ; il était habile dans les Ecritures.
Note Act. 18,24 : Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.
25 Il avait été instruit en ce qui regarde la voie du Seigneur ; et fervent d'esprit, il parlait et il enseignait avec soin ce qui concernait Jésus ; mais il ne connaissait que le baptême de Jean. 26 Il commença donc à agir avec assurance dans la synagogue. Lorsque Priscille et Aquila l'eurent entendu, ils le prirent chez eux, et lui exposèrent plus exactement la voie du Seigneur. 27 Comme il voulait ensuite aller en Achaïe, les frères qui l'y avaient exhorté écrivirent aux disciples de le recevoir. Lorsqu'il fut arrivé, il se rendit très utile aux croyants,
Note Act. 18,27 : Il servit beaucoup, etc., par la lumière et la grâce dont il était rempli.
28 car il réfutait vigoureusement les Juifs en public, montrant par les Ecritures que Jésus était le Christ.

Chapitre 19

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Chap. : 
Paul vient à Ephèse.
Disciples qui n’avaient reçu que le baptême de Jean.
Miracles de Paul.
Exorcistes.
Juifs battus par les démons.
Progrès de la parole divine.
Sédition contre Paul, excitée par Démétrius.
1 Or il arriva, pendant qu'Apollo était à Corinthe, que Paul, ayant parcouru les provinces supérieures, vint à Ephèse et trouva quelques disciples. 2 Et il leur dit : Avez-vous reçu l'Esprit-Saint en devenant croyants ? Mais ils lui répondirent : Nous n'avons pas même entendu dire s'il y a un Esprit-Saint. 3 Il leur dit : Quel baptême avez-vous donc reçu ? Ils dirent : Le baptême de Jean. 4 Alors Paul dit : Jean a baptisé le peuple du baptême de pénitence, en disant de croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dire en Jésus.
Note Act. 19,4 : Voir Matthieu, 3, 11 ; Marc, 1, 8 ; Luc, 3, 16 ; Jean, 1, 26 ; Actes des Apôtres, 1, 5 ; 11, 16.
5 Lorsqu'ils eurent entendu cela, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. 6 Et après que Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit-Saint vint sur eux ; et ils parlaient diverses langues et prophétisaient.
Note Act. 19,6 : Imposé les mains : rite de la confirmation. ― Parler diverses langues, etc., voir 1 Corinthiens, 14, 2.
7 Ils étaient en tout environ douze hommes.
 
Actes 19, 8-20 : Saint Paul à Ephèse - Gravure de Gustave Doré
Actes 19, 8-20 : Saint Paul à Ephèse - Gravure de Gustave Doré
8 Etant entré dans la synagogue, il parla avec assurance pendant trois mois, discutant et persuadant au sujet du royaume de Dieu. 9 Mais comme quelques-uns s'endurcissaient et refusaient de croire, décriant (maudissant) la voie du Seigneur devant la multitude, il se retira d'eux, sépara les disciples, et il enseignait tous les jours dans l'école d'un certain Tyrannos.
Note Act. 19,9 : Un certain Tyran. Ce personnage est inconnu. D'après les uns, c'était un Juif, qui enseignait dans une de ces écoles qu'on annexait quelquefois aux synagogues ; d'après les autres, c'était un philosophe païen qui était à la tête d'une école profane.
10 Cela eut lieu pendant deux ans, de sorte que tous ceux qui habitaient en Asie, Juifs et Gentils, entendirent la parole du Seigneur.
Note Act. 19,10 : En Asie, dans la partie de l'Asie Mineure dont les Romains avaient fait sous ce nom une province proconsulaire. Durant deux ans : Pendant ce séjour de deux ans à Ephèse, Paul écrivit plusieurs épîtres : celle aux Galates, la première aux Corinthiens, etc. ― Tous ceux : hyperbole. ― L'Asie proconsulaire.
11 Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par la main de Paul ;
Note Act. 19,11 : Par la main de Paul. Voir Actes des Apôtres, 5, 12.
12 à ce point qu'on appliquait sur les malades des mouchoirs et des ceintures qu'il avait portés, et leurs maladies s'éloignaient, et les mauvais esprits sortaient.
Note Act. 19,12 : Des mouchoirs. Voir Luc, 19, 20.
 
13 Alors quelques exorcistes juifs, qui allaient de lieu en lieu, essayèrent aussi d'invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais, en disant : Je vous adjure par (le) Jésus, que Paul prêche.
Note Act. 19,13 : . Juifs exorcistes, Juifs vagabonds, qui faisaient profession de chasser les démons.
14 C'étaient sept fils du Juif Scéva, prince des prêtres, qui faisaient cela.
Note Act. 19,14 : Scéva était prince des prêtres, c'est-à-dire probablement chef d'une des vingt-quatre familles sacerdotales. Il n'est pas dit qu'il résidât lui-même à Ephèse.
 
15 Mais l'esprit mauvais leur répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? 16 Et s'élançant sur eux, l'homme en qui était le démon très (le plus) mauvais se rendit maître de deux d'entre eux ; il les maltraita si fort, qu'ils s'enfuirent nus et blessés de cette maison. 17 Cela fut connu de tous les Juifs et de tous les gentils qui habitaient à Ephèse ; et ils furent tous saisis de crainte, et le nom du Seigneur Jésus fut glorifié.
 
18 Beaucoup de croyants venaient, confessant et déclarant ce qu'ils avaient fait. 19 Beaucoup de ceux qui avaient exercé les arts magiques (curieux, note) apportèrent leurs livres et les brûlèrent devant tout le monde ; et quand on en eut supputé le prix, on trouva la somme de cinquante mille deniers.
Note Act. 19,19 : Les arts curieux ou magiques. La magie était en si grand honneur à Ephèse, que les formules magiques qu'on portait en Orient comme amulettes s'appelaient lettres éphésiennes. ― Leurs livres, qui traitaient de la magie et en renfermaient les formules. ― Cinquante mille deniers, 43.5 francs (en 1 900).
20 Ainsi la parole de Dieu croissait avec force et s'affermissait.
 
21 Ces choses accomplies, Paul se proposa, poussé par l'Esprit, de traverser la Macédoine et l'Achaïe, et d'aller à Jérusalem ; il disait : Après que j'aurai été là, il faut que je voie aussi Rome.
Note Act. 19,21 : La Macédoine et l'Achaïe. Voir Actes des Apôtres, 16, 9 et 18, 12. ― Rome, la capitale de l'empire, avait déjà des chrétiens assez nombreux dans son sein.
22 Et envoyant en Macédoine deux de ceux qui l'assistaient, Timothée et Eraste, il demeura pour quelque temps en Asie.
Note Act. 19,22 : Timothée. Voir Actes des Apôtres, 16, 1. ― Eraste est probablement le même qui est nommé dans la seconde Epître à Timothée (4, 20), mais il n'est pas possible de savoir si c'est celui qui est qualifié de trésorier de Corinthe dans l'Epître aux Romains, 16, 23.
 
23 Mais il y eut en ce temps-là un grand trouble au sujet de la voie du Seigneur. 24 Car un certain orfèvre nommé Démétrius, en faisant de petits temples de Diane en argent, procurait aux ouvriers un gain considérable.
Note Act. 19,24 : Démétrius faisait fabriquer de petits édicules qui représentaient le célèbre temple de Diane d'Ephèse, considéré par les anciens comme l'une des merveilles du monde. ― La Diane d'Ephèse différait de la Diane grecque. Elle se rapprochait de l'Astarté syrienne et par conséquent de Vénus.
25 Les assemblant avec les artisans du même métier, il dit : Hommes, vous savez que c'est de cette industrie que vient votre (notre) gain ; 26 et vous voyez, et vous entendez que non seulement à Ephèse, mais presque dans toute l'Asie, ce Paul persuade et détourne un grand nombre de personnes, en disant : Ce ne sont pas des dieux, ceux qui sont faits par la main des hommes.
Note Act. 19,26 : Presque toute l'Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6.
27 Et il n'y a pas seulement péril pour nous que notre industrie ne tombe en discrédit, mais le temple de la grande Diane ne sera tenu pour rien, et la majesté de celle que toute l'Asie et tout l'univers honorent commencera à s'anéantir. 28 Ayant entendu ces paroles, ils furent remplis de colère, et ils s'écrièrent : Grande est la Diane des Ephésiens. (!)
Note Act. 19,28 : Grande était le titre spécial de la Diane des Ephésiens.
 
29 La ville fut remplie de confusion ; et d'un commun accord ils se précipitèrent au théâtre, entraînant Gaïus et Aristarque, macédoniens, compagnons de Paul.
Note Act. 19,29 : Gaïus, inconnu, différent du Gaïus d'Actes des Apôtres, 20, 4. ― Aristarque était de Thessalonique. Il était avec saint Paul à Rome (voir Actes des Apôtres, 27, 2) et il est mentionné comme collaborateur de l'Apôtre et prisonnier avec lui, voir Colossiens, 4, 10 et Philémon, 1, 24. D'après la tradition, il devint évêque d'Apamée.
30 Paul voulait se montrer au peuple ; mais les disciples ne le permirent pas. 31 Quelques-uns même des Asiarques, qui étaient ses amis, envoyèrent vers lui, pour le prier de ne pas se présenter au théâtre.
Note Act. 19,31 : Les Asiarques étaient les pontifes païens de l'Asie ; on les choisissait parmi les plus riches et les plus considérables de la province.
32 Cependant les uns criaient une chose, les autres une autre ; car l'assemblée était confuse, et la plupart ne savaient pas pourquoi ils s'étaient réunis. 33 On fit sortir de la foule Alexandre, que les Juifs poussaient en avant. Cet Alexandre, ayant demandé le silence avec la main, voulait s'expliquer devant le peuple. 34 Mais dès qu'ils eurent reconnu qu'il était Juif, tous, d'une seule voix, crièrent pendant près de deux heures : Grande est la Diane des Ephésiens !
 
35 Lorsque le scribe eut apaisé la foule, il dit : Habitants d'Ephèse, quel est celui des hommes qui ignore que la ville d'Ephèse est vouée au culte de la grande Diane, fille de Jupiter ?
Note Act. 19,35 : Le scribe d'Ephèse était un fonctionnaire public chargé de la rédaction et de la garde des actes administratifs.
36 Puis donc qu'on ne peut le contester, vous devez demeurer calmes, et ne rien faire inconsidérément. 37 Car vous avez amené ces hommes, qui ne sont ni des sacrilèges, ni des blasphémateurs de votre déesse.
Note Act. 19,37 : Ni des blasphémateurs de votre déesse : « Paul et les siens avaient évité, par prudence, toute attaque directe contre le culte de Diane ; la simple exposition de la doctrine évangélique suffisait à leur cause. » (CRAMPON)
38 Que si Démétrius, et les artisans qui sont avec lui, ont à se plaindre de quelqu'un, des audiences publiques se tiennent, et il y a des proconsuls : qu'ils s'assignent les uns les autres. 39 Mais si vous avez une autre affaire à proposer, on pourrait en décider dans une assemblée légitime. 40 Car nous risquons d'être accusés de sédition pour ce qui s'est passé aujourd'hui, car nous n'avons aucune bonne raison à alléguer pour justifier cet attroupement. Quand il eut dit cela, il congédia l'assemblée.

Chapitre 20

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Chap. : 
Paul va en Macédoine et en Grèce.
Il prêche à Troas.
Mort et résurrection d’Eutyque.
Paul arrive à Milet.
Il y assemble les prêtres et les évêques de l’Eglise d’Ephèse.
Discours de Paul dans cette assemblée.
1 Après que le tumulte eut cessé, Paul convoqua les disciples ; et les ayant exhortés, il leur dit adieu, et partit pour aller en Macédoine.
Note Act. 20,1 : En se retirant, Paul ne cède pas à un sentiment de crainte et de pusillanimité personnelle, mais il agit très sagement ; il évite par là que Démétrius et les ouvriers ne se jettent sur tous les chrétiens et ne les immolent à leur fureur. C'est ainsi qu'en a usé plus tard saint Athanase dans ses démêlés avec les Ariens. ― En macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 8.
2 Après avoir parcouru ces contrées, et avoir exhorté les fidèles en de nombreux discours, il vint en Grèce.
Note Act. 20,2 : En Grèce, par opposition à la Macédoine. La Grèce signifie ici la même chose qu'Achaïe dans le reste des Actes. Voir Actes des Apôtres, 18, 12.
3 Lorsqu'il y eut séjourné pendant trois mois, les Juifs lui tendirent des embûches au moment où il allait s'embarquer pour la Syrie, et il résolut de retourner par la Macédoine.
Note Act. 20,3 : En Syrie. Voir Matthieu, 4, 24.
4 Il fut accompagné par Sopater, fils de Pyrrhus, de Bérée, par Aristarque et Second, de Thessalonique, par Gaïus, de Derbe, par Timothée et par Tychique et Trophime, qui étaient d'Asie.
Note Act. 20,4 : Sopater, probablement le même que Sosipatre, parent de saint Paul, voir Romains, 16, 21. ― Aristarque. Voir Actes des Apôtres, 19, 29. ― Second. Ce personnage, qui porte un nom latin, est inconnu, de même que Gaïus de Derbe. Timothée. Voir l'introduction aux Epîtres pastorales. ― Tychique, peut-être originaire d'Ephèse, fut probablement le même qui porta les Epîtres de saint Paul aux églises d'Ephèse et de Colosses (voir Ephésiens, 6, 21 ; Colossiens, 4, 7). On croît qu'il accompagna Titus et Trophime dans la mission de Corinthe mentionnée dans 2 Corinthiens, 8, 16-24. ― Trophime. « Ce Trophime est l'évêque que l'Eglise d'Arles honore comme son apôtre. Il était d'Ephèse et Gentil d'origine. Après avoir suivi saint Paul à Jérusalem, il paraît l'avoir rejoint à Rome, puis accompagné dans ses dernières missions. La seconde Epître à Timothée nous le montre retenu à Milet par la maladie, durant la dernière captivité de l'Apôtre ; mais, d'après la tradition, il n'aurait guère tardé à repasser, comme saint Crescent, de l'Orient dans les Gaules. S'étant fixé à Arles, il prêcha l'Evangile avec zèle, et cultiva avec tant de soin le champ qui lui avait été assigné, que de là, comme d'une source abondante, les ruisseaux de la foi se répandirent dans la France entière. » Ces paroles du Martyrologe romain, 29 décembre, empruntées de la première Epître de saint Zozime (417), indiquent l'existence d'une tradition, attestée quelques années plus tard (450), plus d'un siècle avant saint Grégoire de Tours, par tous les évêques de la province de Vienne. » (L. BACUEZ.)
5 Ceux-ci, ayant pris les devants, nous attendirent à Troas.
Note Act. 20,5 : A Troas. Voir Actes des Apôtres, 16, 8.
 
6 Pour nous, après les jours des azymes, nous nous embarquâmes à Philippes, et nous vînmes auprès d'eux en cinq jours à Troas, où nous demeurâmes sept jours.
Note Act. 20,6 : Après les jours des azymes. Voir Matthieu, 26, 17. ― A Philippes. Voir Actes des Apôtres, 16, 12.
7 Le premier jour de la semaine, comme nous étions réunis pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, s'entretenait avec les disciples, et il prolongea son discours jusqu'au milieu de la nuit.
Note Act. 20,7 : Le premier jour de la semaine, le dimanche.
8 Or il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute (le cénacle, note) où nous étions assemblés.
Note Act. 20,8 : Cénacle, hyperôon, voir Marc, 2, 4.
9 Et un jeune homme nommé Eutyque, assis sur la fenêtre, s'endormit d'un profond sommeil pendant le long discours de Paul ; entraîné par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas, et fut relevé mort.
Note Act. 20,9 : Eutyque. Ce nom signifie fortuné.
10 Mais Paul, étant descendu auprès de lui, s'étendit sur lui, l'embrassa, et dit : Ne vous troublez point, car son âme est en lui. 11 Puis étant remonté, il rompit le pain et mangea, parla encore beaucoup jusqu'au point du jour, et partit ainsi. 12 On ramena le jeune homme vivant, et ils ne furent pas médiocrement consolés.
 
13 Pour nous, montant sur un vaisseau, nous fîmes voile vers Assos, où nous devions reprendre Paul ; car il l'avait ainsi réglé, devant lui-même faire la route à pied.
Note Act. 20,13 : Asson ou Assos, port de mer de Mysie, vis-à-vis et au nord de l'île de Lesbos, à neuf milles romains de la ville de Troas.
14 Lorsqu'il nous eut rejoints à Assos, nous le prîmes et vînmes à Mitylène.
Note Act. 20,14 : Mitylène, capitale de Lesbos, au sud de l'île, dans la mer Egée, aujourd'hui Metelin, autrefois célèbre par sa beauté, sa richesse et la culture littéraire de ses habitants.
15 Faisant voile de là, nous arrivâmes le jour suivant vis-à-vis de Chio ; le lendemain nous abordâmes à Samos, et le jour suivant nous vînmes à Milet.
Note Act. 20,15 : Devant Chio, île de la mer Egée, entre Lesbos et Samos, près de la Lydie. ― A Samos, île de la mer Egée, non loin du continent et d'Ephèse. ― A Milet, au sud d'Ephèse, ancienne capitale de l'Ionie, près de l'embouchure du Méandre, aujourd'hui complètement ruinée. Elle avait quatre ports et fonda un grand nombre de colonies.
16 Car Paul avait résolu de passer Ephèse sans y aborder, pour ne pas se retarder en Asie ; il se hâtait afin de célébrer, s'il était possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem.
Note Act. 20,16 : En Asie. Dans l'Asie proconsulaire. Voir Actes des Apôtres, 16, 6.
 
17 Mais de Milet, envoyant à Ephèse, il convoqua les anciens de l'Eglise.
Note Act. 20,17 : Les anciens de l'Eglise. Ce nom est commun aux prêtres et aux évêques (verset 28). Il désignait en général les chefs d'une communauté, chargés de l'instruire, de la diriger, d'administrer les sacrements, etc. sans désignation de rang ou d'ordre hiérarchique (Beelen). Saint Irénée pense que l'Apôtre fit venir non seulement l'évêque d'Ephèse et les prêtres de cette Eglise, mais aussi ceux des Eglises voisines.
18 Lorsqu'ils furent venus auprès de lui, et qu'ils furent ensemble, il leur dit : Vous savez de quelle sorte je me suis conduit (j’ai été) en tout temps avec vous, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, 19 servant le Seigneur avec toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves qui me sont survenues par les embûches des Juifs ; 20 comment je ne vous ai rien caché de ce qui était utile, ne manquant pas de vous l'annoncer, et de vous instruire en public et dans les maisons, 21 prêchant aux Juifs et aux gentils la pénitence envers Dieu, et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ.
 
22 Et maintenant voici que, lié par l'Esprit, je vais à Jérusalem, ignorant ce qui doit m'arriver ; 23 si ce n'est que, dans toutes les villes, l'Esprit-Saint me fait connaître que des liens et des tribulations m'attendent à Jérusalem. 24 Mais je ne crains rien de ces choses, et je n'estime pas ma vie plus précieuse que moi-même, pourvu que j'achève ma course et le ministère de la parole que j'ai reçu du Seigneur Jésus, pour rendre témoignage à l'Evangile de la grâce de Dieu. 25 Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous parmi lesquels j'ai passé en prêchant le royaume de Dieu.
Note Act. 20,25 : Saint Paul pensait qu'il ne reviendrait plus à Milet ; mais on voit dans ses Epîtres qu'il forma depuis le dessein de retourner en Asie ; et il paraît qu'en effet il y retourna.
 
26 C'est pourquoi je vous atteste aujourd'hui que je suis pur du sang de (vous) tous. 27 Car je n'ai rien négligé pour vous annoncer tout le conseil de Dieu. 28 Prenez garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel l'Esprit-Saint vous a établis évêques, pour gouverner l'église de Dieu, qu'il a acquise par son sang. 29 Je sais qu'après mon départ il entrera parmi vous des loups ravisseurs, qui n'épargneront point le troupeau ; 30 et du milieu de vous-mêmes s'élèveront des hommes qui tiendront un langage pervers, pour attirer les disciples après eux.
Note Act. 20,30 : Des hommes : saint Paul a en vue les gnostiques.
31 C'est pourquoi veillez, vous souvenant que, durant trois ans, je n'ai pas cessé nuit et jour d'avertir avec larmes chacun de vous.
 
32 Et maintenant je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, à lui qui peut achever l'édifice, et donner un héritage avec tous ceux qui ont été sanctifiés. 33 Je n'ai convoité l'argent, l'or, et le vêtement de personne, comme 34 vous le savez vous-mêmes ; car ces mains ont fourni ce qui nous était nécessaire, à moi et à ceux qui étaient avec moi.
Note Act. 20,34 : Voir 1 Corinthiens, 4, 12 ; 1 Thessaloniciens, 2, 9 ; 2 Thessaloniciens, 3, 8. ― Ces mains y ont pourvu en fabriquant des tentes. Voir Actes des Apôtres, 18, 2.
35 Je vous ai montré en tout qu'en travaillant ainsi, il faut soutenir les faibles, et se souvenir de la parole du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.
Note Act. 20,35 : Soutenir les faibles ; d'autres traduisentsecourir les pauvres. Il est plus heureux, etc. Ces paroles ne se trouvent pas dans l'Evangile ; saint Paul les avait apprises par la tradition des autres Apôtres.
 
36 Quand il eut dit cela, il se mit à genoux, et pria avec eux tous. 37 Tous fondirent en larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le baisaient, 38 affligés surtout de ce qu'il avait dit qu'ils ne verraient plus son visage. Et ils le conduisirent jusqu'au vaisseau.

Chapitre 21

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Chap. : 
Paul va à Jérusalem.
Filles de Philippe prophétesses.
Agabus prédit les liens de Paul.
Paul arrive à Jérusalem ; il se purifie dans le temple, est maltraité par les Juifs, et enchaîné par le tribun de la cohorte romaine.
1 Nous nous embarquâmes, après nous être séparés d'eux, et nous vînmes droit à Cos, et le jour suivant à Rhodes, et de là à Patare ;
Note Act. 21,1 : Cos, petite île de la mer Egée, vis-à-vis de Gnide et d'Halicarnasse, très fertile et riche en vins et en blé. ― Rhodes. Cette île, l'une des Cyclades, en face de la Carie et de la Lycie, était très fertile et très commerçante. Le climat en est très doux. ― A Patare, ville maritime de Lycie, à l'embouchure du Xanthe, célèbre par un oracle d'Apollon.
2 et ayant trouvé un vaisseau qui faisait la traversée vers la Phénicie, nous y montâmes et fîmes voile.
Note Act. 21,2 : En Phénicie. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.
3 Quand nous fûmes en vue de l'île de Chypre, la laissant à gauche, nous naviguâmes vers la Syrie, et nous vînmes à Tyr, où le vaisseau devait déposer son chargement.
Note Act. 21,3 : En vue de Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19. ― Vers la Syrie. Voir Matthieu, 4, 24. ― A Tyr. Voir Marc, 3, 8.
4 Y ayant trouvé des disciples, nous y demeurâmes sept jours ; par l'Esprit-Saint, ils disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. 5 Les sept jours écoulés, nous partîmes ; tous, avec leurs femmes et leurs enfants, nous conduisirent jusque hors de la ville, et nous étant mis à genoux sur le rivage, nous priâmes. 6 Après nous être dit adieu mutuellement, nous montâmes sur le vaisseau, et ils retournèrent chez eux. 7 Pour nous, achevant notre navigation depuis Tyr, nous descendîmes à Ptolémaïs ; et ayant salué les frères, nous restâmes un jour auprès d'eux.
Note Act. 21,7 : A Ptolémaïde, depuis saint Jean d'Acre, port de la Méditerranée, au sud de Tyr, ville de Phénicie.
8 Le lendemain, étant partis, nous vînmes à Césarée ; et entrant dans la maison de Philippe l'évangéliste, qui était un des sept, nous demeurâmes chez lui.
Note Act. 21,8 : Voir Actes des Apôtres, 6, 5 ; 8, 5. ― Des sept diacres. Ce Philippe est nommé évangéliste, parce qu'il a été le premier à prêcher l'Evangile dans la Samarie. C'est dans ce sens que saint Paul recommande à son disciple Timothée (voir 2 Timothée, 4, 5) de remplir la charge d'évangéliste. ― A Césarée. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.
 
9 Il avait quatre filles vierges, qui prophétisaient. 10 Comme nous demeurions là pendant quelques jours, il arriva de Judée un prophète, nommé Agabus.
Note Act. 21,10 : Agabus. Voir Actes des Apôtres, 11, 28.
11 Etant venu auprès de nous, il prit la ceinture de Paul ; et se liant les pieds et les mains, il dit : Voici ce que dit l'Esprit-Saint : L'homme à qui appartient cette ceinture sera lié ainsi par les Juifs à Jérusalem, et ils le livreront entre les mains des gentils.
Note Act. 21,11 : Se lia les pieds et les mains : imitant les anciens prophètes par cette action symbolique.
12 Lorsque nous eûmes entendu cela, nous le priâmes, nous et ceux qui étaient de ce lieu-là, de ne pas monter à Jérusalem. 13 Alors Paul répondit : Que faites-vous, pleurant et affligeant mon cœur ? Car je suis prêt, non seulement à être lié, mais aussi à mourir à Jérusalem, pour le nom du Seigneur Jésus. 14 Et comme nous ne pouvions pas le persuader, nous n'insistâmes pas, et nous dîmes : Que la volonté du Seigneur soit faite.
 
15 Après ces quelques jours, ayant fait nos préparatifs, nous montâmes à Jérusalem. 16 Quelques-uns des disciples de Césarée vinrent aussi avec nous, emmenant avec eux un certain Mnason, originaire de l'île de Chypre, ancien disciple, chez qui nous devions loger.
Note Act. 21,16 : Mnason porte un nom grec et était probablement un Juif helléniste.
 
17 Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.
Note Act. 21,17 : Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, en 58. Le troisième voyage apostolique de saint Paul avait duré de 54 à 58.
18 Le jour suivant Paul se rendit avec nous chez Jacques, et tous les anciens s'y réunirent.
Note Act. 21,18 : Tous les anciens, tous les prêtres. ― Chez Jacques le Mineur, frère de saint Jean l'Evangéliste, évêque de Jérusalem. Pierre et les autres Apôtres étaient alors éloignés de cette ville.
19 Après les avoir salués, il raconta en détail ce que Dieu avait fait parmi les gentils par son ministère. 20 Et eux, lorsqu'ils l'eurent entendu, glorifièrent Dieu, et lui dirent : Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus croyants ; et tous sont zélés pour la loi.
Note Act. 21,20 : Combien de milliers, etc. « Un grand nombre de judéo-chrétiens étaient venus à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte. ― Zélés pour la Loi. Il y avait un grand danger dans cette communauté de pratiques religieuses qui unissait les judéo-chrétiens à la masse des Juifs restés incrédules. La ruine de Jérusalem et du Temple fit cesser cet état de chose. » (CRAMPON)
21 Or ils ont entendu dire de toi que tu enseignes aux Juifs qui sont parmi les gentils à se séparer de Moïse, disant qu'ils ne doivent pas circoncire leurs fils, ni vivre selon les coutumes. 22 Qu'y a-t-il donc à faire ? Sans aucun doute, on se rassemblera en foule ; car ils apprendront que tu es arrivé. 23 Fais donc ce que nous allons te dire. Nous avons quatre hommes qui ont fait un vœu ;
Note Act. 21,23 : Par un vœu ; celui des Nazaréens.
24 prends-les, purifie-toi avec eux, et supporte les frais pour qu'ils se fassent raser la tête ; et tous sauront que ce qu'ils ont entendu dire de toi est faux, et que toi aussi, tu te conduis en observateur de la loi.
Note Act. 21,24 : Voir nombres, 6, 18 ; Actes des Apôtres, 18, 18.
25 Quant à ceux qui, parmi les gentils, sont devenus croyants, nous avons décidé et écrit qu'ils devaient s'abstenir de ce qui a été immolé aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de la fornication.
Note Act. 21,25 : Voir Actes des Apôtres, 15, vv. 20, 29.
26 Alors Paul, ayant pris ces hommes, et s'étant purifié avec eux le jour suivant, entra dans le temple, en indiquant le jour où serait accomplie la purification, et où l'offrande serait présentée pour chacun d'eux.
 
Actes 21, 27-32 : Saint Paul menacé par les juifs à Jérusalem - Gravure de Gustave Doré
Actes 21, 27-32 : Saint Paul menacé par les juifs à Jérusalem - Gravure de Gustave Doré
27 Mais comme les sept jours s'achevaient, les Juifs d'Asie, l'ayant vu dans le temple, soulevèrent tout le peuple, et mirent les mains sur lui, en criant : 28 Israélites, au secours ! Voici l'homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, la loi, et ce lieu ; et de plus il a introduit les gentils dans le temple, et a profané ce saint lieu.
Note Act. 21,28 : Contre ce lieu ; ce lieu saint ; c'est le temple même. ― Il était défendu sous peine de mort aux païens de franchir les barrières qui séparaient dans le temple le parvis des Gentils de celui des Israélites. Voir Matthieu, 21, 12.
29 En effet, ils avaient vu Trophime d'Ephèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l'avait introduit dans le temple.
Note Act. 21,29 : Trophime d'Ephèse. Voir Actes des Apôtres, 20, 4.
30 Toute la ville fut en émoi, et le peuple accourut de tous côtés : et s'étant saisis de Paul, ils le traînaient hors du temple, et aussitôt les portes furent fermées.
Note Act. 21,30 : Les portes du temple qui donnaient accès dans les parvis. ― Hors du temple, afin qu'il ne fût pas souillé par l'effusion du sang.
 
31 Comme ils cherchaient à le tuer, on annonça au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion.
Note Act. 21,31 : Au tribun de la cohorte. Voir Matthieu, 27, 27.
32 Ayant pris des soldats et des centurions, il courut à eux. Dès qu'ils virent le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper Paul.
Note Act. 21,32 : Des centurions. Voir Matthieu, 8, 5.
33 Alors le tribun, s'approchant, se saisit de lui et le fit lier de deux chaînes ; et il demandait qui il était et ce qu'il avait fait.
Note Act. 21,33 : De deux chaines ; c'est-à-dire une à chaque main. Comparer à Actes des Apôtres, 12, 6-7.
34 Mais dans la foule les uns criaient une chose, et les autres une autre. Et comme il ne pouvait rien apprendre de certain à cause du tumulte, il ordonna de le conduire dans la forteresse (le camp). 35 Lorsque Paul fut arrivé sur les degrés, il dut être porté par les soldats, à cause de la violence du peuple.
Note Act. 21,35 : Sur les degrés de l'escalier très élevé qui mettait le temple en communication avec la tour Antonia.
36 Car le peuple suivait en foule, criant : Fais-le mourir.
 
37 Sur le point d'être introduit dans la forteresse (le camp), Paul dit au tribun : M'est-il permis de te dire quelque chose ? Le tribun dit : Tu sais le grec ? 38 N'es-tu pas l'Egyptien qui, ces jours passés, a excité une sédition et qui a emmené dans le désert quatre mille sicaires ?
Note Act. 21,38 : Sicaires ; assassins alors répandus dans la Judée, et ainsi nommés, parce qu'ils portaient sous leurs habits un petit poignard, en latin sica. Josèphe donne trente mille hommes à cet Egyptien ; mais rien n'empêche que ce nombre n'ait été d'abord que de quatre mille. Puis Josèphe ne dit pas que tous ces trente mille brigands fussent sicaires. Ajoutons qu'il ne s'accorde guère avec lui-même au sujet de cet événement.
39 Paul lui dit : Je suis Juif, de Tarse en Cilicie, citoyen d'une ville qui n'est pas inconnue. Mais je t'en prie, permets-moi de parler au peuple. 40 Le tribun l'ayant permis, Paul, debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple. Il se fit un grand silence, et parlant en langue hébraïque, il dit :
Note Act. 21,40 : En langue hébraïque ; c'est-à-dire dans le dialecte araméen ou syro-chaldaïque que parlaient alors les Hébreux.

Chapitre 22

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Chap. : 
Discours de saint Paul aux Juifs, et fureur des Juifs contre lui.
Le tribun veut le faire fouetter.
Il se déclare citoyen romain.
1 Mes frères et mes pères, écoutez ce que j'ai à vous dire maintenant pour ma défense. 2 Quand ils entendirent qu'il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence. 3 Et il dit : Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j'ai été élevé dans cette ville-ci, instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance de la loi de nos pères, zélé pour cette loi, comme vous l'êtes tous aujourd'hui.
Note Act. 22,3 : Gamaliel. Voir Actes des Apôtres, 5, 34. ― Dans cette ville, Jérusalem, la métropole du judaïsme. ― Aux pieds : les disciples se tenaient assis sur d'humbles sièges, ou même par terre, tandis que le rabbi enseignait du haut de la chaire. ― De Gamaliel, le chef célèbre de l'école orthodoxe du pharisaïsme.
4 J'ai persécuté cette secte jusqu'à la mort, enchaînant et mettant en prison hommes et femmes,
Note Act. 22,4 : Voir Actes des Apôtres, 8, 3.
5 ainsi que le grand (prince des) prêtre et tous les anciens m'en rendent témoignage ; ayant (même) reçu d'eux des lettres pour les frères, j'allais à Damas pour amener prisonniers à Jérusalem ceux qui étaient là, afin qu'ils fussent punis.
Note Act. 22,5 : Voir Actes des Apôtres, 9, 2.
6 Mais il arriva, tandis que j'étais en chemin et que j'approchais de Damas au milieu du jour, que tout à coup une lumière abondante, qui venait du ciel, brilla autour de moi ;
Note Act. 22,6 : Comme j'étais en chemin : ce récit s'accorde, dans les choses essentielles, avec celui de saint Luc, (voir Actes des Apôtre, 9, verset 3 et suivants) ; comparer à Actes Apôtres, 26, verset 12 et suivants.
7 et tombant à terre, j'entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? 8 Je répondis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. 9 Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent pas la voix de celui qui me parlait.
Note Act. 22,9 : Mais ils n'entendirent, etc. Voir Actes des Apôtres, 9, 7.
10 Alors je dis : Que ferai-je, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi, et va à Damas ; et là on te dira tout ce que tu dois faire. 11 Et comme je ne voyais point, à cause du grand éclat de cette lumière, mes compagnons me prirent par la main, et me menèrent à Damas. 12 Or un certain Ananie, homme selon la loi, à qui tous les Juifs demeurant à Damas rendaient témoignage, 13 vint me trouver, et s'approchant, me dit : Saul, mon frère, regarde. Et au même instant je le vis. 14 Alors il dit : Le Dieu de nos pères t'a prédestiné pour connaître sa volonté, pour voir le Juste et pour entendre les paroles de sa bouche ;
Note Act. 22,14 : Préordonné. Voir sur ce mot, Actes des Apôtres, 10, 41. ― Le Juste par excellence, expression consacrée dans l'Ancien Testament pour désigner le Messie.
15 car tu seras son témoin devant les hommes, témoin de ce que tu as vu et entendu. 16 Et maintenant que tardes-tu ? Lève-toi, et reçois le baptême, et lave tes péchés en invoquant son nom. 17 Or il arriva qu'étant revenu à Jérusalem et priant dans le temple, j'eus un ravissement d'esprit, 18 et je le vis qui me disait : Hâte-toi, et sors promptement de Jérusalem ; car ils ne recevront pas le témoignage que tu rendras de moi. 19 Et je dis : Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais enfermer en prison et fouetter dans les synagogues ceux qui croyaient en vous ;
Note Act. 22,19 : Voir Actes des Apôtres, 8, 3.
20 et que, lorsqu'on répandait le sang d'Etienne, votre témoin, j'étais présent et j'y consentais, et je gardais les vêtements de ceux qui le tuaient.
Note Act. 22,20 : Voir Actes des Apôtres, 7, 57.
21 Il me dit : Va, car je t'enverrai au (bien) loin chez les nations.
 
22 Ils l'avaient écouté jusqu'à ce mot ; mais alors ils élevèrent leurs voix, disant : Ote de la terre un pareil homme, car il n'est pas digne de vivre. 23 Comme ils vociféraient, et jetaient leurs vêtements, et lançaient la poussière en l'air,
Note Act. 22,23 : Jetant de la poussière en l'air : soit en signe d'indignation et de douleur, soit pour exprimer le désir qu'ils avaient de lapider Paul.
24 le tribun ordonna de le conduire dans la forteresse (le camp), et de le battre de verges, et de le torturer, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. 25 Quand on l'eut lié avec des courroies, Paul dit au centurion qui était présent : Vous est-il permis de flageller un citoyen romain, qui n'a pas même été condamné ?
Note Act. 22,25 ; 22.26 : Le centurion. Voir Matthieu, 8, 5.
26 Ayant entendu cela, le centurion s'approcha du tribun, et lui dit : Que vas-tu faire ? car cet homme est citoyen romain. 27 Le tribun s'approchant lui demanda : Dis-moi si tu es (, es-tu) citoyen romain ? Et il dit : Oui. 28 Le tribun reprit : Moi, c'est avec beaucoup d'argent que j'ai acquis ce droit de cité. Et Paul dit : Et moi, je l'ai par ma naissance.
Note Act. 22,28 : Saint Paul ne tenait pas sa qualité de citoyen romain du lieu de sa naissance, mais de ses parents. Sans être natifs d'une ville municipale, les Juifs pouvaient jouir du titre de citoyen et même de chevalier romain ; témoin l'historien Josèphe.
29 Aussitôt donc ceux qui devaient le torturer se retirèrent ; le tribun même eut peur, lorsqu'il eut appris que Paul était citoyen romain, et qu'il l'avait fait lier.
 
30 Le jour suivant, voulant savoir plus exactement de quoi il était accusé par les Juifs, il lui fit ôter ses liens ; puis ayant ordonné que les prêtres et tout le Conseil s'assemblassent, et amenant Paul, il le plaça au milieu d'eux.
Note Act. 22,30 : Tout le Conseil, tout le Sanhédrin. Voir Matthieu, 26, 59.

Chapitre 23

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Chap. : 
Paul se justifie devant le Conseil.
Il reçoit un soufflet par l’ordre du grand-prêtre.
Il divise les pharisiens d’avec les sadducéens.
Jésus-Christ lui apparaît.
Il découvre une conjuration contre sa vie ; il est envoyé au gouverneur Félix.
1 Paul, regardant fixement le Conseil, dit : Mes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour. 2 Le grand prêtre Ananie ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper au visage.
Note Act. 23,2 : Ananie, fils de Nébédée, avait reçu le souverain pontificat d'Hérode, roi de Chalcis, l'an 48 de notre ère, à la place de Joseph, fils de Camithas. Le procurateur romain Cumanus l'envoya à Rome en 52 pour répondre aux accusations portées contre lui par les Samaritains. Ananie fut acquitté et conserva sa dignité jusqu'en 59 où il dut la céder à Ismaël, fils de Phabi. Il périt de la main des sicaires qui lui firent expier ainsi ses liaisons avec les Romains, en 66 ou 67.
3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie. Tu es assis pour me juger selon la loi, et, contrairement à la loi, tu ordonnes de me frapper ? 4 Ceux qui étaient présents dirent : Tu maudis le grand prêtre de Dieu ? 5 Paul répondit : Je ne savais pas, mes frères, que ce fût le grand prêtre ; car il est écrit : Tu ne maudiras pas le prince de ton peuple.
Note Act. 23,5 : Voir Exode, 22, 28. ― Saint Paul a pu aisément ne pas connaître le grand prêtre, attendu qu'alors le pontificat était une dignité variable selon le caprice ou la politique des Romains. Josèphe dit qu'il y eut trois grands prêtres la même année, et que l'un d'eux ne conserva sa dignité qu'un seul jour. Ainsi saint Paul a pu facilement être dans l'ignorance sur ce point. Ajoutons que le grand prêtre n'avait pas alors ses vêtements de pontife ; ils étaient renfermés dans la tour Antonia, d'où on ne les tirait qu'aux jours solennels. Enfin, en supposant que dans le lieu où se tenait le Sanhédrin, il y avait une place affectée pour le grand-prêtre, il ne s'en trouva assurément point de telle chez le tribun où se tint le conseil devant lequel comparut saint Paul.
 
6 Or Paul, sachant qu'ils étaient en partie sadducéens, et en partie pharisiens, s'écria dans l'assemblée : Mes frères, je suis pharisien, fils de pharisien(s) ; c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts, que je suis mis en jugement.
Note Act. 23,6 : Voir Philippiens, 3, 5. ― Sadducéens, pharisiens. Voir Matthieu, note 3.7.
7 Lorsqu'il eut dit ces mots, il y eut une dissension entre les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée fut divisée. 8 Car les sadducéens disent qu'il n'y a ni résurrection, ni ange, ni esprit ; mais les pharisiens admettent l'un et l'autre.
Note Act. 23,8 : Voir Matthieu, 22, 23.
9 Il se fit une grande clameur ; et quelques-uns des pharisiens, se levant, contestaient, en disant : Nous ne trouvons rien de mal dans cet homme ; si un ange ou un esprit lui avait parlé ? 10 Comme le tumulte augmentait, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par eux, ordonna à des soldats de descendre, de l'enlever d'au milieu d'eux et de le conduire dans la forteresse (le camp).
Note Act. 23,10 : De descendre de la forteresse Antonia.
 
11 La nuit suivante le Seigneur lui apparut, et lui dit : Aie bon courage ; car comme tu m'as rendu témoignage à Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage à Rome.
Note Act. 23,11 : Rome étant la capitale du monde païen, l'Apôtre des gentils doit y prêcher le christianisme.
 
12 Quand le jour fut venu, quelques-uns d'entre les Juifs se réunirent, et s'engagèrent par vœu à ne pas manger et à ne pas boire, tant qu'ils n'auraient pas tué Paul. 13 Ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette conjuration. 14 Ils se présentèrent aux princes des prêtres et aux anciens, et dirent : Nous nous sommes engagés par vœu, sous (appelant sur nous l’) anathème, à ne pas manger, jusqu'à ce que nous ayons tué Paul.
Note Act. 23,14 : Les princes des prêtres, voit Matthieu, 2, 4. ― Les anciens, les membres du Sanhédrin.
15 Maintenant donc, avec le Conseil, adressez-vous au tribun, pour qu'il le fasse comparaître devant vous, comme si vous vouliez étudier plus à fond son affaire ; et nous, avant qu'il arrive, nous serons prêts à le tuer.
 
16 Mais le fils de la soeur de Paul, ayant appris ce complot, vint et entra dans la forteresse (le camp), et avertit Paul.
Note Act. 23,16 : La sœur de Paul. « En supposant qu'elle se soit mariée de bonne heure à Jérusalem, on s'explique que Paul ait été envoyé fort jeune dans cette ville, pour s'y consacrer aux études rabbiniques. Mais peut-être ce neveu de l'Apôtre y était-il venu, comme autrefois l'oncle, pour y faire ses études. » (CRAMPON)
17 Et Paul, appelant à lui un des centurions, lui dit : Conduis ce jeune homme au tribun, car il a quelque chose à lui communiquer. 18 Le centurion, prenant le jeune homme avec lui, le mena au tribun, et dit : Le prisonnier Paul m'a prié de t'amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire. 19 Le tribun le prenant par la main, se retira à l'écart avec lui, et lui demanda : Qu'est-ce que tu as à me communiquer ? 20 Il répondit : Les Juifs sont convenus de te prier de faire comparaître Paul demain devant le Conseil, comme s'ils voulaient étudier plus à fond son affaire. 21 Mais ne les crois pas ; car plus de quarante hommes d'entre eux lui dressent des embûches, et se sont engagés sous anathème à ne pas manger et à ne pas boire jusqu'à ce qu'ils l'aient tué ; et maintenant ils sont prêts, attendant ta promesse (ordre). 22 Le tribun renvoya donc le jeune homme, en lui ordonnant de ne dire à personne qu'il l'avait instruit de ces choses.
 
23 Et ayant appelé deux centurions, il leur dit : Tenez prêts deux cents soldats pour aller jusqu'à Césarée, soixante-dix cavaliers et deux cents lanciers, dès la troisième heure de la nuit ;
Note Act. 23,23 : La troisième heure de la nuit ; c'est-à-dire le milieu de l'intervalle entre le coucher du soleil et minuit. ― A Césarée, résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.
24 préparez aussi des chevaux, pour y faire monter Paul, afin qu'ils le conduisent sain et sauf au gouverneur Félix.
Note Act. 23,24 : Félix. « L'historien profane le mentionne, comme ayant gouverné la Judée (52-59), sous le règne de Néron, pendant le pontificat d'Ananie, immédiatement avant Festus. Tacite, Suétone et Josèphe nous apprennent quelques particularités de sa vie. Il était frère de Pallade, et comme lui, un affranchi de la maison de Claude. Suivant Tacite, il gardait dans sa fortune les sentiments de sa première condition. Josèphe ajoute qu'il vivait en adultère, et qu'il s'était rendu fameux par ses concussions. Une fois déjà, les plaintes causées par sa rapacité l'avaient fait mander à Rome, et c'est grâce au crédit de son frère qu'il avait été absous. Les Actes confirment ce que l'histoire profane nous apprend de son avarice et de sa vie licencieuse. Cet esclave débauché eut successivement pour femmes trois filles de rois. La dernière était Drusille, fille d'Hérode Agrippa I, sœur de Bérénice et d'Agrippa II. Félix l'avait enlevée à Azize, roi d'Emèse, grâce aux artifices d'un magicien juif, nommé Simon. Elle lui donna un fils, qui périt avec sa mère, dans l'éruption du Vésuve, sous le règne de Titus, en 79. Il fallait l'intrépidité de l'Apôtre pour oser parler de chasteté et de justice (voir Actes des Apôtres, 24, 25) devant un pareil juge, qui pouvait l'envoyer à la mort. Saint Paul fit plus. Il lui annonça hautement le jugement dernier où les vertus auront leur récompense et les vices leur châtiment. Si Félix ne se rendit pas, il ne put du moins se défendre d'un sentiment de terreur. »
25 Car il craignait que les Juifs ne l'enlevassent et ne le missent à mort, et qu'ensuite on ne l'accusât lui-même d'avoir reçu de l'argent.
 
26 Il écrivit une lettre contenant ces mots : Claudius Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut.
Note Act. 23,26 : Claude Lysias était probablement grec de naissance, comme semble l'indiquer son nom et c'est pour cela qu'il avait été obligé d'acheter le titre de citoyen romain. Voir Actes des Apôtres, 22, 28.
27 Les Juifs s'étaient saisis de cet homme, et étaient sur le point de le tuer, lorsque, arrivant avec la troupe, je le délivrai, ayant appris qu'il est citoyen romain ;
Note Act. 23,27 : Lysias altère ici la vérité à son profit et dissimule habilement ses torts envers saint Paul : voir Actes des Apôtres, 22, 29.
28 et voulant savoir de quoi ils l'accusaient, je l'ai conduit à leur Conseil. 29 J'ai trouvé qu'il était accusé pour des questions relatives à leur loi, mais qu'il n'a commis aucun crime digne de mort ou de prison. 30 Et comme on m'a averti des embûches qu'ils lui avaient tendues, je te l'ai envoyé, avertissant les accusateurs de s'expliquer devant toi. Adieu.
 
31 Les soldats, selon l'ordre qu'ils avaient reçu, prirent donc Paul, et le conduisirent pendant la nuit à Antipatride ;
Note Act. 23,31 : Antipatride, autrefois Kapharsaba, aujourd'hui Kefr Saba, dans une plaine fertile et bien arrosée, entre Jérusalem et Césarée, à quarante-deux milles romains de Jérusalem et vingt-six de Césarée. Hérode le Grand, qui restaura Kapharsaba, lui donna le nom d'Antipatride en l'honneur de son père Antipater.
32 et le jour suivant, ils revinrent à la forteresse, ayant laissé les cavaliers aller avec lui. 33 Ceux-ci, étant arrivés à Césarée, remirent la lettre au gouverneur, et lui présentèrent aussi Paul. 34 L'ayant lue, il demanda de quelle province il était ; et apprenant qu'il était de Cilicie :
Note Act. 23,34 : De Cilicie. Voir Actes des Apôtres, 6, 9.
35 Je t'entendrai, dit-il, quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna de le garder dans le palais d'Hérode.
Note Act. 23,35 : Le prétoire d'Hérode. Palais construit par Hérode le Grand et habité par le gouverneur romain.

Chapitre 24

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Chap. : 
Paul accusé devant Félix ; il se défend ; il demeure prisonnier.
Félix, étant avec Drusille, fait venir Paul : il est effrayé par son discours.
Festus succède à Félix, qui laisse Paul en prison.
1 Cinq jours après, Ananie, prince des prêtres, descendit avec quelques anciens et un certain Tertullus, orateur, et ils se rendirent chez le gouverneur, pour accuser Paul.
Note Act. 24,1 : Quelques anciens, quelques membres du Sanhédrin. ― Tertullus, diminutif de Tertius, indique un homme d'origine latine. C'était un avocat chargé par les Juifs d'accuser saint Paul. Les événements racontés ici se passèrent en l'an 58.
2 Paul ayant été appelé, Tertullus commença à l'accuser, en disant : Comme c'est grâce à toi que nous jouissons d'une paix profonde, et que beaucoup de choses ont été corrigées par ta prévoyance, 3 toujours et partout, très excellent Félix, nous recevons ces bienfaits avec toutes sortes d'actions de grâces. 4 Mais pour ne pas te retenir plus longuement, je te prie de nous écouter un instant avec ta bienveillance ordinaire. 5 Nous avons trouvé que cet homme pestilentiel excite des séditions chez tous les Juifs dans le monde entier, et qu'il est le chef de la secte séditieuse des Nazaréens. 6 Il a même essayé de profaner le temple. Nous étant saisis de lui, nous voulions le juger selon notre loi ; 7 mais le tribun Lysias, étant survenu, l'a arraché de nos mains avec une grande violence, 8 ordonnant à ses accusateurs de venir devant toi ; et tu pourras toi-même, en l'interrogeant, connaître la vérité de tous ces actes dont nous l'accusons. 9 Les Juifs ajoutèrent à leur tour que les choses étaient ainsi.
 
10 Mais Paul répondit, lorsque le gouverneur lui eut fait signe de parler : Sachant que depuis plusieurs années tu gouvernes cette nation, c'est avec confiance que je défendrai ma cause.
 
11 Car tu peux savoir qu'il n'y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour adorer ; 12 et ils ne m'ont pas trouvé dans le temple disputant avec quelqu'un, ni attroupant la foule, non plus que dans les synagogues, 13 et dans la ville ; et ils ne peuvent te prouver ce dont ils m'accusent maintenant. 14 Mais je t'avoue ceci, que, selon la secte qu'ils appellent hérésie, je sers mon Père et mon Dieu, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et les prophètes ;
Note Act. 24,14 : Le mot secte n'est pas pris ici en mauvaise part. Le grec porte voie. Comparer à Actes des Apôtres, 9, 2.
15 ayant en Dieu cette espérance, comme ils l'ont eux-mêmes, qu'il y aura une résurrection des justes et des méchants. 16 C'est pourquoi je travaille moi-même à avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. 17 Après plusieurs années, je suis venu pour faire à ma nation des aumônes, des offrandes et des vœux. 18 C'est dans ces circonstances qu'ils m'ont trouvé (purifié) dans le temple, sans amas de foule et sans tumulte.
Note Act. 24,18 : Voir Actes des Apôtres, 21, 26.
19 Et ce sont certains Juifs d'Asie, qui auraient dû comparaître devant toi et m'accuser, s'ils avaient quelque chose contre moi ; 20 ou bien, que ceux-ci mêmes disent s'ils ont trouvé en moi quelque iniquité, lorsque j'ai comparu dans leur assemblée ; 21 à moins qu'on ne me reproche cette seule parole, que j'ai criée, debout au milieu d'eux : C'est à cause de la résurrection des morts que je suis jugé par vous aujourd'hui.
Note Act. 24,21 : Voir Actes des Apôtres, 23, 6.
 
22 Félix, qui connaissait très bien cette doctrine, les ajourna, en disant : Lorsque le tribun Lysias sera descendu, je vous entendrai.
Note Act. 24,22 : Cette voie. Comparer à Actes des Apôtres, 9, 2.
23 Puis il ordonna au centurion de garder Paul, mais de lui laisser du repos et de n'empêcher aucun des siens de le servir.
 
24 Quelques jours après, Félix étant venu avec Drusille, sa femme, qui était Juive, appela Paul, et l'entendit parler de la foi en Jésus-Christ.
Note Act. 24,24 : Avec Drusille. Voir Actes des Apôtres, 23, 24.
25 Mais comme il discourait sur la justice, sur la chasteté, et sur le jugement futur, Félix effrayé répondit : Pour le moment, retire-toi ; en temps opportun, je t'appellerai. 26 En outre il espérait que Paul lui donnerait de l'argent ; c'est pourquoi aussi il le faisait venir souvent, et s'entretenait avec lui.
Note Act. 24,26 : Lui donnerait de l'argent. La vénalité était une des plaies de l'administration romaine, surtout dans les provinces éloignées du centre de l'empire.
 
27 Deux ans s'étant écoulés, Félix eut pour successeur Portius Festus ; et voulant faire plaisir aux Juifs, il laissa Paul en prison.
Note Act. 24,27 : Festus, qui succéda à Félix comme procurateur, était un affranchi aussi bien que son prédécesseur. Il vint en Judée en 59, la cinquième année de Néron, la seconde de la captivité de saint Paul ou de la légation de Félix. Si désireux qu'il fût de plaire aux Juifs, Festus sut rappeler, aux ennemis de l'Apôtre, ce qu'exigeaient le droit romain et l'équité naturelle : que nul accusé ne fût condamné avant d'avoir été confronté avec ses accusateurs et mis à même de s'expliquer sur leurs imputations.

Chapitre 25

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Chap. : 
Les Juifs accusent Paul devant Festus.
Paul se défend et en appelle à César.
Agrippa et Bérénice viennent à Césarée.
Agrippa veut voir Paul.
Festus fait venir Paul devant Agrippa.
1 Festus, étant donc arrivé dans la province, monta trois jours après de Césarée à Jérusalem.
Note Act. 25,1 : De Césarée résidence ordinaire du gouverneur romain. Voir Actes des Apôtres, 9, 30.
2 Et les princes des prêtres, avec les premiers d'avec les Juifs, vinrent le trouver, pour accuser Paul ; et ils le priaient, 3 lui demandant comme une faveur, dans un but hostile, d'ordonner qu'il fût conduit à Jérusalem, prêts à tendre des embûches pour le tuer en chemin. 4 Mais Festus répondit que Paul était gardé à Césarée, et qu'il partirait lui-même bientôt. 5 Que les principaux d'entre vous, dit-il, descendent donc avec moi ; et si cet homme a commis quelque crime, qu'ils l'accusent.
 
6 N'ayant passé parmi eux que huit ou dix jours, il descendit à Césarée ; et le lendemain il s'assit sur le tribunal, et ordonna d'amener Paul. 7 Lorsqu'on l'eut introduit, les Juifs qui étaient descendus de Jérusalem l'entourèrent, portant contre lui de nombreuses et graves accusations, qu'ils ne pouvaient pas prouver. 8 Et Paul se défendait, en disant : Je n'ai péché en rien contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César. 9 Mais Festus, voulant faire plaisir aux Juifs, répondit à Paul : Veux-tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses devant moi ? 10 Mais Paul dit : Je suis devant le tribunal de César, c'est là qu'il faut que je sois jugé ; je n'ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais fort bien. 11 Si j'ai fait du tort, ou si j'ai commis quelque crime qui mérite la mort, je ne refuse pas de mourir ; mais s'il n'y a rien de fondé dans leurs accusations, personne ne peut me livrer à eux. J'en appelle à César.
Note Act. 25,11 : J'en appelle à César. Saint Paul avait droit de faire appel à César en sa qualité de citoyen romain. Le César auquel il en appelle était alors Néron (an 60).
12 Alors Festus, après en avoir conféré avec le conseil, répondit : Tu en as appelé à César, tu iras devant César.
 
13 Quelques jours plus tard, le roi Agrippa et Bérénice descendirent à Césarée, pour saluer Festus.
Note Act. 25,13 : Cet Agrippa était alors roi de la Trachonite. Il avait pour père Hérode surnommé Agrippa, roi de Judée, qui avait fait mourir saint Jacques. Voir Actes des Apôtres, 12, 1. ― « Agrippa II, fils du meurtrier de saint Jacques, Hérode Agrippa, était beau-frère de Félix par Drusille. C'était, d'après Josèphe, un Juif zélé pour sa religion. Il porta le titre de roi, quoiqu'il n'ait pas succédé à son père sur le trône de Judée. Il se retira à Rome en 66 et mourut en l'an 100. ― Bérénice, sœur d'Agrippa, plus âgée que Drusille, déjà veuve du vieil Hérode de Chalcis, son oncle, et séparée de Polémon, roi de Cilicie, passait pour être la concubine de son frère. Ces enfants déchus du grand Hérode viennent offrir leurs hommages à l'affranchi Festus, devenu momentanément favori et grand officier de l'empereur. Tandis qu'ils étalent leur faste, dans une ville où leur père est mort rongé de vers pour son orgueil, le gouverneur romain, voulant les distraire, les invite à présider un interrogatoire qui pourra les intéresser, parce qu'il a trait à leur religion. » (L. BACUEZ.)
14 Et comme ils y demeurèrent plusieurs jours, Festus parla de Paul au roi, en disant : Il y a ici un homme que Félix a laissé prisonnier ; 15 lorsque j'étais à Jérusalem, les princes des prêtres et les anciens des Juifs sont venus me trouver à son sujet, demandant contre lui une condamnation.
Note Act. 25,15 : Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. ― Les anciens des Juifs, les membres du Sanhédrin.
16 Je leur répondis que ce n'est pas la coutume des Romains de condamner un homme avant que celui qui est accusé ait été mis en présence de ses accusateurs, et qu'il ait eu la facilité (possibilité ?) de se laver de ce dont on l'accuse. 17 Après qu'ils furent venus ici sans aucun délai, le jour suivant, assis sur le tribunal, j'ordonnai qu'on amenât cet homme. 18 Lorsque les accusateurs se furent présentés, ils ne lui reprochèrent aucun des crimes dont je le supposais coupable ; 19 ils avaient seulement contre lui quelques disputes relatives à leur religion (superstition) et à un certain Jésus mort, que Paul affirmait être vivant. 20 Hésitant donc dans une affaire de ce genre, je lui demandai s'il voulait aller à Jérusalem et y être jugé sur tout cela. 21 Mais en ayant appelé, pour que sa cause fût réservée à la connaissance d'Auguste, j'ai ordonné de le garder jusqu'à ce que je l'envoie à César.
Note Act. 25,21 : D'Auguste ; c'est-à-dire de Néron. Le nom d'Auguste, pris d'abord par Octave devint commun aux empereurs romains, comme celui de César.
 
22 Agrippa dit à Festus : Je voudrais (voulais), moi aussi, entendre cet homme. Demain, dit Festus, tu l'entendras.
 
23 Le jour suivant, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe ; et lorsqu'ils furent entrés dans la salle d'audience avec les tribuns et les principaux habitants de la ville, Paul fut amené par ordre de Festus.
 
24 Et Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous ici présents avec nous, vous voyez cet homme au sujet duquel toute la multitude des Juifs m'a interpellé à Jérusalem, me sollicitant et criant qu'il ne fallait pas qu'il vécût plus longtemps. 25 Pour moi, j'ai reconnu qu'il n'a rien fait qui mérite la mort ; et lui-même en ayant appelé à Auguste, j'ai résolu de le lui envoyer. 26 Mais je n'ai rien de certain à écrire à son sujet à mon maître (l’Empereur) ; c'est pourquoi je l'ai fait venir devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin qu'après l'avoir interrogé, j'aie quelque chose à écrire ; 27 car il me semble déraisonnable d'envoyer un prisonnier, sans indiquer ce dont on l'accuse.

Chapitre 26

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Chap. : 
Discours de Paul devant Agrippa.
Festus traite Paul d’insensé.
Agrippa reconnaît l’innocence de Paul.
1 Alors Agrippa dit à Paul : Il t'est permis de parler pour ta défense. Alors Paul ayant étendu la main, commença à se justifier : 2 Je m'estime heureux, roi Agrippa, d'avoir à me justifier aujourd'hui devant toi de tout ce dont je suis accusé par les Juifs, 3 surtout parce que tu connais toutes les coutumes des Juifs, ainsi que leurs controverses ; c'est pourquoi je te supplie de m'écouter patiemment.
 
4 Ma vie, depuis ma jeunesse, telle qu'elle s'est passée dès le commencement au milieu de ma nation, à Jérusalem, tous les Juifs la connaissent ; 5 ils savent depuis longtemps, s'ils veulent en rendre témoignage, que j'ai vécu en pharisien, conformément à la secte la plus approuvée (mieux fondée) de notre religion. 6 Et maintenant, c'est parce que j'espère en la promesse faite par Dieu à nos pères que je suis soumis à un jugement ; 7 promesses dont nos douze tribus, servant Dieu nuit et jour, espèrent obtenir l'effet : c'est à cause de cette espérance, ô roi, que je suis accusé par les Juifs. 8 Juge-t-on incroyable parmi vous que Dieu ressuscite les morts ?
 
9 Pour moi, j'avais pensé que je devais agir avec empressement (par mille moyens) contre le nom de Jésus de Nazareth. 10 Et c'est ce que j'ai fait à Jérusalem, où j'ai enfermé dans les prisons un grand nombre de saints, en ayant reçu le pouvoir des princes des prêtres ; et lorsqu'ils étaient mis à mort, j'y ai donné mon suffrage.
Note Act. 26,10 : Voir Actes des Apôtres, 8, 3. ― De saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.
11 Et dans toutes les synagogues, en sévissant souvent contre eux, je les forçais à blasphémer ; et de plus (en plus) transporté de fureur contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères.
Note Act. 26,11 : Saint Paul entre dans tous ces détails pour montrer au roi Agrippa qu'il n'avait pas embrassé le christianisme légèrement, puisqu'il en avait été un persécuteur si ardent, et qu'il ne s'était rendu qu'à la force des miracles et à l'évidence de la vérité.
 
12 Comme j'allais à Damas dans ce dessein, avec (de) pleins pouvoirs et la permission des princes des prêtres,
Note Act. 26,12 : Voir Actes des Apôtres, 9, 2.
13 au milieu du jour, ô roi, sur le chemin, je vis une lumière venant du ciel, plus éclatante que celle du soleil, briller autour de moi et de ceux qui m'accompagnaient. 14 Tous nous tombâmes par terre, et j'entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon. 15 Et je dis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Je suis Jésus que tu persécutes. 16 Mais lève-toi, et tiens-toi debout ; car je t'ai apparu afin de t'établir ministre et témoin des choses que tu as vues, et de celles pour lesquelles je t'apparaîtrai encore ; 17 je te protégerai contre ce peuple et contre les gentils, auxquels je t'envoie maintenant 18 pour leur ouvrir les yeux, afin qu'ils se convertissent des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, et que, par la foi en moi, ils reçoivent la rémission des péchés et une part avec les saints.
 
19 En conséquence, roi Agrippa, je ne fus pas incrédule à la vision céleste ; 20 mais j'annonçai d'abord à ceux de Damas, puis à Jérusalem, et dans toute la Judée, et aux gentils, qu'ils fissent pénitence, et qu'ils se convertissent à Dieu, en faisant de dignes œuvres de pénitence.
Note Act. 26,20 : Voir Actes des Apôtres, 13 et 14.
21 Voilà pourquoi les Juifs se sont saisis de moi dans le temple, et ont essayé de me tuer.
Note Act. 26,21 : Voir Actes des Apôtres, 21, 31.
22 Mais aidé par le secours de Dieu, jusqu'à ce jour je suis debout, rendant témoignage aux petits et aux grands, ne disant rien en dehors de ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver : 23 à savoir, si (que) le Christ devait souffrir, être le premier à ressusciter d'entre les morts, et annoncer la lumière au (à ce) peuple et aux gentils.
 
24 Comme il parlait ainsi pour se justifier, Festus dit à haute voix : Tu es fou, Paul ; tes grandes études (ton grand savoir) te mènent à la folie. 25 Mais Paul répondit : Je ne suis pas fou, très excellent Festus ; mais je profère des paroles de vérité et de bon sens (sagesse). 26 Car le roi (le roi devant qui je parle) connaît ces choses, et je lui en parle avec confiance ; en effet, je suis persuadé qu'il n'en ignore aucune, parce qu'aucune d'elles ne s'est passée dans un coin. 27 Roi Agrippa, crois-tu aux prophètes ? Je sais que tu y crois. 28 Alors Agrippa dit à Paul : Peu s'en faut que tu ne me persuades de me faire chrétien. 29 Et Paul : Plût à Dieu qu'il ne s'en fallût ni peu ni beaucoup que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m'écoutent, devinssiez aujourd'hui tels que je suis moi-même, à l'exception de ces liens.
Note Act. 26,29 : A l'exception de ces liens. « Et il montra ces chaînes, dit le comte de Maistre. Après que dix-huit siècles ont passé sur ces pages saintes, après cent lectures de cette belle réponse, je crois la lire encore pour la première fois, tant elle me paraît noble, douce, ingénieuse, pénétrante ! Je ne puis vous exprimer à quel point j'en suis touché. »
 
30 Alors le roi se leva, ainsi que le gouverneur, Bérénice, et ceux qui étaient assis avec eux. 31 Et lorsqu'ils se furent retirés, ils s'entretenaient ensemble, et disaient : Cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou les chaînes. 32 Et Agrippa dit à Festus : Cet homme aurait pu être renvoyé, s'il n'en avait pas appelé à César.

Chapitre 27

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Chap. : 
Paul est mis dans un vaisseau pour aller à Rome.
Description de son voyage.
Le vaisseau où il se trouvait est battu par la tempête.
Dieu donne à Paul tous ceux qui étaient avec lui.
Le vaisseau se brise ; tous se sauvent.
1 Lorsqu'il eut été décidé que Paul irait par mer en Italie, et qu'on le remettrait avec d'autres prisonniers au centurion de la cohorte d'Auguste, nommé Julius,
Note Act. 27,1 : La cohorte Augusta dont Julius était centurion, était composée probablement des hommes appelés Augustani, qu'on a supposé être les mêmes que les vétérans formant la garde du corps des empereurs. Le départ de saint Paul eut lieu l'an 60.
2 étant monté sur un vaisseau d'Adrumète (Adrumette), nous levâmes l'ancre et nous commençâmes à naviguer le long des côtes de l'Asie, ayant toujours avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique.
Note Act. 27,2 : Voir Actes des Apôtres, 19, 29 ; 20, 4. ― D'Adrumette, port de mer de la Mysie (Asie Mineure), près de la rivière du Caïque. ― Aristarque. Voir Actes des Apôtres, 19, 29.
 
3 Le jour suivant nous arrivâmes à Sidon ; et Julius, traitant Paul avec humanité, lui permit d'aller chez ses amis et de recevoir leurs soins.
Note Act. 27,3 : A Sidon, ville de la Phénicie, au sud de Tyr. ― D'aller chez ses amis, naturellement sous la garde d'un soldat.
4 Etant partis de là, nous naviguâmes au-dessous de l'île de Chypre, parce que les vents étaient contraires.
Note Act. 27,4 : De Chypre. Voir Actes des Apôtres, 11, 19.
5 Puis traversant la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous vînmes à Lystre, en Lycie ;
Note Act. 27,5 : La mer de Cilicie et de Pamphylie est comprise entre l'île de Chypre et le littoral de l'Asie Mineure. ― Lystre, ville de Lycie. Le texte grec lit Myre, au lieu de Lystre qui était en Lycaonie, non en Lycie. Myre, que devait illustrer plus tard son évêque saint Nicolas, est en effet une ville de Lycie, en Asie Mineure, entre la Carie et la Pamphylie. Cette ville était un port de mer, à l'est de Patare.
6 et là le centurion, trouvant un vaisseau d'Alexandrie qui faisait voile en Italie, nous y transborda.
Note Act. 27,6 : Un navire d'Alexandrie (port de mer d'Egypte) avait été poussé à Myre par les vents contraires (verset 4). On pouvait aller en un jour de Myre à Cnide.
 
7 Pendant plusieurs jours nous naviguâmes lentement, et c'est avec peine que nous arrivâmes vis-à-vis de Cnide, le vent nous empêchant d'avancer ; nous côtoyâmes l'île de Crète vers Salmone.
Note Act. 27,7 : Devant Cnide, presqu'île et ville du même nom sur la côte de la Carie, entre l'île de Cos et celle de Rhodes. ― La Crète, île au sud ouest de Cnide. Le vent ayant empêché d'aborder à Cnide, le vaisseau aurait dû passer au nord de la Crète, mais à cause du temps, il alla passer au sud de l'île. ― Salmone est un promontoire à l'extrémité orientale de la Crète.
8 En longeant la côte avec peine, nous vînmes en un lieu appelé Bonsports, près duquel était la ville de Thalasse.
Note Act. 27,8-9 : Bonsports, au sud de la Crète, à l'ouest de Salmone, où il y a un port à l'abri des vents du nord-ouest. ― Thalasse, dans le texte grec Lasæ. Les ruines de cette ville ont été découvertes en 1 856, près du cap Léonda, non loin de Bonsports, à l'est.
 
9 Mais comme il s'était écoulé beaucoup de temps, et que la navigation n'était déjà plus sûre, car le jeûne même était déjà passé, Paul les avertit,
Note Act. 27,9-10 : Les consolait, etc. ; les encourageait tout en les avertissant du danger qu'ils couraient pour leur vie. Le grec porte, en effet, conseiller, exhorter, etc. ― Du jeûne du Pardon (Kippour), ou de la fête des Expiations, qui avait lieu au commencement d'octobre. Passé cette date, les voyages maritimes devenaient dangereux ; on fermait alors la navigation, pour la rouvrir au mois de mars.
 
10 en leur disant : Hommes, je vois que la navigation commence à être pénible et pleine de périls, non seulement pour la cargaison et le vaisseau, mais aussi pour nos vies. 11 Mais le centurion ajoutait plus de foi au pilote et au maître du vaisseau qu'à ce que disait Paul. 12 Et comme le port n'était pas bon pour hiverner, la plupart furent d'avis de se remettre en mer, afin de gagner, si on le pouvait, Phénice, port de Crète, qui regarde l'Africus et le Corus, et d'y passer l'hiver.
Note Act. 27,12 : Phénice, port de Crète, au sud-ouest de l'île, probablement le Lutro actuel, protégé par des rochers contre les vents du sud-ouest, l'Africus, et du nord-ouest, le Corus.
 
13 Une brise du sud s'étant mise à souffler, croyant pouvoir exécuter leur dessein, ils levèrent l'ancre d'Asson et côtoyèrent la Crète.
Note Act. 27,13 : Asson. Il y a bien en Crète un village d'Assos, mais ce n'est pas un port de mer. D'après l'interprétation commune, le traducteur latin a pris pour un nom propre un mot grec qui est en réalité un adverbe, asson, plus près, et il faut traduire : ayant levé l'ancre, ils longèrent la terre, la côte de Crète, de très près.
14 Mais peu après se déchaîna sur l'île un vent impétueux (de typhon, note), qu'on appelle euro-aquilon ;
Note Act. 27,14-15 : Le vaisseau se dirigeait vers l'ouest. Après avoir doublé le cap Littino, il naviguait en sécurité dans la baie de Massara, lorsqu'il s'éleva un vent de typhon ou produisant des tourbillons, d'entre l'est et le nord ; la violence de ce vent emporta le navire sans qu'il fût possible d'y résister.
15 et comme le navire était entraîné et ne pouvait pas résister au vent, le laissant aller au gré de la tempête (nous nous laissâmes flotter avec le vaisseau gré du vent), nous étions emportés. 16 Poussés au-dessous d'une île appelée Cauda, nous pûmes à peine être maîtres de la chaloupe.
Note Act. 27,16 : Le navire fut ainsi poussé au-dessous d'une île qui est appelée Cauda, aujourd'hui Gaudo, au sud de la Crète.
17 Après l'avoir hissée, les matelots, se servant de câbles, lièrent le vaisseau, et, dans la crainte d'être jetés sur la syrte, ils abaissèrent les voiles et nous nous laissâmes ainsi emporter.
Note Act. 27,17 : Lièrent ; littéralement ceignirent ; c'est-à-dire qu'ils firent au vaisseau comme une ceinture en le liant de bas en haut avec des câbles, afin d'ne consolider les flancs. ― En se faisant aider, autrement : En employant toutes sortes de moyens, comme les cordes, les crochets, etc. ; mais la première traduction paraît mieux fondée. ― Il y a deux syrtes ou bancs de sable sur la côte septentrionale de l'Afrique, la grande et la petite ; c'est de la dernière qu'il est ici question.
18 Et comme nous étions battus par une violente tempête, le jour suivant ils jetèrent la cargaison à la mer ; 19 et le troisième jour, de leurs propres mains ils jetèrent les agrès du vaisseau. 20 Le soleil et les étoiles ne parurent pas pendant plusieurs jours, et la tempête restant toujours aussi forte, nous perdîmes tout espoir de salut.
 
21 Il y avait longtemps que personne n'avait mangé ; alors Paul, se levant au milieu d'eux, leur dit : Il fallait me croire, ô hommes, ne point partir de Crète, et nous épargner tant de peine et de perte. 22 Mais maintenant je vous exhorte à avoir bon courage ; car aucun de vous ne périra, seul le vaisseau sera perdu. 23 Car cette nuit un ange du Dieu auquel j'appartiens et que je sers, m'est apparu, 24 disant : Ne crains pas, Paul ; il faut que tu comparaisses devant César, et voici que Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi. 25 C'est pourquoi, ayez bon courage, ô hommes ; car j'ai confiance en Dieu qu'il en sera comme il m'a été dit. 26 Mais il faut que nous soyons jetés sur quelque (contre une certaine) île.
 
27 Lorsque fut venue la quatorzième nuit, comme nous naviguions dans l'Adriatique, vers le milieu de la nuit, les matelots crurent que quelque terre leur apparaissait.
Note Act. 27,27 : Dans l'Adriatique. Les anciens appliquaient ordinairement ce nom à la mer Ionienne, entre la Grèce et l'Italie méridionale.
28 Et ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; et un peu plus loin, ils trouvèrent quinze brasses.
Note Act. 27,28 : Brasses. La brasse a la longueur des deux bras étendus ; elle valait de cinq à six pieds grecs.
29 Alors craignant de tomber contre des écueils, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et ils désiraient qu'il fît jour. 30 Or comme les matelots, cherchant à fuir, avaient mis la chaloupe à la mer, sous prétexte d'aller jeter des ancres du côté de la proue, 31 Paul dit au centurion et aux soldats : Si ces hommes ne restent pas sur le vaisseau, vous ne pouvez être sauvés. 32 Alors les soldats coupèrent les câbles de la chaloupe, et la laissèrent tomber.
 
33 Lorsque le jour commençait à poindre, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture, en disant : C'est aujourd'hui le quatorzième jour que vous êtes dans l'attente, à jeun et ne prenant rien ; 34 c'est pourquoi je vous invite à prendre de la nourriture, pour votre salut, car il ne se perdra pas un cheveu de la tête d'aucun de vous. 35 Lorsqu'il eut dit cela, prenant du pain, il rendit grâces à Dieu en présence de tous ; puis il le rompit et commença à manger. 36 Et tous, rendus plus courageux, prirent aussi de la nourriture. 37 Or nous étions en tout dans le vaisseau deux cent soixante-seize personnes. 38 Quand ils furent rassasiés, ils allégèrent le vaisseau, en jetant le blé dans la mer.
 
39 Lorsque le jour fut venu, ils ne reconnurent point la terre ; mais ils aperçurent un golfe ayant une plage, et ils résolurent d'y pousser le vaisseau, s'ils le pouvaient. 40 Après avoir levé les ancres et lâché en même temps les attaches des gouvernails, ils s'abandonnèrent à la mer, et ayant mis la voile de misaine (artimon) au vent, ils se dirigeaient vers le rivage.
Note Act. 27,40 : L'artimon ; d'autres traduisent voile du perroquet ou de misaine : petit mât arboré sur les hunes des autres mâts, et dont la voile sert moins à mouvoir qu'à diriger le navire.
41 Et comme nous étions tombés sur une langue de terre qui avait la mer des deux côtés, ils y firent échouer le vaisseau ; et la proue, s'y étant enfoncée, demeurait immobile, mais la poupe se rompait par la violence des vagues.
Note Act. 27,41 : Voir 2 Corinthiens, 11, 25.
 
42 Les soldats furent d'avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu'un d'eux ne s'enfuît en nageant.
Actes 27, 43-44 : Le naufrage de saint Paul - Gravure de Gustave Doré
Actes 27, 43-44 : Le naufrage de saint Paul - Gravure de Gustave Doré
43 Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les en empêcha, et il ordonna à ceux qui pouvaient nager de se jeter à l'eau les premiers, et de s'échapper en gagnant la terre. 44 On porta les autres sur des planches, et quelques-uns sur des débris du vaisseau. Et ainsi il arriva que tous parvinrent à terre sains et saufs.

Chapitre 28

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Chap. : 
Paul et ceux qui étaient avec lui sont reçus à Malte.
Il est mordu par une vipère.
Il guérit les malades de cette île.
Il continue son voyage, arrive à Rome, prêche Jésus-Christ aux Juifs, leur reproche leur endurcissement, et leur annonce que les gentils leurs seront préférés.
1 Lorsque nous fûmes sauvés, nous reconnûmes que l'île s'appelait Malte. Les Barbares nous témoignèrent une bienveillance peu commune ;
Note Act. 28,1 : Les barbares ; c'est-à-dire les restes des paysans africains qui étaient restés dans l'île, depuis que les Romains s'en étaient rendus maîtres ; ces paysans, ne parlant ni grec ni latin, étaient de ceux que les Grecs appelaient alors barbares. ― Malte. Quelques commentateurs croient qu'il s'agit ici de Meleda, dans le golfe de Venise, mais le plus grand nombre pensent que l'île ici nommée est bien celle qui est connue aujourd'hui sous le nom de Malte, dans la mer Méditerranée, au sud de la Sicile.
2 car, ayant allumé du feu à cause de la pluie qui menaçait et du froid, ils nous ranimèrent tous. 3 Mais Paul ayant ramassé une certaine quantité de sarments, et les ayant mis sur le feu, une vipère, que la chaleur en fit sortir, s'élança sur sa main. 4 Quand les barbares virent cette bête suspendue à sa main, ils se disaient les uns les autres : Certainement cet homme est un meurtrier, puisque, après qu'il s'est échappé de la mer, la vengeance ne permet pas qu'il vive.
Note Act. 28,4 : La vengeance, en grec Dikê, la vengeance divine personnifiée d'après les idées païennes.
5 Mais lui, ayant secoué la bête dans le feu, ne ressentit aucun mal. 6 Ils pensaient qu'il allait enfler, et tomber tout à coup, et mourir ; mais lorsqu'ils eurent attendu longtemps, et qu'ils virent qu'il ne lui arrivait aucun mal, changeant de sentiment, ils disaient que c'était un dieu.
 
7 Il y avait en cet endroit des terres appartenant au premier de l'île, nommé Publius, qui nous reçut et nous donna aimablement l'hospitalité pendant trois jours.
Note Act. 28,7 : Au premier de l'île, nommé Publius. Deux inscriptions, l'une grecque, l'autre latine, nous apprennent que le magistrat suprême de Malte portait le titre de Premier de l'île.
8 Or il se trouva que le père de Publius était au lit, tourmenté par la fièvre et la dysenterie. Paul entra chez lui ; et après avoir prié, il lui imposa les mains et le guérit. 9 Après ce fait, tous ceux qui, dans l'île, avaient des maladies venaient à lui et étaient guéris. 10 Ils nous rendirent aussi de grands honneurs ; et lorsque nous nous remîmes en mer, ils nous pourvurent de (tout) ce qui nous était nécessaire.
 
11 Après trois mois, nous nous embarquâmes sur un vaisseau d'Alexandrie, qui avait hiverné dans l'île, et qui avait pour enseigne les castors.
Note Act. 28,11 : Les castors. En grec :les Dioscures, c'est-à-dire Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Léda, dont on avait donné le nom à une constellation et que les marins honoraient comme une divinité tutélaire. Leur image était peinte sur la proue du vaisseau d'Alexandrie, qui, pour ce motif, portait leur nom.
12 Lorsque nous fûmes arrivés à Syracuse, nous y demeurâmes trois jours.
Note Act. 28,12 : Syracuse, capitale de la Sicile, sur la côte orientale de cette île.
13 De là, en suivant la côte, nous vînmes à Rhégium ; et un jour après, le vent du midi s'étant levé, nous arrivâmes en deux jours à Pouzzoles,
Note Act. 28,13 : Rhégium, aujourd'hui Reggio, dans le royaume de Naples, au sud-ouest, vis-à-vis de la Sicile. ― « Le lieu nommé Puteoli par la Vulgate est Pouzzoles, ville de la Campanie,sur le golfe de Naples. Le port d'Ostie ne pouvait recevoir que des barques, celui de Pouzzoles était le dernier où l'on abordât avant l'embouchure du Tibre. C'est vers ce port, parfaitement sûr, que cinglaient les nombreux vaisseaux qui venaient d'Alexandrie ; et c'est là que débarquaient les Juifs et les Syriens qui se rendaient à Rome. Saint Paul y arriva deux jours après son départ de Reggio. Les frères qui l'accueillirent avec une charité si empressée, et qui le retinrent toute la semaine avec saint Luc et Aristarque, étaient certainement des chrétiens, aussi bien que ceux qui vinrent à sa rencontre jusqu'au Marché d'Appius, à neuf lieues de Rome, et aux Trois Loges, à quatre lieues. Pouzzoles est à peu de distance de Pompéi. On a trouvé récemment dans les ruines de cette dernière ville, ensevelie dix-huit ans plus tard en 79, sous les laves du Vésuve, une synagogue, et dans une inscription gravée au trait sur le stuc d'une muraille, une trace certaine de l'existence du christianisme à cette époque : Audi christianos, sævos olores. » (L. BACUEZ.)
14 où nous trouvâmes des frères qui nous prièrent de demeurer sept jours chez eux ; et c'est ainsi que nous allâmes à Rome. 15 Lorsque les frères (de Rome) eurent appris notre arrivée, ils vinrent au-devant de nous jusqu'au forum d'Appius et aux trois Tavernes. En les voyant, Paul rendit grâces à Dieu et fut rempli de confiance.
Note Act. 28,15 : Forum ou marché d'Appius. Il était situé sur la voie Appienne, à quarante-trois milles de Rome, au nord-ouest de Terracine ; aujourd'hui San-Donato. ―Les trois Tavernes étaient encore plus au nord, sur la même voie Appienne, à trente-trois milles de Rome.
 
16 Quand nous fûmes arrivés à Rome, il fut permis à Paul de demeurer chez lui, avec le soldat qui le gardait.
Note Act. 28,16 : Seul avec le soldat qui le gardait. C'était un soldat prétorien, auquel saint Paul, d'après la coutume romaine, était attaché par une chaîne au bras. ― Saint Paul arriva à Rome au mois de mars de l'an 61, la 7 année du règne de Néron.
 
17 Après trois jours, il convoqua les principaux d'entre les Juifs ; et quand ils furent réunis, il leur dit : Mes frères, quoique je n'eusse rien fait contre le peuple, ni contre les coutumes de nos pères, j'ai été enchaîné à Jérusalem et livré aux mains des Romains. 18 Ceux-ci, après m'avoir interrogé, voulaient me relâcher, parce que je n'avais rien fait qui méritât la mort. 19 Mais les Juifs s'y étant opposés, j'ai été contraint d'en appeler à César, sans avoir cependant le dessein d'accuser en rien ma nation.
Note Act. 28,19 : A César, alors Néron.
20 C'est donc pour ce motif que j'ai demandé à vous voir et à vous parler ; car c'est à cause de l'espérance d'Israël que je suis lié de cette chaîne. 21 Ils lui dirent : Nous n'avons reçu de Judée aucune lettre à ton sujet, et il n'est venu aucun de nos frères qui nous ait avertis et qui ait dit du mal de toi.
Note Act. 28,21-22 : « On sent, dans le langage des Juifs, une sorte de réserve diplomatique ; ils s'en tiennent vis-à-vis de Paul au point de vue purement officiel. ― De cette secte : religion de Jésus, à laquelle Paul a fait allusion verset 20. » (CRAMPON)
22 Mais nous demandons à apprendre de toi ce que tu penses ; car au sujet de cette secte, nous savons qu'on la contredit partout.
 
23 Lui ayant alors fixé un jour, ils vinrent en grand nombre le trouver dans son logement (l’hôtellerie), et depuis le matin jusqu'au soir il leur exposait le royaume de Dieu, rendant témoignage et tâchant de les persuader, par la loi de Moïse et les prophètes, de ce qui concerne Jésus.
Note Act. 28,23 : Dans l'hôtellerie, proprement le logement où il recevait l'hospitalité, peut-être la maison d'Aquila et de Priscille.
24 Et les uns croyaient ce qu'il disait, mais les autres ne (le) croyaient pas. 25 Et comme ils ne s'accordaient pas entre eux, ils se retirèrent, Paul ajoutant cette seul parole : C'est avec raison que l'Esprit-Saint, parlant à nos pères par le prophète Isaïe, a dit :
Note Act. 28,25-26 : Voir Isaïe, 6, verset 9 et suivants, cité d'après les Septante : comparer à Matthieu 13, 14 et Jean, 12, 40.
26 Va vers ce peuple, et dis-leur : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez pas ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point ;
Note Act. 28,26 : Voir Isaïe, 6, 9 ; Matthieu, 13, 14 ; Marc, 4, 12 ; Luc, 8, 10 ; Jean, 12, 40 ; Romains, 11, 8. ― Regardant, vous regarderez ; répétition qui, comme on a pu le remarquer plusieurs fois, a pour but de donner de la force et de l'énergie au discours.
27 car le cœur de ce peuple s'est appesanti, et leurs oreilles ont entendu difficilement, et ils ont fermé leurs yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, et qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. 28 Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux gentils, et qu'ils l'écouteront. 29 Lorsqu'il eut dit cela, les Juifs s'en allèrent d'auprès de lui, discutant vivement entre eux.
 
30 Il demeura deux ans entiers dans le logement qu'il avait loué, et il recevait tous ceux qui venaient le voir, 31 prêchant le royaume de Dieu, et enseignant ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ, avec toute liberté et sans empêchement.

Bible Fillion annotée par Vigouroux


Traduction de la Sainte Bible d'après la Vulgate (Clémentine) par l'abbé Louis-Claude Fillion publiée en 8 volumes de 1888 à 1895 avec les commentaires issus de la Bible Glaire & Vigouroux (A. et R. Roger, et F. Chernoviz, 1905). L'association de la traduction de l'abbé Fillion et des commentaires des abbés Glaire & Vigouroux est une originalité provenant du site JesusMarie. Elle associe la traduction la plus récente de la Sainte Bible d'après la Vulgate avec les excellents commentaires des abbés Glaire & Vigouroux. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire notre page de présentation des différentes versions de la Bible expliquant notre choix.