" Cette prophétie est une des plus difficiles de l’Ancien Testament, dit Calmet. Il y en a très peu qui aient plus partagé les anciens et les nouveaux interprètes. " Voici l’explication la plus vraisemblable et la plus communément admise aujourd’hui. 1° Gog, roi de
Rôsch (Vulgate :
chef), de Mosoch et de Thubal, dans la terre de Magog, est un chef Scythe. Rôsch désigne une peuplade scythe qui habitait les environs du Taurus ; Mosoch et Thubal, les Mosques et les Tibéraniens des auteurs classiques. Gog réunit ses soldats, et, sur l’ordre de Dieu, les conduit du septentrion contre la Palestine ; il a dans son armée des habitants de presque tout le monde ancien : des Perses, des Ethiopiens et des Libyens, des fils de Gomer et de Thogorma, c’est-à-dire des Cimmériens et des Arméniens, voir
Ezéchiel, 38, 1-9. 2° Son but est de piller et de dévaster la Terre Sainte redevenue prospère, versets 10 à 16. 3° Mais cette invasion de barbares ne servira qu’à apprendre aux païens quelle est la puissance du vrai Dieu, car il anéantira la formidable armée de Gog, versets 17 à 23. 4° Elle périra sur les montagnes d’Israël, chapitre 39, versets 1 à 8. 5° Il faudra aux habitants sept années pour brûler les armes des morts et sept mois pour ensevelir leurs cadavres, pendant que les oiseaux de proie se rassasieront de leur chair, versets 9 à 20. 6° Toutes les nations apprendront ainsi que si Dieu a puni son peuple et l’a livré aux païens, parce qu’il avait péché, il s’est maintenant réconcilié avec lui et ne l’abandonnera plus, versets 21 à 29. Gog est la figure des ennemis et des persécuteurs de l’Eglise, voir
Apocalypse, 20, 7.
Dans les dernières années du VIIe siècle avant Jésus-Christ, les Scythes avaient fait dans l’Asie occidentale une invasion formidable qui avait rendu leur nom redouté et exécré. Chassés des montagnes du Caucase, qu’ils habitaient, par les Massagètes, ils étaient descendus dans l’Asie Mineure ; armées de l’arc et montés sur des chevaux comme nous les représente Ezéchiel, voir
Ezéchiel, 39, 3 et
38, 15, ils avaient pris Sardes ; puis se tournant vers la Médie, ils défirent Cyaxare, roi de ce pays ; de là ils se dirigèrent vers l’Egypte. Psammétique parvint à les éloigner, à force de présents ; revenant donc sur leurs pas, ils pillèrent le temple d’Ascalon ; mais ils furent enfin battus et détruits, non pas cependant sans laisser leur nom après eux comme un synonyme de terreur et d’épouvante. La tradition rattache le nom de Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à la scène de leur désastre. Le souvenir de leurs ravages et de leurs cruautés était encore récent et présent à toutes les mémoires quand écrivait Ezéchiel ; voilà pourquoi Dieu lui inspira de prendre les Scythes comme l’emblème de la violence contre le peuple de Dieu, et de montrer dans leur défaite le signe prophétique de la défaite de tous les ennemis de son nom.