" La beauté et le charme, même littéraire, des paraboles de l’Evangile m’ont attiré… La parabole évangélique est un petit drame, et je n’hésite pas à dire qu’à considérer la vérité des caractères et de l’action, ces drames sont plus vivants et plus animés que les apologues les plus admirés. Ils représentent la vie du monde et de la terre aussi bien que s’ils n’étaient pas destinés à nous enseigner la vie du ciel… Les caractères que j’admire dans les paraboles évangéliques [sont] la variété des détails, la vivacité de l’action, et, de plus, l’élévation et la pureté de la morale ; c’est là ce qui fait la divine supériorité de la parabole évangélique sur l’apologue oriental… La leçon que donne la fable est d’une morale médiocre et toute mondaine : la leçon évangélique indique à l’homme la voie à suivre pour arriver au ciel. La parabole a toutes les formes et tous les agréments de la fable ; elle a de plus une morale toute divine… Nulle part ce caractère de la parabole, égale à l’époque pour la forme, supérieure pour la morale, n’éclate mieux que dans les grandes paraboles de l’enfant prodigue ou du mauvais riche. L’enfant prodigue est passé en tradition dans la littérature ; le mauvais riche est entré dans la peinture, dont il est devenu un des sujets favoris… L’action est vive et frappante ; elle grave profondément dans l’esprit la morale qu’elle contient ; c’est un drame que personne n’oublie une fois qu’il l’a vu et qui rappelle à chacun de nous la leçon qu’il exprime… Il y a dans les auteurs anciens bien des récits allégoriques destinés à exprimer des vérités morales ou métaphysiques. La Grèce aimait ces mythes, à ce point même qu’elle en oubliait le sens pour la forme ; Platon se servait souvent de ces fables symboliques ; mais il n’y a aucun de ces récits mythologiques qui, même dans Platon, puissent être comparés aux paraboles évangéliques. Ils n’ont ni la simplicité ravissante, ni la vérité expressive, ni l’utilité et la clarté morale de la parabole. " (SAINT-MARC GIRARDIN.)