Les Pharisiens ne passaient pas pour alléger le joug de la loi. En général, leur doctrine était exacte. Cependant Notre Seigneur leur reproche de s’écarter, sur des points importants, de la justice et de la vérité : " Ce sont des aveugles, dit-il, et des conducteurs d’aveugles. " Tandis qu’ils poussaient jusqu’au scrupule l’exactitude des petites choses, ils se mettaient peu en peine du grand précepte de la charité. Ils disaient : " Œil pour œil et dent pour dent, " ce que saint Augustin appelle justitia injustorum. Ils comptaient pour peu de choses les fautes intérieures. Ils éludaient certaines obligations par des subtilités. Ils en exagéraient d’autres au-delà de toute mesure, surtout la loi du sabbat.
Leur caractère était bien répréhensible que leur enseignement. Sauf un petit nombre, dont la vertu contrastait avec les défauts de la secte, entre autres Nicodème, neveu de Gamaliel, ils étaient orgueilleux, fiers de leur savoir, pleins de prétention, de dédain pour leurs frères, insensibles aux faiblesses et aux besoins du prochain, avares, hypocrites. Ils disaient et ne faisaient point. Ils affectaient l’austérité, le jeûne, les ablutions fréquentes, les longues prières ; mais tout cela par amour-propre et par intérêt. Il leur fallait partout les premières places et les témoignages de respect. Ils rendaient eux-mêmes des honneurs aux prophètes, quand ils étaient morts ; mais durant leur vie, quand ceux-ci les reprenaient de leurs vices, ils les persécutaient et cherchaient à les perdre. Ils passaient les mers et parcouraient le monde pour faire des prosélytes, mais dans la seule vue de les attacher à leur secte et de leur inoculer leurs principes et leurs vices. En somme, Notre Seigneur leur préférait les publicains, quoique odieux au peuple et regardés, dit Tertullien, comme des pécheurs de profession. Aussi les frappe-t-il, peu de temps avant sa mort, des plus terribles malédictions. De leur côté, les pharisiens ne pouvaient le souffrir. Ils étaient jaloux de sa réputation, de son influence et de ses miracles. Après lui avoir tendu toutes sortes de pièges et lui avoir suscité toutes sortes d’opposition, ils finirent par le faire attacher à la croix. (L. BACUEZ.)