La bataille de Macéda fut signalée par un grand miracle : l’arrêt du soleil. Ce prodige est un des faits de l’histoire sacrée contre lequel on a soulevé le plus d’objections. Nous devons reconnaître que nous ignorons de quels moyens Dieu se servit pour l’accomplir, mais les objections ne sont pas pour cela plus fondées.
" Le récit biblique mentionne en quelques mots le fait du miracle, mais il ne décrit aucune circonstance particulière qui nous puisse diriger dans le choix d’une explication. Nous ne pouvons donc à ce sujet que hasarder des conjectures.
Ou bien 1° Dieu a réellement arrêté le globe terrestre dans sa révolution diurne, ou bien 2° il a fait que le soleil demeurât réellement visible pour Josué tout le temps nécessaire, sans que la terre s’arrêtât.
1° Contre la première explication, on objecte que l’arrêt subit de la terre aurait amené un bouleversement universel des objets terrestres, et une perturbation considérable des corps célestes, particulièrement en jetant la terre hors de son orbite, en troublant le mouvement de la lune. La réponse est bien facile : Celui qui aurait arrêté la terre dans son mouvement est assez sage et assez puissant pour prévenir et empêcher les suites naturelles de cet arrêt. D’ailleurs l’objection tirée des perturbations des corps célestes est mal fondée, car le mouvement annuel de la terre autour du soleil et le mouvement de la lune autour de la terre sont indépendants de la rotation de notre globe sur lui-même : alors même que la terre cesserait sa révolution diurne, sa translation dans l’espace et celle de la lune n’en seraient point troublées.
2° Pour ceux qui préféreraient la seconde explication, savoir une station apparente du soleil sans arrêt réel de la terre, il faut qu’ils admettent une déviation miraculeuse des rayons solaires pour les amener à éclairer la Palestine. Or, cette déviation, on peut concevoir que Dieu la produise immédiatement en dirigeant par sa toute-puissance, suivant une ligne convenable, la propagation des ébranlements lumineux dans l’espace ; ou bien on peut imaginer qu’il emploie pour cet effet des êtres matériels agissant sur ces rayons par réfraction ou par réflexion. On peut faire d’ailleurs beaucoup d’hypothèses différentes sur la nature, l’origine et le mode d’action de ses réfracteurs ou réflecteurs miraculeux.
En résumé, tout est possible à Dieu dans l’ordre physique ; mais il ne lui a pas plu de nous faire connaître comment sa puissance est intervenue dans l’événement dont nous parlent les Saints Livres. " (M. BOISBOURDIN.)
Depuis que les progrès de l’astronomie ont fait mieux ressortir combien le miracle opéré à la prière de Josué était extraordinaire, on a essayé d’en révoquer en doute la réalité. " Mais, toutes les objections qu’on a imaginées contre la réalité ou la possibilité de ce prodige se réduisent à rien quand on les examine de près.
Ainsi 1° l’objection que les annales des autres peuples de la terre sont muettes sur un évènement qui aurait dû être remarqué dans tout l’univers, est sans valeur puisque les annales des peuples de cette époque n’existent point et qu’il n’est pas certain que la prolongation du jour ait existé en dehors de la Palestine.
2° Les lois régulières auxquelles sont soumis les mouvements des astres ne prouvent pas non plus l’impossibilité du miracle. Les lois de la nature sont des règles établies par la volonté libre du Créateur, dont personne ne peut contester la puissance. Est-ce que l’auteur de la nature et des forces qui la régissent pourrait manquer du pouvoir nécessaire pour la diriger à son gré, de telle sorte qu’elle remplisse ses vues et ses desseins ?
3° Il faut observer, du reste, que tout en prenant les paroles du texte à la rigueur de la lettre, rien n’oblige à admettre, avec les Pères de l’Eglise et les anciens théologiens, un arrêt miraculeux du soleil lui-même, mais seulement un arrêt apparent.
L’auteur sacré parle conformément au langage vulgaire, sans se préoccuper de théories astronomiques, au milieu de feu de la bataille. " (KEIL.)
On allègue contre les réponses que nous venons de rapporter la condamnation de Galilée par le Saint Office. Mais la décision du Saint Office ne nous force pas à interpréter ce passage de Josué comme il l’a fait. Un éminent canoniste, M. Bouix, dans son travail sur La condamnation de Galilée, a établi et démontré les propositions suivantes, qui, suffisent pour justifier le sens donné aujourd’hui à ce texte par tous les exégètes : " Le système du mouvement terrestre est beaucoup plus ancien que celui de Ptolémée. L’enseignement en avait toujours été permis jusqu’à l’affaire de Galilée ; le tort de la congrégation fut de ne pas continuer cette tolérance. La congrégation des cardinaux s’est trompée en déclarant fausse et opposée à l’Ecriture Sainte l’opinion du mouvement terrestre, et en procédant contre Galilée à cause de cette opinion. Mais son erreur ne prouve point que l’institution du Saint Office soit mauvaise. Elle ne prouve rien contre l’infaillibilité du pape. Le tribunal du Saint Office eut tort d’exiger de Galilée qu’il abjurât l’opinion du mouvement terrestre. Aucun acte pontifical ex cathedra n’a jamais approuvé ni conformé le décret de 1616 ni la sentence de 1633. "