Appendice- Note 25, 1 Machabées, 15, 39. MONNAIES MENTIONNES DANS L’ECRITURE.
1° La monnaie frappée était inconnue aux Hébreux avant l’époque des Machabées. La plupart des échanges se faisaient en nature, c’est-à-dire qu’on donnait un objet à la place d’un autre, une brebis, par exemple, en échange d’une étoffe, des sandales pour un vase de liqueur (voir figure 3, un marché égyptien, peint sur les piliers d’un tombeau de la Ve dynastie (antérieur à l’époque d’Abraham). Sur le registre supérieur, dans la première scène à droite, un marchand est assis devant un grand panier, placé sur un support et contenant trois vases. Les hiéroglyphes nous font connaître la conversation du marchand et de l’acheteur. " Voici pour toi de la liqueur sat douce, " dit le premier au second. Celui-ci, qui tient de la main droite une paire de sandales, lui répond : " Voici pour toi des sandales solides. " Un second acheteur s’avance, portant à la main droite un petit coffret. Dans la scène suivante, une femme marchande des poissons à un homme qui prépare un poisson ; une nasse placée devant lui contient quatre autres poissons. L’acheteuse porte sur son épaule un coffret carré qui renferme ce qu’elle va donner en échange au marchand. Sur le registre inférieur, à droite, deux acheteurs sont debout devant un grand panier rempli de légumes. " Donne voir, donne l’équivalent, " dit le vendeur au premier acheteur qui tient sous le bras gauche une sacoche et qui en échange présente de la main droite au marchand un chapelet de verroterie ; il a un autre fil de verroterie dans la main gauche. Le second acheteur achète les légumes en échange d’un éventail qu’il tend de la main droite ; dans la main gauche, il a un attise-feu. Plus loin, dans la scène suivante, nous voyons deux hommes debout en pourparlers : l’un tient trois hameçons de la main droite. La femme qui suit porte un coffret sur l’épaule et est train de faire des achats à un marchand d’habits.)
Les métaux précieux dont on se servait aussi, n’étaient pas marqués d’une empreinte, mais simplement divisés en lingots, barres, anneaux ou fragments d’un poids déterminé ; s’ils pesaient un talent, un sicle, etc., on les appelait talent, sicle, etc., de sorte que le système monétaire correspondait exactement à celui des poids et que le nom de ces derniers était aussi celui des monnaies, comme on peut voir par le tableau suivant, dans lequel leur valeur est évaluée d’une manière approximative (Une pièce d’argent de 1 franc pèse 5 grammes ; une pièce d’or de 5 francs, 1 gramme 6129 ; de 10 francs, 3 grammes 2268 ; de 20 francs, 6 grammes 4516 ; une pièce de cuivre de 0.05 centimes pèse 5 grammes (en 1890)).
Talent : or = 131 850 francs ; argent = 8500 francs
Mine : or = 2200 fr. ; argent = 141 fr.
Sicle : or = 43.50 fr. ; argent = 2.83 fr.
Béqah : or = 21.75 fr. ; argent = 1.42 fr.
Gérah (obole) : or = 2.17 fr. ; argent = 0.14 fr.
Attention : Les valeurs indiquées ci-dessus et tout au long de l’ouvrage sont données à la date d’édition d’origine : 1900 environ. Selon coefficient de réévaluation du pouvoir d’achat publié par l’INSEE, il faut multiplier par environ 22 pour obtenir la valeur actuelle en francs ou par 3.354 pour obtenir la valeur actuelle en euros (en 2002). Exemple : Le Sicle en or, à 43 francs 50 en 1890, vaudrait aujourd’hui en 2002 : 43 francs 50 x 22 = 957 FRF (ou 145.89 euros).
Le sicle est déjà mentionné dans le Pentateuque (voir
Genèse, 20, 16), de même que le béqah ou demi-sicle (voir
Exode, 30, 13), le gérah ou vingtième de sicle (voir
Exode, 30, 13), et le talent (voir
Exode, 38, 24). Les Hébreux, dans tous les échanges, pesaient les métaux précieux pour en déterminer exactement la valeur, de la même manière que le faisaient les Egyptiens, ainsi que nous l’apprennent les monuments figurés (voir figure 4. Le monument est fruste). La Genèse, Josué, et Job (voir
Genèse, 33, 10 ;
Josué, 24, 32 ;
Job, 42, 11), mentionnent une monnaie particulière appelés
qesitâh, que la Vulgate a traduit par agneau ou brebis ; on ignore quel en était le poids et par conséquent la valeur (On a souvent supposé, à cause de la traduction de la Vulgate, que le
qesitâh portait l’empreinte d’un agneau, mais comme la monnaie frappée était complètement inconnue à l’époque de Jacob, cette supposition est inadmissible. Cependant il est possible que le
qesitâh eût la forme d’un agneau ou fût équivalent à un poids figuré par un agneau, analogue aux poids assyriens et égyptiens, ayant la forme de lions, de bœufs, de canards, etc. On explique aussi le
qesitâh par la coutume de plusieurs peuples de l’antiquité de prendre une brebis comme une sorte d’étalon monétaire.).
2° Après la captivité et avant l’établissement de la dynastie hasmonéenne, les Juifs comptaient par dariques, célèbres monnaies perses, en or pur, portant d’un côté l’effigie du roi tenant une javeline ou un sceptre dans sa main droite et un arc dans la gauche ; sur le revers est gravé une sorte de carré irrégulier (Voir Figure 5. Le roi, agenouillé, porte la couronne ; il est vêtu de la longue robe perse ; sa barbe et ses cheveux sont longs. On attribue à Darius l’introduction de la monnaie en Perse, d’où le nom de darique qui lui fut donné. Le type des dariques fut le même, à peu de choses près, pendant toute la durée du royaume perse.).
(Les monnaies que nous donnons ici ont été dessinées par M. l’abbé Douillard et gravées par M. Gusman, d’après les plus beaux spécimens du cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale.).
Le nom hébreu de ces pièces est
darkemôn et ‘
adarkemôn, et il est traduit dans la Vulgate par
solidus, drachma (voir
1 Esdras, 2, 69 ;
8, 27 ;
2 Esdras, 7, 70-72 ;
1 Paralipomènes, 29, 7. Dans ce dernier passage, le mot darique est employé par anticipation, puisqu’il s’agit du temps de David ; mais Esdras, qui est probablement l’auteur des Paralipomènes, se sert du mot qui avait cours à son époque, comme nous exprimons quelquefois aujourd’hui en francs la valeur des monnaies anciennes ; comme l’a fait la Vulgate elle-même pour les dariques, qu’elle a rendues par " drachmes, " voir
2 Esdras, 7, 70-72.). L’évaluation de la darique est incertaine. Paucton l’estime 25 francs (La darique était la 60e partie de la mine babylonienne et pesait 8 grammes 40.) (en 1890, voyez comment réévaluer page précédente).
3° L’an 140 avant Jésus-Christ, Simon Machabée reçut d’Antiochus VII Sidètes, roi de Syrie, le droit formel de battre monnaie (voir
1 Machabées, 15, 6).
(Une coupe est représentée sur le sicle. On lit autour, en vieux caractères hébreux : Schéqel Israël, (" sicle d’Israël. " Au-dessus de la coupe est la lettre aleph, employée numériquement, désignant la première année où Simon Macchabée battit monnaie. Cette année est probablement l’an 141-140 avant Jésus-Christ. R. (Revers). Rameau avec trois fleurs, représentant peut-être la verge d’Aaron. Ierouschalem qedoschah, " Jérusalem sainte. ").
(Une coupe, ornée de pierreries. Khatzi ha-schéqel, " demi-sicle. " Au-dessus de la coupe, schenath b, " année 2 " de Simon Machabée, c’est-à-dire 140-139 avant Jésus-Christ. Revers : Verge fleurie. Ierouschalem ha-qedôschah, " Jérusalem la sainte. ").
Ils portent d’ordinaire, d’un côté, une inscription en anciens caractères hébreux, sicle d’Israël ou demi-sicle, avec l’indication de la date, et sur le revers : Jérusalem la sainte, ou : l’affranchissement de Sion.
En observation de la loi, aucune de ces monnaies ne porte d’effigie humaine, mais sur les feux faces sont représentées, tantôt un vase et une verge fleurie, tantôt un palmier, des épis, une grappe de raisin, etc. Les dernières monnaies juives sont celles du roi Agrippa et de Barchorébas. Leur valeur était la même que celle que nous avons indiquée plus haut au 1°.
(Une coupe. Revers : Lig’ullah Tsion, “ l’affranchissement de Sion. ” R. Faisceaux de branches avec feuilles (loulab) entre deux citrons (éthrog). Schenath’arba’. " année quatrième. ")
Après la ruine de Jérusalem, les Romains firent frapper des monnaies représentant au revers la Judée captive sous la forme d’une femme assise sous un palmier.
(Tête laurée de Titus à droite. T. CAES. IMP. AVG. F. TR. P. COS. VI. CENSOR. Revers : la Judée en pleurs, assise sur des boucliers auprès d’un palmier ; derrière, une cuirasse, un bouclier, un casque et un étendard. IVDAEA CAPTA. En exergue S. C. (Senatus consulto.) (77 ou 78 de notre ère).).
Du temps de Notre-Seigneur, on se servait surtout, en Palestine, des monnaies grecques et romaines. Le Nouveau Testament mentionne une espèce de monnaie juive, cinq espèces de monnaies grecques et quatre espèces de monnaies romaines.
I. Monnaie juive.
Argenteus, ou monnaie d’argent (voir
Matthieu, 26, 15 ; 27, verset 3 et suivants), désigne le sicle.
II. Monnaies grecques.
Elles sont toutes d’argent.
1° La
drachme (voir
Luc, 15, 8-9) d’argent, équivalait au denier romain ; elle était la 6000e partie du talent attique, la 100e partie de la mine, et se divisait en 6 oboles. Au siècle de Périclès, elle pesait, d’après Letronne, 4 grammes 363, et valait environ 0.92 centimes ; après Alexandre le Grand, elle descendit jusqu’à 4 grammes 103 ou 0.87 centimes.
(Tête de Pallas casquée, à droite. Revers : Chouette sur une amphore dans une couronne d’olivier. A gauche, une ancre. ΑΘΕ (des Athéniens). TIMA. NIK. APXE. (Timarque Nicagoras, magistrat monétaire).).
2° Le
didrachme (voir
Matthieu, 17, 23), valait deux drachmes ou un demi-sicle ou un demi-statère.
(Tête de Pallas casquée à droite. Revers : Chouette dans un carré creux. Deux feuilles d’olivier. ΑΘΕ.).
3°
Le statère (voir
Matthieu, 17, 26), appelé aussi tétradrachme, parce qu’il valait quatre drachmes, était équivalent au sicle. Il portait d’un côté la tête de Minerve, et de l’autre la chouette, attribut de cette déesse.
(Tête de Pallas casquée à droite. Revers : Chouette sur une amphore portant la lettre de série A. Dans le champ, deux monogrammes ; ils désignent le nom de magistrats monétaires qu’il est impossible de restituer. Le tout dans une couronne d’olivier. Tétradrachme postérieur à Alexandre le Grand.).
(Tête de Pallas casquée à droite. Revers : Chouette. Deux feuilles d’olivier et un croissant, à gauche. A droite ΑΘΕ.).
4° La mine, mina (voir Luc, 19, verset 13 et suivants), valait, chez les Grecs, cent drachmes.
5° Le
talent, talentum, τἀλαυτου (Voir
Matthieu, 18, 24 ; 25, verset 15 et suivants ;
Apocalypse, 16, 21), était d’or ou d’argent. Son poids et sa valeur ont beaucoup varié selon les temps et les lieux. Le talent d’or valait dix talents d’argent. Le talent attique d’argent était de 7 mines ou 6000 drachmes, c’est-à-dire de 26 kilogrammes 107 ou 5560 francs environ ; celui de Corinthe ou d’Egine était de 100 mines.
III. Monnaies romaines.
1° Le
denier, en latin
denarius, pièce d’argent ainsi appelée parce qu’elle avait primitivement la valeur de dix as ; plus tard elle en valut seize. Elle est souvent mentionnée par les Evangélistes (voir
Matthieu, 18, 28 ;
20, vv. 2, 9, 10, 13 ;
22, 19 ;
Marc, 6, 37 ;
12, 15 ;
14, 5 ;
Luc, 7, 41 ;
10, 35 ;
20, 24 ;
Jean, 6, 7 ;
12, 5 ;
Apocalypse, 6, 6). Son poids était le même que celui de la drachme ou quart de sicle.
(Tête de la déesse Rome à droite, avec le casque ailé. GRAG (Graoulus). Revers : Jupiter dans un quadrige au galop. A droite, tenant un sceptre et lançant la foudre. L. ANTES. ROMA (Lucius Antestius - Roma). Vers 124 avant Jésus-Christ.).
Du temps de Notre-Seigneur, le dernier équivalait à 0.78 centimes environ. Cette monnaie représentait d’abord, d’un côté la déesse Rome ou la Victoire, et de l’autre un char, attelé de quatre chevaux ; sous l’empire, on la frappa à l’effigie de César (voir
Matthieu, 22, 19-24). Elle constituait la solde quotidienne du soldat romain, au rapport de Tacite, comme la drachme celle du soldat athénien, au rapport de Thucydide. C’était également la paie qu’on donnait pour leur journée aux ouvriers qui travaillaient à la vigne, d’après la parabole évangélique (voir
Matthieu, 20, verset 2 et suivants.). C’était aussi enfin la taxe que chaque Juif était tenu de payer aux Romains comme capitation, et que saint Matthieu appelle
numisma census (voir
Matthieu, 22, 19 ;
Marc, 2, 14 ;
Luc, 20, 24).
(Tête laurée d’Auguste à droite. CAESARI AVGVSTO. Revers : Quadrige orné de la Victoire, marchant au pas à droite et surmonté de l’image d’un autre quadrige. A l’exergue : SPQR (Senatus populsque Romanus).).
2°
L’assarius, diminutif d’
as (voir
Matthieu, 10, 29 ;
Luc, 12, 6), était une monnaie de cuivre, présentant, de face, la figure de Janus, puis, plus tard, celle de César, et, sur le revers, une proue de navire. Il valait de 6 à 7 centimes. La vulgate rend ἀσσἀριου, par
as (voir
Matthieu, 10, 29), et deux
assarii, par
dipondium (Du temps de Notre-Seigneur, un as représentait en Palestine le prix de deux passereaux, voir
Matthieu, 10, 29. Pour deux as (de douze à treize centimes), on avait cinq passereaux, voir
Luc, 12, 6).
(Tête laurée de Janus. Revers : Proue de navire à droite, sur laquelle est posé l’oiseau appelé buteo (héron ou cigogne). FABI. ROMA. Vers 89 avant Jésus-Christ.).
(Tête radiée d’Auguste à gauche. DIVVS. AVGVSTVS. PATER. Revers : Un autel. IMP. T. VESP. AVG. REST. Imperator Titus Vespasianus Augustus restituit. Dans le champ : S. C. (Senatus consulto). A l’exergue : PROVIDENT (NT est en monogramme).).
(Tête d’Hercule, coiffé de la peau de lion, à droite ; derrière, trois points. Revers : Proue de navire, sur laquelle on lit : SERVILIVS ; en haut, deux épis. Caius Servilius ou Serveilius fut magistrat monétaire vers 123 avant Jésus-Christ.).
4° Le
minutum, λεπτὀυ (voir
Luc, 12, 59 ;
21, 2 ;
Marc, 12, 42.), monnaie de cuivre, était la moitié du
quadrans, comme l’explique saint Marc (voir
Marc, 12, 42), le huitième de l’as, un peu moins de 1 centime.
(Une enclume. MESSALA. APRONIVS. III. VIR. Revers : GALVS. SISENNA. A. A. A. F. F. Dans le champ : S.C. Cornelius Sisenna, vers l’an 12 avant Jésus-Christ, fit partie d’un collège monétaire avec Volusus Valerius Messalla, Apronius et Galus. III VIR signifie triumvir ; A. A. A. F. F., ære argento auro flando feriundo ; S.C. senatus consulto.).